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27/11/2013

Faut-il adopter l'euthanasie des enfants?

Par le Dr Catherine Stryckmans.

Présidente de la commission éthique de l'Association belge des praticiens de l'art infirmier.

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Que pensez-vous de l'extension de la loi euthanasie aux mineurs ?

Cela va trop vite. Je m’interroge sur l’urgence, la nécessité et l’opportunité de cette extension. A-t-on réfléchi aux impacts de cette loi sur les parents, les frères et les sœurs ? Le projet de loi avance que l’enfant doit faire la demande mais que les parents devront être d’accord. Quelles seront les conséquences pour eux ? Comment vont-ils porter ce poids d’avoir refusé l’euthanasie ou d’avoir dit oui ? La maladie leur est déjà tellement difficile à vivre. La perspective de la mort de l’enfant met les familles en difficulté profonde voire les déchire. Que peut-il se passer ? De plus en plus de familles sont recomposées. Il faudrait donc l’accord des deux parents. Généralement, autour d’un enfant malade, les gens arrivent à faire des concessions et retrouvent une forme d’entente. Mais quand un des parents n’est jamais d’accord avec l’autre, juste pour le plaisir de lui faire mal ? Que peut-il se passer ? Et quel est l’impact pour le frère ou la sœur qui entend que papa et maman sont d’accord pour tuer plus vite - quelque part, c’est cela - son frère ou sa sœur ? Peut-on y réfléchir ? Autre interrogation : quand un adulte demande l’euthanasie, il prend sa décision. L’enfant, lui, va être obligé de passer par un tas d’entretiens - pédopsychiatre, pédiatre traitant, etc. - pour vérifier s’il est en souffrance, s’il a compris la portée de sa demande, si les parents sont d’accord,… Où est sa liberté ? Ce projet manque de réflexion.

Selon votre expérience, beaucoup de mineurs demandent-ils l’euthanasie ?

D’abord, on n’a pas de recul suffisant par rapport à la première loi. On n’a pas de statistique fiable. Existe-t-il une vraie demande chez les jeunes ? Entre un adolescent de 17 ans et un adulte de 18 ans, la marge n’est pas grande. Or, les chiffres actuels montrent les demandes très peu nombreuses d’euthanasie pour les 18-25 ans. Ensuite, selon mon expérience et celles des équipes où j’ai travaillé, on n’a jamais connu de demande d’euthanasie d’un mineur. Je m’explique. Les soignants, sur le terrain, ne sont pas d’accord sur ce qu’est une euthanasie. Pour eux, une sédation terminale - l’administration de médicaments qui à court terme vont endormir paisiblement la personne - est une euthanasie, pas selon les termes de la loi. On dit qu’il y a des demandes. Des demandes de quoi ? D’euthanasie au sens de la loi ? Ou de "Laissez-moi tranquille ! Non, je ne recommencerai pas une xième chimio ou une nouvelle greffe de foie ! J’en ai marre de vos traitements qui ne servent à rien ! Laissez-moi finir mes jours paisiblement ! Fichez-moi la paix." Voilà les demandes de jeunes que nous entendons. Mais ils ne demandent pas de mourir, ils demandent de terminer leur vie paisiblement. Cet été nous avons connu deux jeunes qui ont décidé de profiter de ce qu’il leur reste avec sérénité et en accord de tous. Y a-t-il, chez les mineurs, une vraie demande d’euthanasie, c’est-à-dire de mourir directement via une injection ? Je ne crois pas.

 

 Source: La Libre Belgique.

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