26/12/2013
Le Fils de l'homme n'a pas où reposer la tête. (Mt 8,20)
Editorial de Mgr CENTÈNE pour Noël | Chrétiens en Morbihan n° 1399 du 13 décembre 2013
« Elle enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de place dans la salle. » (Lc 2,7) Quel père, quelle mère ne seraient pas angoissés à l’idée de ne pas trouver un logement décent à l’heure de l’accouchement ? Marie et Joseph, eux, restent sereins. Marie porte le Christ, Dieu fait homme. C’est la paix de Noël, cette paix véritable que ne peut offrir que l’Enfant-Dieu, lorsqu’il vient habiter en nous. Chair, âme, esprit : tranquillité de l’ordre, harmonie de l’être, paix. Par le baptême, nous sommes devenus Temple de l’Esprit, le Dieu Trinité demeure réellement en nous. N’avons-nous pas tendance à l’oublier ? A fermer nos yeux intérieurs ? Voire à le rejeter, purement et simplement, dans l’ombre de la crèche à bestiaux, éblouis par les lumières et les paillettes de la salle des fêtes ?
Et pourtant, cette pauvre crèche, c’est notre coeur, ce coeur où repose invisible le Christ, ce cœur qui attend la lumière et le grand souffle d’air venu du Ciel. Cette crèche, ce sont aussi nos églises, ces églises où repose en silence le Christ, coeurs vitaux de nos communautés chrétiennes. Quand visitons-nous Jésus à la crèche, dans notre coeur, dans nos églises ? Jamais assez. Alors d’autres y entrent, mais pour piller, détruire, vandaliser, blasphémer : viol de nos cœurs, viol de nos églises. Souffrance, incompréhension, désarroi…et pourtant, faut-il s’en étonner ?
Le vandalisme contre le patrimoine catholique, en augmentation exponentielle ces dernières années, est sans doute à l’image de ce qui se passe dans nos cœurs, dans nos vies. Ce n’est pas le discours seul qui convertit nos frères, c’est toute notre vie : « Voyez comme ils s’aiment ! » Ce n’est pas l’intérêt architectural qui fera respecter nos édifices de pierre mais le respect qu’inspirera le sacré de nos vies.
Oui, certes, il faut que la justice soit respectée partout, par tous, pour tous, et nous devons demander aux autorités de faire respecter la sécurité et le droit. Oui, certes, nous sommes choqués, les journaux s’émeuvent, mais sommes-nous vraiment étonnés face aux dégradations que subissent nos édifices religieux ? Les vandales en question, à qui notre société refuse de plus en plus leurs repères humains essentiels, que les media bombardent chaque jour de discours à géométrie variable sur la tolérance envers les religions, savent-ils vraiment ce qu’ils font ? Et s’ils le savent, font-ils proportionnellement pire que nous, qui savons que Jésus est là, dans cette crèche, qui l’ignorons trop souvent, qui n’invitons que trop peu nos amis à entrer ? La parabole des talents…
Nos cimetières, nos calvaires, nos chapelles, nos églises sont les phares du Port de Paix, d’Harmonie et de Salut dans un monde régulièrement tenté par le chaos et l’ombre de la mort. Quand la lumière nous éblouit et met à nu nos difformités, il est toujours plus tentant, plus facile, d’éteindre la lumière, de briser le lampadaire…
Mais nous sommes l'Église, l'Église de chair. Les incendies d’églises ne sont rien face à l’embrasement d’amour que nous devons allumer sur la terre. Aujourd’hui Dieu se donne, Dieu s’incarne. Incarnons nous aussi notre amour, avec tout ce que nous sommes, notamment notre chair. Personne ne résiste longtemps au sourire, à la joie, à l’amour. L’amour répond à l’amour, le féconde, le multiplie et l’amplifie. Donnons ! Nous ne perdrons rien ! Nous serons riches de l’amour que Dieu déverse sans fin dans le coeur des hommes !
Osons la Lumière,
osons l’Amour, osons la Paix.
Joyeux Noël.
Sainte et heureuse Nouvelle Année.
+ Mgr. Raymond Centène, évêque de Vannes
Source: diocèse de Vannes
16:27 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.