10/02/2014
« On a eu éducation sexuelle » à la manière du Petit Nicolas
ARCHIVE | Famille Chrétienne n°1830 | 2 mars 2013 | Luc Tesson
Si le projet de loi Taubira était adopté, que se passerait-il dans les classes ? Réponse, à la manière du Petit Nicolas
À l’école, la maîtresse était toute bizarre aujourd’hui. Elle nous attendait dans la classe en poussant des gros soupirs, alors que d’habitude elle est toute rigolote, et qu’elle pousse des gros soupirs que quand elle interroge Clotaire et que Clotaire est tout rouge.
Elle a dit : Bon ! Que comme M. Peillon, le ministre chargé de notre éducation, avait décidé de s’appuyer sur la jeunesse pour faire évoluer les mentalités, on allait faire un cours d’éducation sexuelle et que le premier qui rigole, il irait voir le Bouillon. Nous on n’avait pas du tout envie de rigoler parce que le Bouillon, c’est pas un rigolo.
La maîtresse nous a regardés et elle a dit que l’important dans la vie, c’était d’être tolérant. Nous on est drôlement tolérants alors on a tous fait oui et Agnan qui est le chouchou, et qui se met toujours devant, il a dit qu’il était encore plus tolérant que tout le monde puisque de toute façon il est le premier de la classe partout sauf en sport. Eudes, il lui a dit : « Fais pas le malin, mon petit pote, sinon tu vas voir comment je suis tolérant ». Et là, je crois que la maîtresse elle a compris que ce serait pas facile aujourd’hui.
Elle est allée au tableau, elle a attendu qu’on se taise, et elle a demandé avec un air très sérieux : « Bon... Alors... Si vous êtes une fille, levez la main ! » Toutes les filles ont levé la main, et aussi Clotaire, qui avait l’air embêté. Mais la maîtresse elle a dit comme ça : « Très bien Clotaire, c’est ton choix, si tu veux être une fille, c’est à toi de décider ». Là, Clotaire, il est devenu tout rouge et il a dit « Non, M’dame, c’est juste que je veux aller faire pipi ». « Bon, a dit la maîtresse, tu peux y aller ». « Va pas chez les filles ! », a dit Eudes en rigolant. Mais la maîtresse a tapé sur son bureau et elle a dit que si Clotaire voulait aller dans les toilettes des filles, c’était son choix, et qu’il fallait par rigoler avec ça. Et que c’était la théorie du genre, et qu’il fallait que chacun choisisse, et elle nous a fait écrire sur nos cahiers : « Chacun est libre de choisir son genre ».
« N’empêche, a dit Rufus, moi j’ai un kiki, et je vais pas décider que je suis une fille. » La maîtresse a répondu que c’était de l’hétérosexisme, et qu’il fallait en finir avec l’hétérocratie, et que si ça continuait comme ça on finirait au bagne parce qu’on était tous homophobes. J’ai regardé Agnan, et j’ai vu que même lui il avait rien compris.
Ça devenait vraiment compliqué et j’aurais presque préféré faire de l’arithmétique. Elle a senti qu’on était un peu perdus, alors elle a essayé d’expliquer de manière pas pareille : « Vous avez un corps... c’est à vous de décider de... ». « Moi, j’ai un goûter, mais j’ai pas un corps !, il a dit Alceste. Mon corps, c’est moi ! » Faut que je vous dise, Alceste, c’est un copain, il aime bien manger, il mâche lentement un peu toute la journée, et ça lui donne sûrement le temps de bien réfléchir à la vie. Souvent quand il se bagarre, c’est moi qui lui tient ses croissants et après il m’en donne toujours un bout.
Un petit rond blanc sur le tableau tout noir
Bon, a dit la maîtresse, je continue. Nous on a trouvé ça bizarre, mais on a rien dit parce que des fois la maîtresse c’est comme si elle allait pleurer et nous on veut pas lui faire de peine. Elle s’est mise à faire un petit rond blanc sur le tableau tout noir en disant : « Ça, c’est un spermatozoïde ». Et elle m’a demandé d’expliquer ce que c’était. Ça tombait bien parce que Papa m’avait expliqué la semaine dernière le coup des petites graines que le papa donne à la maman et après ça fait un bébé dans le ventre de la maman et paf !, le bébé sort. On lui fait des tas de câlins et on appelle Mémé pour la prévenir qu’elle est encore grand-mère.
« Merci Nicolas, a dit la maîtresse, je reprends la leçon. Bien sûr vous pensez tous qu’une famille c’est un papa, une maman et des enfants. Eh bien, il y a d’autres modèles, et ce serait drôlement rétrograde de pas l’accepter. Et si deux monsieurs s’aiment ou deux dames on voit pas ce qui les empêcherait de se marier et de faire ou d’adopter des bébés. »
« Ça tombe bien ! a dit Rufus. Moi j’aime bien Léanne et Chloé, alors je me marierai avec les deux en même temps puisqu’on s’aime. » Léanne a dit qu’elle était pas d’accord du tout, et Chloé a dit que de toute façon elle épouserait son papa, et que puisque deux monsieurs qui s’aiment pouvaient se marier, elle pourrait bien se marier avec son papa, parce qu’elle aimait très fort son papa. « Oui, a dit Rufus, mais il est déjà marié avec ta maman ! »
La maîtresse a dit que c’était pas le sujet et elle s’est remise à taper sur sa table, juste quand on commençait à drôlement bien s’amuser. Et elle a continué à expliquer : avec la technique on peut faire tout ce qu’on veut et tout ce qu’on pourra faire on le fera. On peut faire des PMA ou des GPA (1), et d’ailleurs louer son ventre ou louer ses bras à l’usine, c’est du pareil au même.
Et elle a expliqué qu’un monsieur peut donner une petite graine à deux dames, qui avec un docteur sauront bien se débrouiller pour faire un enfant. Ou bien deux monsieurs peuvent mélanger leurs petites graines et aller voir une dame pour qu’elle donne sa petite graine à elle, et on donne tout ça à une autre dame qui va faire le bébé dans son ventre et le revendre aux deux monsieurs.
Puisque je m’aime, j’ai droit à mon clone !
Moi, a dit Rufus, j’ai vu un reportage à la télé, et on pourra bientôt faire des clones ! Puisque je m’aime, j’ai droit à mon clone ! Mais Agnan a dit que ce serait mieux de le cloner lui, parce qu’il était le premier de la classe et que M. Peillon préférait sûrement qu’on le clone lui et pas Rufus.
Ils allaient commencer à se battre quand Geoffroy a rangé ses affaires et pris son sac. « Où vas-tu ? », a demandé la maîtresse. « Je m’en vais, a dit Geoffroy. Puisqu’on peut choisir son genre, bah moi, je vais aussi choisir mon espèce. Je suis un pingouin. Et comme les pingouins vont pas à l’école, je rentre chez moi. » J’ai regardé Geoffroy, et je me suis dit que c’était vrai, il avait un peu une tête de pingouin et qu’après tout, c’était son choix. Mais Geoffroy, lui, il a regardé la maîtresse et il a compris que pingouin ou pas, il valait mieux revenir à sa place.
On allait chahuter, mais on s’est arrêté parce qu’au fond de la classe Juliette pleurait. Juliette on l’entend jamais, elle dit jamais rien. Et Juliette elle a dit que si c’était comme ça, elle allait se jeter sous un pont... Parce que déjà c’était pas facile de grandir surtout quand on a des parents séparés, que si en plus on faisait des enfants sans papa ou sans maman, alors c’était pas juste, c’était simplement moche, et que si tout le monde a le droit de s’aimer il faudrait pas oublier non plus qu’un enfant, ça a besoin d’un papa et d’une maman, et que c’est peut-être ça d’abord l’égalité des droits, et qu’on pourrait donner autant de papas qu’on voudrait à un enfant ça lui ferait jamais une maman.
Elle a dit tout ça d’un coup, et la maîtresse elle est restée longtemps la bouche ouverte et j’ai bien vu qu’elle avait très envie de pleurer. Mais elle a pas pleuré. Elle a pris Juliette dans ses bras, elle lui a fait un gros câlin comme Maman fait avec moi, en lui disant des choses gentilles dans l’oreille. Après, elle nous a regardés. Et puis d’un coup, comme ça, elle a essuyé le tableau en disant que zut, tout ça c’était des bêtises et qu’on allait pas se laisser faire, et que si M. Peillon voulait faire cours à sa place, qu’il essaie un peu, mais qu’en attendant on allait faire de la grammaire. Non mais sans blague !
Luc Tesson
(1) PMA : procréation médicalement assistée ; GPA : gestation pour autrui.
De la fiction à la réalité
Tout ce qui se passe dans cette saynète est strictement inspiré de la réalité. « Le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités... », a écrit Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, dans une lettre du 4 janvier adressée aux recteurs d’académie. Déclaration appuyée par le porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem : « Un module de formation à l’égalité et à la déconstruction des stéréotypes sera obligatoire dans les futures écoles supérieures professorales et dans la formation des autres personnels de l’éducation ».
Pour ou contre la théorie du genre ? Le gouvernement considère que le débat est derrière nous, il s’agit de l’imposer coûte que coûte... Quant à la GPA (gestation pour autrui), autrement dit les mères porteuses, le principe en a été défendu par l’homme d’affaires Pierre Bergé en ces termes le 16 décembre 2012 : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant ». Sic !
De son côté Christiane Taubira, garde des Sceaux, tout en affirmant que la GPA ne fait pas partie des projets gouvernementaux, a lancé le 25 janvier une circulaire qui recommande de régulariser les enfants nés de mères porteuses à l’étranger. « Lorsqu’il apparaît avec suffisamment de vraisemblance qu’il a été fait recours à une convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui », le gouvernement demande de « veiller à ce qu’il soit fait droit » à de telles demandes. Un double langage qui caractérise la démarche du gouvernement depuis qu’il a commencé à s’attaquer à cette affaire.
Charles-Henri d’Andigné
20:28 Publié dans Culture et société, Famille, Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
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