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04/03/2014

Ce que Dieu a uni...

Roberto de Mattei | Corrispondenza Romana | 1er mars 2014 | Trad. B&M (p.i - p.ii)

Extraits. Au sujet de l'accès à la communion pour les "divorcés-remariés":

Le point de départ (...) est la constatation que «entre la doctrine de l'Église sur le mariage et la famille, et les convictions vécues par de nombreux chrétiens, il s'est créé un abîme».

(...) Pourquoi cet abîme entre la doctrine de l'Église et la philosophie de vie des chrétiens d'aujourd'hui existe-t-il? Quelle est la nature, quelles sont les causes du processus de dissolution de la famille? Nulle part (...) il n'est dit que la crise de la famille est le résultat d'une attaque planifiée sur la famille, fruit d'une vision laïciste du monde qui s'oppose à elle. Et ce malgré le récent document sur les «Standards pour l'éducation sexuelle» de l'«Organisation mondiale de la santé» (OMS), l'approbation du «Rapport Lunacek» par le Parlement européen, la légalisation des mariages de même sexe et le délit d'homophobie de nombreux gouvernements occidentaux. (...) Quelles peuvent être les raisons de ce silence, sinon une subordination psychologique et culturelle à ces pouvoirs mondains qui sont les promoteurs de l'attaque contre la famille? (...) Mais n'est-ce pas maintenant le moment de dire qu'une grande partie de la crise de la famille remonte à l'introduction du divorce et que les faits montrent que l'Église avait raison de le combattre? (...)

Les tribunaux ecclésiastiques sont les organes auxquels est normalement confié l'exercice du pouvoir judiciaire de l'Eglise. Les trois principaux tribunaux sont la Pénitencerie apostolique, qui juge les cas du for intérieur, la Rote romaine, qui reçoit en appel les jugements de tout autre tribunal ecclésiastique, et la Signature apostolique, qui est l'organe judiciaire suprême, qu'on pourrait comparer à la Cour de cassation dans les juridictions civiles.
Benoît XIV, avec sa célèbre constitution Dei Miseratione , introduisit dans le jugement matrimonial le principe de la double décision judiciaire conforme. Cette pratique protège la recherche de la vérité, garantit une juste issue au procès, et démontre l'importance que l'Eglise attribue au sacrement du mariage et à son indissolubilité. (...)

En réalité, il n'y a aucune contradiction dans la pratique séculaire de l'Église. Les divorcés remariés ne sont pas dispensés de leurs devoirs religieux. Comme chrétiens baptisés, ils sont toujours tenus à observer les commandements de Dieu et de l'Église. Ils ont donc non seulement le droit mais le devoir d'aller à la Messe, d'observer les préceptes de l'Église et d'éduquer chrétiennement les enfants. Ils ne peuvent pas recevoir la communion sacramentelle, car ils sont en état de péché mortel, mais peuvent faire une communion spirituelle, parce que même ceux qui se trouvent dans une situation de péché grave doivent prier pour la grâce de sortir du péché. (...)

Tout aussi fausse est la thèse d'une double position, latine et orientale, face au divorce dans les premiers siècles de l'Église.
C'est seulement après Justinien que l'Église d'Orient a commencé à céder au césaropapisme, s'adaptant aux lois byzantine qui tolèrent le divorce, tandis que l'Église de Rome affirmait la vérité et l'indépendance de sa doctrine devant le pouvoir civil.
En ce qui concerne Saint Basile (...) sa pensée est résumée par ce qu'il a écrit dans 'Ethica': «Il n'est pas permis à un homme de renvoyer sa femme et d'en épouser une autre. Il n'est pas permis à un homme d'épouser une femme qui a été répudiée par son mari».
On peut dire la même chose de (...) Saint Grégoire de Nazianze, qui écrit explicitement: «le divorce est absolument contraire à nos lois, bien que les lois des Romains en jugent autrement».

La «pratique pénitentielle canonique» (...) n'était pas accomplie pour expier le premier mariage, mais pour réparer le péché du second, et exigeait évidemment le repentir de ce péché. Le XIe Concile de Carthage (407), par exemple, a publié un canon ainsi conçu: «Nous décrétons que, selon la discipline évangélique et apostolique, la loi ne permet pas à un homme divorcé de sa femme, ni à la femme divorcée de son mari, de passer à d'autres noces. Mais que ces personnes doivent rester seules, ou se réconcilier mutuellement; et que s'ils violent cette loi, ils doivent faire pénitence». (...)

A ces questions, le cardinal Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a déjà répondu (cf. La force de la grâce , "L'Osservatore Romano" 23 Octobre 2013), en rappelant Familiaris consortio, qui au n.84 fournit des indications précises de nature pastorale compatible avec l'enseignement dogmatique de l'Église sur le mariage: «Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la Messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux oeuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l'Eglise prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance! L'Eglise, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l'Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l'Eglise, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie».

La position de l'Église est sans équivoque.
La communion aux divorcés remariés est refusée parce que le mariage est indissoluble (...). L'Eglise ne l'a pas permis à Henry VIII, perdant le royaume d'Angleterre, et ne le permettra jamais, comme l'a souligné Pie XII aux curés de Rome le 16 Mars 1946: «Le mariage entre baptisés validement contracté et consommé ne peut être dissous par aucun pouvoir sur la terre, même pas par l'Autorité ecclésiastique suprême».

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