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02/10/2014

Synode sur la famille : Le pape François, le Synode et Humanae vitae

Il ne passe pas un jour sans qu'une déclaration soit faite en haut lieu sur le synode du mois prochain. Pourtant, les conclusions du synode sont, sur le plan doctrinal, fort prévisibles. Nous reproduisons ici un article de Thibaud Collin paru dans le blog du quotidien La Croix sur le synode sur la famille. (C'est nous qui soulignons)

 

Pape François

En ces jours précédant le synode, l’Eglise est dans une agitation qui n’est pas sans rappeler celle qu’elle connut lors des âpres débats concernant la contraception. Rappelons que saint Jean XXIII avait décidé d’extraire des discussions conciliaires la question de la régulation des naissances et avait installé une commission chargée de le conseiller sur cette affaire. Composée d’évêques, de théologiens, de médecins et de couples la commission avait été confirmée et élargie par Paul VI. Au terme d’intenses discussions, elle avait rendu son rapport qui, à une forte majorité, préconisait de reconnaître la légitimité de la contraception artificielle au sein du mariage chrétien. Ce rapport secret s’était rapidement retrouvé exposé dans la presse internationale. Il fallut attendre encore plus d’un an pour que Paul VI en juillet 1968 publie l’encyclique Humanae vitae rappelant la position traditionnelle telle que Pie XI et Pie XII l’avaient confirmée. On se souvient du scandale mondial que le texte papal engendra et l’esprit de contestation qui souffla dans de nombreuses conférences épiscopales. On peut dire que la crise d’Humanae vitae ne s’est jamais refermée. La question est passée au second plan puisque l’interprétation que beaucoup d’évêques et théologiens en donnèrent finit par disqualifier pratiquement l’encyclique aux yeux de nombreux fidèles pour lesquels la question morale ne se pose même plus. Au nom d’une vision de la conscience vue comme autorégulatrice les couples chrétiens peuvent considérer l’enseignement du Magistère comme un élément parmi d’autres de leur délibération. Le travail de fond fourni par saint Jean-Paul II notamment dans ses catéchèses sur le corps (1979-1984) mais aussi dans sa grande encyclique sur la morale Veritatis splendor (1993), ne suffit pas à inverser la tendance générale sur le sujet en particulier et sur la morale conjugale en général.

Un des enjeux des prochains synodes sur la famille (octobre 2014 et octobre 2015) porte sur l’accès des fidèles divorcés et remariés civilement aux sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie. Là encore, beaucoup souhaitent que l’Eglise modifie sa doctrine et sa discipline pour leur permettre à certaines conditions de retrouver le chemin des sacrements.

Certains sont persuadés que le pape François est favorable à une telle évolution. N’a-t-il pas demandé au cardinal Kasper d’ouvrir les travaux du consistoire de février 2014 consacré à ces sujets ? Or le cardinal Kasper est depuis des décennies favorable à une évolution. De plus, devant tous les cardinaux le pape François a loué de manière appuyée le discours du cardinal Kasper. Depuis, pas un jour sans que tel ou tel évêque, théologien ou journaliste n’affirme que le Pape souhaite ardemment un telle réforme.

A mon sens, il convient d’être infiniment plus prudent en la matière. Tout d’abord, le cardinal Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié quelques semaines après les déclarations du Pape lors de son retour de Rio (où il laissait entrevoir une évolution possible) une note rappelant les fondements doctrinaux de la discipline sacramentelle. Or une telle note n’a pu être publiée sans l’accord du Pape. De plus, il convient de lire avec attention ce que le pape François a affirmé dans son interview au Corriere della Sera le 5 mars 2014 à propos de l’encyclique Humanae vitae : « Tout dépend de la manière dont l’encyclique ‘Humanae vitae‘ est interprétée. Paul VI lui-même, à la fin de sa vie, recommandait aux confesseurs d’être très miséricordieux et attentifs aux situations concrètes. Mais sa génialité a été prophétique, il a eu le courage de se dresser contre la majorité, de défendre la discipline morale, de faire jouer un frein culturel, de s’opposer au néo-malthusianisme présent et futur. La question n’est pas celle d’un changement de doctrine, mais d’un travail en profondeur, qui fasse en sorte que la pastorale tienne compte des situations et de ce que les gens sont en mesure de faire ».

Cet éloge appuyé de Paul VI n’est certainement pas à mettre de côté pour comprendre la manière dont le pape envisage toute cette question. N’oublions pas qu’il a déclaré au père Spadaro qu’il était « rusé » (furbo).

Et si finalement le pape François avait voulu mettre sur la table ce qui jusqu’alors restait sous le boisseau dans une sorte de non-dit et de malaise ? Pourquoi cette mise en pleine lumière ? Pour changer la doctrine et la pratique de l’Eglise ? J’en doute de la part de celui qui a dit « je suis fils de l’Eglise ». Celui qui ne cesse de rappeler la radicalité du message évangélique et refuser de le mesurer à l’esprit du monde risque fort de décevoir tous ceux le considérant comme celui qui va enfin faire évoluer la doctrine et la discipline catholiques pour les rendre plus « crédibles » aux yeux de nos contemporains.

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