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25/06/2015

"Les parents veulent surtout que leur bébé soit traité dignement"

Annick Hovine | La Libre Belgique | 23 juin 2015

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« Quatre propositions de loi différentes, déposées par le CDH, le CD&V, le SP.A et l’Open VLD, visent à humaniser le Code civil et permettre aux parents de faire reconnaître symboliquement leur enfant. Avant d’entamer le débat proprement dit, sans doute à la rentrée, la commission de la Justice de la Chambre va procéder ce mardi à des auditions de professionnels : gynécologues, obstétriciens, psychanalystes, néonatologues, sages-femmes…

Dans les maternités, on n’a pas attendu les politiques pour mettre en place des dispositifs pour les mères (et les pères) dont le (trop petit) bébé est né sans vie. À Ixelles (Hôpitaux Iris Sud), par exemple, des procédures précises ont été mises au point. C’est une des plus grosses maternités bruxelloises, qui enregistre entre 2 300 et 2 500 naissances par an.

Des photos et des empreintes

Avec, parfois, des drames au bout… Les morts fœtales in utero, après six mois de grossesse, se produisent entre 5 et 15 fois par an à la maternité ixelloise. Les parents doivent faire une déclaration d’enfant né sans vie - c’est la loi. "Chez nous, la procédure est toujours la même : on présente l’enfant aux parents, on prend une photo et les empreintes des petits pieds", explique le docteur Clotilde Lamy, chef de clinique en obstétrique à l’hôpital d’Ixelles. Des discussions ont lieu avec les parents à propos d’une éventuelle autopsie; le petit corps est envoyé à la morgue avant l’inhumation ou l’incinération.

Et avant le 180e jour, quand le bébé n’existe pas légalement ? "Entre 12 et 26 semaines de grossesse, soit le deuxième trimestre, on parle de fausses couches tardives", poursuit le docteur Lamy. Cela se passe une trentaine de fois chaque année à l’hôpital d’Ixelles.

"Pour ces fœtus non viables, on a aussi organisé les choses. On propose, sans leur imposer, aux parents de voir leur bébé. On fait aussi des photos et des empreintes et on leur donne. S’ils ne le souhaitent pas, on les met dans le dossier médical de la maman."

Le cas échéant, si cela s’avère utile pour comprendre l’accident, des examens médicaux complémentaires sont envisagés. Les fœtus sont ensuite emmenés au cimetière d’Ixelles, où une pelouse et un mur aux étoiles sont réservés à ces tout-petits nés sans vie. Une assistante sociale du service social de la clinique explique tout cela aux parents. "S’ils le désirent, ils peuvent assister à l’inhumation. Certaines familles font parfois une petite cérémonie."

Une procédure qui semble satisfaire les parents endeuillés, dont certains ne veulent plus rien savoir après la fausse couche. "Finalement, que leur enfant soit déclaré ou pas, ce n'est pas le plus important pour les parents, estime la chef de clinique. Ce qui compte pour eux, c'est qu'il soit traité dignement." Avant les ordonnances régionales, en 2007 à Bruxelles et en 2009 en Wallonie, qui permettent de donner une sépulture aux fœtus, les bébés nés sans vie étaient considérés comme des "déchets hospitaliers" et "éliminés" comme tels. Ce qui était insupportable.

Le bébé fait partie de l’histoire

À Ixelles, on demande toujours aux parents le prénom de l’enfant, qu’on inscrit dans le dossier médical de la mère. "Ils n’en ont pas toujours un en tête et doivent souvent réfléchir, se concerter." S’ils ne le souhaitent pas, on note juste "fille" ou "garçon". " De toute façon, cet enfant fera partie de leur histoire médicale, familiale, affective." »

 

La Libre Belgique - mardi 23 juin 2015 - p.8