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10/04/2015

Les Fraternités monastiques de Jérusalem fêterons leurs 40 ans le 1er novembre 2015

fraternités monastiques de Jérusalem

Le 1er novembre 2015, les Fraternités monastiques de Jérusalem fêtent les quarante ans de leur fondation par le Père Delfieux. Alors que paraît l’ouvrage Prier 15 jours avec Pierre-Marie Delfieux, rencontre avec son auteur, Françoise Vintrou.

En quoi Pierre-Marie Delfieux a-t-il été un précurseur ?

Pour moi, il a un itinéraire singulier qu’il est intéressant de connaître pour replacer la naissance des Fraternités de Jérusalem dans le contexte chrétien.

Après avoir été sept ans aumônier des étudiants de la Sorbonne, et marqué par les bouleversements de mai 1968, le Père Pierre-Marie Delfieux prend une année sabbatique. Il ne résiste pas l’appel du désert, qu’il connaît pour avoir emmené des étudiants à Tamanrasset. À l’Assekrem, sur ce plateau rocailleux où le frère Charles de Foucauld s’est fait construire un ermitage, le Père Delfieux construit un autre ermitage.

Il passe deux années dans ce désert, avec pour seule compagnie « les pierres et les étoiles ». Avec ce qui suffit, dit-il, « la Bible et le Saint Sacrement ». C’est là que Frère Jean-Marie, Petit Frère de Foucauld, lui apporte une coupure de journal dans laquelle Mgr Marty, archevêque de Paris, fait part de son souhait de voir naître à Paris « des moines de l’an 2000 ». Une conviction s’impose au Père Delfieux : aujourd’hui, le vrai désert se trouve dans la ville. C’est là qu’il faut creuser des oasis de prière !

Il rencontre alors le cardinal pour lui dire qu’il « aimerait être moine dans Paris ». La complicité née de leur origine commune – l’Aveyron – et le souffle de l’Esprit Saint permettent au Père Delfieux de valider ce projet auprès du cardinal. La fondation va avoir lieu le 1er novembre 1975 à l’église Saint-Gervais-Saint-Protais, proche de l’Hôtel de Ville de Paris, avec tout d’abord les premiers Frères, puis des Sœurs.

Ainsi, moines et moniales font jaillir cette oasis de prière, de paix et de silence, « au cœur de la ville, au cœur de Dieu » aimait dire Frère Pierre-Marie. Oser imaginer une oasis au cœur de la ville bruyante, agitée, sans Dieu… Quelle audace ! N’est-ce pas celle d’un prophète, ce messager qui allume une lampe sur notre route et invite à marcher à la suite du Seigneur ?

Des laïcs qui s’inspirent des moines… Quel est le sens de ce paradoxe ?

« Soyez des éveilleurs sur les remparts de la cité ! » lance le cardinal Marty en 1975 aux premiers frères. Ils n’oublieront jamais. Si, dans l’Église, certains sont appelés à la vie monastique, le Seigneur appelle tous les fidèles à marcher à sa suite. Cette complémentarité est un témoignage fort donné au monde urbain alentour, dans l’esprit qui animait les premières communautés. Ainsi, dès l’origine, les laïcs font partie de la Famille de Jérusalem avec les moines et moniales. « Que la Famille de Jérusalem permette à des laïcs, hommes et femmes, célibataires ou mariés, de tous âges, de toutes conditions, de tous milieux, de vivre dans le respect de leurs engagements familiaux, professionnels, économiques, sociaux, culturels, civiques ou politiques, quelques-unes des exigences essentielles de Jérusalem et de son esprit évangélique. » N’est-ce pas cette exigence essentielle à laquelle nous invite notre baptême ? Le Seigneur nous a donné le souffle de son Esprit, des frères à aimer, un monde à transformer.

Quand j’ai rencontré Frère Pierre-Marie, j’étais assise au bord du puits, assoiffée par la sécheresse de ma vie. Il m’a proposé de rejoindre une Fraternité évangélique avec mon mari, en « assumant parmi mes frères croyants et incroyants les exigences de ma vie familiale, professionnelle, associative ».

Cette phrase je la prononce une fois par an, lors de mon engagement avec les autres membres laïcs des Fraternités évangéliques de Jérusalem. C’est ce que je vis dans la rencontre hebdomadaire avec les membres de ma fraternité, après la messe de 18 h 30, « en lisant l’Écriture, en chantant les psaumes, en méditant les prophètes, en suivant la trace du Christ dans l’Évangile ». Ainsi, engagée depuis vingt-deux ans dans une Fraternité de laïcs, je vis la présence vivifiante des moines et moniales qui fait germer en chacun un désir infini de Dieu. Sœur Violaine, prieure générale des Fraternités, précise dans un numéro de la revue Sources Vives (revue de la Famille de Jérusalem) : « Nous n’en sommes qu’au début d’une spiritualité citadine d’inspiration monastique, qui s’adresse à tous, consacrés ou laïcs ».

En quoi cette spiritualité peut-elle soutenir aujourd’hui des familles ?

Depuis quarante ans, les Fraternités monastiques de Jérusalem ont pour vocation spécifique de creuser dans « le désert des villes » des oasis de prière, de silence et de paix, « d’étendre un tapis de prière sur le macadam de la ville », notamment au travers d’offices chantés admirablement. Nombreuses sont les personnes qui viennent s’y ressourcer. Bien sûr, les familles s’y retrouvent avec des enfants de tous âges.

Dans le Livre de Vie de Jérusalem, rédigé par Frère Pierre-Marie en 1975 pour la Famille de Jérusalem, je retiens, pour les familles, trois mots :

« Aime. Accueille de tout ton être l’amour que Dieu te porte en premier ». C’est la première phrase de ce Livre de Vie. Quel parent chrétien ne saurait entendre cette invitation ? Depuis la fondation des Fraternités monastiques, des parents se retrouvent avec de jeunes enfants pour partager leur vie de foi.

« Prie. Comme Jésus priait, prie toi aussi. Toi donc, frère ou sœur, qui es ainsi le fils ou la fille du même Père, si tu veux savoir comment, pourquoi, où et quand prier, regarde Jésus et, inlassablement, fais comme lui, car lui seul peut t’apprendre à prier. » Quel parent chrétien touché par la grâce des chants des offices au cœur de la ville n’aurait envie de la partager avec ses frères les plus proches, c’est-à-dire sa famille ? C’est aussi ce qui se vit le dimanche quand, pendant la messe, les enfants sont invités à s’asseoir sur le tapis de prière devant les moines, à aller partager la Parole de Dieu et à suivre la procession des offrandes. « Quelle grâce quand cela est vécu avec nos familles, nos communautés, de marcher joyeusement au coude à coude, sur cette route qui monte au Royaume de la vie éternelle », se réjouissait Frère Pierre-Marie dans une homélie.

« Dieu est joie. Étant fils de Dieu, nous sommes donc fils de la joie. Ne contriste pas l’Esprit Saint en t’adonnant à la tristesse du monde. Sois donc vivant de la joie de Dieu. » Quel parent chrétien ne saurait entendre au plus profond de son cœur ces mots qui disent la tendresse première du Père pour chacun d’entre nous ? Tout parent ne souhaite-t-il pas faire vivre de cette joie de Dieu, manifestée par la vie donnée à ses enfants ?

Frère Pierre-Marie insistait : « Ici et maintenant, au cœur de la ville où nous vivons, il ne peut être question de conviction mais de pratique…»

Un chemin que tout chrétien est appelé à suivre « au cœur des villes, au cœur de Dieu » !

Samuel Pruvot

Famille chrétienne