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22/11/2014

"Mieux vaut un homme patient qu'un héros" (Prov 16, 32)

«Avec les enfants, remarquait saint François de Sales, on a besoin d'un petit verre de sagesse, d'un tonneau d'intelligence et d'un océan de patience.» Faut-il davantage d'intelligence que de sagesse pour éduquer les enfants ? Cela peut se discuter ! Mais il faut certainement de la patience à l'infini : patience envers les enfants, mais aussi envers nous-mêmes, envers les autres et, d'une certaine manière, envers Dieu.

- «Mieux vaut un homme patient qu'un héros», nous dit le livre des Proverbes (1). La patience est donc plus importante que les actions d'éclats. Et pourtant, le plus souvent, elle passe inaperçue : on peut même dire que c'est le propre de la patience que de ne pas se faire remarquer. Regardez un père qui apprend à son petit garçon comment lacer ses souliers : s'il est patient, il prend tout son temps pour montrer à l'enfant les gestes à accomplir, il lui laisse la possibilité d'essayer plusieurs fois, il lui ré-explique et l'encourage. En somme, il semble n'avoir que cela à faire et l'enfant ne remarque pas que son père accomplit un grand effort de patience. Si ce même père montrait que cet effort lui coûte, en harcelant l'enfant de «dépêche-toi !» ou en manifestant quelque agacement, ce ne serait plus de la patience, mais de l'impatience, plus ou moins bien maîtrisée.

- La patience n'est pas l'impatience maîtrisée. L'impatience nous fait bouillir : à force de volonté, on peut étouffer cette ébullition, comme on met un couvercle sur une cocotte-minute. Apparemment, tout va bien, mais l'ébullition intérieure demeure : gare à l'explosion ! Et si on s'interdit toute explosion, elle se transforme en implosion : autrement dit, on retourne contre soi sa colère et son impatience. Cela peut ressembler à de la patience, mais ce n'en est pas car, un jour ou l'autre, extérieurement ou intérieurement, l'impatience va éclater et provoquer des dégâts.

- La patience est un fruit de l'Esprit Saint. «Laissez-vous mener par l'Esprit ! ». Voici le fruit de l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi.» La patience va de pair avec la maîtrise de soi mais toutes deux découlent de la soumission à l'Esprit Saint. Si nous voulons être patients à l'égard de nos enfants, commençons par tout remettre entre les mains de Dieu : leur éducation, leur avenir, ce que nous désirons pour eux, nos espoirs et nos difficultés, tout ce qui constitue notre mission de parents.

- La patience se conjugue au présent, comme l'amour. La patience nous rend pleinement «présents au présent» alors que l'impatience nous empêche de goûter l'instant d'aujourd'hui en nous faisant regretter que l'avenir ne soit pas déjà là. La patience, c'est Geoffroy et Nicole qui se réjouissent de la moindre victoire de leur fille Bénédicte qui est handicapée, sans s'agacer de ce que les progrès ne soient pas plus rapides ou plus spectaculaires. La patience, c'est Sylvie qui écoute de tout son cœur les confidences de sa fille de 15 ans, alors qu'il est 18 heures et que la table familiale comptera une bonne douzaine de convives ce soir.

- La patience est inséparable de l'abandon à la Providence. Pourquoi sommes-nous impatients ? Bien souvent, c'est parce que nous avons peur : peur que nos enfants ne soient pas heureux, peur qu'ils grandissent mal, peur de ne pas mener à bien notre mission de parents, peur de ne pas tenir le coup dans l'épreuve, etc. Si nous réfléchissons bien, nous voyons que, le plus souvent, nos impatiences sont liées à des manques de confiance. Nous voudrions déjà tenir la victoire parce que, dans le fond, nous ne sommes pas sûrs qu'elle nous soit acquise. Notre impatience peut aussi venir de ce nous voulons gagner sur tous les plans : nous voudrions Dieu et l'argent, la réussite de nos projets et la venue du Royaume. Notre cœur est tourmenté parce que divisé.

- La patience n'est pas une attitude passive : elle ne se contente pas de «tuer le temps» en attendant la conversion ou les progrès. Elle encourage, pardonne, accompagne avec tendresse et compassion. Elle est le contraire de la résignation. Patienter, c'est espérer : c'est vivre pleinement l'aujourd'hui de Dieu parce que nous savons que, ressuscités avec le Christ, nous possédons déjà la victoire. Patienter, c'est prendre le temps de vivre cet aujourd'hui qui nous comble parce que, déjà, Dieu s'y donne à nous en plénitude. Patienter, c'est voir à travers les erreurs, les chutes et le péché lui-même, les signes de la miséricorde de Dieu, à jamais victorieux du mal et de la mort.

(1) Livre des Proverbes 16, 32. (2) Epître aux Galates 5, 16 et 22
 
Christine Ponsard pour Famille Chrétienne