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20/09/2013

Absence du père, troubles comportementaux

Par Brian Mossop, docteur en ingénierie biomédicale et journaliste scientifique à San Francisco

La présence d’une figure paternelle au début de la vie du bébé pourrait être importante pour le développement ultérieur de comportements équilibrés.

L’équipe de la neurobiologiste Katharina Braun, de l’Université Otto von Guericke à Magdeburg, en Allemagne, s’est tournée vers un rongeur, le dègue du Chili, chez lequel pères et mères se partagent les soins aux petits. Les pères s’occupent des nouveau-nés, se blottissant contre eux pour leur tenir chaud et les nettoyant à coups de langue. Lorsque les petits grandissent, les pères commencent à jouer avec eux en les poursuivant, en s’ébattant ou en se bagarrant dans la cage.

K. Braun et son équipe ont observé que, lorsqu’un père rongeur reste au nid avec ses petits, le cerveau de ces derniers se développe normalement. Mais si le père est extrait du nid peu après la naissance, la formation des synapses, jonctions chimiques qui permettent aux cellules nerveuses de communiquer, est réduite dans deux régions cérébrales des petits. Alors que la plus grande partie du cerveau devrait bourgeonner de nouvelles connexions, les petits élevés sans père manquent de synapses dans le cortex orbitofrontal et le cortex somatosensoriel. Le cortex orbitofrontal régule la prise de décision, la récompense et les émotions : un manque de synapses dans cette région expliquerait pourquoi certains enfants élevés sans père présentent des difficultés comportementales.

Finalement, ces études permettent de comprendre en partie pourquoi les pères sont si importants pour leurs enfants. Un nouveau-né vient au monde après avoir passé des semaines à flotter dans le liquide amniotique de la mère, dans un état de relative privation sensorielle et avec un cortex somatosensoriel prêt à évoluer. Mais lorsque les petits dègues sont élevés sans père, les synapses du cortex somatosensoriel, au lieu de l’épanouir au cours de la première période postnatale, s’étiolent. En conséquence, les nouveau-nés pourraient ne pas traiter l’information tactile de façon appropriée, ce qui entraînerait un certain nombre de troubles métaboliques ou d’une production inadaptée d’hormones.

Source : Cerveau & Psycho – n°59 septembre-octobre 2013, pp.52-53

Bibliographie de l’article :

M. Lamb et al., The Role of the Father in Child Development, John Wiley & Sons, 2010.

B. Leuner et al., Parenting and plasticity, in Trends in Neuroscience, vol. 33(10), pp.465-473, 2010.

G. Bishop, Hit the Ground Crawling. Lessons from 150 000 New Fathers, Dads Adventure, 2006.

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