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27/12/2013

Homélie de Noël de Mgr Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles

Homélie prononcée dans les cathédrales de Malines et de Bruxelles le 25 décembre 2013

Par quelle magie se fait-il que, chaque année, même dans notre monde sécularisé, la fête de Noël touche les coeurs ? Le folklore lié à cette fête, les sapins, les retrouvailles familiales y sont pour quelque chose. Mais, même si c’est souvent refoulé dans l’inconscient, les gens savent encore qu’il s’agissait de l’anniversaire d’une naissance. C’est d’ailleurs la signification du mot : "Noël" est la déformation de "natal". Nous y célébrons la "nativité", le jour "natal" de Jésus.

Ce ne peut qu’être source d’émerveillement. L’émerveillement que l’amour de Dieu pour nous soit si grand qu’il ait voulu devenir lui-même un homme parmi les hommes, un homme parmi nous. Et d’abord un enfant. Le Fils de Dieu en et par lequel l’univers entier fut créé, a été comme nous un minuscule embryon, un simple foetus dans le sein de sa mère, avant de naître à Bethléem et d’être déposé dans une mangeoire pour animaux.

Pourquoi s’est-il fait si petit, un petit enfant totalement dépendant de son entourage ? Pourquoi sinon pour que, devant lui, nous ne perdions pas la face, malgré notre petitesse ? Et nous savons qu’après l’humilité déconcertante de sa naissance viendra l’effrayante humiliation de sa mort en croix, entre deux brigands, dans le silence de Dieu. Pourquoi un tel abaissement, une telle solitude ? Pourquoi sinon pour que même le plus grand pécheur n’ait pas peur de s’approcher de lui ? Ne craignons donc pas de venir à lui, tels que nous sommes, en ce jour de Noël. Il nous réservera un accueil au-delà de toute espérance.

Il est de tradition qu’en cette fête familiale, notre pensée, notre prière et notre engagement se tournent vers les plus fragiles de nos frères et soeurs en humanité. Cette année, je vous propose de tourner votre coeur vers nos frères et soeurs dans la foi, gravement menacés, voire franchement persécutés, en Syrie et en plusieurs autres pays où pourtant ils sont présents depuis parfois près de vingt siècles, tels que, par exemple, l’Irak ou l’Égypte.

Dans nos pays sécularisés, beaucoup de baptisés prétendent avoir la foi, mais sans la pratiquer. Entendons le cri de ceux pour qui la pratique de leur foi implique quotidiennement une menace de mort. Je vous voudrais répercuter ici le cri de Mgr Samir Nassar, archevêque maronite de Damas, publié sous le titre : "Le bruit infernal de la guerre étouffe le Gloria des anges" : "La Syrie en ce Noël ressemble le mieux à une crèche : une étable ouverte sans porte, froide, démunie et si pauvre… L’enfant Jésus ne manque pas de compagnons en Syrie… Des milliers d’enfants qui ont perdu leurs maisons vivent sous des tentes aussi pauvres que la crèche de Bethléem… Les enfants syriens abandonnés et marqués par les scènes de violences souhaitent même être à la place de Jésus qui a toujours Marie et Joseph qui l’entourent et le chérissent… Ce sentiment d’amertume est bien visible dans les yeux des enfants syriens, leurs larmes et leur silence… Certains envient même l’Enfant divin parce qu’il a trouvé cette étable pour naître et s’abriter alors que certains de ces malheureux enfants syriens sont nés sous les bombes ou sur la route de l’exode."

Je pourrais poursuivre la citation. Et celle d’autres confrères évêques, comme Mgr Warduni, évêque auxiliaire à Bagdad. Mais je me limite à ceci. Ne restons plus indifférents en Occident à tant de frères et soeurs chrétiens qui sont discriminés, menacés, persécutés, qui doivent quitter leur patrie pour assurer la sécurité de leur famille et, par cette émigration, affaiblissent encore la position de leur frères dans leur pays d’origine.

Et n’oublions pas que, depuis que nous sommes confortablement rassemblés dans cette cathédrale, 5 ou 6 de nos frères dans la foi sont morts de mort violente à cause de leur foi en Jésus. Il en tombe, en moyenne, un toutes les cinq minutes. Par amour de l’enfant Jésus dans la crèche, portons-les dans notre prière et attirons sur eux l’intérêt de nos médias. Amen.

André-Joseph Léonard

Archevêque de Malines-Bruxelles


Source: Belgicatho

11:25 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (0)

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