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28/12/2013

Création - écologie

Un billet du père Daniel-Ange

La réalité de la création se situe au carrefour stratégique des grandes  questions cruciales d'aujourd'hui : temps et espace, hasard et Providence, évolution et création, homme et femme, corps et travail, science et foi, immanence et Transcendance : tout cela, mais c'est quoi exactement ?[1]

                   Dans un monde se fuyant dans le virtuel, s'éclatant dans l'accidentel (?) , urgence de ce retour au réel, c'est à dire à l'essentiel. " Si nous voulons vivre le christianisme dans toute son ampleur, il faut impérativement retrouver sa dimension cosmique." (Ratzinger)

 

J'épingle ici seulement 3 questions :

 

1. Ecologie partiale, ou intégrale ? 

Nous voilà dans un temps providentiel où, pour la première fois l'humanité prend –enfin!- conscience de sa responsabilité dans la dégradation de la planète avec ses conséquences dramatiques (surtout pour les pays innocents : les plus pauvres). Nos deux " papes verts" n'ont cessé de sonner le tocsin, de mobiliser les baptisés, les premiers à devoir monter au créneau du combat pour sauver notre " jardin" et assurer notre propre avenir. Pas question de rater cette chance de revenir à l'ascèse, la simplicité de vie, la maîtrise de ses besoins et instincts, inscrits dans notre "potentiel génétique baptismal.". A condition qu'il s'agisse  d'une écologie intégrale : englobant l'être humain (paradoxe : protéger l'embryon crapaud et éliminer ou commercialiser le zygote humain, dépolluer eaux et forêts et intoxiquer chimiquement l'organisme humain. Stigmatiser les risques de cancer du tabac et non ceux de la  "pilule", etc..)

                                   Urgence car un large courant écologique est noyauté par une idéologie anti-humaine : l'homme – ce primate orgueilleux- qui est la cause de cette destruction – doit être ramené à sa place de simple composant de la biodiversité. Destituer l'homme coupable au profit de l'animal innocent. Il faudrait même l'éliminer, pour que la terre Mère (Gaïa), enfin soit en paix. (Thèses de l’anti-spécisme   de Ryder et Peter Singer  et de la " Deep Ecology") et déjà sous-jacentes dans la Charte de la Terre ( ONU, Rio), et rentrant dans certains programmes scolaires. Elles virent au panthéisme totalitaire, sous prétexte de "holisme global".

                                   Autre révolution idéologique : saper les derniers repères qui nous restaient – celui sur lequel est construit toute la création ( y compris végétale et animale) : l'homme et la femme. Leur différence étant purement culturelle, imaginée par une culture judéo-chrétienne périmée, il faut fabriquer des êtres androgynes, et construire un enfant en lui faisant dire maman à un monsieur barbu. Tout cela est révolte contre le réel, fuite dans le virtuel, comme si par des idées et des mots on pouvait créer…

                                   Idéologie agressivement  anti-chrétienne : la Bible et l'Eglise sont les grandes accusées, le bouc émissaire. Face à ces dérives radicales, faire briller la vision divine magistrale. La Création est confiée à l’homme et la femme ensemble, comme un jardin non à saccager, mais à cultiver et embellir. Comme une fiancée non à violer, mais à respecter et protéger. L'homme est non pas tyran, mais intendant, non prédateur mais serviteur. Non dictateur, mais lieu-tenant du Créateur. Mais tout de même au centre de l'environnement  (sinon de quoi, de qui ?), au cœur de la création, comme son roi, mais tout roi est d'abord serviteur.

 

2. Création – évolution.

Longtemps perçus comme incompatibles, Jean-Paul II et Benoît XVI en ont magistralement montré la prodigieuse harmonie. Avec quel bonheur le Créateur a t-il dû suivre cette évolution. Déjà suggérée par Gn 1 (création continue par seuils successifs), à travers nos 15 milliards d’années. La vertigineuse expansion galactique dans l'espace, sur des millions d'années-lumière, nous fait pressentir l'infini et l'éternité. Tel un Père, il préparait le cosmos, comme le berceau où plutôt le sein maternel, pouvant concevoir et recevoir cet être prodigieux, radicalement nouveau, absolument pas nécessaire à la planète, donc gratuitement donné : l'être humain.[2]   La Révélation est ici une révolution comparée à la cosmogonie babylonienne contemporaine où l'homme sort du ventre d'un monstre éventré, donc résultat d'un meurtre ! Si le premier mot est la mort, le dernier le sera. C'est sur ce point précis que l'Eglise ne peut admettre la théorie Darwinienne, d'ailleurs de plus en plus contestée dans les milieux scientifiques. D'aucun singe, aussi évolué soit-il jamais ne naîtra un existant capable de construire Chartres ou d'inventer le GSM. Il y faut une intervention immédiate du Créateur, à travers les causes secondes physiologiques pour créer un homme, puis une femme (« Celle-ci sommet et chef d'œuvre de la création". Pie XII), capables de s'aimer comme Dieu : dans une communion exigeant la distinction, avec une fécondité impliquant l'altérité.   Et depuis le premier couple, bonheur pour Dieu de suivre la lente croissance humaine sur des millénaires, telle une maman voyant grandir son  petit.

 3. Création permanente ou hasard indéfini ?

On nous harcèle encore avec cette vieille mythologie du hasard (ou de la Nature personnifiée sinon divinisée). Ce mot magique sensé tout expliquer est en fait l'entourloupette de la paresse intellectuelle, évitant toute recherche sérieuse, court-circuitant tout effort de réflexion. Elle est démission de l'intelligence, capitulation de la raison, fuite des vraies questions. Bref, la plus irrationnelle, la moins cartésienne, logique, cohérente, des explications. Donc la moins scientifique. Qu'il suffise de voir le nombre de scientifiques, inventeurs, chercheurs de toutes discipline, qui découvrent un Créateur (ou au moins un ID ), sidérés par l'incroyable rationalité de l'univers. Le rationalisme ici, c'est le monothéisme. Ce qui n'est pas hasard, c'est que ce soit en culture explicitement chrétienne que les sciences se soient développées, le christianisme ayant favorisé la démarche scientifique en démythologisant, désacralisant la nature.

                        L'idéologie du hasard frise l'absurde. (Toute l'œuvre d'un Soljenitsyne est venue de  24 lettres lancées en l'air. Et  " que ma joie demeure" de Bach, d'une  souris sur le clavier de Bach) Plus grave : elle est criminelle parce que coupable du désespoir allant  jusqu'au suicide d'une multitude, de jeunes en particulier. Virus sapant le sens ( signification et orientation) même de l'existence, cancer tuant l'amour même de la vie. Si je ne suis que le résultat d'un coup de poker (spermatozoïde-ovule),  sinon un accident de la nature, si aucune Personne ne m'a voulue par amour, alors "je suis … personne". Paradoxe : cette vieille idéologie est encore enseignée à une époque où les scientifiques parlent d'un côté, d'une continuelle genèse produisant sans cesse de "nouveaux chapitres génétiques inédits, c'est à dire la création d'informations  (au sens d'informatique) nouvelles". Dans une évolution allant du simple au plus complexe, du chaos au sophistiqué. Et de l'autre côté, prouvent l'organisation époustouflante, dans une totale inter-dépendance, de l'ensemble du cosmos, jusque dans le ballet magistralement orchestré des quelques 30 milliards de galaxies. (la nôtre : quelques 200 milliards d'étoiles, chacune de 50 à 200 fois notre petit soleil).

                         Clore en l'attestant : la 3ème intervention divine immédiate de l'histoire pour créer du totalement nouveau, après le Big-Bang originel  («explosion" d'un Amour Trinitaire impossible à contenir, d'une lumière diffusive de soi) et la création de l'homme : Dieu en personne se faisant zygote pour vivre Lui-même toute la lente évolution de ma croissance, devenant ainsi le cœur même de sa Création. Et s'insérant dans notre temps-espace, pou confier à nouveau son héritage dévasté au prince que je suis, me donnant de quoi le respecter, le protéger, l'aimer.

                        Mais où donc est-elle physiquement cette lumière originelle faite chair ? Là où l'Héritier est allé jusqu'à prendre visage de Froment, en cette Eucharistie, centre de gravité du cosmos, en cette Hostie étoile polaire autour de laquelle tourne et danse tout l'univers.

 


[1] . C'est pourquoi  j'y ai consacré mes 60ème et 61ème livres dans un langage relativement simple, pour des jeunes qui veulent creuser :" La création, éblouissante symphonie", "L'univers, chef d'œuvre à aimer", ed. des Béatitudes, 2008. On y trouvera textes, documents et références que je ne puis ici citer.

[2] . Dans les écoles aux USA, suite à une violente controverse entre " créationnistes " des milieux évangéliques, et évolutionnistes souvent athées, on enseigne l'ID ( Intelligent Design)

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