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29/05/2014

Pourquoi le latin est-il la langue liturgique et officielle de l'Eglise ?

Aleteia | 28 mai 2014

Eclairage du Père Julio de la Vega-Hazas, professeur de théologie morale, sur l'usage du latin dans l'Eglise.

topicPourquoi le latin est-elle la langue liturgique officielle de l’Église ? Quelle est son importance ? En réalité, le latin est bien plus que la langue officielle de l’Église. Dans la liturgie, plus particulièrement dans le rite latin, le latin est la langue la plus utilisée.
 
Pour se remettre dans le contexte, disons qu’il s’agit d’abord d’une question de commodité. Ce n’est pas un point doctrinal et il aurait pu en être autrement, en donnant la primauté au grec, par exemple. Dans tous les cas, il convient d’avoir une langue officielle, servant de référence commune à toutes les traductions. En cas de doute, nous nous référons ainsi au texte d’origine. Autrement, quelle confusion !
 
Parmi toutes les langues possibles, pourquoi le latin ? La raison est en bonne partie historique. Le latin fut la langue la plus répandue en Occident jusqu’au XVIIème siècle. Puisant ses origines dans la Rome antique, elle a été la langue liturgique d’Occident tout au long de l’histoire de l’Église, utilisée par tous les successeurs de Pierre. Et ceci est une bonne chose pour plusieurs raisons.
 
À première vue, on peut  voir comme un inconvénient le fait d’utiliser une langue morte comme langue officielle. En réalité, c’est le contraire. Les langues évoluent. Ainsi, il y a des mots dont le sens change au cours des années et des siècles. Ceci n’est pas le cas pour les langues mortes. Le sens des mots ne pâtira donc pas du cours des temps. De cette façon, l’usage du latin est une garantie pour que ce que l’on écrit soit compris de la même façon aujourd’hui ou dans cinq  ou dix siècles. De plus, il n’y a pas de favoritisme pour avoir choisi la langue de tel pays plutôt qu’un autre.

[Dans la constitution apostolique Veterum Sapientia, le Pape Saint Jean XXIII écrit que "le latin est la langue vivante de l’Église", et n'en parle donc pas comme une langue morte, mais plutôt une langue fixe, immuable et universelle, NdEspN]
 
Le deuxième argument justifiant la pertinence du latin est que ses mots sont très précis (c’est également le cas pour le grec ancien). Par exemple, en lisant la Bible, on se rend compte des problèmes d’interprétation que peuvent susciter les langues sémitiques. Nous n’avons pas ce genre de souci avec la langue latine. En effet, c’est une langue dotée d’une logique rigoureuse, rendant les erreurs d’interprétation plus difficiles. Aussi, dans le même temps, et ceci compte pour la liturgie, le latin peut être très beau et poétique. Tout au long de l’histoire, il y eut beaucoup de littérature et de poésie écrites en latin. Par exemple, un bon latiniste appréciera le rythme et la beauté des messes célébrées en latin, sans que cela ne perde son sens très précis.
 
Dans la liturgie, et bien que cela ne soit pas généralisé, on peut constater un retour à l’usage du latin. Cela a beaucoup de sens pour l’universalité de l’Église, alors que désormais les personnes se déplacent dans le monde entier. Pour une messe célébrée par le Saint-Père, qui sera retransmise à la télévision, le latin est l’option la plus logique. Tout comme c’est aussi le cas pour les messes célébrées dans les grandes capitales. Ainsi, lorsque l’on voyage à Pékin, New Delhi, ou n’importe où dans le monde, on suit beaucoup mieux dans la langue commune à tous les catholiques. Bien sûr, on ne connaît pas tous le latin…mais une simple notice [traduction dans un feuillet, un missel, NdEspN] suffit pour suivre la sainte messe. En fait, de la sorte, on se sent davantage unis aux chrétiens du monde entier.

[Ajoutons: l'idée que le Concile Vatican II a décidé de faire passer la liturgie du latin aux langues vernaculaires est une idée fausse, comme l'attestent les documents de ce concile; tout au long de son histoire, l’Église a utilisé des langues spécifiquement liturgiques dans l'ensemble de la liturgie et spécialement la liturgie de la messe, principalement les trois langues de l'inscription "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs" fixée à la Croix: hébreu, grec et latin (Jean 19, 19-20), plutôt que les multiples dialectes locaux, ce qui exprime le caractère sacré, universel et céleste de la liturgie, qui élève l'homme au-delà de son quotidien pour l'amener à la rencontre avec le Tout-Autre. NdEspN]

> Saint Jean XXIII et le latin

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