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28/09/2014

Synode sur la famille: vous avez dit nullités de mariage ?

Par le Père Cédric Burgun, membre de la Communauté de l'Emmanuel et canoniste

 

À quelques jours de l’ouverture solennelle de synode sur la famille, beaucoup de choses sont dites au sujet des fameuses « nullités » de mariage ; propos qui, je dois l’avouer, me laissent bien souvent perplexe, à beaucoup d’égard.

Trop souvent, les médias présentent le synode comme se résumant à deux points : ouvrir la communion aux divorcés remariés et « simplifier » les procédures de nullité de mariage. Et d’ailleurs, le cardinal Burke a récemment dénoncé ce qu’il appelle une tentative de détournement du synode. Le journal La Vie le rapportait :

« Concentrer le synode sur la question de l’accès à la communion des divorcés remariés est une opération orchestrée par les journalistes : c’est en substance ce que déclare le cardinal Raymond Leo Burke dans une interview (en anglais) à l’hebdomadaire américain National Catholic Register. Le préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique – qui traite, notamment, les cas d’annulation dans l’Église – déclare qu’il n’y a « pas besoin d’être brillant pour voir que les médias ont, depuis des mois, essayé de détourner ce synode ». Selon le cardinal Burke, le danger est que « les médias aient créé une situation dans laquelle les gens s’attendent à ce qu’il y ait ces changements majeurs qui, en fait, constitueraient un changement dans l’enseignement de l’Église, ce qui est impossible ». Partisan, au même titre que le cardinal Müller, du statu quo sur la question de l’indissolubilité du mariage, Mgr Burke appelle “les dirigeants de l’Église” à se montrer “très clairs” sur le sujet. »

Et très franchement, je ne suis pas loin de partager cet avis cardinalice. Il ne se passe pas un jour sans qu’un journal, chrétien ou non, ne publie un article sur ces points. Mais cela pose deux questions : d’une part, le synode aura-t-il encore un travail autre que celui de trancher entre des positions déjà exprimées ? Ces débats, tels qui sont repris dans les médias, laissent croire, de plus, qu’ils ne sont l’objet que de courants théologiques et d’idées bien intellectuelles, le tout évidemment éloigné des vraies réalités … D’autre part, quid du reste de la pastorale familiale ? L’évangile de la famille, selon l’expression consacrée par le cardinal Kasper en février dernier, est loin de se résumer à ces deux seuls « problèmes ». Son long discours d’introduction au consistoire sur la famille avait fait beaucoup parler de lui sans même qu’on prenne le temps de s’y arrêter vraiment. Et pour preuve : il fut publié en italien (publié dans son intégralité dans le quotidien italien Il foglio du samedi 1er mars 2014) et voilà seulement maintenant qu’une traduction française est publiée (septembre 2014, éditions du Cerf). Beaucoup de commentateurs y avaient vu de grandes ouvertures sur la question des divorcés remariés : certes, sur une conférence qui dura plus de 2h, la place laissée à cette question était importante, mais elle n’occupait même pas un tiers du discours ! Le cardinal Kasper avait au contraire affiché d’emblée sa volonté de donner à son propos, et plus largement à la réflexion sur la famille qui va se poursuivre au Vatican, une orientation positive, sans toutefois nier les zones d’ombre et les problèmes. Quel est le reflet de cette orientation positive aujourd’hui ? J’ai bien du mal à la percevoir ces derniers jours …

Le cardinal avait voulu mettre au cœur de son propos un point fondamental. Le discours de l’Église est une bonne nouvelle, un évangile – c’est ainsi qu’il a intitulé son propos  « L’évangile de la famille » ; et c’est une bonne nouvelle dont l’Église et la société ont bien besoin ! Certes, et avant même de parler des divorcés remariés, le cardinal Kasper reconnaissait très simplement qu’aujourd’hui la famille est en crise : en rappelant que la famille est la « cellule de base de la société », il tenait à redire qu’elle « traverse une crise culturelle profonde ».

Cela étant dit, la question des nullités de mariage, et de leur « réforme », est donc avancée et présentée, mais malheureusement bien souvent de manière trop caricaturale. À croire que les juges et autres canonistes ne seraient que des prêtres poussiéreux, enfermés dans leurs officialités, prenant plaisir à être pointilleux pendant que d’autres se préoccupent de la vraie pastorale ! Et j’exagère à peine …

Des « annulations de mariage », vous dites ?

Combien il m’arrive de faire des bonds lorsque j’entends régulièrement parler d’annulation de mariage ; et redisons-le encore une fois : cela n’existe pas ! Dans l’Église, il n’y ni « annulation », ni même des « nullités » : il y a des « reconnaissances d’invalidité de mariage » ou encore, si vous préférez, des « reconnaissances de nullité de mariage », même si je trouve que ce mot n’est pas très adapté.

Dans l’Église, il y a une procédure (certes longue) qui vise à déclarer si un mariage pouvait être célébré ou non ; autrement dit, l’Église veut déclarer si un mariage est valide, non pas d’abord aux yeux des hommes, aux yeux du droit de l’Eglise qui se complairait à être tatillon. Non ! La question se pose déjà aux yeux de Dieu : « ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux. Ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux » (cf. Mt 16, 19). Tel acte sacramentel était-il vrai, sincère, dûment posé ? Tel mariage était-il valide ?

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