28/02/2015
Les douze fruits de l'Esprit Saint
Nous pouvons classer les douze fruits de l’Esprit en trois groupes :
Les fruits qui concernent l’âme dans ses relations avec Dieu :
la charité,
la joie,
la paix,
la patience,
Les fruits qui concernent l’âme dans ses relations avec le prochain :
la bénignité,
la bonté,
la longanimité,
la mansuétude,
la foi,
Les fruits qui concernent l’âme dans ses relations avec son propre corps :
la modestie,
la continence,
la chasteté.
Les douze fruits du Saint-Esprit sont inséparables : il s’agit d’être mû par l’Esprit Saint, et l’Esprit Saint est une personne vivante !
Source : Serviteurs de Marie
Aux sept dons du Saint-Esprit, on joint ses douze fruits, dont parle saint Jean dans son Apocalypse (IV, 6), où il nous montre le Saint-Esprit sous la figure d'une eau claire et transparente comme le cristal, qui prend sa source au trône de Dieu et de l'agneau, arrose la Jérusalem céleste, c'est-à-dire l'âme fidèle, féconde l'arbre de vie qui est la grâce sanctifiante, et lui fait porter tous les mois de nouveaux fruits (Apoc. XXII, 2).
Ces fruits, effets particuliers de la charité divine, sont autant de perfections habituelles et permanentes, qui règlent les mouvements de l'âme, et les maintiennent dans l'ordre ; qui élèvent, perfectionnent, facilitent et couronnent les vertus dont ils portent le nom et qu'ils présupposent. Ainsi, en même temps qu'il nous accorde ses dons pour enrichir notre pauvreté, le Saint-Esprit, qui est une source inépuisable de trésors, nous présente aussi des fruits exquis et délicieux pour nourrir nos âmes. Saint Paul en fait l'énumération dans une de ses épîtres (Galates V, 22-23), et les réduit à douze qui sont :
1°) La charité : elle est la racine, l'origine, la sanctification de tous les autres fruits ; elle les renferme tous, et est renfermée dans chacun d'eux. Elle est le principe de toutes les vertus, car elle leur donne la vie et le mouvement pour la vie éternelle ; elle en est la fin, car les actions de toutes les vertus ne tendent qu'à nous unir à Dieu par la charité. Elle est la perfection de notre âme, car elle nous unit à Dieu qui est notre fin dernière ; elle nous rend membres vivants de Jésus-Christ, et nous attache aux autres membres de l'Église, c'est-à-dire à notre prochain. C'est le Saint-Esprit, qui répand la charité dans nos cœurs (Romains V, 5) ; demandons-lui avec instance ce fruit précieux ; nourrissons-en notre âme, et nous ressentirons sa douceur et ses délices.
2°) La joie [en Dieu] : elle est une disposition de l'âme, par laquelle nous nous réjouissons de toutes les perfections de Dieu et de tous les biens que nous savons avoir été donnés à notre prochain et à nous pour la gloire de Dieu. La joie des mondains, qui vient des prospérités passagères de cette vie, n'est qu'une fausse joie, parce qu'elle est mêlée de remords et de tribulations. Dieu seul, dit saint Augustin, doit faire toute notre joie. Voilà pourquoi Saint Paul nous exhorte à nous réjouir toujours dans le Seigneur (Phil. IV, 4). Cette joie spirituelle provient d'une conscience pure, et elle est pour l'âme une espèce de paradis anticipé.
3°) La paix [du Seigneur] : elle est la tranquillité de l'âme, le lien de l'amour, l'union de la charité. Elle nous rend paisibles nous-mêmes, par l'empire qu'elle nous donne sur les passions qui troublent notre âme ; elle nous unit d'affection avec Dieu, en nous rendant soumis à tous les décrets de sa providence ; elle nous unit de sentiment avec le prochain, en nous faisant éviter tout ce qui pourrait taire de la peine à nos frères. La paix du Seigneur est un bien, qui surpasse tout sentiment. Que celui qui l'a reçue la conserve; que celui qui l'a perdue, la recherche. Celui-là ne pourra parvenir à l'héritage de Dieu, qui ne se sera pas appliqué à posséder le bien de la paix.
4°) La patience : c'est une vertu qui nous fait supporter avec résignation et courage tous les maux de cette vie, quelque grands et longs qu'ils soient. Elle a deux grands motifs qui l'animent : le premier est une espérance ferme et inébranlable d'en être récompensé dans le ciel ; le second, qui est le plus parfait, est celui de l'amour de Dieu. Car cette vertu, ainsi que les autres que nous expliquons ici, est inséparable de la charité, dont Saint Paul nous dit qu'elle supporte tout (I Cor. XIII, 7). Ce fruit de l'Esprit-Saint semble ordinairement amer ; mais l'âme, qui sait s'en nourrir, y trouve une véritable douceur. Les apôtres, qui le reçurent si abondamment au jour de la Pentecôte, souffrirent ensuite, non seulement sans se plaindre, mais encore avec une sainte joie, les prisons, les chaînes et les plus cruelles tortures de leurs tyrans.
5°) La bienveillance : c'est une bonne disposition de l'âme, qui nous porte à faire du bien à nos semblables, nous rend sensibles à leurs peines et à leurs embarras, et nous engage à chercher les moyens de les en tirer. Elle est une suite de la charité, dont Saint Paul a dit qu'elle est bienveillante (I Cor. XIII, 4). Cette vertu, appelée encore humanité, obligeance, a paru avec éclat dans notre adorable Sauveur, dont il est écrit qu'il a passé en faisant le bien (Actes X, 38). Travaillons à l'acquérir ou à la perfectionner au dedans de nous, et pratiquons-en les œuvres, qui sont de rendre service à nos frères, de compatir à leurs afflictions, comme si c'étaient nos propres disgrâces, de les secourir avec promptitude, autant qu'il est en notre pouvoir et sans écouter nos répugnances et notre délicatesse.
6°) La bonté : c'est une qualité de l'âme, qui nous porte à faire toujours ce qui est bien. Elle nous rend attentifs et exacts à tous nos devoirs, fervents et dévots envers Dieu, tendres, affables, sincères, charitables à l'égard du prochain. Elle est opposée à la malice, et elle a pour compagnes inséparables la complaisance, l'indulgence, l'aménité. Mais celui-là seul mérite le titre de bon, qui sait s'armer à propos de sévérité contre le vice ; autrement, la bonté n'est qu'une faiblesse de l'âme ou une paresse de la volonté. Celui qui possède cette bonté ne la conserve qu'autant qu'il travaille à devenir meilleur.
7°) La longanimité : c'est une vertu qui nous fait supporter longtemps et sans nous plaindre les peines du corps et les sécheresses de l'âme, et attendre avec une foi vive et une confiance parfaite le secours du Ciel. Cette vertu est une partie de la patience ; mais elle en diffère en ce que, si la patience supporte les maux, la longanimité fait quelque chose de bien plus difficile, car elle supporte les maux pendant un long temps, et attend toujours la consolation, même quand elle est différée pendant des jours, des mois et des années. Le Seigneur nous exhorte à cette vertu, quand il dit par le roi-prophète : « Attendez le Seigneur, et, en attendant, agissez avec courage et que votre cœur prenne de nouvelles forces » (Ps. XXVI, 20). Saint-Laurent Justinien fait le plus bel éloge de cette vertu ; il l'appelle la source de la grâce, la demeure de la dévotion, le miroir de la foi, la preuve de la sainteté, l'ornement de la vérité catholique, le fléau des vices, la lance spirituelle, qui brise les armes de nos ennemis.
8°) La mansuétude : c'est une vertu par laquelle nous réprimons la colère, que nous éprouvons contre ceux qui nous outragent. Elle fait qu'au lieu de répondre injure pour injure à ceux qui nous attaquent, nous ne perdons pas même la sérénité de notre visage, ni la tranquillité de notre cœur, ni la paix de notre âme. Mon fils, dit l'Esprit-Saint, faites vos actions dans la mansuétude, et vous vous attirerez l'estime et l'affection des hommes (Eccles. III, 19).
9°) La bonne foi : elle consiste en une fidélité candide, sans défiance, sans subterfuge, sans artifice, à tout engagement contracté. Cette vertu est la base des relations sociales.
10°) La modestie : elle est une vertu aimable et rare, qui semble craindre d'être remarquée, et qui fait le plus digne ornement du mérite réel. Elle compose l'extérieur de l'homme, et règle ses mouvements avec bienséance et honnêteté, eu égard aux personnes, aux affaires, aux temps, aux lieux et autres circonstances. Elle contribue singulièrement à la pureté de l'âme et aux progrès dans la vertu ; et elle est d'un grand poids pour procurer l'édification du prochain. Car, ainsi que l'a dit le Sage, « on connaît l'homme sensé à l'air de son visage : ses vêtements, son ris, son allure, rendent témoignage de ce qu'il est » (Eccles. XIX, 26-27). La présence de Dieu est l'âme et le motif de cette vertu, selon cette parole de l'Apôtre : « Que votre modestie soit connue de tous les hommes, car le Seigneur est proche » (Philip. IV, 5).
11°) La continence : c'est une vertu austère, qui nous fait résister à l'attrait des passions et à tous les désirs charnels. On l'appelle ainsi, parce que l'homme étant porté par la corruption de sa nature à l'appétit des plaisirs sensuels, il faut qu'il se contienne pour vaincre les tentations.
12°) La chasteté : cette vertu provient de la précédente, et en est la perfection. Elle préserve le corps et l'âme de toute souillure, et s'effraie de la moindre pensée contraire à la pureté. Par elle le corps s'approche de la nature angélique et devient un vrai temple du Saint-Esprit, qui est l'auteur et le principe de cette vertu, comme il en est le rémunérateur. Dieu, qui est la pureté même, se plaît parmi les âmes chastes, tandis que les âmes impures sont en abomination devant ses yeux. Prions le divin Jésus, le fruit béni de la virginité, d'éloigner de notre cœur tout désir, toute pensée et toute imagination déshonnête, de revêtir notre âme de la belle robe de la chasteté, d'ennoblir nos corps de cette florissante vertu, afin que nous demeurions toujours unis avec lui, comme des membres à leur chef.
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