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02/03/2015

Témoignage d'Alice: rendez-vous à la clinique pour l'avortement

"Je ne veux pas de cet enfant"

Lorsque mon gynéco m’annonce que je vais être maman pour la seconde fois, je ne peux m’empêcher de réagir violemment. Il n’est pas question qu’un nouveau-né vienne troubler mon existence. J’ai un job dans l’immobilier qui me passionne, une jolie maison, un mari, ma Clara que j’adore, et nous faisons des voyages aux quatre coins du monde plusieurs fois par an. L’idée de replonger dans les petits pots et les couche-culottes me révulse. Je veux garder ma liberté, nos week-ends en amoureux et les grasses matinées qui vont avec. (…)

Une fois le rendez-vous pris à la clinique, je demande une journée de congé à mon employeur, une femme d’une cinquantaine d’années à qui je ressens le besoin de dire la vérité. (…) Après avoir écouté mes aveux, elle referme la porte derrière elle, et demande à la secrétaire de ne lui passer aucun appel. Pendant trois heures, nous allons parler de mon IVG, de la vie, de nos maris, des enfants (elle en a cinq). Nos relations étaient jusque là professionnelles, nous parlions éventuellement de nos vacances, de nos virées shopping, rien de plus. Là, je me laisse aller à plus de confidences sur ce que je pense être un manque d’instinct maternel. (…)

 » Mon petit dernier a pointé son nez l’année de mes 40 ans. Alors vous, à 36 ans, il n’y a vraiment pas de quoi vous inquiéter « , conclut mon interlocutrice, tout en me rassurant sur mon avenir professionnel et en me proposant de prendre mon mercredi pour m’occuper des enfants. A ses yeux, la boucle est bouclée, je garde le bébé. Cette intrusion dans mon intimité est tempérée, je dois l’admettre, par beaucoup de chaleur, d’ouverture d’esprit et de compréhension. Cette conversation m’a-t-elle bouleversée ? Certainement plus que l’entretien psychologique obligatoire avant une IVG. Il aura duré à peine cinq minutes juste le temps de remplir un questionnaire.

La veille de l’avortement, impossible de trouver le sommeil, je ne pense qu’à ça. Inconsciemment, quelque chose me gêne, le doute s’installe légèrement. Est-ce de voir mon mari malheureux depuis que je lui ai annoncé que je ne mènerai pas cette grossesse à terme ? (…).

A 8h30, je me rends à la clinique. L’atmosphère est glaciale. Une infirmière aimable comme une porte de prison me dirige vers une chambre où deux femmes attendent leur tour. La panique me gagne, des frissons me parcourent le corps. On me demande de me déshabiller, de mettre une blouse, et de donner mon échographie.  » Je ne l’ai pas sur moi, elle est à la maison.  » Comment ai-je pu faire cet oubli ?  » Allez la chercher, le médecin en a absolument besoin « , lâche l’infirmière. Par chance, j’habite juste en face de la clinique. En traversant la rue, je revois le visage de mon mari ; je pense à ma petite fille, qui ne se doute de rien. Maintenant, j’ai beau me creuser la tête pour trouver une vraie bonne raison de ne pas garder ce bébé, rien ne me vient à l’esprit. (…)

Sitôt le pas de notre maison franchie, je fonds en larmes et me rue sur le téléphone pour appeler Patrick :  » J’ai changé d’avis, je le garde.  » Je sens sa joie, je vois son sourire :  » Chérie, c’est le plus beau cadeau que tu puisses me faire. En quittant la maison ce matin, je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer. J’ai tellement espéré que tu changes d’avis !  » Le lendemain, au bureau, ma chef se dirige vers moi.  » Alors ? » Je souris.  » J’ai fait demi-tour.  » Elle, triomphante :  » J’en étais sûre. « 

Aujourd’hui, le petit Jean a quatre mois. C’est, bien sûr, le plus beau bébé du monde et je suis la maman la plus heureuse. Je n’ai absolument aucun regret. (…) Et, une aventure en entraînant une autre, nous envisageons de nous installer en Amérique du Sud. »

Alice

Elle - 14-12-2012 (Source: J'ai changé d'avis, je le garde)

 

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