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27/11/2015

Sainte Catherine de Gênes - Traité du Purgatoire - I

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Sainte Catherine de Gênes


Traité du Purgatoire

 

Le feu du divin amour, que la grâce a allumé dans mon cœur, me fait comprendre, ce me semble, la nature du purgatoire, et la manière dont les âmes y sont tourmentées. Ce feu d'amour a pour effet d'effacer les imperfections et les taches de mon âme, afin qu'au sortir de cette vie, me trouvant entièrement purifiée, mon Dieu daigne m'admettre en sa présence. Voilà bien aussi ce qu'opère le feu du purgatoire dans les âmes qui ont quitté la terre, sans être entièrement purifiées ; il dévore la rouille et les taches du péché qui les défigurent, afin de leur donner cette pureté qui leur ouvre ensuite la porte du paradis.

Dans cette fournaise d'amour, où je suis plongée, je demeure incessamment unie à Dieu mon bien-aimé, et j'acquiesce de bon cœur à tout ce qu'il lui plaît d'opérer dans mon âme. Or, tel est précisément l'état des âmes que Dieu achève de purifier dans l'autre vie. D'après ce que je vois, ces âmes captives dans les prisons du purgatoire ne peuvent désirer une autre demeure que la prison où Dieu les ajustement renfermées. Elles ne peuvent se replier sur elles-mêmes, et raisonner ainsi qu'il suit : Ce sont tels et tels péchés que nous avons commis, qui nous ont amenées dans ce lieu de souffrances. Ah ! plût à Dieu que nous nous en fussions abstenues ; nous jouirions, à l'heure qu'il est, des joies de la céleste patrie. Beaucoup moins encore peuvent-elles s'affliger et se plaindre, quand elles sont témoins de la délivrance de quelques-unes d'entre elles; elles ne conservent aucun souvenir ni en bien ni en mal, soit par rapport à elles-mêmes, soit par rapport aux autres, qui puissent aggraver les peines auxquelles elles sont condamnées.

La sainte volonté de Dieu qui dispose d'elles, selon le bon plaisir de sa Majesté, leur est si chère et si agréable, qu'au milieu de leurs tourments elles ne peuvent être sensibles à ce qui les touche; elles ne voient que la divine bonté qui se satisfait dans tout ce qu'elle opère à leur égard; elles ne sont occupées que de la considération de sa clémence et de sa miséricorde, sans réfléchir jamais sur leur bien ou sur leur mal. S'il en était autrement, on ne pourrait pas dire, ce qui pourtant est bien vrai, qu'elles sont douées d'une charité pure; encore moins peuvent-elles penser que les compagnes de leurs souffrances y ont été condamnées pour tels et tels péchés, bien loin qu'elles puissent s'en occuper dans leur souvenir; car ce serait une imperfection qui ne saurait se rencontrer dans un lieu où toute puissance de faillir est détruite. Elles ont connu les raisons de leur jugement, au moment où elles se séparaient de leurs corps ; ensuite elles en ont perdu la mémoire. Si elles conservaient cette connaissance, il y aurait, dans ce lieu qu'elles habitent, quelque propriété ; ce qui n'est assurément pas. Enfin, irrévocablement fixées dans la charité, sans pouvoir désormais rien admettre qui soit contre elle ou hors d'elle, il ne leur reste aucune liberté pour vouloir ou désirer autre chose que ce qui est conforme à la pure charité. Elles souffrent dans le feu, et cruellement sans doute; mais telle est la sainte volonté de Dieu, et elles l'approuvent de toute manière, parce qu'ainsi le veut la charité dont elles ne peuvent s'écarter en rien, puisqu'elles n'ont plus la faculté de commettre aucune faute.

Je n'aurais jamais cru que cette tranquillité et ce contentement dont jouissent les habitants du ciel pussent être l'apanage des âmes du purgatoire, et se concilier avec leurs souffrances. Cependant rien n'est plus vrai. Cette tranquillité va même en croissant, chaque jour, par la communication de Dieu et son influence; et cet accroissement se lait d'autant plus, que ce qui forme empêchement à cette influence diminue. Or, cet empêchement n'est pas autre chose que la rouille du péché qui est détruite par le feu. C'est de cette manière que l'âme s'ouvre de plus en plus et se prépare aux communications divines. Voici une comparaison qui peut répandre quelque jour sur cette vérité. Un cristal couvert d'une croûte dépoussière ne saurait recevoir les rayons du soleil. Ce n'est pas la faute de cet astre, qui ne cesse de répandre partout sa lumière ; mais elle est interceptée par ce corps étranger. Nettoyez ce cristal, la lumière le pénétrera, et d'autant plus abondamment que vous le purifierez davantage. De même, le péché est une rouille qui couvre l'âme et l'empêche de recevoir les rayons du vrai soleil qui est Dieu : mais le feu du purgatoire dévore cette rouille, et, à mesure qu'elle disparaît, l'âme reçoit plus abondamment cette lumière divine qui introduit avec elle le contentement et la paix. Il se fait donc un accroissement successif de tranquillité dans les âmes du purgatoire, par l'action dévorante du feu sur l'empêchement qui s'y opposait, et cet effet va toujours croissant jusqu'à l'expiration du temps donné à la peine : ce temps aussi diminue chaque jour et à chaque instant : mais il n'en est pas de même de la peine qui résulte du retardement de la vue de Dieu. Elle ne diminue pas en approchant de son terme.

Quant à ce qui concerne la volonté de ces âmes souffrantes, jamais elles n'appellent leurs supplices des supplices, jamais il ne leur arrive de les considérer comme tels, tant la disposition de Dieu à leur égard les rend résignées et paisibles, par l'amour pur avec lequel elles embrassent cette sainte et tout aimable volonté. Elles souffrent néanmoins des tourments si cruels, que ni le langage ne les peut exprimer, ni aucune intelligence ne les peut comprendre, à moins d'une lumière extraordinaire, que je crois avoir reçue, sans pouvoir toutefois rendre ce que j'ai vu. Du reste, ce que Dieu, dans sa bonté, a daigné me découvrir de l'état de ces âmes n'est jamais sorti de ma mémoire. Je l'expliquerai donc autant que je le pourrai ; et ceux-là m'entendront à qui Dieu daignera ouvrir l'intelligence. 

 

Sainte Catherine de Gênes. Traité du Purgatoire.

 

VIE DE SAINTE CATHERINE DE GÊNES Tirée principalement des procédures relatives à sa canonisation avec une préface générale, où sont réfutés les détracteurs des vies des saints; suivie de son TRAITÉ DU PURGATOIRE, Ouvrage traduit du latin, des Bollandistes, Par l'abbé P.., Vicaire général d’Évreux. NOUVELLE ÉDITION.

LIBRAIRIE CATHOLIQUE ET CLASSIQUE DE PERISSE FRÈRES, Nouvelle Maison à PARIS, rue Saint-Sulpice, 38

BOURGUET, CALAS et Cie , SUCCESSEURS, 1881

 

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