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07/10/2014

Synode sur la famille: y a-t-il des limites au pouvoir du Pape ?

La question des limites du pouvoir du Pape avait été traitée par le Cardinal Joseph Ratzinger dans son livre "Voici quel est notre Dieu". Le journaliste Antonio Socci cite les passages concernés dans son article du 5 octobre 2014.

Il y a beaucoup de confusion dans l’Église pour le Synode qui s'ouvre aujourd'hui et discutera de la communion pour les divorcés remariés.

Le Pape peut-il vraiment prendre un chemin qui renverse ce que l’Église, selon les paroles de Jésus et les textes pauliniens, a toujours enseigné pendant deux mille ans? Est-il possible de mettre en discussion les commandements de l’Évangile et les sacrements? Certains croient que les papes peuvent le faire et les médias alimentent cette attente. En réalité, il n'en est rien, parce que - comme l'a toujours dit Benoît XVI - l’Église est au Christ et pas aux papes, qui en sont les administrateurs temporaires et non les maîtres. 

Ils sont soumis à la loi de Dieu, et à la Parole de Dieu et doivent servir le Seigneur et de garder le «depositum fidei» qui leur est confié. Ils ne peuvent pas s'en emparer ou le modifier en fonction de leurs propres idées. Ce que beaucoup - même parmi les croyants - ignorent, ce sont les limites très strictes que l'Église a toujours imposées aux papes, tout en reconnaissant l'«infaillibilité» pétrinienne dans les déclarations «ex cathedra» sur les questions de foi et de morale. Justement dans la Constitution dogmatique «Pastor Aeternus» par laquelle le Concile Vatican I définit l'infaillibilité pontificale, on lit: 

«L' Esprit Saint n'a pas été promis aux successeurs de Pierre pour révéler, avec leur inspiration, une nouvelle doctrine, mais pour garder avec scrupule et pour faire connaître avec fidélité, avec son assistance, la révélation transmise par les Apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi».

Le grand Joseph Ratzinger a expliqué en ces termes ce principe ignoré par la majorité des croyants [ndt: dans le livre-entretien avec Peter Seewald, en 2000, traduit en français sous le titre "Voici quel est notre Dieu"]: 
«Le Pape n'est pas le seigneur suprême - depuis l'époque de Grégoire le Grand, il a pris le titre de "serviteur des serviteurs de Dieu" - mais il devrait être le garant de l'obéissance, de la conformité de l'Église à la volonté de Dieu, excluant tout arbitraire de sa part. Le Pape ne peut pas dire: "L'Église, c'est moi", ou: "La tradition c'est moi", mais au contraire, il a des contraintes précises, il incarne l'obligation de l'Église de se conformer à la parole de Dieu. S'il s'élève dans l'Église des tentations de faire différemment, de choisir le chemin le plus facile, il doit se demander si c'est licite. Le Pape n'est donc pas un organe qui pourrait donner vie à une autre Église, mais il est un rempart contre l'arbitraire».

Après ces explications claires, Ratzinger ajoutait: «Permettez-moi de donner un exemple: du Nouveau Testament, nous savons que le mariage sacramentel est indissoluble. Il y a des courants d'opinion qui soutiennent que le Pape pourrait abroger cette exigence. Mais ce n'est pas le cas. Et en Janvier 2000, s'adressant aux juges romains (du Tribunal de la Rote), le Pape (Jean Paul II) a dit que, relativement à la tendance à vouloir voir révoqué le lien de l'indissolubilité du mariage, il ne peut pas faire tout ce qu'il veut, qu'il doit même accentuer l’obéissance, il doit poursuivre aussi en ce sens le geste du lavement des pieds».

Le cardinal Caffara lui aussi, une autorité sur les questions morales depuis le pontificat de Jean-Paul II, s'opposant à la proposition de Kasper, a souligné que pas même les papes ne peuvent rompre le lien du premier mariage, donc l'Église ne peut pas reconnaître un second mariage, ni en droit ni de fait, comme Kasper le prévoit avec l'admission à l'Eucharistie des divorcés et remariés.  Caffara a également rappelé les paroles dpe Jean-Paul II dans un discours à la Rote romaine:  «Il apparaît clairement que la non-extension du pouvoir du Pontife Romain aux mariages conclus et consommés, est enseignée par le Magistère de l'Église comme une doctrine à laquelle on doit se tenir définitivement, même si elle n'a pas été déclarée en forme solennelle dans un acte définitoire ».

(Antonio Socci/Benoit-et-moi/Belgicatho)