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19/04/2015

"La GPA est un grand préjudice pour le bébé": une psychothérapeute spécialisée dans les traumatismes de naissance et de la petite enfance fait le point

La Libre Belgique | samedi 18 et dimanche 19 avril 2015 p.60-61 | CONTRIBUTION EXTERNE

Une opinion d'Anne Schaub, psychothérapeute spécialisée dans l’analyse et le traitement des mémoires prénatales et psycho-généalogiques, des traumatismes de naissance et de la petite enfance.

gpa,mères porteuses

Les débats sur la gestation pour autrui (GPA) doivent se recentrer sur le principal intéressé : l’enfant. Or, le séparer de celle qui l’a porté durant neuf mois et à laquelle il s’est attaché représente une rupture traumatique aux conséquences bio-psycho-­sociales néfastes tout au long de la vie.

Depuis plus de 50 ans, les recherches en sciences humaines ont considérablement fait avancer notre compréhension du développement et du psychisme si subtil et délicat du petit enfant. Ainsi, dans le cas de la gestation pour autrui (GPA), il y a lieu de jeter un regard approfondi sur la notion de l’attachement de même que sur les fondements de la création du lien du petit avec sa mère de naissance. Ceci afin d’évaluer les éventuels effets délétères de la séparation des enfants avec leur mère de naissance. A partir de là nous saisissons mieux que les questionnements autour de la GPA se doivent d’être centrés sur le premier intéressé : le bébé.

Les débats publics sur la pratique de la GPA passent le plus souvent sous silence l’existence du lien fondamental qui se noue entre l’enfant, la mère biologique et le père biologique, dès la conception et durant les neuf mois de gestation. Or, cette période est cruciale pour le fondement relationnel et la construction psychique et cognitive future du petit enfant et ce, pour toute sa vie. L’existence du bébé en tant que petit être "relationnel" commence dès sa conception!

Les neurosciences nous enseignent que l’amygdale, une petite glande en forme d’amande située dans le cerveau "affectif" constitue une sorte de "carte mémoire émotionnelle" qui enregistre les impacts et les ambiances affectives vécues durant la grossesse, et également les circonstances entourant la naissance. "L’amygdale n’oublie pas !" (Dr Guenguen).

Dans la GPA, la cellule familiale se trouve "désarticulée" à la base de sa fondation. En effet, nous y constatons une série de ruptures de l’unité relationnelle bio-psycho-sociales : sortie de la relation charnelle et amoureuse fécondante; lorsqu’il s’agit de donneurs externes, apport de matériel génétique étranger - lui-même chargé d’une histoire ; embryons "fabriqués" dans une éprouvette; pertes et/ou congélation de "frères et sœurs" du futur bébé, grossesse dans le ventre d’une femme étrangère à l’enfant; séparation/abandon délibéré du bébé de sa "mère" de naissance afin de le transférer aux parents d’intention. Toutes ces ruptures fragilisent inévitablement l’enfant dans la construction de son identité.

Si un adulte, ici une femme, peut décider de ne pas s’attacher au bébé qu’elle porte pour autrui, un embryon, un fœtus, un bébé, n’a pas cette capacité : pour lui, le processus d’attachement qui débute dès la grossesse est un processus biopsychologique naturel ayant pour objectif de rechercher proximité, protection et sécurité auprès de l’adulte qui le "porte".

Dès lors, séparer l’enfant de celle qui l’a porté durant neuf mois et à laquelle il s’est attaché représente pour l’enfant une rupture traumatique, un traumatisme majeur dans la vie naissante d’un enfant. De même, les conditions "morcelées" dans lesquelles un enfant est conçu laissent une trace indélébile et marquante dans le psychisme et l’histoire psychosociale des enfants.

Il s’agit donc bien d’un préjudice existentiel de taille qui leur est fait. Sans parler de la privation essentielle de mère ou de père dans le cas de couples d’hommes ou de femmes.

Dans le panel de souffrances infantiles rencontrées au cours de mon expérience professionnelle, j’ai constaté que derrière toutes les séparations, ressenties subjectivement in utero à partir de circonstances qui font croire à l’enfant qu’il n’est pas le bienvenu (conflits de couple, deuils, maman anxieuse après une fausse couche et évitant de s’attacher à son bébé par crainte de le perdre, stress de toutes sortes ou solitude de la mère portant son enfant sans le soutien du père de l’enfant, etc.) se loge comme en toile de fond l’angoisse la plus archaïque inhérente à notre humanité : l’angoisse d’abandon. Le petit enfant vit une angoisse d’abandon majeure lorsqu’il a l’impression subjective de perdre sa mère ou lorsqu’il la perd réellement (objectivement).

Le système psychique et intellectuel du petit enfant n’est pas encore muni de ce qu’en psychologie nous appelons "la permanence du moi et de l’objet". Ainsi, l’éloignement de la mère de naissance dont il s’est laissé imprégner pendant neuf mois crée chez le tout-petit un stress qu’il assimile à une angoisse de mort. Le nouveau-né n’a en effet pas encore la maturité cognitive suffisante pour s’expliquer d’une façon consciente et raisonnée une situation d’éloignement de la "mère" qu’il connaît depuis autant de mois. En d’autres termes : "Maman c’est moi et moi c’est maman. Si je ne vois plus, n’entends plus, ne sens plus maman près de moi, je perds le sentiment de ma propre existence, j’entre en détresse et crains de mourir !"

La GPA touche de plein fouet la réalité du lien réciproque naissant "mère-enfant", "enfant-famille". Le morcellement des premières conditions d’existence des enfants nés par GPA entraîne pour eux des conséquences bio-psycho-­sociales néfastes et cela, tout au long de leur vie. Bien plus, l’impact de ces conditions de conception pourrait toucher leur famille et les générations suivantes, ainsi que la société en général.

Je me fais ici porte-parole de ces enfants n’ayant aucune voix propre pour crier cette atteinte majeure exercée de façon délibérée sur l’origine de leur vie.

En conclusion, si nous nous détournons de l’intérêt des enfants - les premiers concernés par la GPA - au profit de l’intérêt et du désir - louable, respectable et à accompagner - des adultes, nous glissons vers une société qui se fait complice de certains fantasmes humains qui généreront de façon programmée des troubles et des pathologies du lien, générateurs de violences psycho-­sociales.

Dès lors, au nom du principe de précaution, il nous faut mettre un frein au développement des technologies encourageant la GPA et interdire légalement celle-ci. Il s’agit de défendre les plus vulnérables dans la société ! Et qui n’est pas plus vulnérable que l’embryon livré par nature, en confiance, au bon sens des adultes ? Ces tout-petits sont nos adultes de demain, qui sait, nos futurs dirigeants !

Qui aura été traité avec respect, intelligence et sensibilité, a de fortes chances de traiter les autres et son environnement avec le même cœur, avec le même art de la connaissance humaine et du monde.

 

12/03/2015

Des bébés de laboratoire 100% artificiels pour les couples homosexuels ?

201501PMA.jpgDes chercheurs de l’université de Cambridge ont montré pour la première fois qu’il était possible d’obtenir des cellules d'ovocytes et de sperme en utilisant des cellules de peau de deux adultes de même sexe.
Une telle découverte pourrait permettre de faire un bébé à partir d’un échantillon de cellules de peau pour des couples infertiles en raison d’une maladie, mais également d'ouvrir la possibilité de la procréation pour les couples homosexuels sans recours à un don de sperme ou d'ovocyte.
Le projet a été financé par le Wellcome Trust (Londres) en association avec le centre de recherches israélien Weizmann Institute of Science.
Comparant les cellules obtenues par cette technique en laboratoire à des cellules humaines naturelles prélevées sur des fœtus avortés, les chercheurs ont constaté que les cellules créées artificiellement avaient des caractéristiques identiques aux autres.
Selon le responsable de l’équipe israélienne, Jacob Hanna, la technique qui consiste à pallier l’infertilité des couples en utilisant cette culture cellulaire, pourrait être appliquée d’ici seulement deux ans. Cette découverte pose d’évidentes questions éthiques, remarque par ailleurs le chercheur. (Newsweek/IEB)

24/02/2015

Le Sénat belge veut "encadrer" le trafic d'enfants et d'utérus - La KULeuven milite pour la GPA

Petite leçon de propagande transhumaniste: faites passer votre projet pour acquis et déclenchez un grand débat sur les modalités de son application. Le trafic de "matériel biologique humain" passera comme une lettre à la poste. Tour d'horizon des règles de l'art avec deux grands spécialistes, Christine Defraigne (MR) et Philippe Mahoux (PS), représentants de deux partis dont la divergence des orientations idéologiques est décidément... "évidente".

Heureusement qu'il y a la gauche et la droite pour que le citoyen libre puisse choisir entre le libéralisme moral capitaliste et le libéralisme moral socialiste. Retour à la première ligne, la boucle est bouclée.

Mais pour vous assurer un pouvoir sans partage, envoyez vos meilleurs disciples dans les institutions et maisons de presse des courants rivaux, pour qu'elles deviennent des organes de propagande à votre service.

L'ampleur du cadre légal pour la gestation pour autrui fait débat au Sénat

(Belga/La Libre - 23 février 2015) Belgique - L'idée de légiférer en matière de gestation pour autrui semble partagée par une majorité d'experts mais l'ampleur du cadre légal à envisager les divise, ont pu constater les membres de la Commission des Affaires institutionnelles du Sénat qui ont entamé il y a deux semaines un vaste chantier de réflexion en la matière. Contrairement à son collègue de l'université de Liège Patrick Wautelet, Liesbeth Pluym, de la faculté de droit de la KULeuven, ne voit pas de difficulté à imaginer un cadre qui puisse convenir à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme. Celle-ci a même imaginé un dispositif clé sur porte pour les sénateurs. Elle propose une loi laissant à un nombre limité de centres de fertilité (actuellement Bruxelles, Liège, Gand et Anvers) le soin d'agir selon des conditions strictes. "Interdire ne serait pas efficace et amènerait encore plus d'insécurité. Mieux vaut un cadre juridique", a-t-elle plaidé lundi.

Son modèle prévoit la création d'un statut sui generis dans le cadre du droit familial. Un dossier serait déposé et étudié par le centre de fertilité avant que le tribunal de la famille donne un agrément au projet. Au terme d'un délai de réflexion, on passerait alors à l'étape de la procréation. L'échevin de l'Etat civil procéderait ensuite à l'enregistrement de l'enfant et de ses parents avant que ne s'ouvre une période de contestation.

La juriste en droit familial suggère que le matériel génétique puisse également être transmis par la mère porteuse.

Afin d'éviter le tourisme de la GPA, la professeure de la KUL propose de la limiter aux résidents en Belgique (auteur(s) du projet parental et mère porteuse). Mme Pluym s'en remet à la jurisprudence internationale pour protéger les enfants nés en GPA à l'étranger.

Ce modèle a suscité lundi quelques interrogations dans le chef d'élus comme Petra De Sutter (Groen) ou Philippe Mahoux (PS) qui craignent que, sous prétexte de mieux protéger les auteurs du projet parental, on néglige les droits de la mère porteuse.

Philosophe à l'UCL et membre du Comité consultatif de bioéthique, Michel Dupuis défend pour sa part "à titre personnel" l'idée d'une loi limitant fortement le recours à la GPA. Selon lui, elle doit être réservée aux couples hétérosexuels lorsqu'une femme est atteinte d'un syndrome génétique ou d'une anomalie médicale graves et particuliers, pas un simple problème de fertilité dans son chef ou celui de son conjoint. Ne pourrait être visée par la loi que la GPA de haute technologie, ce qui exclut les cas de mère porteuse génétiquement liée à l'enfant. Enfin, obligation devrait être faite aux parents d'annoncer la vérité à l'enfant.

Cette prise de position a suscité nombre de critiques, notamment de la présidente de la Commission Christine Defraigne (MR) et Philippe Mahoux (PS). Ils ont vu dans l'obligation d'informer l'enfant une atteinte à la liberté. Par ailleurs, ont-ils rappelé, il existe désormais des lois en Belgique qui octroient des droits égaux en termes de mariage et d'adoption aux homosexuels.

Egalement auditionné lundi, Jozef Corveleyn, professeur en psychologie clinique de la KULeuven a fait état d'une étude britannique selon laquelle tant la mère porteuse que les enfants vivent positivement la GPA. Les auditions se poursuivront la semaine prochaine.

La semaine dernière, une responsable du centre de procréation médicalement assistée de l'hôpital St-Pierre à Bruxelles, qui pratique la GPA, a appelé les sénateurs à rédiger un cadre légal afin de lever toute insécurité juridique.

 

La gestation pour autrui progressivement imposée par la CEDH

Gregor Puppinck, eclj, gpa, cedhAprès avoir condamné l’Italie le 27 janvier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) examine trois nouvelles affaires de gestation pour autrui (GPA) mettant en cause la France. Pour Grégor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice, cette succession d’affaires vise à imposer sa libéralisation.

Une nouvelle affaire de gestation pour autrui a été examinée par la Cour européenne des droits de l’homme en janvier. Quels sont les faits et les conclusions de la Cour ?

Le 27 janvier, dans l’affaire Paradiso, la Cour a condamné l’Italie pour avoir retiré à un couple l’enfant acheté 49 000 euros à Moscou en 2011. L’Italie avait refusé de reconnaître l’acte de naissance russe qui indiquait le couple comme parents et avait décidé de retirer l’enfant pour le confier à l’adoption.

Saisie par le couple, la CEDH a reconnu que l’Italie pouvait refuser de reconnaître la filiation russe car la démarche du couple constituait une fraude à la loi et une atteinte à l’ordre public. En revanche, elle a estimé que l’Italie ne pouvait pas retirer l’enfant au couple. Elle a estimé que ce dernier s’est comporté « comme des parents » durant quelques mois – alors qu’ils n’avaient aucun lien biologique avec l’enfant – et que cela suffit en soi à constituer une « vie familiale » protégée par la Convention européenne des droits de l’homme. Selon la Cour, pour pouvoir retirer l’enfant, il aurait fallu des motifs tels que des violences physiques ou des actes de pédophilie.

Dans cette affaire, les juges n’ont pas considéré que les conditions de la naissance de l’enfant – le fait qu’il ait été acheté et que le couple ait agi en fraude à la loi – étaient des motifs graves…

Quelles sont les conséquences de cette décision ?

La Cour présuppose qu’il est indifférent, au pire conforme à l’intérêt de l’enfant, d’être éduqué par les personnes qui l’ont acheté, qui ont abusé de la pauvreté de ses parents et l’ont constitué orphelin. La Cour de Strasbourg s’estime mieux placée que les juridictions italiennes, qui elles ont vu l’enfant et le couple, pour apprécier l’intérêt de l’enfant.

Cette décision va à l’encontre du droit international qui interdit la vente d’enfants et qui oblige les États à ne pas donner effet à cette vente.

Si l’on s’en tient aux arguments des juges, il suffit de vivre six mois avec un enfant, quel que soit le moyen par lequel vous l’avez obtenu, pour pouvoir le garder… au nom de l’intérêt de l’enfant ! L’achat d’un enfant confère ainsi aux acquéreurs un droit sur cet enfant au nom de l’intérêt de l’enfant tel que déterminé par les juges. D’un crime naît un droit. Cette décision va à l’encontre du droit international qui interdit la vente d’enfants et qui oblige les États à ne pas donner effet à cette vente.

Comment expliquer que la Cour ait adopté cette position ?

La CEDH ne considère pas, ou plus, la façon dont sont obtenus ces enfants car cela irait à l’encontre des phénomènes contemporains majeurs que sont l’explosion de la famille (divorce, familles recomposées, mariage gay…) et les nouvelles possibilités de procréation artificielle. La Cour, comme une partie de la société, agit comme si l’origine et le cadre de vie des enfants étaient secondaires, comme si la famille n’était qu’un amalgame temporaire d’individus libres. Combien sont prêts à renoncer à la liberté de divorcer pour le bien des enfants ? De même, combien sont prêts à renoncer à la PMA et à la GPA ?

Plus fondamentalement, le remplacement de la « famille biologique stable » par la « famille contractuelle » comme modèle et réalité sociaux est une étape nouvelle du processus historique de « libération » individuelle dont les droits de l’homme sont l’un des principaux instruments. Pour libérer l’individu et créer une société égalitaire, il faudrait détruire la « famille biologique », car elle est non seulement l’unité sociale fondamentale, mais elle l’est aussi à travers les générations : une entité historique, vivante par laquelle se transmet le patrimoine familial dans toutes ses composantes biologiques, matérielles, culturelles et spirituelles. À l’inverse, la « famille contractuelle », qui a trouvé dans le Pacs son cadre juridique, correspond à une société atomisée d’individus prétendument libres et autonomes.

Les enfants, qu’ils soient élevés par des parents séparés, nés de GPA ou encore avortés, sont les premières victimes de ce système : leurs besoins fondamentaux sont sacrifiés à la « liberté » des adultes. La GPA fait d’autres victimes encore : les vendeurs de gamètes et les mères porteuses. La Cour détourne le regard de ces victimes de la GPA : qu’une femme abandonne son enfant contre de l’argent n’est pas son problème dès lors que l’enfant a été acheté légalement. Elle considère ces affaires du point de vue de l’adulte commanditaire.

À cet égard, il faut garder à l’esprit que, pour juger une situation, toute personne tend spontanément à se placer mentalement dans la situation en cause et à s’identifier au protagoniste auquel elle ressemble le plus, jugeant ainsi l’affaire depuis son point de vue.

Au total, nous en sommes déjà à six affaires traitées par la Cour.

La CEDH reconnaît donc la gestation pour autrui ?

Elle prend encore des pincettes sur cette question. Elle affirme d’ailleurs qu’elle ne se prononce pas sur le principe de la GPA en soi, et dit que l’Italie, comme tout autre pays, peut interdire cette pratique sur son territoire. Mais dans les faits, sa décision vide cette interdiction de son effectivité. Les deux juges dissidents (deux des sept juges) l’ont dit : « Cet arrêt réduit à néant, non seulement la faculté pour les États d’interdire la GPA, mais aussi la légitimité même d’un tel choix législatif ».

La GPA n’est en fait qu’un mode particulier de PMA, la Cour le reconnaît d’ailleurs dans l’affaire Mennesson. Il faut être bien conscient que la PMA conduit à la GPA, qui conduit à la vente d’enfant. La vente d’enfant est déjà inscrite dans la PMA, car la FIV devient une industrie et les « donneurs » de gamètes sont le plus souvent rémunérés.

La Cour de Strasbourg a annoncé le 3 février trois nouvelles affaires en lien avec la GPA concernant la France. Est-ce un hasard ?

Au total, nous en sommes déjà à six affaires traitées par la Cour. Les deux premières concernaient déjà la France (Mennesson et Labassée) au mois de juin dernier. En septembre, elle a publié un arrêt dans une affaire contre la Belgique, puis la semaine dernière cette affaire italienne (Paradiso). Le 3 février, la CEDH a informé le gouvernement français de trois nouvelles affaires.

Quels sont les faits ?

Ces affaires concernent des enfants conçus par GPA ayant un lien biologique avec l’un ou l’autre des adultes commanditaires. Mais, à l’inverse de l’affaire Mennesson, la transaction ne se situe plus dans le contexte estival de la Floride mais dans celui, miséreux, de l’Ukraine et de l’Inde.

Le premier couple est constitué de cadres supérieurs français vivant à Dubaï. Pour effectuer leur GPA, ils décident de s’installer en Ukraine plusieurs semaines.

Les deux autres cas concernent des hommes ayant conçu des enfants par GPA dans une même clinique indienne. Ici, les enfants sont à la fois ceux de chaque homme mais aussi certainement ceux des mères porteuses. C’est une GPA low-cost. Dans l’une au moins des deux affaires indiennes, l’acquéreur est pacsé avec un autre homme qui a aussi eu recours à la GPA en Inde. Ce sera la première affaire de « GPA » impliquant des personnes de même sexe traitée par la Cour, mais elle se refusera certainement à tenir compte de cette circonstance au nom du principe de non-discrimination.

La CEDH a donc bien l’intention de faire passer la gestation pour autrui…

Elle l’impose progressivement mais rapidement. La Cour a commencé par l’affaire Mennesson et Labassée, ses affaires de référence par lesquelles elle a posé ses principes à l’occasion d’une affaire mettant en cause des couples hétérosexuels mariés ayant un lien génétique avec l’enfant conçu en Floride. Sur cette base, dans l’affaire Paradiso, la Cour est allée plus loin en statuant cette fois sur un couple non marié et sans lien génétique avec l’enfant conçu en Russie.

Dans les affaires françaises, cette fois, il s’agit d’un cas de GPA pour une personne homosexuelle et pratiquée dans une « usine à bébés » indienne. Malgré ces différences de circonstances, de plus en plus sinistres, c’est le même principe qui est imposé. C’est un engrenage, suivant un « rythme imposé par notre Cour », comme le reconnaît Dean Spielmann, le président de la Cour lors de l’audience solennelle du 30 janvier. Et c’est suivant ce « rythme » qu’elle a rendu publiques les nouvelles affaires françaises quelques jours à peine après l’arrêt Paradiso.

Le gouvernement français ne parvenait pas à imposer lui-même la GPA : des juges de la Cour de Strasbourg le font à sa place.

Dans l’esprit du public, une affaire chasse l’autre, mais selon la méthode de la Cour, chacune se construit sur la précédente, car la Cour se cite elle-même. Dire que cette méthode relève de l’orchestration n’est pas abusif : c’est ainsi que M. Spielmann décrit, lyriquement, l’interaction entre la Cour et les États en la comparant à la « danse sacrale » du Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky (1). Il indique qu’en matière de GPA, « notre Cour a été invitée […] à imprimer son tempo », et il se réjouit, à propos de la condamnation de la France de juin dernier, qu’« [e]n décidant de ne pas demander le renvoi de cette affaire devant la Grande Chambre, le gouvernement français a apporté la preuve de ce que la décision adoptée était acceptable ».

Cela signifie que le gouvernement français est d’accord pour continuer à danser, et pourquoi pas en accélérant le rythme. Celui-ci est consentant : il accepte que le droit français soit « violé » jusque dans ses principes d’ordre public. Il ne parvenait pas à imposer lui-même la GPA : des juges de la Cour de Strasbourg le font à sa place, conscients que cette décision sera bien accueillie par l’actuel gouvernement. C’est encore le président Spielmann qui le dit : « Nous nous interrogeons bien évidemment sur la manière dont nos arrêts sont reçus ».

Existe-t-il des recours pour stopper cette jurisprudence ?

Il ne reste qu’une seule possibilité : que l’Italie demande le renvoi de l’affaire Paradiso devant la Grande Chambre, qui peut opérer un revirement car la GPA n’a pour l’instant pas fait l’objet d’un arrêt. Il serait nécessaire que plusieurs États européens soutiennent une telle demande. Car si l’Italie accepte sa condamnation, la tendance sera confirmée.

La France peut-elle décider de sortir de la CEDH pour ne plus se voir imposer cette jurisprudence ?

Techniquement, c’est possible. Politiquement, c’est improbable : cela provoquerait la disparition de la Cour et du Conseil de l’Europe. Une telle institution est un miracle qui pourrait avoir une fin.

Plusieurs pays parlent de quitter la Cour : non seulement la Russie, mais aussi l’Angleterre, et plus récemment la Suisse où un référendum à ce sujet pourrait acter la supériorité de la Constitution helvétique sur la jurisprudence de la Cour. Il en a aussi été question en Macédoine.

En France, notamment au sein de l’UMP, cette question est posée de plus en plus fréquemment. Cela s’explique par l’orientation idéologique de la Cour sur les choix de société, mais aussi parce qu’il lui est de plus en plus reproché de porter atteinte aux souverainetés nationales et même d’être un obstacle à la lutte contre le terrorisme par la protection qu’elle accorde à des terroristes islamistes extra-européens menacés d’expulsion.

Le pouvoir de la Cour européenne des droits de l’homme dépasse celui des États, mais avec leur consentement.

Pour ma part, je souhaite le maintien de la CEDH car elle fait un travail excellent et nécessaire dans la plupart des affaires qui lui sont soumises. Mais elle devrait juguler l’activisme idéologique de certains juges qui nuisent à la crédibilité de l’ensemble de la Cour et la mettent en péril. Elle est menacée par 2 % d’affaires idéologiques et médiatiques, alors que ce sont les 98 % d’affaires ordinaires (en matière de détention, de torture, de procédure judiciaire, etc.) qui font sa réelle valeur et son utilité.

La CEDH ne s’arroge-t-elle pas un pouvoir qui dépasse celui des États ?

Oui, son pouvoir dépasse celui des États, mais avec leur consentement. Elle se dit « conscience de l’Europe », c’est-à-dire arbitre du juste et du bien, autorité morale. Il faut bien comprendre que les « droits de l’homme » ne sont pas du droit mais de la morale, et que la CEDH n’est pas vraiment une juridiction, mais effectivement une « conscience » : le lieu où s’exerce le jugement moral. Sa jurisprudence est d’ailleurs largement structurée sur la philosophie morale et constitue un véritable magistère, autoréférencé, en quête de cohérence et d’universalité. Cette morale entend corriger et encadrer la démocratie politique en ce qu’elle a de contingent.

La supériorité de la Cour n’est autre que celle de la vérité sur le nombre, de la justice sur la politique. On ne sort pas de la théocratie : l’ordre politique doit être sommé, couronné, par un ordre moral, fût-il matérialiste et athée. Le matérialisme et l’athéisme promettent aussi un absolu de liberté, mais à l’encontre des déterminismes, de la vie, de la mort, et finalement de Dieu, pour la plus grande gloire de « l’homme ». Ce rêve surhumain conduit notamment au chlorure de potassium et à la vente d’enfant.

Antoine Pasquier

(1) La « danse sacrale » est l’épisode final du Sacre du Printemps dans lequel une jeune fille est sacrifiée au dieu païen de la nature sous le regard de « vieux sages ».

 

La GPA : une atteinte grave à la dignité humaine

La gestation pour autrui est un sujet de préoccupation croissant dans le débat politique et juridique à travers toute l’Union européenne. Dans ce contexte, le groupe de travail de la Comece sur l’éthique dans la recherche et les soins de santé a publié un « Avis sur la gestation pour autrui : la question de sa régulation au niveau européen et international ». Il est présenté ce lundi 23 février au Parlement européen lors d’une conférence sous le patronage de l’eurodéputé Miroslav Mikolasik.

Ce texte explique pourquoi toutes formes de gestation pour autrui constituent une atteinte grave à la dignité humaine de ceux qui sont impliqués dans cet échange ; en particulier le fait que cette pratique instrumentalise la mère porteuse (souvent piégée dans la pauvreté et trafiquée sans scrupule) et traite l’enfant comme un objet. C’est pourquoi on ne peut en aucune circonstance consentir à une telle pratique.

Tout en prenant en considération les compétences de l’Union européenne en la matière, l’avis recommande, comme une première étape envisageable, d’évaluer la faisabilité du refus de transcrire les certificats de naissance établis dans les pays de naissance. Cela permettrait de juguler une pratique qui, comme l’avis le démontre dans une argumentation en trois étapes, va à l’encontre des valeurs fondamentales auxquelles adhère l’Union européenne.

A. P.

(Famille chrétienne - 23 février 2015)

13/02/2015

Court-métrage "Je suis un OGM": l'excellence eugéniste

Si vous formez le projet d'avoir un enfant à l'ère de la FIV, de la GPA, du prodigieux progrès des biotechnologies et des "avancées législatives sur les sujets éthiques", préparez un bon plan de financement pour calmer les angoisses parentales que vous ne manquerez pas de transmettre à votre progéniture, et tâchez de trouver un taux d'intérêt raisonnable pour votre emprunt sur la vie.

Tout les détails font mouche dans ce court-métrage incisif, jusqu'à la forme de la moustache de ce respectable homme d'affaires.

 > "Je suis un OGM" sur la page du festival Nikon

> "Le meilleur des mondes" par Aldous Huxley

> Film "Bienvenue à Gattaca"