21/12/2014
21 décembre, la fête de Saint Thomas
Comme un homme qui ne commence pas à bâtir avant que tout l'argent soit réuni,
Comme un prince qui ne déclare pas la guerre avec vingt mille hommes quand il en a cent mille contre lui,
Ainsi Thomas qui laisse l'Évangile (et l'année), presque tout, finir avant que son nom s'y trouve.
Et certes il suit Jésus, ne dit rien, mais l'on ne voit pas qu'il approuve,
Jusqu'à ce qu'il s'avance, tout-à-coup (un peu avant que le calendrier soit fini),
Et crie violemment aux autres : « Allons et mourons tous avec Lui ! »
Mais, Seigneur, cependant pour moi c'est une grande chose que de mourir !
C'est une grande chose que d'être Votre Apôtre et cependant je suis prêt à consentir.
Je suis prêt à croire ce que Vous dites, à la condition que ce soit sûr,
Je suis prêt terriblement à m'ouvrir si Vous savez porter dans ce cœur dur,
Plus dur qu'une souche de chêne et qu'un bois serré de châtaignier,
La hache et le coup si profond que le fer y reste enfoncé !
Et je veux bien mourir, mais c'est à la condition
Que Vous mouriez le premier et que toute la Passion,
Toute sans qu'il y manque rien soit consommée, et que de nouveau Vous soyez là,
Ressuscité de la tombe, et que Vous médisiez : Thomas !
Je veux bien Vous croire, Seigneur, et faire ce que Vous voulez,
Si Vous souffrez que je sois un moment dans les trous de Vos mains et de Vos pieds.
Et je dirai que c'est Vous et que Vous êtes mon Dieu et mon Seigneur,
Si Vous me laissez Vous toucher et mettre la main dans Votre cœur !
Paul Claudel,
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16:43 Publié dans Culture et société, Saints | Tags : saint thomas, conversion, croire, plaies du christ, paul claudel, littérature, poème | Lien permanent | Commentaires (0)