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03/12/2014

Le mariage à vie serait trop doctrinal : mais alors à quoi sert la formation chrétienne ?

Par le Père Jerry Pokorsky, curé de la paroisse Saint Michel Archange, à Annandale (Virginie) | France catholique | 24 novembre 2014

 

L’Église dépense pas mal d’argent pour la formation des prêtres et des religieux. Du séminaire ou de la formation en couvents aux ateliers de formation continue et aux retraites, les fidèles en supportent le coût.
En toute justice, que reçoivent ces fidèles en retour ? (...)
Les fidèles -tel mon neveu qui bosse dur - supportent une dépense considérable pour leurs prêtres et religieux. Et ils méritent qu’on en tienne compte.
Cette question m’est venue à l’esprit lors d’une croisière où j’étais engagé comme aumônier. (...)
Une religieuse d’un certain âge participait à la croisière. Elle n’avait pas l’air d’une nonne, et ne s’attendait pas à ce qu’on lui parle comme à une nonne, et ne portait pas les vêtements d’une nonne (à moins que la règle actuelle pour les nonnes impose baskets et survêtement).
Cependant, elle s’exprimait comme une nonne, révélant des années de formation, ateliers et retraites. Pour nous, gens du métier, c’était clair : elle parlait religion et liturgie. J’espérais que tout se passerait bien, j’ai été presque exaucé.
Vers la fin de la croisière, je surpris un discours que tenait la Sœur à un couple de jeunes touristes. Elle expliquait que l’avenir de l’Église consisterait à s’ouvrir aux divorcés remariés afin de donner à chacun sa chance après un mariage raté. [En réalité s'ouvrir au divorce et au remariage, car en ce qui concerne les personnes, l’Église accueille depuis toujours tous ceux qui décident de vivre réellement ce qu'elle enseigne à la suite du Christ dans une démarche de conversion, NdEspN] (J’avais décidé au début de m’astreindre au silence, navigant dans les eaux agitées d’une nonne moderne. Je ne ferais aucun commentaire sur le vêtement peu canonique de notre Sœur-à-prendre-comme-elle-est.) Nous sommes, nous dit-on, au XXIe siècle. Mais là, la Sœur parlait de doctrine. Elle contredisait les paroles mêmes du Christ. “Ce que Dieu a uni, l’homme ne peut le défaire.” L’esprit du Cardinal Walter Kasper flottait en elle. Mais en toute justice je devais à ces deux jeunes la lumière de la doctrine - ils avaient participé aux frais de ma croisière, après tout -. Malgré ma tactique de laisser-dire, laisser-faire au cours de la croisière, je devais intervenir.
Je dis à la Sœur que si l’enseignement de l’Église sur le mariage allait changer, il faudrait que l’Église s’oblige à présenter ses excuses à Henry VIII, à révoquer la canonisation de saint Thomas More, à blâmer saint Jean Baptiste, à canoniser Hérode et Hérodiade, et effacer de l’Ancien Testament l’histoire de Sodome et Gomorrhe. Réponse instantanée de la Sœur : “Je ne crois pas à la doctrine, je crois à l’amour.” Puis, haussant les épaules, elle s’en alla.
Après le départ de la nonne, un des deux jeunes, à mon immense joie, exprima sa confiance renouvelée en la foi catholique et s’étonna que quelqu’un puisse imaginer que l’enseignement de l’Église soit susceptible de changements. Pour moi, mission accomplie. J’espère avoir bien payé mon passage avec ma subtilité de marteau-piqueur.
Au cours du vol de retour, je songeais à cette sombre histoire. Une femme dédiée au Christ - une femme ayant reçu de bienfaiteurs laïcs le gite et le couvert, et les frais de sa formation, de son instruction - capable de ramener son ministère à un texte qu’on pourrait graver en épitaphe sur un tombeau : “Je ne crois pas à la doctrine, je crois à l’amour.”
En reconnaissance de l’argent dépensé en faveur des prêtres et religieux, serait-ce trop demander que nos bienfaiteurs reçoivent la foi, toute la foi, rien que la foi ?

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