02/12/2016
Lettre de Mgr Schneider en défense des quatre cardinaux fidèles, auteurs des questions au Pape sur Amoris Laetitia
Monseigneur Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d'Astana au Kazakhstan, a publié le 23 novembre 2016, en anglais, une lettre en défense des quatre cardinaux qui ont adressé au Souverain Pontife des questions à propos de l'interprétation d'Amoris Laetitia. Mgr Schneider est connu pour son livre célèbre sur la réception de la sainte communion, que le pape Benoît XVI avait décidé en 2008 de faire publier par la Libreria Editrice Vaticana, la maison d'édition officielle du Saint-Siège.
Il est bon de rappeler que la procédure classique des "dubia" à laquelle ont eu recours les quatre cardinaux consiste à "soumettre des doutes" en matière doctrinale au jugement du Pape, et non à "mettre en doute" le Pape ou un document de sa main, comme l'ont insinué malhonnêtement plusieurs journalistes et ecclésiastiques. La démarche des quatre cardinaux consistait formellement à "poser des questions" au Pape sur Amoris Laetitia et son interprétation correcte, cinq questions précisément, et non à le "mettre en question", comme le suggèrent les mêmes insinuations malicieuses. C'est ce qu'ont clairement rappelé les quatre cardinaux dans une note explicative publiée en même temps que les cinq questions : "Les 'dubia' (mot latin signifiant : 'doutes') sont des questions formelles posées au Pape et à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et qui demandent des éclaircissements à propos de sujets particuliers concernant la doctrine ou la pratique. La particularité de ces questions est qu’elles sont formulées de telle sorte qu’elles demandent comme réponse un "oui" ou un "non", sans argumentation théologique. Cette manière de s'adresser au Siège Apostolique n’est pas une invention de notre part ; c’est une pratique séculaire."
Interpréter la formulation de simples questions adressées au chef comme un acte de rébellion menaçant l'ordre et la paix est une attitude caractéristique d'un régime tyrannique totalitaire, ce que l'Église n'est pas et ne devrait pas être. En posant ces questions en vue d'une clarification sur certains aspects d'Amoris Laetitia qui font actuellement de facto l'objet d'interprétations diverses et contradictoires de la part des évêques du monde entier, les quatre cardinaux fidèles agissent selon la droite conscience de successeurs des Apôtres au service de Dieu et de l'Église. C'est ce qu'explique la lettre de Mgr Schneider, avec de nombreux exemples et citations à l'appui, tirés de l'histoire de l'Église, des Pères et Docteurs de l'Église, et de la Sainte Écriture. Nous en présentons ici la traduction française réalisée par Jeanne Smits.
« Nous ne pouvons rien faire contre la vérité, mais seulement pour la vérité. » (2 Cor. 13: 8)
La voix prophétique de Quatre Cardinaux de la Sainte Eglise catholique romaine
Mus par une profonde préoccupation pastorale, quatre Cardinaux de la Sainte Eglise catholique romaine, Son Eminence Joachim Meisner, archevêque émérite de Cologne (Allemagne), Son Eminence Carlo Caffarra, archevêque émérite de Bologne (Italie), Son Eminence Raymond Leo Burke, Patron de l’Ordre militaire souverain de Malte, et Son Eminence Walter Brandmüller, président émérite de la Commission pontificale des sciences historiques, ont publié le 14 novembre 2016 le texte de cinq questions, appelées dubia ( le mot latin signifiant « doutes ») que préalablement, le 19 septembre 2016, ils avaient adressées au Saint-Père et au Cardinal Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, accompagnées d’une lettre. Les Cardinaux demandent au pape François de mettre fin au « grave désarroi » et à la « grave confusion » à propos de l’interprétation et de l’application pratique – en particulier du chapitre 8 – de l’Exhortation apostolique Amoris laetitia et ses passages relatifs à l’accès des divorcés remariés aux sacrements, et à l’enseignement moral de l’Eglise.
Dans leur déclaration, qui a pour titre Faire la clarté. Problèmes non résolus posés par Amoris lætitia, les Cardinaux affirment que « pour beaucoup de personnes – des évêques, des prêtres de paroisse, des fidèles – ces paragraphes font allusion à, voire enseignent de manière explicite, un changement dans la discipline de l’Eglise en ce qui concerne les divorcés qui vivent au sein d’une nouvelle union. » En s’exprimant ainsi, les Cardinaux ont simplement mis en évidence des faits réels de la vie de l’Eglise. Ces faits sont attestés par des orientations pastorales de la part de plusieurs diocèses et par des déclarations publiques de certains évêques et cardinaux, affirmant que dans certains cas, des catholiques divorcés et remariés peuvent accéder à communion alors même qu'ils continuent d’user des droits réservés par la loi divine aux époux validement mariés.
En publiant un appel à la clarté dans une matière qui touche simultanément à la vérité et à la sainteté des trois sacrements du mariage, de la pénitence et de l’Eucharistie, les Quatre Cardinaux n’ont fait que remplir leur devoir fondamental d’évêques et de cardinaux, qui consiste à contribuer activement à ce que la révélation transmise à travers les apôtres puisse être gardée comme sacrée et interprétée fidèlement. Le concile Vatican II a spécialement rappelé tous les membres du collège des évêques, en tant que successeurs légitimes des apôtres, « de par l’institution et le précepte du Christ, à cette sollicitude qui est, pour l’Eglise universelle, éminemment profitable, même si elle ne s’exerce pas par un acte de juridiction. Tous les évêques, en effet, doivent promouvoir et servir l’unité de la foi et la discipline commune de l’ensemble de l’Eglise » (Lumen Gentium, 23 ; cf. également Christus Dominus, 5-6).
Texte original en anglais
12:14 Publié dans Foi/Doctrine/pastorale, Religion | Tags : athanasius schneider, amoris laetitia, lettre des quatre cardinaux, quatre cardinaux | Lien permanent | Commentaires (0)
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