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02/01/2017

Du Livre de la Genèse à Amoris Laetitia : une compilation chronologique de sources et de documents sur le mariage, l'adultère, et la Sainte Communion, avec quelques autres documents pertinents

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Eugène Siberdt (1866-1931), Le Prophète Nathan réprimande le Roi David, détail.

Monsieur Andrew Guernsey a mis en ligne un document que Rorate Caeli propose à ses lecteurs, dans lequel sont rassemblés à la manière du Denzinger les sources et les documents de l'enseignement et de la discipline pérennes de l'Église sur le "remariage" et la question de l'accès à la Communion des adultères publics. C'est une compilation qui reprend les principales déclarations sur le sujet depuis l'aube de l'humanité jusqu'à notre époque.

Le document commence avec l'Ancien Testament, puis le Nouveau Testament, et continue ensuite chronologiquement avec les Pères de l'Église, les papes, les martyrs, les conciles, sur lesquels l'Église fonde sa doctrine immuable sur l'indissolubilité du mariage et sa norme pérenne d'exclusion des adultères de la Sainte Communion et du Sacrement de Pénitence, s'ils ne vivent pas en parfaite continence. Après l'Histoire de l'Église, le document répertorie aussi une chronologie d'interviews, d'homélies, et d'autres documents du pontificat du Pape François.

Pour consulter le document reprenant cette compilation chronologique de sources, cliquez sur l'image ci-dessous :

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D'autre part, une présentation en vis-à-vis de Familiaris Consortio et Amoris Laetitia sur les points dont l'interprétation fait débat est proposée par Infocatho dans un tableau synthétique réalisé par l'un de ses lecteurs. Ce tableau peut être consulté en cliquant sur l'image ci-dessous :

Tableau_Infocatho.png

Autres documents pertinents :

> Encyclique Veritatis Splendor (6 août 1993) : n. 56, 79, 81  [Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Latin, Polonais, Portugais]

> Exhortation apostolique post-synodale Familiaris Consortio (22 novembre 1981) : n. 84
[Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]

> Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis (22 février 2007) : n. 29
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Latin, Néerlandais, Polonais, Portugais]

> Déclaration sur la communion pour les personnes divorcées et remariées (24 juin 2000)  [Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

> Mgr Tarcisio Bertone (Congrégation pour la Doctrine de la Foi) : À propos de la réception des documents du Magistère et du désaccord public

> Cardinal Joseph Ratzinger (Congrégation pour la Doctrine de la Foi) : Sur une application souple de l'indissolubilité du mariage

> Cardinal Joseph Ratzinger (Congrégation pour la Doctrine de la Foi) : À propos de quelques objections à la doctrine de l'Église concernant la réception de la Communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés

 

Amoris Laetitia : Les 'dubia' des quatre cardinaux sont légitimes d'après le Cardinal Martino

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(Infocatho) Amoris laetitia ne sera décidément pas passé inaperçu. Après les suppliques, les dubia, les disputatio entre théologiens, demeure le silence du Sait-Père. Mais le pape n’aime pas les déclarations qui rigidifient. C’est ainsi en tout cas que son entourage justifie le silence du Souverain Pontife. Or les dubia, par nature, appellent des réponses claires et sans ambiguïté.

Dernier petit rebondissement, le Cardinal Martino juge les dubia légitimes et estime qu’il serait juste que le pape y réponde. C’est ce qu’il a dit au journal italien La Fede Quotidianaqui l’interrogeait à ce sujet.

 « Je n’y vois rien de mal. Il est légitime en matière de doctrine d’adresser au Pape une opinion et c’est juste aussi qu’il y réponde » 

(Cath.ch/I.MEDIA) Le cardinal Renato Martino, ancien président du Conseil pontifical Justice et Paix, a expliqué qu’il ne voyait rien de mal aux dubia des quatre cardinaux concernant l’exhortation apostolique Amoris laetitia.

(Chiesa) Il y a le cardinal Renato Raffaele Martino, président émérite du conseil pontifical Justice et paix, qui a déclaré, lors d’une interview accordée le 16 décembre à "La Fede Quotidiana", qu’il est "licite de faire parvenir au pape une opinion en matière de doctrine et que c’est également une bonne chose qu’il y ait une réponse", en particulier parce que ce "cas par cas" dont parle "Amoris lætitia" peut effectivement "se prêter à des interprétations douteuses" :

> Martino: "Leciti i 'dubia' su 'Amoris laetitia', giusto che il papa risponda"

(Riposte catholique) L’hebdomadaire catholique étatsunien The Wanderer a signalé, dans sa livraison du 17 décembre, l’entretien accordé la veille par le cardinal Renato Martino, ancien président du Conseil pontifical Justice et Paix, au site italien La Fede Quotidiana. Interrogé sur ce qu’il pensait des dubia des quatre cardinaux, il a répondu : « Je n’y vois rien de mal. Il est légitime en matière de doctrine d’adresser au Pape une opinion et c’est juste aussi qu’il y réponde » (« Che non ci vedo nulla di male. E’ lecito in tema di dottrina rivolgere al Papa un parere ed è anche giusto rispondere »).

 

> LifeSiteNews : Italian cardinal defends four Cardinals: It would be ‘just’ for pope to respond

> OnePeterFive : Cardinal Martino Speaks Out in Support of the Dubia

> National Catholic Register : Cardinal Martino Defends the ‘Dubia’

> La Fede Quotidiana : Il cardinale Martino: “Leciti i dubia sulla Amoris Laetitia, giusto che il Papa risponda”

 

Aucun piège dans les 'dubia' : voici les cinq mots qui dissiperaient la confusion autour d'Amoris Laetitia

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« Or il se fit un grand tourbillon de vent, et les vagues se jetaient dans la barque, en sorte que déjà la barque se remplissait. Lui était à la poupe, dormant la tête sur le coussin. Ils le réveillent et lui disent : « Maître, n’avez-vous point de souci que nous périssions ? » S’étant réveillé, il commanda avec force au vent et dit à la mer : « Tais-toi ! Silence ! » Et le vent tomba, et il se fit un grand calme. Et il leur dit : « Pourquoi êtes-vous ainsi peureux ? Comment n’avez-vous pas de foi ? » Et ils furent saisis d’une grande crainte, et ils se disaient les uns aux autres : « Qui donc est celui-ci, que même le vent et la mer lui obéissent ? » (Évangile selon Saint Marc 4, 37-41)

Comme souvent dans le Nouveau Testament, la parole est brève, la scène est laconique.  Mais en regardant le texte de plus près on remarque qu'au moins quatre des Apôtres - Simon Pierre, André, Jacques et Jean - étaient des pêcheurs expérimentés, qui passaient leur vie sur  l'eau. La tempête a dû être extrêmement violente pour les avoir tant terrifiés. Ils se tournent vers Notre-Seigneur et Le trouvent en train de dormir, et ils en sont quelque peu mécontents. Lorsqu'ils qu'ils Le réveillent avec leur préoccupation de désastre imminent, Il se tourne et avec trois mots – « Tais-toi ! Silence! » – , Il calme la tempête.

Quand on en vient à la crise créée dans l'Église — la bataille croissante sur le mariage, le divorce, le remariage, les sacrements pour ceux qui sont dans une situation objective de péché grave, et la question de l'existence du péché objectif lui-même —  notre Saint-Père, comme le Christ qu'il a le devoir de servir, a à sa disposition cinq mots simples qui feraient tomber la tempête :

« Non. Oui. Oui. Oui. Oui. »

Ce sont les seules réponses qu'un catholique puisse donner aux dubia. Il n'y a pas d'autres options. Pas d'exceptions, pas de discernement pastoral qui y échappe. Pas besoin de verbosité ou de plus de nuances. Pourquoi ?

Reformulées d'une façon simple et sommaire, les dubia s'énoncent essentiellement comme ceci :

  • Les divorcés-remariés qui sont toujours engagés dans une relation sexuelle peuvent-ils recevoir l'absolution et la communion sans changement de vie ?
  • Les normes morales absolues existent-elles toujours ?
  • Le péché grave objectif existe-t-il toujours ?
  • L'enseignement selon lequel quelles que soient les circonstances qui puissent amoindrir la culpabilité d'une personne, ces circonstances ne peuvent pas changer un acte intrinsèquement mauvais en un acte subjectivement bon, est-il toujours valide ?
  • L'enseignement de l'Église selon lequel le recours à la conscience n'autorise pas à se soustraire aux normes morales absolues, est-il toujours valide ?

Ces cinq questions sont simples, leurs réponses évidentes. Le Pape François peut faire tomber la tempête par ces cinq mots : « Non. Oui. Oui. Oui. Oui. »

[Prions pour qu'il ait le courage, la bonté et la sollicitude pastorale de les prononcer, de les publier et de les confirmer.]

 

D'après Steve Skojec pour OnePeterFive. Traduction abrégée par Espérance Nouvelle.

 

 

> Encyclique Veritatis Splendor (6 août 1993) : n. 56, 79, 81  [Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Latin, Polonais, Portugais]

> Exhortation apostolique post-synodale Familiaris Consortio (22 novembre 1981) : n. 84
[Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]

> Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis (22 février 2007) : n. 29
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Latin, Néerlandais, Polonais, Portugais]

> Déclaration sur la communion pour les personnes divorcées et remariées (24 juin 2000)  [Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

> À propos de la réception des documents du Magistère et du désaccord public

 

Illustration : Radio Vatican

 

Rappel : les 5 questions ('dubia') des 4 cardinaux au Pape François sur la morale, les sacrements, et la signification d'Amoris Laetitia

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La démarche des cardinaux Caffara, Burke, Brandmüller et Meisner de soumettre au Pape cinq questions sur la morale et les sacrements, en rapport avec certains passages d'Amoris Laetitia qui font l'objet d'interprétations divergentes de la part des évêques, des prêtres et des fidèles dans le monde, a suscité des réactions diverses. Mais quelles sont exactement les questions posées par ces quatre cardinaux ? Les voici.

 

1.    Il est demandé si, en conséquence de ce qui est affirmé dans "Amoris lætitia" aux nn. 300-305, il est maintenant devenu possible d’absoudre dans le sacrement de Pénitence et donc d’admettre à la Sainte Eucharistie une personne qui, étant liée par un lien matrimonial valide, vit "more uxorio" avec une autre personne, sans que soient remplies les conditions prévues par "Familiaris consortio" au n. 84 et réaffirmées ensuite par "Reconciliatio et pænitentia" au n. 34 et par "Sacramentum caritatis" au n. 29. L’expression "dans certains cas" de la note 351 (n. 305) de l’exhortation "Amoris lætitia" peut-elle être appliquée aux divorcés remariés qui continuent à vivre "more uxorio" ?

2.    Après l’exhortation post-synodale "Amoris lætitia" (cf. n. 304), l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II "Veritatis splendor" n. 79, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, à propos de l’existence de normes morales absolues, obligatoires sans exception, qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais, continue-t-il à être valide ?

3.    Après "Amoris lætitia" n. 301, est-il encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère (cf. Mt 19, 3-9), se trouve dans une situation objective de péché grave habituel (cf. Conseil pontifical pour les textes législatifs, Déclaration du 24 juin 2000) ?

4.    Après les affirmations contenues dans "Amoris lætitia" n. 302 à propos des "circonstances qui atténuent la responsabilité morale", faut-il encore considérer comme valide l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II "Veritatis splendor" n. 81, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, selon lequel "les circonstances ou les intentions ne pourront jamais transformer un acte intrinsèquement malhonnête de par son objet en un acte subjectivement honnête ou défendable comme choix" ?

5.    Après "Amoris lætitia" n. 303, faut-il considérer comme encore valide l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II "Veritatis splendor" n. 56, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, qui exclut une interprétation créatrive du rôle de la conscience et affirme que la conscience n’est jamais autorisée à légitimer des exceptions aux normes morales absolues qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais de par leur objet ?

 

Pour rappel, la démarche des quatre cardinaux consistait formellement à poser des questions au Pape sur Amoris Laetitia et son interprétation correcte, cinq questions précisément. C'est ce qu'ont clairement rappelé les quatre cardinaux dans une note explicative publiée en même temps que les cinq questions :

"Les 'dubia' (mot latin signifiant : 'doutes') sont des questions formelles posées au Pape et à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et qui demandent des éclaircissements à propos de sujets particuliers concernant la doctrine ou la pratique. La particularité de ces questions est qu’elles sont formulées de telle sorte qu’elles demandent comme réponse un "oui" ou un "non", sans argumentation théologique. Cette manière de s'adresser au Siège Apostolique n’est pas une invention de notre part ; c’est une pratique séculaire."

 

La procédure des "dubia" envoyés au Saint-Siège, telle que les quatre cardinaux l'ont appliquée, fait en effet partie de la vie normale de l'Église. On peut le constater en consultant les documents officiels du Saint-Siège qui répondent à des question du même type formulées selon la même procédure, par exemple les documents suivants : 

Réponses aux doutes sur l’interprétation du Décret «Ecclesiae Pastorum» (Responsa ad proposita dubia de interpretatione decreti «Ecclesiae Pastorum»), 7 juillet 1983 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienPolonaisPortugais] ; 

Réponse au doute quant à la validité du baptême conféré par «L'Eglise de Jésus-Christ des Saints du dernier Jour», dite «Mormons» (Responsum ad propositum dubium de validitate baptismatis apud communitatem «The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints»), 5 juin 2001 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienLatinPolonaisPortugais] ; 

Réponses aux questions sur les formules de validité du baptême (Responsa ad proposita dubia de validitate baptismatis), 1er février 2008 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienLatinPolonaisPortugaisTchèque] ; 

Réponses à des doutes soulevés sur l'«isolement de l'utérus» et à d'autres questions (Responsa ad proposita dubia circa «interclusionem uteri» et alias quaestiones)31 juillet 1993 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienPolonaisPortugais] ; 

Réponse à un doute sur la doctrine de la Lettre Apostolique “Ordinatio Sacerdotalis (Responsum ad dubium circa doctrinam in Epist. Ap.“Ordinatio Sacerdotalis” traditam), 28 octobre 1995 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienLatinPolonaisPortugais].

 

Illustration : Crisis Magazine

 

31/12/2016

Mariage et "réforme ecclésiale" : une police de la pensée à l'Institut pontifical Jean-Paul II ?

 

L'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille publie un "Vademecum pour une nouvelle pastorale familiale" édité par Ignatius Press, qui sera dans les librairies dès janvier 2017. Ce manuel écrit par trois éminents professeurs de l'Institut, José Granados, Stephan Kampowski et Juan-José Pérez-Soba, vise à clarifier un certain nombre de questions liées à la "pastorale de la famille" et aux controverses qui ont suivi la publication de l'exhortation Amoris Laetitia. L'ouvrage a déjà commencé à circuler parmi les évêques.

Fondé en 1981 par Jean-Paul II et par celui que le même Pape avait choisi pour en être le premier président, Carlo Caffara, à l'époque simple théologien et aujourd'hui l'un des quatre cardinaux auteurs des cinq 'dubia' pour la clarification de l'enseignement sur la morale conjugale et les sacrements, l'Institut a grandi et a essaimé dans le monde, avec une douzaine d'implantations sur les cinq continents, au service de l'enseignement de l'Église sur le mariage et la famille.

Mais étonnamment, aucun des professeurs de l'Institut n'a été invité à la première session du synode sur la famille en 2014 et un seul, le député José Granados, a reçu un créneau marginal lors de la deuxième session en 2015. À la mi-Août 2016, le Pape François a remplacé la majeure partie de la direction de l'Institut. Il a nommé comme nouveau grand-chancelier Mgr Vincenzo Paglia - le même qu'il a porté à la tête de l'Académie pontificale pour la vie - et comme nouveau doyen Mgr Pierangelo Sequeri.

Le président sortant, Livio Melina, un théologien respecté qui a travaillé sept ans sous la direction du Cardinal Joseph Ratzinger à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, continuera à enseigner à l'Institut Jean-Paul II. De même que les autres professeurs, certains d'entre eux de haute renommée, comme l'anthropologue polonais Stanislaw Grygiel et son épouse Monika, le philosophe du droit Francesco D'Agostino, le sociologue Sergio Belardinelli, le théologien et évêque Mgr Jean Laffitte, secrétaire sortant du Conseil pontifical pour la famille récemment dissout, et bien sûr les trois auteurs du «Vademecum» mentionné ci-dessus.

Cependant, il semblerait que leur travail et leur enseignement soit surveillé de près. C'est ce que suggère un avertissement anonyme aux airs de menace à peine voilée qui est parvenu par e-mail à chacun de ces professeurs. Voici reproduit textuellement ci-dessous le message reçu (en italien) le 10 novembre par chaque professeur de l'Institut.

 

Objet : Observation des études et de l'enseignement à l'Institut pontifical Jean-Paul II d'études sur le mariage et la famille

 

Cher Professeur

Institut pontifical Jean-Paul II d'études sur le mariage et la famille

Université Pontificale du Latran

Cité du Vatican

 

Ainsi que cela a déjà été fait et que cela se fait encore pour d'autres institutions pastorales, académiques et culturelles catholiques, notre “Observatoire pour la Réalisation de la Réforme Ecclésiale du Pape François” (OARCPF) – une initiative d'un groupe de laïcs catholiques en soutien au pontificat du pape François – a commencé pendant l'année académique en cours la surveillance du contenu des publications de la faculté et de l'enseignement dispensé à l'Institut pontifical Jean-Paul II d'études sur le mariage et la famille afin de mettre en évidence les adaptations ou les éventuelles divergences par rapport au discours prononcé par le pape François à l'occasion de l'ouverture de la nouvelle année académique de votre Institut (Salle Clémentine, le 28 octobre 2016), au cours duquel vous avez été appelés à “soutenir la nécessaire ouverture de l'intelligence de la foi au service de la sollicitude pastorale du Successeur de Pierre.”

Les contenus des travaux publiés et des cours dispensés seront particulièrement pris en considération en référence aux dispositions de l'Exhortation apostolique “Amoris laetitia”, selon l'image “de l’Église telle qu'elle est, non pas d'une Église pensée selon sa propre image et ressemblance”, orientant la recherche et l'enseignement non plus vers “un idéal théologique trop abstrait du mariage, construit de façon presque artificielle, loin de la situation concrète et des possibilités effectives des familles telles qu'elles sont” (Pape François, discours susmentionné, 28 octobre 2016).

À cette fin, nous ferons usage de la lecture analytique et critique des études publiées par les professeurs, des thèses de licence et de doctorat approuvées par l'Institut, des programmes de cours et de leurs bibliographies, ainsi que des entrevues avec les étudiants effectuées à la sortie des cours, sur la place en face de l'Université du Latran.

Certains que nous accomplissons une tâche utile pour améliorer le service que vous rendez avec dévouement à l'Église et au Saint-Père, nous veillerons à vous tenir informé des résultats de notre étude d'observation.

 

Observatoire pour la Réalisation de la Réforme Ecclésiale du Pape François (OARCPF) – Section de Rome

 

 

Une fois publiée, la lettre du fantomatique "Observatoire" a suscité de vives remous qui ont permis d'identifier ses auteurs, une poignée d'anciens étudiants, persuadés d’avoir œuvré de façon méritoire. Sans liens avec le Vatican, ni avec les nouveaux dirigeants de l'Institut qui ont même pris la chose très mal.

 

Sources : Sandro Magister et Rorate Caeli. Traduction : Espérance Nouvelle.

 

Note : Le message envoyé par ledit "Observatoire" date le discours du pape François au 28 octobre 2016. Ce discours a en réalité été prononcée le 27 octobre 2016.

 

22/12/2016

Le Cardinal Cordes soutient les démarches de clarification du Cardinal Müller et des quatre cardinaux fidèles

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LE VATICAN (ChurchMilitant.com / Trad. Espérance Nouvelle) - Le Cardinal allemand Paul Cordes s'est exprimé en faveur de ses frères cardinaux qui ont demandé à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) et au Pape François de clarifier l'exhortation Amoris Laetitia. Le Cardinal Cordes approuve aussi les récentes clarifications données par le préfet de la CDF, le Cardinal Gerhard Müller, qui a déclaré que toute interprétation d'Amoris Laetitia devrait se conformer à l'enseignement antérieur de l'Église.

Dans un entretien avec Kathpress le 12 décembre, le Cardinal Cordes, ancien président du Conseil Pontifical Cor Unum, a été interrogé à propos des "dubia" rédigés par quatre cardinaux demandant des clarifications sur la question de savoir si Amoris Laetitia contredit ou pas l'enseignement antérieur de l'Église selon lequel la réception de la Sainte Communion est interdite aux adultères non repentis. En faisant référence aux réactions de vive hostilité qui ont suivi à l'égard des quatre cardinaux de la part d'autres prélats, le Cardinal Cordes a répondu

"Avec un ton objectif, les quatre cardinaux ont demandé la dissipation des doutes sur le texte. Ils ont alors été confrontés à une protestation disproportionnée. Je n'ai pas compris cette indignation ; j'ai aussi douté que ces personnes indignées aient été motivées par un désir de trouver la vérité."

Cette réaction est comparable à celle du Cardinal George Pell, l'un des neuf principaux conseillers du Pape. Lorsque son avis sur les dubia lui a été demandé, il a répondu en demandant : "Comment peut-on être en désaccord avec une question ?" Le Cardinal Müller avait également été interrogé sur les dubia et sur Amoris Laetitia dans un entretien avec Kathpress. S'il s'est montré hésitant à s'exprimer directement sur les dubia sans approbation papale, il a cependant souligné qu'Amoris Laetitia "ne devrait pas être interprétée comme si les enseignements des papes antérieurs et de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur ce sujet avaient perdu leur valeur contraignante."

 

> Lire l'article complet en anglais

 

Illustration : Armoiries du Cardinal Paul Josef Cordes sur Wikipedia

 

21/12/2016

Sur la vidéo d'Arnaud Dumouch à propos des "dubia" et d'Amoris Laetitia

 

Dans la dernière vidéo qu'il a publiée au sujet des "dubia" des quatre cardinaux et des débats autour d'Amoris Laetitia, Arnaud Dumouch dit notamment ceci (à partir de 12'36'') :

"La réalité, ce que, je pense, le Pape François devrait tout de même faire, c'est qu'ils méritent d'avoir une réponse. Ils s'inquiètent en disant : alors, on fait quoi par rapport aux divorcés-remariés ? On leur donne la communion ou pas ? Je ne dis pas que le Pape devrait leur dire : eh bien, décidez de leur donner la communion, ou au contraire : ne décidez pas. Parce que le Pape François ne peut pas leur répondre cela. Parce que tout simplement, l'encyclique, qui s'appelle Amoris..., enfin la lettre apostolique, la lettre post-synodale, qui s'appelle Amoris Laetitia, ne veut pas donner une doctrine universelle. Elle dit simplement que face à des cas particuliers uniques que les prêtres pourront apprécier, les évêques, des cas manifestes d'une victime d'un divorce, abandonnée, qui, avec des enfants... Que le Pape Jean-Paul II, d'ailleurs, soulève, c'est des cas qu'il soulève, dans sa propre lettre apostolique sur la famille, qui s'appelle Familiaris Consortio. Eh bien le Pape Jean-Paul II soulève ce cas d'une femme qui aurait été abandonnée injustement par un mari, qui aurait des enfants, qui ne sait pas comment s'en sortir, et un autre homme se présenterait, lui proposerait de s'en occuper, et elle l'épouserait civilement. Eh bien son cas est tout-à-fait différent de celui qui a trahi, qui lui est en état manifeste de péché mortel, il a tué l'amour, il a trahi. Eh bien, face à des cas comme ça, le Pape n'émet pas une nouvelle doctrine, comme quoi cette femme serait dans la ligne du sacrement. Elle n'est pas dans la ligne du sacrement, qui est un appel à la fidélité pour le meilleur et pour le pire. Mais concrètement, il ouvre une nouvelle pastorale au cas par cas, et donc il n'y a pas de réponse casuistique, doctrinale [?]. Voilà ce que, à mon avis, devrait répondre notre Pape François. En effet, pastoralement, on a toujours intérêt à répondre. Pourquoi on ne répond pas ? D'autant plus que là, on a un sujet extrêmement douloureux, que chacun peut connaître dans sa vie." 

Ce qu'Arnaud Dumouch omet de préciser dans cette vidéo, c'est que si le Pape Jean-Paul II demande en effet aux pasteurs d'âmes de faire la distinction entre la situation d'un homme qui provoquerait le divorce et contracterait une nouvelle union avec une autre femme, et la situation d'une mère, abandonnée sans faute de sa part par son mari, et qui aurait ensuite contracté une nouvelle union, situations qui sont effectivement différentes par le fait même de ce qui est énoncé, le même Pape applique ensuite à tous les "divorcés remariés" (jusqu'à ce qu'ils renoncent à la nouvelle union adultère) l'impossibilité de recevoir l'absolution et la communion, au-delà des différences réelles qui existent entre leurs diverses situations et leurs responsabilités personnelles. Ceci est d'ailleurs tout-à-fait dans la ligne de ce que le Christ Lui-même affirme dans l'Évangile : "Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet l’adultère ; et celui qui épouse la femme répudiée par son mari, commet l’adultère." (Lc 16, 18) Le Christ distingue bien les deux situations différentes, puisqu'ils les énonce séparément l'une à la suite de l'autre. Mais Jésus applique à ces deux situations différentes la même qualification morale : adultère. Dans la deuxième situation, il s'agit bien d'un adultère du fait que la femme soit mariée et ait été renvoyée par son mari, indépendamment du fait que l'homme qu'elle épouse ensuite soit lui-même marié ou pas : c'est un adultère parce que la femme abandonnée est bel et bien mariée, et que si elle s'unit à un autre homme, c'est un adultère. Autrement dit, quelles que soient les différentes causes du divorce et les différentes responsabilités de l'un et de l'autre, une nouvelle union est toujours un adultère, et le restera tant que le conjoint légitime est vivant (le mariage étant permis en cas de veuvage).

 

Voici donc, pour mémoire, l'intégralité du texte du numéro 84 de Familiaris Consortio, dans lequel se trouve le passage évoqué par Arnaud Dumouch sur le discernement de situations différentes, avec l'exemple des époux injustement abandonnés :

"84. L'expérience quotidienne montre, malheureusement, que ceux qui ont recours au divorce envisagent presque toujours de passer à une nouvelle union, évidemment sans cérémonie religieuse catholique. Et comme il s'agit là d'un fléau qui, comme les autres, s'attaque de plus en plus largement aux milieux catholiques eux-mêmes, il faut d'urgence affronter ce problème avec la plus grande sollicitude. Les Pères du Synode l'ont expressément étudié. L'Eglise, en effet, instituée pour mener au salut tous les hommes, et en particulier les baptisés, ne peut pas abandonner à eux-mêmes ceux qui - déjà unis dans les liens du sacrement de mariage - ont voulu passer à d'autres noces. Elle doit donc s'efforcer, sans se lasser, de mettre à leur disposition les moyens de salut qui sont les siens.

Les pasteurs doivent savoir que, par amour de la vérité, ils ont l'obligation de bien discerner les diverses situations. Il y a en effet une différence entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide. Il y a enfin le cas de ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide.

Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l’Église, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la Messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux œuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l’Église prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance!

L’Église, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l’Écriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l’Église, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier: si l'on admettait ces personnes à l'Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l’Église concernant l'indissolubilité du mariage.

La réconciliation par le sacrement de pénitence - qui ouvrirait la voie au sacrement de l'Eucharistie - ne peut être accordée qu'à ceux qui se sont repentis d'avoir violé le signe de l'Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l'homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs - par l'exemple l'éducation des enfants -, remplir l'obligation de la séparation, «ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux»(180).

De la même manière, le respect dû au sacrement de mariage, aux conjoints eux-mêmes et à leurs proches, et aussi à la communauté des fidèles, interdit à tous les pasteurs, pour quelque motif ou sous quelque prétexte que ce soit, même d'ordre pastoral, de célébrer, en faveur de divorcés qui se remarient, des cérémonies d'aucune sorte. Elles donneraient en effet l'impression d'une célébration sacramentelle de nouvelles noces valides, et induiraient donc en erreur à propos de l'indissolubilité du mariage contracté validement.

En agissant ainsi, l’Église professe sa propre fidélité au Christ et à sa vérité; et en même temps elle se penche avec un cœur maternel vers ses enfants, en particulier vers ceux qui, sans faute de leur part, ont été abandonnés par leur conjoint légitime.

Et avec une ferme confiance, elle croit que même ceux qui se sont éloignés du commandement du Seigneur et continuent de vivre dans cet état pourront obtenir de Dieu la grâce de la conversion et du salut, s'ils persévèrent dans la prière, la pénitence et la charité."

 

L'exhoratation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis du Pape Benoît XVI enseigne également :

"29. Si l'Eucharistie exprime le caractère irréversible de l'amour de Dieu pour son Église dans le Christ, on comprend pourquoi elle implique, en relation au sacrement de Mariage, l'indissolubilité à laquelle tout véritable amour ne peut qu'aspirer. (91) L'attention pastorale que le Synode a réservée aux situations douloureuses dans lesquelles se trouvent de nombreux fidèles qui, après avoir célébré le sacrement de Mariage, ont divorcé et contracté une nouvelle union, est donc plus que justifiée. Il s'agit d'un problème pastoral épineux et complexe, une vraie plaie du contexte social actuel, qui touche de manière croissante les milieux catholiques eux-mêmes. Par amour de la vérité, les Pasteurs sont obligés de bien discerner les diverses situations, pour aider spirituellement de la façon la plus appropriée les fidèles concernés. (92) Le Synode des Évêques a confirmé la pratique de l'Église, fondée sur la Sainte Écriture (cf. Mc 10, 2-12), de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l'union d'amour entre le Christ et l'Église, qui est signifiée et mise en œuvre dans l'Eucharistie. Toutefois, les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent d'appartenir à l'Église, qui les suit avec une attention spéciale, désirant qu'ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la participation à la Messe, mais sans recevoir la Communion, par l'écoute de la Parole de Dieu, par l'adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les œuvres de pénitence, par l'engagement dans l'éducation de leurs enfants."

 

Ce qu'il est indispensable de rappeler aussi, c'est que le sacrement du mariage n'est pas une simple convention humaine, qui serait maintenue par des fidélités humaines et détruite par des trahisons humaines, mais une alliance surnaturelle dans laquelle Dieu Lui-même s'engage définitivement. Une nouvelle union contractée en-dehors d'un mariage valide est une infidélité envers Dieu qui s'est engagé définitivement dans le sacrement, quelle que soit l'attitude du conjoint. Avec une approche "au cas par cas" qui se fonde sur la diversité des situations humaines, c'est la place de Dieu dans le mariage qui est complètement mise de côté, car Dieu, Lui, reste toujours fidèle à l'alliance, et demande une réponse de fidélité.

 

05/12/2016

TV Libertés : Mgr Schneider s'exprime sur Amoris Laetitia et sur les "dubia" des quatre cardinaux

La chaîne de télévision indépendante en ligne TV Libertés a reçu sur son plateau Monseigneur Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d'Astana, qui s'est exprimé en français sur la réception controversée et sur les interprétations de l'exhortation Amoris Laetitia. Ses propos sont frappants de cohérence et de fidélité à l'Évangile et à la foi catholique. Son intervention démontre une fois de plus la fidélité de Mgr Schneider à sa mission d'évêque.

 

"Prêche la parole à temps et à contre-temps" (2 Tim 4, 2)

 

Cardinal Pell sur les "dubia" : "Comment peut-on être en désaccord avec une question ?"

Cardinal Pell

(Catholic Culture/Espérance Nouvelle) Le Cardinal George Pell a exprimé son soutien aux quatre cardinaux qui ont soumis au Pape leurs "dubia" à propos de l'interprétation d'Amoris Laetitia. Après une allocution donnée à Londres, il a été demandé au cardinal australien s'il était d'accord avec les questions que les cardinaux ont posées au Pape François. "Comment peut-on être en désaccord avec une question ?", a-t-il répondu, avant d'ajouter que ces questions étaient "pertinentes".

Pendant son intervention, le Cardinal Pell a longuement parlé de la juste compréhension de la conscience en rapport avec la loi morale. Il a mentionné la préoccupation du Cardinal Newman au sujet d'une "misérable contrefaçon" de la conscience qui promeut "le droit à l'autodétermination". Une conscience doit être convenablement formée, a déclaré le cardinal Pell. "Lorsqu'un prêtre et un pénitent essaient de discerner la meilleure manière d'avancer au niveau de ce que l'on appelle le for interne", a-t-il affirmé, ils devraient toujours se référer à la loi morale. Le prélat a continué en expliquant que "l'idée qu'on puisse d'une façon ou d'une autre discerner que les vérités morales ne devraient pas être suivies ou ne devraient pas être reconnues est absurde".

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(Catholic Herarld/Christ-Roi) Un nouveau haut personnage de l'Eglise, le cardinal George Pell, se prononce sur les questions posées par les Quatre cardinaux Meisner, Brandmüller, Caffara et Burke au pape François, au sujet d'Amoris Laetitia. Ces questions « ont du sens ».

Au journaliste Dan Hitchens du "Catholic Herald" qui lui demandait s’il était d’accord avec les questions posées, le Cardinal Pell a répondu :

« Comment pourrait-on ne pas être d’accord avec une question ? » « Ceux qui mettent l'accent sur "la primauté de la conscience" ne semblent l'appliquer qu'à la morale sexuelle. On a rarement conseillé aux gens de suivre leur conscience lorsqu'ils disaient être racistes...», a déclaré le cardinal George Pell, au cours d'un discours qu'il a donné à Londres, à l'église Saint-Patrick, mardi 29 novembre.

Le cardinal a déclaré que la conscience doit se référer à la vérité révélée et à la loi morale.

Le cardinal George Pell a déclaré qu'«un certain nombre de catholiques qui pratiquent l'adoration régulièrement» sont «troublés par le tournant des événements» dans l'Église. Dans un discours à l'église Saint-Patrick, à Londres, le cardinal Pell a déclaré qu'une cause de préoccupation était les fausses théories sur la conscience et sur la loi morale.

Le cardinal Pell donnait une conférence sur Saint Damien de Molokai dans le cadre de la série de conférences de Saint-Patrick pour l'Année de la Miséricorde. Mais il a également réfléchi sur le catholicisme aujourd'hui. Il a dit que tandis que le pape François a «un prestige et une popularité en dehors de l'Église» plus grand que peut-être tout pape précédent, certains catholiques sont actuellement mal à l'aise.

Plus tard dans son discours, le cardinal australien, qui a été invité à diriger les réformes financières du Pape Francois et membre du groupe de conseillers du "C9" du pape, a critiqué certaines des idées sur la conscience qui ont actuellement cours dans l'Église.

Le cardinal Pell a déclaré que mettre l'accent sur la «primauté de la conscience» pouvait avoir des effets désastreux si la conscience ne se soumettait pas toujours à l'enseignement révélé et à la loi morale. Par exemple, «quand un prêtre et un pénitent essaient de discerner le meilleur chemin à suivre dans ce qu'on appelle le for interne», ils doivent se référer à la loi morale. La conscience n'est «pas le dernier mot parmi plusieurs possibilités», a déclaré le cardinal. Il a ajouté qu'il était toujours nécessaire de suivre l'enseignement moral de l'Église. Le cardinal a raconté l'histoire d'un homme qui dormait avec sa petite amie, et demanda à son prêtre s'il pouvait recevoir la communion. Il était «trompeur», a dit le cardinal, de dire simplement à cet homme de suivre sa conscience.

Il a ajouté que ceux qui mettaient l'accent sur «la primauté de la conscience» ne semblaient l'appliquer qu'à la morale sexuelle et aux questions autour du caractère sacré de la vie humaine. On a rarement conseillé aux gens de suivre leur conscience lorsqu'ils disaient être racistes, ou réticents à aider les pauvres et les vulnérables, a dit le cardinal.

Ses commentaires viennent après trois ans de débat sur l'enseignement de l'Église concernant la communion pour les divorcés et remariés. Le Cardinal Pell figurait parmi les hauts responsables qui ont publiquement soutenu la doctrine traditionnelle répétée dans la Familiaris Consortio du Pape Jean-Paul II - que les remariés ne devraient pas recevoir la communion à moins qu'ils ne vivent «comme frère et sœur» [C'est inexact : s'abstenir de relations intimes en-dehors du seul mariage sacramentellement valide est une condition nécessaire, mais Familiaris Consortio n'enseigne pas qu'elle soit suffisante pour permettre l'accès aux sacrements sans qu'un motif grave démontre l'impossibilité d'une séparation complète des deux adultères, NdEN]. Mais certains prélats ont suggéré une approche différente. Par exemple, le cardinal Blase Cupich a soutenu que la conscience de quelqu'un pourrait lui dicter de recevoir la communion, et que « la conscience est inviolable».

Le Cardinal Pell, citant les écrits du bienheureux John Henry Newman sur la conscience, dans laquelle Newman a rejeté une «contrefaçon misérable» de la conscience qui la définit comme «le droit à l'autodétermination». Il a noté que Newman défendait les papes Pie IX et Grégoire XVI, qui, selon les mots du cardinal Pell, «condamnaient une conscience qui rejetait Dieu et rejetait la loi naturelle». Le cardinal a également rendu hommage à «deux grandes encycliques» de Jean Paul II, Veritatis splendor et Evangelium Vitae, qui présentent la loi morale comme quelque chose de contraignant dans tous les cas.

Lorsqu'on lui a demandé si le malaise de certains catholiques, à propos de l'état de l'Église, était lié à des fausses théories sur la conscience, le cardinal Pell a dit: «Oui, c'est exact». Il a ajouté: «L'idée que vous pouvez discerner que les vérités morales ne doivent pas être suivies ou ne devraient pas être reconnues est absurde». «Nous sommes tous sujets à l'autorité de la vérité», a déclaré le cardinal, soulignant que la vérité objective peut être «différente de notre compréhension de la vérité». Il a également déclaré que tandis que la doctrine se développe, il n'y a pas de «pas de renversement de sens».

Le cardinal Pell a été interrogé sur la lettre à François de Quatre cardinaux demandant des éclaircissements sur la récente exhortation du Pape, Amoris Laetitia. Les cardinaux ont demandé au Pape de confirmer que cinq points de l'enseignement catholique sont toujours valables. Il s'agit notamment de l'enseignement selon lequel les "remariés" ne peuvent pas recevoir la communion, et l'enseignement selon lequel certains absolus moraux n'ont pas d'exception.

Le pape n'a pas répondu à la demande des quatre cardinaux, qui a été envoyée il y a deux mois. Les cardinaux ont pris cela comme une invitation à publier leurs questions et à poursuivre la discussion. Le président de la conférence des évêques grecs a déclaré que les quatre cardinaux étaient coupables de «péchés très graves» et pourraient provoquer un schisme [Cette accusation est objectivement fausse. La procédure des "dubia" envoyés au Saint-Siège, telle que les quatre cardinaux l'ont appliquée, fait partie de la vie normale de l'Église. On peut le constater en consultant les documents officiels du Saint-Siège qui répondent à des question du même type formulées selon la même procédure, par exemple les documents suivants : Réponses aux doutes sur l’interprétation du Décret «Ecclesiae Pastorum» (Responsa ad proposita dubia de interpretatione decreti «Ecclesiae Pastorum»), 7 juillet 1983 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienPolonaisPortugais] ; Réponse au doute quant à la validité du baptême conféré par «L'Eglise de Jésus-Christ des Saints du dernier Jour», dite «Mormons» (Responsum ad propositum dubium de validitate baptismatis apud communitatem «The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints»), 5 juin 2001 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienLatinPolonaisPortugais] ; Réponses aux questions sur les formules de validité du baptême (Responsa ad proposita dubia de validitate baptismatis), 1er février 2008 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienLatinPolonaisPortugaisTchèque] ; Réponses à des doutes soulevés sur l'«isolement de l'utérus» et à d'autres questions (Responsa ad proposita dubia circa «interclusionem uteri» et alias quaestiones)31 juillet 1993 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienPolonaisPortugais] ; Réponse à un doute sur la doctrine de la Lettre Apostolique “Ordinatio Sacerdotalis (Responsum ad dubium circa doctrinam in Epist. Ap.“Ordinatio Sacerdotalis” traditam), 28 octobre 1995 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienLatinPolonaisPortugais]. NdEN.].

Interrogé sur son accord ou son désaccord avec les questions des cardinaux, le cardinal Pell a répondu: «Comment pouvez-vous être en désaccord avec une question?». Il a ensuite dit que les cinq questions étaient «pertinentes».

 

Sources : Catholic Culture, Christ-Roi, Catholic Herald, LifeSiteNews

 

03/12/2016

Mgr Watroba approuve aussi le recours aux "dubia": "j’ai moi-même été submergé de questions semblables"

Le blogue étatsunien One Peter 5 – ce nom renvoie à la première épître de saint Pierre où le prince des Apôtres s’adresse « à vous que la puissance de Dieu garde par la foi, pour un salut prêt à se révéler dans les derniers temps »a publié la traduction en anglais d’une déclaration à Die Tagepost de Mgr Jan Watroba, évêque de Rzeszów (Pologne) et président de la Commission sur la famille de la Conférence épiscopale. L’évêque estime que la lettre des quatre cardinaux « n’a rien de répréhensible » en ce qu’elle constitue « l’expression d’un engagement et d’une attention à une interprétation correcte de l’enseignement de Pierre ». Il insiste sur le fait que lui-même « attend avec impatience de lire une réponse, une clarification [étant donné que] moi-même j’ai été submergé de questions semblables, tout comme d’autres évêques et pasteurs ». Il ajoute : « C’est dommage qu’il n’existe pas d’interprétation unifiée et pas de message clair sur ce document [Amoris lætitia] et qu’on ait à ajouter des interprétations à un document apostolique. Personnellement – peut-être par habitude mais aussi par conviction – je préfère des documents à la manière dont Jean-Paul II les écrivait et pour lesquels des commentaires additionnels ou des interprétations sur l’enseignement de Pierre n’étaient pas nécessaires ».

Source : Un troisième évêque soutient les quatre cardinaux

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