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25/11/2014

Méditation de l'abbé Grosjean : Prier ou agir ?

NdEspN : Cette méditation s'inscrit dans le cadre d'une neuvaine priée pour la France qui se poursuit pendant 9 mois (15 novembre 2014-15 août 2015).

Il peut paraître étonnant de mobiliser les chrétiens pour prier,cropped-logo-neuvaine-2001.png alors qu’il y a tant à faire pour notre pays ! N’est-ce pas d’abord l’engagement concret au service de l’emploi, de l’accompagnement des plus pauvres ou des plus fragiles qu’il faudrait privilégier ? Ne faudrait-il pas surtout appeler les chrétiens à s’engager en politique, dans le domaine de l’éducation ou de la culture ? Que chacun trouve un engagement associatif au service du bien commun ?

Il est vrai que la prière peut être une fuite, si elle s’apparente à un renoncement : « tout est foutu, s’engager en politique ou ailleurs ne sert plus à rien, il n’y a plus que la prière… ». Ce langage défaitiste n’est pas chrétien, ni cette vision de la prière. La prière authentique n’a jamais fait renoncer à l’action ceux qui sont appelés à servir au cœur de ce monde.

Mais inversement, il serait aussi fou de se jeter à corps perdu dans l’action, en imaginant que tout dépend de nous, et de nous seuls. Le tourbillon de l’activisme n’est pas non plus chrétien, car l’homme ne se suffit à lui-même. L’activisme apporte de graves déconvenues et le découragement devant nos limites humaines. Sans doute avons-nous mené nombre de nos combats ou de nos engagements de façon trop humaine…

La prière appelle l’action. La prière se conjugue à l’action. La prière nourrit l’action et lui donne sa fécondité profonde.

Prier nous fait partager les sentiments du Christ. Prier pour notre pays va peu à peu transformer notre regard sur son histoire, sur ses habitants, sur sa vocation. Résistant à toute tentation de découragement ou d’exil intérieur, nous allons approfondir notre amour et notre espérance pour ce pays, pour nos frères et sœurs qui vivent à nos côtés. Ce pays nous est confié comme lieu de mission et de service : « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais (…) De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. » (Jn 17, 15..18). Prier nous fait comprendre que rien ne peut nous faire déserter l’engagement et le service de notre pays !

Prier nous rappelle aussi que tout est entre les mains de Dieu. Il ne veut rien faire sans nous, et nous ne pouvons rien faire sans Lui. Prier nous gardera ainsi humbles dans nos engagements. Ne croyons pas que nous sauverons la France par nous-mêmes ! Mais ne croyons pas non plus que Dieu agira sans nous … « si je trouve dix justes… » (Gn 18,32). Sainte Jeanne d’Arc avait bien compris cela : « Les hommes d’armes batailleront, et Dieu donnera la victoire ! ». Sa vie résume si merveilleusement combien l’action de Dieu et l’engagement humain peuvent et doivent se conjuguer pour le bien d’un pays.

Prier enfin nous donne l’assurance que nos engagements, remis entre les mains de Dieu, seront féconds d’une façon ou d’une autre. Au delà des épreuves, des succès et des échecs humains apparents, Dieu ne cesse d’agir et peut tout faire contribuer au bien de ceux qu’Il aime. Voilà la source de notre paix intérieure, au cœur même des tempêtes que peuvent nous apporter nos engagements.

Prier ou agir ? Non. Prier pour mieux agir !

Source: Neuvaine.fr

 

Les 9 clefs de la neuvaine : 

  1. S’engager à la prière quotidienne (le chapelet et la prière de la neuvaine)
  2. Jeûner le premier vendredi de chaque mois
  3. Vivre la neuvaine en communion grâce aux textes mariaux publiés quotidiennement
  4. Se nourrir chaque vendredi des méditations de nos évêques, Pères Abbés, prêtres et moniales
  5. Participer au rayonnement de la neuvaine en y invitant vos amis
  6. Honorer la Sainte Vierge en affichant le logo de la neuvaine sur vos réseaux sociaux
  7. Imprimer et diffuser dans votre paroisse les méditations hebdomadaires
  8. Prier pour grandir, grandir pour s’affermir, s’affermir pour trouver l’Espérance
  9. Être doux avec soi-même : un oubli, une prise en cours, une pratique allégée ne sont pas graves…la progression n’en est que plus belle et les fruits porteurs !

Pourquoi prier la Neuvaine ?

Tout au long de sa vie, le Christ n’a cessé de nous montrer le chemin de l’évangélisation. « Le fait social et l’Évangile sont tout simplement indissociables. Là où nous n’apportons aux hommes que des connaissances, le savoir-faire, des capacités techniques et des instruments, nous apportons trop peu » nous rappelle Benoît XVI dans son homélie du 10 septembre 2006.

Conscients des difficultés éthiques, sociales, politiques et économiques que traverse notre pays depuis quelques temps, mais profondément emplis d’espérance, nous sommes un petit groupe de laïcs rassemblés pour proposer et animer une neuvaine pour la France. 

Comme beaucoup, nous avons vu se lever quantité merveilleuse d’initiatives pour alerter l’opinion publique sur le changement de civilisation qui était en train de s’opérer. Cependant, ces actions ne seront que plus fructueuses si elles sont portées par leur raison d’être : la conversion des cœurs, seul véritable levier de la reconstruction, car elle est l’intime remise de notre condition à la grâce de Dieu. Jésus nous le rappelle d’ailleurs « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée » (St Luc 10, 41-42).

Parce que la prière est le creuset de l’espérance,  

Parce qu’elle ouvre nos cœurs à la conscience que « l’homme passe infiniment l’homme »,

Parce qu’elle est la clef de voûte de notre conversion qui nous dispose à recevoir les dons de Dieu,  

Parce qu’elle agit au cœur de l’histoire des hommes dans l’unité et la paix, 

Parce nous ne pouvons pas réduire notre prière à notre seule sphère individuelle, 

Parce que la prière nous unit à Dieu et nous rassemble en son sein  

Parce « si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est dans les cieux» (St Matthieu 18, 19)

Source: Neuvaine.fr

04/09/2014

Abbé Grosjean: "Les jeunes catholiques sont tradis et charismatiques, les mêmes vont à Chartres et à Paray"

53017_abbe-pierre-herve-grosjean_440x260.jpgLe Père Pierre-Hervé Grosjean est à la tête d'Acteurs d'avenir, une association qui organise des sessions de formation sur l'engagement pour les jeunes étudiants. Il dit ici, avec franchise, sa compréhension de ces jeunes croyants qui s'engagent politiquement au nom de leur foi.

Pour la cinquième année consécutive, vous réunissez à Fontainebleau 200 jeunes pour une session consacrée à l'engagement dans la société. Quel est leur profil ?

Ils ont entre 20 et 25 ans. La plupart sont étudiants. Ils ont souvent déjà un engagement. Beaucoup sont des chefs scouts. Ils ont souvent fait de l’humanitaire et ils ont généralement participé à la mobilisation pour la famille. Ils sont conscients qu’ils ont beaucoup reçu par leurs études et qu'on leur demandera beaucoup. Ils veulent donc beaucoup donner. Ils feront leur métier d’une façon engagée et ils n'imaginent pas des réussites individualistes. (...)

Selon vous, comment l’intérêt pour le politique évolue-t-il chez les jeunes catholiques ces dernières années ?

Deux choses me frappent. La première est la forte mobilisation pour la famille. Beaucoup de jeunes catholiques se sentent responsables d’un modèle où la famille est comprise et respectée avec la complémentarité père-mère, où la vie est accueillie et respectée dans toutes ses dimensions [et où la vérité du mariage est reconnue et vécue dans sa dimension sacrée et indissoluble, NdEspN]. Cet héritage dont ils sont porteurs les engage. (...)
Deuxièmement, je trouve les jeunes assez libres par rapport aux systèmes partisans. Ils n'aiment pas la logique des partis et ils sont imperméables aux petits arrangements politiciens. Ils ont une attente de figures qui sauront les comprendre et auprès desquelles ils sont prêts à s'engager. En cela, ils sont différents de leurs aînés. (...)

Vous êtes donc optimiste ?

Je suis plein d’espérance. La situation est stimulante. L’Histoire se fait avec des minorités créatives. Cette idée de Benoît XVI n’a jamais été aussi vraie pour nous catholiques en France. L’enjeu est immense. Les jeunes sont libres et décomplexés. Si l’Eglise sait être au rendez-vous pour enthousiasmer ces jeunes, ils sauront s’engager.

Sur le plan de la pratique religieuse, quelle est la culture de ces jeunes ? Plutôt classiques, tradis, charismatiques ?

Nos jeunes ne sont pas prisonniers de nos schémas ecclésiaux dans lesquels nous perdons parfois notre temps. Ils se baladent entre tradis et charismatiques. Leurs attachements transcendent les clivages. J'ai pu constater que ce sont les mêmes jeunes qui vont à la messe tradi de Chartres, à la messe charismatique à Paray et à celle de Hautecombe du Chemin Neuf et à la messe classique à Lourdes. Ils sont libres.
Le vrai clivage n’est pas entre tradis et charismatiques, mais entre ceux qui prennent le tournant du christianisme identifié et décomplexé et ceux qui restent dans l’Eglise des années 80 où il faut s’excuser d’être chrétien.

Certains catholiques ont peur de ces jeunes si engagés, si tranchés.

Là, il faut être clair. Les jeunes catholiques pratiquants engagés en cohérence avec leur foi se sont mobilisés dans leur grande majorité sur la question mariage, y compris dans la rue. Beaucoup d’évêques, comme le cardinal Barbarin, ont su descendre avec eux et s’adresser à eux, tout en les aidant à discerner. (...)
Au fond, on ne fait que suivre l’exemple des différents papes, de Jean-Paul II à François [nous qui croyions que l'histoire de l'Eglise et des papes remontait à Saint Pierre... NdEspN]. Le rôle de l’Eglise est de savoir aider ces jeunes laïcs à prendre conscience de leur mission et à les accompagner. Ils sont demandeurs. Ils feront sans ceux qui ont peur d’eux ou qui pensent qu’ils sont trop ceci ou trop cela.

Qu'avez-vous appris de ces jeunes ?

L’Église doit se laisser bousculer par cette génération qui monte et qui est généreuse. Les vocations sont là ! Les laïcs engagés sont là, ainsi que les responsables des manifs et les fondateurs des Veilleurs. (...) Ils ont besoin de pasteurs qui ne sont pas tièdes, qui savent parler à leur générosité et à leur désir de s’engager. Ils cherchent des pères et des chefs qui les font grandir, qui leur disent : « vas-y, sois vrai, forme-toi, n'aie pas peur. »

Mais, encore une fois, tous les catholiques ne partagent pas votre discours. Cet enthousiasme ne risque-t-il pas d'accentuer certains clivages ?

Non. D'abord parce que le discours de ces jeunes est celui du pape. La grande majorité des évêques français se sont engagés sur la même ligne. Cela ne veut pas dire qu’il faut ignorer ceux qui sont dans la périphérie. C'est le rôle des prêtres de faire la communion. Mais ce n’est pas en demandant aux jeunes catholiques de se brider ou de tenir un discours consensuel qu’on parle le mieux à la jeunesse. Le pape François n’est pas un pape de consensus. Il parle clair et il parle au cœur et à l’intelligence. Ne demandons pas à ces jeunes de se renier et de s’excuser de croire vraiment à ce qu’ils font et de s’engager au nom de leurs convictions parce que d’autres ne le font pas ou pataugent dans des incohérences. Qu’on ne leur reproche pas d’être aux avant-postes et d’y aller courageusement !

(Belgicatho/La Vie - 01/09/2014)