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10/12/2014

Lecture par parties du Syllabus de Pie IX à l'occasion du 150ème anniversaire de sa publication (III , IV et V)

PioNono.jpgA l'occasion de 150ème anniversaire de la publication du Syllabus des Erreurs et de l'encyclique Quanta Cura par le Pape Pie IX le 8 décembre 1864, Espérance Nouvelle vous propose une lecture par parties de ce document majeur du Magistère pontifical de Pie IX.

Lisez l'éloge de l'enseignement et du pontificat de Pie IX par Jean XXIII et Jean-Paul II ainsi que les parties I et II du Syllabus dans l'article précédent:

> Lecture du Syllabus (I et II)

Le Syllabus des Erreurs, également appelé Résumé des Principales Erreurs de notre temps ou simplement Catalogue des Erreurs modernes, est une liste d'énoncés contraires à la foi catholique rassemblés en un seul document par Pie IX pour les condamner toutes ensemble fermement et solennellement en y indiquant les références du Magistère où sont condamnées ces affirmations.

Le texte des parties III, IV et V du Syllabus est reproduit ci-dessous.

 

RÉSUMÉ
RENFERMANT LES PRINCIPALES ERREURS DE NOTRE TEMPS
QUI SONT SIGNALÉES
DANS LES ALLOCUTIONS CONSISTORIALES, ENCYCLIQUES ET AUTRES LETTRES APOSTOLIQUES DE N. T. S. P. LE PAPE PIE IX.

 

ASS III (1867) 168. Traduction française dans Recueil, pp. 17-35.

Le chiffre entre parenthèses renvoie au document indiqué dans la liste ci-après.

 

§ III.
Indifférentisme, Latitudinarisme.

XV. Il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après la lumière de la raison (8, 26).

XVI. Les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et obtenir ce salut éternel dans le culte de n'importe quelle religion (1, 3, 17).

XVII. Tout au moins doit-on avoir bonne confiance dans le salut éternel de tous ceux qui ne vivent pas dans le sein de la véritable Église du Christ (13, 28).

XVIII. Le protestantisme n'est pas autre chose qu'une forme diverse de la même vraie religion chrétienne, forme dans laquelle on peut être agréable à Dieu aussi bien que dans l'Église catholique (5).

 

§ IV.
Socialisme, Communisme, Sociétés secrètes, Sociétés bibliques, Sociétés clérico-libérales.

Ces sortes de pestes sont à plusieurs reprises frappées de sentences formulées dans les termes les plus graves par l'Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846 ; par l'Allocution Quibus quantisque, du 20 avril 1849 ; par l'Encyclique Nostis et Nobiscum, du 8 décembre 1849 ; par l'Allocution Singulari quadam, du 9 décembre 1854 ; par l'Encyclique Quanto conficiamur mœrore, du 10 août 1863.

 

§ V.
Erreurs relatives à l'Église et à ses droits.

XIX. L'Église n'est pas une vraie et parfaite société pleinement libre ; elle ne jouit pas de ses droits propres et constants que lui a conférés par son divin Fondateur, mais il appartient au pouvoir civil de définir quels sont les droits de l'Église et les limites dans lesquelles elle peut les exercer (13, 22, 23, 26).

XX. La puissance ecclésiastique ne doit pas exercer son autorité sans la permission et l'assentiment du gouvernement civil (25).

XXI. L'Église n'a pas le pouvoir de définir dogmatiquement que la religion de l'Église catholique est uniquement la vraie religion (8).

XXII. L'obligation qui concerne les maîtres et les écrivains catholiques, se borne aux choses qui ont été définies par le jugement infaillible de l'Église, comme des dogmes de foi qui doivent être crus par tous (30).

XXIII. Les Souverains Pontifes et les Conciles œcuméniques ont dépassé les limites de leur pouvoir ; ils ont usurpé les droits des princes et ils ont même erré dans les définitions relatives à la foi et aux mœurs (8).

XXIV. L'Église n'a pas le droit d'employer la force ; elle n'a aucun pouvoir temporel direct ou indirect (9).

XXV. En dehors du pouvoir inhérent à l'épiscopat, il y a un pouvoir temporel qui lui a été concédé ou expressément ou tacitement par l'autorité civile, révocable par conséquent à volonté par cette même autorité civile (9).

XXVI. L'Église n'a pas le droit naturel et légitime d'acquérir et de posséder (18, 29).

XXVII. Les ministres sacrés de l'Église et le Pontife Romain doivent être exclus de toute gestion et possession des choses temporelles (26).

XXVIII. Il n'est pas permis aux Évêques de publier même les Lettres apostoliques sans la permission du gouvernement (18).

XXIX. Les faveurs accordées par le Pontife Romain doivent être regardées comme nulles, si elles n'ont pas été demandées par l'entremise du gouvernement (18).

XXX. L'immunité de l'Église et des personnes ecclésiastiques tire son origine du droit civil (8).

XXXI. Le for ecclésiastique pour les procès temporels des clercs, soit au civil, soit au criminel, doit absolument être aboli, même sans consulter le Siège Apostolique et sans tenir compte de ses réclamations ( 12, 18).

XXXII. L'immunité personnelle en vertu de laquelle les clercs sont exempts de la milice, peut être abrogée sans aucune violation de l'équité et du droit naturel. Le progrès civil demande cette abrogation, surtout dans une société constituée d'après une législation libérale (32).

XXXIII. Il n'appartient pas uniquement par droit propre et inné à la juridiction ecclésiastique de diriger l'enseignement des vérités théologiques (30).

XXXIV. La doctrine de ceux qui comparent le Pontife Romain à un prince libre et exerçant son pouvoir dans l'Église universelle, est une doctrine qui a prévalu au moyen âge (19).

XXXV. Rien n'empêche que par un décret d'un Concile général ou par le fait de tous les peuples le souverain pontificat soit transféré de l'Évêque romain et de la ville de Rome à un autre Évêque et à une autre ville (9).

XXXVI. La définition d'un Concile national n'admet pas d'autre discussion, et l'administration civile peut traiter toute affaire dans ces limites (9).

XXXVII. On peut instituer des Églises nationales soustraites à l'autorité du Pontife Romain et pleinement séparées de lui (23, 24).

XXXVIII. Trop d'actes arbitraires de la part des Pontifes Romains ont poussé à la division de l'Église en orientale et occidentale (9).

 

 

> Liste des écrits du Pape Pie IX d'où sont tirées les propositions du Syllabus

 

 

 

> 150ème anniversaire du Syllabus du Pape Pie IX (1864 - 2014)

> Texte intégral de l'encyclique Quanta Cura

> Texte intégral du Syllabus des Erreurs

> Texte intégral de l'encyclique Quanta Cura

> Texte intégral du Syllabus des Erreurs

08/12/2014

150ème anniversaire du Syllabus du Pape Pie IX

PioNono.jpgIl y a 150 ans, le 8 décembre 1864, le Pape Pie IX publiait l'encyclique Quanta Cura ainsi que son très célèbre Syllabus des Erreurs, aussi connu sous le nom de Résumé des Principales Erreurs de notre temps.

Dans l'homélie prononcée à l'occasion de sa béatification, le Pape Jean-Paul II dit à propos de Pie IX:

"En écoutant les paroles de l'acclamation à l’Évangile:  ' Seigneur, guide-nous sur le droit chemin ' , notre pensée s'est tournée spontanément vers la vie humaine et religieuse du Pape Pie IX, Giovanni Maria Mastai Ferretti. Face aux événements tourmentés de son temps, il fut un exemple d'adhésion inconditionnée au dépôt immuable des vérités révélées. Fidèle en toute circonstance aux engagements de son ministère, il sut toujours accorder la primauté absolue à Dieu et aux valeurs spirituelles."

Et le Pape rappela également à cette occasion ce que Jean XXIII avait écrit dans son journal personnel à propos de Pie IX: "Je pense toujours à Pie IX de sainte et glorieuse mémoire, et l'imitant dans ses sacrifices je voudrais être digne d'en célébrer la canonisation." (Journal de l’Âme, Ed. San Paolo, 2000, p. 560)

> Homélie du Souverain Pontife Jean- Paul II du 3 septembre 2000

Le Syllabus des Erreurs est une liste d'affirmations fausses que le Pape Pie IX rassemble en un seul document pour les condamner fermement et solennellement comme étant contraires à la foi catholique. Il y signale également en note les références des documents du Magistère qui réfutent ou condamnent explicitement ces affirmations contraires à la foi. Le texte intégral est reproduit ci-dessous.

 

RÉSUMÉ

 

RENFERMANT LES PRINCIPALES ERREURS DE NOTRE TEMPS

 

QUI SONT SIGNALÉES
DANS LES ALLOCUTIONS CONSISTORIALES, ENCYCLIQUES ET AUTRES LETTRES APOSTOLIQUES DE N. T. S. P. LE PAPE PIE IX.

§ I.
Panthéisme, naturalisme et rationalisme absolu.

I. Il n'existe 1 aucun Être divin, suprême, parfait dans sa sagesse et sa providence, qui soit distinct de l'univers, et Dieu est identique à la nature des choses, et par conséquent assujetti aux changements ; Dieu, par cela même, se fait dans l'homme et dans le monde, et tous les êtres sont Dieu et ont la propre substance de Dieu. Dieu est ainsi une seule et même chose avec le monde, et par conséquent l'esprit avec la matière, la nécessité avec la liberté, le vrai avec le faux, le bien avec le mal, et le juste avec l'injuste (26) 2 .

II. On doit nier toute action de Dieu sur les hommes et sur le monde (26).

III. La raison humaine, considérée sans aucun rapport à Dieu, est l'unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal : elle est à elle-même sa loi, elle suffit par ses forces naturelles à procurer le bien des hommes et des peuples (26).

IV. Toutes les vérités de la religion découlent de la force native de la raison humaine ; d'où il suit que la raison est la règle souveraine d'après laquelle l'homme peut et doit acquérir la connaissance de toutes les vérités de toute espèce (1, 17, 26).

V. La révélation divine est imparfaite, et par conséquent sujette à un progrès continuel et indéfini correspondant au développement de la raison humaine (1, 26).

VI. La foi du Christ est en opposition avec la raison humaine, et la révélation divine non seulement ne sert de rien, mais encore elle nuit à la perfection de l'homme (1, 26).

VII. Les prophéties et les miracles racontés dans les saintes Écritures sont des fictions poétiques, et les mystères de la foi chrétienne sont le résumé d'investigations philosophiques ; dans les livres des deux Testaments sont contenues des inventions mythiques, et Jésus-Christ lui-même est un mythe (1, 26).

1. ASS III (1867) 168. Traduction française dans Recueil, pp. 17-35.

2. Le chiffre entre parenthèses renvoie au document indiqué dans la liste ci-après.

§ II.
Rationalisme modéré.

VIII. Comme la raison humaine est égale à la religion elle-même, les sciences théologiques doivent être traitées comme les sciences philosophiques (13).

IX. Tous les dogmes de la religion chrétienne sans distinction sont l'objet de la science naturelle ou philosophie ; et la raison humaine n'ayant qu'une culture historique, peut, d'après ses principes et ses forces naturelles, parvenir à une vraie connaissance de tous les dogmes, même les plus cachés, pourvu que ces dogmes aient été proposés à la raison comme objet (27, 30).

X. Comme autre chose est le philosophe et autre chose la philosophie, celui-là a le droit et le devoir de se soumettre à une autorité dont il s'est démontré à lui-même la réalité ; mais la philosophie ne peut ni ne doit se soumettre à aucune autorité (27, 30).

XI. L'Église non seulement ne doit, dans aucun cas, sévir contre la philosophie, mais elle doit tolérer les erreurs de la philosophie et lui abandonner le soin de se corriger elle-même (27).

XII. Les décrets du Siège apostolique et des Congrégations romaines empêchent le libre progrès de la science (30).

XIII. La méthode et les principes d'après lesquels les anciens docteurs scolastiques ont cultivé la théologie ne sont plus en rapport avec les nécessités de notre temps et les progrès des sciences (30).

XIV. On doit s'occuper de philosophie sans tenir aucun compte de la révélation surnaturelle (30).

N.B. - Au système du rationalisme se rapportent pour la majeure partie les erreurs d'Antoine Günther, qui sont condamnées dans la Lettre au Cardinal Archevêque de Cologne Eximiam tuam, du 15 juin 1857, et dans la Lettre à l'Évêque de Breslau Dolore haud mediocri, du 30 avril 1860.

§ III.
Indifférentisme, Latitudinarisme.

XV. Il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après la lumière de la raison (8, 26).

XVI. Les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et obtenir ce salut éternel dans le culte de n'importe quelle religion (1, 3, 17).

XVII. Tout au moins doit-on avoir bonne confiance dans le salut éternel de tous ceux qui ne vivent pas dans le sein de la véritable Église du Christ (13, 28).

XVIII. Le protestantisme n'est pas autre chose qu'une forme diverse de la même vraie religion chrétienne, forme dans laquelle on peut être agréable à Dieu aussi bien que dans l'Église catholique (5).

§ IV.
Socialisme, Communisme, Sociétés secrètes, Sociétés bibliques, Sociétés clérico-libérales.

Ces sortes de pestes sont à plusieurs reprises frappées de sentences formulées dans les termes les plus graves par l'Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846 ; par l'Allocution Quibus quantisque, du 20 avril 1849 ; par l'Encyclique Nostis et Nobiscum, du 8 décembre 1849 ; par l'Allocution Singulari quadam, du 9 décembre 1854 ; par l'Encyclique Quanto conficiamur mœrore, du 10 août 1863.

§ V.
Erreurs relatives à l'Église et à ses droits.

XIX. L'Église n'est pas une vraie et parfaite société pleinement libre ; elle ne jouit pas de ses droits propres et constants que lui a conférés par son divin Fondateur, mais il appartient au pouvoir civil de définir quels sont les droits de l'Église et les limites dans lesquelles elle peut les exercer (13, 22, 23, 26).

XX. La puissance ecclésiastique ne doit pas exercer son autorité sans la permission et l'assentiment du gouvernement civil (25).

XXI. L'Église n'a pas le pouvoir de définir dogmatiquement que la religion de l'Église catholique est uniquement la vraie religion (8).

XXII. L'obligation qui concerne les maîtres et les écrivains catholiques, se borne aux choses qui ont été définies par le jugement infaillible de l'Église, comme des dogmes de foi qui doivent être crus par tous (30).

XXIII. Les Souverains Pontifes et les Conciles œcuméniques ont dépassé les limites de leur pouvoir ; ils ont usurpé les droits des princes et ils ont même erré dans les définitions relatives à la foi et aux mœurs (8).

XXIV. L'Église n'a pas le droit d'employer la force ; elle n'a aucun pouvoir temporel direct ou indirect (9).

XXV. En dehors du pouvoir inhérent à l'épiscopat, il y a un pouvoir temporel qui lui a été concédé ou expressément ou tacitement par l'autorité civile, révocable par conséquent à volonté par cette même autorité civile (9).

XXVI. L'Église n'a pas le droit naturel et légitime d'acquérir et de posséder (18, 29).

XXVII. Les ministres sacrés de l'Église et le Pontife Romain doivent être exclus de toute gestion et possession des choses temporelles (26).

XXVIII. Il n'est pas permis aux Évêques de publier même les Lettres apostoliques sans la permission du gouvernement (18).

XXIX. Les faveurs accordées par le Pontife Romain doivent être regardées comme nulles, si elles n'ont pas été demandées par l'entremise du gouvernement (18).

XXX. L'immunité de l'Église et des personnes ecclésiastiques tire son origine du droit civil (8).

XXXI. Le for ecclésiastique pour les procès temporels des clercs, soit au civil, soit au criminel, doit absolument être aboli, même sans consulter le Siège Apostolique et sans tenir compte de ses réclamations ( 12, 18).

XXXII. L'immunité personnelle en vertu de laquelle les clercs sont exempts de la milice, peut être abrogée sans aucune violation de l'équité et du droit naturel. Le progrès civil demande cette abrogation, surtout dans une société constituée d'après une législation libérale (32).

XXXIII. Il n'appartient pas uniquement par droit propre et inné à la juridiction ecclésiastique de diriger l'enseignement des vérités théologiques (30).

XXXIV. La doctrine de ceux qui comparent le Pontife Romain à un prince libre et exerçant son pouvoir dans l'Église universelle, est une doctrine qui a prévalu au moyen âge (19).

XXXV. Rien n'empêche que par un décret d'un Concile général ou par le fait de tous les peuples le souverain pontificat soit transféré de l'Évêque romain et de la ville de Rome à un autre Évêque et à une autre ville (9).

XXXVI. La définition d'un Concile national n'admet pas d'autre discussion, et l'administration civile peut traiter toute affaire dans ces limites (9).

XXXVII. On peut instituer des Églises nationales soustraites à l'autorité du Pontife Romain et pleinement séparées de lui (23, 24).

XXXVIII. Trop d'actes arbitraires de la part des Pontifes Romains ont poussé à la division de l'Église en orientale et occidentale (9).

§ VI.
Erreurs relatives à la société civile, considérée soit en elle-même, soit dans ses rapports avec l'Église.

XXXIX. L'État, comme étant l'origine et la source de tous les droits, jouit d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite (26).

XL. La doctrine de l'Église catholique est opposée au bien et aux intérêts de la société humaine (1, 4).

XLI. La puissance civile, même quand elle est exercée par un prince infidèle, possède un pouvoir indirect négatif sur les choses sacrées. Elle a par conséquent non seulement le droit qu'on appelle d'exequatur, mais encore le droit qu'on nomme d'appel comme d'abus (9).

XLII. En cas de conflit légal entre les deux pouvoirs, le droit civil prévaut (9).

XLIII. La puissance laïque a le pouvoir de casser, de déclarer et rendre nulles les conventions solennelles (Concordats) conclues avec le Siège Apostolique, relativement à l'usage des droits qui appartiennent à l'immunité ecclésiastique, sans le consentement de ce Siège et malgré ses réclamations (7, 23).

XLIV. L'autorité civile peut s'immiscer dans les choses qui regardent la religion, les mœurs et le gouvernement spirituel. D'où il suit qu'elle peut juger des Instructions que les pasteurs de l'Église publient, d'après leurs charges, pour la règle des consciences ; elle peut même décider sur l'administration des sacrements et les dispositions nécessaires pour les recevoir (7, 26).

XLV. Toute la direction des écoles publiques dans lesquelles la jeunesse d'un État chrétien est élevée, si l'on en excepte dans une certaine mesure les séminaires épiscopaux, peut et doit être attribuée à l'autorité civile, et cela de telle manière qu'il ne soit reconnu à aucune autre autorité le droit de s'immiscer dans la discipline des écoles, dans le régime des études, dans la collation des grades, dans le choix ou l'approbation des maîtres (7, 10).

XLVI. Bien plus, même dans les séminaires des clercs, la méthode à suivre dans les études est soumise à l'autorité civile (18).

XLVII. La bonne constitution de la société civile demande que les écoles populaires, qui sont ouvertes à tous les enfants de chaque classe du peuple, et en général que les institutions publiques destinées aux lettres, à une instruction supérieure et à une éducation plus élevée de la jeunesse, soient affranchies de toute autorité de l'Église, de toute influence modératrice et de toute ingérence de sa part, et qu'elles soient pleinement soumises à la volonté de l'autorité civile et politique, suivant le désir des gouvernants et le niveau des opinions générales de l'époque (31).

XLVIII. Des catholiques peuvent approuver un système d'éducation en dehors de la foi catholique et de l'autorité de l'Église, et qui n'ait pour but, ou du moins pour but principal, que la connaissance des choses purement naturelles et la vie sociale sur cette terre (31).

XLIX. L'autorité séculière peut empêcher les Évêques et les fidèles de communiquer librement entre eux et avec le Pontife Romain (26).

L. L'autorité séculière a par elle-même le droit de présenter les Évêques, et peut exiger d'eux qu'ils prennent en main l'administration de leurs diocèses avant qu'ils aient reçu du Saint-Siège l'institution canonique et les Lettres apostoliques (18).

LI. Bien plus, la puissance séculière a le droit d'interdire aux Évêques l'exercice du ministère pastoral, et elle n'est pas tenue d'obéir au Pontife romain en ce qui concerne l'institution des évêchés et des Évêques (8, 12).

LII. Le gouvernement peut, de son propre droit, changer l'âge prescrit pour la profession religieuse, tant des femmes que des hommes, et enjoindre aux communautés religieuses de n'admettre personne aux vœux solennels sans son autorisation (18).

LIII. On doit abroger les lois qui protègent l'existence des familles religieuses, leurs droits et leurs fonctions ; bien plus, la puissance civile peut donner son appui à tous ceux qui voudraient quitter l'état religieux qu'ils avaient embrassé et enfreindre leurs vœux solennels ; elle peut aussi supprimer complètement ces mêmes communautés religieuses, aussi bien que les églises collégiales et les bénéfices simples, même de droit de patronage, attribuer et soumettre leurs biens et revenus à l'administration et à la volonté de l'autorité civile (12, 14, 15).

LIV. Les rois et les princes, non seulement sont exempts de la juridiction de l'Église, mais même ils sont supérieurs à l'Église quand il s'agit de trancher les questions de juridiction (8).

LV. L'Église doit être séparée de l'État, et l'État séparé de l'Église (12).

§ VII.
Erreurs concernant la morale naturelle et chrétienne.

LVI. Les lois de la morale n'ont pas besoin de la sanction divine, et il n'est pas du tout nécessaire que les lois humaines se conforment au droit naturel ou reçoivent de Dieu le pouvoir d'obliger (26).

LVII. La science des choses philosophiques et morales, de même que les lois civiles, peuvent et doivent être soustraites à l'autorité divine et ecclésiastique (26).

LVIII. II ne faut reconnaître d'autres forces que celles qui résident dans la matière, et tout système de morale, toute honnêteté doit consister à accumuler et augmenter ses richesses de toute manière, et à satisfaire ses passions (26, 28).

LIX. Le droit consiste dans le fait matériel ; tous les devoirs des hommes sont un mot vide de sens, et tous les faits humains ont force de droit (26).

LX. L'autorité n'est autre chose que la somme du nombre et des forces matérielles (26).

LXI. Une injustice de fait couronnée de succès ne préjudicie nullement à la sainteté du droit (24).

LXII. On doit proclamer et observer le principe de non-intervention (22).

LXIII. Il est permis de refuser l'obéissance aux princes légitimes et même de se révolter contre eux (1, 2, 5, 20).

LXIV. La violation d'un serment, quelque saint qu'il soit, et toute action criminelle et honteuse opposée à la loi éternelle, non seulement ne doit pas être blâmée, mais elle est tout à fait licite et digne des plus grands éloges, quand elle est inspirée par l'amour de la patrie (4).

§ VIII.
Erreurs concernant le mariage chrétien.

LXV. On ne peut établir par aucune preuve que le Christ a élevé le mariage à la dignité de sacrement (9).

LXVI. Le sacrement de mariage n'est qu'un accessoire du contrat et peut en être séparé, et le sacrement lui-même ne consiste que dans la seule bénédiction nuptiale (9).

LXVII. De droit naturel, le lien du mariage n'est pas indissoluble, et dans différents cas le divorce proprement dit peut être sanctionné par l'autorité civile (9,12).

LXVIII. L'Église n'a pas le pouvoir d'établir des empêchements dirimants au mariage : mais ce pouvoir appartient à l'autorité séculière, par laquelle les empêchements existants peuvent être levés (8).

LXIX. L'Église, dans le cours des siècles, a commencé à introduire les empêchements dirimants non par son droit propre, mais en usant du droit qu'elle avait emprunté au pouvoir civil (9).

LXX. Les canons du Concile de Trente qui prononcent l'anathème contre ceux qui osent nier le pouvoir qu'a l'Église d'opposer des empêchements dirimants, ne sont pas dogmatiques ou doivent s'entendre de ce pouvoir emprunté (9).

LXXI. La forme prescrite par le Concile de Trente n'oblige pas sous peine de nullité, quand la loi civile établit une autre forme à suivre et veut qu'au moyen de cette forme le mariage soit valide (9).

LXXII. Boniface VIII a le premier déclaré que le vœu de chasteté prononcé dans l'ordination rend le mariage nul (9).

LXXIII. Par la force du contrat purement civil, un vrai mariage peut exister entre chrétiens ; et il est faux, ou que le contrat de mariage entre chrétiens soit toujours un sacrement, ou que ce contrat soit nul en dehors du sacrement (9, 11, 12, 23).

LXXIV. Les causes matrimoniales et les fiançailles, par leur nature propre, appartiennent à la juridiction civile (9, 12).

N.B. - Ici peuvent se placer d'autres erreurs : l'abolition du célibat ecclésiastique et la préférence due à l'état de mariage sur l'état de virginité. Elles sont condamnées, la première dans la Lettre Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846, la seconde dans la Lettre Apostolique Multiplices inter, du 10 juin 1851.

§ IX.
Erreurs sur le principat civil du Pontife romain.

LXXV. Les fils de l'Église chrétienne et catholique disputent entre eux sur la compatibilité du pouvoir temporel avec le pouvoir spirituel (9).

LXXVI. L'abrogation de la souveraineté civile dont le Saint-Siège est en possession servirait, même beaucoup, à la liberté et au bonheur de l'Église (4, 6).

N.B. - Outre ces erreurs explicitement notées, plusieurs autres erreurs sont implicitement condamnées par la doctrine qui a été exposée et soutenue sur le principat civil du Pontife Romain, que tous les catholiques doivent fermement professer. Cette doctrine est clairement enseignée dans l'Allocution Quibus quantisque, du 20 avril 1849 ; dans l'Allocution Si semper antea, du 20 mai 1850 ; dans la Lettre Apostolique, Cum catholica Ecclesia, du 26 mars 1860 ; dans l'Allocution Novos, du 28 septembre 1860 ; dans l'Allocution Jamdudum, du 18 mars 1861 ; dans l'Allocution Maxima quidem, du 9 juin 1862.

§ X.
Erreurs qui se rapportent au libéralisme moderne.

LXXVII. A notre époque, il n'est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l'unique religion de l'État, à l'exclusion de tous les autres cultes (16).

LXXVIII. Aussi c'est avec raison que, dans quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce que les étrangers qui s'y rendent y jouissent de l'exercice public de leurs cultes particuliers (12).

LXXIX. Il est faux que la liberté civile de tous les cultes, et que le plein pouvoir laissé à tous de manifester ouvertement et publiquement toutes leurs pensées et toutes leurs opinions, jettent plus facilement les peuples dans la corruption des mœurs et de l'esprit, et propagent la peste de l'Indifférentisme (18).

LXXX. Le Pontife Romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne (24).


Liste des écrits du pape Pie IX d'où sont tirées les propositions du Syllabus :

1. Encyclique Qui pluribus, 9 novembre 1846 (Prop. du Syllabus 4-7, 16, 40, 63, 74).

2. Allocution Quis vestrum, 4 octobre 1847 (Prop. 63).

3. Allocution Uni primum, 17 décembre 1847 (Prop. 16).

4. Allocution Quibus quantisque, 20 avril 1849 (Prop. 40, 64, 76).

5. Encyclique Nostis et Nobiscum aux archevêques et évêques d'Italie, 8 décembre 1849 (Prop. 18, 63).

6. Allocution Si semper antea, 20 mai 1850 (Prop. 16).

7. Allocution In consistoriali, 1er novembre 1850 (Prop. 43-45).

8. Lettre apostolique Multiplices inter, 10 juin 1851 (Prop. 15, 21, 23, 30, 51, 54, 68, 74).

9. Lettre apostolique Ad apostolicae, 22 août 1851 (Prop. 24, 25, 34-36, 38, 41, 42, 65-67, 69-75).

10. Allocution Quibus luctuosissimis, 5 septembre 1851 (Prop. 45).

11. Lettre à S.M. le Roi Victor-Emmanuel, 9 septembre 1852 (Prop. 73).

12. Allocution Acerbissimum, 27 septembre 1852 (Prop. 31, 51, 53, 55, 67, 73, 74, 78).

13. Allocution Singulari quadam, 9 décembre 1854 (Prop. 8, 17, 19).

14. Allocution Probe memineritis, 22 janvier 1855 (Prop. 53).

15. Allocution Cum saepe, 27 juillet 1855 (Prop. 53).

16.Allocution Nemo Vestrum, 26 juillet 1855 (Prop. 77).

17. Lettre Singulari quidem aux évêques d'Autriche, 17 mars 1856 (Prop. 4, 16).

18. Allocution Nunquam fore, 15 décembre 1856 (Prop. 26, 28, 29, 31, 46, 50, 52, 79).

19. Lettre Eximiam à Son Éminence l'archevêque de Cologne, 15 juin 1857 (Prop. 4, 16).

20. Lettre apostolique Cum Catholica Ecclesia, 26 mars 1860 (Prop. 63, 76).

21. Lettre Dolore haud mediocri à l'évêque de Breslau, 30 avril 1860 (Prop. 14).

22. Allocution Novos et ante, 28 septembre 1860 (Prop. 19, 62, 76).

23. Allocution Multis gravibusque, 17 décembre 1860 (Prop. 19, 37, 43, 73).

24. Allocution Iamdudum, 18 mars 1861 (Prop. 37, 61, 76).

25. Allocution Meminit, 30 septembre 1861 (Prop. 20).

26. Allocution consistoriale Maxima quidem, 9 Juin 1862 (Prop. 1-7, 15, 19, 27, 39, 44, 49, 56-60, 76).

27. Lettre apostolique Gravissimas inter à l'archevêque de Munich-Frisingue, 11 décembre 1862 (Prop. 9- 11).

28. Encyclique Quanto conficiamur mœrore aux évêques d'Italie, 10 août 1863 (Prop. 17, 58).

29. Encyclique Incredibili à l'archevêque de Santa-Fé-de-Bogota, 17 septembre 1863 (Prop. 26).

30. Lettre apostolique Tuas libenter à l'archevêque de Munich-Frisingue, 21 décembre 1863 (Prop. 9, 10, 12-14, 22, 33).

31. Lettre Cum non sine à l'archevêque de Fribourg-en-Brisgau, 14 juillet 1864 (Prop. 47, 48).

32. Lettre Singularis Nobisque à l'évêque de Mondovi (Piémont) 29 septembre 1864 (Prop. 32).

 

 

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04/11/2014

Les racines idéologiques de Mussolini

Quelles furent les racines idéologiques du dictateur qui créa le mouvement politique et idéologique nommé fascisme ? Quelle vision du monde a-t-elle forgé sa pensée et son action politique ? Sa biographie permet de répondre à ces questions.

Origines

Fils du forgeron Alessandro Mussolini et de l'institutrice Rosa Maltoni, le jeune Benito naît le 29 juillet 1883 dans une petite maison à Varani dei Costa, un hameau de la commune de Dovia di Predappio dans la province de Forlì-Césène en Émilie-Romagne.

Les prénoms Benito Amilcare Andrea lui sont donnés par son père, socialiste à la limite de l'anarchisme, désireux de rendre hommage à Benito Juárez, héros libéral et républicain face à l'intervention française et ex-président du Mexique, à Amilcare Cipriani, patriote italien et socialiste, et à Andrea Costa, premier député socialiste élu au parlement italien. Il a un frère, prénommé Arnaldo en hommage au moine révolutionnaire romagnol de Brescia et une sœur prénommée Edvige. Allessandro Mussolini cherchera à influencer son fils aîné par les conversations qu’il aura avec lui, par les livres qu’il lui fera lire de bonne heure et par les textes que lui-même rédigeait pour les journaux socialistes locaux. Benito Mussolini dira à Yvon de Begnac : « Mon socialisme est né bakouniste, à l’école du socialisme de mon père, à l’école du socialisme libertaire de Blanqui. » Alessandro Mussolini avait l’habitude de lire à ses enfants des passages du Capital de Karl Marx, que, selon son fils, il « appliquait avec le bon sens qui le caractérisait » et « avec un réalisme rigoureux adapté à la situation sociale et politique de l’époque, et particulièrement à celle de la Romagne. » Les enfants d'Alessandro Mussolini étaient fiers de l’hospitalité que leur père offrait depuis toujours aux militants socialistes recherchés par la police.

Études (1889-1902)

Le jeune Mussolini fréquente les deux premières classes élémentaires à Dovia, puis à Predappio (1889-1891). Il entre au collège des salésiens de Faenza (1892-1894). C'est un élève turbulent, voire violent : en 1893 il est renvoyé après avoir blessé un de ses camarades avec un couteau.

Il poursuit ses études au collège Carducci de Forlimpopoli, où sous l'influence de son père, il se rapproche du militantisme socialiste. En 1900, Mussolini fréquente les cercles socialistes de Forlimpopoli et de Forlì. A l’école normale, il quitte l’internat pour assister à des réunions publiques et y prendre la parole. Plus tard, lors de ses entretiens avec Emil Ludwig, il évoquera ainsi son adhésion aux idées socialistes nées de son indignation : «  Ce qui domine, c’est l’indignation. J’avais sous les yeux les souffrances de mes parents ; à l’école normale, j’avais été humilié ; alors j’ai grandi comme révolutionnaire, avec les espoirs des déshérités. Qu’aurais-je pu devenir d’autre que socialiste à outrance, blanquiste, plutôt communiste au fond ? »

En 1901, Il finit ses études obtenant un diplôme d'enseignement. Le 13 février 1902, il est nommé maître suppléant à l'école élémentaire de Pieve Saliceto, hameau de Gualtieri.

Le 9 juin 1902, il termine l'année scolaire et, probablement pour fuir le service militaire, s'établit à Lausanne, après avoir séjourné dans deux autres villes suisses, Yverdon-les-Bains et Orbe.

Exil en Suisse et premières activités politiques (1902-1904)

De juin 1902 à novembre 1904, Mussolini vit en Suisse, se déplaçant de ville en ville et occupant des emplois occasionnels (maçon, manœuvre, etc.). Vivant misérablement, il est arrêté pour vagabondage par la police dans la matinée du 24 juillet 1902 sous les arches du Grand-Pont à Lausanne, où il avait passé la nuit. Dans ses poches sont trouvés son passeport, son diplôme de l'école normale et 15 centimes.

En août 1902, il s'inscrit auprès du syndicat des maçons et des manœuvriers et en devient le secrétaire. Il publie son premier article dans L'avvenire del lavoratore (L'avenir du travailleur) dont il devint le rédacteur. Le syndicat italien des maçons et manœuvres exerçait une forte influence sur la colonie transalpine de Lausanne. Ces débuts modestes de militant obscur vont néanmoins lui permettre, en moins d’un an, de se faire connaître et apprécier du milieu socialiste italien et de ses dirigeants en exil. Il affirme alors son rejet viscéral de la sociale-démocratie, du « socialisme de la chaire », du « socialisme de tagliatelles » ; par tempérament et culture politique, il incline à l’activisme révolutionnaire. En Suisse, la fréquentation des ouvriers, le contact avec des animateurs du socialisme révolutionnaire, l’engagement dans une authentique action militante vont faire de lui, au moins pour la durée de son séjour, un agitateur et un professionnel de la révolution. Le 18 juin 1903, il est arrêté dans le canton de Berne comme agitateur socialiste pour avoir soutenu le projet d'une grève générale en ayant éventuellement recours à la violence. Il est maintenu en prison douze jours puis expulsé vers l'Italie le 30 juin.

Jusqu'à l’automne 1903, Mussolini utilise la majeure partie de son temps à faire de l’agitation politique et à mobiliser ses compatriotes immigrés, sillonnant la Confédération dans tous les sens pour porter la parole socialiste ou soutenir des travailleurs en grève. Dans L'avvenire del lavoratore, il publie des correspondances syndicales, des poèmes (dont un sonnet à Babeuf), une quinzaine d’articles sur « le socialisme suisse », « la nécessité de la politique socialiste en Italie », « le massacre des Arméniens »... Il écrit aussi dans Proletario ou L’Avanguardia socialista. À cette époque, il se range dans l'aile révolutionnaire du Parti socialiste italien (PSI) dirigée par Arturo Labriola et envoie des articles au journal milanais l'Avangardia socialista. C'est au cours de cette période qu'il fait preuve de la plus grande affinité idéologique avec le syndicalisme révolutionnaire. Il fréquente deux mois la faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne, où il s'intéresse à la pensée de l'économiste Vilfredo Pareto, critique acerbe de la démocratie libérale et dont il assiste à un de ses cours. Il s'investit notamment dans les polémiques anticléricales par exemple au travers d'un débat avec le pasteur évangélique Alfredo Taglialatela sur le thème de l'existence de Dieu.

Le 30 décembre 1903, il se rapproche de l'avocat socialiste originaire de Sienne, Salvatore Donatini, avec lequel il projette de fonder une revue I Tiempi nuovi. Celui-ci ayant été expulsé, Mussolini le suit en France mais le projet de revue n’aboutit pas faute de moyens financiers. On sait peu de chose sur ce séjour en France que Mussolini n'évoquait pas et au cours duquel il aurait travaillé comme charretier dans une carrière de sable. Le 18 mars 1904, il rencontre l'activiste socialiste russe Angelica Balabanova à Lausanne lors d’un meeting commémorant la Commune de Paris. En avril 1904, il est expulsé du canton de Genève pour avoir modifié la date de validité de son passeport. Il est libéré à Bellinzone grâce aux protestations des socialistes genevois et à l'aide du gouvernement tessinois. Il est emprisonné pendant sept jours à partir du 9 avril 1904. Le 13 novembre 1904, il prononce une conférence sur le néo-marxisme dans laquelle il réaffirme la validité et l’actualité de la pensée de Marx contre ceux qui appelaient à la révision de la pensée marxiste.

Retour en Italie et ascension dans la hiérarchie du PSI (1904-1910)

En novembre 1904, en raison de l'amnistie accordée lors de la naissance de l'héritier du royaume, Mussolini revient en Italie alors qu'il est sous le coup d'une condamnation pour refus du service militaire. Il effectue son service militaire, est affecté le 30 décembre 1904 au dixième régiment bersaglier de Vérone où il obtient son certificat de bonne conduite. Entre-temps, le 19 janvier 1905, sa mère meurt. Libéré au terme prévu, Mussolini rentre à Dovia di Predappio le 4 septembre 1906 où il devient maître suppléant à Tolmezzo du 15 novembre jusqu'à la fin de l'année scolaire ; mais son poste ne lui est pas renouvelé en raison de sa vie dissipée. En novembre 1907, il obtient l'habilitation pour l'enseignement du français mais échoue à celle d'allemand. En mars 1908, il obtient la charge de professeur de français au collège de Oneglia, où il enseigne aussi l'italien, l'histoire et la géographie. Il est donc polyglotte, il maîtrise le français, l'anglais et l'allemand.

À Oneglia, il dirige l'hebdomadaire socialiste La Lima sous le pseudonyme de « Vero Eretico » (vrai hérétique). L’été 1908 marque un changement avec son engagement direct dans l’agitation menée par les braccianti de Forlì. Le 18 juillet 1908, il est arrêté pour menaces envers un dirigeant d'une organisation patronale. Jugé, il est condamné à trois mois de prison mais il est relaxé en appel. En septembre, il est de nouveau incarcéré pendant dix jours pour avoir tenu à Meldola une réunion non autorisée. Ces arrestations lui confèrent un réel prestige auprès des braccianti et des socialistes de la région. Il publie des articles dans la revue Pagine liberere, la principale publication syndicaliste révolutionnaire dirigée par Oliviero Olivetti et dans Il Pensierio romagnolo du républicain Gaudenzi. C’est dans cette revue que parut en novembre et décembre 1908 en trois livraisons La Philosophie de la force, l’essai d’interprétation de la pensée de Nietzsche.

En janvier 1909, la réputation acquise par Mussolini sur le terrain de l’action sociale et politique et du journalisme, ainsi que les liens d’amitié entretenus avec Serrati et Angelica Balabanoff concourent à décider les dirigeants de la chambre du travail de Trente à lui offrir le poste de secrétaire de cette organisation et la direction de l’hebdomadaire du parti socialiste tridentinL'avvenire del lavoratore (L'avenir du travailleur). Sous sa direction, le tirage de L’avvenire del lavoratore augmente de 50% en 6 mois. Il entretient d’excellentes relations avec le socialiste irrédentiste Cesare Battisti qui lui confie également la direction de son journal Il Popolo (Le peuple). Entre février et septembre 1909, il signe cent articles, notes, recensions et essais historico-littéraires. Le 7 mars, il tient une joute journalistique avec Alcide De Gasperi d'orientation catholique, directeur du périodique Il Trentino. Mussolini réédite ce qu’il avait fait en Suisse à savoir dynamiser une organisation socialiste somnolente et apathique tout en ne rentrant pas en conflit avec la direction du parti. Le 10 septembre, il est emprisonné à Rovereto pour diffusion de journaux instigateurs de violences envers l'Empire d'Autriche et le 29 il est expulsé et retourne à Forlì. Les huit mois passés dans le Trentin confortent Mussolini dans ses convictions syndicalistes révolutionnaires nourries dans la riche bibliothèque nationale de la ville où il passe une bonne partie de son temps : son goût et le culte de l’action, une philosophie pragmatiste, la nécessité de la volonté pour changer le monde et façonner sur le modèle nietzschéen un homme nouveau.

Il revient à Predappio fin 1909, où il dirige la grève des journaliers agricoles. En novembre, il s'installe à Forlì où il vit avec son père qui crée avec sa compagne Anna Lombardi (veuve de Guidi, mère de la future épouse du duce) la taverne Il bersagliere. Au cours de cette période, Mussolini écrit dans Pagine libere (Pages libres), revue du syndicalisme révolutionnaire éditée à Lugano et dirigée par Angelo Oliviero Olivetti, l'article La filosofia della forza (La philosophie de la force) où il fait référence à la pensée de Nietzsche.

Animateur de l'aile maximaliste du PSI (1910-1912)

À partir de janvier 1910, il est secrétaire de Forlì et il dirige le périodique officiel L'idea socialista (L'idée socialiste) rebaptisé par Mussolini Lotta di classe (Lutte des classe). Il y développe ses idées, tournant le dos au projet réformiste, rejetant l’idée d’une évolution gradualiste et pacifique qui serait le produit d’un déterminisme économique et lui oppose sa vision volontariste et brutale de changement social. En un an de présence au secrétariat de cette fédération socialiste, il fera croître le tirage de La Lotta di classe ainsi que le nombre de militants (passé de 1400 à 1800, répartis entre 40 sections, 12 groupes de jeunes et une section féminine) et la fédération de Forlì devient une puissance dans le parti socialiste.

Il veut la constitution d’une formation de combat composée de noyaux de militants résolus auquel il incombera le moment venu de partir à l’assaut du pouvoir : c'est le modèle esquissé par Blanqui et auquel Lénine donnera vie en créant le parti bolchévique ; il s’agit de sélectionner non une quantité croissante de militants mais de sélectionner des militants de qualité capable de s’emparer des postes de commande de l’état et de faire fonctionner celui-ci en attendant qu’une nouvelle société se développe sur les ruines de l’ancienne. Mussolini dénonce les pratiques sociales qui concourent à l’abrutissement des masses, « Le peuple se ramollit avec les bistrots, le bal, le bordel, et le sport. » Il emprunte à Vilfredo Pareto l'idée d'une distinction à effectuer entre masses et élite ainsi que sa vision cyclique de l’histoire qui serait un cimetière d’élite : la lutte des classes ne modifie pas la dichotomie mais le but du socialisme doit être de donner au prolétariat une élite révolutionnaire qui parlera en son nom. Selon Mussolini, les masses ne sont pas animées par la seule raison mais par la force explosive du sentiment, par des mythes puissants comme celui de révolution, seuls capables de mobiliser les hommes en vue de l'édification d'un monde nouveau.

Du 21 au 25 octobre 1910, lors du congrès de Milan, Mussolini paraît en tant que chef de file incontesté de ce courant maximaliste. Dans ses discours, il prend parti contre le recours au suffrage universel pour mener à bien les réformes sociales qui seraient le moyen de faire avancer le socialisme et prône le recours à la révolution, exalte la violence et la brutalité révolutionnaire des anarchistes ; son charisme se fait remarquer et on le voit entouré d’un groupe de gardes du corps. Il prône la scission pour faire avancer la cause des intransigeants mais Costantino Lazzari finit par le convaincre, lui et ses amis, de préserver l’unité du mouvement socialiste.

Contestant toute participation des socialistes au gouvernement royal italien, Mussolini et son courant sont tentés par la scission : le 11 avril 1911, la section socialiste de Forlì emmenée par Mussolini vote l'autonomie du PSI. Cependant, au printemps 1911, les dirigeants du parti lui font savoir qu’ils souhaitent l’unité et ne pas se séparer des socialistes romagnols.

En mai 1911, il fait publier son essai Il Trentino veduto da un socialista (Le Trentin vu par un socialiste) dans le journal Quaderni della Voce. Jusqu’à l’automne 1911, la vie personnelle de Mussolini évolue peu, sa situation demeure très précaire ; il refuse l’augmentation que lui proposent quelques-uns de ses camarades et préfère glaner quelques piges ou accepter de traduire l'ouvrage sur la révolution française de Kropotkine. Il publie également son roman Claudia Particella, l'amante del cardinale Madruzzo, en 1910, dans le journal de Trente de Cesare Battisti Il popolo, avec qui il avait collaboré en 1910. L'œuvre contient une satire anti-cléricale. Le 17 janvier, il commence à vivre avec Rachele Guidi, sa future épouse.

Il axe alors ses discours et ses actes sur la dénonciation du militarisme et de la colonialisation. Il est ainsi arrêté le 14 octobre 1911, jugé et condamné (23 novembre) à un an de réclusion pour avoir participé le 25 septembre, avec son ami républicain Pietro Nenni, à une manifestation contre la guerre de Libye qui se termine par de violents affrontements avec la police. Le préfet de Forlì fit arrêter Nenni et Mussolini. La presse de gauche prit fait et cause pour Mussolini qui bénéficia d’un immense élan de solidarité : une souscription destinée à payer les frais de justice des deux emprisonnés et à assister leur famille fut organsiée avec un certain succès ; de même, on fit appel aux meilleurs avocats que les deux partis comptaient dans la région. Mussolini assuma sa propre défense et le 19 février 1912, la cour d'appel de Bologne réduisit la peine à cinq mois et demi, laps de temps qu'il mit à profit pour rédiger son autobiographie. Mussolini voit alors dans cette guerre de Lybie un crime contre l'humanité. Mussolini définit l'aventure coloniale africaine du gouvernement de Giovanni Giolitti d'« acte de brigandage international ». C'est alors, à sa sortie de prison, que Mussolini fut qualifié pour la première fois de Duce, un terme en usage dans la gauche italienne.

Directeur de l'Avanti! (1912-1914)

Le 8 juillet 1912, au congrès socialiste de Reggio d'Émilie, il présente une motion d'expulsion contre les réformistes, qui sont favorables à une solution par étapes, Leonida Bissolati, Ivanoe Bonomi, Angiolo Cabrini et Guido Podrecca, qui est acceptée, les quatre exclus donnent vie au Parti socialiste réformiste et Mussolini entre donc dans la direction nationale du parti. Il collabore à Folla (La foule), journal de Paolo Valera signant sous le pseudonyme de « L'homme qui cherche ».

Grâce au succès de sa motion, au dynamisme de sa fédération, à sa déjà importante expérience journalistique et militante, à sa qualité d'orateur, à ses relations dans le parti, Mussolini monte au sommet de la scène politique nationale : en novembre 1912, il devient le membre principal de l'aile maximaliste du socialisme italien et est nommé par direction du Parti socialiste italien directeur de L'Avanti!, quotidien officiel du parti. En novembre 1913, il crée la revue Utopia. Il y développe sa vision du socialisme ; du marxisme, il reprend dans ses articles les thèmes du déterminisme économique, de la lutte des classes, de la paupérisation croissante et de la crise catastrophe devant aboutir à la fin du capitalisme ; il privilégie l’action du parti et rejette le primat du syndicalisme qui ne doivent pas être autonomes ; il se montre toujours blanquiste quant au processus de conquête et d’organisation de la société au cours de la phase de dictature qui suivra la victoire des forces prolétariennes. Avant d’accepter la charge de directeur du principal organe de presse socialiste, Mussolini pose comme condition que Balanaboff lui fût associée avec le titre de rédactrice en chef du journal. Il fait entrer dans le journal des syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes comme Enrico Leone, Agostino Lanzillo, Sergio Panunzio, Arturo Labriola. Sous la houlette de son nouveau directeur, le journal passa en un plus d’un an de 20 000 à 100 000 exemplaires ; son talent d’éditorialiste, style incisif, son aptitude à coller à l’événement favorise la montée en puissance du parti qui passe dans la même période de 30 000 à 50 000 adhérents et de 41 à 52 députés après les élections de 1913.

Au congrès socialiste d'Ancône de 1914, il présente une motion, qui est acceptée, qui déclare incompatible la maçonnerie, définie comme bourgeoise et interclassiste, et le socialisme. Battu à la députation dans la circonscription de Forlì lors des élections générales d'octobre 1913, quelques mois plus tard, conseiller municipal à Milan et au cours de la Semaine Rouge, il reste rivé à sa fonction de rédacteur (il participe à une manifestation) contrairement à Nenni et Malatesta.

Ralliement à l'interventionnisme et rupture avec le PSI

Au début de la Première Guerre mondiale, il s'aligne sur les positions de l'Internationale socialiste, se déclarant ouvertement opposé à l'intervention de l'Italie qui, d'après lui, ne servirait que l'intérêt de la bourgeoisie. Cependant, se développe en 1914 un interventionnisme de gauche allant des républicains et des socialistes réformistes aux syndicalistes révolutionnaires : le 7 octobre 1914, des représentants du syndicalisme révolutionnaire comme Libero Tancredi (pseudonyme de Massimo Rocca), Filippo Corridoni et Cesare Rossi signent l’appel du Faisceau révolutionnaire d’action interventionniste ; ce manifeste vise à constituer un mouvement informel rassembler les éléments de la gauche radicale favorable à l'entrée en guerre de l'Italie contre les Empires centraux. Le mot faisceau appartient au vocabulaire politique de la gauche italienne qui trouve son origine dans les faisceaux de travailleurs siciliens. Les signataires du manifeste souhaitent l'entrée en guerre par hostilité aux Empires centraux réactionnaires et cléricaux et volonté, notamment chez les syndicalistes et socialistes révolutionnaires, de préparer techniquement le prolétariat au combat et de forger ainsi en son sein une élite révolutionnaire et combattante. Benito Mussolini ne signe pas le manifeste mais ces idées rejoignent sa théorie de la nécessité du combat révolutionnaire et d'une élite socialiste combattante ; sa parution l'incite à faire connaître sa propre opposition à la neutralité car cette initiative était de nature à faire pièce à son influence au sein de l'ultragauche interventionniste. Ce ralliement provoqua l'enthousiasme des journaux de la gauche antineutraliste comme L'Internazionale, Pagine Libere (syndicaliste révolutionnaire), La Voce, L'Iniziativa (républicaine), La Folla (anarchiste), Azione socialista (socialiste) et fut bien reçu des socialistes français et belges qui le soutinrent financièrement pendant la guerre.

Cependant, à la suite de cette prise de position contraire à la ligne du parti, il est forcé à la démission, le 20 octobre 1914, de L'Avanti!, puis exclu du PSI le 29 novembre 1914, à la suite de la publication, le 18 octobre, de l'article Dalla neutralità assoluta alla neutralità attiva ed operante (De la neutralité absolue à la neutralité active et agissante), qui qualifie la neutralité de réactionnaire et signe son ralliement à la campagne interventionniste entamée le 5 octobre par le manifeste des Faisceaux d'action internationaliste. Mussolini préconise désormais une politique militariste ainsi que l'entrée en guerre de l'Italie en 1915 aux côtés de l'Entente.

Fondation du Popolo d'Italia

Mussolini voulut fonder son propre quotidien dont il voulait faire l'organe de l'interventionnisme de gauche et entra en pourparler avec deux dirigeants syndicalistes révolutionnaires A.O. Olivetti et O. Dinale mais il préféra finalement fonder son propre journal, Il Popolo d'Italia, dont le premier numéro sortit le 15 novembre 1914.

Dès son premier numéro et jusqu'en 1918, le journal comme son fondateur continua de se réclamer du socialisme révolutionnaire ; le journal portait sous le titre Il Popolo d'Italia la mention journal socialiste des ouvriers. Le journal a placé en exergue de son journal deux citations révolutionnaires : à gauche, une phrase d'Auguste Blanqui : « Qui a du fer a du pain » ; à droite, une citation de Napoléon Bonaparte : « La révolution est une idée qui a trouvé des baïonnettes ». Dans l'imaginaire politique de la gauche italienne, les références à la France révolutionnaire et à la Commune de Paris étaient très présentes et ces deux épisodes de l’histoire ont en commun de faire se rejoindre l’idée de guerre et celle de révolution. Parmi les collaborateurs réguliers ou épisodiques du journal, on retrouve des personnalités de toutes les tendances de la gauche démocratique ou radicale de Maria Rygier à Pietro Nenni, de Cesare Rossi à Sergio Panunzio, d'Agostino Lanzillo à Margherita Sarfatti. Mussolini a de fait joué un rôle dans l’entrée en guerre de son pays en tant que directeur et éditorialiste du principal organe de l’interventionnisme de gauche. Les nationalistes de droite de type corradiniens avec lesquels Mussolini polémiquaient ne participèrent pas au journal. Lénine avait vu dans la guerre un puissant levier révolutionnaire qui entraînerait l’effondrement des société capitalistes et une révolte des peuples à l’échelle internationale ; pour Mussolini, il n'y a rien à attendre de l’Internationale dont l'échec à concrétiser la solidarité des travailleurs prouve que pour faire triompher la révolution, passe par la solution des problèmes nationaux.

Son nouveau journal est financé par certains belligérants et par les socialistes français et belges, notamment par des échanges avec Marcel Cachin et Jules Guesde ; ces financements étrangers ne servirent pas au financement initial du journal. Il est également financé par des industriels italiens soucieux de diviser la gauche ou de pousser à la guerre et indirectement le gouvernement italien - ce qui marque un changement radical dans son refus de la coopération avec la bourgeoisie ou l'Etat.

En décembre 1911, il prend part à Milan à la création des Fasci d'azione rivoluzionaria, participant à leur premier congrès les 24 et 25 janvier 1915.

 

Source: Article "Benito Mussolini" sur l'encyclopédie Wikipédia