15/02/2015
Hadjadj: Les tueurs de Charlie Hebdo, parfaitement intégrés au néant de nos valeurs
Par Fabrice Hadjadj | TRIBUNE FIGAROVOX | 10 février 2015
L'écrivain et philosophe estime que l'islamisme profite de la faiblesse d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne.
Fabrice Hadjadj est écrivain et philosophe, directeur de l'Institut européen d'études anthropologiques Philanthropos. Son dernier essai, «Puisque tout est en voie de destruction», a été publié chez Le Passeur Éditeur (avril 2014).
Ce texte est celui d'une intervention donnée par le philosophe en Italie à la Fondation de Gasperi devant les ministres italiens de l'Intérieur et des Affaires étrangères, le président de la communauté juive de Rome, le vice-président des communautés religieuses islamiques de la ville.
Chers Djihadistes - c'est le titre d'une lettre ouverte publiée par Philippe Muray - un de nos plus grands polémistes français - peu après les attentats du 11 septembre 2001. Cette lettre s'achève par une série d'avertissements aux terroristes islamiques, mais ceux qu'elle vise en vérité, par ricochet et par ironie, ce sont les Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché. Je vous cite un passage dont vous allez tout de suite capter l'heureuse et cinglante raillerie: «[Chers Djihadistes], craignez la colère du consommateur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis? Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. […] Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n'ont plus de sens et pour la vie qui va avec.» Et l'on peut ajouter aujourd'hui: nous nous battrons spécialement pour Charlie Hebdo, journal hier moribond, et qui n'avait aucun esprit critique - puisque critiquer, c'est discerner, et que Charlie mettait dans le même sac les djihadistes, les rabbins, les flics, les catholiques, les Français moyens - mais nous en ferons justement l'emblème de la confusion et du néant qui nous animent!
Cette lettre s'achève par une série d'avertissements aux terroristes islamiques, mais ceux qu'elle vise en vérité, par ricochet et par ironie, ce sont les Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché.
Voilà à peu près l'état de l'État français. Au lieu de se laisser interpeler par les événements, il en remet une couche, il en profite pour se payer sa bonne conscience, remonter dans les sondages, se ranger du côté des victimes innocentes, de la liberté bafouée, de la moralité outragée, pourvu qu'on ne reconnaisse pas le vide humain d'une politique menée depuis plusieurs décennies, ni l'erreur d'un certain modèle européocentrique selon lequel le monde évoluerait fatalement vers la sécularisation, alors qu'on assiste presque partout ailleurs, et au moins depuis 1979, à un retour du religieux dans la sphère politique. Mais voilà: cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l'Europe.
Cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l'Europe.
La première chose qu'il faut constater, c'est que les terroristes des récents attentats de Paris sont des Français, qu'ils ont grandi en France et ne sont pas des accidents ni des monstres, mais des produits de l'intégration à la française, de vrais rejetons de la République actuelle, avec toute la révolte que cette descendance peut induire.
En 2009, Amedy Coulibaly, l'auteur des attentats de Montrouge et du supermarché casher de Saint-Mandé, était reçu au palais de l'Élysée par Nicolas Sarkozy avec neuf autres jeunes choisis par leurs employeurs pour témoigner des bienfaits de la formation par alternance: il travaillait alors en contrat de professionnalisation à l'usine Coca-Cola de sa ville natale de Grigny —Les frères Kouachi, orphelins issus de l'immigration, furent recueillis entre 1994 et 2000 dans un Centre d'éducation en Corrèze appartenant à la fondation Claude-Pompidou. Au lendemain de la fusillade au siège de Charlie Hebdo, le chef de ce Centre éducatif marquait sa stupéfaction: «On est tous choqués par l'affaire et parce qu'on connait ces jeunes. On a du mal à s'imaginer que ces gamins qui ont été parfaitement intégrés (ils jouaient au foot dans les clubs locaux) puissent comme ça délibérément tuer. On a du mal à y croire. Durant leur parcours chez nous, ils n'ont jamais posé de problème de comportement. Saïd Kouachi […] était tout à fait prêt à rentrer dans la vie socio-professionnelle.» Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux du maire de Lunel -petite ville du Sud de la France- qui s'étonnait que dix jeunes de sa commune soient partis faire le djihad en Syrie, alors qu'il venait de refaire un magnifique skate park au milieu de leur quartier…
Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie?
Quelle ingratitude! Comment ces jeunes n'ont-ils pas eu l'impression d'avoir accompli leurs aspirations les plus profondes en travaillant pour Coca-Cola, en faisant du skate board, en jouant dans le club de foot local? Comment leur désir d'héroïcité, de contemplation et de liberté ne s'est-il pas senti comblé par l'offre si généreuse de choisir entre deux plats surgelés, de regarder une série américaine ou de s'abstenir aux élections? Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie? Car c'était précisément le débat qui intéressait le gouvernement français juste avant les attentats: la République était toute tendue vers cette grande conquête humaine, la dernière sans doute, à savoir le droit d'être assisté dans son suicide ou achevé par des bourreaux dont la délicatesse est attestée par leur diplôme en médecine…
Comprenez-moi: les Kouachi, Coulibaly, étaient «parfaitement intégrés», mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c'est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n'était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide, avec sa logistique de déracinement mondial, de perte de la transmission familiale, d'amélioration technique des corps pour en faire de super-instruments connectés à un dispositif sans âme…
Les Kouachi, Coulibaly, étaient «parfaitement intégrés», mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c'est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n'était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide.
Un jeune ne cherche pas seulement des raisons de vivre, mais aussi, surtout - parce que nous ne pouvons pas vivre toujours - des raisons de donner sa vie. Or y a-t-il encore en Europe des raisons de donner sa vie? La liberté d'expression? Soit! Mais qu'avons-nous donc à exprimer de si important? Quelle Bonne nouvelle avons-nous à annoncer au monde?
Cette question de savoir si l'Europe est encore capable de porter une transcendance qui donne un sens à nos actions - cette question, dis-je, parce qu'elle est la plus spirituelle de toutes, est aussi la plus charnelle. Il ne s'agit pas que de donner sa vie; il s'agit aussi de donner la vie. Curieusement, ou providentiellement, dans son audience du 7 janvier, le jour même des premiers attentats, le pape François citait une homélie d'Oscar Romero montrant le lien entre le martyre et la maternité, entre le fait d'être prêt à donner sa vie et le fait d'être prêt à donner la vie. C'est une évidence incontournable: notre faiblesse spirituelle se répercute sur la démographie; qu'on le veuille ou non, la fécondité biologique est toujours un signe d'espoir vécu (même si cet espoir est désordonné, comme dans le natalisme nationaliste ou impérialiste).
Cette question de savoir si l'Europe est encore capable de porter une transcendance qui donne un sens à nos actions est aussi la plus charnelle.
Si l'on adopte un point de vue complètement darwinien, il faut admettre que le darwinisme n'est pas un avantage sélectif. Croire que l'homme est le résultat mortel d'un bricolage hasardeux de l'évolution ne vous encourage guère à avoir des enfants. Plutôt un chat ou un caniche. Ou peut-être un ou deux petits sapiens sapiens, par inertie, par convention, mais au final moins comme des enfants que comme des joujoux pour exercer votre despotisme et vous distraire de votre angoisse (avant de l'aggraver radicalement). La réussite théorique du darwinisme ne peut donc aboutir qu'à la réussite pratique des fondamentalistes qui nient cette théorie, mais qui, eux, font beaucoup de petits. Une amie islamologue, Annie Laurent, eut pour moi sur ce sujet une parole très éclairante: «L'enfantement est le djihad des femmes.»
Ce qui détermina jadis le Général de Gaulle à octroyer son indépendance à l'Algérie fut précisément la question démographique. Garder l'Algérie française en toute justice, c'était accorder la citoyenneté à tous, mais la démocratie française étant soumise à la loi de la majorité, et donc à la démographie, elle finirait par se soumettre à la loi coranique. De Gaulle confiait le 5 mars 1959 à Alain Peyrefitte: «Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées!»
La réussite théorique du darwinisme ne peut donc aboutir qu'à la réussite pratique des fondamentalistes qui nient cette théorie, mais qui, eux, font beaucoup de petits.
Il y a certes une libération de la femme dont nous pouvons être fiers, mais lorsque cette libération aboutit au militantisme contraceptif et abortif, la maternité et la paternité étant désormais conçus comme des charges insupportables pour des individus qui ont oublié qu'ils sont d'abord des fils et des filles, cette libération ne peut que laisser la place, après quelques générations, à la domination en nombre des femmes en burqa, car les femmes en mini-jupes se reproduisent beaucoup moins.
Nous avons beau jeu de protester: «Oh! la burqa! quelles mœurs barbares!» Ces mœurs barbares permettent, par une immigration compensant la dénatalité européenne, de faire tourner notre civilisation du futur -enfin, d'un futur sans postérité…
Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique: en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu'à ralentir l'islamisation douce de l'Europe, celle que présente Michel Houellebecq dans son dernier roman (paru aussi le 7 janvier), et qui s'opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle. À moins que notre insistance à «ne pas faire d'amalgame», à dire que l'islam n'a rien à voir avec l'islamisme (alors qu'aussi bien le président égyptien Al-Sissi que les frères musulmans nous disent le contraire), et à nous culpabiliser de notre passé colonial -à moins que toute cette confusion nous livre avec encore plus d'obséquiosité vaine au processus en cours.
Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique: en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu'à ralentir l'islamisation douce de l'Europe qui s'opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle.
Il est en tout cas une vanité que nous devons cesser d'avoir -c'est de croire que les mouvements islamistes sont des mouvements pré-Lumières, barbares comme je le disais plus haut, et qui se modéreront sitôt qu'ils découvriront les splendeurs du consumérisme. En vérité, ce sont des mouvements post-Lumières. Ils savent que les utopies humanistes, qui s'étaient substituées à la foi religieuse, se sont effondrées. En sorte qu'on peut se demander avec raison si l'islam ne serait pas le terme dialectique d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne: comme cette Europe ne peut pas vivre trop longtemps sans Dieu ni mères, mais comme, en enfant gâtée, elle ne saurait revenir à sa mère l'Église, elle consent finalement à s'adonner à un monothéisme facile, où le rapport à la richesse est dédramatisé, où la morale sexuelle est plus lâche, où la postmodernité hi-tech bâtit des cités radieuses comme celles du Qatar. Dieu + le capitalisme, les houris de harem + les souris d'ordinateur, pourquoi ne serait-ce pas le dernier compromis, la véritable fin de l'histoire?
On peut se demander avec raison si l'islam ne serait pas le terme dialectique d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne.
Une chose me paraît certaine: ce qu'il y a de bon dans le siècle des Lumières ne saurait plus subsister désormais sans la Lumière des siècles. Mais reconnaîtrons-nous que cette Lumière est celle du Verbe fait chair, du Dieu fait homme, c'est-à-dire d'une divinité qui n'écrase pas l'humain, mais l'assume dans sa liberté et dans sa faiblesse? Telle est la question que je vous pose en dernier lieu: Vous êtes romains, mais avez-vous des raisons fortes pour que Saint-Pierre ne connaisse pas le même sort que Sainte-Sophie? Vous êtes italiens, mais êtes-vous capable de vous battre pour la Divine Comédie, ou bien en aurez-vous honte, parce qu'au chant XXVIII de son Enfer, Dante ose mettre Mahomet dans la neuvième bolge du huitième cercle? Enfin, nous sommes européens, mais sommes-nous fiers de notre drapeau avec ses douze étoiles? Est-ce que nous nous souvenons même du sens de ces douze étoiles, qui renvoient à l'Apocalypse de saint Jean et à la foi de Schuman et De Gasperi? Le temps du confort est fini. Il nous faut répondre, ou nous sommes morts: pour quelle Europe sommes-nous prêts à donner la vie?
14:40 Publié dans Culture et société, Éthique | Tags : fabrice hadjadj, islamisme, valeurs, djihad, islam, libéralisme, consumérisme, europe, sacrifice | Lien permanent | Commentaires (0)
13/02/2015
Lettre ouverte d'un Archevêque sur la crise de l'Église
L'auteur de cette lettre ouverte publiée en anglais sur Rorate Caeli est Mgr Jan Pawel Lenga, né en Ukraine, évêque émérite de Karaganda au Kazakhstan, qui a reçu le titre personnel d'Archevêque le 17 mai 2003.
Réflexions sur quelques problèmes actuels de la crise de l’Église catholique
J'ai eu l'expérience de vivre avec des prêtres qui étaient dans les prisons et les camps staliniens et qui sont néanmoins restés fidèles à l’Église. Pendant le temps de la persécution ils ont rempli avec amour leur devoir sacerdotal prêchant la doctrine catholique, menant une vie digne dans l'imitation du Christ, leur Maître du Ciel.
J'ai achevé mes études de prêtre dans un Séminaire clandestin en Union Soviétique. J'ai été ordonné prêtre dans le secret, pendant la nuit, par un pieux évêque qui avait lui-même souffert pour amour de la foi. Dans la première année de mon sacerdoce j'ai eu l'expérience d'être expulsé du Tadjikistan par le KGB.
Par la suite, pendant mes trente années de séjour au Kazakhstan, j'ai servi dix ans comme prêtre, ayant la charge des fidèles dans 81 localités. J'ai ensuite servi 20 ans comme évêque, dans un premier temps comme évêque de cinq États d'Asie Centrale, couvrant une aire totale d'environ quatre millions de kilomètres carrés (ndt : sur les 22 millions de l’URSS d’alors).
Pendant mon ministère d'évêque j'ai été en contact avec le Pape Saint Jean-Paul II, ainsi qu'avec de nombreux évêques, prêtres et fidèles en différents pays et en différentes circonstances. J'ai fait partie de quelques assemblées du Synode de Évêques au Vatican qui traitaient de sujets comme "Asie" et "Eucharistie".
Cette expérience, ainsi que d'autres, me donnent la compétence pour pouvoir exprimer mon opinion sur l'actuelle crise de l’Église Catholique. Ce sont mes convictions et elles sont dictées par mon amour de l’Église et par le désir d'un authentique renouveau dans le Christ. Je suis obligé de recourir à ce moyen public d'expression car je crains que toute autre méthode serait accueillie par un mur de silence et d'indifférence.
Je suis conscient des possibles réactions à cette lettre ouverte. Mais, en même temps, la voix de ma conscience ne me permet pas de rester en silence, alors que l'œuvre de Dieu est vilipendée. Jésus Christ a fondé l’Église Catholique et nous a montré en paroles et en action comment on doit accomplir la volonté de Dieu. Les apôtres à qui Il a conféré autorité dans l’Église, ont rempli avec zèle le devoir qu’Il leur a confié, souffrant pour l'amour de la vérité qu'il fallait prêcher, car ils "obéissaient à Dieu plutôt qu'aux hommes".
De nos jours, il est malheureusement de plus en plus en plus évident que le Vatican, à travers la Secrétairerie d’État, a pris le chemin du politiquement correct. Quelques Nonces sont devenus les propagateurs du libéralisme et du modernisme. Ils sont devenus experts dans le principe du "sub secreto Pontificio", par lequel on manipule et réduit au silence les voix des évêques. Ce que le Nonce affirme leur apparaît comme relevant presque certainement du désir du Pape. Avec de telles méthodes on sépare les évêques l'un de l'autre avec le résultat que les évêques d'un pays ne peuvent plus parler unanimement dans l'esprit du Christ et de Son Église, dans la défense de la foi et de la morale. Cela signifie qu’afin de ne pas tomber en disgrâce aux yeux du Nonce, certains évêques acceptent ses recommandations, qui sont parfois basées sur rien d'autre que ses propres paroles.
Au lieu de propager avec ardeur la foi, de prêcher avec courage la doctrine du Christ, et de se tenir fermes dans la défense de la vérité et de la morale, les rencontres des Conférences des Évêques traitent souvent de sujets étrangers à la nature des devoirs des successeurs des apôtres.
On peut observer à tous les niveaux de l’Église une baisse évidente du sens du "sacrum". L' "esprit du monde" nourrit les pasteurs. Les pécheurs donnent à l’Église les instructions sur la façon dont elle doit les servir. Dans l'embarras, les Pasteurs restent silencieux sur les problèmes courants et abandonnent les brebis tandis qu'ils se nourrissent eux-mêmes. Le monde est tenté par le diable et s'oppose à la doctrine du Christ. Et néanmoins les Pasteurs sont obligés d'enseigner toute la vérité sur Dieu et les hommes "à temps et à contretemps". [2me lettre à Timothée, 4:2]
Pendant le règne des derniers Papes, on a pu toutefois observer au sein de l’Église le plus grand désordre au sujet de la pureté de la doctrine et du caractère sacré de la liturgie, dans laquelle n'est pas accordé à Jésus Christ l'honneur visible qui lui est dû.
Dans plus d'une Conférence épiscopale, les meilleurs évêques sont considérés "persona non grata". Où sont les apologistes de nos jours, qui annonceraient aux hommes de manière claire et compréhensible la menace du risque de la perte de la foi et du salut?
De nos jours la voix de la majorité des évêques ressemble plutôt aux silence des agneaux face à des loups furieux, le fidèle est abandonné comme un troupeau sans défense. Le Christ a été reconnu par les hommes comme quelqu'un qui parlait et agissait, comme quelqu'un qui avait pouvoir et ce pouvoir il l'a donné à Ses apôtres. Dans le monde d'aujourd'hui les évêques doivent se libérer de tous liens mondains et, après avoir fait pénitence, se convertir au Christ afin que, renforcés par le Saint Esprit ils puissent annoncer le Christ comme le seul et unique Sauveur. On doit finalement rendre compte à Dieu de tout ce qui a été fait et de tout ce qui n'a pas été fait.
J'estime que la faible voix de nombreux évêques est une conséquence du fait que dans le processus de nomination des nouveaux évêques les candidats sont insuffisamment examinés au sujet de leur fermeté et courage dans la défense de la foi, au sujet de leur fidélité aux traditions séculaires de l'Eglise et de leur dévotion personnelle. En matière de nomination des nouveaux évêques et même des cardinaux il devient de plus en plus évident que la préférence est parfois donnée à ceux qui partagent une certaine idéologie ou à certains groupes étrangers à l'Eglise qui ont commissionné la désignation d'un candidat particulier. Par ailleurs il semble qu'on donne parfois considération aussi à la faveur des médias qui en général raillent les candidats saints en en donnant une image négative, tandis que les candidats qui possèdent en moindre degré l'esprit du Christ sont loués comme ouverts et modernes. Par ailleurs les candidats qui excellent en zèle apostolique, ont le courage de proclamer la doctrine du Christ et montrent amour pour tout ce qui est saint et sacré, sont délibérément éliminés.
Un Nonce m'a dit une fois: "Il est dommage que le Pape [Jean-Paul II] ne prenne pas part personnellement à la désignation des évêques. Le Pape a essayé de changer quelque chose dans la Curie Romaine, sans toutefois y réussir. Il devient âgé et les choses reviennent à l'habituelle méthode précédente".
Au début du pontificat du Pape Benoît XVI, je lui avais écrit une lettre l'implorant de nommer des évêques saints. Je lui avais rapporté l'histoire d'un laïc allemand qui face à la dégradation de l’Église dans son pays après le Concile Vatican II, était resté fidèle au Christ et rassemblait des jeunes pour l'adoration et la prière. Cet homme était proche de la mort et quand il apprit de l'élection du nouveau Pape il dit: "Quand le Pape Benoît aura utilisés son pontificat nommant des évêques dignes, bons et fidèles, il aura rempli sa mission".
Il est malheureusement évident que le Pape Benoît n'a souvent pas réussi dans cette matière.
Il est difficile de croire que le Pape Benoît ait renoncé librement à son ministère de successeur de Pierre. Le Pape Benoît était le chef de l’Église, son entourage toutefois a été loin de traduire en acte ses enseignements, les a souvent contournés dans le silence ou a même fait obstruction à ses initiatives pour une authentique réforme de l’Église, de la liturgie, de la manière d'administrer la Sainte Communion. Compte tenu du grand secret au Vatican, il était concrètement impossible pour de nombreux évêques d'aider le Pape dans son service de chef et gouverneur de toute l’Église.
Il n'est pas superflu de rappeler à mes frères dans l'épiscopat une affirmation de la part d'une loge maçonnique italienne en l'an 1820: "Notre œuvre est une œuvre de 100 ans. Laissons de côté des vieux et adressons nous aux jeunes. Les séminaristes deviendront des prêtres avec nos idées libérales. Ne nous berçons pas dans de faux espoirs, nous n'allons pas faire du Pape un maçon. Des évêques libéraux, toutefois, qui travailleront dans l'entourage du Pape, le conseilleront dans la tâche de gouverner l’Église et l'introduiront à des pensées et idées avantageuses pour nous, que le Pape mettra en acte."
Cette intention des Maçons est mise en acte de plus en plus ouvertement, pas seulement grâce aux ennemis déclarés de l’Église, mais avec la connivence de faux témoins qui occupent quelques offices dans la haute hiérarchie de l’Église. Ce n'est pas sans raison que le Bienheureux Pape Peul VI avait déclaré: "L'esprit de Satan est entré par une fissure dans l’Église". Je pense que cette fissure est devenue de nos jours tout à fait large et que le diable utilise toutes ses forces pour subvertir l’Église du Christ. Pour éviter cela, il est nécessaire de revenir à la proclamation précise et claire de l’Évangile à tous les niveaux du ministère ecclésiastique, car l’Église a tout le pouvoir et la grâce que le Christ lui a donné: "Tout le pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez et de toutes les nations faites des disciples. Apprenez leur à observer tout ce que je vous ai commandé: et moi je serai avec vous toujours jusqu'à la fin du monde." (Mt 28, 18-20), "La vérité vous rendra libres" (Jean 8, 32) et "que votre parole soit oui si c'est oui; non, si c'est non: ce qui est en plus vient du Mauvais" (Mt 5, 37).
L’Église ne peut pas s'adapter à l'esprit du monde, mais doit transformer le monde dans l'esprit du Christ.
Il est évident qu'au Vatican il y a une tendance à céder de plus en plus au bruit des médias. Il n'est pas rare qu'au nom d'une tranquillité incompréhensible, les meilleurs des fils et servants soient sacrifiés pour apaiser les médias. Et pourtant les ennemis de l’Église ne laissent pas tomber leurs fidèles serviteurs même lorsque leurs actions sont évidemment mauvaises.
Si nous souhaitons rester fidèles au Christ en parole et en acte, Il trouvera Lui-même le moyen de transformer les cœurs et les âmes des hommes et le monde lui aussi sera changé au moment approprié.
En des temps de crise de l’Église Dieu a souvent utilisé pour son vrai renouveau les sacrifices, les larmes et les prières de ces fils et serviteurs de l’Église qui aux yeux du monde et de la hiérarchie ecclésiastique étaient considérés insignifiants ou étaient persécutés et marginalisés à cause de leur fidélité au Christ.
Je crois qu'en notre temps difficile, cette loi du Christ se réalise et que l’Église se renouvelle grâce au fidèle renouveau intérieur de chacun de nous.
1er Janvier 2015, Solennité de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu
+ Jan Pawel Langa
(Rorate Caeli/Traduction:benoit-et-moi)
07:30 Publié dans Personnalités, Religion, Sécularisation et rechristianisation | Tags : évêques, crise, libéralisme, synode sur la famille, vatican | Lien permanent | Commentaires (0)
13/12/2014
Lecture par parties du Syllabus de Pie IX à l'occasion du 150ème anniversaire de sa publication (IX et X)
A l'occasion de 150ème anniversaire de la publication du Syllabus des Erreurs et de l'encyclique Quanta Cura par le Pape Pie IX le 8 décembre 1864, Espérance Nouvelle vous propose une lecture par parties de ce document majeur du Magistère pontifical de Pie IX.
Lisez l'éloge de l'enseignement et du pontificat de Pie IX par Jean XXIII et Jean-Paul II ainsi que les parties I et II du Syllabus dans le premier article de la série:
> Lecture du Syllabus (I et II)
Le Syllabus des Erreurs, également appelé Résumé des Principales Erreurs de notre temps ou simplement Catalogue des Erreurs modernes, est une liste d'énoncés contraires à la foi catholique rassemblés en un seul document par Pie IX pour les condamner toutes ensemble fermement et solennellement en y indiquant les références du Magistère où sont condamnées ces affirmations.
Le texte des parties IX et X du Syllabus est reproduit ci-dessous.
ASS III (1867) 168. Traduction française dans Recueil, pp. 17-35.
Le chiffre entre parenthèses renvoie au document indiqué dans la liste ci-après.
LXXV. Les fils de l'Église chrétienne et catholique disputent entre eux sur la compatibilité du pouvoir temporel avec le pouvoir spirituel (9).
LXXVI. L'abrogation de la souveraineté civile dont le Saint-Siège est en possession servirait, même beaucoup, à la liberté et au bonheur de l'Église (4, 6).
N.B. - Outre ces erreurs explicitement notées, plusieurs autres erreurs sont implicitement condamnées par la doctrine qui a été exposée et soutenue sur le principat civil du Pontife Romain, que tous les catholiques doivent fermement professer. Cette doctrine est clairement enseignée dans l'Allocution Quibus quantisque, du 20 avril 1849 ; dans l'Allocution Si semper antea, du 20 mai 1850 ; dans la Lettre Apostolique, Cum catholica Ecclesia, du 26 mars 1860 ; dans l'Allocution Novos, du 28 septembre 1860 ; dans l'Allocution Jamdudum, du 18 mars 1861 ; dans l'Allocution Maxima quidem, du 9 juin 1862.
LXXVII. A notre époque, il n'est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l'unique religion de l'État, à l'exclusion de tous les autres cultes (16).
LXXVIII. Aussi c'est avec raison que, dans quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce que les étrangers qui s'y rendent y jouissent de l'exercice public de leurs cultes particuliers (12).
LXXIX. Il est faux que la liberté civile de tous les cultes, et que le plein pouvoir laissé à tous de manifester ouvertement et publiquement toutes leurs pensées et toutes leurs opinions, jettent plus facilement les peuples dans la corruption des mœurs et de l'esprit, et propagent la peste de l'Indifférentisme (18).
LXXX. Le Pontife Romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne (24).
> Liste des écrits du Pape Pie IX d'où sont tirées les propositions du Syllabus
> 150ème anniversaire du Syllabus du Pape Pie IX (1864 - 2014)
> Texte intégral de l'encyclique Quanta Cura
> Texte intégral du Syllabus des Erreurs
20:00 Publié dans Pape | Tags : magistère, pie ix, syllabus, principat civil du pontife romain, religion d'état, libéralisme, religion catholique, liberté de culte, indifférentisme, progrès, civilisation moderne, adaptation au monde, vivre avec son temps | Lien permanent | Commentaires (5)
08/12/2014
150ème anniversaire du Syllabus du Pape Pie IX
Il y a 150 ans, le 8 décembre 1864, le Pape Pie IX publiait l'encyclique Quanta Cura ainsi que son très célèbre Syllabus des Erreurs, aussi connu sous le nom de Résumé des Principales Erreurs de notre temps.
Dans l'homélie prononcée à l'occasion de sa béatification, le Pape Jean-Paul II dit à propos de Pie IX:
"En écoutant les paroles de l'acclamation à l’Évangile: ' Seigneur, guide-nous sur le droit chemin ' , notre pensée s'est tournée spontanément vers la vie humaine et religieuse du Pape Pie IX, Giovanni Maria Mastai Ferretti. Face aux événements tourmentés de son temps, il fut un exemple d'adhésion inconditionnée au dépôt immuable des vérités révélées. Fidèle en toute circonstance aux engagements de son ministère, il sut toujours accorder la primauté absolue à Dieu et aux valeurs spirituelles."
Et le Pape rappela également à cette occasion ce que Jean XXIII avait écrit dans son journal personnel à propos de Pie IX: "Je pense toujours à Pie IX de sainte et glorieuse mémoire, et l'imitant dans ses sacrifices je voudrais être digne d'en célébrer la canonisation." (Journal de l’Âme, Ed. San Paolo, 2000, p. 560)
> Homélie du Souverain Pontife Jean- Paul II du 3 septembre 2000
Le Syllabus des Erreurs est une liste d'affirmations fausses que le Pape Pie IX rassemble en un seul document pour les condamner fermement et solennellement comme étant contraires à la foi catholique. Il y signale également en note les références des documents du Magistère qui réfutent ou condamnent explicitement ces affirmations contraires à la foi. Le texte intégral est reproduit ci-dessous.
I. Il n'existe 1 aucun Être divin, suprême, parfait dans sa sagesse et sa providence, qui soit distinct de l'univers, et Dieu est identique à la nature des choses, et par conséquent assujetti aux changements ; Dieu, par cela même, se fait dans l'homme et dans le monde, et tous les êtres sont Dieu et ont la propre substance de Dieu. Dieu est ainsi une seule et même chose avec le monde, et par conséquent l'esprit avec la matière, la nécessité avec la liberté, le vrai avec le faux, le bien avec le mal, et le juste avec l'injuste (26) 2 .
II. On doit nier toute action de Dieu sur les hommes et sur le monde (26).
III. La raison humaine, considérée sans aucun rapport à Dieu, est l'unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal : elle est à elle-même sa loi, elle suffit par ses forces naturelles à procurer le bien des hommes et des peuples (26).
IV. Toutes les vérités de la religion découlent de la force native de la raison humaine ; d'où il suit que la raison est la règle souveraine d'après laquelle l'homme peut et doit acquérir la connaissance de toutes les vérités de toute espèce (1, 17, 26).
V. La révélation divine est imparfaite, et par conséquent sujette à un progrès continuel et indéfini correspondant au développement de la raison humaine (1, 26).
VI. La foi du Christ est en opposition avec la raison humaine, et la révélation divine non seulement ne sert de rien, mais encore elle nuit à la perfection de l'homme (1, 26).
VII. Les prophéties et les miracles racontés dans les saintes Écritures sont des fictions poétiques, et les mystères de la foi chrétienne sont le résumé d'investigations philosophiques ; dans les livres des deux Testaments sont contenues des inventions mythiques, et Jésus-Christ lui-même est un mythe (1, 26).
1. ASS III (1867) 168. Traduction française dans Recueil, pp. 17-35.
2. Le chiffre entre parenthèses renvoie au document indiqué dans la liste ci-après.
VIII. Comme la raison humaine est égale à la religion elle-même, les sciences théologiques doivent être traitées comme les sciences philosophiques (13).
IX. Tous les dogmes de la religion chrétienne sans distinction sont l'objet de la science naturelle ou philosophie ; et la raison humaine n'ayant qu'une culture historique, peut, d'après ses principes et ses forces naturelles, parvenir à une vraie connaissance de tous les dogmes, même les plus cachés, pourvu que ces dogmes aient été proposés à la raison comme objet (27, 30).
X. Comme autre chose est le philosophe et autre chose la philosophie, celui-là a le droit et le devoir de se soumettre à une autorité dont il s'est démontré à lui-même la réalité ; mais la philosophie ne peut ni ne doit se soumettre à aucune autorité (27, 30).
XI. L'Église non seulement ne doit, dans aucun cas, sévir contre la philosophie, mais elle doit tolérer les erreurs de la philosophie et lui abandonner le soin de se corriger elle-même (27).
XII. Les décrets du Siège apostolique et des Congrégations romaines empêchent le libre progrès de la science (30).
XIII. La méthode et les principes d'après lesquels les anciens docteurs scolastiques ont cultivé la théologie ne sont plus en rapport avec les nécessités de notre temps et les progrès des sciences (30).
XIV. On doit s'occuper de philosophie sans tenir aucun compte de la révélation surnaturelle (30).
N.B. - Au système du rationalisme se rapportent pour la majeure partie les erreurs d'Antoine Günther, qui sont condamnées dans la Lettre au Cardinal Archevêque de Cologne Eximiam tuam, du 15 juin 1857, et dans la Lettre à l'Évêque de Breslau Dolore haud mediocri, du 30 avril 1860.
XV. Il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après la lumière de la raison (8, 26).
XVI. Les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et obtenir ce salut éternel dans le culte de n'importe quelle religion (1, 3, 17).
XVII. Tout au moins doit-on avoir bonne confiance dans le salut éternel de tous ceux qui ne vivent pas dans le sein de la véritable Église du Christ (13, 28).
XVIII. Le protestantisme n'est pas autre chose qu'une forme diverse de la même vraie religion chrétienne, forme dans laquelle on peut être agréable à Dieu aussi bien que dans l'Église catholique (5).
Ces sortes de pestes sont à plusieurs reprises frappées de sentences formulées dans les termes les plus graves par l'Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846 ; par l'Allocution Quibus quantisque, du 20 avril 1849 ; par l'Encyclique Nostis et Nobiscum, du 8 décembre 1849 ; par l'Allocution Singulari quadam, du 9 décembre 1854 ; par l'Encyclique Quanto conficiamur mœrore, du 10 août 1863.
XIX. L'Église n'est pas une vraie et parfaite société pleinement libre ; elle ne jouit pas de ses droits propres et constants que lui a conférés par son divin Fondateur, mais il appartient au pouvoir civil de définir quels sont les droits de l'Église et les limites dans lesquelles elle peut les exercer (13, 22, 23, 26).
XX. La puissance ecclésiastique ne doit pas exercer son autorité sans la permission et l'assentiment du gouvernement civil (25).
XXI. L'Église n'a pas le pouvoir de définir dogmatiquement que la religion de l'Église catholique est uniquement la vraie religion (8).
XXII. L'obligation qui concerne les maîtres et les écrivains catholiques, se borne aux choses qui ont été définies par le jugement infaillible de l'Église, comme des dogmes de foi qui doivent être crus par tous (30).
XXIII. Les Souverains Pontifes et les Conciles œcuméniques ont dépassé les limites de leur pouvoir ; ils ont usurpé les droits des princes et ils ont même erré dans les définitions relatives à la foi et aux mœurs (8).
XXIV. L'Église n'a pas le droit d'employer la force ; elle n'a aucun pouvoir temporel direct ou indirect (9).
XXV. En dehors du pouvoir inhérent à l'épiscopat, il y a un pouvoir temporel qui lui a été concédé ou expressément ou tacitement par l'autorité civile, révocable par conséquent à volonté par cette même autorité civile (9).
XXVI. L'Église n'a pas le droit naturel et légitime d'acquérir et de posséder (18, 29).
XXVII. Les ministres sacrés de l'Église et le Pontife Romain doivent être exclus de toute gestion et possession des choses temporelles (26).
XXVIII. Il n'est pas permis aux Évêques de publier même les Lettres apostoliques sans la permission du gouvernement (18).
XXIX. Les faveurs accordées par le Pontife Romain doivent être regardées comme nulles, si elles n'ont pas été demandées par l'entremise du gouvernement (18).
XXX. L'immunité de l'Église et des personnes ecclésiastiques tire son origine du droit civil (8).
XXXI. Le for ecclésiastique pour les procès temporels des clercs, soit au civil, soit au criminel, doit absolument être aboli, même sans consulter le Siège Apostolique et sans tenir compte de ses réclamations ( 12, 18).
XXXII. L'immunité personnelle en vertu de laquelle les clercs sont exempts de la milice, peut être abrogée sans aucune violation de l'équité et du droit naturel. Le progrès civil demande cette abrogation, surtout dans une société constituée d'après une législation libérale (32).
XXXIII. Il n'appartient pas uniquement par droit propre et inné à la juridiction ecclésiastique de diriger l'enseignement des vérités théologiques (30).
XXXIV. La doctrine de ceux qui comparent le Pontife Romain à un prince libre et exerçant son pouvoir dans l'Église universelle, est une doctrine qui a prévalu au moyen âge (19).
XXXV. Rien n'empêche que par un décret d'un Concile général ou par le fait de tous les peuples le souverain pontificat soit transféré de l'Évêque romain et de la ville de Rome à un autre Évêque et à une autre ville (9).
XXXVI. La définition d'un Concile national n'admet pas d'autre discussion, et l'administration civile peut traiter toute affaire dans ces limites (9).
XXXVII. On peut instituer des Églises nationales soustraites à l'autorité du Pontife Romain et pleinement séparées de lui (23, 24).
XXXVIII. Trop d'actes arbitraires de la part des Pontifes Romains ont poussé à la division de l'Église en orientale et occidentale (9).
XXXIX. L'État, comme étant l'origine et la source de tous les droits, jouit d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite (26).
XL. La doctrine de l'Église catholique est opposée au bien et aux intérêts de la société humaine (1, 4).
XLI. La puissance civile, même quand elle est exercée par un prince infidèle, possède un pouvoir indirect négatif sur les choses sacrées. Elle a par conséquent non seulement le droit qu'on appelle d'exequatur, mais encore le droit qu'on nomme d'appel comme d'abus (9).
XLII. En cas de conflit légal entre les deux pouvoirs, le droit civil prévaut (9).
XLIII. La puissance laïque a le pouvoir de casser, de déclarer et rendre nulles les conventions solennelles (Concordats) conclues avec le Siège Apostolique, relativement à l'usage des droits qui appartiennent à l'immunité ecclésiastique, sans le consentement de ce Siège et malgré ses réclamations (7, 23).
XLIV. L'autorité civile peut s'immiscer dans les choses qui regardent la religion, les mœurs et le gouvernement spirituel. D'où il suit qu'elle peut juger des Instructions que les pasteurs de l'Église publient, d'après leurs charges, pour la règle des consciences ; elle peut même décider sur l'administration des sacrements et les dispositions nécessaires pour les recevoir (7, 26).
XLV. Toute la direction des écoles publiques dans lesquelles la jeunesse d'un État chrétien est élevée, si l'on en excepte dans une certaine mesure les séminaires épiscopaux, peut et doit être attribuée à l'autorité civile, et cela de telle manière qu'il ne soit reconnu à aucune autre autorité le droit de s'immiscer dans la discipline des écoles, dans le régime des études, dans la collation des grades, dans le choix ou l'approbation des maîtres (7, 10).
XLVI. Bien plus, même dans les séminaires des clercs, la méthode à suivre dans les études est soumise à l'autorité civile (18).
XLVII. La bonne constitution de la société civile demande que les écoles populaires, qui sont ouvertes à tous les enfants de chaque classe du peuple, et en général que les institutions publiques destinées aux lettres, à une instruction supérieure et à une éducation plus élevée de la jeunesse, soient affranchies de toute autorité de l'Église, de toute influence modératrice et de toute ingérence de sa part, et qu'elles soient pleinement soumises à la volonté de l'autorité civile et politique, suivant le désir des gouvernants et le niveau des opinions générales de l'époque (31).
XLVIII. Des catholiques peuvent approuver un système d'éducation en dehors de la foi catholique et de l'autorité de l'Église, et qui n'ait pour but, ou du moins pour but principal, que la connaissance des choses purement naturelles et la vie sociale sur cette terre (31).
XLIX. L'autorité séculière peut empêcher les Évêques et les fidèles de communiquer librement entre eux et avec le Pontife Romain (26).
L. L'autorité séculière a par elle-même le droit de présenter les Évêques, et peut exiger d'eux qu'ils prennent en main l'administration de leurs diocèses avant qu'ils aient reçu du Saint-Siège l'institution canonique et les Lettres apostoliques (18).
LI. Bien plus, la puissance séculière a le droit d'interdire aux Évêques l'exercice du ministère pastoral, et elle n'est pas tenue d'obéir au Pontife romain en ce qui concerne l'institution des évêchés et des Évêques (8, 12).
LII. Le gouvernement peut, de son propre droit, changer l'âge prescrit pour la profession religieuse, tant des femmes que des hommes, et enjoindre aux communautés religieuses de n'admettre personne aux vœux solennels sans son autorisation (18).
LIII. On doit abroger les lois qui protègent l'existence des familles religieuses, leurs droits et leurs fonctions ; bien plus, la puissance civile peut donner son appui à tous ceux qui voudraient quitter l'état religieux qu'ils avaient embrassé et enfreindre leurs vœux solennels ; elle peut aussi supprimer complètement ces mêmes communautés religieuses, aussi bien que les églises collégiales et les bénéfices simples, même de droit de patronage, attribuer et soumettre leurs biens et revenus à l'administration et à la volonté de l'autorité civile (12, 14, 15).
LIV. Les rois et les princes, non seulement sont exempts de la juridiction de l'Église, mais même ils sont supérieurs à l'Église quand il s'agit de trancher les questions de juridiction (8).
LV. L'Église doit être séparée de l'État, et l'État séparé de l'Église (12).
LVI. Les lois de la morale n'ont pas besoin de la sanction divine, et il n'est pas du tout nécessaire que les lois humaines se conforment au droit naturel ou reçoivent de Dieu le pouvoir d'obliger (26).
LVII. La science des choses philosophiques et morales, de même que les lois civiles, peuvent et doivent être soustraites à l'autorité divine et ecclésiastique (26).
LVIII. II ne faut reconnaître d'autres forces que celles qui résident dans la matière, et tout système de morale, toute honnêteté doit consister à accumuler et augmenter ses richesses de toute manière, et à satisfaire ses passions (26, 28).
LIX. Le droit consiste dans le fait matériel ; tous les devoirs des hommes sont un mot vide de sens, et tous les faits humains ont force de droit (26).
LX. L'autorité n'est autre chose que la somme du nombre et des forces matérielles (26).
LXI. Une injustice de fait couronnée de succès ne préjudicie nullement à la sainteté du droit (24).
LXII. On doit proclamer et observer le principe de non-intervention (22).
LXIII. Il est permis de refuser l'obéissance aux princes légitimes et même de se révolter contre eux (1, 2, 5, 20).
LXIV. La violation d'un serment, quelque saint qu'il soit, et toute action criminelle et honteuse opposée à la loi éternelle, non seulement ne doit pas être blâmée, mais elle est tout à fait licite et digne des plus grands éloges, quand elle est inspirée par l'amour de la patrie (4).
LXV. On ne peut établir par aucune preuve que le Christ a élevé le mariage à la dignité de sacrement (9).
LXVI. Le sacrement de mariage n'est qu'un accessoire du contrat et peut en être séparé, et le sacrement lui-même ne consiste que dans la seule bénédiction nuptiale (9).
LXVII. De droit naturel, le lien du mariage n'est pas indissoluble, et dans différents cas le divorce proprement dit peut être sanctionné par l'autorité civile (9,12).
LXVIII. L'Église n'a pas le pouvoir d'établir des empêchements dirimants au mariage : mais ce pouvoir appartient à l'autorité séculière, par laquelle les empêchements existants peuvent être levés (8).
LXIX. L'Église, dans le cours des siècles, a commencé à introduire les empêchements dirimants non par son droit propre, mais en usant du droit qu'elle avait emprunté au pouvoir civil (9).
LXX. Les canons du Concile de Trente qui prononcent l'anathème contre ceux qui osent nier le pouvoir qu'a l'Église d'opposer des empêchements dirimants, ne sont pas dogmatiques ou doivent s'entendre de ce pouvoir emprunté (9).
LXXI. La forme prescrite par le Concile de Trente n'oblige pas sous peine de nullité, quand la loi civile établit une autre forme à suivre et veut qu'au moyen de cette forme le mariage soit valide (9).
LXXII. Boniface VIII a le premier déclaré que le vœu de chasteté prononcé dans l'ordination rend le mariage nul (9).
LXXIII. Par la force du contrat purement civil, un vrai mariage peut exister entre chrétiens ; et il est faux, ou que le contrat de mariage entre chrétiens soit toujours un sacrement, ou que ce contrat soit nul en dehors du sacrement (9, 11, 12, 23).
LXXIV. Les causes matrimoniales et les fiançailles, par leur nature propre, appartiennent à la juridiction civile (9, 12).
N.B. - Ici peuvent se placer d'autres erreurs : l'abolition du célibat ecclésiastique et la préférence due à l'état de mariage sur l'état de virginité. Elles sont condamnées, la première dans la Lettre Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846, la seconde dans la Lettre Apostolique Multiplices inter, du 10 juin 1851.
LXXV. Les fils de l'Église chrétienne et catholique disputent entre eux sur la compatibilité du pouvoir temporel avec le pouvoir spirituel (9).
LXXVI. L'abrogation de la souveraineté civile dont le Saint-Siège est en possession servirait, même beaucoup, à la liberté et au bonheur de l'Église (4, 6).
N.B. - Outre ces erreurs explicitement notées, plusieurs autres erreurs sont implicitement condamnées par la doctrine qui a été exposée et soutenue sur le principat civil du Pontife Romain, que tous les catholiques doivent fermement professer. Cette doctrine est clairement enseignée dans l'Allocution Quibus quantisque, du 20 avril 1849 ; dans l'Allocution Si semper antea, du 20 mai 1850 ; dans la Lettre Apostolique, Cum catholica Ecclesia, du 26 mars 1860 ; dans l'Allocution Novos, du 28 septembre 1860 ; dans l'Allocution Jamdudum, du 18 mars 1861 ; dans l'Allocution Maxima quidem, du 9 juin 1862.
LXXVII. A notre époque, il n'est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l'unique religion de l'État, à l'exclusion de tous les autres cultes (16).
LXXVIII. Aussi c'est avec raison que, dans quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce que les étrangers qui s'y rendent y jouissent de l'exercice public de leurs cultes particuliers (12).
LXXIX. Il est faux que la liberté civile de tous les cultes, et que le plein pouvoir laissé à tous de manifester ouvertement et publiquement toutes leurs pensées et toutes leurs opinions, jettent plus facilement les peuples dans la corruption des mœurs et de l'esprit, et propagent la peste de l'Indifférentisme (18).
LXXX. Le Pontife Romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne (24).
Liste des écrits du pape Pie IX d'où sont tirées les propositions du Syllabus :
1. Encyclique Qui pluribus, 9 novembre 1846 (Prop. du Syllabus 4-7, 16, 40, 63, 74).
2. Allocution Quis vestrum, 4 octobre 1847 (Prop. 63).
3. Allocution Uni primum, 17 décembre 1847 (Prop. 16).
4. Allocution Quibus quantisque, 20 avril 1849 (Prop. 40, 64, 76).
5. Encyclique Nostis et Nobiscum aux archevêques et évêques d'Italie, 8 décembre 1849 (Prop. 18, 63).
6. Allocution Si semper antea, 20 mai 1850 (Prop. 16).
7. Allocution In consistoriali, 1er novembre 1850 (Prop. 43-45).
8. Lettre apostolique Multiplices inter, 10 juin 1851 (Prop. 15, 21, 23, 30, 51, 54, 68, 74).
9. Lettre apostolique Ad apostolicae, 22 août 1851 (Prop. 24, 25, 34-36, 38, 41, 42, 65-67, 69-75).
10. Allocution Quibus luctuosissimis, 5 septembre 1851 (Prop. 45).
11. Lettre à S.M. le Roi Victor-Emmanuel, 9 septembre 1852 (Prop. 73).
12. Allocution Acerbissimum, 27 septembre 1852 (Prop. 31, 51, 53, 55, 67, 73, 74, 78).
13. Allocution Singulari quadam, 9 décembre 1854 (Prop. 8, 17, 19).
14. Allocution Probe memineritis, 22 janvier 1855 (Prop. 53).
15. Allocution Cum saepe, 27 juillet 1855 (Prop. 53).
16.Allocution Nemo Vestrum, 26 juillet 1855 (Prop. 77).
17. Lettre Singulari quidem aux évêques d'Autriche, 17 mars 1856 (Prop. 4, 16).
18. Allocution Nunquam fore, 15 décembre 1856 (Prop. 26, 28, 29, 31, 46, 50, 52, 79).
19. Lettre Eximiam à Son Éminence l'archevêque de Cologne, 15 juin 1857 (Prop. 4, 16).
20. Lettre apostolique Cum Catholica Ecclesia, 26 mars 1860 (Prop. 63, 76).
21. Lettre Dolore haud mediocri à l'évêque de Breslau, 30 avril 1860 (Prop. 14).
22. Allocution Novos et ante, 28 septembre 1860 (Prop. 19, 62, 76).
23. Allocution Multis gravibusque, 17 décembre 1860 (Prop. 19, 37, 43, 73).
24. Allocution Iamdudum, 18 mars 1861 (Prop. 37, 61, 76).
25. Allocution Meminit, 30 septembre 1861 (Prop. 20).
26. Allocution consistoriale Maxima quidem, 9 Juin 1862 (Prop. 1-7, 15, 19, 27, 39, 44, 49, 56-60, 76).
27. Lettre apostolique Gravissimas inter à l'archevêque de Munich-Frisingue, 11 décembre 1862 (Prop. 9- 11).
28. Encyclique Quanto conficiamur mœrore aux évêques d'Italie, 10 août 1863 (Prop. 17, 58).
29. Encyclique Incredibili à l'archevêque de Santa-Fé-de-Bogota, 17 septembre 1863 (Prop. 26).
30. Lettre apostolique Tuas libenter à l'archevêque de Munich-Frisingue, 21 décembre 1863 (Prop. 9, 10, 12-14, 22, 33).
31. Lettre Cum non sine à l'archevêque de Fribourg-en-Brisgau, 14 juillet 1864 (Prop. 47, 48).
32. Lettre Singularis Nobisque à l'évêque de Mondovi (Piémont) 29 septembre 1864 (Prop. 32).
Liens utiles:
> Texte intégral de l'encyclique Quanta Cura
> Texte intégral du Syllabus des Erreurs
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04/11/2014
Les racines idéologiques de Mussolini
Quelles furent les racines idéologiques du dictateur qui créa le mouvement politique et idéologique nommé fascisme ? Quelle vision du monde a-t-elle forgé sa pensée et son action politique ? Sa biographie permet de répondre à ces questions.
Origines
Fils du forgeron Alessandro Mussolini et de l'institutrice Rosa Maltoni, le jeune Benito naît le 29 juillet 1883 dans une petite maison à Varani dei Costa, un hameau de la commune de Dovia di Predappio dans la province de Forlì-Césène en Émilie-Romagne.
Les prénoms Benito Amilcare Andrea lui sont donnés par son père, socialiste à la limite de l'anarchisme, désireux de rendre hommage à Benito Juárez, héros libéral et républicain face à l'intervention française et ex-président du Mexique, à Amilcare Cipriani, patriote italien et socialiste, et à Andrea Costa, premier député socialiste élu au parlement italien. Il a un frère, prénommé Arnaldo en hommage au moine révolutionnaire romagnol de Brescia et une sœur prénommée Edvige. Allessandro Mussolini cherchera à influencer son fils aîné par les conversations qu’il aura avec lui, par les livres qu’il lui fera lire de bonne heure et par les textes que lui-même rédigeait pour les journaux socialistes locaux. Benito Mussolini dira à Yvon de Begnac : « Mon socialisme est né bakouniste, à l’école du socialisme de mon père, à l’école du socialisme libertaire de Blanqui. » Alessandro Mussolini avait l’habitude de lire à ses enfants des passages du Capital de Karl Marx, que, selon son fils, il « appliquait avec le bon sens qui le caractérisait » et « avec un réalisme rigoureux adapté à la situation sociale et politique de l’époque, et particulièrement à celle de la Romagne. » Les enfants d'Alessandro Mussolini étaient fiers de l’hospitalité que leur père offrait depuis toujours aux militants socialistes recherchés par la police.
Études (1889-1902)
Le jeune Mussolini fréquente les deux premières classes élémentaires à Dovia, puis à Predappio (1889-1891). Il entre au collège des salésiens de Faenza (1892-1894). C'est un élève turbulent, voire violent : en 1893 il est renvoyé après avoir blessé un de ses camarades avec un couteau.
Il poursuit ses études au collège Carducci de Forlimpopoli, où sous l'influence de son père, il se rapproche du militantisme socialiste. En 1900, Mussolini fréquente les cercles socialistes de Forlimpopoli et de Forlì. A l’école normale, il quitte l’internat pour assister à des réunions publiques et y prendre la parole. Plus tard, lors de ses entretiens avec Emil Ludwig, il évoquera ainsi son adhésion aux idées socialistes nées de son indignation : « Ce qui domine, c’est l’indignation. J’avais sous les yeux les souffrances de mes parents ; à l’école normale, j’avais été humilié ; alors j’ai grandi comme révolutionnaire, avec les espoirs des déshérités. Qu’aurais-je pu devenir d’autre que socialiste à outrance, blanquiste, plutôt communiste au fond ? »
En 1901, Il finit ses études obtenant un diplôme d'enseignement. Le 13 février 1902, il est nommé maître suppléant à l'école élémentaire de Pieve Saliceto, hameau de Gualtieri.
Le 9 juin 1902, il termine l'année scolaire et, probablement pour fuir le service militaire, s'établit à Lausanne, après avoir séjourné dans deux autres villes suisses, Yverdon-les-Bains et Orbe.
Exil en Suisse et premières activités politiques (1902-1904)
De juin 1902 à novembre 1904, Mussolini vit en Suisse, se déplaçant de ville en ville et occupant des emplois occasionnels (maçon, manœuvre, etc.). Vivant misérablement, il est arrêté pour vagabondage par la police dans la matinée du 24 juillet 1902 sous les arches du Grand-Pont à Lausanne, où il avait passé la nuit. Dans ses poches sont trouvés son passeport, son diplôme de l'école normale et 15 centimes.
En août 1902, il s'inscrit auprès du syndicat des maçons et des manœuvriers et en devient le secrétaire. Il publie son premier article dans L'avvenire del lavoratore (L'avenir du travailleur) dont il devint le rédacteur. Le syndicat italien des maçons et manœuvres exerçait une forte influence sur la colonie transalpine de Lausanne. Ces débuts modestes de militant obscur vont néanmoins lui permettre, en moins d’un an, de se faire connaître et apprécier du milieu socialiste italien et de ses dirigeants en exil. Il affirme alors son rejet viscéral de la sociale-démocratie, du « socialisme de la chaire », du « socialisme de tagliatelles » ; par tempérament et culture politique, il incline à l’activisme révolutionnaire. En Suisse, la fréquentation des ouvriers, le contact avec des animateurs du socialisme révolutionnaire, l’engagement dans une authentique action militante vont faire de lui, au moins pour la durée de son séjour, un agitateur et un professionnel de la révolution. Le 18 juin 1903, il est arrêté dans le canton de Berne comme agitateur socialiste pour avoir soutenu le projet d'une grève générale en ayant éventuellement recours à la violence. Il est maintenu en prison douze jours puis expulsé vers l'Italie le 30 juin.
Jusqu'à l’automne 1903, Mussolini utilise la majeure partie de son temps à faire de l’agitation politique et à mobiliser ses compatriotes immigrés, sillonnant la Confédération dans tous les sens pour porter la parole socialiste ou soutenir des travailleurs en grève. Dans L'avvenire del lavoratore, il publie des correspondances syndicales, des poèmes (dont un sonnet à Babeuf), une quinzaine d’articles sur « le socialisme suisse », « la nécessité de la politique socialiste en Italie », « le massacre des Arméniens »... Il écrit aussi dans Proletario ou L’Avanguardia socialista. À cette époque, il se range dans l'aile révolutionnaire du Parti socialiste italien (PSI) dirigée par Arturo Labriola et envoie des articles au journal milanais l'Avangardia socialista. C'est au cours de cette période qu'il fait preuve de la plus grande affinité idéologique avec le syndicalisme révolutionnaire. Il fréquente deux mois la faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne, où il s'intéresse à la pensée de l'économiste Vilfredo Pareto, critique acerbe de la démocratie libérale et dont il assiste à un de ses cours. Il s'investit notamment dans les polémiques anticléricales par exemple au travers d'un débat avec le pasteur évangélique Alfredo Taglialatela sur le thème de l'existence de Dieu.
Le 30 décembre 1903, il se rapproche de l'avocat socialiste originaire de Sienne, Salvatore Donatini, avec lequel il projette de fonder une revue I Tiempi nuovi. Celui-ci ayant été expulsé, Mussolini le suit en France mais le projet de revue n’aboutit pas faute de moyens financiers. On sait peu de chose sur ce séjour en France que Mussolini n'évoquait pas et au cours duquel il aurait travaillé comme charretier dans une carrière de sable. Le 18 mars 1904, il rencontre l'activiste socialiste russe Angelica Balabanova à Lausanne lors d’un meeting commémorant la Commune de Paris. En avril 1904, il est expulsé du canton de Genève pour avoir modifié la date de validité de son passeport. Il est libéré à Bellinzone grâce aux protestations des socialistes genevois et à l'aide du gouvernement tessinois. Il est emprisonné pendant sept jours à partir du 9 avril 1904. Le 13 novembre 1904, il prononce une conférence sur le néo-marxisme dans laquelle il réaffirme la validité et l’actualité de la pensée de Marx contre ceux qui appelaient à la révision de la pensée marxiste.
Retour en Italie et ascension dans la hiérarchie du PSI (1904-1910)
En novembre 1904, en raison de l'amnistie accordée lors de la naissance de l'héritier du royaume, Mussolini revient en Italie alors qu'il est sous le coup d'une condamnation pour refus du service militaire. Il effectue son service militaire, est affecté le 30 décembre 1904 au dixième régiment bersaglier de Vérone où il obtient son certificat de bonne conduite. Entre-temps, le 19 janvier 1905, sa mère meurt. Libéré au terme prévu, Mussolini rentre à Dovia di Predappio le 4 septembre 1906 où il devient maître suppléant à Tolmezzo du 15 novembre jusqu'à la fin de l'année scolaire ; mais son poste ne lui est pas renouvelé en raison de sa vie dissipée. En novembre 1907, il obtient l'habilitation pour l'enseignement du français mais échoue à celle d'allemand. En mars 1908, il obtient la charge de professeur de français au collège de Oneglia, où il enseigne aussi l'italien, l'histoire et la géographie. Il est donc polyglotte, il maîtrise le français, l'anglais et l'allemand.
À Oneglia, il dirige l'hebdomadaire socialiste La Lima sous le pseudonyme de « Vero Eretico » (vrai hérétique). L’été 1908 marque un changement avec son engagement direct dans l’agitation menée par les braccianti de Forlì. Le 18 juillet 1908, il est arrêté pour menaces envers un dirigeant d'une organisation patronale. Jugé, il est condamné à trois mois de prison mais il est relaxé en appel. En septembre, il est de nouveau incarcéré pendant dix jours pour avoir tenu à Meldola une réunion non autorisée. Ces arrestations lui confèrent un réel prestige auprès des braccianti et des socialistes de la région. Il publie des articles dans la revue Pagine liberere, la principale publication syndicaliste révolutionnaire dirigée par Oliviero Olivetti et dans Il Pensierio romagnolo du républicain Gaudenzi. C’est dans cette revue que parut en novembre et décembre 1908 en trois livraisons La Philosophie de la force, l’essai d’interprétation de la pensée de Nietzsche.
En janvier 1909, la réputation acquise par Mussolini sur le terrain de l’action sociale et politique et du journalisme, ainsi que les liens d’amitié entretenus avec Serrati et Angelica Balabanoff concourent à décider les dirigeants de la chambre du travail de Trente à lui offrir le poste de secrétaire de cette organisation et la direction de l’hebdomadaire du parti socialiste tridentinL'avvenire del lavoratore (L'avenir du travailleur). Sous sa direction, le tirage de L’avvenire del lavoratore augmente de 50% en 6 mois. Il entretient d’excellentes relations avec le socialiste irrédentiste Cesare Battisti qui lui confie également la direction de son journal Il Popolo (Le peuple). Entre février et septembre 1909, il signe cent articles, notes, recensions et essais historico-littéraires. Le 7 mars, il tient une joute journalistique avec Alcide De Gasperi d'orientation catholique, directeur du périodique Il Trentino. Mussolini réédite ce qu’il avait fait en Suisse à savoir dynamiser une organisation socialiste somnolente et apathique tout en ne rentrant pas en conflit avec la direction du parti. Le 10 septembre, il est emprisonné à Rovereto pour diffusion de journaux instigateurs de violences envers l'Empire d'Autriche et le 29 il est expulsé et retourne à Forlì. Les huit mois passés dans le Trentin confortent Mussolini dans ses convictions syndicalistes révolutionnaires nourries dans la riche bibliothèque nationale de la ville où il passe une bonne partie de son temps : son goût et le culte de l’action, une philosophie pragmatiste, la nécessité de la volonté pour changer le monde et façonner sur le modèle nietzschéen un homme nouveau.
Il revient à Predappio fin 1909, où il dirige la grève des journaliers agricoles. En novembre, il s'installe à Forlì où il vit avec son père qui crée avec sa compagne Anna Lombardi (veuve de Guidi, mère de la future épouse du duce) la taverne Il bersagliere. Au cours de cette période, Mussolini écrit dans Pagine libere (Pages libres), revue du syndicalisme révolutionnaire éditée à Lugano et dirigée par Angelo Oliviero Olivetti, l'article La filosofia della forza (La philosophie de la force) où il fait référence à la pensée de Nietzsche.
Animateur de l'aile maximaliste du PSI (1910-1912)
À partir de janvier 1910, il est secrétaire de Forlì et il dirige le périodique officiel L'idea socialista (L'idée socialiste) rebaptisé par Mussolini Lotta di classe (Lutte des classe). Il y développe ses idées, tournant le dos au projet réformiste, rejetant l’idée d’une évolution gradualiste et pacifique qui serait le produit d’un déterminisme économique et lui oppose sa vision volontariste et brutale de changement social. En un an de présence au secrétariat de cette fédération socialiste, il fera croître le tirage de La Lotta di classe ainsi que le nombre de militants (passé de 1400 à 1800, répartis entre 40 sections, 12 groupes de jeunes et une section féminine) et la fédération de Forlì devient une puissance dans le parti socialiste.
Il veut la constitution d’une formation de combat composée de noyaux de militants résolus auquel il incombera le moment venu de partir à l’assaut du pouvoir : c'est le modèle esquissé par Blanqui et auquel Lénine donnera vie en créant le parti bolchévique ; il s’agit de sélectionner non une quantité croissante de militants mais de sélectionner des militants de qualité capable de s’emparer des postes de commande de l’état et de faire fonctionner celui-ci en attendant qu’une nouvelle société se développe sur les ruines de l’ancienne. Mussolini dénonce les pratiques sociales qui concourent à l’abrutissement des masses, « Le peuple se ramollit avec les bistrots, le bal, le bordel, et le sport. » Il emprunte à Vilfredo Pareto l'idée d'une distinction à effectuer entre masses et élite ainsi que sa vision cyclique de l’histoire qui serait un cimetière d’élite : la lutte des classes ne modifie pas la dichotomie mais le but du socialisme doit être de donner au prolétariat une élite révolutionnaire qui parlera en son nom. Selon Mussolini, les masses ne sont pas animées par la seule raison mais par la force explosive du sentiment, par des mythes puissants comme celui de révolution, seuls capables de mobiliser les hommes en vue de l'édification d'un monde nouveau.
Du 21 au 25 octobre 1910, lors du congrès de Milan, Mussolini paraît en tant que chef de file incontesté de ce courant maximaliste. Dans ses discours, il prend parti contre le recours au suffrage universel pour mener à bien les réformes sociales qui seraient le moyen de faire avancer le socialisme et prône le recours à la révolution, exalte la violence et la brutalité révolutionnaire des anarchistes ; son charisme se fait remarquer et on le voit entouré d’un groupe de gardes du corps. Il prône la scission pour faire avancer la cause des intransigeants mais Costantino Lazzari finit par le convaincre, lui et ses amis, de préserver l’unité du mouvement socialiste.
Contestant toute participation des socialistes au gouvernement royal italien, Mussolini et son courant sont tentés par la scission : le 11 avril 1911, la section socialiste de Forlì emmenée par Mussolini vote l'autonomie du PSI. Cependant, au printemps 1911, les dirigeants du parti lui font savoir qu’ils souhaitent l’unité et ne pas se séparer des socialistes romagnols.
En mai 1911, il fait publier son essai Il Trentino veduto da un socialista (Le Trentin vu par un socialiste) dans le journal Quaderni della Voce. Jusqu’à l’automne 1911, la vie personnelle de Mussolini évolue peu, sa situation demeure très précaire ; il refuse l’augmentation que lui proposent quelques-uns de ses camarades et préfère glaner quelques piges ou accepter de traduire l'ouvrage sur la révolution française de Kropotkine. Il publie également son roman Claudia Particella, l'amante del cardinale Madruzzo, en 1910, dans le journal de Trente de Cesare Battisti Il popolo, avec qui il avait collaboré en 1910. L'œuvre contient une satire anti-cléricale. Le 17 janvier, il commence à vivre avec Rachele Guidi, sa future épouse.
Il axe alors ses discours et ses actes sur la dénonciation du militarisme et de la colonialisation. Il est ainsi arrêté le 14 octobre 1911, jugé et condamné (23 novembre) à un an de réclusion pour avoir participé le 25 septembre, avec son ami républicain Pietro Nenni, à une manifestation contre la guerre de Libye qui se termine par de violents affrontements avec la police. Le préfet de Forlì fit arrêter Nenni et Mussolini. La presse de gauche prit fait et cause pour Mussolini qui bénéficia d’un immense élan de solidarité : une souscription destinée à payer les frais de justice des deux emprisonnés et à assister leur famille fut organsiée avec un certain succès ; de même, on fit appel aux meilleurs avocats que les deux partis comptaient dans la région. Mussolini assuma sa propre défense et le 19 février 1912, la cour d'appel de Bologne réduisit la peine à cinq mois et demi, laps de temps qu'il mit à profit pour rédiger son autobiographie. Mussolini voit alors dans cette guerre de Lybie un crime contre l'humanité. Mussolini définit l'aventure coloniale africaine du gouvernement de Giovanni Giolitti d'« acte de brigandage international ». C'est alors, à sa sortie de prison, que Mussolini fut qualifié pour la première fois de Duce, un terme en usage dans la gauche italienne.
Directeur de l'Avanti! (1912-1914)
Le 8 juillet 1912, au congrès socialiste de Reggio d'Émilie, il présente une motion d'expulsion contre les réformistes, qui sont favorables à une solution par étapes, Leonida Bissolati, Ivanoe Bonomi, Angiolo Cabrini et Guido Podrecca, qui est acceptée, les quatre exclus donnent vie au Parti socialiste réformiste et Mussolini entre donc dans la direction nationale du parti. Il collabore à Folla (La foule), journal de Paolo Valera signant sous le pseudonyme de « L'homme qui cherche ».
Grâce au succès de sa motion, au dynamisme de sa fédération, à sa déjà importante expérience journalistique et militante, à sa qualité d'orateur, à ses relations dans le parti, Mussolini monte au sommet de la scène politique nationale : en novembre 1912, il devient le membre principal de l'aile maximaliste du socialisme italien et est nommé par direction du Parti socialiste italien directeur de L'Avanti!, quotidien officiel du parti. En novembre 1913, il crée la revue Utopia. Il y développe sa vision du socialisme ; du marxisme, il reprend dans ses articles les thèmes du déterminisme économique, de la lutte des classes, de la paupérisation croissante et de la crise catastrophe devant aboutir à la fin du capitalisme ; il privilégie l’action du parti et rejette le primat du syndicalisme qui ne doivent pas être autonomes ; il se montre toujours blanquiste quant au processus de conquête et d’organisation de la société au cours de la phase de dictature qui suivra la victoire des forces prolétariennes. Avant d’accepter la charge de directeur du principal organe de presse socialiste, Mussolini pose comme condition que Balanaboff lui fût associée avec le titre de rédactrice en chef du journal. Il fait entrer dans le journal des syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes comme Enrico Leone, Agostino Lanzillo, Sergio Panunzio, Arturo Labriola. Sous la houlette de son nouveau directeur, le journal passa en un plus d’un an de 20 000 à 100 000 exemplaires ; son talent d’éditorialiste, style incisif, son aptitude à coller à l’événement favorise la montée en puissance du parti qui passe dans la même période de 30 000 à 50 000 adhérents et de 41 à 52 députés après les élections de 1913.
Au congrès socialiste d'Ancône de 1914, il présente une motion, qui est acceptée, qui déclare incompatible la maçonnerie, définie comme bourgeoise et interclassiste, et le socialisme. Battu à la députation dans la circonscription de Forlì lors des élections générales d'octobre 1913, quelques mois plus tard, conseiller municipal à Milan et au cours de la Semaine Rouge, il reste rivé à sa fonction de rédacteur (il participe à une manifestation) contrairement à Nenni et Malatesta.
Ralliement à l'interventionnisme et rupture avec le PSI
Au début de la Première Guerre mondiale, il s'aligne sur les positions de l'Internationale socialiste, se déclarant ouvertement opposé à l'intervention de l'Italie qui, d'après lui, ne servirait que l'intérêt de la bourgeoisie. Cependant, se développe en 1914 un interventionnisme de gauche allant des républicains et des socialistes réformistes aux syndicalistes révolutionnaires : le 7 octobre 1914, des représentants du syndicalisme révolutionnaire comme Libero Tancredi (pseudonyme de Massimo Rocca), Filippo Corridoni et Cesare Rossi signent l’appel du Faisceau révolutionnaire d’action interventionniste ; ce manifeste vise à constituer un mouvement informel rassembler les éléments de la gauche radicale favorable à l'entrée en guerre de l'Italie contre les Empires centraux. Le mot faisceau appartient au vocabulaire politique de la gauche italienne qui trouve son origine dans les faisceaux de travailleurs siciliens. Les signataires du manifeste souhaitent l'entrée en guerre par hostilité aux Empires centraux réactionnaires et cléricaux et volonté, notamment chez les syndicalistes et socialistes révolutionnaires, de préparer techniquement le prolétariat au combat et de forger ainsi en son sein une élite révolutionnaire et combattante. Benito Mussolini ne signe pas le manifeste mais ces idées rejoignent sa théorie de la nécessité du combat révolutionnaire et d'une élite socialiste combattante ; sa parution l'incite à faire connaître sa propre opposition à la neutralité car cette initiative était de nature à faire pièce à son influence au sein de l'ultragauche interventionniste. Ce ralliement provoqua l'enthousiasme des journaux de la gauche antineutraliste comme L'Internazionale, Pagine Libere (syndicaliste révolutionnaire), La Voce, L'Iniziativa (républicaine), La Folla (anarchiste), Azione socialista (socialiste) et fut bien reçu des socialistes français et belges qui le soutinrent financièrement pendant la guerre.
Cependant, à la suite de cette prise de position contraire à la ligne du parti, il est forcé à la démission, le 20 octobre 1914, de L'Avanti!, puis exclu du PSI le 29 novembre 1914, à la suite de la publication, le 18 octobre, de l'article Dalla neutralità assoluta alla neutralità attiva ed operante (De la neutralité absolue à la neutralité active et agissante), qui qualifie la neutralité de réactionnaire et signe son ralliement à la campagne interventionniste entamée le 5 octobre par le manifeste des Faisceaux d'action internationaliste. Mussolini préconise désormais une politique militariste ainsi que l'entrée en guerre de l'Italie en 1915 aux côtés de l'Entente.
Fondation du Popolo d'Italia
Mussolini voulut fonder son propre quotidien dont il voulait faire l'organe de l'interventionnisme de gauche et entra en pourparler avec deux dirigeants syndicalistes révolutionnaires A.O. Olivetti et O. Dinale mais il préféra finalement fonder son propre journal, Il Popolo d'Italia, dont le premier numéro sortit le 15 novembre 1914.
Dès son premier numéro et jusqu'en 1918, le journal comme son fondateur continua de se réclamer du socialisme révolutionnaire ; le journal portait sous le titre Il Popolo d'Italia la mention journal socialiste des ouvriers. Le journal a placé en exergue de son journal deux citations révolutionnaires : à gauche, une phrase d'Auguste Blanqui : « Qui a du fer a du pain » ; à droite, une citation de Napoléon Bonaparte : « La révolution est une idée qui a trouvé des baïonnettes ». Dans l'imaginaire politique de la gauche italienne, les références à la France révolutionnaire et à la Commune de Paris étaient très présentes et ces deux épisodes de l’histoire ont en commun de faire se rejoindre l’idée de guerre et celle de révolution. Parmi les collaborateurs réguliers ou épisodiques du journal, on retrouve des personnalités de toutes les tendances de la gauche démocratique ou radicale de Maria Rygier à Pietro Nenni, de Cesare Rossi à Sergio Panunzio, d'Agostino Lanzillo à Margherita Sarfatti. Mussolini a de fait joué un rôle dans l’entrée en guerre de son pays en tant que directeur et éditorialiste du principal organe de l’interventionnisme de gauche. Les nationalistes de droite de type corradiniens avec lesquels Mussolini polémiquaient ne participèrent pas au journal. Lénine avait vu dans la guerre un puissant levier révolutionnaire qui entraînerait l’effondrement des société capitalistes et une révolte des peuples à l’échelle internationale ; pour Mussolini, il n'y a rien à attendre de l’Internationale dont l'échec à concrétiser la solidarité des travailleurs prouve que pour faire triompher la révolution, passe par la solution des problèmes nationaux.
Son nouveau journal est financé par certains belligérants et par les socialistes français et belges, notamment par des échanges avec Marcel Cachin et Jules Guesde ; ces financements étrangers ne servirent pas au financement initial du journal. Il est également financé par des industriels italiens soucieux de diviser la gauche ou de pousser à la guerre et indirectement le gouvernement italien - ce qui marque un changement radical dans son refus de la coopération avec la bourgeoisie ou l'Etat.
En décembre 1911, il prend part à Milan à la création des Fasci d'azione rivoluzionaria, participant à leur premier congrès les 24 et 25 janvier 1915.
Source: Article "Benito Mussolini" sur l'encyclopédie Wikipédia
07:30 Publié dans Politique | Tags : fascisme, dictateur, tyran, socialisme, marxisme, libéralisme, idéologies du xxème siècle, totalitarisme, anticléricalisme, histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
21/09/2014
Le Pape François et ses admonitions bien loin de la mollesse 'pastoralement correcte'
Suite de notre série en défense du Pape François, avec une vidéo un peu plus ancienne.
Numéros précédents de la série:
> François, un Pape mal cité, mal interprété et mal compris
> François, Vicaire du Christ, Serviteur des serviteurs de Dieu
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13:00 Publié dans Pape, Vidéos | Tags : pape françois, admonitions, tièdes, infidélité, église ong, mondanité spirituelle, mondanité du diable, médias, médias catholiques officiels, libéraux, libéralisme, progressisme, progressistes, vortex, michael voris | Lien permanent | Commentaires (0)