Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/12/2016

Gabriel García Moreno, un homme d'État chrétien exemplaire

histoire,vie exemplaire,martyre,chrétiens en politique

À l’approche de la Noël, les Éditions Clovis ont eu la bonne idée de mener à bien la réédition d’une biographie ancienne, abondamment citée et souvent mentionnée, mais devenue extrêmement difficile à trouver à l’état de livre d’occasion. Nous pensons naturellement au chef-d’œuvre de littérature chrétienne et historique du révérend père rédemptoriste et professeur de rhétorique Augustin Berthe : Gabriel García Moreno [1]. Au moment d’entrer dans le vase clos d’une nouvelle course présidentielle tout sauf haletante, ce sera un bon moyen de faire apparaître au grand jour, par contraste, la nullité des gouvernements républicains de France… Peut-être cet ouvrage donnera-t-il envie à certains de s’engager pour le bien commun et la Cité, en évitant de se soumettre à des systèmes aussi éculés que pervers ?

On connaît volontiers quelques grandes lignes de la vie du président équatorien qui consacra son pays au Sacré-Cœur de Jésus ; l’essentiel sans doute. Mais le lecteur, à moins d’avoir déjà étudié le sujet, sera probablement étonné par tout ce qu’il apprendra, et notamment sur l’importance du personnage et de ses qualités hors normes.

Cet homme d’État apprécié du bienheureux Pie IX est né le 24 décembre 1821 dans une grande famille. Son père était un individu distingué, né en Espagne où il fut secrétaire du roi Charles III, avant de courir l’aventure aux Amériques en 1793 – dans le port équatorien de Guayaquil très précisément, qui serait le foyer du radicalisme équatorien. Il y épouse la fille d’une notabilité locale, dans la parenté de laquelle on compterait un archevêque et cardinal. Le couple est résolument royaliste, au point de ne pas prendre favorablement part aux luttes d’indépendance, alors qu’on nous dit souvent que celles-ci se seraient déclenchées par souci d’intégrité contre la tutelle de Napoléon imposée à l’Espagne – à défaut de pouvoir l’être à ses possessions territoriales. Ne décorant pas sa maison pour les fêtes de l’indépendance, le couple s’exposa de bon cœur aux amendes (fraternelles, s’entend…).

Le Gabriel enfant, qui devait produire un homme si fort, se montrait paradoxalement « timide et craintif à l’excès [2] ». Il croît dans une grande instabilité politique continentale, puisqu’à l’âge de neuf ans il a déjà connu quatre nationalités successives : colombienne, de la république indépendante de Guayaquil (1827), péruvienne, puis équatorienne (1830). Malheureusement, les revers de fortune de la famille sont considérables, à cause de la mort prématurée du pater familias, et l’on n’aura guère de quoi trouver une situation au dernier-né : Gabriel. Cependant, la Providence veille : le père Betancourt, du proche couvent Notre-Dame-de-la-Merci, s’offre diligemment à sa mère pour dispenser des leçons de grammaire au petit.

> Lire la suite

 

[1BERTHE (R.P. Augustin), Gabriel García Moreno. Le hérdémocros martyr, Suresnes, Clovis, 2016, 432 p., 22 €. La première édition date de 1890.

[2Ibid., p. 16.

 

26/05/2015

Saint Tarcisius par Paul Claudel

saint-tarcisius-02.jpgComme le vase qu'un parfum excellent est si fort que de tout pénétrer,
Ainsi Tarcisius (car nous sommes au temps des persécutions) à qui le prêtre a remis quelque chose à porter,
Attaché par un cordon à son cou, qu'il le garde bien soigneusement contre son coeur !

Car ce petit morceau de pain, dans une boîte, il sait que ce n'est rien d'autre que Notre-Seigneur.
Il y a quelqu'un demain que les bêtes vont manger et qui se soir a besoin de l'[H]ostie.
C'est pourquoi Notre-Seigneur s'est mis en marche et Tarcisius ne fait qu'un avec [L]ui.
C'est moi entre tous les camarades qu'on a choisi et le vieux prêtre a eu raison :
Qu'on essaye de me prendre Jésus-Christ, et l'on verra de quoi est capable un petit garçon !
- Il y a dans les yeux de cet enfant quelque chose qu'il est impossible de tolérer !
Quoi ! C'est ce gosse qui aurait raison, et nous autres, les grandes personnes, c'est donc nous, qui nous serions trompés !
Ce n'est pas le moment de discuter, mon avis est qu'on tape dessus !
Les affaires de l'Empire ne vont pas fort, il n'est que temps d'en finir avec ce Jésus !
Il y a dans les yeux de cet enfant un regard qui ne s'accorde pas avec notre politique.
Vénus, mère du grand Jules, dit que ça lui fait mal au coeur, et Jupiter Capitolin lui-même fait comprendre qu'il a la colique.
Assez de questions ! ce qu'on sent qu'il a sur les lèvres pour nous dire, il n'y a qu'un moyen de l'empêcher !
Qu'il nous livre Jésus-Christ tout de suite, ou nous allons l'assommer !

San_Tarsicio-o_Tarcisio-di_Roma_I.jpgComme la myrrhe avec son parfum, comme le lys avec son odeur,
Ainsi Tarcisius au milieu des méchants ne fait plus qu'un avec Notre-Seigneur.
Comme le lys avec son odeur, il ne fait plus qu'un avec l'hostie.
Comment lui prendrait-on son Jésus alors qu'il ne fait plus qu'une seule chose avec lui ?
- Quel est ce bruit que tu entends, Tarcisius ? un tintement comme d'une petite sonnette...
Et non point une seulement, une autre ! et encore d'autres à la fois, dix ou douze, et centte mille de tous côtés, un million de petites voix, dix millions de petites vierges d'argent, claires et nettes !

C'est un enfant qui fait ce petit bruit tout seul au-dessus de la Terre prosternée.4429887041_85739a5ca6_z.jpg
Toute la Terre a fait silence et sur les marches de l'autel il n'y a qu'un enfant agenouillé.
Chaque fois que l'on dit la [M]esse, Dieu récompense son serviteur.
Il a fait de Tarcisius le patron des enfants de choeur.
C'est lui qui dit la [M]esse avec le prêtre chaque matin, son sang
Sur les marches de l'autel de Dieu est mêlé à ce petit peuple blanc.
Chaque fois que le prêtre se retourne et que l'acolyte sur son livre voit qu'il faut répondre : Et avec ton esprit !
C'est Tarcisius qui fait son devoir et qui se tient où on l'a mis.
Et toutes les fois qu'un enfant meurt et que la force quand il le voudrait est enlevée de dire Je ne veux pas et Non,
C'est Tarcisius, plein d'obéissance et de gloire, qui fait sa première communion.

 

Claudel, P. Ecoute ma Fille. s.l, Gallimard. 1934. 80-83.

 

25/02/2015

Irak: une milice chrétienne contre l'État Islamique

dwekhnawsha.jpg?itok=rLAIg7Tn

Brett, 28 ans, incarne un mouvement émergeant d'Occidentaux qui abandonnent tout pour venir défendre les Assyriens.[AFP PHOTO / SAFIN HAMED]

Percing brillant sous la lèvre et paré de sa tenue de camouflage, le jeune combattant américain ne passe pas inaperçu dans la ville chrétienne d'Al-Qosh, posée à flanc de montagne dans le nord de l'Irak.

Après avoir servi l'armée américaine en Irak entre 2006 et 2007, celui qui se fait appeler Brett y est de retour, cette fois comme volontaire pour soutenir une milice chrétienne.

Composée d'une centaine d'hommes, la milice Dwekh Nawsha a été formée dans le but de défendre les chrétiens d'Irak des persécutions de l'organisation Etat islamique (EI).

Brett, 28 ans, incarne un mouvement émergeant d'Occidentaux qui abandonnent tout pour venir défendre les Assyriens, l'une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde.

Brett se décrit comme un "croisé"

Un tatouage de mitrailleuse sur le bras gauche et de Jésus dans une couronne d'épines sur le droit, il se décrit lui-même en plaisantant comme un "croisé".

"Le terroriste des uns est le combattant de la liberté des autres", explique Brett. "Ici, nous nous battons pour que les gens puissent vivre en paix, sans persécution, pour que les cloches de l'église continuent de sonner".

Aucun jihadiste n'a mis les pieds à Al-Qosh mais la population a fui début août, quand l'EI s'est emparé de plusieurs villages environnants.

Comme des dizaines de milliers de chrétiens du nord de l'Irak, les habitants de cette ville ont alors rejoint dans un exode massif la région autonome du Kurdistan irakien.

"Légion étrangère"

Brett explique que l'un de ses objectifs est la création d'une "légion étrangère" en Irak.

Grâce à ses talents de recruteur, il a convaincu cinq autres volontaires d'Amérique du Nord et du Royaume-Uni de le suivre. Ils ont tous, selon lui, une expérience dans l'armée ou avec des sociétés militaires privées. Et il prétend avoir 20 candidats de plus en attente.

La première recrue de Brett est Louis Park, qui a quitté les Marines en décembre.

"Je ne me suis pas bien habitué à la vie en temps de paix", explique ce Texan, en chiquant du tabac. "Je voulais revenir".

Après avoir servi en Afghanistan, Louis a été diagnostiqué avec des troubles de stress post-traumatique (PTSD) "et quelques autres trucs" qui l'ont empêché de retourner au combat avec l'armée américaine.

Dès octobre, il a commencé à mettre de l'argent de côté pour pouvoir partir en Irak se battre contre l'EI. Selon Louis, c'est surtout un moyen de défendre son propre pays, les Etats-Unis, même si la milice Dwekh Nawsha n'est pas souvent envoyée au front.

"Je suis terriblement patriotique", explique-t-il. "Si mon gouvernement ne veut pas combattre (l'EI), je le ferai".

Andrew, un quinquagénaire canadien grognon, a rejoint Dwekh Nawsha parce qu'il a entendu parler d' "abattoirs" où l'EI découperaient des gens pour alimenter un trafic d'organes, des rumeurs jamais prouvées mais largement diffusées par des organisations évangéliques et anti-musulmanes, en particulier en Amérique du Nord.

"Cowboys d'internet"

Quant à Brett, c'est un verset de la Bible qui l'a poussé à revenir en Irak. Selon lui, la résurgence de la nation Assyrienne est le signe que l'Apocalypse est en marche.

"Nous avons un rôle à jouer" dans l'avènement de la fin des temps, explique-t-il. Dwekh Nawsha signifie d'ailleurs "Futur martyr" dans le dialecte araméen local.

La milice attire aussi les déçus d'autres groupes armés, comme ceux qui s'étaient initialement enrôlés auprès des combattants kurdes.

Scott, un vétéran qui a servi dans l'armée américaine pendant sept ans, explique qu'il souhaitait rejoindre les Unités de protection du peuple (YPG), jusqu'à ce qu'il découvre qu'ils étaient "un tas de foutus gauchistes".

D'autres étrangers de Dwekh Nawsha affirment qu'ils ont été rebutés par ce qu'ils considèrent comme la fibre socialiste des kurdes des YPG, dont la résistance dans la ville syrienne Kobané face aux jihadistes de l'EI a séduit de nombreux volontaires.

Jordan Matson, un vétéran originaire du Wisconsin qui est devenu une petite célébrité parmi les combattants étrangers des YPG, rétorque que certains volontaires ont "perdu leur sang froid" face à l'intensité des combats dans Kobané.

"La plupart de ces cowboys d'internet ont fini par réaliser que ce n'est pas un déploiement militaire normal", assure Jordan.  (DirectMatin/LePetitPlacide)

Quelle ingratitude! Comment ces jeunes n'ont-ils pas eu l'impression d'avoir accompli leurs aspirations les plus profondes en travaillant pour Coca-Cola, en faisant du skate board, en jouant dans le club de foot local? Comment leur désir d'héroïcité, de contemplation et de liberté ne s'est-il pas senti comblé par l'offre si généreuse de choisir entre deux plats surgelés, de regarder une série américaine ou de s'abstenir aux élections? Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie? (Fabrice Hadjadj) ...sans oublier la GPA, la communion pour les "divorcés-remariés", et le nouveau langage pastoral inclusif.

 

25/10/2014

Mgr Gollnisch: "Les Chrétiens d'Irak demeurent forts dans la foi"

Guilhem Dargnies | Famille chrétienne | 23 octobre 2014

refugies-irakiens-irak_article.jpgDirecteurs respectifs d’Aide à l’Église en détresse (AED) de L’ŒŒuvre d’Orient, Marc Fromager et Mgr Pascal Gollnisch sont retournés en Irak. Avec une aide de 4 millions d’euros pour 125 000 réfugiés chrétiens irakiens. Ils réclament que le soutien international aux gouvernements kurde et irakien soit conditionné à la sécurisation du village chrétien de Qaraqosh. Entretien.

 

Qu’êtes-vous partis faire en Irak ?

Marc Fromager : L’Aide à l’Église en détresse est très présente en Irak. On a des projets depuis très longtemps. Face à la situation, on a considérablement augmenté notre aide. Notamment avec un plan d’aide de 4 millions d’euros. Il me semblait indispensable de venir sur le terrain assurer les chrétiens irakiens de notre proximité et de notre prière. Mais aussi pour voir comment évoluent leurs besoins.

Mgr Pascal Gollnisch : Il faut comprendre qu’ici, la situation évolue au jour le jour. En août, les réfugiés étaient dans les rues, à ciel ouvert. Puis, on les a logés dans des tentes et des bungalows, ce à quoi l’AED a aidé. À présent, l’hiver est là. Il est nécessaire de trouver des logements plus décents. Nous devons agir en complément des actions menées par le Commissariat aux réfugiés, l’Union européenne et les États. Afin de répondre à des besoins ciblés. Pour cela, nous nous mettons en relation avec les responsables ecclésiaux locaux.

Quels sont les besoins de l’Église sur place ?

Mgr P. G. : Bien comprendre ces besoins est justement un défi. Nous devons en effet continuer à croire que les chrétiens irakiens pourront rentrer chez eux à Qaraqosh. Ce n’est bien sûr pas encore le cas. Nous prenons cela comme hypothèse de travail. Ce qui signifie que l’aide apportée sur place vise à soutenir une installation provisoire qui peut durer, disons, de plusieurs mois à plusieurs années. Ne pas perdre l’espoir d’un retour chez eux me semble essentiel. C’est pourquoi il est indispensable que la communauté internationale conditionne l’aide au gouvernement kurde et au gouvernement de Bagdad à la sécurisation de Qaraqosh. D’autant qu’une fois que les chrétiens irakiens seront rentrés chez eux, il faudra à nouveau être à leurs côtés pour reconstruire.

M. F. : Nous sommes effectivement à l’écoute de l’Église locale. On se retrouve à un moment charnière où l’Église, les évêques et les chrétiens attendent de rentrer chez eux. Ils ne veulent donc pas trop investir dans leur lieu de repli. En même temps, l’hiver est là. On a eu quatre jours de pluie la semaine dernière. Il peut faire très froid. La priorité de l’Église, ici, est d’assurer des conditions de vie décentes. C’est-à-dire louer des appartements pour les familles et faire construire des mobile-homes qui puissent être chauffés. En parallèle, on cherche à construire des écoles et on poursuit l’aide d’urgence, notamment alimentaire.

Dans quel état d’esprit sont les chrétiens que vous rencontrez ?

M. F. : Ils ont été traumatisés par les récents événements. Beaucoup souhaitaient quitter le pays et n’ont pas pu le faire, faute de moyens. Ils sont dans la peur, avec l’impression que tout est fini. Certains souhaitent rentrer dans leur village. Ce qui ne sera pas possible avant que toute la zone ait été sécurisée et que les chrétiens obtiennent des garanties de protection. En attendant, ils ont tout perdu et sont à la merci des événements. Ils ne raisonnent pas à long terme. Ils parent au plus pressé.

Mgr P. G. : Je note qu’ils demeurent très forts dans leur foi. Ils vivent dans un esprit chrétien et dans la prière. Je rappelle que, lorsqu’ils ont dû fuir Mossoul, on leur a expressément proposé d’apostasier. Auquel cas ils seraient restés chez eux et auraient conservé leurs biens. C’est parce qu’ils sont chrétiens qu’ils sont soumis à cette épreuve.

Guilhem Dargnies