22/11/2016
Discours de Martial Bild sur les objectifs de TV Libertés
Discours de Martial Bild, rédacteur en chef de TV Libertés, sur les paris de TV Libertés et les obejctifs de la chaîne, à la journée de l'amitié française organisée par l'AGRIF (Alliance Générale contre le Racisme et pour le Respect de l'Identité Française), à Paris le 20 novembre :
Vu sur Le Salon Beige
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05/07/2016
Révolution française: un ouvrage sur la déportation des Basques
Il n'y a pas que la Vendée qui a souffert de populicide (terme utilisé par le révolutionnaire Gracchus Babeuf dans son pamphlet « Du système de dépopulation… ») sous la Révolution. Peu d’ouvrages ont été consacrés à la déportation des Basques du Labourd et des confins bas-navarrais en ce tragique mois de février 1794. Des archives disparues dans des incendies ou des traces effacées intentionnellement n’ont laissé subsister que des mémoires conservées dans certaines familles et des inscriptions recueillies au XIXe siècle par quelques chercheurs courageux sur les tombes dans les cimetières encore intacts jalonnant le chemin de croix des déportés.
Par un froid intense, leur long cortège s’étira jusque des contrées éloignées – au Cantal et en Lauraguais - accompagné de charrettes où l'on avait jeté pêle-mêle ceux qui ne pouvaient marcher par eux-mêmes : vieillards, femmes en train d’accoucher, enfants en bas-âge et grabataires. Soumis à des travaux forcés, publics ou chez les particuliers, les rares survivants ne furent autorisés à rentrer au Pays Basque que huit mois plus tard, pour trouver leurs maisons dévastées, pillées et brûlées, la terre en friche ou les récoltes volées, les bourgs vidés de leur population. La ruine était totale. Elle provoqua un appauvrissement dans le pays, cause d’émigration de générations de jeunes basques, une décadence de l'esprit civique et, partant, une atonie dans la vie politique au XIXe siècle.
Alexandre de la cerda tente de réparer cette injustice en publiant un ouvrage intitulé "La déportation des Basques sous la Terreur". Homme de Lettres et journaliste, membre de l’Académie des Jeux Floraux, lauréat de l’Académie française, du Prix « Renaissance des Arts », du Prix d’Honneur de la culture basque décerné par la Ville de Bayonne et la Société d’Études basques « Eusko Ikaskuntza » ainsi que du Prix Biltzar des écrivains du Pays Basque, Alexandre de La Cerda a créé la première station régionale basque et gasconne « Radio Adour Navarre ». Directeur de la rédaction de "La Semaine du Pays Basque" et collaborateur de France Bleu Pays Basque (Radio France), il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’histoire et à la culture de la région.
Source: Le Salon Beige - "La déportation des Basques sous la Terreur"
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Remise des diplômes d'HEC Paris: le discours d'Emmanuel Faber
> Famille chrétienne : Le discours poignant du DG de Danone aux jeunes diplômés d'HEC (avec commentaire critiques par des internautes)
"Emmanuel Faber a prononcé un discours émouvant devant les étudiants de HEC, la prestigieuse école de commerce parisienne, le 24 juin dernier."
> Le Figaro : Le poignant discours du patron de Danone, qui prône «la justice sociale»
08:00 Publié dans Culture et société, Vidéos | Tags : économie, commerce, justice sociale, emmanuel faber | Lien permanent | Commentaires (0)
Jean Sévillia : "Si, l'Europe est chrétienne!"
Source : Le Figaro Magazine (Édition du vendredi 13 mai 2016)
« Je ne crois pas aux racines chrétiennes de l’Europe. » C’est Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, qui a lancé cette phrase, le 8 mai 2016, alors qu’il débattait sur BFM avec Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France. La discussion entre l’ancien ministre socialiste et le député souverainiste ayant abordé l’élection à la mairie de Londres du travailliste Sadiq Khan, fils d’immigrés musulmans du Pakistan, Moscovici a fait profession de foi de multiculturalisme en précisant : « L’Europe n’est pas chrétienne, l’Europe est diverse. » Pour ce qui est d’aujourd’hui, on pourrait lui objecter que, en dépit des mouvements migratoires qui ont en effet diversifié le paysage religieux, toutes les enquêtes prouvent que le christianisme demeure la religion de référence de la grande majorité des Européens, même quand la pratique a connu un recul chez les catholiques comme chez les protestants. Ce n’est toutefois qu’une partie de la question. Nier les racines chrétiennes du Vieux Continent, c’est ignorer l’évangélisation de l’Europe aux premiers siècles de notre ère, c’est oublier Clovis, Charlemagne et Saint Louis, c’est ne pas voir les cathédrales, n’avoir jamais lu Pascal ou méconnaître les cantates de Bach, ou encore mépriser la piété populaire de générations d’Européens. L’héritage chrétien, en Europe, imprègne la conception de l’homme, la pensée politique, la philosophie, les modes de vie, la littérature et les arts. Que Pierre Moscovici croie ou non aux racines chrétiennes de l’Europe, celles-ci existent. Vouloir réécrire l’histoire, c’est un projet totalitaire.
Jean Sévillia
07:30 Publié dans Culture et société, Personnalités, Sécularisation et rechristianisation | Tags : jean sévilla, racines chrétiennes de l'europe | Lien permanent | Commentaires (0)
15/06/2016
Interdit de dire "C'est une fille!" - Obama is watching you
En s'adressant mardi 14 juin au premier "Sommet des Femmes" des États-Unis d'Amérique, Barack Obama a expliqué qu'il veut en finir avec les "stéréotypes de genre". Un exemple ? À la maternité (excusez l'expression), un médecin qui déclare "C'est une fille!": intolérable.
Source : NBC News - Obama: 'We're Still Boxed in by Gender Stereotypes'
09:00 Publié dans Culture et société, Famille, Personnalités, Politique | Tags : idéologie du genre, théorie du genre, genre, gender, études de genre, féminisme, barack obama | Lien permanent | Commentaires (0)
28/05/2016
Conférence du cardinal Sarah : "La théorie du genre et ses répercussions"
Le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin, a prononcé le 24 mai dans le Palais des Congrès d'Avila une conférence intitulée "La théorie du genre: ses répercussions", dans laquelle il a averti du danger que représente l'idéologie du genre pour la religion et pour la civilisation. Il y a quelques problèmes de son jusqu'à 2 minutes et 45 secondes, mais à partir de ce moment, le son est rétabli.
Source : Religión el libertad Traduction du texte : Espérance Nouvelle
Voici le texte intégral de la conférence en français.
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La famille face à l’idéologie du genre
Cardinal Robert Sarah
Avila, mardi 24 mai 2016
Famille-genre : un combat frontal
Le Cardinal Carlo Caffara, archevêque émérite de Bologne, et premier président de l’Institut d’études Jean-Paul II sur le mariage et la famille, a déclaré ceci au cours d’un entretien qui date déjà du 16 février 2008 : « Lorsque je fus nommé par le Saint-Père premier Président de l’Institut Jean-Paul II d’Études sur le Mariage et la Famille, j’ai reçu une lettre de Sœur Lucie de Fatima, que l’on peut trouver dans les archives de l’Institut. Celle-ci me disait sans ambiguïté ceci : "La bataille finale entre le Seigneur et le règne de Satan concernera le mariage et la famille". Toutefois, ajoutait-elle, "N’ayez aucune crainte, car tous ceux qui agissent en faveur de la sainteté du mariage et de la famille rencontreront toujours des oppositions ; on les combattra avec tous les moyens possibles, parce que cet enjeu est décisif. Toutefois, Notre-Dame a déjà écrasé la tête de Satan" »1.
De son côté, à la suite de son voyage apostolique à Fatima, le Pape Benoît XVI, dans un entretien datant du 11 mai 2010, n’a pas craint d’affirmer que « Nous avons toujours su cela, même si, de nos jours, cela se manifeste sous nos yeux d’une manière terrifiante : les plus grandes persécutions contre l’Église ne proviennent pas de ses ennemis du dehors, mais des péchés qui sont commis dans l’Église, pour lesquels celle-ci a urgemment besoin de faire pénitence pour en être purifiée »2.
Les familles chrétiennes subissent quotidiennement des attaques dans le monde entier. Comme nous allons le voir, l’idéologie du genre est soutenue, promue et pratiquée par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui dépend des Nations Unies (ONU), et par de nombreuses institutions d’éducation et de santé qui ont leurs sièges dans les États occidentaux (Amérique du Nord, Europe occidentale et Australie-Nouvelle Zélande). Tout pays qui refuse d’adhérer à cette idéologie est généralement sanctionné : par exemple, les États faibles et pauvres sont pénalisés au niveau des aides au développement. Celles-ci sont donc conditionnées par l’acceptation de leur part de l’idéologie du genre. Cette véritable colonisation touche l’ensemble du continent africain, en particulier l’Afrique dit sub-saharienne, mais aussi l’Asie et l’Amérique latine.
Le Pape François, lors de son voyage apostolique à Manille, n’a pas hésité à dénoncer avec vigueur une « colonisation idéologique contre la famille »3, qui cherche à la détruire en s’introduisant et en se diffusant dans les sociétés et les cultures des pays en voie de développement. Au n° 56 de son Exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia, il critique fortement l’idéologie mortifère du gender « qui nie la différence et la réciprocité naturelle entre un homme et une femme. Elle
1 “Voce di Padre Pio” Mars 2008.
2 Entretien accordé aux journalistes au cours du vol vers le Portugal. Cf. site internet du Vatican. Pour notre sujet, ces péchés qui sont commis dans l’Eglise sont le silence, la compromission et donc la lâcheté d’un certain nombre de clercs qui craignent de témoigner en faveur de la vérité sur le mariage et la famille.
3 Rencontre mondiale des Familles à Manille, 16 janvier 2015. Cf. site internet du Vatican.
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laisse envisager une société sans différence de sexe et sape la base anthropologique de la famille. Cette idéologie induit des projets éducatifs et des orientations législatives qui encouragent une identité personnelle et une identité affective radicalement coupées de la diversité biologique entre masculin et féminin »4. Le Cardinal Francis Arinze en commentant ces paroles du pape François a dit que « les médias ont pris l’habitude de défigurer, de séculariser et même de commercialiser le mariage et la famille »5. Cela est très évident dans les programmes empreints d’érotisme et de pornographie, qui s’adressent aussi aux enfants : dans de nombreux pays occidentaux, depuis le jardin d’enfants, les enfants sont rééduqués, c’est-à-dire qu’on manipule et pollue leurs consciences avec l’idéologie du genre. Dans certains pays, les familles n’ont pas le choix. Ainsi, en 2006, en Allemagne, on a voulu obliger une famille chrétienne protestante de huit enfants à participer à des expériences choquantes au titre de l’éducation sexuelle. Les parents décidèrent de ne plus envoyer leurs enfants dans ces classes ; ils furent condamnés à une peine de prison...
Moi-même, dans le livre Dieu ou rien6, j’ai dénoncé avec vigueur la théorie du genre comme une attaque frontale contre la famille, et sa volonté de la détruire, en insistant sur son aspect particulièrement délétère pour les pays africains, qui sont soumis à un nouveau colonialisme de la part des pays occidentaux ou directement, ou encore par le biais des organisations internationales que ces Etats dominent sans partage, et aussi sans vergogne.
Genèse de l’idéologie du genre7
Le genre – « gender » en anglais – est né dans le milieu des sciences humaines d’inspiration freudienne. Il est apparu en 1955 aux Etats-Unis : John Money, psychiatre de Harvard, confronté à des cas d’hermaphrodisme, introduisit le concept de « gender role » qu’il définit ainsi : « ce sont toutes les choses qu’une personne dit ou fait pour se révéler détenteur d’un statut d’homme ou de femme ». Ainsi, cette nouvelle notion du rôle social comme source de l’identité sexuelle contenait en germe tout le projet idéologique du genre tel qui va se déployer dans les décennies qui vont suivre.
Trente-cinq ans plus tard, dans les années 1990, Judith Butler, qui demeure le chef de file de la révolution du genre déclare que les mots « sexe » et « genre » ne sont pas des substantifs, mais des... verbes. Cela signifie que l’individu, homme ou femme, devient ce qu’il ou elle choisit de dire et de faire. Elle affirme donc que « être homme ou femme n’est pas quelque chose que l’on est, mais quelque chose que l’on fait ».
4 Cf. exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia,19 mars 2016, n. 56. Cf. site internet du Vatican.
5 Préface de Christ’s new Homeland-Africa. Contribution to the Synod on the Family by African Pastors, San Francisco 2015, 8
6 Dieu ou rien-entretien sur la foi, Paris, Fayard, février 2015.
7 Sur la question du “gender” en général, cette étude se réfère beaucoup aux travaux remarquables de Marguerite A. Peteers. Ici, au sujet de son origine, cf. la Conférence de Marguerite A. Peteers La perspective du genre : origines idéologiques lointaines d’une norme prioritaire de la gouvernance mondiale au Colloque organisé par Pétrusse asbl à l’occasion du 20ème anniversaire de l’Année internationale de la Famille-24 mai 2014-Luxembourg., pp. 4 et 5. Cf. aussi dans la bibliographie de cet auteur : * La mondialisation de la révolution culturelle occidentale, Dialogue Dynamics, 2011. * Le gender, une norme mondiale ?, Mame, 2013. * La nouvelle éthique mondiale : défis pour l’Eglise, Dialogue Dynamics, 2006. * Le citoyen et la personne. Rébellion et réconciliation, Dialogue Dynamics, 2014.
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Les raisons spirituelles d’une bataille
La théorie aberrante et délirante du genre, qui est présentée – et c’est un comble – comme « scientifique » relève en réalité de la supercherie pseudo-scientifique. Elle plonge ses racines dans un humus que l’on peut qualifier de particulièrement trouble, et à propos duquel je n’hésite pas à dire que j’y vois la « main du diable » lui-même. De quoi s’agit-il, en effet ? Quel est le fondement de cette idéologie et comment pouvons-nous la combattre ? Nous savons, par la sainte Bible, que Satan est «homicide» dès l’origine8. Pourquoi homicide? Qui le diable veut-il tuer avec un acharnement qui ne s’achèvera qu’avec la bataille finale évoquée par l’Apocalypse ?9 Satan veut tuer, il veut anéantir Dieu en nous, c’est-à-dire la personne humaine créée à l’image de Dieu10, il veut faire de nous des individus, que dis-je des « zombies » sans âme et dotés d’un corps devenu une espèce de machinerie soumise aux manipulations génétiques et au transhumanisme. Oui, c’est que veut l’Adversaire : il veut nous soumettre à lui, le Prince de ce monde, pour mieux nous manipuler en rompant le « cordon ombilical » qui nous relie à Dieu, dans un premier temps, puis, dans un deuxième temps, avec l’illusion – un vrai miroir aux alouettes – que nous ne sommes qu’un ensemble de cellules vouées à survivre grâce à une technologie de plus en plus sophistiquée11, nous affranchir de notre condition humaine pour faire de nous nos propres dieux12.
L’histoire d’une pseudo-libération de l’homme: de la personne à l’individu, et de l’individu au zombie
La pseudo-libération de l’homme s’inscrit dans l’histoire des trois derniers siècles, l’idéologie du genre n’en étant que le dernier avatar lamentable. Je m’explique : l’affranchissement de Dieu-Père s’est produit il y a déjà longtemps lorsque les démocraties occidentales se sont formées dans un contexte déiste. Les maîtres à penser du rationalisme (de Voltaire à Diderot en passant par d’Alembert) vont susciter la fameuse Révolution française, qui sera elle-même présentée par le courant laïc comme la genèse de la libération de l’homme par rapport au Dieu des chrétiens13, et donc par rapport à l’Eglise et à son Magistère, qualifié d’ « oppressif ». Or, pour les rationalistes, Dieu est l’architecte suprême de l’univers qui se désintéresse totalement de ses créatures. Le déisme des encyclopédistes a donc tué la paternité en Dieu. J.-J. Rousseau dit même que la paternité est un privilège social14. C’est ce que j’appelle : « trancher le cordon ombilical », et cette étape, décisive, va en engendrer d’autres, qui, progressivement vont faire de la personne un individu, puis un « zombie ».
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8 Cf. 1 Jn 3, 8 ; 1 Jn 5, 19 ; Jn 8, 44.
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9 Ap 12 , 7 et suiv. ; chap. 16 à 19. Cf. aussi Dn 12, 1 ; Mt 24, 21 ; Mc 13, 19.
10 Gen 1, 27.
11 Avec la manipulation du génome humain, le transhumanisme...
12 Gen 3, 5 : « vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ».
13 Les philosophes rationalistes, puis les révolutionnaires, qualifient la foi catholique de « superstition médiévale ». Tel était l’un des chefs d’accusation qui, sous la Terreur, justifiait la peine de mort prononcée par les tribunaux révolutionnaires contre les catholiques fidèles à leur foi.
14 Cf. Marguerite A. Peteers, La vocation filiale de la femme : mondialisation et signes des temps. Colloque : La vocation de la femme dans l’Eglise – Curie Patriarcale Maronite-Bureau de la Pastorale de la Femme-Ghazir-25 octobre 2014, p.3.
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De fait, si Dieu n’est plus Père, le citoyen cesse d’être fils. Il cesse donc d’être une personne, qui reçoit tout de son Père ; il devient un individu, laissé à lui-même pour l’organisation du monde et sa propre destinée. Ne recevant plus son identité, il doit la construire par lui-même en s’appuyant sur sa seule raison. Comme le disaient saint Jean-Paul II et Benoît XVI, les deux ailes qui nous permettent de nous élever vers la contemplation de la vérité sont la foi et la raison15. En coupant l’aile de la foi, l’homme est déséquilibré, et il faudra effectivement trois siècles pour qu’il s’écrase sur la terre ferme de ses fausses convictions, pour qu’il soit piétiné comme un vulgaire insecte, tout d’abord dans les camps de concentration nazis et dans les goulags communistes, puis, d’une manière aseptisée, dans la boue de l’idéologie du genre.
Livré à sa seule raison, l’homme perd donc peu à peu contact avec la Source, la paternité de Dieu, qui éclaire sa conscience. Certes, les Déclarations des Droits de l’Homme, les préambules des Constitutions, et les premières Chartes de la SDN (Société des Nations) et des Nations Unies (ONU), aux XIX et XX siècles sont encore en grande partie le reflet des normes du droit naturel, mais le droit positif, qui règne désormais sans partage, s’en éloigne peu à peu, obligeant le législateur, au mieux à se taire, au pire à se renier lui-même16. Prenons un seul exemple, le plus grave et le plus significatif : les Etats occidentaux, de même que les instances internationales, qu’ils contrôlent, comme l’Union européenne, sont incapables de définir clairement l’embryon humain, en affirmant ce que pourtant toute conscience humaine sait d’emblée – en s’appuyant sur la seule raison et aussi... la science17 – et qui constitue une norme essentielle, fondamentale, du droit naturel18, à savoir que, dès sa conception, l’embryon humain est un être humain qui, par conséquent, a un droit imprescriptible et absolu à la vie. Alors, pour éviter de contredire le pseudo « droit à l’avortement » et de s’attirer les foudres de la caste médiatico-politique dominante, le législateur « tourne autour du pot », si vous me permettez cette expression un peu triviale : ou il se tait, et tel un Ponce Pilate contemporain, il refuse de se prononcer comme le fait l’Union européenne, qui laisse à chaque Etat membre le soin de régler cette question19 ; ou alors, il s’évertue à trouver une expression susceptible de ne fâcher personne, d’où cette définition pour le moins alambiquée que la Commission Consultative Nationale d’Ethique française a inventée, en 1984 : « l’embryon est une personne humaine potentielle ». Il faut entendre « potentielle » évidemment comme synonyme de « en devenir » et donc « n’existant pas encore ». On le constate : la mort de l’ontologie est passée par là...
Ainsi, à cause du divorce opéré entre individu et personne, l’Occident, et, à sa suite, le monde entier, par le biais notamment de la colonisation, puis de la domination économico-financière des pays en voie de développement, se sont enfoncés dans l’individualisme et les idéologies. L’histoire
15 Cf. encyclique Fides et ratio,14 septembre 1998, introduction. Cf. site internet du Vatican.
16 Marguerite A. Peteers, Traitement de termes tels que « gender » et « sexe » et de formulations plus récentes telles que « orientations sexuelles » et « identité sexuelle » dans le discours ordinaire et dans le contexte des documents onusiens. Evènement Parallèle organisé par la Mission d’Observateur Permanent du Saint-Siège « Pour préserver l’universalité des droits humains »-Genève, Palais des Nations, le 9 mars 2012, pp. 2-3.
17 C’est-à-dire la radiographie qui a succédé au stéthoscope : celui-ci permettait déjà aux parents buouleversés d’entendre battre le cœur de leur enfant.
18 « droit naturel », non pas dans une interprétation naturaliste comme celle de J.-J. Rousseau, mais tel qu’il est défini par saint Thomas d’Aquin comme un droit voulu par Dieu et appréhendé par la raison humaine ; il est donc inscrit dans la nature de l’homme.
19 ... même si dans une résolution du 3 juillet 2002, le Parlement européen a recommandé aux Etats membres de légaliser l’avortement.
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nous montre amplement que le déisme a déclenché un processus qui a conduit la civilisation occidentale, c’est-à-dire judéo-chrétienne, de la mort de Dieu et du nihilisme du XIX siècle, à la mort de l’homme lui-même, au cours du XX siècle, pour aboutir à un effondrement sans précédent de l’institution familiale, vecteur de la personne humaine, dans la seconde moitié du XX siècle. Friedrich Nietzsche, avec sa théorie du surhomme, qu’il présentait comme le remède au désespoir provoqué par la mort de Dieu20, Sigmund Freud avec sa nouvelle anthropologie basée sur les pulsions primaires, en tant que motivation exclusive de l’agir humain, Jean-Paul Sartre21 et son nihilisme libertaire, apparemment génial, ont achevé d’inoculer dans la conscience collective et donc individuelle, l’idée que la « libération » de l’individu passe par le meurtre du père, et ils ont réalisé leur plan diabolique par le biais des célèbres événements de Mai 1968, un mouvement libertaire dont les idées se sont propagées au-delà de l’ancien rideau de fer, à partir de la Chute du Mur de Berlin, en 198922.
Ensuite, du meurtre du père, on est passé au meurtre de la mère, avec le féminisme radical qui oppose les droits des femmes, leur liberté et leur égalité, d’une part, et l’identité féminine dans le cadre de la complémentarité des sexes, et donc la maternité, d’autre part. Margaret Sanger (1879- 1966), fondatrice du « Planning familial international » et figure de proue du féminisme occidental, ne voulait-elle pas, l’accès libre et gratuit à la contraception, pour « libérer la femme de l’esclavage de la reproduction » ? Ainsi, a-t-on étouffé le sens de la féminité et de la maternité au sein de la culture occidentale , car nous savons bien qu’entre la contraception et l’avortement légalisé et remboursé, il n’y avait qu’un pas que le législateur s’est empressé de franchir dans les années 1970- 1990...23
A la fin du XX siècle, le père, la mère, l’époux, le fils et la fille, tous avaient donc perdu leur statut qui leur est pourtant dû dans une société digne de ce nom : la « famille » était ébranlée dans ses fondements 24 . De nos jours, elle est même devenue un concept abstrait et instable, sujet d’interprétations diverses et contradictoires, d’où le malaise ressenti par le législateur lorsqu’il s’agit de la définir, et d’où aussi cette décision récente du gouvernement français de remplacer le « ministère de la famille » par le « ministère des familles », pour, a-t-il affirmé « prendre en compte les diverses réalités de la société contemporaine »... dans l’indifférence quasi générale de l’opinion publique, et avec l’approbation bruyante, celle-là, du milieu politico-médiatique dominant.
Il faut comprendre que ce long processus que l’on peut qualifier de « révolutionnaire », qui va de la mort de Dieu-Père, au XVIII siècle, à la mort de l’homme devenu un simple « individu » à la fin du XX siècle, conduit directement à l’idéologie du genre. Par quel biais ? En ce début du XXI siècle, les sociétés occidentales sont devenues des déserts spirituels et démographiques : il suffit de se promener dans une rue de Londres, de Paris, de Berlin, de Madrid ou de Rome pour s’en rendre compte : peu d’enfants, encore moins de landaus ou de poussettes, des familles réduites à leur plus simple expression : Monsieur et Madame (qui sont souvent des « compagnons », qui cohabitent
20 Les féministes reprendront la théorie du surhomme pour justifier leur propre théorie du « pouvoir masculin » qu’il faut arracher des mains des hommes.
21 Sa compagne, Simone de Beauvoir prononça un jour cette phrase, qui est devenue proverbiale dans les milieux féministes : « on ne naît pas femme, on le devient ».
22 Cf. Marguerite A. Peteers, La vocation filiale de la femme... p. 4. 23 Cf. Marguerite A. Peteers, La vocation filiale de la femme... p. 4. 24 Cf. Marguerite A. Peteers, La vocation filiale de la femme... p. 4.
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pour une durée limitée) avec parfois un, voire deux enfants, quand ceux-ci ne sont pas remplacés par des animaux de compagnie, et aussi des couples homosexuels enlacés qui affichent ainsi de plus en plus leur « différence » ; puis, la présence massive d’une population étrangère, qui, en Europe occidentale, submerge des autochtones tétanisés, en provenance des autres continents, ceux de la faim et de l’oppression politique, et de cultures et de religions différentes ; enfin, un laïcisme et un indifférentisme généralisés et alimentés par le fameux diptyque de l’Empire romain à son apogée et en même temps promis au déclin inéluctable : « panem et circenses » ou, si l’on préfère, en utilisant un vocabulaire de notre époque : « des biens de consommation et des loisirs » à outrance... en lieu et place de l’effort et du travail. Ces citoyens-individus, donc « individualistes », qui sont voués au mieux à la solitude, au pire au suicide, parfois «assisté» (et légalisé), sont radicalement indifférenciés : ils ne sont que des consommateurs auprès desquels les sites internet font leur marché à partir des évaluations statistiques de leurs désirs. Nous venons de dresser le tableau de la société occidentale du vide, qui est aussi une société dépressive et adolescente25. De là au bricolage du « genre », il n’y avait qu’un pas, et c’est ce vide qui a permis à des Méphistophélès occidentaux, en particulier américains, de mettre au point leur projet de reconstruction sociale sur des bases pseudo-scientifiques et laïcistes proprement diaboliques. Oui, le terreau est désormais prêt pour la révolution finale, qui correspond aussi à « l’ultime combat » évoqué par l’Apocalypse, la révolution du genre, qui fait de l’individu un « zombie ». C’est le nihilisme total, radical, absolu, qui sonne le glas de l’humanité. C’est l’Heure du combat entre ces ténèbres où sombre une humanité aux prises avec les démons du nihilisme libertaire, et la Lumière que l’Eglise, seule, porte tel un flambeau, semblable trop souvent à cette petite flamme de l’Espérance que chantait déjà Charles Péguy il y a un siècle, et que nulle bourrasque ne saurait éteindre. Car notre foi dans le Christ, qui fonde notre espérance, c’est-à-dire notre foi dans Jésus ressuscité, l’Homme Nouveau, Dieu fait homme, est bien ce flambeau qui illumine nos vies et nos consciences d’hommes et de femmes créés « à l’image de Dieu ». L’Eglise est bien le dernier et unique rempart contre la nouvelle barbarie du « gender », auprès de laquelle il s’avère que même les Huns d’Attila, au V siècle, n’étaient qu’une menace dérisoire ; oui, ces barbares que, au crépuscule de l’Empire devenu chrétien, le Pape saint Léon I réussit à arrêter aux portes de Rome à force de persuasion, ont su arrêter leur action maléfique. En sera-t-il de même de nos « docteurs Faust » contemporains ? Accepteront-ils de briser leur pacte diabolique avec l’Adversaire qui leur dit, comme à nos premiers parents : « vous serez comme des dieux » ? Oui, aujourd’hui, l’Eglise est le dernier et unique rempart contre la nouvelle barbarie, mais compte tenu des mœurs païennes dans le monde qui est le nôtre, la parole de l’Eglise doit être claire, limpide, sans ambiguïté, assez forte pour arracher les croyants à ce qui les soustrairait à l’alliance du Christ et à son enseignement.
Définition du genre
Si l’on veut identifier en une seule phrase le nœud idéologique de la révolution du genre, je dirais ceci : «Pour le genre, la masculinité et la féminité avec la complémentarité des sexes, la paternité et la maternité, et donc la filialité, évidemment la nuptialité et donc le mariage entre un homme et une femme, et, par conséquent la famille, avec la vocation éducative du père et de la mère, tout cela
25 Cf.
Gilles Lipovetsky, L’ère du vide, Paris, Gallimard, 1983 ; Tony Anatrella, Non à la société dépressive, Paris,
Flammarion, 1997.
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n’est que du... vent, du vide... cela n’existe pas en soi, car ce sont des constructions sociales qui ont été élaborées au long des siècles, en particulier sous la pression des religions, dont le judéo- christianisme, pour empêcher l’individu d’accéder à la véritable liberté et égalité citoyennes. Ce sont donc des stéréotypes discriminatoires dont il faut se libérer (d’où le processus révolutionnaire), et qu’il faut déconstruire et démolir par tous les moyens : financiers, politiques, culturels (arts, médias, langage, modes...), éducatifs, et donc législatifs » 26 . Cela signifie notamment, mais pas seulement, que l’individualité n’est pas reçue, oui, ce qui fait d’une personne un « homme » ou une « femme » n’est pas reçue ou innée, mais qu’elle est en permanence en construction, ce qui a pour conséquence l’indifférenciation des sexes. Notons que, sur ces barricades d’un nouveau genre, que sont les médias dominants, les arts subventionnés, certaines chaires des universités, les laboratoires et les officines de chercheurs en tous genres, et aussi dans les manifestations et les agoras de « Podemos », à Madrid et des « Nuit Debout » à Paris, on assiste à la conjonction de deux cohortes, celle des féministes et celle des LGBT27 qui se rejoignent dans la même volonté de déconstruction anthropologique.
La « déconstruction » du genre est une destruction
Prenons un exemple de déconstruction dû au genre, celui du langage. Nous sommes passés :
-
- de l’époux ou du mari et de la femme, unique et sujet d’un don total de soi pour la vie, aux partenaires, multiples et temporaires ;
-
- de la maternité au droit de la femme à disposer librement de son corps ;
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- du mariage entre un homme et une femme en tant qu’institution stable, à la célébration
culturelle de l’amour libre hétéro- ou homosexuel sans engagement ;
-
- de la famille à les familles, ou à la famille sous toutes ses formes ;
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- de la procréation à la reproduction...28
Il est intéressant de constater que le nouveau langage du genre se substitue à des mots exprimant des réalités universelles, que le christianisme a magnifiées. Ainsi, les termes suivants, qui sont présents dans l’hymne à la Charité de saint Paul (1 Co, chap. 13), sont gommés du langage du genre, et donc de plus en plus de la gouvernance mondiale et étatique : il s’agit des mots don, plénitude, service, mal, envie joie, vérité, espérance, perfection... En revanche, voici les mots et expressions qui dérivent de l’idéologie du genre ; ils constituent comme une base de données informatiques, qui correspond à un nouveau corpus linguae très étrange de type sociologico- scientifique : citons pêle-mêle : perspective du genre, rôle de genre, intégration de la perspective du genre, violence basée sur le sexe, analyse de genre, neutre quant au genre, discrimination sur la base du sexe, spécialiste de genre, sexospécificité, stéréotypes sexuels...29
26 Cf. Marguerite A. Peeters, La définition des nouveaux concepts de base pour le mariage et la famille. Colloque : La famille et les défis actuels au Moyen-Orient-Centre mondial pour le dialogue entre les civilisations « Liqaa »-Rabweh- 7-8 novembre 2014, p. 4.
27 LGBT : lesbiennes, homosexuels, bisexuels et transsexuels.28 Cf. Marguerite A. Peeters, La définition des nouveaux concepts de base pour le mariage et la famille... p. 4.
29 Cf. Marguerite A. Peeters, La définition des nouveaux concepts de base pour le mariage et la famille... pp. 4-5.
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Le genre est donc entré dans les mœurs, et il poursuit son chemin de « déconstruction », c’est-à-dire de destruction de la famille et donc de la société, dans une indifférence presque générale. Il faut que nous en prenions conscience urgemment pour que nous consentions à entrer en résistance, quel que soit le prix que nous devrons payer : de la dérision à la marginalisation, et de l’emprisonnement au martyre. Le venin a déjà été inoculé tant au niveau des nations, qu’au niveau des instances internationales, dont la plus notoire et influente est l’ONU (les Nations Unies), comme nous allons le démontrer maintenant.
La diffusion de l’idéologie du genre au niveau des Etats et des organisations internationales
- Au niveau des Etats
L’idéologie du genre est soutenue, promue et pratiquée par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui dépend des Nations Unies (ONU), et par de nombreuses organisations non-gouvernementales (ONG), en particulier des institutions d’éducation et de santé qui ont leur siège dans les Etats occidentaux. Pour mesurer à quel point d’aberration anthropologique les pays occidentaux sont parvenus, voici deux exemples significatifs en ce qui concerne la France : 1. La Fondation Jérôme Lejeune ne cesse de dénoncer, dans l’indifférence presque générale, que le diagnostic prénatal entraîne l’avortement, donc le meurtre de 96 % des enfants trisomiques : c’est le fleuve de sang des nouveaux Saints Innocents30. 2. Le 22 mars 2016, le tribunal correctionnel de Blois a condamné une femme qui avait vendu deux de ses enfants via un site internet, à deux couples, à un an de prison avec sursis, non pas pour avoir considéré ses enfants comme des marchandises et les avoir vendus, mais pour avoir escroqué les couples commanditaires31...
Tout pays qui refuse d’adhérer à l’idéologie du genre est généralement sanctionné : par exemple, ces Etats sont pénalisés au niveau des aides au développement. Celles-ci sont donc conditionnées par l’acceptation de leur part, de l’idéologie du genre. Cette véritable colonisation touche l’ensemble du continent africain, en particulier l’Afrique dit sub-saharienne, mais aussi l’Asie et l’Amérique latine. Dans ces pays, beaucoup ont été contraints de créer des ministères du « genre ». En effet, pour la seule Afrique, une quinzaine d’Etats ont d’ores et déjà adopté des politiques nationales de tendance « genre » au sein de divers ministères (éducation, femme, famille, jeunesse, santé, travail, développement social, ou encore culture)32. Ceux-ci définissent ainsi le genre : je cite l’un d’entre eux : « un ensemble de fonctions et de relations entre l’homme et la femme, qui ne sont pas déterminées par la biologie, mais qui dépendent du contexte social, culturel, politique et économique ». Les pays africains, et plus généralement, les pays en voie de développement, qui
30 Cf. site internet de la « Fondation Jérôme Lejeune ». Au cours de la présentation de son livre Les premières victimes du transhumanisme (Paris, Ed. Pierre Guillaume de Roux, 2016), Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Jérôme Lejeune a déclaré ceci : « Le tour de force de l’idéologie transhumaniste est d’avoir réussi à recycler un eugénisme détestable – condamné après le nazisme – en un eugénisme acceptable. L’ordre établi est désormais l’élimination des personnes handicapées par compassion. Le 5 mars 2016, la journaliste Anne Sinclair n’a-t-elle pas déclaré, à propos de l’avortement des trisomiques diagnostiqués qu’il s’agit d’un « eugénisme protecteur pour éviter des drames » ? Les politiques ont cédé aux firmes pharmaceutiques. Avec 96 % des enfants diagnostiqués trisomiques qui sont avortés, notre société as rendu mortelle une pathologie qui ne l’est pas. C’est un bouleversement inédit dans l’histoire de la médecine » (cf. L’Homme Nouveau, n° 1611 du 26 mars 2016, p. 4).
31 Cf « Famille Chrétienne », n° 1994 des 2-8 avril 2016, p. 18.
32 Parmi ces pays, citons le Burkina Faso, le Burundi, la République démocratique du Congo, la Guinée équatoriale, le Kenya, le Lesotho, l’île Maurice, le Ruanda, le Sud Soudan, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie, le Zimbabwe...
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sont enclins à résister à la vague homosexuelle, ont tendance à ouvrir grandes leurs portes à la perspective du genre dans son acception féministe, sans se rendre compte que l’homosexualité légalisée suivra immédiatement cette dérive, car elle est incluse dans ce que l’on pourrait appeler le « paquet cadeau » empoisonné.
- Au niveau des organisations internationales33
Dans les instances intergouvernementales, et internationales, qui inspirent la législation et le comportement des différents Etats, l’utilisation de la théorie du genre représente une coupure avec le langage des instruments juridiques contraignants adoptés antérieurement aux années 1990. Prenons l’exemple de l’ONU (les Nations Unies). Jusque dans les années 1990, les différents documents juridiques se réfèrent aux «hommes et femmes», aux «époux» ou «mari» et « femme », aux « parents », lorsqu’ils abordent l’égalité de tous les êtres humains, en dignité et en droits, ou des questions relatives à la famille, au mariage, à l’éducation des enfants34. De même, ils se réfèrent explicitement au sexe masculin ou féminin lorsqu’ils abordent la question de la non- discrimination35. La Charte de l’ONU de 1945 affirme «les droits égaux des hommes et des femmes » (préambule, 2)36. Les instruments juridiques de l’ONU de cette époque reconnaissent aussi la famille (au singulier), comme la base naturelle et fondamentale de la société37, ayant droit à la protection de la société et de l’Etat, et fondée sur le mariage contracté librement entre un homme et une femme38.
Le basculement a commencé à s’opérer lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Pékin (4-15 septembre 1995), marquée par l’intervention très remarquée d’une féministe très célèbre, Hillary Clinton, alors First Lady, qui déclarait, dans un raccourci frappant : « les droits des femmes sont des droits de l’homme »39. Malgré les oppositions virulentes de pays comme les Etats- Unis et la France, le Saint-Siège n’a pas hésité à indiquer haut et fort ses points de désaccord présents dans le document préparatoire de la Conférence, où il avait pu noter que, par exemple, les mots «mère» ou l’expression «la famille est l’unité de base» étaient mentionnés entre parenthèses. Le genre s’avançait encore en partie masqué, car il n’est pas défini explicitement dans la Plateforme d’Action de Pékin. De fait, ses promoteurs, pour la plupart occidentaux, qui avaient réussi à l’intégrer à la dérobée dans le document, ont évité de le définir, si bien que beaucoup ont eu tendance à l’interpréter dans son sens grammatical traditionnel. Toutefois, le malaise était perceptible.
33 Cf. Marguerite A. Peteers, Traitement de termes tels que « gender » et « sexe » et de formulations plus récentes telles que « orientations sexuelles » et « identité sexuelle » dans le discours ordinaire, pp. 3-6.
34 Ainsi, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) de 1948, art. 16 et art. 26/3 ; la Convention Internationale des Droits Civiques et Politiques (CIDCP) de 1966, art. 23/3 ; la Convention Internationale des Droits Economiques, Sociaux et Culturels (CIDESC) de art. 10/1 ; et la Convention contre Toute Forme de Discrimination Contre les Femmes (CEDAW) de 1979, préambule, art. 9.
35 Cf. par exemple DUDH, art. 2; CIDCP, art. 1, 4, 24/1; CIDSEC, art. 2/2; CEDAW, préambule, art. 1; Convention des Droits de l’Enfant (CDE) de 1979, préambule, art. 2.
36 On trouve cette même expression dans: DUDH (préambule, 5); CIDCP (art. 3) ; CIDESC (art. 3) ; CEDAW (préambule) et CDE (art. 29).
37 DUDH, art. 16/3, CIDCP, art. 23; CIDESC, art. 10.
38 DUDH, art. 16/1 et 2; CIDCP, art. 23/3.
39 Rappelons que Hillary Clinton sera sans doute la candidate du parti démocrate aux prochaines élections présidentielles américaines de novembre 2016, et qu’elle pourrait bien être élue...
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Après la Conférence de Pékin, l’agenda caché a commencé à sortir. Les organes de l’ONU se sont appliqués à définir le « genre ». Ces soi-disant définitions demeurent longues et floues ; elles changent sans arrêt, mais elles permettent aussi une interprétation qui inclut l’orientation sexuelle et l’identité du genre. La définition la plus « remarquable » est celle d’ONU Femmes : elle affirme que le genre correspond « aux attributs sociaux et aux opportunités associés au fait d’être homme ou femme et aux relations entre femmes et hommes, comme aussi aux relations entre femmes et aux relations entre hommes », en ajoutant que « ces attributs, opportunités et relations sont spécifiques à certains contextes et époques, et soumis au changement ». ONU Femmes fait pression pour que « l’égalité du genre et les droits des femmes » soient intégrés dans les traités « mondiaux », en particulier dans la Convention contre toutes Formes de Discriminations à l’égard des Femmes (CEDAW). Remarquons que ONU Femmes n’utilise pas à dessein le terme de «traités internationaux », mais de « traité mondiaux » pour faire comprendre sa volonté d’imposer à tous les pays sans exception l’idéologie du genre. Ensuite, ONU Femmes considère que le document intitulé les Objectifs pour le Développement du Millénaire (OMDS) a omis certaines composantes essentielles du genre, dont « la santé et les droits sexuels et reproductifs » (SDSR). Ceux-ci comportant notamment l’objectif d’un accès « universel » (ou « mondial ») à la « gamme complète » des contraceptifs quels que soient l’âge et le statut marital, l’avortement « sans risques », une « éducation sexuelle complète » purement « technique »... Et ONU Femmes conclut : « Le cadre de développement au-delà de 2015 doit reconnaître que le manque de contrôle des femmes et des adolescentes sur leur corps et leur sexualité constitue une énorme violation de leurs droits ».
La dictature par la subversion idéologique
Selon l’idéologie du genre, la famille est devenue un lieu où se négocie le pouvoir ; elle n’est plus la cellule de base de la société, et encore moins un lieu d’amour et de communion interpersonnelle. La famille étant source d’inégalités, selon les théoriciens du genre, il faut changer les relations de pouvoir entre hommes et femmes, et entre garçons et filles, dès l’école primaire. On sait que, dans nombre de pays occidentaux, ces objectifs sont passés dans les faits : ainsi, en France, « L’ABCD de l'égalité » est un programme d'enseignement français, qui avait été proposé par Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes, dont l'objectif était de lutter contre « le sexisme et les stéréotypes de genre ». Ce programme fut enseigné de manière expérimentale à partir de la rentrée 2013 dans quelque six cents classes maternelles et élémentaires. Face à l’opposition que suscita cette initiative pédagogique, le 25 novembre 2014, Najat Vallaud-Belkacem, devenue ministre de l'Éducation nationale a remplacé les « ABCD » par un plan d’action, qui... reprend les grandes lignes de son projet antérieur. Les partisans de l’idéologie du genre veulent donc susciter des politiques qui affaiblissent ce qu’ils appellent les « structures de contrainte », c’est-à-dire toutes les forces politiques, culturelles et religieuses qui attribuent des rôles de genre stéréotypé aux femmes et aux hommes, restreignant les choix de vie des femmes et des filles, et obligeant les homosexuels à entrer dans des « rôles hétérosexuels » qu’ils refusent. On retrouve ici les deux affluents empoisonnés, qui produisent le fleuve appelé « gender » : le féminisme et les groupes homosexuels et transsexuels LGBT.
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Dans son livre, qui vient de paraître: Religion, l’heure de vérité40, Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon, affirme ceci : « La modernité a voulu miser sur l’homme coupé de Dieu... Or, si Dieu a créé le monde et les êtres , il a imprimé en eux un ordre issu de sa sagesse et de sa raison, un ordre intelligible pour nous ». En d’autres termes, l’idéologie du genre s’enracine dans le relativisme, selon lequel tout est possible et acceptable. Benoît XVI41, puis le pape François42 disent que nos sociétés s’orientent vers une dictature du relativisme, qui ne reconnaît que le propre ego et ses désirs. Cette idéologie, qui a pénétré la société, s’immisce dans l’Eglise de l’extérieur et aussi de l’intérieur. L’archevêque émérite de Chicago, décédé en avril 2015, le Cardinal Francis George a déclaré, le 12 novembre 2012, que s’il pensait que « lui-même mourrait dans son lit – ce qui s’est avéré vrai -, il se pourrait bien que son successeur meure en prison, et que celui qui lui succéderait pourrait, lui, mourir martyr sur une place publique, à cause du fait qu’il aurait dénoncé la décadence d’une société tout en s’efforçant de reconstruire patiemment la civilisation, comme l’Eglise l’a souvent fait dans l’histoire de l’humanité »43. Il y a donc des groupes de pression (ou « lobbies ») qui veulent imposer l’idéologie du genre et le relativisme moral. Et si la famille est en danger, c’est la société qui est en danger, et aussi la foi elle-même. En effet, les évêques (et donc aussi les prêtres, leurs coopérateurs) sont appelés à défendre la sainteté du mariage et de la famille. S’ils faillissent à leur mission, notre avenir, celui de l’humanité, est en grave danger, car la foi est toujours menacée de deux manières : ou par la volonté de changer la doctrine immuable, ou en donnant le mauvais exemple.
Le beau combat pour la famille
De nos jours, on assiste tout spécialement à un combat frontal et violent entre « l’esprit du monde » et « l’Esprit Saint ». Je m’explique. Dans les premiers temps de l’Eglise, par exemple à Rome, nous savons par saint Paul (épître aux Romains, chap. 1) que le contexte culturel était assez semblable à celui que nous connaissons aujourd’hui avec la banalisation de l’adultère, de la polygamie, de l’homosexualité, de l’avortement... Les chrétiens de cette époque n’ont pas accepté de compromis, mais ils sont restés fidèles à l’Evangile, même si leur témoignage allait à contre-courant de la culture dominante. C’est grâce à leur exemple, crédible, qu’ils ont pu être le levain dans la pâte païenne de cette époque, dont parle Jésus44, si bien que, petit à petit, on assista à une conversion de peuples entiers. Et c’est ainsi que l’Europe devint chrétienne et qu’on vit fleurir une civilisation marquée par le christianisme où le mariage, en particulier la dignité de la femme, et la famille, avec le respect des enfants depuis leur conception, ont été mis en évidence. Nos ancêtres dans la foi avaient donc choisi « l’Esprit Saint », et non pas « l’esprit du monde »... quoiqu’il leur en coûtât... c’est-à-dire jusqu’à la dérision, la discrimination et même le martyre. Or, durant les deux récents Synodes sur la famille de 2014 et 2015, dans un contexte social et culturel très semblable à celui de la Rome antique, du moins en Occident (banalisation et légalisation du divorce par consentement
40 41 42 43 44
Paris, Artège, 2016.
Notamment dans l’homélie de la Messe Pro eligendo Romano Pontifice, 18 avril 2005. Cf. site internet du Vatican.
En particulier dans le Discours au corps diplomatique, 22 mars 2013. Cf. site internet du Vatican. Cf. Monde et Vie, n° 868 de décembre 2012.
Mt13,33.
11
mutuel45, de l’union civile provisoire46, de la contraception et de l’avortement, des manipulations génétiques et des fécondations « in vitro » comportant le massacre des fœtus indésirables, la légalisation du « mariage » homosexuel47...), la tentation de la compromission avec l’esprit du monde dominant d’aujourd’hui a surgi par le biais d’un alibi théologico-pastoral erroné: l’adaptation de l’enseignement de l’Eglise aux réalités du monde contemporain, ou, si l’on préfère dans un langage plus théologique, l’adaptation de la doctrine de l’Eglise aux cas particuliers qui relèvent de la pastorale. Ce véritable engouement pour ce modèle, qui n’était pourtant pas une découverte récente (cf. les théories déviantes d’Hans Küng...), relayé par des médias complaisants, y compris catholiques, a gagné un certain nombre d’évêques, l’un d’entre eux n’hésitant pas à qualifier ce paradigme de « fontaine de la révélation ».
Conclusion
En guise de conclusion, je voudrais citer cet extrait de la Lettre aux Familles du pape saint Jean- Paul II, du 2 février 199448. Vous verrez que celle-ci n’a pas pris une ride :
« Que le Christ, qui est le même « hier, aujourd'hui et à jamais » (He 13, 8), soit avec nous tandis que nous fléchissons les genoux devant le Père de qui viennent toute paternité, toute maternité et toute famille humaine (cf. Ep 3, 14-15) et, avec les paroles mêmes de la prière qu'il adresse au Père et qu'il nous a lui-même enseignée, qu'il nous donne encore une fois le témoignage de l'amour avec lequel il nous « aima jusqu'à la fin » (Jn 13, 1) ! Avec la puissance de sa vérité, je parle à l'homme de notre temps pour qu'il comprenne la grandeur des biens que sont le mariage, la famille et la vie ; le grand péril constitué par le refus de respecter ces réalités et par le manque de considération pour les valeurs suprêmes qui fondent la famille et la dignité de l'être humain. Que le Seigneur Jésus nous redise tout cela avec la puissance et la sagesse de la Croix, afin que l'humanité ne cède pas à la tentation du « père du mensonge » (Jn 8, 44) qui la pousse constamment à prendre des voies larges et dégagées, à l'apparence facile et agréable, mais qui sont en réalité remplies de pièges et de dangers ! Qu'il nous soit donné de suivre toujours Celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6) ! ».
Saint Jean-Paul II a dit à plusieurs reprises que « le futur de l’humanité passe par la famille ». Oui, si la bataille finale entre Dieu et le règne de Satan concerne le mariage et la famille, il faut que nous prenions conscience de toute urgence que nous nous situons déjà au cœur de cette bataille spirituelle, dont dépend l’avenir de nos sociétés humaines, et nous savons que la famille, fondée sur
45 En France, un arrêt de la Cour de Cassation du 17 décembre 2015 a estimé que l’adultère n’est plus contraire à la morale. En effet, dans le litige opposant Patrick Devidjan au magazine Point de Vue, que le député accusait de diffamation pour avoir révélé une liaison extra-conjugale, la Cour de Cassation a estimé que « l’évolution des mœurs comme celle des conceptions morales ne permettent plus de considérer que l’imputation d’une infidélité conjugale serait à elle seule de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération ». Pourtant, malgré la loi du 11 juillet 1975, qui dépénalise l’adultère, la fidélité est toujours inscrite dans le Code Civil français (art. 212).
46 appelé “pacte civil de solidarité” en France, ou
« pacte d’union civile » en Italie.
47 13 pays européens (dont 11 membres de l'Union européenne) reconnaissent le mariage homosexuel : les Pays- Bas (depuis 2001), la Belgique (2003), l'Espagne (2005), la Suède (2009, avec une disposition obligeant l'Eglise à trouver un pasteur pour célébrer les mariages religieux), la Norvège (2009), le Portugal (2010), l'Islande (2010), le Danemark (2012), la France (2013), la Grande-Bretagne (Angleterre et Pays de Galles en 2013, Ecosse en 2014), la Finlande (2014) le Luxembourg et enfin l'Irlande (2015).
48 Cf. site internet du Vatican.
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le mariage d'amour, monogame, libre, fidèle et indissoluble, en est la cellule de base. Nos familles chrétiennes sont comme ces multiples alvéoles de cire, donc fragiles et toujours à fortifier, qui constituent la ruche où chacun est appelé à goûter le miel de la Vérité, c’est-à-dire les Paroles salvifiques du Seigneur Jésus et de son Epouse la sainte Eglise. En cette année jubilaire de la Miséricorde, puissions-nous trouver refuge, comme Marie, la Mère du Rédempteur et notre Mère, dans le Cœur de Jésus, dans son Sacré Cœur transpercé par amour pour nous... avant qu’il ne soit trop tard.
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Source : Universidad Católica de Ávila
11:46 Publié dans Culture et société, Famille, Personnalités, Vidéos | Tags : cardinal sarah, théorie du genre, idéologie du genre, gender, genre, onu, organisation des nations unies, oms, organisation mondiale de la santé, sustainable development goals | Lien permanent | Commentaires (0)
02/04/2016
Art contemporain : « En France, c’est l’État qui dirige la création » et cause sa chute
Entretien avec Aude de Kerros sur le marché de l’art contemporain et les dérives de l’État culturel.
À l’occasion de la sortie de son dernier livre L’imposture de l’art contemporain, Contrepoints a rencontré Aude de Kerros. Aude de Kerros est graveuse, artiste peintre et l’auteur de plusieurs essais sur l’art et la culture. Pierre-Louis Gourdoux a dirigé cet entretien.
Il s’agit de votre troisième livre sur le thème de l’art contemporain. Livre dans lequel vous fournissez une explication précise des mécanismes à la fois culturels, politiques et financiers qui ont engendré un système de création de la valeur inédit ainsi que des applications et utilités qui n’ont plus grand-chose à voir avec ce qui était considéré communément comme de l’art..
Votre livre est le fruit d’une longue analyse. Quel en a été le point de départ ?
En lisant le journal, en 1994, j’apprends qu’une œuvre de Jasper Johns reproduisant le drapeau américain vient d’être vendue pour une somme hors normes. Je n’avais jamais entendu parler de cet artiste américain. J’ai constaté que la somme atteinte par ce petit format de la « bannière étoilée » était cinq fois plus élevée que le prix de vente d’un château de la Renaissance, historique et orné de fresques du Primatice acquis au même moment en France.
Je ne comprenais pas comment un tel événement avait pu se produire si brutalement et je me sentais manipulée de ce fait. En effet, le marché financier et le marché de l’art avaient connu un krach historique trois ans plus tôt, les cotes, tant celles de l’art que de l’AC1, étaient au plus bas et l’ambiance fort peu spéculative.
Je me posais donc la question : comment se fabrique la valeur d’un produit d’Art contemporain sans valeur intrinsèque et ne répondant pas à des critères esthétiques ?
Comment avez-vous obtenu les informations que vous recherchiez ?
On trouve beaucoup de faits dans la presse. La difficulté consiste à faire des liens entre eux et à comprendre le fonctionnement. Passé l’an 2000, l’accès à de multiples sources sur Internet a permis de comparer l’information disponible et d’avoir un coup d’œil international. Les journaux anglophones sont plus factuels et intéressants à cet égard. Les journaux français favorisent plutôt l’interprétation, ce qui occulte parfois les données. Enfin, Artprice, source majeure depuis sept ans, pratique depuis un an l’information en continu sur le marché de l’art mondial. Ce n’est pas sans calcul… mais grâce à cela beaucoup de choses deviennent de plus en plus compréhensibles.
En France, l’État dirige la création, et l’accès à l’information dans le domaine de l’art est problématique. Depuis vingt ans, des artistes comme Fred Forrest réclament aux autorités publiques de publier les chiffres relatifs aux achats publics d’œuvres contemporaines ainsi que les critères ayant présidé à la commande publique. Fort des règles de droit public, Fred Forest a fait un procès à Beaubourg, en raison de son refus de donner le prix d’achat d’une œuvre entrée dans ses collections ; il a gagné le procès en instance et perdu en appel. Ses juges ont créé une jurisprudence : les achats d’art échappent à l’application du droit qui régit les marchés publics. C’est ainsi que cette jurisprudence a confirmé le droit au secret autour des transactions de l’État sur l’art. De même, le statut du corps des Inspecteurs de la Création, créé par Jack Lang en 1983, est aussi une exception administrative : ces fonctionnaires ne sont pas astreints à fournir arguments, critères et justifications concernant leurs choix artistiques. Ils n’ont aucun compte à rendre de l’argent public qu’ils utilisent au contribuable. Les ressorts et les pratiques de la vie artistique en France demeurent dans l’ombre.
Comment s’est opérée l’éviction des artistes non conceptuels sur la scène française ?
C’est en effet un problème spécifiquement français, lié en grande partie à l’intervention massive de l’État dans le domaine de la création. De 1983 à nos jours, les inspecteurs de la création ont fait le choix d’un seul courant artistique, le conceptualisme, et ont exclu tous les autres pour cause de « non – contemporanéité ». Ils appartiennent à un archéo-courant intellectuel très présent dans le fonctionnariat d’art et l’Université française qui croit religieusement au sens déterminé de l’histoire.
Après la chute du marché de l’art en 1990, l’État est devenu l’unique filière de consécration en France. La Direction des Arts Plastiques a pu créer grâce à une politique de subventions, de reconnaissance et de faveurs, un réseau unissant associations, mécènes, collectionneurs, critiques d’art, presse et galeries amies. Ainsi l’intervention massive de l’État et son réseau a tué la concurrence, c’est-à-dire galeries et filières de consécration défendant les artistes non labélisés par la rue de Valois. Le marché n’étant plus florissant comme lors des années 1980, leurs moyens financiers ont décliné et la visibilité des courants non officiels a disparu des médias.
Cette concurrence déloyale de l’État est spécifique à la France. Dans l’international on constate une diversité. Dans la plupart des pays existent, simultanément, le très haut marché international de l’AC conceptuel et des marchés plus enracinés, moins financiarisés aux courants multiples, soutenus par des amateurs plus passionnés que spéculateurs.
C’est un fait : l’effondrement momentané du marché, en 1990, a favorisé l’apparition d’un art officiel rigoureux en France. Sa légitimité, qu’il est interdit de contester sous peine de passer pour un fasciste, vient de la théorisation ce cet art présenté non seulement comme seul « contemporain », mais aussi comme seul moralement acceptable.
Le discours officiel est élaboré et enseigné par le clergé universitaire. Les facultés qui forment à la Licence d’Art plastique et les Écoles des Beaux Arts sont les lieux privilégiés de son apprentissage, couronné par des diplômes. L’enseignement de la doxa est au centre de la formation artistique. Qui plus est, artistes, inspecteurs, médiateurs, journalistes, critiques, curateurs et commissaires suivent pour ainsi dire la même formation. Ils forment un milieu homogène, fermé, soudé par une doctrine.
Que l’État n’achète plus les œuvres non conceptuelles, c’est une chose, mais pourquoi les artistes non officiels n’ont-ils pu continuer à vivre des achats et dons privés ?
Acteur dominant dans le domaine de la création, l’État a formé un réseau unique de consécration. Il a satellisé mécènes, médias, galeries, collectionneurs de son choix et formé, de fait, une entente et un trust.
Au bout de 33 ans de ce système, même dans les campagnes les plus reculées de France, tous les lieux de visibilité et de légitimité du prestigieux patrimoine ont été progressivement réservés aux officiels. Les artistes autonomes n’y ont plus accès alors même que les galeries privées connaissent une grande crise. Quant aux journalistes des grands médias, dont l’intervention est absolument nécessaire pour acquérir une notoriété, il n’est plus question pour eux d’aller à la découverte. Sollicités par leurs journaux qui dépendent de leurs annonceurs, choyés par le Ministère de la Culture et de la Communication, ils s’alignent sur le jugement des inspecteurs. Un journaliste ne se déplace plus sans jeter un coup d’œil préalable sur le carton d’invitation. Il vérifie la présence des logos de rigueur : celui du Ministère, ceux des grands groupes mécènes et l’indéfectible patronage d’un grand média prescripteur. Selon leur accumulation prestigieuse, il peut anticiper la qualité du champagne et le prestige des invités qu’il aura ainsi l’occasion de rencontrer !
En 1993, les galeries de peinture les plus prestigieuses de Paris, qui faisaient référence dans l’International, ont été au exclues de la FIAC avec l’accord des institutions. C’est ainsi que les filaires de consécration alternatives de reconnaissance, de légitimation ont disparu. Depuis le marché privé de l’art en France n’a cessé de s’affaiblir.
Comment s’est traduite l’action des inspecteurs ?
En 1983, quand Jack Lang crée les « inspecteurs de la création », il les coopte hors du circuit de la fonction publique et du corps fort savant des conservateurs, jugé incompétent pour juger de l’AC. On cite toujours comme exemple, l’après-midi « historique » pendant lequel ont été nommés 23 très jeunes fans de l’AC pour diriger les 23 FRACs tout juste créés. Ils se virent confier la responsabilité de dire ce qui est de l’art et ne l’est pas, sans débat ni contradiction ni justification de leur part. Leur statut fut précisé par décret en 1993. Un concours fut prévu. Quoi qu’il en soit depuis plus de trois décennies, ils sont choisis selon un profil idéologique très homogène. Leurs carrières se déroulent dès lors sur quatre décennies… On imagine combien un tel système peut devenir stérilisant pour la création d’un pays tant il est défendu par le secret, l’entre-soi et l’arbitraire institutionnalisés.
Nous savons aujourd’hui que ces inspecteurs ont dépensé chaque année plus de la moitié (60% environ), du budget attribué aux achats d’œuvres à des artistes vivants, dans les galeries new-yorkaises.
Ainsi ils ont contribué à couler la place de Paris en faveur de celle de New York. Ils ont offert sans contrepartie la légitimité et l’aura française, l’inaliénabilité des collections françaises de Beaubourg, des FRACS et du CNAC qui n’est pas d’usage en Amérique.
Malgré le travail acharné des inspecteurs et leurs subventions le résultat est là : depuis plus de trois décennies les artistes vivant et travaillant en France, officiels ou non, ne sont pas apparus sur la scène internationale, n’ont pas été consacrés par le haut marché de New York.
Pourquoi favoriser les artistes étrangers ? Quel pouvait être le bénéfice politique de cette décision ?
L’Amérique a bien reçu et bien traité les jeunes et fringants inspecteurs. Ils y ont pris goût à New York et se sont laissés convaincre que « Paris is has been ».
On peut remarquer au passage l’asymétrie des relations artistiques entre la France et l’Amérique. Elle est d’ailleurs calculée et faite pour que les « missi dominici » de la rue de Valois se déplacent et achètent à New York. En effet, les collectionneurs américains, depuis les années 1960, ne viennent plus à Paris acquérir de l’art et aucune galerie newyorkaise importante n’a de succursale à Paris.
Il faudra attendre 2009 et un changement de stratégie du haut marché de l’AC pour qu’elles s’installent à Paris. À partir de cette date, la capitale française est considérée comme un « show case » des œuvres en cours de cotation. Les grands collectionneurs instrumentalisent le grand patrimoine français à cet effet
Pourquoi cette politique a-t-elle perduré, malgré les changements de ministre et de majorité ?
Il s’est créé au sein du Ministère de la culture une sorte « d’État profond ». Les majorités changent, les ministres passent, la continuité des carrières administratives demeure. Il est admis rue de Valois que les ministres aient une marge de manœuvre réduite, en particulier dans le domaine de la création contemporaine. Les mots d’ordre de l’Élysée ont peu de poids. C’est ainsi.
Pendant un siècle, de 1880 à 1983, de Jules Ferry à Jack Lang, l’État s’est volontairement retiré de toute gouvernance de l’art. La France a connu alors un immense rayonnement parce que tous les courants de l’art y étaient présents et se côtoyaient librement. Après 1983, en l’espace de quelques mois, la légitimité et la référence artistique est devenue une affaire d’État. Très rapidement la France a perdu son rayonnement international. La première génération d’inspecteurs de l’art a aujourd’hui plus de trente années de service et tant de secrets à garder !
Depuis peu cependant, leur pouvoir s’effrite. En effet, les budgets se réduisent, les charges augmentent, le nombre d’artistes officiels croît de jour en jour. Ce sont deux générations d’artistes qu’il faut porter à bout de bras jusqu’à la tombe ! Ils réclament la rétribution de leur travail d’utilité sociale, leur fonction de transgression institutionnelle et bienfaitrice, et surtout leur capacité à créer de l’activité économique !
Pour résoudre cette insupportable pression, les inspecteurs se tournent vers l’argent privé du mécénat. Les mécènes français ont l’avantage d’être respectueux et soumis devant l’inspecteur mais leurs moyens sont modestes. Pinaud et Arnaud quant à eux imposent leurs conditions et les convoquent. Enfin, ils sont pleins de déférence vis-à-vis des collectionneurs globalisés. Ceux-ci veulent le Louvre, Versailles, le grand patrimoine, imposent concepts, caprices et agences de communication. Voilà donc nos inspecteurs transformés en hôtesses d’accueil. Ils courent dérouler le tapis rouge à Roissy, les décorent de la Légion d’honneur sous les lambris de la République, avec presse, champagne et petits fours.
Ils ne sont plus les seuls décisionnaires de ce qui est de l’art ou ne l’est pas… même les artistes officiels souffrent, sans évoquer des artistes hors système, soit 90% d’entre eux ! Le doute s’insinue. Pour la première fois en 2015, lors de la FIAC, la presse s’est faite moins élogieuse que d’habitude. Les titres tournaient autour d’une seule question : « mais où sont les artistes français ? La grande presse ne peut plus faire semblant d’ignorer le malaise de ses lecteurs. On ne la lirait plus.
Depuis que vous avez commencé, avec d’autres, à dénoncer les pratiques publiques et le « financial art », avez-vous perçu une évolution ?
Nous avons commencé il y a plus de vingt ans par un samizdat de photocopies, informel, entre amis. Nous partagions ainsi nos réflexions et observations. À partir de 2004 environ, l’appli Photoshop sur Internet a amené les plasticiens à beaucoup utiliser Internet et notre travail d’histoire et de décryptage du mystérieux système français a pu ainsi beaucoup circuler sur Internet. Comprendre la très complexe et subtile aliénation subie tout particulièrement par les artistes a été, pour beaucoup, une libération intérieure.
- AC : acronyme de « Art contemporain » qui désigne uniquement le courant conceptuel et non pas tout l’art d’aujourd’hui comme l’expression pourrait le laisser entendre.
Source : Pierre-Louis Gourdoux pour Contrepoints - 1 avril 2016
08:00 Publié dans Culture et société | Tags : aude de kerros, art contemporain, révolution culturelle | Lien permanent | Commentaires (0)
06/03/2016
Cambadélis vs Zemmour : une bataille de plus dans la guerre des idées
Débat opposant l'essayiste et journaliste Eric Zemmour face au politique socialiste Jean-Christophe Cambadélis diffusé sur BFMTV le 28/02/2016 à 19h15:
18:10 Publié dans Culture et société, Politique, Vidéos | Lien permanent | Commentaires (0)
12/02/2016
Chanter rend heureux !
Bref compte-rendu du week-end de formation à la direction de choeur organisé par l’Association des Guides et Scouts d’Europe, l’association nationale française de l’UIGSE – FSE.
« Le chant embellit la vie et ceux qui chantent embellissent la vie des autres » disait Zoltan Kodaly, compositeur hongrois. Des guides-aînées et routiers, des anciens ou amis du mouvement, l’ont pris au mot et ont décidé de se former pour faire chanter chorales scoutes, paroissiales ou de jeunes. Depuis seize ans, l’équipe technique nationale (ETN) Animation de chants organise pour eux un week-end de formation qui connaît un succès constant. Les 30 et 31 janvier 2016, ils étaient quarante-quatre stagiaires réunis à Château-Landon, venus de toute la France et même d’Espagne, notamment les chefs de chœur et de pupitre des chorales Guides et Scouts d’Europe de Toulouse, Tours, Orléans, Paris, Lille, Dijon et Strasbourg.
10:30 Publié dans Culture et société, Vidéos | Tags : chant, scoutisme européen, scouts et guides d'europe | Lien permanent | Commentaires (0)
05/02/2016
Fabrice Hadjadj : Changer le monde ? Action et contemplation.
Qu'est-ce que prendre une initiative personnelle pour changer le monde ?
Conférence de Fabrice Hadjadj, professeur agrégé de philosophie
Dans cette conférence, Fabrice Hadjadj rappelle que pour combattre la destruction de la famille, il est nécessaire qu'il y ait de bons époux et de bons pères et mères de famille. Ce rappel mérite d'être complété par les propos du Père Horowitz au cours d'une conférence sur la théorie du genre:
Conférence de Fabrice Hadjadj : Courant pour une écologie humaine
Image : Espérance Nouvelle
12:26 Publié dans Culture et société, Famille, Politique | Tags : philosophie, fabrice hadjadj | Lien permanent | Commentaires (0)