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Jean Sévillia viens de rééditer sous le titre Écrits historiques de combat ses trois principaux essais : Historiquement correct, Moralement correct et Le Terrorisme intellectuel. Il revient pour nous sur ce combat des idées.
Vous venez de rééditer sous le titre Écrits historiques de combat vos trois principaux essais consacrés au décorticage de la pensée dominante. Naguère, la Pléiade avait publié les « écrits de combat » de Bernanos. Faut-il y voir un hasard ou une filiation ?
Jean Sévillia : C’est mon éditeur qui m’a proposé ce titre de Écrits historiques de combat, proposition que j’ai acceptée. Il est vrai que la formule rappelle celle des Essaiset écrits de combat de Bernanos publiés dans la Pléiade. Ce n’est pas un hasard puisqu’on classera celui-ci dans la catégorie des essayistes catholiques, catégorie à laquelle je puis être assimilé. Mais à la vérité, la pensée politique de Bernanos est un peu fluctuante, et son registre pamphlétaire n’est pas le mien. Chez Bernanos, j’admire plus le style en général – c’est un admirable écrivain – et les romans, qui nous emmènent toujours dans l’affrontement saisissant du péché et de la grâce. Si je voulais m’inscrire dans une filiation, ce serait plutôt dans celle de Jacques Bainville qui était un historien-journaliste, ce que je tente modestement d’être, et qui par ailleurs écrivait admirablement. Mais l’agnosticisme de Bainville a pour conséquence regrettable qu’il manque une dimension chrétienne dans ses livres, outre que ses sources historiques sont parfois dépassées. L’idéal serait d’avoir la méthode de Bainville, la foi de Bernanos et autant de style qu’eux deux. Mais je n’ai pas cette prétention : je me contente d’être moi-même, tout en essayant de m’améliorer…
Même si vous admettez comme leurs adversaires que les « néoréacs » se font de plus en plus entendre, vous estimez pourtant que « l’orientation et les conditions du débat d’idées, en France, ne sont pas substantiellement modifiées ». Pensez-vous réellement que le « sinistrisme » mis en évidence par Albert Thibaudet sous la IIIe République est encore vraiment à l’œuvre ?
Il faut distinguer deux niveaux. Pour ce qui est de la production d’idées et du positionnement idéologique et politique des intellectuels de premier plan, il est vrai que la gauche a perdu l’hégémonie qu’elle exerçait dans ce domaine. Si l’on considère, par exemple parmi les philosophes, ceux dont les livres remportent de vrais succès de librairie, on trouve Alain Finkielkraut, qui était de gauche il y a trente ans mais qui passe aujourd’hui pour réactionnaire, Michel Onfray, qui est malheureusement athée et qui continue de se dire de gauche alors que toute sa pensée va à l’encontre des principes de la gauche, ou Fabrice Hadjadj ou François-Xavier Bellamy, qui sont des catholiques de droite. Je ne prétends certes pas qu’il n’y a plus de philosophes de gauche, mais ils se taisent ou ne sont plus écoutés. Mais quand ils publient un livre, Alain Finkielkraut ou Michel Onfray, pour n’évoquer qu’eux, subissent un tir de barrage médiatique qui vise à déconsidérer leur personne et à délégitimer leurs propos parce qu’ils vont à contre-courant du politiquement correct. Et c’est ici que nous trouvons le deuxième niveau qui me fait dire que les conditions du débat d’idées ne se sont pas substantiellement modifiées en France depuis trente ans. Car le monde médiatique, tout comme le monde de l’enseignement, sont deux secteurs de la société française qui sont massivement orientés politiquement, et où l’hégémonie de la gauche n’a pas reculé d’un centimètre. Or tous les Français passent par l’école, le collège, le lycée ou l’université, et tous regardent la télévision et écoutent la radio. L’enseignement et les médias restent par conséquent deux filtres idéologiques dont l’influence est énorme sur le commun des mortels, même si les autres y échappent par les écoles entièrement libres et les médias alternatifs.
Qu’est-ce qui caractérise cette hégémonie de la gauche ?
Jean Sévillia, Écrits historiques de combat (Historiquement correct, Moralement correct, Le Terrorisme intellectuel, avec une préface inédite, une bibliographie actualisée et un index des noms propres), Perrin, 840 p., 25 €.
Une volonté de bien commun uniquement matériel, sans référence aux valeurs chrétiennes, est conduite à laisser pour compte une large partie de la population. Galvaudée, la notion de bien commun mériterait de retrouver sa juste place dans l’économie étatique et mondiale.
Discours officiels et médiatiques mentionnent, depuis quelques années déjà mais sans en définir le contenu, le « bien commun ». Tandis que chacun est invité à y mettre ce qu’il veut, l’interrogation est d’autant plus vive chez l’historien que les Modernes avaient, dès le XVIIIe siècle, substitué au bien commun traditionnel la notion d’« intérêt général ». Au gré des générations et comme par hésitation sur le qualificatif le plus approprié, la diversification s’est faite avec « intérêt national », « intérêt public ». Le but recherché était de faire oublier le concept « bien commun » qu’avaient formulé les théologiens catholiques pour désigner un véritable trésor à garder.
La doctrine sociale de l’Église apprend à distinguer le bien commun spirituel et le bien commun temporel. Le premier, riche d’enseignement divin et confié à l’Église, guide le fidèle vers son salut. Le second désigne le bien de l’homme en société(s) ; il englobe le milieu naturel et embrasse l’ensemble des acquis nécessaires à l’épanouissement dans la paix de chacun et de tous les membres de la société. La nature du bien commun fait considérer sa primauté sur le bien particulier ; les intérêts privés et ceux des groupes doivent être subordonnés au bien commun dont l’État a la charge, et que le législateur doit servir ; faute de quoi la société se disloque. Saint Thomas avait fait du service du bien commun la fonction essentielle du pouvoir politique : légiférer conformément à la justice, faire respecter les règles de l’activité économique, en corriger les dysfonctionnements en cas de crise… Les exigences dudit bien fixent les règles de la justice sociale, laquelle est génératrice de paix.
Faire des écoles, des collèges, des universités chinoises « des bastions de l’enseignement du Parti ». Voilà la dernière grande idée – mais non pas nouvelle – du président chinois Xi Jinping. Le travail idéologique doit être intégré dans l’ensemble du processus éducatif. Marx à tous les étages ! Exit les idées occidentales, germes de dissidence ! Pour autant, Xi ne renonce pas pour ses universités à un statut international – actuellement les meilleures des pays émergents. Un paradoxe ? Que nenni, le communisme moderne veut s’exporter et flirte fort bien avec le mondialisme.
Un congrès sur « le travail idéologique et politique »
Déjà, depuis quelques années, les media d’Etat déploraient que les étudiants aient perdu de l’intérêt pour l’idéologie officielle. Les jeunes chinois, pourtant, de l’école primaire à l’université, doivent suivre des cours de « politique » ou de « marxisme », donnant lieu à des examens. Manifestement, ce n’était pas suffisant. Comme les media, les écoles et les universités font partie de ces zones dont Xi craint de perdre le contrôle…
Du film "A Man of All Seasons" ("Un homme pour l'éternité"), sorti en salles le 12 décembre 1966, il y a 50 ans, sur la vie et la condamnation à mort de Saint Thomas More pour haute trahison.
"Soyez donc soumis à toute institution humaine à cause du Seigneur, soit au roi, comme souverain, soit aux gouverneurs, comme envoyés par lui pour faire justice des malfaiteurs et approuver les gens de bien : car c'est la volonté de Dieu que, en faisant le bien, vous fermiez la bouche aux insensés qui vous méconnaissent. Soyez soumis comme des hommes libres : non pas comme des hommes qui se font de la liberté un manteau pour couvrir leur malice, mais comme des serviteurs de Dieu. Rendez honneur à tous; aimez tous les frères; craignez Dieu ; honorez le roi." (1 Pi 2, 13-17)
"Que tout homme soit soumis aux autorités supérieures; car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par lui." (1 Co 13, 1)
"Les ayant amenés, il les firent comparaître devant le sanhédrin, et le grand prêtre les interrogea, disant :« Nous vous avions expressément défendu d’enseigner en ce nom, et voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement, et que vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme ! » Pierre et les apôtres répondirent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. »" (Ac 5, 27-29)
Olivier Gosset, enseignant, co-fondateur de "Parents pour l'Ecole", s'appuie sur un article du site Enseignants pour l'Enfance, pour rappeler que le "socle commun" qui est l'une des origines de la désintégration de l'Ecole, nous le devons à François Fillon, lorsqu'il était ministre de l'Education nationale :
Lors du dernier débat de la Primaire de la droite et du centre, François Fillon s’est lancé dans une vibrante diatribe à l’égard des pédagogues. Ayant fait grand bruit, cette dernière suscita un engouement inattendu. Si l’attaque portée à l’encontre des experts qui règnent au Ministère est légitime, elle étonne de la part de celui qui fut aux commandes de la rue de Grenelle.
Pour qui s’en rappelle, Monsieur Fillon a été l’auteur d’une loi portant son nom.
Médias/Télé La RDA a volé 10 000 enfants au nom d’une utopie. La Une, à 22 h 15.
L’enquête fut "longue et difficile", reconnaissent Gadh Charbit et Anne Véron. Les deux réalisateurs livrent toutefois un document abouti sur "le mystère des enfants volés".
Dans l’ancienne République démocratique allemande (RDA), au nom d’une utopie éducative (centrée sur l’homme socialiste nouveau), le parti unifié, les services sociaux à l’enfance, la Stasi ont traqué les "anticonformistes".
Ils ont contrôlé les moyens de communication, espionné "des suspects" jour et nuit, arraché 10 000 enfants à leur famille.
Fruit d’une longue enquête, ce documentaire signé Gadh Charbit et Anne Véron revient sur une politique d’adoptions et de placements forcés.
Calme, posée, fixant la caméra et parfois esquissant un timide sourire, Helga Labs délivre des paroles qui, dans le contexte de ce passionnant documentaire, résonnent de manière sinistre. En 1989, avant que ne tombe le mur de Berlin, cette femme élégante était ministre de l’éducation de la République démocratique allemande. Bras droit de la redoutable Margot Honecker (l’épouse du chef de l’Etat Erich Honecker) et ancienne responsable des Pionniers, organisation des Jeunesses communistes, cette militante pure et dure de la cause du socialisme réel à la sauce est-allemande n’a jamais renié ses convictions.
Benoit Sevillia est le président des Éveilleurs d’Espérance. Il a bien voulu répondre aux questions du Rouge & Le Noir.
R&N : Lancées en octobre 2015 à Versailles, les conférences d’ÉVeilleurs d’Espérance sont un succès. Qu’est-ce qui vous a conduit à créer cette association ?
Benoit Sevillia : Nous avons à l’origine lancé le mouvement des veilleurs à Versailles, que nous avons co-animé avec Pierre Nicolas. Nous avions notre spécificité par rapport au mouvement des veilleurs, qui a clairement participé au succès de nos veillées, l’invitation de grands témoins qui venaient nous entretenir d’un sujet dont ils ont une connaissance particulière.