08/11/2015
Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien - IV - "Ce qui a été décrété et établi par l'autorité de Dieu au sujet des mariages..."
ARCANUM DIVINAE
LETTRE ENCYCLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE LÉON XIII
SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN
(...)
Au milieu de ce déchaînement du libertinage de l'homme, rien n'était plus misérable que la femme. Elle était abaissée à ce point d'humiliation qu'elle était en quelque sorte considérée comme un simple instrument destiné à assouvir la passion ou à produire des enfants. On n'eut même pas honte de vendre et d'acheter les femmes à marier, ainsi que l'on fait pour les choses matérielles (Arnobius, Adversus Gentes, 4). En même temps on donnait au père et au mari la faculté d'infliger à la femme le dernier supplice.
Sortie de tels mariages, la famille était nécessairement, ou bien dans la main de l’État, ou bien à la merci du père (Dionysius Halicarnassus, lib. II, c. 26-27). Les lois donnaient, en outre, à ce dernier le pouvoir non seulement de conclure et de rompre à son gré les mariages de ses enfants, mais d'exercer sur eux-mêmes le droit barbare de vie ou de mort.
Tous ces vices, toutes ces ignominies qui déshonoraient les mariages furent enfin supprimés et guéris par Dieu. Jésus-Christ voulant restaurer la dignité humaine et perfectionner les lois mosaïques, s'occupa du mariage avec une sollicitude toute particulière.
En effet, il ennoblit par sa présence les noces de Cana en Galilée, et les rendit mémorables par le premier de ses miracles (Joan. II). Aussi le mariage semble-t-il avoir commencé à recevoir ce jour-là, en raison de ces circonstances, un nouveau caractère de sainteté.
Ensuite il ramena le mariage à la noblesse de sa première origine. Il réprouva donc les mœurs des Juifs qui abusaient de la multiplicité des épouses et de la faculté de les répudier. Il voulut surtout que personne n'osât séparer ce que Dieu avait joint par un lien d'union perpétuelle. C'est pourquoi, après avoir écarté les difficultés que l'on tirait des institutions mosaïques, il formula, en qualité de législateur suprême, cette règle sur le mariage : Or, je vous dis que quiconque aura renvoyé sa femme hors le cas de fornication [*], et en aura pris une autre, commet un adultère, et celui qui aura pris celle qui a été renvoyée commet aussi un adultère (Matth. XIX, 9).
Ce qui a été décrété et établi par l'autorité de Dieu au sujet des mariages, fut transmis oralement ou par écrit, en termes plus explicites et plus clairs, par les apôtres, messagers des lois divines. Il faut rapporter à leur enseignement ce que les Saints Pères, les Conciles et la tradition universelle de l’Église nous ont toujours affirmé (Conc. Trid., sess. XXIV, in principio) à savoir que Notre-Seigneur Jésus-Christ a élevé le mariage à la dignité de sacrement. Grâce à Lui, les époux, revêtus et munis de la grâce céleste, fruit de ses mérites, purent se sanctifier dans le mariage même. Dans ce mariage, image admirable de son union mystique avec l’Église, il a rendu l'amour naturel plus parfait et resserré plus étroitement, par le lien de la divine charité, la société familiale, déjà indivisible de sa nature (Conc. Trid., sess. XXIV, cap.1, De reformatione matrimonii.). Époux, dit saint Paul aux Éphésiens, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église et s'est livré lui-même pour elle afin de la sanctifier... Les époux doivent aimer leurs femmes comme leur propre corps... car jamais personne n'a haï sa chair, mais il la nourrit et la soigne comme fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et ils seront deux en une seule chair. Ce mystère est grand ; je veux dire, par rapport au Christ et à l’Église (Eph. V, 25-32).
Nous avons appris également par l'enseignement des apôtres que Jésus-Christ a déclaré saintes et décrété à jamais inviolables l'unité et la stabilité perpétuelle exigées par l'origine même du mariage. A ceux qui sont unis par le mariage, dit encore saint Paul, je prescris, ou plutôt ce n'est pas moi, c'est le Seigneur, que la femme ne se sépare pas de son mari. Si elle s'en sépare, qu'elle reste sans se marier, ou se réconcilie avec son mari (I Cor. VII, 10-11). Et il ajoute : La femme est liée à la loi, tant que vit son mari ; si son mari vient à mourir, elle est libre (I Cor. VII, 39). Pour ces motifs le mariage est donc un grand sacrement (Eph. V, 32), honorable en tout (Hebr. XIII, 4), saint, chaste, digne de respect en raison des choses très hautes dont il est la figure.
Mais ce n'est pas uniquement dans ce qui vient d'être rappelé que se trouve la chrétienne et souveraine perfection du mariage. Car en premier lieu, la société conjugale eut désormais un but plus noble et plus élevé qu'auparavant. Sa mission ne fut plus seulement de pourvoir à la propagation du genre humain, mais d'engendrer les enfants de l’Église, les concitoyens des saints et les serviteurs de Dieu (Eph. II, 19), afin qu'un peuple fût procréé et élevé pour le culte et la religion du vrai Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ (Catéch. Rom., c. XXVII, IV).
En second lieu, les devoirs de chacun des deux époux furent nettement définis, leurs droits exactement fixés. Il faut qu'ils se souviennent toujours qu'ils se doivent mutuellement le plus grand amour, une fidélité constante, une aide prompte et assidue.
L'homme est le prince de la famille et le chef de la femme. Celle-ci cependant est la chair de sa chair et l'os de ses os. Comme telle, elle doit être soumise à son mari et lui obéir, non à la manière d'une esclave, mais d'une compagne. Ainsi l'obéissance qu'elle lui rend ne sera pas sans dignité ni sans honneur. Dans celui qui commande, ainsi que dans celle qui obéit, puisque tous deux sont l'image, l'un du Christ, l'autre de l’Église, il faut que la charité divine soit la règle perpétuelle du devoir, car le mari est le chef de la femme comme le Christ est le chef de l’Église. Mais de même que l’Église est soumise au Christ, ainsi les femmes doivent être soumises à leurs maris en toutes choses (Eph. V, 23-24).
Pour ce qui regarde les enfants, ils doivent être soumis à leurs parents, leur obéir et les honorer par devoir de conscience. En retour, les parents doivent appliquer toutes leurs pensées et tous leurs soins à protéger leurs enfants et surtout les élever dans la vertu. Pères, élevez-les (vos fils), en les corrigeant et en les avertissant selon le Seigneur (Eph. VI, 4). On voit par là que les devoirs des époux sont nombreux, et graves. Grâce à la vertu que donne le sacrement, ils deviennent cependant pour les bons époux, non seulement tolérables, mais pleins de joie.
(...)
Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien
> Numérisation de l'édition contemporaine de Léon XIII (1893): texte latin et traduction française
Cette numérisation est extraite du document suivant:
> Lettres apostoliques de Sa Sainteté Léon XIII, tome I (édition de 1893)
[*] Note d'Espérance Nouvelle - Une traduction actuelle de l'encyclique donne: "hors le cas d'adultère". Mais la traduction française officielle au moment de la publication de l'encyclique dit bien "hors le cas de fornication". Le texte original de l'encyclique, en latin, cite la version latine de la Bible traduite par Saint Jérôme à partir du grec et de l'hébreu, en disant "nisi ob fornicationem". La cause de cette exception réside bien dans la nature de la relation rompue, et n'est donc pas un motif de rupture d'un mariage valide.
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29/10/2015
Philippe de Villiers présente son livre sur la classe politique: "Le moment est venu de dire ce que j'ai vu"
18:00 Publié dans Culture et société, Livres, Politique, Vidéos | Tags : philippe de villiers, union européenne, parlement européen, livres | Lien permanent | Commentaires (0)
16/10/2015
Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien - III - "Quant à la société païenne, on peut à peine croire à quelle corruption, à quelle déformation le mariage y fut réduit"
ARCANUM DIVINAE
LETTRE ENCYCLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE LÉON XIII
SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN
(...)
Cette forme de mariage, si excellente et si élevée, commença peu à peu à se corrompre et à disparaître chez les peuples païens.
On la vit même se voiler et s'obscurcir jusque dans la race des Hébreux. Une coutume en effet s'était établie parmi eux, qui permettait à chaque homme d'avoir plus d'une femme. Plus tard Moïse, en raison de la dureté de leur cœur (Matth. XIX, 8), eut la condescendance de leur laisser la faculté de la répudiation. La voie fut ainsi ouverte au divorce.
Quant à la société païenne, on peut à peine croire à quelle corruption, à quelle déformation le mariage y fut réduit, asservi qu'il était aux fluctuations des erreurs de chaque peuple et des plus honteuses passions.
Toutes les nations oublièrent plus ou moins la notion et la véritable origine du mariage. On promulguait partout sur cet objet des lois qui semblaient dictées par des raisons d’État et n'étaient pas conformes aux prescriptions de la nature. Des rites solennels, inventés selon le caprice des législateurs, faisaient attribuer aux femmes, ou bien le nom honorable d'épouse, ou bien le nom honteux de concubine. On en était même arrivé à ce point que l'autorité des chefs de l’État décidait qui pouvait se marier et qui ne le pouvait pas ; car les lois étaient, en bien des points, contraires à l'équité et favorables à l'injustice. En outre, la polygamie, la polyandrie, le divorce furent cause que le lien nuptial se relâcha considérablement.
De plus il y avait une extrême perturbation dans les droits et les devoirs mutuels des époux.
Le mari acquérait sa femme comme une propriété et la répudiait souvent sans juste cause. Adonné à une licence indomptable et effrénée, il se permettait impunément de fréquenter les mauvais lieux et les courtisanes esclaves, comme si ce n'était pas la volonté déréglée, mais la dignité compromise, qui constituait le péché (S. Jérôme Epist. 77, 3 PL 22, 691).
(...)
Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien
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13/10/2015
L'intervention du Cardinal Sarah au synode sur la famille
L'intervention du cardinal Sarah au synode a été traduite de l'italien et publiée ce mardi 13 octobre par le portail anglophone du site Aleteia.
Votre Sainteté, Éminences, participants du Synode,
Je propose ces trois pensées :
1. Plus de transparence et de respect entre nous
Je ressens un profond besoin d’invoquer l’Esprit de Vérité et d’Amour, la source de la parrhésia dans la parole et de l’humilité dans l’écoute, qui seul est capable de créer une véritable harmonie dans la pluralité.
Je dirai franchement que dans le précédent Synode, sur diverses questions, on a ressenti la tentation de céder à la mentalité du monde sécularisé et individualiste de l’Occident. Reconnaître ce qu’on appelle les « réalités de la vie » comme un locus theologicus signifie abandonner tout espoir dans le pouvoir transformant de la foi et de l’Évangile. L’Évangile qui a autrefois transformé les cultures est maintenant en danger d’être transformé par elles.
En outre, certaines des procédures utilisées ne paraissaient pas destinées à enrichir la discussion et la communion autant qu’elles faisaient la promotion d’une façon de voir typique d’une certaine frange des Églises les plus riches. Ceci est contraire à une Église pauvre, signe de contradiction joyeusement évangélique et prophétique face à la mondanité. On ne comprend pas non plus pourquoi certaines déclarations qui ne sont pas partagées par la majorité qualifiée du dernier Synode se sont retrouvées dans la Relatio puis dans les Lineamenta et l’Instrumentum laboris alors que d’autres questions pressantes et très actuelles (comme l’idéologie du genre) sont ignorées.
Mon premier espoir est donc que, dans notre travail, il y ait davantage de liberté, de transparence et d’objectivité. Pour cela, il serait bénéfique de publier les résumés des interventions, afin de faciliter la discussion et éviter tout préjudice ou discrimination dans la réception des déclarations des pères du synode.
2. Le discernement de l’histoire et des esprits
Un deuxième espoir : que le Synode honore sa mission historique et ne se limite pas lui-même à parler de certaines questions pastorales (comme la possible communion pour les divorcés et remariés) mais aide le Saint-Père à énoncer clairement des vérités et une réelle direction au niveau mondial. Car il y a de nouveaux défis par rapport au synode de 1980. Un discernement théologique nous permet de voir à notre époque deux menaces inattendues (presque comme deux « bêtes de l’apocalypse ») situées sur des pôles opposés : d’une part, l’idolâtrie de la liberté occidentale ; de l’autre, le fondamentalisme islamique : laïcisme athée contre fanatisme religieux. Pour utiliser un slogan, nous nous trouvons entre « l’idéologie du genre et ISIS ». Les massacres islamiques et les exigences libertaires se disputent régulièrement la première page des journaux. (Souvenons-nous de ce qui s’est passé le 26 juin !) De ces deux radicalisations se lèvent les deux grandes menaces contre la famille : sa désintégration subjectiviste dans l’Occident sécularisé, par le divorce rapide et facile, l’avortement, les unions homosexuelles, l’euthanasie, etc. (cf. la gender theory, les Femen, le lobby LGBT, le Planning familial…). D’autre part, la pseudo-famille de l’islam idéologisé qui légitime la polygamie, l’asservissement des femmes, l’esclavage sexuel, le mariage des enfants, etc. (cf. al-Qaida, Isis, Boko Haram…).
Plusieurs indices nous permettent de percevoir la même origine démoniaque de ces deux mouvements. Contrairement à l’Esprit de Vérité qui favorise la communion dans la distinction (périchorèse), ils encouragent la confusion (homo-gamie) ou la subordination (poly-gamie). En outre, ils postulent une loi universelle et totalitaire, sont violemment intolérants, destructeurs des familles, de la société et de l’Église, et sont ouvertement christianophobes.
« Nous ne nous battons pas contre des créatures de chair et de sang… » Nous devons être inclusifs et accueillants à tout ce qui est humain ; mais ce qui vient de l’Ennemi ne peut pas et ne doit pas être assimilé. On ne peut pas unir le Christ et Belial ! Ce que le nazisme et le communisme étaient au XXe siècle, les idéologies occidentales de l’homosexualité et de l'avortement, et le fanatisme islamique, le sont aujourd’hui.
3. Proclamer et servir la beauté de la monogamie et de la famille
Face à ces deux défis mortels et sans précédent (homo-gamie et poly-gamie), l’Église doit promouvoir une véritable « épiphanie de la famille ». Aux deux le Pape (comme porte-parole de l’Église) peut contribuer, ainsi que chacun des évêques et pasteurs du troupeau chrétien : c’est-à-dire « l’Église de Dieu, qu’il a acquise par son sang » (Actes 20, 28).
Nous devons proclamer la vérité sans peur, c’est-à-dire le Plan de Dieu, qui est la monogamie dans l’amour conjugal ouvert à la vie. Gardant à l’esprit la situation historique que je viens de rappeler, il est urgent que l’Église, à son sommet, déclare de façon définitive la volonté du Créateur en ce qui concerne le mariage. Combien de gens de bonne volonté et de bon sens se joindraient à cet acte lumineux de courage effectué par l’Église !
Avec une Parole forte et claire du Magistère Suprême, les pasteurs ont la mission d’aider nos contemporains à découvrir la beauté de la famille chrétienne. Pour cela, il faut d’abord promouvoir tout ce que représente une véritable initiation chrétienne des adultes, car la crise du mariage est essentiellement une crise de Dieu, mais aussi une crise de la foi, et là c’est l’initiation chrétienne des enfants. Alors nous devons discerner ces réalités que le Saint-Esprit est déjà en train de faire monter pour révéler la vérité de la famille comme une intime communion dans la diversité (homme et femme), et qui est généreuse dans le don de la vie. Nous, évêques, avons le devoir urgent de reconnaître et promouvoir les charismes, les mouvements, et les réalités ecclésiales dans lesquels la famille se révèle vraiment, ce prodige d’harmonie, d’amour de la vie et d’espérance en l’Éternité, ce berceau de la foi et cette école de charité. Et il y a tant de réalités offertes par la Providence, avec le concile Vatican II, dans lesquelles ce miracle est offert.
Traduit de l'anglais par Yves Daoudal et légèrement corrigé à partir de l'anglais par Espérance Nouvelle pour la clarté du texte.
> Cardinal Sarah: ISIS and Gender Ideology Are Like 'Apocalyptic Beasts'
> Card. Sarah: “We find ourselves between ‘gender ideology’ and ISIS”
_______
Mise à jour, le 14 octobre 2015, 19h45.
Trois corrections supplémentaires faites à partir de la version anglaise ont été insérées dans la traduction française:
- "les idéologies occidentales de l’homosexualité et de l'avortement, et le fanatisme islamique" au lieu de "l’homosexualité occidentale et les idéologies abortives et le fanatisme islamique"
- "véritable initiation chrétienne des adultes" au lieu de "véritable initiation des adultes"
- "c'est l'initiation chrétienne des enfants" au lieu de "c'est l'initiation des enfants"
23:00 Publié dans Culture et société, Personnalités, Religion | Tags : cardinal sarah, synode sur la famille | Lien permanent | Commentaires (0)
12/10/2015
Une simple amitié est-elle possible entre un homme et une femme ?
Le 9 janvier 2013 (Chastity Project/Espérance Nouvelle) - Que ceux qui ont déjà débattu de la question de savoir si les hommes et les femmes peuvent être simplement amis lèvent la main. Eh oui, je ne vous vois pas, mais je suis sûre que votre main s’est levée. Nous nous sommes tous posés la questions, en avons discuté avec nos amis et en avons tirés nos propres conclusions. Certains diront: «Oui, bien sûr que c’est possible, j’ai beaucoup de bons amis du sexe opposé et s’il y a parfois de l’attirance, nous sommes assez matures pour nous gérer et de faire en sorte que cela n’interfère pas dans notre amitié.» D'autres diront: «Non, ce n’est pas sensé ! Lorsque la relation devient trop personnelle, l’un des deux développera des sentiments romantiques pour l'autre. Dès lors, si celui-ci a envie d’être plus qu’amis, cela va tout gâcher. »
Je pense que cette question compliquée mérite une réponse encore plus compliquée. En fait, cela dépend. Je me trouve donc dans le camp de ceux qui approuvent et ceux qui désapprouvent.
Nous avons vu d'expérience qu'il est possible pour des hommes et des femmes d'être tout simplement amis, et Dieu se plaît souvent dans ces amitiés puisqu’il Il nous fait pour vivre ces relation. Je me permets de constater que nous avons tous des amis du sexe opposé qui à un moment ou un autre ont permis de nous faire grandir et de nous améliorer, et nous sommes reconnaissants de leur présence dans notre vie. (...)
Je sais que celles d'entre vous qui ont un meilleur ami et ceux qui ont une meilleure amie ont déjà un argument choc tout préparé : Regardez saint François et sainte Claire qui ont partagé le lien de la fondation d'ordres religieux. Ils avaient une relation tout à fait platonique et ont mutuellement grandi dans la sainteté à travers cette amitié. C’est exact: mais il faut tout de même ajouter qu’ils ne se voyaient que très rarement, et qu’il était donc plus facile de protéger leurs cœurs. Les futurs saints étaient aussi extrêmement réceptifs aux grâces dont Dieu les combla, et ils possédaient donc une grande quantité de vertus.
La zone de danger commence lorsque cette amitié est tellement proche et tellement émotionnelle, que vous n'êtes pas libre de changer votre "statut amoureux" sans que cela affecte votre amitié avec une personne du sexe opposé. Peut-être que ce changement viendrait comme un coup de massue ou une déception chez votre ami qui voulait devenir votre [fiancé] ou votre [fiancée]. Ou peut-être que ce changement aurait un impact négatif sur votre amitié parce que vous n’auriez plus assez de temps à lui consacrer et que ce lien très proche soulèverait des questions pour le nouvel engagement que vous vous apprêteriez à prendre. (...)
Il suffit de regarder vers l’avenir pour répondre à la question. La plupart d’entre nous sera un jour appelé à vivre la vocation conjugale ou la vie religieuse. Cela signifie que nous aurons soit à vivre en communauté avec uniquement des hommes ou des femmes, soit que nous nous marierons avec un homme ou une femme. Dans ces deux situations, il est tout à fait inapproprié d’avoir un rendez-vous chaque semaine avec notre ami du sexe opposé. Je vous garantis que le recteur du séminaire ou la mère supérieure ne vous permettra pas d’aller à ce rendez-vous, parce que cela rendra votre discernement envers ce mariage avec le Christ ou Son Église plus difficile. Et votre époux ne sera pas archi-fan de l’idée non plus. Non pas parce qu’il est possessif, mais parce qu’il vous a épousé en voulant être tellement uni à vous qu’il serait votre meilleur ami.
Le mariage peut être difficile et si vous voulez une relation profonde et durable vous devrez vous battre pour le sauver, parfois au prix de sacrifices. Lorsque les choses se corsent, vous devrez apprendre à demander de l’aide à votre conjoint. Vous devrez vous appuyer sur eux et de leur donner votre cœur. A eux, pas à quelqu'un d'autre. Notre monde est plein de tentations et le diable va trouver tous les moyens possibles pour briser votre mariage. Même quelque chose qui se caches sous les auspices de l’amitié. Je ne dis pas cela pour faire naitre dans votre cœur la peur des contacts avec le sexe opposé, mais plutôt pour vous rappeler de garder les yeux ouverts et de toujours examiner la nature de vos amitiés. Et surtout de le faire déjà maintenant, parce que les habitudes que vous prenez maintenant, auront une grande importance plus tard.
Alors oui, les hommes et les femmes peuvent être des amis, mais il arrive un moment où, sauf si cette amitié se cadre dans une relation engagée, la profondeur de l'amitié atteint une limite - pour votre bien, pour leur bien et pour le bien de votre vocation actuelle ou future.
Par Lisa Cotter pour Chastity Project. Traduit de l'anglais par Espérance Nouvelle.
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02/10/2015
Qu'est-ce que la loi naturelle vient faire là-dedans ?
Le 22 juin 2013 (Chastity Project/Espérance Nouvelle) - L'article 3 du DOMA (Defense of Marriage Act), qui a confirmé la définition fédérale du mariage comme une union entre un homme et une femme, a été renversé le mois dernier, ouvrant la voie pour inscrire un «mariage homo» dans la législation du pays.
Voici toute l'affaire, et pourquoi je ne suis pas trop inquiet: le mouvement de promotion du "mariage homosexuel" ne peut pas vraiment "gagner". En effet, la définition du mariage n'est pas fondée sur un "idéal religieux" qui serait dépassé. Elle est fondée sur la loi naturelle et la loi naturelle ne s'en va nulle part.
Pour clarifier, la "loi naturelle" n'est pas "les choses que nous voyons se passer dans la nature". Si nous devions prendre le comportement animal comme règle d'or pour l'éthique humaine, nous pourrions nous retrouver dans une situation problématique. La loi naturelle se réfère au code moral écrit dans le cœur humain. Il nous permet de «lire» la loi qui se trouve dans la nature même des choses.
Le mariage, tel que nous l'avons toujours connu, n'a pas été inventé par un groupe d'évêques. Il est né dans la nature de nos corps procréateurs. Bien avant qu'il fût inscrit dans la législation ou dans le droit canon, le mariage a été inscrit dans notre corps.
Au risque de trop simplifier, on peut presque imaginer, il y a des dizaines de milliers d'années, les hommes des cavernes "découvrir" que la sexualité est ordonnée, de par sa nature, à l'union de l'homme et de la femme pour qu'ils puissent perpétuer la race humaine. Puisque les enfants viennent par le sexe et qu'ils amènent une grande responsabilité, un homme des cavernes devait probablement jurer de rester lié à telle femme devant les autres personnes de la grotte, de peur que le chef de la grotte ne le frappe avec une massue pour avoir fait de la vie de la grotte un véritable chaos. (...)
Ce n'est pas par hasard que le mariage a toujours été entre un homme et une femme et a impliqué un rituel public dans presque toutes les cultures à travers l'histoire. (Même dans la Sparte antique où l'activité homosexuelle n'était pas considérée comme tabou, les hommes ne se mariaient pas entre eux.) Ce n'est pas parce que toutes les cultures ont été "intolérantes" ou "homophobes". C'est parce que le mariage est inscrit dans la nature de nos corps procréateurs.
Aussi importante que soit l'affection partagée par le couple, ce n'est pas pour cela que le mariage a été consacré et protégé par des vœux publics, des rituels et des lois à travers l'histoire, comme si le mariage était une forme glorifiée de relation amoureuse. L'affection ne requiert pas un engagement à vie juridiquement contraignant. Les enfants bien. L'institution du mariage est faite pour eux. La raison pour laquelle l'acte qui consomme un mariage fait couler tant d'encre, ce ne sont pas les grands sentiments ni les sensations fortes, mais le fait que par sa nature, il est ordonné à la création de nouvelles vies, ce qui requiert rien de moins qu'un engagement à vie des parents. (Et ce "langage du corps" entre mari et femme demeure, même si par un accident génétique ou physiologique la conception devient impossible.) Le "mariage homo" est une rupture complète avec cette réalité. Il est le fruit sans vie de la révolution sexuelle. (...)
Bien sûr, il est plus facile pour les partisans du mariage gay d'ignorer toute discussion sur le droit naturel ou sur le bien des enfants, de nous étiqueter comme "bigots" et d'en finir là. Selon le juge Scalia, c'est exactement ce que la Cour suprême a fait. "C'est une chose pour une société d'opérer un changement", a-t-il dit, "c'en est une autre pour un tribunal d'imposer des changements en jugeant ceux qui s'y opposent hostis humani generis, 'ennemis de la race humaine'."
Nous correspondons bien mal à une telle étiquette. Dans l'histoire des 2000 ans de l’Église, vous ne trouverez pas trace d'un seul évêque appelant à la violence physique contre les homosexuels. Je n'ai aucune "peur" ni "haine" des personnes qui ont une attirance homosexuelle. Je n'en ai pas trouvé non plus chez aucun des membres du clergé catholique que j'ai rencontrés. J'ai eu des amis proches qui avaient un mode de vie homosexuel. Alors que je suis en désaccord avec certains de leurs choix, juger leurs âmes est au-dessus de mes possibilités. Ce que nous contestons est l'idée du "mariage homosexuel", pas les personnes qui se considèrent homosexuelles. Ce que nous contestons, c'est une redéfinition du mariage, pas des droits du même ordre que des droits de santé.
Ceux qui se battent pour obtenir le "mariage homo" nous disent que tout ce qu'ils veulent est l'égalité, et certains d'entre eux sont des gens bien intentionnés qui le pensent sincèrement. Mais l'égalité n'est pas le fin mot de l'affaire, et l'aile gauche du mouvement homosexuel n'a pas l'intention de s'en tenir là. Lorsque vous avez matraqué l'opposition en les étiquetant de "bigots", ils ne finissent pas égaux. Ce qu'il cherchent, c'est une victoire écrasante d'une nouvelle définition du mariage sur la définition fondée sur la loi naturelle et affirmée par la loi divine et la Sainte Écriture. Vous ne me croyez pas? David Parker, oui. Il a été menotté pour son refus inflexible de laisser son enfant recevoir un cours sur le "mariage homosexuel" en classe de maternelle dans le Massachusetts. Il en va de même pour le pasteur Stephen Boissoin qui a été poursuivi pour avoir écrit sur le mariage au Canada (il lui a fallu plusieurs années de batailles juridiques coûteuses pour affronter ce procès). De même aussi les membres du Ocean Grove Methodist Camp, qui a perdu une part de son statut d'exonération fiscale pour avoir refusé de laisser ses terrains être utilisés pour un "mariage homosexuel" dans le New Jersey. Et la liste se rallonge de plus en plus.
La tragédie pour le mouvement homosexuel est qu'indépendamment du nombre de lois adoptées ou de personnes réduites au silence, les couples de même sexe ne pourront jamais obtenir l' «égalité», si par l'égalité ils veulent dire, "avoir la même chose que les couples de sexes différents". Ils ne connaîtront jamais l'union charnelle qui depuis l'aube de l'humanité a consommé le mariage et perpétué la race humaine. Cet acte a une signification profonde non seulement parce qu'il est une expression d'affection, mais parce que, de par sa nature, il est ordonné à quelque chose d'aussi profond qu'une vie nouvelle, qui exige un engagement total. L'acte lui-même, que seuls un homme et une femme peuvent partager, appelle un engagement. Et malgré toutes nos tentatives pour réécrire la loi sur le mariage, nous ne pouvons pas réécrire le langage de nos corps. Si cela, c'est discriminatoire, alors la nature est discriminatoire.
Et voici le hic: grâce à la loi naturelle, nous avons tous conscience de cela à un certain point.
Lorsque des gens affirment que la fonction naturelle des membres de notre corps semble, pour eux, complètement hors de propos en ce qui concerne l'éthique sexuelle, ou qu'ils ne peuvent tout simplement pas voir la différence entre l'union sexuelle d'un homme et d'une femme et l '«union» sexuelle de deux femmes, ou que la complémentarité des sexes leur paraît tout à fait dénué de sens, ou bien ils se leurrent, ou bien ils ont fait toute leur vie un gros travail pour cacher la vérité à leur intellect.
Mais nos nouvelles structures sociales ne pourront pas effacer la vérité écrite dans les cœurs et les corps. Et la nouvelle "inquisition tolérante" qui gagne du terrain, et qui cherche à nous faire taire avec des accusations de «discours de haine» et de «discrimination» parce que nous parlons de choses comme le droit naturel et le bien commun, ne va pas nous empêcher de dire la vérité dans l'amour (Ep 4,15). Si nous sommes persécutés pour cela, ainsi soit-il. Nous Chrétiens connaissons bien la persécution.
De ce point de vue, peu de choses ont changé.
Par Chris Stefanick pour Chastity Project. Traduit de l'anglais par Espérance Nouvelle.
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14:00 Publié dans Culture et société, Famille, Politique, Sécularisation et rechristianisation | Tags : chastity project, traductions, mariage, loi naturelle, droit naturel, révolution sexuelle, personnalisme, finalités du mariage, biens du mariage, progressisme, synode contre la famille, synode sur la famille | Lien permanent | Commentaires (0)
06/09/2015
Préserver et réparer les livres anciens, Bibles et missels de votre bibliothèque personnelle (anglais)
Preserving Books in Your Home Library
Cornell University Library
Preserving Books in Your Home Library
Although few people have a home library as grand as the A.D. White Library pictured on the front of this brochure, many of us do have collections that we find meaningful. They probably consist of reference books, cookbooks, favorite works of fiction and non-fiction, and perhaps books saved from our childhoods. Although some of the books in our personal collections may be ephemeral, such as a best-selling mystery bought for a vacation, many of our books are like close friends that we hope to keep with us for the rest of our lives. This brochure will help you care for both your treasures and your “quick reads.”
Table of Contents
Parts of the Book 4
How Books Are Constructed 5
Caring for Your Books 7
Types of Books and Their Inherent Weaknesses 15
Repairing Books 23
Common Forms of Damage: What You Can Do About Them 25
Enclosures 34
In Case of Disaster 35
Suppliers 36
Additional Reading 37
Resources 38
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12:00 Publié dans Culture et société, Livres | Tags : bibliophilie, conservation, livres anciens, missel, bible, conservation de livres, anglais, english | Lien permanent | Commentaires (0)
17/08/2015
Le suaire de Turin : "un défi pour la science"
L'émission "Les aventuriers de l'impossible" fait part de découvertes concernant le linceul de Turin.
"Une provocation pour l'intelligence" (Jean-Paul II a propos du Linceul)
> Ecouter l'émission "Du nouveau sur le Saint Suaire"
Un linceul comme un négatif de photographie
Aujourd’hui, on peut annoncer du nouveau sur le Saint Suaire, le suaire de Turin que l’on devrait appeler linceul, car il ne s’agit pas d’un suaire. Le linceul de Turin présente une empreinte sanguine d’un homme flagellé, transpercé de flèches et portant une couronne d’épines. Cette image est apparue en 1890 à Secondo Pia, photographe, qui a vu apparaître l’image sur son négatif. La relique a été datée du Moyen-Age. La qualité du tissage, l'analyse du pollen présent dans les fibres, laissent penser qu'il s'agit d'un objet authentique.
Avec notre invité, l'historien Jean-Christian Petitfils, nous retraçons l’histoire de la découverte de ce linceul, sa datation au carbone 14, qui en fixe l’origine au Moyen-Age. Mais cette datation a depuis été invalidée.
Nous nous demandons ensuite comment cette image a pu s'imprégner sur le linceul. La seule chose qui peut expliquer l’empreinte, c’est le laser. Comment l’homme du linceul a-t-il pu disparaître ainsi ? Comme volatilisé, dématérialisé. Aucune trace d’arrachement.
Pour terminer, nous évoquerons la transmutation hosties. Une hostie s’est transformée en cœur en Argentine, à Buenos Aires...
Les aventuriers de l'impossible : En semaine, du lundi au vendredi, de 14h00 à 15h00, Jacques Pradel et Didier Van Cauwelaert vous invitent à découvrir les nouvelles émissions originales de ce deuxième été de leur programme. Chaque week-end, l'équipe des Aventuriers de l'Impossible vous propose de retrouver certaines des émissions originales diffusées l'été dernier.
avec l'invité Jean-Christian Petitfils, historien. Auteur du livre Jésus.
source : RTL - Du nouveau sur le suaire
08:00 Publié dans Culture et société, Religion | Tags : linceul, suaire de turin, carbone 14, miracles, résurrection, miracle eucharistique, eucharistie, apologétique | Lien permanent | Commentaires (0)
28/07/2015
Bénédiction de la bière selon le Rituel Romain
Nous, catholiques, nous ne buvons pas pour être heureux, mais parce que nous sommes heureux ! Nous vous conseillons de toujours « boire catholique », bien sûr…
En plus de nous aider à acquérir les vertus qui nous permettent de consommer la boisson avec tempérance, notre Sainte Mère l’Église nous donne également des bénédictions pour nous aider à être saint, en profitant saintement des boissons que Dieu nous permet de boire !
En Latin:
V. Adjutorium nostrum in nomine Domini.
R. Qui fecit caelum et terram.V. Dominus vobiscum.
R. Et cum spiritu tuo.Oremus.
Bene+dic, Domine, creaturam istam cerevisae, quam ex adipe frumenti producere dignatus es: ut sit remedium salutare humano generi: et praesta per invocationem nominis tui sancti, ut, quicumque ex ea biberint, sanitatem corporis, et animae tutelam percipiant. Per Christum Dominum nostrum.
Amen
(Rituale Romanum – n° 58)
En français:
V. Notre Salut est dans le nom du Seigneur
R. Qui a fait le Ciel et la Terre
V. Le Seigneur soit avec vous.
R. Et avec votre esprit.Prions.
Bénis +, O Seigneur, cette bière nouvelle, qu’il t’a plu de tirer de la tendresse du grain: puisse-t-elle offrir au genre humain un remède salutaire : fais que, par l’invocation de Ton saint nom, quiconque en boive recouvre la santé du corps et la protection de son âme. Au nom du Christ notre Seigneur.
Amen.
Source: Les hommes adorateurs
08:00 Publié dans Culture et société, Religion | Tags : hommes adorateurs, bière, alcool, boisson, bénédiction, belgitude catholique, détente, vacances | Lien permanent | Commentaires (0)
26/05/2015
Saint Tarcisius par Paul Claudel
Comme le vase qu'un parfum excellent est si fort que de tout pénétrer,
Ainsi Tarcisius (car nous sommes au temps des persécutions) à qui le prêtre a remis quelque chose à porter,
Attaché par un cordon à son cou, qu'il le garde bien soigneusement contre son coeur !
Car ce petit morceau de pain, dans une boîte, il sait que ce n'est rien d'autre que Notre-Seigneur.
Il y a quelqu'un demain que les bêtes vont manger et qui se soir a besoin de l'[H]ostie.
C'est pourquoi Notre-Seigneur s'est mis en marche et Tarcisius ne fait qu'un avec [L]ui.
C'est moi entre tous les camarades qu'on a choisi et le vieux prêtre a eu raison :
Qu'on essaye de me prendre Jésus-Christ, et l'on verra de quoi est capable un petit garçon !
- Il y a dans les yeux de cet enfant quelque chose qu'il est impossible de tolérer !
Quoi ! C'est ce gosse qui aurait raison, et nous autres, les grandes personnes, c'est donc nous, qui nous serions trompés !
Ce n'est pas le moment de discuter, mon avis est qu'on tape dessus !
Les affaires de l'Empire ne vont pas fort, il n'est que temps d'en finir avec ce Jésus !
Il y a dans les yeux de cet enfant un regard qui ne s'accorde pas avec notre politique.
Vénus, mère du grand Jules, dit que ça lui fait mal au coeur, et Jupiter Capitolin lui-même fait comprendre qu'il a la colique.
Assez de questions ! ce qu'on sent qu'il a sur les lèvres pour nous dire, il n'y a qu'un moyen de l'empêcher !
Qu'il nous livre Jésus-Christ tout de suite, ou nous allons l'assommer !
Comme la myrrhe avec son parfum, comme le lys avec son odeur,
Ainsi Tarcisius au milieu des méchants ne fait plus qu'un avec Notre-Seigneur.
Comme le lys avec son odeur, il ne fait plus qu'un avec l'hostie.
Comment lui prendrait-on son Jésus alors qu'il ne fait plus qu'une seule chose avec lui ?
- Quel est ce bruit que tu entends, Tarcisius ? un tintement comme d'une petite sonnette...
Et non point une seulement, une autre ! et encore d'autres à la fois, dix ou douze, et centte mille de tous côtés, un million de petites voix, dix millions de petites vierges d'argent, claires et nettes !
C'est un enfant qui fait ce petit bruit tout seul au-dessus de la Terre prosternée.
Toute la Terre a fait silence et sur les marches de l'autel il n'y a qu'un enfant agenouillé.
Chaque fois que l'on dit la [M]esse, Dieu récompense son serviteur.
Il a fait de Tarcisius le patron des enfants de choeur.
C'est lui qui dit la [M]esse avec le prêtre chaque matin, son sang
Sur les marches de l'autel de Dieu est mêlé à ce petit peuple blanc.
Chaque fois que le prêtre se retourne et que l'acolyte sur son livre voit qu'il faut répondre : Et avec ton esprit !
C'est Tarcisius qui fait son devoir et qui se tient où on l'a mis.
Et toutes les fois qu'un enfant meurt et que la force quand il le voudrait est enlevée de dire Je ne veux pas et Non,
C'est Tarcisius, plein d'obéissance et de gloire, qui fait sa première communion.
Claudel, P. Ecoute ma Fille. s.l, Gallimard. 1934. 80-83.
07:00 Publié dans Culture et société, Liturgie et Sacrements, Religion, Saints | Tags : martyre, saint sacrement, sainteté, enfant de choeur, acolyte, paul claudel, obéissance, littérature française | Lien permanent | Commentaires (0)