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25/03/2016

Homélie de Saint Augustin : La Passion et les deux Larrons

ANALYSE. — 1. Paroles du larron au larron qui souffrait avec lui. — 2. Sa prière au Christ. — 3. Réponse du Christ. — 4. Comment le larron a été baptisé.

Rubens Crucifixion.jpg

1. Le Seigneur Jésus était attaché à la croix, les Juifs blasphémaient, les princes ricanaient, et bien que le sang des victimes tombées sous ses coups ne fût pas encore desséché, le larron lui rendait hommage ; d'autres secouaient la tête en disant : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même (Matth. XXVII, 10) ». Jésus ne répondait pas, et, tout en gardant le silence, il punissait les méchants. Pour la honte des Juifs, le Sauveur ouvre la bouche à un homme qui doit plaider sa cause ; cet homme n'est autre qu'un larron crucifié comme lui ; car deux larrons avaient été crucifiés avec lui, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche. Au milieu d'eux se trouvait le Sauveur. C'était comme une balance parfaitement équilibrée, dont un plateau élevait le larron fidèle, dont l'autre abaissait le larron incrédule qui l'insultait à sa gauche. Celui de droite s'humilie profondément : il se reconnaît coupable au tribunal de sa conscience, il devient, sur la croix, son propre juge, et sa confession fait de lui un docteur. Voici sa première parole, elle s'adresse à l'autre brigand : « Ni toi, non plus, tu ne crains pas (Luc, XXI, I, 3) ! » Hé quoi, larron ? tout à l'heure tu volais, et maintenant tu reconnais Dieu; tout à l'heure tu étais un assassin, et maintenant tu crois au Christ ! Dis-nous donc, oui, dis-nous ce que tu as fait de mal ; dis-nous ce que tu as vu faire de bien au Sauveur. Nous, nous avons tué des vivants, et, lui, il a rendu la vie aux morts; nous, nous avons dérobé le bien d'autrui, et, lui, il a donné tous ses trésors à l'univers ; et il s'est fait pauvre pour me rendre riche. — Il discute avec l'autre larron : Jusqu'ici, dit-il, nous avons marché ensemble pour commettre le crime. Offre ta croix, on t’indiquera le chemin à suivre, si tu veux vivre avec moi. Après avoir été mon collègue dans la voie du crime, accompagne-moi jusqu'au séjour de la vie; car cette croix, c'est l'arbre de vie. David a dit en l'un de ses psaumes : « Dieu connaît les sentiers du juste, et la voie de l'impie conduit à la mort (Ps. I, 6) ».

2. Après sa confession, il se tourne vers Jésus : « Seigneur », lui dit-il, « souvenez-vous de moi, lorsque vous serez arrivé en votre royaume (Id. XXIII, 42.) ». Je ne savais comment dire au larron : Pour que le Christ se souvienne de toi, quel bien as-tu fait ? A quelles bonnes œuvres as-tu employé ton temps ? Tu n'as fait que du mal aux autres, tu as versé le sang de ton prochain, et tu oses dire « Souvenez-vous de moi ! » Larron, tu es devenu le compagnon de ton Maître, réponds donc : J'ai reconnu mon Maître, au milieu des ignominies de mon supplice ; aussi ai-je le droit d'attendre de lui une récompense. Qu'il soit cloué à une croix, peu m'importe ! je n'en crois pas moins que sa demeure, que le trône de sa justice est dans le ciel. « Seigneur », dit-il, « souvenez-vous de moi, lorsque vous serez arrivé en votre royaume». Le Christ n'avait ouvert la bouche ni en présence de Pilate, ni devant les princes des prêtres : de ses lèvres si pures n'était tombé aucun mot de réponse à l'adresse de ses ennemis, parce que leurs questions n'étaient pas dictées par la droiture. Et voilà qu'il parle au larron sans se faire attendre, parce que celui-ci le prie avec simplicité : « En vérité, en vérité, je te le dis : aujourd'hui même tu seras avec moi dans le paradis (Luc, XXIII, 13 . ) ». Hé quoi, larron ? tu as demandé une faveur pour l'avenir, et tu l'as obtenue pour le jour même ! Tu dis : « Lorsque vous arriverez en votre royaume », et, pas plus tard qu'aujourd'hui , il te donne une place au paradis !

4. Mais comment expliquer ceci ? Le Christ promet la vie au larron, et le larron n'a pas encore reçu la grâce ? Le Seigneur dit en son saint Evangile : « Quiconque ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit-Saint ne peut entrer dans le royaume des cieux (Jean, III, 5.) ». Et le temps ne permet pas de baptiser le larron. Dans sa miséricorde, le Rédempteur imagine à cela un remède. Un soldat s'approche ; d'un coup de lance, il ouvre le côté du Christ, et de cette plaie «s'échappent du sang et de l'eau (Id. XIX, 31.) » qui rejaillissent sur les membres du larron. L'apôtre Paul a dit ceci : « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de l'aspersion de ce sang qui parle plus haut que celui d'Abel (Hébr. XII, 22-24. ) ». Pourquoi le sang du Christ parle-t-il plus haut que celui d'Abel ? Parce que le sang d'Abel accuse un parricide, tandis que celui du Christ innocente l'homicide et accorde, pour les siècles des siècles, le pardon à ceux qui se repentent. Ainsi soit-il.

Source : Sermon LII : Sur la Passion du Seigneur et les deux Larrons

22/03/2016

Saint Augustin : vers la fin du Carême, le chemin du ciel

Le Christ Notre-Seigneur nous exauce avec son Père; pour nous cependant il a daigné prier son Père. Est-il rien de plus sûr que notre bonheur, quand il est demandé par Celui qui le donne? Car Jésus-Christ est en même temps Dieu et homme; il prie comme homme, et comme Dieu il donne ce qu'il demande. S'il attribue au Père tout ce que vous; devez conserver de lui, c'est que le Père ne procède pas de lui, mais lui du Père. Il rapporte tout à la source dont il émane, quoique en émanant d'elle il soit source aussi, puisqu'il est la source de la vie. C'est donc une source produite par une source. Oui, le Père qui est une source produit une source; mais il en est de ces deux sources comme du Père et du Fils qui ne sont qu'un seul Dieu. Le Père toutefois n'est pas le Fils, le Fils n'est pas le Père et l'Esprit du Père et du Fils n'est ni le Père ni le Fils; mais le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu. Appuyez-vous sur cette unité pour ne pas tomber en désunissant.

Cranach l'Ancien La trinité.JPGVous avez vu ce que demandait le Sauveur, ou plutôt ce qu'il voulait. Il disait donc : « Je veux, mon Père, que là où je suis soient aussi ceux que vous m'avez donnés ». Oui, « je veux que là où je suis ils soient aussi avec moi ». Oh ! l'heureux séjour ! Oh ! l'inattaquable patrie ! Elle n'a ni ennemi ni épidémie à redouter. Nous y vivrons tranquilles, sans chercher à en sortir; nous ne trouverions point de plus sûr asile. Sur quelque lieu que se fixe ton choix ici-bas, sur la terre, c'est pour craindre, ce n'est point pour y être en sûreté. Ainsi donc, pendant que tu occupes cette résidence du mal, en d'autres termes, pendant que tu es dans ce siècle, dans cette vie pleine de tentations, de morts, de gémissements et de terreurs, dans ce monde réellement mauvais, fais choix d'une autre contrée pour y porter ton domicile. Mais tu ne saurais le transporter au séjour du bien, si tu n'as fait du bien dans ce pays du mal. Quelle résidence que cette autre où personne ne souffre de la faim? Mais pour habiter cette heureuse patrie où la faim est inconnue; dans la patrie malheureuse où nous sommes partage ton pain avec celui qui a faim. Là nul n'est étranger, chacun est dans son pays. Veux-tu donc habiter ce séjour heureux où il n'y a point d'étranger? dans ce séjour malheureux ouvre ta porte à celui qui est sans asile. Donne l'hospitalité, dans ce pays du malheur, à l'étranger, afin d'être admis toi-même sur la terre fortunée où tu ne pourras la recevoir. Sur cette terre bénie, personne n'est sans vêtement, il n'y a ni froid ni chaleur excessifs; à quoi bon des habitations et des vêtements. Au lieu d'habitation on y trouve la protection divine; on y trouve l'abri dont il est dit : « Je me réfugierai à l'ombre de vos ailes (Ps. LVI, 2.) ». Ici donc reçois dans ta demeure celui qui n'en a pas, et tu pourras parvenir au lieu fortuné où tu trouveras un abri qu'il ne te faudra point restaurer, attendu que la pluie ne saurait le détériorer. Là jaillit perpétuellement la fontaine de vérité; eau féconde qui répand la joie et non l'humidité, source de véritable vie. Que voir en effet dans ces mots : « En vous est la fontaine de vie (Ps. XXXV,10.) »; sinon ceux-ci : « Le Verbe était en Dieu (Jean, I, 14.)? »

Ainsi donc, mes bien-aimés, faites le bien dans ce séjour du mal, afin de parvenir au séjour heureux dont nous parle en ces termes Celui qui nous le prépare : «Je veux que là où je suis ils soient aussi avec moi». Il est monté pour nous le préparer, afin que le trouvant prêt nous y entrions sans crainte. C'est lui qui l'a préparé; demeurez donc en lui. Le Christ serait-il pour toi une demeure trop étroite? Craindrais-tu encore sa passion? Mais il est ressuscité d'entre les morts, et il ne meurt plus, et la mort n'aura plus sur lui d'empire (Rom. VI, 9.). Ce siècle est à la fois le séjour et le temps du mal. Faisons le bien dans ce séjour du mal, conduisons-nous bien dans ce temps du mal; ce séjour et ce temps passeront pour faire place à l'éternelle habitation et aux jours éternels du bien, lesquels ne seront qu'un seul jour. Pourquoi disons-nous ici des jours mauvais ? Parce que l'un passe pour être remplacé par un autre. Aujourd'hui passe pour être remplacé par demain, comme hier a passé pour être remplacé par aujourd'hui. Mais où rien ne passe on ne compte qu'un jour. Ce jour est aussi et le Christ et son Père, avec cette distinction que le Père est un jour qui ne vient d'aucun jour, tandis que le Fils est un jour venu d'un jour.

Ainsi donc Jésus-Christ Notre-Seigneur, par sa passion, nous prêche les fatigues et les accablements de ce siècle; il nous prêche, par sa résurrection, la vie éternelle et bienheureuse du siècle futur. Souffrons le présent,, ayons confiance dans l'avenir. Aussi le temps; actuel que nous passons dans le jeûne et dans des observances propres à nous inspirer la contrition, est-il l'emblème des fatigues du siècle présent; comme les jours qui se préparent sont l'emblème du siècle futur, où nous ne sommes pas encore. Hélas ! oui, ils en sont l'emblème, car nous ne le tenons pas. La tristesse doit durer en effet jusqu'à la passion; après la résurrection, les chants de louanges.

Source : Sermon CCXVII. Vers la fin du Carême, le chemin du ciel.

26/12/2015

Saint Augustin : "O homme, éveille-toi; c'est pour toi que Dieu s'est fait homme"

saint augustin, nativité, sermon, justification de l'homme, rédemption, justification, témoignage, miséricorde, foi, justice, grâce1. Qu'est-ce que la naissance du Seigneur ? C'est la Sagesse de Dieu se montrant sous les formes d'un enfant ; c'est le Verbe de Dieu faisant entendre dans la chair des sons inarticulés. Mais ce Dieu caché saura se faire rendre témoignage par le ciel devant les Mages, et se faire annoncer aux bergers par la voix des anges. Ainsi nous célébrons aujourd'hui le jour anniversaire de celui où s'accomplit cette prophétie : « La Vérité s'est levée sur la terre, et la justice nous a regardés du haut des cieux (1) ». La Vérité qui est dans le sein du Père s'est levée sur la terre, pour être aussi dans le sein d'une mère. La Vérité qui porte le monde s'est levée sur la terre, pour être portée sur les mains d'une femme. La Vérité qui nourrit d'elle l'inaltérable bonheur des Anges, s'est levée sur la terre pour vivre elle-même du lait d'une mère. La Vérité que ne saurait contenir le ciel s'est levée sur la terre, pour être déposée dans une étable.

Pour l'avantage de qui cette incomparable grandeur se présente-t-elle à nous sous de si prodigieux abaissements ? Ce n'est pas assurément pour son avantage; mais, si nous croyons, il en résultera pour nous des biens immenses. O homme, éveille-toi; c'est pour toi que Dieu s'est fait homme. « Toi qui dors, lève-toi; lève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera (2) ». Oui, c'est pour toi que Dieu s'est fait homme; et s'il n'était né dans le temps, éternellement tu serais mort; jamais tu ne serais délivré de cette chair de péché, s'il n'en avait pris la ressemblance ; s'il ne te faisait une si grande miséricorde, tu serais livré à une misère sans fin; tu n'aurais point recouvré la vie , s'il ne s'était assujetti à mourir comme toi; tu aurais succombé, s'il ne t'avait secouru ; tu aurais péri, s'il n'était venu.

1. Ps. LXXXIV,12. — 2. Eph. V, 14.

2. Ainsi célébrons avec joie le jour de notre salut et de notre rédemption; célébrons le jour solennel où le grand jour, où le jour éternel qui naît d'un jour également grand et éternel également, fait son entrée dans notre jour temporel et si court. C'est lui qui « est devenu pour nous et justice, et sanctification, et rédemption, afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur (1) ». Ah ! nous devons nous garder de ressembler à ces Juifs orgueilleux « qui ignorent la justice de Dieu, qui veulent établir la leur, et qui se soustraient ainsi à la divine justice (2)». Aussi après ces mots : « La Vérité s'est levée sur la terre », lisons-nous aussitôt ceux-ci : « Et la justice a regardé du haut du ciel ». C'est pour détourner la faiblesse des mortels de chercher à s'attribuer cette justice, à s'approprier les dons divins; pour empêcher l'homme de prétendre qu'il se justifie, c'est-à-dire qu'il se rend juste lui-même et de dédaigner ainsi la justice de Dieu. « La Vérité s'est levée sur la terre » : le Christ a dit : « Je suis la Vérité (3) », et il est né d'une Vierge. — « Et la justice a regardé du haut du ciel » ; car en croyant à l'Enfant nouveau-né, l'homme est justifié, non par lui-même, mais par Dieu. « La Vérité s'est levée sur la terre » ; car « le Verbe s'est fait chair (4) ». — « Et la justice a regardé du haut du ciel » ; car « tout bien excellent et tout don parfait vient d'en-haut (5) ». « La Vérité s'est levée sur la terre » ; la chair est née de Marie. « Et la justice a regardé du haut du ciel » ; car « l'homme ne peut rien recevoir qui ne lui ait été donné du ciel (6)».

1. I Cor. I, 30, 31. — 2. Rom. X, 3. — 3. Jean, XIV,16. — 4. Ib. I, 14. — 5. Jacq. I, 17.- 6. Jean, III, 27.

3. « Ainsi donc justifiés par la foi, ayons la paix avec Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur ; par qui aussi nous avons accès à cette grâce où nous sommes établis et où nous nous glorifions dans l'espoir de la gloire de Dieu (1)». Vous reconnaissez avec moi, mes frères, ces quelques paroles de l'Apôtre. J'aime d'en rapprocher quelques paroles aussi du psaume que nous citons et de découvrir le rapport qui les unit. « Justifiés par la foi, soyons en paix avec Dieu » ; c'est que « la justice et la paix se sont embrassées. — Par Jésus-Christ Notre-Seigneur » ; car « la Vérité s'est levée sur la terre. — Par qui aussi nous avons accès à cette grâce où nous sommes établis, et où nous nous glorifions dans l'espoir de la gloire de Dieu». Il n'est pas dit : De notre gloire, mais : « De la gloire de Dieu ». Aussi ce n'est pas de nous que vient la justice; « elle a regardé du haut du ciel ». — De là vient « que celui qui se glorifie doit se glorifier dans le Seigneur ». C'est pourquoi lorsque la Vierge eut donné naissance au Seigneur dont nous célébrons aujourd'hui la Nativité, les anges chantèrent cet hymne : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre au hommes de bonne volonté (2) ». Eh ! d'où vient cette paix donnée à la terre, sinon de ce que « la Vérité s'est levée sur la terre » ; de que le Christ a reçu une naissance charnelle ? Et « c'est Lui qui est notre paix, puisque de deux choses il en a fait une (3) » ; en nous rapprochant par les doux liens de l’unité, pour faire de nous des hommes de bonne volonté.

Ah ! réjouissons-nous de cette grâce, afin de mettre notre gloire dans le témoignage de notre conscience; afin de nous y glorifier, non pas en nous, mais dans le Seigneur. Voilà pour quoi il est écrit : «C'est vous qui êtes ma gloire et qui m'élevez la tête (4) ». Dieu lui-même pouvait-il faire briller à nos yeux une grâce plus généreuse ? Il n'a qu'un Fils unique et il fait de lui un Fils de l'homme, afin d'élever le Fils de l'homme jusqu'à la dignité, de Fils de Dieu ! Cherche ici quel est notre, mérite, quelle est notre justice, quel motif détermine le Seigneur : découvriras-tu autre chose que sa grâce ?

1. Rom. V, 1, 2. - 2. Luc, II, 14. — 3. Ephés. II, 14. — 4. Ps. III, 4.

 

Source : SERMON CLXXXV. POUR LE JOUR DE NOEL. II. JUSTIFICATION DE L'HOMME.

28/08/2015

27-28 août : l'Eglise fête Sainte Monique et Saint Augustin

Sainte Monique - Mère de saint Augustin (332-388)

Saint_Monique_and_Saint_Augustin.jpgÀ l'heure où sont trop oubliés les devoirs de la jeune fille, de l'épouse et de la mère chrétienne, il est utile de rappeler les vertus de cette admirable femme. Ce que nous en savons nous vient de la meilleure des sources, son fils Augustin.

Monique naît à Tagaste, en Afrique, l'an 332. Grâce aux soins de parents chrétiens, elle eut une enfance pure et pieuse, sous la surveillance sévère d'une vieille et dévouée servante. Encore toute petite, elle aimait aller à l'église pour y prier, elle cherchait la solitude et le recueillement; parfois elle se levait même la nuit et récitait des prières. Son cœur s'ouvrait à l'amour des pauvres et des malades, elle les visitait, les soignait et leur portait les restes de la table de famille ; elle lavait les pieds aux pauvres et aux voyageurs. Toute sa personne reflétait la modestie, la douceur et la paix. À toutes ces grâces et à toutes ces vertus, on aurait pu prévoir que Dieu la réservait à de grandes choses.

Dieu, qui a ses vues mystérieuses, permit cependant qu'elle fût donnée en mariage, à l'âge de vingt-deux ans, à un jeune homme de noble famille, mais païen, violent, brutal et libertin, presque deux fois plus âgé qu'elle, et dont elle eut beaucoup à souffrir, ainsi que de sa belle-mère. Dans cette situation difficile, Monique fut un modèle de patience et de douceur; sans se plaindre jamais, elle versait en secret les larmes amères où se trempait sa vertu. C'est par ces beaux exemples qu'elle conquit le cœur de Patrice, son époux, et lui obtint une mort chrétienne, c'est ainsi qu'elle mérita aussi de devenir la mère du grand saint Augustin.

Monique, restée veuve, prit un nouvel essor vers Dieu. Vingt ans elle pria sur les débordements d'Augustin, sans perdre courage et espoir. Un évêque d'Afrique, témoin de sa douleur, lui avait dit : « Courage, il est impossible que le fils de tant de larmes périsse ! » Dieu, en effet, la récompensa même au-delà de ses désirs, en faisant d'Augustin, par un miracle de grâce, l'une des plus grandes lumières de l'Église et l'un de ses plus grands Saints.

Monique, après avoir suivi Augustin en Italie, tombe malade à Ostie, au moment de s'embarquer pour l'Afrique, et meurt à l'âge de cinquante-six ans. Augustin pleura longtemps cette mère de son corps et de son âme.

Le corps de sainte Monique a été transporté à Rome dans l'église de Saint-Augustin, en 1430. Cette femme illustre a été choisie comme patronne des mères chrétiennes.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.

Source : l’Évangile au quotidien
 

SAINT AUGUSTIN Évêque d'Hippone, Docteur de l'Église (354-430)

COELLO_Claudio_The_Triumph_Of_St_Augustine.jpg        Saint Augustin est l'un des plus grands génies qui aient paru sur la terre et l'un des plus grands saints dont Dieu ait orné son Église. Moine, pontife, orateur, écrivain, philosophe, théologien, interprète de la Sainte Écriture, homme de prière et homme de zèle, il est une des figures les plus complètes que l'on puisse imaginer. Ce qu'il y a de plus admirable, c'est que Dieu tira cet homme extraordinaire de la boue profonde du vice pour l'élever presque aussi haut qu'un homme puisse atteindre ; c'est bien à son sujet qu'on peut dire : « Dieu est admirable dans ses saints ! » 

        Augustin naquit à Tagaste, en Afrique, l'an 354, et, s'il reçut de la part de sa sainte mère, Monique, les leçons et les exemples de la vertu, il reçut les exemples les plus déplorables de la part d'un malheureux père, qui ne se convertit qu'au moment de la mort. À l'histoire des égarements de cœur du jeune et brillant étudiant se joint l'histoire des égarements étranges de son esprit ; mais enfin, grâce à trente années de larmes versées par sa mère, Dieu fit éclater invinciblement aux yeux d'Augustin les splendeurs de la vérité et les beautés seules vraies de la vertu, et le prodigue se donna tout à Dieu : « Le fils de tant de larmes ne saurait périr ! » avait dit un prêtre vénérable à la mère désolée. Parole prophétique, qui renferme de grands enseignements pour les nombreuses Moniques des Augustins modernes. 

        C'est à Milan, sous l'influence d'Ambroise, qu'Augustin était rentré en lui-même. La voix du Ciel le rappela en Afrique où, dans une retraite laborieuse et paisible, avec quelques amis revenus à Dieu avec lui, il se prépara aux grandes destinées qui l'attendaient. Augustin n'accepta qu'avec larmes l'évêché d'Hippone, car son péché était toujours sous ses yeux, et l'humilité fut la grande vertu de sa vie nouvelle. Il fut le marteau de toutes les hérésies de son temps ; ses innombrables ouvrages sont un des plus splendides monuments de l'intelligence humaine éclairée par la foi, et ils demeurent comme la source obligée de toutes les études théologiques et philosophiques. 

        Si les écrits d'Augustin sont admirables par leur science, ils ne le sont pas moins par le souffle de la charité qui les anime ; nul cœur ne fut plus tendre que le sien, nul plus compatissant au malheur des autres, nul plus sensible aux désastres de la patrie, nul plus touché des intérêts de Dieu, de l'Église et des âmes. Il passa les dix derniers jours de sa vie seul avec Dieu, dans le silence le plus absolu, goûtant à l'avance les délices de l'éternité bienheureuse.

Source : Per Ipsum

Pour approfondir, lire le Catéchèses du Pape Benoît XVI :
>>> Saint Augustin (1)
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
>>> Saint Augustin (2)
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
>>> Saint Augustin (3)
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
 >>> Saint Augustin (4)
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
>>> Saint Augustin (5)
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

Et plus encore >>> Œuvres complètes de Saint Augustin