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14/11/2015

¿Puedo Volver a Casarme y Comulgar?

12/11/2015

Encyclique Casti Connubii sur le mariage chrétien - III - "Voilà tous les biens qui font que le mariage est bon"

 

CASTI CONNUBII

 

LETTRE ENCYCLIQUE
DU SOUVERAIN PONTIFE PIE XI

SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN
CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE LA CONDITION PRÉSENTE,
DES NÉCESSITÉS, DES ERREURS ET DES VICES
DE LA FAMILLE ET DE LA SOCIÉTÉ

 


Aux Vénérables Frères, Patriarches, Primats, Archevêques, Évêques et autres ordinaires en paix et communion avec le Siège Apostolique

Vénérables frères, Salut et bénédiction apostolique

 

INTRODUCTION

(...)

I.
Les biens du mariage véritable d'après saint Augustin.

Au moment où Nous Nous préparons à exposer quels sont ces biens du mariage véritable, biens donnés par Dieu, Nous Nous rappelons les paroles du glorieux Docteur de l’Église que Nous célébrions récemment dans Notre Encyclique Ad salutem, publiée à l'occasion du XVe centenaire de sa mort (10) : « Voilà tous les biens — dit saint Augustin — qui font que le mariage est bon : les enfants, la foi conjugale, le sacrement » (11). Et l'on peut dire que la somme de toute la doctrine catholique sur le mariage chrétien est surabondamment contenue sous ces trois chefs : le saint Docteur le montre lui-même quand il dit : « Par la foi conjugale, on a en vue cette obligation qu'ont les époux de s'abstenir de tout rapport sexuel en dehors du lien conjugal ; dans les enfants, on a en vue le devoir, pour les époux, de les accueillir avec amour, de les nourrir avec sollicitude, de les élever religieusement; dans le sacrement, enfin, on a en vue le devoir, qui s'impose aux époux, de ne pas rompre la vie commune, et l'interdiction, pour celui ou celle qui se sépare, de s'engager dans une autre union, fût-ce à raison des enfants. Telle est la loi du mariage où la fécondité de la nature trouve sa gloire, et le dévergondage de l'incontinence, son frein. » (12)

1. - Les enfants

Dignité des parents

Parmi les biens du mariage, les enfants tiennent donc la première place. Et sans aucun doute, le Créateur même du genre humain, qui, dans sa bonté, a voulu se servir du ministère des hommes pour la propagation de la vie, nous a donné cet enseignement lorsque, en instituant le mariage dans le paradis terrestre, il a dit à nos premiers parents et, en même temps, à tous les époux à venir : « Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre. » (13) C'est ce que saint Augustin a très bien fait ressortir des paroles de l'apôtre saint Paul à Timothée (14), en disant : « Que la procréation des enfants soit la raison du mariage, l'Apôtre en témoigne en ces termes : Je veux, déclare-t-il, que les jeunes filles se marient. Et comme pour répondre à cette question : Mais pourquoi ? il poursuit aussitôt : qu'elles procréent des enfants, qu'elles soient mères de famille. » (15)

Pour apprécier la grandeur de ce bienfait de Dieu et l'excellence du mariage, il suffit de considérer la dignité de l'homme et la sublimité de sa fin. L'homme, en effet, dépasse toutes les autres créatures visibles, par la prééminence de sa nature raisonnable. Ajoutez-y que si Dieu a voulu les générations des hommes, ce n'est pas seulement pour qu'ils existent et pour qu'ils remplissent la terre, mais bien plus pour qu'ils l'honorent, lui, pour qu'ils le connaissent, qu'ils l'aiment et qu'ils jouissent de lui éternellement dans les cieux ; par suite de l'admirable élévation de l'homme par Dieu à l'ordre surnaturel, cette fin dépasse tout ce que l'œil a vu, ce que l'oreille a entendu et ce que le cœur de l'homme a pu concevoir (16). Par où l'on voit facilement que les enfants, nés par l'action toute-puissante de Dieu, avec la coopération des époux, sont tout ensemble un don de la divine bonté et un précieux fruit du mariage.

Les parents chrétiens doivent comprendre en outre qu'ils ne sont pas seulement appelés à propager et à conserver le genre humain sur la terre, qu'ils ne sont même pas destinés à former des adorateurs quelconques du vrai Dieu, mais à donner des fils à l'Église, à procréer des concitoyens des saints et des familiers de Dieu (17), afin que le peuple attaché au culte de Dieu et de notre Sauveur grandisse de jour en jour. Sans doute les époux chrétiens, même s'ils sont sanctifiés eux-mêmes, ne sauraient transmettre leur sanctification à leurs enfants : la génération naturelle de la vie est devenue au contraire la voie de la mort, par laquelle le péché originel se communique aux enfants : ils gardent cependant quelque chose de la condition qui était celle du premier couple conjugal au paradis terrestre : il leur appartient, en effet, d'offrir leurs fils à l’Église afin que cette mère très féconde des enfants de Dieu les régénère par l'eau purificatrice du baptême à la justice surnaturelle, qu'elle en fasse des membres vivants du Christ, participants de la vie éternelle, des héritiers enfin de la gloire éternelle, à laquelle nous aspirons tous du fond du cœur.

Si une mère vraiment chrétienne considère ces choses, elle comprendra certainement que, dans un sens très élevé et plein de consolations, ces paroles de notre Rédempteur s'adressent à elle : « Lorsque la femme a engendré son enfant, elle cesse aussitôt de se rappeler ses souffrances, à cause de la joie qu'elle ressent, parce qu'un homme est né dans le monde » (18); devenue supérieure à toutes les douleurs, à toutes les sollicitudes, à toutes les charges inséparables de son rôle maternel, ce sera bien plus justement et plus saintement que la matrone romaine, mère des Gracques, qu'elle se glorifiera dans le Seigneur d'une florissante couronne d'enfants.

D'ailleurs, ces enfants, reçus de la main de Dieu avec empressement et reconnaissance, les deux époux les regarderont comme un talent qui leur a été confié par Dieu, et qui ne doit pas être utilisé dans leur propre intérêt ni dans le seul intérêt terrestre de la société, mais qui devra au jour du jugement être restitué à Dieu avec le fruit qu'il aura dû produire.

Leur mission éducatrice

Le bien de l'enfant ne se termine pas, à coup sûr, au bienfait de la procréation ; il faut qu'il s'y en adjoigne un autre, contenu dans la bonne éducation de l'enfant. Dieu, malgré toute sa sagesse, aurait certes médiocrement pourvu au sort des enfants et du genre humain tout entier, si ceux qui ont reçu de lui le pouvoir et le droit d'engendrer n'en avaient pas reçu aussi le droit et la charge de l'éducation. Personne ne méconnaît, en effet, que l'enfant ne peut se suffire à lui-même dans les choses qui se rapportent à la vie naturelle : à plus forte raison ne le peut-il pas dans les choses qui se rapportent à la vie surnaturelle : durant de nombreuses années, il aura besoin de l'aide d'autrui, d'instruction, d'éducation. Il est d'ailleurs évident que, conformément aux exigences de la nature et à l'ordre divin, ce droit et cette tâche reviennent tout d'abord à ceux qui ont commencé par la génération l'œuvre de la nature et auxquels il est absolument interdit de laisser inachevée l'œuvre entreprise et d'exposer ainsi l'enfant à une perte certaine.

Or il a été pourvu, de la meilleure manière possible, à cette si nécessaire éducation des enfants, par le mariage où, unis par un lien indissoluble, les parents sont toujours en état de s'y appliquer ensemble et de se prêter un mutuel appui. Nous avons déjà traité ailleurs abondamment de l'éducation chrétienne de la jeunesse (19) ; les paroles de saint Augustin citées plus haut résumeront ce que Nous y avons dit : « Pour ce qui regarde les enfants, ils doivent être accueillis avec amour, élevés religieusement » (20) ; ainsi parle aussi le Droit canon avec son habituelle précision : « La fin première du mariage, c'est la procréation des enfants et leur éducation. » (21)

Il ne faut enfin point passer sous silence que si cette double mission, si honorable et si importante, a été confiée aux parents pour le bien de l'enfant, tout usage honnête de la faculté, donnée par Dieu, de procréer de nouvelles vies, est exclusivement le droit et la prérogative du mariage, conformément à l'ordre du Créateur lui-même et de la loi naturelle : cet usage doit absolument être contenu dans les limites saintes du mariage.

(...)

 

Encyclique Casti Connubii sur le mariage chrétien considéré au point de vue de la condition présente, des nécessités, des erreurs et des vices de la famille et de la société

 

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NOTES

10 - Encycl. Ad salutem, 20 avril 1930 [cf. Documentation Catholique t. 23, col. 1155-1181].
11 - S. August., De bono coniug., cap. XXIV, N° 32.
12 - S. August., De Gen. ad litt., I. IX, ch. VII, N° 12.
13 - Gen I, 28.
14 - 1 Tim V, 14.
15 - S. August., De bono coniug., cap. XXIV, N° 32.
16 - 1 Co II, 9.
17 - Eph II, 19.
18 - Jn XVI, 21.
19 - Encycl. Divini illius Magistri, 31 déc. 1929.
20 - S. August., De bono coniug., cap. XXIV, N° 32.

 

> Numérisation de l'édition contemporaine de Pie XI (1934): texte latin et traduction française

Cette numérisation est extraite du document suivant:

> Actes de Sa Sainteté Pie XI, tome 6 (édition de 1934)

 

03/11/2015

« Sauf en cas d’union illégitime » : une exception à l'indissolubilité du mariage ?

Extrait du livre « Le mariage chrétien à l'épreuve du divorce », Père Alain Bandelier, Éditions de l'Emmanuel, Paris, 2010 (Nihil obstat, Paris, le 18 juin 2010, M. Dupuy. Imprimatur, Paris, le 22 juin 2010, M. Vidal), pages 61-64.

 

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UNE EXCEPTION: « EN CAS DE PORNÉIA »

Volontairement, pour faciliter la lecture synoptique des textes, j'ai laissé de côté jusqu'à maintenant une incise propre à Matthieu [1]. Lui seul laisse entendre une réserve dans l'enseignement du Maître: renvoyer sa femme et en épouser une autre est un adultère, « sauf en cas de poméia » (dans le discours sur la montagne) ou « pas s'il s'agit de pornéia » (dans le débat avec les pharisiens). Les deux expressions sont légèrement différentes, mais elles énoncent de toute évidence une exception au principe, au moment même où Jésus le pose. Compte tenu de la construction de la phrase, cette exception n’est pas quelque chose de marginal; elle s'inscrit au cœur même du principe. Tout le problème sera d'interpréter cette exception.

Volontairement toujours, j'ai laissé jusqu'ici dans sa langue originale le mot grec de l'Évangile. Le sens que lui donnera le traducteur conditionnera pour une large part, on s’en doute, le sens de la phrase. Même si l’on n'est pas un helléniste chevronné, le simple fait de retrouver ce mot dans notre moderne pornographie met déjà sur la voie. Si l’on ne veut pas courir le risque d'interprétations trop rapides voire tendancieuses, la méthode la plus sûre est de rechercher ce mot dans tout le Nouveau Testament et de voir ce qu’il désigne couramment. La consultation d'une concordance montre qu'on le rencontre 56 fois sous une forme ou sous une autre. Il a tantôt le sens direct de prostitution (pornéia désigne la femme qui se prostitue) tantôt le sens large d’inconduite sexuelle. Saint Paul met souvent en garde contre la fornication, selon les traductions classiques. mais il faut comprendre tout simplement la débauche, conduite réprouvée en Israël mais très répandue dans les villes païennes où vivent les destinataires de ses lettres. L'Apocalypse, comme les prophètes de l'Ancien Testament, emploie également beaucoup ce mot dans un sens spirituel, pour désigner l’idolâtrie [2]. On comprend donc que l'exception signalée par Matthieu ne signifie pas une "dispense" de l'indissolubilité, mais au contraire une absence d'indissolubilité. Elle vise tous les cas où un homme et une femme se contentent de faire l'amour sans faire alliance: "cas d'union illégitime" pour reprendre la traduction liturgique francophone, un peu éloignée du mot à mot du texte, sans doute, mais fidèle à son sens.

Certains s'appuient sur cette "exception" matthéenne pour justifier l’acceptation de secondes, voire de troisièmes et quatrièmes noces. En cas d'adultère de l'un des deux époux, le conjoint "innocent" aurait la faculté de contracter une nouvelle union. C’est un débat à la fois théologique, œcuménique et pastoral qui est loin d'être clos. En tout état de cause, il est abusif d'argumenter en faveur d’une telle hypothèse à partir des trois mots de Matthieu. Premièrement: l’incise ne signifie certainement pas "sauf en cas d'adultère" car pour dire adultère on emploie un autre mot, déjà présent dans le texte. Deuxièmement: l'exception signalée est une précision sur le champ d’application de la règle, et non pas une modification de la règle, toujours énoncée de façon affirmative. D’ailleurs, si la règle était atténuée, la protestation des disciples n'aurait plus de raison d'être [3]. Il faudrait même en conclure que l'énoncé de saint Marc est moins miséricordieux, puisqu'il ne signale pas d'exception à la règle. Or, paradoxalement, dans le récit de Marc les disciples ne protestent pas, ils se contentent d’interroger. Troisièmement: le fait que ni Luc ni Marc n'énoncent une restriction de ce genre confirme que l'addition ou plus exactement la précision que l’on trouve chez Matthieu ne porte pas sur le principe lui-même; l’évangéliste ne se permettrait pas de contredire une tradition évangélique d'autant plus clairement attestée qu'elle affronte non seulement la contestation des adversaires de Jésus mais encore celle de ses propres disciples.




NOTES

[1] (Matthieu 5, 32; 19. 9)

[2] À rapprocher de Jean 8,41

[3] Louis Dingemans ("Jésus face au divorce", éditions Fidélité, 2004, pages 85-86) note que le droit juif de l’époque imposait à l’époux de renvoyer l'adultère. Il laisse entendre que l'exception signalée par Matthieu peut être comprise comme "un ces où la répudiation est admissible, voire exigée" (page 94). Lu avec de telles lunettes. le texte évangélique devient un simple commentaire rabbinique. On se demande ce qui reste du prophétisme de Jésus. Et pourquoi le prophète sera crucifié. Ce n'est d'ailleurs pas le seul cas où l'auteur joue sur "la complexité de ces textes et de leur interprétation" (page 11) pour leur faire dire autre chose que ce qu'ils disent.

 

28/10/2015

Encyclique Casti Connubii sur le mariage chrétien - II - "Le mariage n'a pas été institué ni restauré par les hommes, mais par Dieu"

 

CASTI CONNUBII

 

LETTRE ENCYCLIQUE
DU SOUVERAIN PONTIFE PIE XI

SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN
CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE LA CONDITION PRÉSENTE,
DES NÉCESSITÉS, DES ERREURS ET DES VICES
DE LA FAMILLE ET DE LA SOCIÉTÉ

 


Aux Vénérables Frères, Patriarches, Primats, Archevêques, Évêques et autres ordinaires en paix et communion avec le Siège Apostolique

Vénérables frères, Salut et bénédiction apostolique

 

INTRODUCTION

(...)

Principe et fondement : La doctrine catholique du mariage.

Et pour prendre Notre point de départ dans cette Encyclique même, qui est presque tout entièrement consacrée à prouver la divine institution du mariage, sa dignité de sacrement et son inébranlable perpétuité, rappelons d'abord ce fondement qui doit rester intact et inviolable : le mariage n'a pas été institué ni restauré par les hommes, mais par Dieu ; ce n'est point par les hommes, mais par l'auteur même de la nature et par le restaurateur de la nature, le Christ Notre-Seigneur, que le mariage a été muni de ses lois, confirmé, élevé ; par suite, ces lois ne sauraient dépendre en rien des volontés humaines, ni d'aucune convention contraire des époux eux-mêmes (3). Telle est la doctrine des Saintes Lettres, telle est la Tradition constante de l’Église universelle, telle est la définition solennelle du Concile de Trente, qui, en empruntant les termes mêmes de la Sainte Écriture, enseigne et confirme que la perpétuelle indissolubilité du mariage, son unité et son immutabilité proviennent de Dieu son auteur (4).

Mais, bien que le mariage, à raison de sa nature même, soit d'institution divine, la volonté humaine y a cependant sa part, qui est très noble : car chaque mariage particulier, en tant qu'il constitue l'union conjugale entre un homme et une femme déterminés, n'a d'autre origine que le libre consentement de chacun des deux époux ; cet acte libre de volonté, par lequel chacune des deux parties livre et reçoit le droit propre du mariage (5), est si nécessaire pour réaliser un mariage véritable que « nulle puissance humaine n'y pourrait suppléer » (6).

Cette liberté, toutefois, porte seulement sur un point, savoir : si les contractants veulent effectivement entrer dans l'état de mariage, et s'ils le veulent avec telle personne ; mais la nature du mariage est absolument soustraite à la liberté de l'homme, en sorte que quiconque l'a une fois contracté se trouve du même coup soumis à ses lois divines et à ses exigences essentielles. Car le Docteur Angélique, dans ses considérations sur la fidélité conjugale et sur la procréation des enfants, remarque que, « dans le mariage, ces choses sont impliquées par la consentement conjugal même, et, en conséquence, si, dans le consentement qui fait le mariage, on formulait une condition qui leur fût contraire, il n'y aurait pas de mariage véritable » (7).

L'union conjugale rapproche donc tout dans un accord intime, les âmes plus étroitement que les corps ; ce n'est point un attrait sensible ni une inclination passagère des cœurs qui la détermine, mais une décision, délibérée et ferme des volontés : et cette conjonction des esprits, en vertu du décret divin, produit un lien sacré et inviolable. Cette nature propre et toute spéciale du contrat le rend irréductiblement différent des rapports qu'ont entre eux les animaux sous la seule impulsion d'un aveugle instinct naturel, où il n'y a ni raison ni volonté délibérée ; elle le rend totalement différent aussi de ces unions humaines instables, réalisées en dehors de tout lien véritable et honnête des volontés et qui n'engendrent aucun droit à vivre en commun.

Il est donc manifeste que l'autorité légitime a le droit et qu'elle a même le devoir rigoureux d'interdire, d'empêcher, de punir les unions honteuses qui répugnent à la raison et à la nature ; mais comme il s'agit d'une chose qui résulte de la nature humaine elle-même, l'avertissement donné par Léon XIII (8), d'heureuse mémoire, n'est pas d'une vérité moins évidente : « Dans le choix du genre de vie, il n'est pas douteux que chacun a la liberté pleine et entière ou de suivre le conseil de Jésus-Christ touchant la virginité, ou de s'engager dans les liens du mariage. Aucune loi humaine ne saurait ôter à l'homme le droit naturel et primordial du mariage, ou limiter d'une façon quelconque ce qui est la fin principale de l'union conjugale établie dès le commencement par l'autorité de Dieu : Crescite et multiplicamini » (9).

Ainsi l'union sainte du mariage véritable est constituée tout ensemble par la volonté divine et par la volonté humaine : c'est de Dieu que viennent l'institution même du mariage, ses fins, ses lois, ses biens ; ce sont les hommes — moyennant le don généreux qu'une créature humaine fait à une autre de sa propre personne pour toute la durée de sa vie, avec l'aide et la coopération de Dieu — qui sont les auteurs des mariages particuliers, auxquels sont liés les devoirs et les biens établis par Dieu.

(...)

 

Encyclique Casti Connubii sur le mariage chrétien considéré au point de vue de la condition présente, des nécessités, des erreurs et des vices de la famille et de la société

 

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NOTES

3 - Gen I, 27-28 ; II, 22-23 ; Mt XIX, 3 sq. ; Eph V, 23 sq.
4 - Conc. Trid., sess. XXIV.
5 - Cod. iur. can., c. 1081, § 2.
6 - Cod. iur. can., c. 1081, § 1.
7 - S. Thom. d’Aquin, Summa theol., p. III. Supplem. 9, XLIX, art. 3.
8 - Encycl. Rerum novarum, 15 mai 1891
9 - Gen., 1 28.

 

15/10/2015

Encyclique Casti Connubii sur le mariage chrétien - I - "Il faut d'abord que les intelligences humaines soient éclairées sur la vraie doctrine du Christ concernant le mariage"

 

CASTI CONNUBII

 

LETTRE ENCYCLIQUE
DU SOUVERAIN PONTIFE PIE XI

SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN
CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE LA CONDITION PRÉSENTE,
DES NÉCESSITÉS, DES ERREURS ET DES VICES
DE LA FAMILLE ET DE LA SOCIÉTÉ

 


Aux Vénérables Frères, Patriarches, Primats, Archevêques, Évêques et autres ordinaires en paix et communion avec le Siège Apostolique

Vénérables frères, Salut et bénédiction apostolique

 

INTRODUCTION

 

Raison et plan de cette Encyclique.

Combien grande est la dignité de la chaste union conjugale, on le peut surtout reconnaître à ceci, Vénérables Frères, que le Christ, Notre-Seigneur, Fils du Père éternel, ayant pris la chair de l'homme déchu, ne s'est pas contenté d'inclure d'une façon particulière le mariage — principe et fondement de la société domestique et de la société humaine tout entière — dans. le dessein d'amour qui lui a fait entreprendre l'universelle restauration du genre humain : après l'avoir ramené à la pureté première de sa divine institution, il l'a élevé à la dignité d'un vrai et « grand » (1) sacrement de la Loi nouvelle, et, en conséquence, il en a confié la discipline et toute la sollicitude à l’Église son Épouse. Pour que, toutefois, cette rénovation du mariage produise dans toutes les nations du monde et dans celles de tous les temps ses fruits désirés, il faut d'abord que les intelligences humaines soient éclairées sur la vraie doctrine du Christ concernant le mariage ; il faut ensuite que les époux chrétiens, fortifiés dans leur faiblesse par le secours intérieur de la grâce divine, fassent concorder toute leur façon de penser et d'agir avec cette très pure loi du Christ, par où ils s'assureront à eux-mêmes et à leur famille le vrai bonheur et la paix.

Mais lorsque, de ce Siège Apostolique, comme d'un observatoire, Nos regards paternels embrassent l'univers entier, Nous constatons chez beaucoup d'hommes, avec l'oubli de cette restauration divine, l'ignorance totale d'une si haute sainteté du mariage. Vous le constatez aussi bien que Nous, Vénérables Frères, et Vous le déplorez avec Nous. On la méconnaît, cette sainteté, on la nie impudemment, ou bien encore, s'appuyant sur les principes faux d'une morale nouvelle et absolument perverse, on foule cette sainteté aux pieds. Ces erreurs extrêmement pernicieuses et ces mœurs dépravées ont commencé à se répandre parmi les fidèles eux-mêmes, et peu à peu, de jour en jour, elles tendent à pénétrer plus avant chez eux : aussi, à raison de notre office de Vicaire du Christ sur terre, de Notre Pastorat suprême et de Notre Magistère, Nous avons jugé qu'il appartenait à Notre mission apostolique d'élever la voix, afin de détourner des pâturages empoisonnés les brebis qui Nous ont été confiées, et, autant qu'il est en Nous, de les en préserver.

Nous avons donc décidé de vous entretenir, Vénérables Frères, et, par vous, d'entretenir toute l'Église du Christ, et même le genre humain tout entier, de la nature du mariage chrétien, de sa dignité, des avantages et des bienfaits qui s'en répandent sur la famille et sur la société humaine elle-même, des très graves erreurs contraires à cette partie de la doctrine évangélique ; des vices contraires à la vie conjugale, enfin des principaux remèdes auxquels il faut recourir. Nous Nous attacherons, ce faisant, aux pas de Léon XIII, Notre prédécesseur d'heureuse mémoire, dont Nous faisons Nôtre et dont Nous confirmons par la présente Encyclique, l'Encyclique Arcanum (2) sur le mariage chrétien, publiée par lui il y a cinquante ans : que si Nous Nous attachons davantage ici au point de vue des nécessités particulières de notre époque, Nous déclarons cependant que bien loin d'être tombés en désuétude, les enseignements de Léon XIII gardent leur pleine vigueur.

(...)

 

Encyclique Casti Connubii sur le mariage chrétien considéré au point de vue de la condition présente, des nécessités, des erreurs et des vices de la famille et de la société

 

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NOTES

1 - Eph V, 32.
2 - Encycl. Arcanum divinae sapientiae, 10 février 1880 [cf Lettres apostoliques de S. S. Léon XIII, t. p. 76-109].

 

07/10/2015

Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien - II - "Il n'est du pouvoir de personne de le délier ou de le rompre"

 

ARCANUM DIVINAE

 

LETTRE ENCYCLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE LÉON XIII
SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN

 

(...)

Tout le monde sait, Vénérables Frères, quelle est la véritable origine du mariage. Les détracteurs de la foi chrétienne refusent d'admettre en cette matière la doctrine constante de l’Église. Ils veulent, depuis longtemps déjà, détruire la tradition de tous les peuples et de tous les siècles. Malgré leurs efforts, ils n'ont pu, ni éteindre, ni affaiblir la force et l'éclat de la vérité. Nous rappelons donc des choses qui sont connues de tous et ne font doute pour personne.

Après avoir, au sixième jour de la création, formé l'homme du limon de la terre, et après avoir envoyé sur sa face le souffle de vie, Dieu voulut lui adjoindre une compagne, qu'il tira merveilleusement du flanc de l'homme endormi. En agissant ainsi, Dieu voulut, dans sa très haute providence, que ce couple fût l'origine naturelle de tous les hommes et qu'il servît à la propagation du genre humain et à sa conservation dans tous les temps par une série ininterrompue de générations.

Afin de répondre plus parfaitement aux très sages desseins de Dieu, cette union de l'homme et de la femme se présenta, dès ce temps-là, avec deux propriétés principales et nobles entre toutes, qui lui furent pour ainsi dire profondément imprimées et gravées, à savoir l'unité et la perpétuité. C'est ce que nous voyons déclaré et ouvertement confirmé dans l’Évangile par la divine autorité de Jésus-Christ. Selon l'affirmation qu'il fit aux Juifs et aux apôtres, le mariage, en vertu de son institution même, ne doit exister qu'entre deux personnes, c'est-à-dire entre l'homme et la femme : des deux il se forme comme une seule chair, et le lien nuptial est, de par la volonté de Dieu, si intimement et si fortement noué, qu'il n'est au pouvoir de personne de le délier ou de le rompre. L'homme s'attachera à son épouse, et ils seront deux en une seule chair. C'est pourquoi ils ne sont déjà plus deux, mais une seule chair. Que l'homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni (Matth. XIX, 5-6).

(...)

 

Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien

 

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06/10/2015

Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien - I - "Le mystérieux dessein de la sagesse divine..."

 

ARCANUM DIVINAE

 

LETTRE ENCYCLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE LÉON XIII
SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN

 

Aux Patriarches, Primats, Archevêques, et Évêques du monde catholique en grâce et communion avec le Siège apostolique.

Le mystérieux dessein de la sagesse divine que Jésus-Christ, le sauveur des hommes, devait accomplir sur terre, était de restaurer divinement par Lui et en Lui le monde, atteint d'une espèce de sénilité. C'est ce que l'apôtre saint Paul exprimait en termes magnifiques lorsqu'il écrivait aux Ephésiens : Le mystère de sa volonté... c'est de restaurer dans le Christ toutes les choses qui sont au ciel et sur 1a terre (Eph. I, 9-10.).

Lorsque le Christ, Notre-Seigneur, entreprit d'exécuter l'ordre que lui avait donné son Père, il délivra le monde de sa décrépitude en imprimant aussitôt à toutes choses comme une nouvelle forme et une nouvelle beauté. Il guérit les blessures que le péché de notre premier père avait faites à la nature humaine. Il remit en grâce avec Dieu l'homme qui, par nature, était enfant de la colère. Il amena à la lumière de la vérité les esprits fatigués par de longues erreurs. Il fit renaître à toutes les vertus ceux qui étaient usés par toutes les impuretés. Ayant rendu aux hommes l'héritage de la béatitude éternelle, il leur donna, l'espérance certaine que leur corps mortel et périssable participerait un jour à l'immortalité et à la gloire céleste.

Pour rendre de si remarquables bienfaits aussi durables que l'humanité, il constitua enfin l'Eglise dépositaire de son pouvoir. Il la chargea, en prévision de l'avenir, de rétablir l'ordre dans la société humaine là où il serait troublé, de relever ce qui viendrait à tomber en ruine.

Cette restauration divine, dont Nous avons parlé, concerne principalement et directement les hommes établis dans l'ordre surnaturel de la grâce. Cependant les résultats précieux et salutaires qui en découlent se sont fait largement sentir même dans l'ordre naturel. Il en est résulté, tant pour la société universelle du genre humain que pour l'individu en particulier, un grand perfectionnement sous tous rapports.

L'ordre chrétien des choses une fois fondé eut pour l'homme cet heureux résultat que chacun apprit et s'accoutuma à se reposer sur la providence paternelle de Dieu, et à espérer les secours célestes avec la certitude de n'être pas trompé. De là sont nées la force, la modération, la constance, l'égalité d'âme provenant de la paix, enfin un grand nombre de vertus éclatantes et d'œuvres excellentes.

Quant à la société familiale et à la société civile, il est étonnant de voir à quel point elles ont gagné en dignité, en stabilité, en honneur. L'autorité des princes devint plus équitable et plus sainte, l'obéissance des peuples plus volontaire et plus facile, l'union des citoyens plus étroite, le droit de propriété plus garanti. Bref la religion chrétienne veilla et pourvut à toutes les choses qui sont considérées comme utiles dans l’État. Ainsi, selon le mot de saint Augustin, elle n'aurait pas, semble-t-il, pu rendre la vie plus tranquille et plus heureuse, lors même qu'elle aurait été établie dans le but unique de procurer et de multiplier les avantages et les bienfaits de la vie présente.

Mais notre intention n'est pas d'énumérer tout ce qui a été fait en ce genre. Nous voulons seulement parler de la société familiale, dont le mariage est le principe et le fondement.

(...)

 

Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien

 

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04/10/2015

L'homélie du cardinal Burke à Notre-Dame de Paris: "La loi du Seigneur est parfaite"

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Homélie du cardinal Raymond Burke à la cathédrale Notre-Dame de Paris

Dimanche 27 septembre 2015

 

"J’exprime ma profonde gratitude à Son éminence le Cardinal André Vingt-Trois pour son invitation à célébrer la Sainte Messe aujourd’hui dans cette magnifique Cathédrale de Notre-Dame, et également au Recteur et à ses collaborateurs pour leur chaleureux accueil et leur assistance.

Vraiment, comme le Pape Benoît XVI l’a déclaré dans son homélie lors des vêpres du 12 septembre 2009, durant sa Visite apostolique en France, la Cathédrale Notre-Dame de Paris est « une hymne vivante de pierre et de lumière à la louange de cet acte, unique dans les annales de l’histoire humaine : le Verbe éternel de Dieu est entré dans le monde à la plénitude des temps afin de nous sauver par l’offrande de Lui-même dans le sacrifice de la Croix[1]. »

La Cathédrale Notre-Dame est vraiment une hymne à la louange du Mystère de l’Incarnation rédemptrice du Fils de Dieu dans le sein de la Bienheureuse Vierge Marie. Je rends grâces à Dieu pour l’occasion qui m’est donnée de célébrer ici le Saint Sacrifice de la Messe, et je vous assure que je prie pour le peuple de France, et particulièrement pour les fidèles de l’archidiocèse de Paris, confiant vos intentions à l’intercession de Notre-Dame, spécialement sous son titre de Notre-Dame de Lourdes, l’Immaculée-Conception.

Suivre Notre-Seigneur ne requiert rien de moins que de Lui donner totalement nos cœurs, de placer entièrement nos cœurs dans Son glorieux Cœur transpercé. De Son Sacré Cœur, le Saint-Esprit jaillit dans nos cœurs, cherchant à pénétrer tous les aspects de nos vies, et à donner l’inspiration et la direction à tout ce que nous pensons, disons et faisons. La discipline que l'Esprit-Saint nous enseigne, en nous purifiant du péché et en nous fortifiant avec la grâce divine, est, en fait, la cause de notre joie la plus profonde, notre chemin vers le bonheur dans cette vie et vers le bonheur éternel dans la vie à venir. Dans le même temps, comme Saint Jacques nous le rappelle, nous ne sommes que les intendants des biens matériels qui nous sont confiés et ceux-ci doivent être utilisés au service du Christ et de Son Corps Mystique. Dans sa charité pastorale, Saint Jacques nous avertit que nos biens matériels sont voués à la corruption et au pourrissement, et que, à la mort, nous nous retrouverons devant Dieu et recevrons l’héritage que nous aurons mérité selon que nous aurons employé les biens qu’Il nous aura confiés pour une fin bonne ou mauvaise[2].

Très à propos, nous avons prié aujourd’hui avec les mots du psaume 18 :

La loi du Seigneur est parfaite,

Qui redonne vie ;

La charte du Seigneur est sûre,

Qui rend sages les simples[3].

En fait, le but de ma visite en France au cours de ces journées est de présenter un petit livre d'entretiens que je donnais à Guillaume d'Alançon, délégué épiscopal pour la famille et pour la vie du diocèse de Bayonne.

A travers les entretiens, j’espère avoir su exprimer, avec une profonde gratitude, comment le Mystère de l'Incarnation rédemptrice a été à l'œuvre dans ma vie, et comment il nous donne la manière de relever les défis redoutables pour notre vie dans le Christ, dans le monde d’aujourd’hui.

Dans l'Évangile qui vient d’être lu, le Seigneur utilise une figure de style, l'hyperbole, pour souligner la perfection qui doit marquer la communion de nos cœurs avec Son Divin Cœur. Il nous dit que, si certains membres de notre corps ne sont pas soumis au Christ, à la façon dont Son Esprit Le conduit, alors il serait préférable de se débarrasser du membre rebelle plutôt que de prendre le risque de désobéir à Dieu et d’encourir le fruit de cette désobéissance, la mort éternelle[4]. En d'autres termes, en tant que disciples du Christ, nous ne pouvons exclure quelque partie que ce soit de notre être de l'influence de l'Esprit-Saint, de l'obéissance au Père dans le Christ. Comme Son amour pour nous est incommensurable et incessant, il faut que notre réponse d'amour soit pure et désintéressée.

L'Esprit du Christ a d’abord été répandu dans nos cœurs par le Sacrement du Baptême. Il est fortifié et augmenté en nous par le Sacrement de la Confirmation. Le désir de Moïse que Dieu le Père « [puisse] faire de tout son peuple un peuple de prophètes, […] [puisse] mettre son esprit sur eux »[5] a, en fait, été accompli par l'effusion de l'Esprit-Saint dans les cœurs de tous les fidèles, que Notre-Seigneur a gagné pour nous. En vérité, la Passion de Notre-Seigneur, Sa Mort, Sa Résurrection et Son Ascension sont ordonnés à la descente de l'Esprit-Saint sur les Apôtres et, à travers les Apôtres, sur tous les fidèles.

À Sa Résurrection, le dimanche de Pâques, et de nouveau le dimanche de la Pentecôte, cinquante jours après Pâques, Notre-Seigneur a répandu l'Esprit-Saint sur l’Église et dans le monde entier, dans les cœurs de tous les croyants, pour nous diriger pendant les jours de notre pèlerinage terrestre et nous mener enfin à la destinée de notre pèlerinage, la vie éternelle. Par le sacrement du Baptême, notre Pâques personnelle, nous parvenons à la vie dans le Christ et sommes prêts à Le suivre. Depuis le moment de notre baptême, avec l'aide de nos parents, de nos curés, de nos enseignants, de nos catéchistes et d'autres bons membres de l'Église, nous répondons de plus en plus à l'aide et aux conseils de l'Esprit-Saint qui habite en nous. Grâce à la Confirmation, notre Pentecôte personnelle, Notre-Seigneur complète le don baptismal du Saint-Esprit, afin que nous puissions être dans le monde des témoins du Christ ressuscité, fidèles, forts et courageux.

Par le Sacrement de la Pénitence, Notre-Seigneur renouvelle la vie de l'Esprit en nous et nous aide à revenir à la voie du Christ quand nous nous en sommes écartés. Par le Sacrement de l'Onction des malades, Notre-Seigneur pardonne nos péchés et nous fortifie par sa guérison quand nous sommes gravement malades. Plus merveilleusement encore, à travers l'Eucharistie, Notre-Seigneur nous donne le don de Son Vrai Corps et de Son Vrai Sang afin de nous guérir et de nous fortifier durant le voyage de notre vie, durant le pèlerinage jusqu’à la maison de Dieu le Père. La grâce du Saint-Esprit nous aide à surmonter toute rébellion dans nos vies, tout trouble ainsi que le péché qui nous entrave dans le témoignage du Christ. Le Saint-Esprit nous aide et nous guide dans la suite du Christ, dans le témoignage de l'union de nos cœurs avec Son Sacré Cœur, dans tout ce que nous pensons, disons et faisons.

Comme l’ouverture de la 14ème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques approche, prions en particulier pour les Pères synodaux afin qu'ils soient parfaitement obéissants à l'inspiration et à la direction du Saint-Esprit. Le Synode des Évêques a été convoqué pour aider notre Saint-Père François, dans la sauvegarde et la promotion de la vocation et de la mission de la famille dans l'Eglise et dans le monde. En ces jours, alors que le Mariage est soumis à une attaque des plus féroces dans la société, et même plus tristement encore, dans l'Église, comme il l'a été durant les dernières décennies, puisse le Synode des Évêques aider notre Saint-Père à présenter au monde entier la splendeur de la vérité de l'enseignement du Christ sur le mariage tel qu'il a été transmis jusqu'à nous grâce à la saine doctrine et à la discipline constante de l'Église.

Notre Seigneur va maintenant rendre sacramentellement présent Son Sacrifice sur le Calvaire, et son fruit incomparable qui est Son Corps, Son Sang, Son Âme et Sa Divinité, comme le Pain Céleste de notre pèlerinage terrestre. Unis avec le Cœur Immaculé de Marie, nous élevons nos cœurs pour les placer dans Son Cœur Eucharistique pour notre salut et le salut du monde. Réjouissons-nous, avec saint Paul, à l‘idée que " ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ [nous l’accomplissons dans notre] propre chair, pour Son Corps Qui est l'Église"[6]. Comme Notre-Seigneur se donne Lui-même totalement à nous par Son Sacrifice Eucharistique, puissions-nous reconnaître en Lui la plénitude de l'amour incommensurable et incessant de Dieu pour nous.

Comme Il nous offre le fruit incomparable de Son Sacrifice, Son Corps, Son Sang, Son Âme et Sa Divinité dans la Sainte Communion, puisse le Saint-Esprit nous purifier et nous fortifier, afin que nous Le suivions en toutes choses, afin que nous Lui obéissions dans tout ce nous pensons, disons et faisons.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

Raymond Leo Cardinal BURKE

 


[1] Benedictus PP. XVI, Homilia “Lutetiae Parisiorum in Vesperarum celebratione apud Templum Cathedrale «Notre-Dame»”, 12 Septembris 2008, Acta Apostolicae Sedis 100 (2008), 692.

[2]    Jc 5, 2-3

[3]    Ps 18 [19], 8

[4]    Cf. Mc 9, 43-48

[5]    Nb 11, 29

[6]    Col 1, 24

 

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Source: Le Salon Beige - "La loi du Seigneur est parfaite"

Images: Riposte catholique

 

28/09/2015

Sur la communion sacramentelle et la communion spirituelle pour les "divorcés-remariés": une analyse approfondie

Une analyse approfondie de la question de la communion spirituelle pour les personnes "divorcées-remariées" par la revue théologique des Dominicains Nova et Vetera a été rapportée dans un article consacré à ce sujet sur Chiesa espresso :

 

ROME, le 31 décembre 2014 – L’un des trois paragraphes du rapport final du synode qui n’ont pas obtenu l'approbation des deux tiers des pères synodaux est celui qui concerne la communion spirituelle des divorcés remariés.

C’est le paragraphe 53, qui dit textuellement :

"Certains pères ont soutenu que les personnes divorcées et remariées ou vivant en concubinage peuvent recourir de manière fructueuse à la communion spirituelle. D’autres pères se sont demandé pourquoi, alors, elles ne pouvaient accéder à la communion sacramentelle. Un approfondissement de cette thématique est donc requis afin de permettre de faire ressortir la spécificité de ces deux formes et leur lien avec la théologie du mariage".

(...)

La communion spirituelle, en effet, peut être comprise de différentes manières et, pour cette raison, donner lieu à des équivoques qui peuvent même être graves.

Le texte qui suit a été écrit justement afin de clarifier ce point.

Son auteur est le théologien dominicain Paul Jerome Keller, qui est professeur à l'Athenæum of Ohio de Cincinnati, et il a été publié dans le plus récent numéro de l'édition en anglais de "Nova et Vetera". Cette revue de théologie s’était déjà fait remarquer, l’été dernier, en publiant un numéro spécial consacré aux thèmes du synode, sous la forme de huit essais rédigés par le même nombre de savants dominicains américains et prenant des positions différentes de celles du cardinal Kasper.

Les liens permettant d’accéder aux huit articles de ce numéro spécial, en cinq langues, sont disponibles sur la home page de la revue :

> Nova et Vetera

Le nouvel article de Keller peut également être lu dans son intégralité :

> Is Spiritual Communion for Everyone?

Les principaux passages de cet article peuvent être lus ci-dessous.


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LA COMMUNION SPIRITUELLE EST-ELLE ACCESSIBLE À TOUS ?

par Paul Jerome Keller, O.P.



Presque oubliée, peut-être, par un bon nombre de catholiques (la plupart d’entre eux n’en ayant même jamais entendu parler) jusqu’à ce que, récemment, le cardinal Walter Kasper y fasse référence, la notion de communion spirituelle a fait, ces derniers temps, les gros titres de la presse catholique. […]

Le cardinal Kasper [...] admet que la communion spirituelle s’applique non pas à tous les divorcés, mais seulement à ceux qui sont dans de bonnes dispositions. Mais il pose alors une question : si une personne qui reçoit la communion spirituellement ne fait qu’un avec Jésus-Christ, comment peut-elle être en opposition avec les commandements du Christ ? Pourquoi, dans ce cas, cette même personne ne peut-elle pas recevoir la communion sacramentelle ? […]

Ce qui est en question, avant tout, c’est la signification de la communion spirituelle. […] Ce que nous appelons communément, de nos jours, "communion spirituelle" est ce qui, pour Saint Thomas d'Aquin, est une communion de désir ("in voto"). Et elle est distincte de la réception spirituelle qui est l'effet que l’on attend d’une réception réelle de la sainte communion. Thomas compare la communion "in voto" au baptême de désir ("flaminis"). Un exemple typique de baptême de désir est le cas d’un catéchumène à qui, s’il meurt avant d’avoir reçu le baptême de l’eau mais en ayant manifesté de manière explicite son désir d’être baptisé, le salut est assuré (Catéchisme de l’Église Catholique, n° 1259). […]


Le concile de Trente à propos de la communion spirituelle


Le concile de Trente, faisant référence aux enseignements des Pères de l’Église, explique de la manière suivante la distinction entre les trois manières de recevoir la sainte communion :

“[Certains la reçoivent] seulement de manière sacramentelle parce qu’ils sont pécheurs. D’autres la reçoivent seulement de manière spirituelle ; ce sont ceux qui, recevant par le désir le pain céleste qui leur est offert, avec une foi vivante 'à travers l'amour' (Gal. 5,6), en reçoivent les fruits et en tirent profit. Un troisième groupe la reçoit de manière à la fois sacramentelle et spirituelle (canon 8) : ce sont ceux qui s’examinent et qui se préparent par avance à s’approcher de cette table divine, ayant revêtu l’habit de noces (cf. Mt. 22, 11 sq.)”.

Dans le chapitre qui précède immédiatement cet enseignement relatif à la réception de l’eucharistie, le concile insiste sur le fait que la sainte eucharistie ne peut être reçue que de manière digne. […] Le canon 11 de ce même concile est encore plus explicite :

"Si quelqu’un dit que la foi seule est une préparation suffisante pour recevoir le sacrement de la très sainte eucharistie : qu’il soit anathème. Et pour qu’un si grand sacrement ne soit pas reçu de manière indigne et donc pour la mort et la condamnation, ce saint concile statue et déclare que ceux dont la conscience est chargée d’un péché mortel, quelque contrits qu’ils se jugent, doivent nécessairement au préalable se confesser sacramentellement, s’il se trouve un confesseur. Si quelqu’un a l’audace d’enseigner, de prêcher ou d’affirmer opiniâtrement le contraire ou même de le défendre dans des disputes publiques, qu’il soit par le fait même, excommunié". […]


La signification de la communion spirituelle dans les documents récents


Il est assez surprenant que l’on ne trouve de mention de la communion eucharistique spirituelle ni dans aucune des quatre constitutions du concile Vatican II ni dans le Catéchisme de l’Église Catholique. C’est, peut-être, pour cette raison que l'idée de faire une communion spirituelle n’est pas un choix auquel les fidèles de notre temps sont habitués. Lorsque la communion spirituelle est mentionnée dans l’enseignement officiel de l’Église [de Jean-Paul II et de Benoît XVI], il semble que ce soit uniquement sous la forme d’une communion de désir. […]

C’est dans ce contexte que nous pouvons continuer à examiner la question posée par le cardinal Kasper à propos de l’accès des divorcés remariés à la sainte communion, en faisant bien comprendre ce qui est mis en jeu dans le cas de la communion spirituelle.


À qui est-il permis de faire une communion spirituelle ?


Lorsque le cardinal Kasper [...] demande comment il est possible qu’une personne qui ne fait qu’un avec Jésus-Christ parce qu’elle a communié de manière spirituelle soit en contradiction avec les commandements du Christ, il arrive au cœur du problème, parce que l’on doit accepter le Christ dans son intégralité pour être en communion avec lui. Étant donné que le Christ a établi le lien du mariage sacramentel comme étant indissoluble et que, pour cette raison, il ne permet pas que l’on divorce et que l’on contracte un nouveau mariage, une personne qui cherche à se remarier alors que son précédent lien sacramentel de mariage continue à exister n’est pas en droit de prétendre qu’elle ne fait qu’un avec Jésus-Christ, parce que sa situation est en contradiction au moins avec cette partie des commandements du Christ.

C’est pourquoi cette personne n’est pas en mesure de recevoir la communion, ni de manière sacramentelle ni même de manière spirituelle. Seule une personne qui s’efforce véritablement de rectifier ce qui l’empêche d’accéder à la pleine communion avec le Christ peut commencer à être en situation de faire une communion spirituelle. […]

Par conséquent - pour répondre à la préoccupation exprimée par le cardinal Kasper - oui, la personne qui fait une communion spirituelle devrait également pouvoir faire une communion sacramentelle, si elle est dans les dispositions convenables pour cela. Cependant il n’est pas admissible que quelqu’un qui n’est pas dans les dispositions convenables pour faire la communion sacramentelle puisse être considéré comme étant en mesure de faire une communion spirituelle, quelles que puissent être les circonstances.


Clarifications nécessaires


Si l’on se réfère à la distinction thomiste entre la communion spirituelle en tant que repas spirituel ("spiritualis manducatio") et en tant que désir spirituel ("in voto"), il est clair que, pour une personne qui a créé un obstacle à son union avec le Christ en vivant sans respecter ses commandements, aucune de ces deux formes de communion spirituelle n’est possible. Utiliser le même terme, communion spirituelle, pour se référer à deux situations morales différentes et à deux rapports très différents avec l’eucharistie pose un problème.

Nous parlons ici des dispositions correctes par rapport aux dispositions incorrectes pour chacun des deux types de communion. Bien que [l'exhortation apostolique post-synodale de 2007] "Sacramentum caritatis" utilise de manière impropre l’expression "communion spirituelle" pour désigner une possibilité ouverte aux divorcés remariés, une interprétation possible est que le Saint-Père a souhaité encourager ces personnes à commencer à "désirer" la sainte communion de manière appropriée et par conséquent à rectifier leur situation morale. Dans le cas contraire, l’expression indiquerait que quelqu’un qui n’est pas dans les dispositions appropriées pour la communion sacramentelle pourrait néanmoins faire une communion spirituelle. Cette confusion conduit à la question logique qui est posée par le cardinal Kasper. Si on permet à quelqu’un de faire une communion spirituelle, alors pourquoi pas une communion sacramentelle ?

Il convient d’éviter l'erreur qui consiste à considérer qu’une communion spirituelle est ce qui remplace la communion sacramentelle pour les divorcés remariés et, en définitive, pour toutes les personnes qui sont empêchées de recevoir l'eucharistie parce qu’elles sont en état de péché mortel. Au point de vue pastoral, le danger qui est inhérent à cette croyance erronée est que l’erreur et la confusion à propos de la doctrine de l’Église finissent par prédominer, conduisant les gens à penser que le péché qui empêche la communion sacramentelle "n’est, au fond, pas si grave que cela", puisque, en tout état de cause, on peut avoir à sa disposition la réalité de la communion. […]

Ce qui est nécessaire à tout le monde, dans quelque état de vie que ce soit, pour être en mesure de recevoir les grâces résultant de la communion avec le Christ, que celle-ci soit sacramentelle ou spirituelle, c’est une conversion intérieure au Christ et une manifestation de cette conversion dans les actions extérieures et dans la manière de vivre. […]


Implications cultuelles


[…] La grâce est sans cesse au travail. Même la "préparation de l’homme à l’accueil de la grâce est déjà une œuvre de la grâce" (Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2001). […] Nous ne devons pas rendre imperceptible la distinction qui existe entre le fait de vivre en état de grâce et la grâce d’être incités à la contrition. […] C’est ainsi que le pape Jean-Paul II [dans "Familiaris consortio”] incite les divorcés remariés à s’ouvrir à l'action effective de la grâce, par exemple en écoutant les Saintes Écritures, en se rendant à la messe, en priant, etc.

Le pape nous instruit à propos de ce qui est l'essence du culte chrétien. […] Depuis la révélation du Christ et l'institution du sacrement de l’eucharistie, la seule forme convenable de l’adoration qui est due à Dieu a toujours été pratiquée à travers le Christ et en lui, et elle s’accomplit au plus haut degré dans la célébration de la sainte liturgie. Cela est vrai pour tous les baptisés, qu’ils soient ou non en mesure de participer à la sainte communion. […] Il n’y a personne qui ne puisse tirer profit de la participation à la messe, c’est-à-dire de la célébration liturgique. Même les personnes qui ne peuvent pas accéder à l’expression la plus complète du culte, c’est-à-dire le fait de recevoir la sainte communion, sont toujours en mesure de recevoir des grâces prévenantes en raison de leur repentir, mais aussi des grâces effectives en raison de leur adoration.


Pas la famine, mais la faim


En réponse aux questions posées par le cardinal Kasper à propos de l'accès des divorcés remariés à la sainte communion, nous avons donc montré que celui-ci n’est pas possible. […]

Depuis le temps où saint Paul a donné son enseignement jusqu’à l’époque actuelle, la tradition de l’Église a enseigné de manière constante que les personnes qui reçoivent la sainte communion doivent nécessairement être en état de grâce. […] Même s’il peut y avoir une certaine confusion en ce qui concerne la signification de la communion spirituelle dans le récent enseignement magistériel, il reste fermement établi qu’une véritable communion spirituelle est possible uniquement dans le cas de quelqu’un qui serait normalement disposé à recevoir la communion sacramentelle. […]

Contrairement à ce que le cardinal Kasper semble suggérer, l’Église ne demande pas que les divorcés remariés trouvent le salut de manière extra-sacramentelle. Ce qui leur est proposé, c’est la même possibilité de conversion et de pleine communion – ecclésiale et sacramentelle – qui est offerte à toute autre personne. […] Le cardinal s’interroge : est-ce que ce fait de ne pas pouvoir recevoir l'eucharistie n’est pas un prix trop élevé à payer ? La réponse à cette question dépend de la volonté de l'individu d’être conforme au Christ. Cependant il faut que nous soyons clairs. Ce n’est pas l’Église qui crée l'obstacle qui empêche de parvenir à la pleine communion, mais c’est plutôt l'individu qui perpétue sa décision de porter atteinte à un lien matrimonial sacramentel. […]

Le cardinal Kasper lance par ailleurs la manœuvre de diversion que voici : est-ce que la règle qui ne permet pas de recevoir l'eucharistie ne constitue pas une exploitation de la personne qui est en train de souffrir et d’appeler au secours, comme si nous faisions de cette personne un signal et un avertissement pour les autres ? Cette question fait plus que suggérer que l’Église n’a pas à se préoccuper de protéger les fidèles contre la condamnation que, d’après l’avertissement qui est lancé par saint Paul, ils attirent sur eux-mêmes. En effet, dans le cas où l’Église resterait passive et où elle permettrait à des personnes qui ne seraient pas dans de bonnes dispositions pour cela de recevoir la sainte communion, elle s’exposerait à être jugée pour une autre forme d’exploitation : l'incapacité à empêcher ses enfants de faire ce qui est mal et de commettre des péchés, ainsi que l'incapacité à protéger fidèlement et à dispenser les sacrements. Cette vigilance dont l’Église fait preuve depuis des siècles n’est pas de l’exploitation ou de la manipulation ; c’est purement et simplement de la charité. C’est la préoccupation de la mère de famille qui veille à ce que ses enfants n’ingèrent pas un médicament qui n’est pas le bon et qui pourrait devenir un poison pour eux. […]

Il n’y a pas d’exploitation de la personne qui souffre, que celle-ci soit un divorcé remarié ou bien un catéchumène (qui doit lui aussi être rendu juste de manière sacramentelle avant qu’il ne reçoive la sainte communion). Il n’y a que la main transpercée que nous tend le Crucifié ressuscité. À travers l’Église, celui-ci offre le salut à toute personne qui choisit de se tourner vers le Christ, en se confiant à lui seul même au moment de prendre les décisions les plus difficiles de la vie. Le Christ offre continuellement son corps et son sang afin que tous ceux qui choisissent d’endosser l’habit blanc de noces (cf. Mt 22, 11-14 ; Ap 19, 8) puissent accéder à son banquet éternel.

La fête de l’eucharistie est présentée devant tout un chacun, disposée de telle manière que nous ayons tous la possibilité d’avoir une faim toujours croissante du pain de vie, que ce soit de manière sacramentelle ou spirituelle. Pour chacun des chrétiens, la contrition est ce qui transforme la famine en faim, une faim que le Christ promet de satisfaire bien au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer.

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Dans son essai, Keller fait, à plusieurs reprises, référence à un article paru en 2011 dans l'édition suisse de "Nova et Vetera", qui a été rédigé par son confrère dominicain Benoît-Dominique de La Soujeole :

> Communion sacramentelle et communion spirituelle

La Soujeole fait, dans cet article, une distinction entre la communion de désir et le désir de communion.

Cette distinction, Keller la reprend et la précise. Il préfère employer l’expression "communion de désir" dans le cas des personnes qui ne peuvent pas communier de manière sacramentelle en raison d’empêchements uniquement extérieurs et l’expression "désir de communion" dans le cas des personnes qui ne remplissent pas les conditions nécessaires pour accéder à la communion sacramentelle mais qui sont sincèrement désireuses de faire disparaître ces obstacles.

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Par Sandro Magister. Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.

 

Pour les "divorcés-remariés", la communion... spirituelle ?

Alors que se prépare à Rome pour le mois d'octobre un synode sur la famille, la revue de l’archidiocèse de Paris, Paris Notre Dame, dans sa livraison du 28 novembre 2013 (n°1502, p.6), s’intéresse à la situation des « divorcés-remariés » à travers un article consacré à l’association Miséricorde et Vérité dont la vocation est de proposer « aux personnes, remariées ou non, un itinéraire spirituel pour qu’elles prennent conscience qu’elles demeurent au cœur de l’Église. » [1] 

 

Si le manque crasse de formation sérieuse à la doctrine du mariage catholique lors des préparations au sacrement explique que des personnes abandonnées et non « remariées » puissent douter demeurer au cœur de l’Église, ce qui choque dans cette formulation est que leur condition soit traitée au même titre que celle des personnes dites « remariées » (civilement). Que révèle cette assimilation et comment est-il possible de demeurer au cœur de l’Église lorsque l’on est « remarié » ?

L’expression utilisée dans cet article (...) de « Divorcé-remarié » est un véritable oxymore, puisqu’au regard de la Foi il n’y a pas plus de « divorcés » que ce qu’il y a de « remariés », le mariage étant, comme chacun sait, indissoluble : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » (Mt 19.6). En fait « divorcés-remariés » signifie : « adultères publics ». [2] (...) Je ne considère pas ici le cas des personnes qui, pour diverses raisons, demeurent sous le même toit tout en ayant pris l'engagement de vivre chastement, ni de tous ceux qui, malgré les apparences contraires, ne sont pas adultères, tout simplement parce que l'article en question ne les évoque pas. Je n'entrerai pas non plus ici dans la considération de certaines situations existentielles : il est trop facile de faire jouer « les bons sentiments » au détriment de la charité, qui est amour de la vérité : « Si quelqu’un vient à Moi sans Me préférer à son conjoint ou même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14.26).


Au début de l’article, le père Metzinger, vicaire épiscopal pour la pastorale de la famille de l’archidiocèse de Paris, dément que l’Église rejette les adultères publics, comme certains certainement s’en plaignent. « La vérité […], c’est de leur faire prendre conscience qu’ils sont toujours membres de l’Église. » dit-il. Cette affirmation n'est pas fausse dans la mesure où le péché n’annule pas le baptême, mais elle laisse croire que leur péché affecte si peu l'appartenance à l’Église de ces personnes qu'elles peuvent toujours « bénéficier de la grâce des sacrements »… comme si de rien n'était finalement. De quoi dès lors pourraient-elles encore se plaindre ? Ce que cache ce discours, c’est que tous les baptisés n’appartiennent pas à l’Église de la même façon : il y a ceux qui lui appartiennent comme à la vigne des rameaux vivants et féconds, et il y a ceux qui lui appartiennent comme des sarments secs, destinés, à moins du travail de la pénitence et du miracle de la conversion, au feu éternel (Jn 15.6). Le bénéfice de la grâce des sacrements n'est pas du même ordre pour ceux qui participent aux sacrements en état de grâce et pour ceux qui n'y participent pas, et a fortiori indignement. La présence des adultères publics lors de l'offrande du sacrifice eucharistique, et à d'autres cérémonies, comme aussi l'usage des sacramentaux (qu'à la différence des excommuniés déclarés, les pécheurs publics de ce type peuvent utiliser), et toutes les actions moralement bonnes de dévouement au prochain qu'ils peuvent accomplir, sont une occasion de grâce actuelle pour eux, des dispositions à recevoir à nouveau le Salut, par mode d'impétration, même si ces actions ne sont pas méritoires, puisque non faites en état de grâce (Jn 15.5). C’est en ce sens que j’interprète cette même affirmation dans les textes du Magistère ordinaire récent, par exemple dans la Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi Sur l’accès à la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés disant que ceux-ci : « ne sont en rien exclus de la communion ecclésiale. » [3]. Car enfin, si l’adultère est un péché mortel, on ne voit pas que les adultères participent à la communion ecclésiale, qui est une réalité vivante, ou alors le péché mortel n'est pas mortel... Reste donc que le Magistère ne voit la participation des adultères publics à la communion ecclésiale que sous le registre de la potentialité, attendant du processus de conversion mené à son terme, le passage à son actualité. Dans le cas contraire, elle n’aura été qu’une participation virtuelle. Mais ne pas le dire, ici ou là, n’est-ce pas très gravement contribuer à l’égarement les âmes ?

L’association, soutenue par la Pastorale familiale, se propose« de ‘ramener la paix dans les cœurs’ jusqu’au moment où les personnes acceptent leur situation et peuvent prendre une part active à la vie de l’Église, sans être en rébellion. ». Un tel objectif, semble-t-il dire autre chose que la volonté de tranquilliser des âmes tourmentées par leur état de damnation... afin qu’elles y restent ? N'est-ce pas choquant de lire que l’Église, qui n'a pas d'autre but que le salut des âmes, veuille que les adultères publics « acceptent leur situation » ?  Comment pourront-ils vouloir en changer s'ils doivent l'accepter ? Et quel témoignage est ainsi donné aux personnes abandonnées par leur conjoint mais fidèles aux promesses de leur mariage ? Comment la pastorale de la famille peut-elle se justifier d’aider « les personnes divorcées, remariées ou non » à « vivre de manière différente leur appartenance à l’Église » ? Y aurait-il deux manières de vivre l’appartenance à l’Église : une en étant fidèle et l’autre en étant infidèle ?

 

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Bruno et Anny Perrin « divorcés et engagés dans une nouvelle union depuis seize ans » sont appelés à titre de témoins de cette autre manière d’appartenir à l’Église... Et voici leur témoignage : « Dieu nous réconforte et nous comble autrement ». Comment ? « Par la communion de désir ».

La communion de désir, encore appelée communion spirituelle, voilà donc la notion sur laquelle s’appuie la présente pastorale des adultères publics. Elle leur fait manifestement croire qu’ils peuvent, par la communion de désir, « bénéficier de la grâce des sacrements », au point d'en être « comblés », accéder à l’essentiel de la vie chrétienne de sorte qu’à côté de cet essentiel (qui pour tout baptisé fidèle est la vie divine elle-même), leur péché s’en trouve nécessairement réduit à des dimensions anecdotiques… La proposition faite aux adultères publics de  « la communion de désir », pour appartenir au Magistère ordinaire récent de l’Église [4], pose problème, car, en effet, celle-ci n’est pas, et n’a jamais été, le moyen de communier de ceux qui ne sont pas en état de grâce, mais de ceux qui sont empêchés de le faire pour des raisons indépendantes de leur volonté, comme c’est le cas pour les prisonniers, les malades... En dehors de toute participation souhaitée mais physiquement impossible au Sacrifice de Jésus, Dieu peut donner les fruits de cette participation qui, pour être seulement désirée, n’en est pas moins réelle à Ses yeux, Lui qui tient pour spirituellement acquis ce qui est librement désiré (Mt 6.21 ; 5.28). Toutefois, cette communion, comme toute communion, exclut nécessairement l’attachement au péché, aussi vrai que participer dignement à l’Eucharistie, c’est donner sa vie au Père, et donc, par Jésus, avec Jésus et en Jésus, mourir au monde pécheur… On ne voit pas que l’on puisse à la fois s’unir au Christ dans le mystère de Sa mort (1 Co 11.26) et se refuser à Lui, violer le sacrement de mariage — « signe et instrument efficace » de Son Amour indissoluble parce qu’irrévocable (Mt 19.6 ; 5.32) — et prétendre s’unir à Lui : « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi » (Mt 12.30). Raison pour laquelle l’Église primitive demandait aux pécheurs publics de quitter l’église après la liturgie de la Parole, consciente que n’étant pas en état de grâce ils ne pouvaient pas s’unir à l’offrande du Sacrifice de Jésus, ni donc en recevoir les fruits par la communion. Aujourd’hui les adultères publics sont invités à participer à la Messe et à en recevoir la grâce [5] ...

 

Ce que les adultères publics peuvent ainsi malheureusement comprendre est que ne pouvoir physiquement prendre part au sacrement [6] n’aurait en définitive que peu d’importance pour eux puisqu’ils ne seraient en cela privés que de la « théâtralité » des sacrements, de l'aspect public de la liturgie de l’Église, des « apparences » de la communion eucharistique mais non de sa « substance ». Or, on ne voit pas en quoi le fait de ne pas pouvoir recevoir les « espèces » de l’Eucharistie permettrait d’en recevoir la substance… Ou on peut communier ou on ne le peut pas. Ou on est en état de grâce ou on ne l’est pas. Mais si on peut communier, c’est toujours et nécessairement spirituellement qu'on le peut.  « Celui qui s'unit au Seigneur, au contraire, n'est avec lui qu'un seul esprit. » (1 Co 6.17). Communier, c'est ne faire plus qu'un avec Jésus, réellement présent sous les apparences des espèces consacrées. Personne ne communie jamais aux seules apparences, sinon pour sa condamnation (1 Co 11.27-31 ; Lv 7.21-22) ! Communier au Corps du Christ implique toujours et nécessairement de le faire spirituellement, c’est à dire d’accueillir le Christ tel qu’Il est en Lui-même, avec foi et par amour, et non pas seulement avec ses dents, comme sauraient le faire aussi les chiens ! « Ne donnez pas ce qui est sacré aux chiens !» (Mt 7.6).

Comment comprendre que l’on en soit arrivé, de fait, à présenter la communion spirituelle comme compatible avec le péché ? [7] Parce que la vie spirituelle est invisible aux yeux de ceux qui n’ont pas l’Esprit du Christ, elle pourrait leur être présentée comme la nuit enchantée servant à vivre cachés ce qu’ils ne peuvent vivre au grand jour ? Parce que la vie spirituelle est invisible aux yeux de chair, elle permettrait de tromper les innocents sur son contenu ? Pas vu, pas pris ? Mais pour qui a l’Esprit du Christ, la vie spirituelle n’est pas le monde de la religiosité New-Age, faite d’imagination, livrée à la subjectivité. Elle est aussi réelle que ce qu’elle contient la substance même des réalités du monde visible : « Ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans les Cieux, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans les Cieux. » (Mt 18.18)...

« En renonçant à la communion sacramentelle, nous communions à la croix du Christ. » confessent Bruno et Anny, accusant ainsi non seulement l’Église de blesser le Christ par la demande qu’elle leur fait de ne pas communier, mais encore le Christ de Se contredire, Lui qui a dit : « Qui vous écoute, M’écoute. » (Lc 10.16 ; Mt 18.18)… Si l’Église, par sa discipline, fait porter au Christ une croix, et si les adultères publics sont les saints qui portent avec Lui cette croix, quel est le rôle des responsables de la pastorale familiale ? [8]

Si « Ce que confesse la foi, les sacrements le communiquent » (CEC n°1692), qu'est-ce que la foi qui n’a pas besoin de sacrements pour communiquer ce qu'elle confesse ? Est-ce encore la foi ? Quel est le sens de l’excommunication (Can 915) si l’excommunié peut quand même « bénéficier de la grâce des sacrements » ? [9] Qu’est-ce qui est véritablement important : les sacrements ou la grâce qu’ils donnent ? S’il en est ainsi que l’on puisse « bénéficier de la grâce des sacrements » tout en vivant dans le péché, qu’est-ce que le péché ? Et qu’est-ce que la grâce ? 

Bref, en donnant aux personnes qui ne sont objectivement pas en état de grâce, le conseil de communier spirituellement, non seulement on court le risque de les encourager à demeurer dans leur situation objective de péché, mais on fausse leur relation ‒ et celle de toute l’Église ‒ au Mystère de Jésus-Eucharistie, laissant croire qu'Il donnerait ce que Son Église interdit ... A moins que ce ne soit l’Église qui veuille aujourd’hui donner ce que son Seigneur interdit ?

Prions pour le prochain Synode sur la famille, car le temps s'y annonce houleux. [10] Que Dieu nous préserve de la pastorale amie de la « dureté de cœur » (Mt 19.8) !

Abbé Guy Pagès

 

[1] J’avais déjà à l’occasion d’un semblable article paru dans la même revue le 10 avril 2008 et intitulé « Divorcés-remariés : vivre sa foi au grand jour » fait entendre une semblable critique, manifestement en vain… Je la réitère donc.

[2] « Le premier don de l'amour (...), celui qui s'impose le plus évidemment, c'est celui qui consiste à servir la vérité, toute la vérité, à dévoiler et à réfuter l'erreur, sous quelque forme, sous quelque masque ou déguisement qu'elle se présente. » (Pie XII, Encyclique Mit Brennender Sorge, n°36).

[3] La Documentation Catholique, n°2103, 6 novembre 1994, p.931. Quant à dire que les "divorcés-remariés" ne sont pas excommuniés, c'est vrai au sens où ils n'ont pas été condamnés à l'issue d'un procès canonique, mais c'est faux au sens où n'étant pas admis à la communion eucharistique, ils sont bel et bien ex-communiés... comme c'est le cas de tous les pécheurs, qui se sont exclus d'eux-mêmes de la communion eucharistique du fait de leur péché, raison pour laquelle ils doivent demander le sacrement du pardon avant que de pouvoir à nouveau se présenter à la sainte table. Dire que les adultères publics ne sont pas excommuniés, est utiliser un langage certes canoniquement juste, mais équivoque au regard de l'accès à la communion eucharistique, aussi vrai qu'il y a un lien essentiel entre la communion eucharistique et la communion ecclésiale, toutes deux Corps du Christ... Bref, si tous les excommuniés ne peuvent communier, il y a aussi des non-excommuniés qui ne peuvent pas non plus communier.

[4] Cf. par exemple : Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi aux évêques de l’Église catholique, Sur l’accès à la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés : « Il faut aider les fidèles à approfondir leur compréhension de la valeur de leur participation au sacrifice du Christ dans la messe, de la communion spirituelle, de la prière, de la méditation de la parole de Dieu, des œuvres de charité et en faveur de la justice. » (La Documentation Catholique, n°2103, 6 novembre 1994, p.931) ;

Recommandations du Conseil pontifical pour la famille, La pastorale des divorcés remariés : « Témoin et gardien du signe matrimonial, l’évêque – ainsi que les prêtres, ses collaborateurs –, désireux de conduire son peuple vers le salut et le vrai bonheur, ne manquera pas [...] d'amener la communauté chrétienne à une compréhension plus approfondie de l’importance de la piété eucharistique, comme par exemple : la visite au Très Saint Sacrement, la communion spirituelle, l’adoration du Très Saint Sacrement. »(La Documentation Catholique, n°2156, 16 mars 1997, p.261) ;

Document de la Commission familiale de l’Épiscopat, Les divorcés remariés dans la Communauté chrétienne : « Toutefois, ceux qui ne peuvent pas recevoir ces sacrements peuvent accueillir les dons du Christ dans la prière, dans un souci de conversion permanente, dans la communion spirituelle et par une vie remplie de charité. », La Documentation Catholique, n°2054, 19 juillet 1992, p.709.

[5] « Il faut aider les fidèles [le terme « fidèles » est ici curieusement choisi pour désigner les adultères publics…] à approfondir leur compréhension de la valeur de leur participation au sacrifice du Christ dans la messe, de la communion spirituelle, de la prière, de la méditation de la parole de Dieu, des œuvres de charité et en faveur de la justice. »Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi aux évêques de l’Église catholique, Sur l’accès à la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés, La Documentation Catholique, n°2103, 6 novembre 1994.

[6] Car il reste encore cet ordre des choses, cette armature de la vie chrétienne léguée par la Tradition, qui résiste, mais pour combien de temps encore ? Ne voit-on pas en effet des évêques appeler de plus en plus ouvertement, comme fin 2013 en Allemagne, à ce que les adultères publics reçoivent la communion même physiquement ? Évoquer à ce sujet la pratique des Églises orthodoxes est fallacieux, car pendant les cinq premiers siècles, les Églises d'Occident et d'Orient professaient la même doctrine du mariage et vivaient en conséquence sous la même discipline, et ce n'est qu'au seizième siècle que l'Eglise de Constantinople a toléré les transgressions à l'indissolubilité du mariage, puis approuvé le divorce.

[7] Que révèlent entre mille autres faits similaires les récentes obsèques de Lucien Neuwirth, la bénédiction du remariage civil de baptisés déjà sacramentellement mariés, le rituel de bénédiction que leur a concocté Mgr Doré en 2004, les évêques allemands voulant donner la communion eucharistique aux adultères publics, et plus largement les directives liturgiques de Redemptionis Sacramentum superbement ignorées, si la relation à Jésus-Eucharistie est « source et sommet de la vie chrétienne » (LG 11) ? 

[8] Peut-on les imaginer se rendre ensemble à la Messe du martyr de saint Jean-Baptiste…

[9] Certes, ils bénéficient de « de la grâce des sacrements » parce que l’Église prie à la Messe pour la conversion des pécheurs.

[10] Certains invoquent en effet « le pouvoir qu’a l’Église d’absoudre tous les péchés » pour justifier le retour en grâce des adultères publics, comme si l’Église pouvait pardonner un péché sans que celui-ci soit d'abord condamné, abandonné et autant que possible réparé par son auteur... L’Église ne peut pas défaire ce que Dieu a fait (Mt 19.6). Il n'y a pas de salut en dehors de la conversion et de la pénitence (Mt 3.8 ; 4.17 ; 11.20 ; Lc 13.3,5). Quant au fait que le canon 8 du concile de Nicée (325) soit aujourd'hui cité pour justifier le "remariage" des "divorcés", il faut dire que la condition faire aux Novatiens d'admettre le remariage s'entendait certainement du cas de ceux qui, après leur baptême, ont conclu de nouvelles noces en vertu du privilège paulin. «  En tout cas, l’Église ne peut construire sa doctrine et sa pratique sur des hypothèses exégétiques incertaines. Elle doit s'en tenir à l'enseignement clair du Christ. » (Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Sur la pastorale des fidèles divorcés remariés, n°1). Cf. aussi : Sur l'indissolubilité du mariage et le débat sur les divorcés remariés civilement et les sacrements, S. Exc. Mgr Gerhard Ludwig Müller,  Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

 

Par l'abbé Guy Pagès, le 30 janvier 2014