09/11/2014
Dédicace de la Basilique Saint-Jean-de-Latran - Graduale : Dirigatur Oratio Mea
Dirigatur oratio mea
Dirigatur oratio mea sicut incensum in conspectu tuo, Domine | Que ma prière soit portée comme de l’encens en votre présence, Seigneur. |
Graduale
Versus 1 | Elevatio manuum mearum sacrificium vespertinum. | L’élévation de mes mains est un sacrifice du soir. |
Livre des Psaumes 140 | V. | 02 | Contexte biblique |
Source : Académie de chant grégorien
18:00 Publié dans Liturgie et Sacrements, Vidéos | Tags : calendrier liturgique, liturgie, chant, chant grégorien, dédicace, graduel | Lien permanent | Commentaires (0)
08/11/2014
8 novembre, l'Eglise fête le bienheureux Jean Duns Scott
Jean naît en Ecosse en 1266. Il sentre au couvent franciscain de Dumfries. Devenu prêtre, il enseigne la théologie à Oxford. Sa grande intelligence le fait surnommer par ses élèves "docteur subtil". Après un passage à Cambridge comme professeur, il est envoyé à Paris en 1302 où il enseigne à l'université de Paris comme bachelier. Les universités connaissent, peu de temps après, une grave crise suite à la querelle entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. Pour entretenir ses armées en guerre contre l'Angleterre, Philippe taxe les biens de l'Église. Le pape Boniface lui répond par une excommunication. Le roi essaye alors de réunir un concile pour le déposer mais Jean, aidé de 80 frères, s'oppose à ce manifeste anti-papal. Refus qui le force à prendre le chemin de l'exil. Il rentre en France en 1305 après la mort du pape Boniface. Il passe le reste de sa vie à défendre la doctrine de l'Immaculée Conception de Marie, ce qui lui amène de nombreux ennemis. Il rejoint l'université de Cologne où il meurt à l'âge de 42 ans, laissant des écrits de grande richesse. Il sera béatifié par Jean-Paul II en 1993.
(Parole et Prière, nov 2014, p. 109.)
Extraits de l'audience générale de Benoît XVI dédiée au bienheureux :
Chers frères et sœurs, ce fait nous invite à rappeler combien de fois, dans l’histoire de l'Eglise, les croyants ont rencontré l'hostilité et même subi des persécutions à cause de leur fidélité et de leur dévotion à l'égard du Christ, de l'Eglise et du Pape. Nous tous regardons avec admiration ces chrétiens qui nous enseignent à conserver comme un bien précieux la foi dans le Christ et la communion avec le Successeur de Pierre et, ainsi, avec l'Eglise universelle.
[...]
Il a avant tout médité sur le Mystère de l'Incarnation et, à la différence de beaucoup de penseurs chrétiens de l'époque, il a soutenu que le Fils de Dieu se serait fait homme même si l'humanité n'avait pas péché. Il affirme dans la «Reportata Parisiensa»: «Penser que Dieu aurait renoncé à une telle œuvre si Adam n'avait pas péché ne serait absolument pas raisonnable! Je dis donc que la chute n'a pas été la cause de la prédestination du Christ et que — même si personne n'avait chuté, ni l'ange ni l'homme — dans cette hypothèse le Christ aurait été encore prédestiné de la même manière» (in III Sent., d. 7, 4). Cette pensée, peut-être un peu surprenante, naît parce que pour Duns Scot l'Incarnation du Fils de Dieu, projetée depuis l'éternité par Dieu le Père dans son plan d'amour, est l'accomplissement de la création, et rend possible à toute créature, dans le Christ et par son intermédiaire, d'être comblée de grâce, et de rendre grâce et gloire à Dieu dans l'éternité. Même s'il est conscient qu’en réalité, à cause du péché originel, le Christ nous a rachetés à travers sa Passion, sa Mort et sa Résurrection, Duns Scot réaffirme que l'Incarnation est l’œuvre la plus grande et la plus belle de toute l'histoire du salut, et qu'elle n'est conditionnée par aucun fait contingent, mais qu’elle est l'idée originelle de Dieu d'unir en fin de compte toute la création à lui-même dans la personne et dans la chair du Fils.
Fidèle disciple de saint François, Duns Scot aimait contempler et prêcher le Mystère de la Passion salvifique du Christ, expression de la volonté d'amour, qui communique avec une très grande générosité en dehors de lui les rayons de sa bonté et de son amour (cf. Tractatus de primo principio, c. 4). Et cet amour ne se révèle pas seulement sur le Calvaire, mais également dans la Très Sainte Eucharistie, pour laquelle Duns Scot avait une très grande dévotion et qu’il voyait comme le sacrement de la présence réelle de Jésus et comme le sacrement de l’unité et de la communion qui conduit à nous aimer les uns les autres et à aimer Dieu comme le Bien commun suprême (cf. Reportata Parisiensa, in IV Sent., d. 8, q. 1, n. 3). « Et, — ainsi que je l'écrivais dans ma Lettre à l'occasion du Congrès international de Cologne pour le VIIème centenaire de la mort du bienheureux Duns Scot, rapportant la pensée de notre auteur — comme cet amour, cette charité, fut au commencement de tout, de même aussi dans l'amour et dans la charité seulement sera notre béatitude: "le vouloir ou la volonté d'amour est simplement la vie éternelle, bienheureuse et parfaite" » (AAS 101 [2009], 5).
Chers frères et sœurs, cette vision théologique, fortement «christocentrique», nous ouvre à la contemplation, à l’émerveillement et à la gratitude: le Christ est le centre de l’histoire et de l’univers, il est Celui qui donne un sens, une dignité et une valeur à notre vie! Comme le Pape Paul VI à Manille, je voudrais moi aussi aujourd’hui crier au monde: «[Le Christ] est celui qui nous a révélés le Dieu invisible, il est le premier né de toute créature, il est le fondement de toute chose; Il est le Maître de l’humanité et le rédempteur; Il est né, il est mort, il est ressuscité pour nous; Il est le centre de l’histoire et du monde; Il est Celui qui nous connaît et qui nous aime; Il est le compagnon et l’ami de notre vie... Je n’en finirais plus de parler de Lui» (Homélie, 29 novembre 1970; cf. ORLF n. 50 du 11 décembre 1970).
Non seulement le rôle du Christ dans l’histoire du salut, mais également celui de Marie est l’objet de la réflexion du Doctor subtilis. A l’époque de Duns Scot, la majorité des théologiens opposait une objection, qui semblait insurmontable, à la doctrine selon laquelle la très Sainte Vierge Marie fut préservée du péché originel dès le premier instant de sa conception: en effet, l’universalité de la Rédemption opérée par le Christ, à première vue, pouvait apparaître compromise par une telle affirmation, comme si Marie n’avait pas eu besoin du Christ et de sa [R]édemption. C’est pourquoi les théologiens s’opposaient à cette thèse. Alors, Duns Scot, pour faire comprendre cette préservation du péché originel, développa un argument qui sera ensuite adopté également par le Pape Pie IX en 1854, lorsqu’il définit solennellement le dogme de l’Immaculée Conception de Marie. Et cet argument est celui de la «Rédemption préventive», selon laquelle l’Immaculée Conception représente le chef d’œuvre de la Rédemption opérée par le Christ, parce que précisément la puissance de son amour et de sa médiation a fait que sa Mère soit préservée du péché originel. Marie est donc totalement rachetée par le Christ, mais avant même sa conception. Les Franciscains, ses confrères, accueillirent et diffusèrent avec enthousiasme cette doctrine, et d’autres théologiens — souvent à travers un serment solennel — s’engagèrent à la défendre et à la perfectionner.
A cet égard, je voudrais mettre en évidence un fait qui me paraît très important. Des théologiens de grande valeur, comme Duns Scot en ce qui concerne la doctrine sur l’Immaculée Conception, ont enrichi de la contribution spécifique de leur pensée ce que le Peuple de Dieu croyait déjà spontanément sur la Bienheureuse Vierge, et manifestait dans les actes de piété, dans les expressions artistiques et, en général, dans le vécu chrétien. Ainsi, la foi tant dans l’Immaculée Conception que dans l’Assomption corporelle de la Vierge, était déjà présente chez le Peuple de Dieu, tandis que la théologie n’avait pas encore trouvé la clé pour l’interpréter dans la totalité de la doctrine de la foi. Le Peuple de Dieu précède donc les théologiens, et tout cela grâce au sensus fidei surnaturel, c’est-à-dire à la capacité dispensée par l’Esprit Saint, qui permet d’embrasser la réalité de la foi, avec l’humilité du cœur et de l’esprit. Dans ce sens, le Peuple de Dieu est un «magistère qui précède», et qui doit être ensuite approfondi et accueilli intellectuellement par la théologie. Puissent les théologiens se placer toujours à l’écoute de cette source de la foi et conserver l’humilité et la simplicité des petits! Je l’avais rappelé il y a quelques mois en disant: «Il y a de grands sages, de grands spécialistes, de grands théologiens, des maîtres de la foi, qui nous ont enseigné de nombreuses choses. Ils ont pénétré dans les détails de l'Ecriture Sainte, [...] mais ils n'ont pas pu voir le mystère lui-même, le véritable noyau [...] L'essentiel est resté caché! [...] En revanche, il y a aussi à notre époque des petits qui ont connu ce mystère. Nous pensons à sainte Bernadette Soubirous; à sainte Thérèse de Lisieux, avec sa nouvelle lecture de la Bible “non scientifique”, mais qui entre dans le cœur de l'Ecriture Sainte» (Homélie lors de la Messe avec les membres de la Commission théologique internationale, 1er décembre 2009; cf. ORLF n. 49 du 8 décembre 2009).
Enfin, Duns Scot a développé un point à l’égard duquel la modernité est très sensible. Il s’agit du thème de la liberté et de son rapport avec la volonté et avec l’intellect. Notre auteur souligne la liberté comme qualité fondamentale de la volonté, en commençant par un raisonnement qui valorise le plus la volonté. Malheureusement, chez des auteurs qui ont suivi le notre, cette ligne de pensée se développa dans un volontarisme en opposition avec ce qu’on appelle l’intellectualisme augustinien et thomiste. Pour saint Thomas d’Aquin, qui suit saint Augustin, la liberté ne peut pas être considérée comme une qualité innée de la volonté, mais comme le fruit de la collaboration de la volonté et de l’intellect. Une idée de la liberté innée et absolue — comme justement elle évolue après Duns Scot — située dans la volonté qui précède l’intellect, que ce soit en Dieu ou dans l’homme, risque en effet de conduire à l’idée d’un Dieu qui ne ne serait même pas lié à la vérité et au bien. Le désir de sauver la transcendance absolue et la différence de Dieu par une accentuation aussi radicale et impénétrable de sa volonté ne tient pas compte du fait que le Dieu qui s’est révélé en Christ est le Dieu «logos», qui a agi et qui agit rempli d’amour envers nous. Assurément, comme l’affirme Duns Scot dans le sillage de la théologie franciscaine, l’amour dépasse la connaissance et est toujours en mesure de percevoir davantage que la pensée, mais c’est toujours l’amour du Dieu «logos» (cf. Benoît XVI, Discours à Ratisbonne, Insegnamenti di Benedetto XVI, II [2006], p. 261; cf. ORLF n. 38 du 19 septembre 2006). Dans l’homme aussi, l’idée de liberté absolue, située dans sa volonté, en oubliant le lien avec la vérité, ignore que la liberté elle-même doit être libérée des limites qui lui viennent du péché. De toute façon, la vision scotiste ne tombe pas dans ces extrêmes: pour Duns Scot un acte libre découle du concours d'un intellect et d'une volonté et s'il parle d'un « primat » de la volonté, il l'argumente exactement parce que la volonté suit toujours l'intellect.
[...]
Chers frères et sœurs, le bienheureux Duns Scot nous enseigne que dans notre vie l’essentiel est de croire que Dieu est proche de nous et nous aime en Jésus Christ, et donc de cultiver un profond amour pour lui et son Eglise. Nous sommes les témoins de cet amour sur cette terre. Que la Très Sainte Vierge Marie nous aide à recevoir cet amour infini de Dieu dont nous jouirons pleinement pour l’éternité dans le Ciel, lorsque finalement notre âme sera unie pour toujours à Dieu, dans la communion des saints.
> Lire le texte de l'audience générale dans son intégralité sur le site officiel du Saint-Siège
15:26 Publié dans Pape, Religion, Saints | Lien permanent | Commentaires (0)
05/11/2014
Un médecin avorteur raconte comment il s'est repenti
19:00 Publié dans Respect de la vie humaine, Vidéos | Tags : avortement, témoignage, témoins | Lien permanent | Commentaires (0)
Mgr Aillet auprès des Chrétiens d'Irak
(31 octobre 2014 | Diocèse de Bayonne - Le Petit Placide)
Du lundi 27 au jeudi 30 octobre 2014, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron s’est rendu à Erbil (Irak) auprès des chrétiens et d’autres communautés déplacées en compagnie de Dominique Behnan Aziz, président de l’Association des Chaldéens de Pau. Ils étaient accompagnés de Thibault Luret, du service de communication du diocèse. Retrouvez ci-dessous le compte-rendu de ce voyage, agrémenté d'un reportage photo et vidéo, et de témoignages reçus sur place par les déplacés et ceux qui tentent de les secourir.
Réfugiés dans leur propre pays. C’est ainsi que les chrétiens d’Irak, et d’autres communautés persécutées considèrent aujourd’hui leur situation en constante dégradation. Chaldéens, Syriaques catholiques, Yézidis,… se sont ainsi retrouvés par milliers contraints de fuir les islamistes de Daesh et de rejoindre la ville d’Erbil, dans la région autonome du Kurdistan d’Irak.
« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui» (1 Corinthiens 12. 26, 27)
Sensible à leur souffrance, notre diocèse a participé à de nombreux témoignages de soutien à ces chrétiens persécutés ; à Bordeaux le 13 septembre et à Pau le 27 septembre dernier. Dans cette lancée, et souhaitant concrétiser notre soutien, Mgr Aillet a demandé à la pastorale Famille et vie du diocèse d’organiser un parrainage spirituel entre familles de notre communauté et familles de déplacés d’Irak. Cette démarche est complémentaire à toutes les demandes d’aide matérielle coordonnées par de nombreuses associations (Œuvre d’Orient, Aide à l’Eglise en Détresse, Fraternité en Irak, Ordre de Malte, SOS Chrétiens d’Orient …) qui œuvrent sur place depuis des mois.
En lien étroit avec l’Association des Chaldéens de Pau[1], Mgr Aillet s’est rendu à Erbil (Irak) avec Dominique Behnan Aziz, président de cette association, pour signifier par leur présence la proximité de notre Eglise particulière de Bayonne, Lescar et Oloron. Ce voyage a ainsi été l’occasion d’aller au chevet des chrétiens persécutés, de leur témoigner directement notre fraternité, de partager avec eux pour un court instant la misère de leur situation précaire, de réaliser l’ampleur du désastre humain… et de recevoir d’eux des témoignages bouleversants de Foi et d’Espérance.
Dans un contexte politique instable et face à l’arrivée de ces milliers de familles déplacées, nous avons rencontré ceux qui tentent du mieux qu’ils peuvent de gérer cette situation de crise : Les différentes communautés chrétiennes et à leur tête les évêques qui s’activent sans relâche pour se faire le relais des différentes organisations et gérer les besoins matériels des camps et centres d’accueil, le consul de France à Erbil, qui a bien voulu nous recevoir, Mgr Bachar Warda, évêque chaldéen du diocèse d’Erbil avec qui nous avons eu un long échange, les prêtres de différentes communautés, les membres d’ONG, les associations,… Tous nous ont fait part d’une situation en constante dégradation, notamment en perspective de l’hiver qui approche.
Sel et lumière de l’Irak
Partir ou rester ? Face à ce désastre humanitaire, les avis de ceux que nous avons rencontrés sont partagés. Ces chrétiens aiment leur pays et voudraient y rester. Ils ont contribué depuis les premiers siècles à la richesse de cette région. « Les chrétiens sont le sel et la lumière de ce pays ». Mais aujourd’hui ils se sentent rejetés, et nul ne peut les forcer au martyre, d’autant que leur première préoccupation est l’avenir de leurs enfants. « Il ne s’agit pas de sauver un pays, mais des gens » conclu un prêtre chaldéen. A cela, L’Église en France, avec le soutien de diverses organisations dont l’œuvre d’Orient, a répondu en créant mercredi 29 octobre dernier une plateforme pour soutenir l’accueil des réfugiés chrétiens d’Orient; le CCARCO: Comité Catholique d’Accueil des Réfugiés Chrétiens d’Orient.[2]
Oasis dans ce désert : le séminaire patriarcal chaldéen où nous avons été accueillis, forme actuellement 28 séminaristes pour 8 diocèses (et communautés) différentes. Ces jeunes hommes ont fait leur choix. Malgré les risques qu’ils connaissent puisque la plupart sont eux-mêmes des déplacés, ils resteront et seront prêtres en Irak. Ils donneront leur vie à l’Église et aideront leurs fidèles à porter la croix. Très heureux et touchés de rencontrer Saïdna (l’évêque), comme tous ceux que nous avons visités, ils sont heureux de savoir que chez nous 21 séminaristes se préparent aussi à devenir prêtre. « Au milieu du déluge, dit l’un d’eux, votre venue est comme la colombe qui revient vers l’arche, porteuse d’Espérance, annonçant que la terre est proche ». Comme en écho à sa parole, un peu plus loin, résonne le bruit d’un chantier en construction : on y construit un camp et une église : Soltanat alsalam, Reine de la paix…
Thibault Luret - Service communication du diocèse de Bayonne
[1] Association des Chaldéens de Pau Dominique Behnan Aziz: 0609331304 - asso.chaldeens.pau@gmail.com
[2] CCARCO www.facebook.com/CCARCOchretiensdorientCatherine Baumont: 0145486386 – 0679866142 – cbaumont@oeuvre-orient.fr
> Voir le reportage photographique complet de la visite pastorale de Mgr Aillet en Irak
17:10 Publié dans Actualité, Personnalités, Sécularisation et rechristianisation | Tags : chrétiens d'orient, chrétiens d'irak, chrétiens persécutés, nûn, noun, mgr aillet | Lien permanent | Commentaires (0)
04/11/2014
L'industrie qui asservit les femmes
18:30 Publié dans Culture et société, Éthique, Vidéos | Tags : traffic sexuel, témoins, témoignage, striptease, prostitution, industrie du sexe | Lien permanent | Commentaires (0)
Les racines idéologiques de Mussolini
Quelles furent les racines idéologiques du dictateur qui créa le mouvement politique et idéologique nommé fascisme ? Quelle vision du monde a-t-elle forgé sa pensée et son action politique ? Sa biographie permet de répondre à ces questions.
Origines
Fils du forgeron Alessandro Mussolini et de l'institutrice Rosa Maltoni, le jeune Benito naît le 29 juillet 1883 dans une petite maison à Varani dei Costa, un hameau de la commune de Dovia di Predappio dans la province de Forlì-Césène en Émilie-Romagne.
Les prénoms Benito Amilcare Andrea lui sont donnés par son père, socialiste à la limite de l'anarchisme, désireux de rendre hommage à Benito Juárez, héros libéral et républicain face à l'intervention française et ex-président du Mexique, à Amilcare Cipriani, patriote italien et socialiste, et à Andrea Costa, premier député socialiste élu au parlement italien. Il a un frère, prénommé Arnaldo en hommage au moine révolutionnaire romagnol de Brescia et une sœur prénommée Edvige. Allessandro Mussolini cherchera à influencer son fils aîné par les conversations qu’il aura avec lui, par les livres qu’il lui fera lire de bonne heure et par les textes que lui-même rédigeait pour les journaux socialistes locaux. Benito Mussolini dira à Yvon de Begnac : « Mon socialisme est né bakouniste, à l’école du socialisme de mon père, à l’école du socialisme libertaire de Blanqui. » Alessandro Mussolini avait l’habitude de lire à ses enfants des passages du Capital de Karl Marx, que, selon son fils, il « appliquait avec le bon sens qui le caractérisait » et « avec un réalisme rigoureux adapté à la situation sociale et politique de l’époque, et particulièrement à celle de la Romagne. » Les enfants d'Alessandro Mussolini étaient fiers de l’hospitalité que leur père offrait depuis toujours aux militants socialistes recherchés par la police.
Études (1889-1902)
Le jeune Mussolini fréquente les deux premières classes élémentaires à Dovia, puis à Predappio (1889-1891). Il entre au collège des salésiens de Faenza (1892-1894). C'est un élève turbulent, voire violent : en 1893 il est renvoyé après avoir blessé un de ses camarades avec un couteau.
Il poursuit ses études au collège Carducci de Forlimpopoli, où sous l'influence de son père, il se rapproche du militantisme socialiste. En 1900, Mussolini fréquente les cercles socialistes de Forlimpopoli et de Forlì. A l’école normale, il quitte l’internat pour assister à des réunions publiques et y prendre la parole. Plus tard, lors de ses entretiens avec Emil Ludwig, il évoquera ainsi son adhésion aux idées socialistes nées de son indignation : « Ce qui domine, c’est l’indignation. J’avais sous les yeux les souffrances de mes parents ; à l’école normale, j’avais été humilié ; alors j’ai grandi comme révolutionnaire, avec les espoirs des déshérités. Qu’aurais-je pu devenir d’autre que socialiste à outrance, blanquiste, plutôt communiste au fond ? »
En 1901, Il finit ses études obtenant un diplôme d'enseignement. Le 13 février 1902, il est nommé maître suppléant à l'école élémentaire de Pieve Saliceto, hameau de Gualtieri.
Le 9 juin 1902, il termine l'année scolaire et, probablement pour fuir le service militaire, s'établit à Lausanne, après avoir séjourné dans deux autres villes suisses, Yverdon-les-Bains et Orbe.
Exil en Suisse et premières activités politiques (1902-1904)
De juin 1902 à novembre 1904, Mussolini vit en Suisse, se déplaçant de ville en ville et occupant des emplois occasionnels (maçon, manœuvre, etc.). Vivant misérablement, il est arrêté pour vagabondage par la police dans la matinée du 24 juillet 1902 sous les arches du Grand-Pont à Lausanne, où il avait passé la nuit. Dans ses poches sont trouvés son passeport, son diplôme de l'école normale et 15 centimes.
En août 1902, il s'inscrit auprès du syndicat des maçons et des manœuvriers et en devient le secrétaire. Il publie son premier article dans L'avvenire del lavoratore (L'avenir du travailleur) dont il devint le rédacteur. Le syndicat italien des maçons et manœuvres exerçait une forte influence sur la colonie transalpine de Lausanne. Ces débuts modestes de militant obscur vont néanmoins lui permettre, en moins d’un an, de se faire connaître et apprécier du milieu socialiste italien et de ses dirigeants en exil. Il affirme alors son rejet viscéral de la sociale-démocratie, du « socialisme de la chaire », du « socialisme de tagliatelles » ; par tempérament et culture politique, il incline à l’activisme révolutionnaire. En Suisse, la fréquentation des ouvriers, le contact avec des animateurs du socialisme révolutionnaire, l’engagement dans une authentique action militante vont faire de lui, au moins pour la durée de son séjour, un agitateur et un professionnel de la révolution. Le 18 juin 1903, il est arrêté dans le canton de Berne comme agitateur socialiste pour avoir soutenu le projet d'une grève générale en ayant éventuellement recours à la violence. Il est maintenu en prison douze jours puis expulsé vers l'Italie le 30 juin.
Jusqu'à l’automne 1903, Mussolini utilise la majeure partie de son temps à faire de l’agitation politique et à mobiliser ses compatriotes immigrés, sillonnant la Confédération dans tous les sens pour porter la parole socialiste ou soutenir des travailleurs en grève. Dans L'avvenire del lavoratore, il publie des correspondances syndicales, des poèmes (dont un sonnet à Babeuf), une quinzaine d’articles sur « le socialisme suisse », « la nécessité de la politique socialiste en Italie », « le massacre des Arméniens »... Il écrit aussi dans Proletario ou L’Avanguardia socialista. À cette époque, il se range dans l'aile révolutionnaire du Parti socialiste italien (PSI) dirigée par Arturo Labriola et envoie des articles au journal milanais l'Avangardia socialista. C'est au cours de cette période qu'il fait preuve de la plus grande affinité idéologique avec le syndicalisme révolutionnaire. Il fréquente deux mois la faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne, où il s'intéresse à la pensée de l'économiste Vilfredo Pareto, critique acerbe de la démocratie libérale et dont il assiste à un de ses cours. Il s'investit notamment dans les polémiques anticléricales par exemple au travers d'un débat avec le pasteur évangélique Alfredo Taglialatela sur le thème de l'existence de Dieu.
Le 30 décembre 1903, il se rapproche de l'avocat socialiste originaire de Sienne, Salvatore Donatini, avec lequel il projette de fonder une revue I Tiempi nuovi. Celui-ci ayant été expulsé, Mussolini le suit en France mais le projet de revue n’aboutit pas faute de moyens financiers. On sait peu de chose sur ce séjour en France que Mussolini n'évoquait pas et au cours duquel il aurait travaillé comme charretier dans une carrière de sable. Le 18 mars 1904, il rencontre l'activiste socialiste russe Angelica Balabanova à Lausanne lors d’un meeting commémorant la Commune de Paris. En avril 1904, il est expulsé du canton de Genève pour avoir modifié la date de validité de son passeport. Il est libéré à Bellinzone grâce aux protestations des socialistes genevois et à l'aide du gouvernement tessinois. Il est emprisonné pendant sept jours à partir du 9 avril 1904. Le 13 novembre 1904, il prononce une conférence sur le néo-marxisme dans laquelle il réaffirme la validité et l’actualité de la pensée de Marx contre ceux qui appelaient à la révision de la pensée marxiste.
Retour en Italie et ascension dans la hiérarchie du PSI (1904-1910)
En novembre 1904, en raison de l'amnistie accordée lors de la naissance de l'héritier du royaume, Mussolini revient en Italie alors qu'il est sous le coup d'une condamnation pour refus du service militaire. Il effectue son service militaire, est affecté le 30 décembre 1904 au dixième régiment bersaglier de Vérone où il obtient son certificat de bonne conduite. Entre-temps, le 19 janvier 1905, sa mère meurt. Libéré au terme prévu, Mussolini rentre à Dovia di Predappio le 4 septembre 1906 où il devient maître suppléant à Tolmezzo du 15 novembre jusqu'à la fin de l'année scolaire ; mais son poste ne lui est pas renouvelé en raison de sa vie dissipée. En novembre 1907, il obtient l'habilitation pour l'enseignement du français mais échoue à celle d'allemand. En mars 1908, il obtient la charge de professeur de français au collège de Oneglia, où il enseigne aussi l'italien, l'histoire et la géographie. Il est donc polyglotte, il maîtrise le français, l'anglais et l'allemand.
À Oneglia, il dirige l'hebdomadaire socialiste La Lima sous le pseudonyme de « Vero Eretico » (vrai hérétique). L’été 1908 marque un changement avec son engagement direct dans l’agitation menée par les braccianti de Forlì. Le 18 juillet 1908, il est arrêté pour menaces envers un dirigeant d'une organisation patronale. Jugé, il est condamné à trois mois de prison mais il est relaxé en appel. En septembre, il est de nouveau incarcéré pendant dix jours pour avoir tenu à Meldola une réunion non autorisée. Ces arrestations lui confèrent un réel prestige auprès des braccianti et des socialistes de la région. Il publie des articles dans la revue Pagine liberere, la principale publication syndicaliste révolutionnaire dirigée par Oliviero Olivetti et dans Il Pensierio romagnolo du républicain Gaudenzi. C’est dans cette revue que parut en novembre et décembre 1908 en trois livraisons La Philosophie de la force, l’essai d’interprétation de la pensée de Nietzsche.
En janvier 1909, la réputation acquise par Mussolini sur le terrain de l’action sociale et politique et du journalisme, ainsi que les liens d’amitié entretenus avec Serrati et Angelica Balabanoff concourent à décider les dirigeants de la chambre du travail de Trente à lui offrir le poste de secrétaire de cette organisation et la direction de l’hebdomadaire du parti socialiste tridentinL'avvenire del lavoratore (L'avenir du travailleur). Sous sa direction, le tirage de L’avvenire del lavoratore augmente de 50% en 6 mois. Il entretient d’excellentes relations avec le socialiste irrédentiste Cesare Battisti qui lui confie également la direction de son journal Il Popolo (Le peuple). Entre février et septembre 1909, il signe cent articles, notes, recensions et essais historico-littéraires. Le 7 mars, il tient une joute journalistique avec Alcide De Gasperi d'orientation catholique, directeur du périodique Il Trentino. Mussolini réédite ce qu’il avait fait en Suisse à savoir dynamiser une organisation socialiste somnolente et apathique tout en ne rentrant pas en conflit avec la direction du parti. Le 10 septembre, il est emprisonné à Rovereto pour diffusion de journaux instigateurs de violences envers l'Empire d'Autriche et le 29 il est expulsé et retourne à Forlì. Les huit mois passés dans le Trentin confortent Mussolini dans ses convictions syndicalistes révolutionnaires nourries dans la riche bibliothèque nationale de la ville où il passe une bonne partie de son temps : son goût et le culte de l’action, une philosophie pragmatiste, la nécessité de la volonté pour changer le monde et façonner sur le modèle nietzschéen un homme nouveau.
Il revient à Predappio fin 1909, où il dirige la grève des journaliers agricoles. En novembre, il s'installe à Forlì où il vit avec son père qui crée avec sa compagne Anna Lombardi (veuve de Guidi, mère de la future épouse du duce) la taverne Il bersagliere. Au cours de cette période, Mussolini écrit dans Pagine libere (Pages libres), revue du syndicalisme révolutionnaire éditée à Lugano et dirigée par Angelo Oliviero Olivetti, l'article La filosofia della forza (La philosophie de la force) où il fait référence à la pensée de Nietzsche.
Animateur de l'aile maximaliste du PSI (1910-1912)
À partir de janvier 1910, il est secrétaire de Forlì et il dirige le périodique officiel L'idea socialista (L'idée socialiste) rebaptisé par Mussolini Lotta di classe (Lutte des classe). Il y développe ses idées, tournant le dos au projet réformiste, rejetant l’idée d’une évolution gradualiste et pacifique qui serait le produit d’un déterminisme économique et lui oppose sa vision volontariste et brutale de changement social. En un an de présence au secrétariat de cette fédération socialiste, il fera croître le tirage de La Lotta di classe ainsi que le nombre de militants (passé de 1400 à 1800, répartis entre 40 sections, 12 groupes de jeunes et une section féminine) et la fédération de Forlì devient une puissance dans le parti socialiste.
Il veut la constitution d’une formation de combat composée de noyaux de militants résolus auquel il incombera le moment venu de partir à l’assaut du pouvoir : c'est le modèle esquissé par Blanqui et auquel Lénine donnera vie en créant le parti bolchévique ; il s’agit de sélectionner non une quantité croissante de militants mais de sélectionner des militants de qualité capable de s’emparer des postes de commande de l’état et de faire fonctionner celui-ci en attendant qu’une nouvelle société se développe sur les ruines de l’ancienne. Mussolini dénonce les pratiques sociales qui concourent à l’abrutissement des masses, « Le peuple se ramollit avec les bistrots, le bal, le bordel, et le sport. » Il emprunte à Vilfredo Pareto l'idée d'une distinction à effectuer entre masses et élite ainsi que sa vision cyclique de l’histoire qui serait un cimetière d’élite : la lutte des classes ne modifie pas la dichotomie mais le but du socialisme doit être de donner au prolétariat une élite révolutionnaire qui parlera en son nom. Selon Mussolini, les masses ne sont pas animées par la seule raison mais par la force explosive du sentiment, par des mythes puissants comme celui de révolution, seuls capables de mobiliser les hommes en vue de l'édification d'un monde nouveau.
Du 21 au 25 octobre 1910, lors du congrès de Milan, Mussolini paraît en tant que chef de file incontesté de ce courant maximaliste. Dans ses discours, il prend parti contre le recours au suffrage universel pour mener à bien les réformes sociales qui seraient le moyen de faire avancer le socialisme et prône le recours à la révolution, exalte la violence et la brutalité révolutionnaire des anarchistes ; son charisme se fait remarquer et on le voit entouré d’un groupe de gardes du corps. Il prône la scission pour faire avancer la cause des intransigeants mais Costantino Lazzari finit par le convaincre, lui et ses amis, de préserver l’unité du mouvement socialiste.
Contestant toute participation des socialistes au gouvernement royal italien, Mussolini et son courant sont tentés par la scission : le 11 avril 1911, la section socialiste de Forlì emmenée par Mussolini vote l'autonomie du PSI. Cependant, au printemps 1911, les dirigeants du parti lui font savoir qu’ils souhaitent l’unité et ne pas se séparer des socialistes romagnols.
En mai 1911, il fait publier son essai Il Trentino veduto da un socialista (Le Trentin vu par un socialiste) dans le journal Quaderni della Voce. Jusqu’à l’automne 1911, la vie personnelle de Mussolini évolue peu, sa situation demeure très précaire ; il refuse l’augmentation que lui proposent quelques-uns de ses camarades et préfère glaner quelques piges ou accepter de traduire l'ouvrage sur la révolution française de Kropotkine. Il publie également son roman Claudia Particella, l'amante del cardinale Madruzzo, en 1910, dans le journal de Trente de Cesare Battisti Il popolo, avec qui il avait collaboré en 1910. L'œuvre contient une satire anti-cléricale. Le 17 janvier, il commence à vivre avec Rachele Guidi, sa future épouse.
Il axe alors ses discours et ses actes sur la dénonciation du militarisme et de la colonialisation. Il est ainsi arrêté le 14 octobre 1911, jugé et condamné (23 novembre) à un an de réclusion pour avoir participé le 25 septembre, avec son ami républicain Pietro Nenni, à une manifestation contre la guerre de Libye qui se termine par de violents affrontements avec la police. Le préfet de Forlì fit arrêter Nenni et Mussolini. La presse de gauche prit fait et cause pour Mussolini qui bénéficia d’un immense élan de solidarité : une souscription destinée à payer les frais de justice des deux emprisonnés et à assister leur famille fut organsiée avec un certain succès ; de même, on fit appel aux meilleurs avocats que les deux partis comptaient dans la région. Mussolini assuma sa propre défense et le 19 février 1912, la cour d'appel de Bologne réduisit la peine à cinq mois et demi, laps de temps qu'il mit à profit pour rédiger son autobiographie. Mussolini voit alors dans cette guerre de Lybie un crime contre l'humanité. Mussolini définit l'aventure coloniale africaine du gouvernement de Giovanni Giolitti d'« acte de brigandage international ». C'est alors, à sa sortie de prison, que Mussolini fut qualifié pour la première fois de Duce, un terme en usage dans la gauche italienne.
Directeur de l'Avanti! (1912-1914)
Le 8 juillet 1912, au congrès socialiste de Reggio d'Émilie, il présente une motion d'expulsion contre les réformistes, qui sont favorables à une solution par étapes, Leonida Bissolati, Ivanoe Bonomi, Angiolo Cabrini et Guido Podrecca, qui est acceptée, les quatre exclus donnent vie au Parti socialiste réformiste et Mussolini entre donc dans la direction nationale du parti. Il collabore à Folla (La foule), journal de Paolo Valera signant sous le pseudonyme de « L'homme qui cherche ».
Grâce au succès de sa motion, au dynamisme de sa fédération, à sa déjà importante expérience journalistique et militante, à sa qualité d'orateur, à ses relations dans le parti, Mussolini monte au sommet de la scène politique nationale : en novembre 1912, il devient le membre principal de l'aile maximaliste du socialisme italien et est nommé par direction du Parti socialiste italien directeur de L'Avanti!, quotidien officiel du parti. En novembre 1913, il crée la revue Utopia. Il y développe sa vision du socialisme ; du marxisme, il reprend dans ses articles les thèmes du déterminisme économique, de la lutte des classes, de la paupérisation croissante et de la crise catastrophe devant aboutir à la fin du capitalisme ; il privilégie l’action du parti et rejette le primat du syndicalisme qui ne doivent pas être autonomes ; il se montre toujours blanquiste quant au processus de conquête et d’organisation de la société au cours de la phase de dictature qui suivra la victoire des forces prolétariennes. Avant d’accepter la charge de directeur du principal organe de presse socialiste, Mussolini pose comme condition que Balanaboff lui fût associée avec le titre de rédactrice en chef du journal. Il fait entrer dans le journal des syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes comme Enrico Leone, Agostino Lanzillo, Sergio Panunzio, Arturo Labriola. Sous la houlette de son nouveau directeur, le journal passa en un plus d’un an de 20 000 à 100 000 exemplaires ; son talent d’éditorialiste, style incisif, son aptitude à coller à l’événement favorise la montée en puissance du parti qui passe dans la même période de 30 000 à 50 000 adhérents et de 41 à 52 députés après les élections de 1913.
Au congrès socialiste d'Ancône de 1914, il présente une motion, qui est acceptée, qui déclare incompatible la maçonnerie, définie comme bourgeoise et interclassiste, et le socialisme. Battu à la députation dans la circonscription de Forlì lors des élections générales d'octobre 1913, quelques mois plus tard, conseiller municipal à Milan et au cours de la Semaine Rouge, il reste rivé à sa fonction de rédacteur (il participe à une manifestation) contrairement à Nenni et Malatesta.
Ralliement à l'interventionnisme et rupture avec le PSI
Au début de la Première Guerre mondiale, il s'aligne sur les positions de l'Internationale socialiste, se déclarant ouvertement opposé à l'intervention de l'Italie qui, d'après lui, ne servirait que l'intérêt de la bourgeoisie. Cependant, se développe en 1914 un interventionnisme de gauche allant des républicains et des socialistes réformistes aux syndicalistes révolutionnaires : le 7 octobre 1914, des représentants du syndicalisme révolutionnaire comme Libero Tancredi (pseudonyme de Massimo Rocca), Filippo Corridoni et Cesare Rossi signent l’appel du Faisceau révolutionnaire d’action interventionniste ; ce manifeste vise à constituer un mouvement informel rassembler les éléments de la gauche radicale favorable à l'entrée en guerre de l'Italie contre les Empires centraux. Le mot faisceau appartient au vocabulaire politique de la gauche italienne qui trouve son origine dans les faisceaux de travailleurs siciliens. Les signataires du manifeste souhaitent l'entrée en guerre par hostilité aux Empires centraux réactionnaires et cléricaux et volonté, notamment chez les syndicalistes et socialistes révolutionnaires, de préparer techniquement le prolétariat au combat et de forger ainsi en son sein une élite révolutionnaire et combattante. Benito Mussolini ne signe pas le manifeste mais ces idées rejoignent sa théorie de la nécessité du combat révolutionnaire et d'une élite socialiste combattante ; sa parution l'incite à faire connaître sa propre opposition à la neutralité car cette initiative était de nature à faire pièce à son influence au sein de l'ultragauche interventionniste. Ce ralliement provoqua l'enthousiasme des journaux de la gauche antineutraliste comme L'Internazionale, Pagine Libere (syndicaliste révolutionnaire), La Voce, L'Iniziativa (républicaine), La Folla (anarchiste), Azione socialista (socialiste) et fut bien reçu des socialistes français et belges qui le soutinrent financièrement pendant la guerre.
Cependant, à la suite de cette prise de position contraire à la ligne du parti, il est forcé à la démission, le 20 octobre 1914, de L'Avanti!, puis exclu du PSI le 29 novembre 1914, à la suite de la publication, le 18 octobre, de l'article Dalla neutralità assoluta alla neutralità attiva ed operante (De la neutralité absolue à la neutralité active et agissante), qui qualifie la neutralité de réactionnaire et signe son ralliement à la campagne interventionniste entamée le 5 octobre par le manifeste des Faisceaux d'action internationaliste. Mussolini préconise désormais une politique militariste ainsi que l'entrée en guerre de l'Italie en 1915 aux côtés de l'Entente.
Fondation du Popolo d'Italia
Mussolini voulut fonder son propre quotidien dont il voulait faire l'organe de l'interventionnisme de gauche et entra en pourparler avec deux dirigeants syndicalistes révolutionnaires A.O. Olivetti et O. Dinale mais il préféra finalement fonder son propre journal, Il Popolo d'Italia, dont le premier numéro sortit le 15 novembre 1914.
Dès son premier numéro et jusqu'en 1918, le journal comme son fondateur continua de se réclamer du socialisme révolutionnaire ; le journal portait sous le titre Il Popolo d'Italia la mention journal socialiste des ouvriers. Le journal a placé en exergue de son journal deux citations révolutionnaires : à gauche, une phrase d'Auguste Blanqui : « Qui a du fer a du pain » ; à droite, une citation de Napoléon Bonaparte : « La révolution est une idée qui a trouvé des baïonnettes ». Dans l'imaginaire politique de la gauche italienne, les références à la France révolutionnaire et à la Commune de Paris étaient très présentes et ces deux épisodes de l’histoire ont en commun de faire se rejoindre l’idée de guerre et celle de révolution. Parmi les collaborateurs réguliers ou épisodiques du journal, on retrouve des personnalités de toutes les tendances de la gauche démocratique ou radicale de Maria Rygier à Pietro Nenni, de Cesare Rossi à Sergio Panunzio, d'Agostino Lanzillo à Margherita Sarfatti. Mussolini a de fait joué un rôle dans l’entrée en guerre de son pays en tant que directeur et éditorialiste du principal organe de l’interventionnisme de gauche. Les nationalistes de droite de type corradiniens avec lesquels Mussolini polémiquaient ne participèrent pas au journal. Lénine avait vu dans la guerre un puissant levier révolutionnaire qui entraînerait l’effondrement des société capitalistes et une révolte des peuples à l’échelle internationale ; pour Mussolini, il n'y a rien à attendre de l’Internationale dont l'échec à concrétiser la solidarité des travailleurs prouve que pour faire triompher la révolution, passe par la solution des problèmes nationaux.
Son nouveau journal est financé par certains belligérants et par les socialistes français et belges, notamment par des échanges avec Marcel Cachin et Jules Guesde ; ces financements étrangers ne servirent pas au financement initial du journal. Il est également financé par des industriels italiens soucieux de diviser la gauche ou de pousser à la guerre et indirectement le gouvernement italien - ce qui marque un changement radical dans son refus de la coopération avec la bourgeoisie ou l'Etat.
En décembre 1911, il prend part à Milan à la création des Fasci d'azione rivoluzionaria, participant à leur premier congrès les 24 et 25 janvier 1915.
Source: Article "Benito Mussolini" sur l'encyclopédie Wikipédia
07:30 Publié dans Politique | Tags : fascisme, dictateur, tyran, socialisme, marxisme, libéralisme, idéologies du xxème siècle, totalitarisme, anticléricalisme, histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
02/11/2014
Pour les Fidèles Défunts - Graduale : Requiem aeternam
Requiem aeternam
Requiem aeternam dona eis, Domine: et lux perpetua luceat eis. |
Accorde-leur le repos éternel, Seigneur, et que brille sur eux la lumière sans déclin. |
Esdras II (IV ESDRAS) | Ch. 02 | V. | 34.35 | Contexte biblique |
Graduale
Versus 1 | In memoria aeterna erit iustus, ab auditione mala non timebit. |
En éternelle mémoire sera le juste : il ne craindra pas de mauvaise audience. |
Versus 2 | Anima eius in bonis demorabitur et semen eius hereditabit terram. |
Son âme séjournera parmi les biens : et sa postérité aura la terre en héritage. |
Livre des Psaumes 24 | V. | 13 | Contexte biblique |
Source: Académie de chant grégorien
18:30 Publié dans Famille, Liturgie et Sacrements, Vidéos | Tags : liturgie, chant, chant grégorien, fidèles défunts, calendrier liturgique | Lien permanent | Commentaires (0)
La vie de Padre Pio de Pietrelcina
Après avoir regardé ce film biographique sur Saint Pio de Pietrelcina, vous ne verrez plus votre vie ni les événements du monde et de l’Église de la même manière. Un grand film d'évangélisation et de conversion, tant pour ceux qui sont loin de l’Église que pour les plus pratiquants. "Padre Pio", tourné en 2008, est largement inspiré des écrits d'Emanuele Brunatto.
08:00 Publié dans Saints | Tags : franciscains de l'immaculée, padre stefano manelli, stefano maria manelli, padre pio, saint pio de pietrelcina, film | Lien permanent | Commentaires (0)
01/11/2014
Toussaint
SOLENNITÉ DE TOUS LES SAINTS
Homélie du Pape Benoît XVI
Basilique Vaticane
(Mercredi 1er novembre 2006)
Chers frères et sœurs,
La Sainte Messe s'est ouverte par l'exhortation « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur ». La liturgie nous invite à partager l'exultation céleste des saints, à en goûter la joie. Les saints ne constituent pas une caste restreinte d'élus, mais une foule innombrable, vers laquelle la liturgie nous invite aujourd'hui à élever le regard. Dans cette multitude, il n'y a pas seulement les saints officiellement reconnus, mais les baptisés de chaque époque et nation, qui se sont efforcés d'accomplir avec amour et fidélité la volonté divine. Nous ne connaissons pas le visage ni même le nom de la plupart d'entre eux, mais avec les yeux de la foi, nous les voyons resplendir, tels des astres emplis de gloire, dans le firmament de Dieu.
Aujourd'hui, l'Église fête sa dignité de mère des saints, image de la cité céleste (A. Manzoni), et manifeste sa beauté d'épouse immaculée du Christ, source et modèle de toute sainteté. Elle ne manque certes pas de fils contestataires et rebelles, mais c'est dans les saints qu'elle reconnaît ses traits caractéristiques, et c'est précisément en eux qu'elle goûte sa joie la plus profonde. Dans la première Lecture, l'auteur du Livre de l'Apocalypse les décrit comme « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue » (Ap 7, 9). Ce peuple comprend les saints de l'Ancien Testament, à partir d'Abel le juste et du fidèle Patriarche Abraham, ceux du Nouveau Testament, les nombreux martyrs du début du christianisme, les bienheureux et saints des siècles successifs, jusqu'aux témoins du Christ de notre époque. Ils sont tous unis par la volonté d'incarner l'Évangile dans leur existence, sous l'impulsion de l'éternel animateur du Peuple de Dieu qu'est l'Esprit Saint.
Mais « à quoi sert notre louange aux saints, à quoi sert notre tribut de gloire, à quoi sert cette solennité elle-même ? ». C'est par cette question que commence une célèbre homélie de saint Bernard pour le jour de la Toussaint. C'est une question que nous pourrions nous poser également aujourd'hui. Et la réponse que le saint nous donne est tout aussi actuelle : « Nos saints - dit-il - n'ont pas besoin de nos honneurs et ils ne reçoivent rien de notre culte. Pour ma part, je dois confesser que, lorsque je pense aux saints, je sens brûler en moi de grands désirs » (Disc. 2; Opera Omnia Cisterc. 5, 364sqq). Telle est donc la signification de la solennité d'aujourd'hui : en regardant l'exemple lumineux des saints, réveiller en nous le grand désir d'être comme les saints : heureux de vivre proches de Dieu, dans sa lumière, dans la grande famille des amis de Dieu. Être saint signifie : vivre dans la proximité de Dieu, vivre dans sa famille. Et telle est notre vocation à tous, répétée avec vigueur par le Concile Vatican II, et reproposée aujourd'hui de façon solennelle à notre attention.
Mais comment pouvons-nous devenir saints, amis de Dieu ? On peut répondre à cette interrogation tout d'abord par une négation : pour être saint, il n'est pas nécessaire d'accomplir des actions et des œuvres extraordinaires, ni de posséder des charismes exceptionnels. On peut ensuite répondre par une affirmation : il est nécessaire avant tout d'écouter Jésus, et de le suivre sans se décourager face aux difficultés. « Si quelqu'un me sert - nous avertit-Il - qu'il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera » (Jn 12, 26). Celui qui a confiance en Lui et l'aime d'un amour sincère, comme le grain de blé tombé en terre, accepte de mourir à lui-même. En effet, il sait que celui qui veut garder sa vie pour lui-même la perd, et que celui qui se donne, se perd, et trouve précisément ainsi la vie. (cf. Jn 12, 24-25). L'expérience de l'Eglise démontre que toute forme de sainteté, tout en suivant des parcours différents, passe toujours par le chemin de la croix, le chemin du renoncement à soi-même. Les biographies des saints décrivent des hommes et des femmes qui, dociles aux desseins divins, ont parfois affronté des épreuves et des souffrances indescriptibles, des persécutions et le martyre. Ils ont persévéré dans leur engagement, « ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve - lit-on dans l'Apocalypse - ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau » (v. 14). Leurs noms sont inscrits dans le livre de la vie (cf. Ap 20, 12) ; leur demeure éternelle est le Paradis. L'exemple des saints est pour nous un encouragement à suivre les mêmes pas, à ressentir la joie de celui qui a confiance en Dieu, car l'unique cause véritable de tristesse et de malheur pour l'être humain est de vivre loin de Lui.
La sainteté exige un effort constant, mais elle est à la portée de tous car, plus que l'œuvre de l'homme, elle est avant tout un don de Dieu, trois fois Saint (cf. Is 6, 3). Dans la seconde Lecture, l'Apôtre Jean observe : « Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! » (1 Jn 3,1). C'est donc Dieu qui nous a aimés en premier et qui, en Jésus, a fait de nous ses fils adoptifs. Dans notre vie, tout est don de son amour : comment demeurer indifférents face à un si grand mystère ? Comment ne pas répondre à l'amour du Père céleste par une vie de fils reconnaissants ? Dans le Christ, il nous a fait don de tout son être, et nous appelle à une relation personnelle et profonde avec Lui. C'est pourquoi, plus nous imitons Jésus et demeurons unis à Lui, plus nous entrons dans le mystère de la sainteté divine. Nous découvrons qu'Il nous aime de façon infinie, et cela nous pousse à notre tour à aimer nos frères. Aimer implique toujours un acte de renoncement à soi-même, de se perdre soi-même et, précisément ainsi, cela nous rend heureux.
Ainsi, nous sommes arrivés à l'Évangile de cette fête, à l'annonce des Béatitudes que nous venons d'entendre retentir dans cette Basilique. Jésus dit : Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, heureux les doux, heureux les affligés, heureux les affamés et les assoiffés de justice, les miséricordieux, heureux les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés pour la justice (cf. Mt 5, 3-10). En vérité, le bienheureux par excellence est uniquement Lui, Jésus. En effet, c'est Lui qui a véritablement une âme de pauvre, l'affligé, le doux, l'affamé et assoiffé de la justice, le miséricordieux, le cœur pur, l'artisan de paix ; c'est Lui le persécuté pour la justice. Les Béatitudes nous montrent la physionomie spirituelle de Jésus, et expriment ainsi son mystère, le mystère de Mort et de Résurrection, de Passion, et de joie de la Résurrection. Ce mystère, qui est le mystère de la véritable Béatitude, nous invite à suivre Jésus et, ainsi, à nous acheminer vers elle. Dans la mesure où nous accueillons sa proposition et nous nous plaçons à sa suite - chacun selon ses conditions -, nous aussi, nous pouvons participer à sa béatitude. Avec Lui, l'impossible devient possible et même un chameau peut passer par le trou d'une aiguille (cf. Mc 10, 25); avec son aide, et uniquement avec son aide, il est possible de devenir parfaits comme le Père céleste est parfait (cf. Mt 5, 48).
Chers frères et sœurs, entrons à présent dans le cœur de la Célébration eucharistique, encouragement et aliment de sainteté. Dans quelques instants deviendra présent de la façon la plus élevée le Christ, véritable Vigne, à laquelle, en tant que sarments, sont unis les fidèles qui sont sur terre et les saints du ciel. Ainsi se renforcera la communion de l'Église en pèlerinage dans le monde avec l'Église triomphante dans la gloire. Dans la Préface, nous proclamerons que les saints sont pour nous des amis et des modèles de vie. Invoquons-les afin qu'ils nous aident à les imiter et engageons-nous à répondre avec générosité, comme ils l'ont fait, à l'appel divin. Invoquons en particulier Marie, Mère du Seigneur et miroir de toute sainteté. Qu'Elle, la Toute Sainte, fasse de nous de fidèles disciples de son fils Jésus Christ ! Amen.
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Source : vatican.va - L'Evangile au Quotidien
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