30/04/2015
Le crucifix de Saint Pie V
Saint Pie V, dont la réputation planait d'un bout du monde à l'autre, n'était connu pour son entourage que par son humilité, ses mortifications, son amabilité envers tous, sa charité pour les petits et pour les pauvres. L'Europe admirait l'illustre successeur de Grégoire VII; Rome vénérait l'imitateur des plus fervents cénobites.
Sa piété et sa dévotion étaient extrêmes, au point qu'il en aurait été victime, si Dieu n'avait pas opéré un nouveau prodige en sa faveur.
Des pervers, dont le saint a toujours voulu taire le nom, parvinrent à enduire du poison le plus subtil, un crucifix devant lequel le Saint-Père se prosternait habituellement. Un jour, après s'être agenouillé devant l'image du Sauveur en croix et y être demeuré en fervente oraison, il se releva pour y porter les lèvres, selon sa coutume, mais le pied du Christ se retira de lui-même, l'avertissant ainsi de l'ignoble machination.
Ses serviteurs, accourus aux exclamations du pontife, ne doutèrent pas un instant de la signification du miracle ; ils essuyèrent le Christ avec de la mie de pain qu'ils présentèrent à des chiens qui périrent sur-le-champ.
Le saint homme, ne se départissant pas de sa bonté habituelle, refusa que l'on recherche les assassins.
O Dieu qui, pour écraser les ennemis de Votre Eglise et réparer la gloire de Votre culte, avez daigné choisir le souverain pontife Pie V, faites que nous soyons protégés par son secours et que nous demeurions tellement attachés à Votre service, qu'après avoir triomphé des embûches de nos ennemis, nous nous réjouissions dans la paix éternelle.
Bouchard, F. Le monde merveilleux des saints. Montsur : Résiac. 1995. p.57-58.
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30 avril: l'Eglise fête Saint Pie V
A l'occasion de la fête de Saint Pie V, nous publions le Message qu'écrivit en 2004 Saint Jean-Paul II à l'occasion du Ve centenaire de la naissance de Saint Pie V.
MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II
POUR LE V CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE SAINT PIE V
A mon vénéré Frère
Mgr Fernando CHARRIER
Evêque d'Alexandrie
1. Je suis heureux de vous faire parvenir mon salut cordial, à l'occasion des célébrations jubilaires organisées pour le V centenaire de la naissance de mon vénéré prédécesseur, saint Pie V. J'étends mon salut affectueux aux fidèles de ce bien-aimé diocèse, qui rappelle à juste titre, avec joie et gratitude envers Dieu, son illustre fils.
Les diverses manifestations organisées pour commémorer cet heureux anniversaire offrent l'occasion de raviver la mémoire de ce grand Pontife, et de réfléchir sur le riche héritage d'exemples et d'enseignements qu'il a laissés, qui sont plus que jamais précieux également pour les chrétiens de notre temps.
Que la célébration du V centenaire de sa naissance soit un motif de bénédiction pour toute l'Eglise, et, de façon particulière, pour le bien-aimé diocèse d'Alexandrie, ainsi que pour la communauté ecclésiale du Piémont. Que l'intercession de saint Pie V et l'exemple de ses vertus représentent un encouragement pour chacun en vue de consolider sa foi, en la maintenant intacte et en contact permanent avec les sources de la Révélation, et en la diffusant dans la société pour édifier une humanité ouverte au Christ et orientée vers la construction de la civilisation de l'amour.
2. L'époque à laquelle il vécut fut en réalité bien différente de la nôtre, cependant, des analogies particulières ne manquent pas entre celles-ci. Les deux périodes historiques ont vu la consolidation d'énergies religieuses convergentes, et, dans le même temps, ont enregistré des crises profondes dans la société, avec des luttes entre des villes et des peuples, qui ont parfois débouché sur de douloureux conflits armés. Au cours des deux époques, l'Eglise s'est efforcée de rechercher des voies nouvelles pour raviver la foi et la proposer de façon adéquate dans les nouvelles conditions culturelles et sociales, notamment à travers la célébration du Concile de Trente, alors, et du Concile oecuménique Vatican II, au siècle dernier. Ces Conciles respectifs ont été suivis par l'effort, parfois difficile, d'en appliquer fidèlement les enseignements, donnant naissance à des processus d'authentique réforme de l'Eglise.
C'est dans ce cadre historique et religieux, qui a caractérisé le XVI siècle, que s'inscrit la vie humaine et spirituelle de saint Pie V, qui s'est conclue le 1 mai 1572. Dès son enfance, Michele Ghislieri souffrit de la pauvreté et dut contribuer par son travail à nourrir sa famille. Il puisa aux valeurs typiques de sa bien aimée terre d'Alexandrie, à laquelle il demeura toujours lié, au point d'être connu, lorsqu'il fut appelé à devenir membre du Collège cardinalice, sous le nom de Cardinal d'Alexandrie.
A l'âge de 14 ans, il entra dans l'Ordre des Prédicateurs et accomplit son itinéraire de formation dans les couvents de Vigevano, Bologne et Gênes, s'appliquant sans relâche à parcourir le chemin de la perfection évangélique à travers la prière et l'étude et puisant abondamment aux sources de la Parole de Dieu selon le charisme dominicain.
Il manifestait déjà alors un goût particulier pour l'Ecriture Sainte et pour la doctrine des Pères, se passionnant également pour l'étude des oeuvres de saint Thomas d'Aquin que lui-même, devenu Souverain Pontife, inscrira au nombre des Docteurs de l'Eglise. Il fut ordonné prêtre à Gênes en 1528.
Chargé par le Pape Paul III de veiller sur la pureté de la foi dans les régions de Padoue, Pavie et Côme, il s'inspira, les prenant pour modèles et protecteurs, de saint Dominique, saint Pierre martyr de Vérone, saint Vincent Ferrer et saint Antonin de Florence, sans autre préoccupation que celle de toujours rechercher la plus grande gloire de Dieu et l'authentique bien des frères, fidèle à la devise "marcher dans la vérité", qu'il voulut faire sienne. Il démontra le même zèle lorsqu'il fut nommé à Rome Commissaire pour la doctrine de la foi, et dans les autres charges qui lui furent confiées par les Papes Jules III, Paul IV et Pie IV. Elu Evêque de Nepi et Sutri en 1556, il fut créé Cardinal en 1557 et en 1560, devint Evêque de Mondovì.
3. En janvier 1566, à l'âge de 62 ans, il fut élu Successeur de Pierre et au cours de ses années de Pontificat, il se consacra à raviver la pratique de la foi dans toutes les composantes du Peuple de Dieu, donnant à l'Eglise un élan évangélisateur providentiel. Infatigable dans son travail pastoral, il recherchait des contacts directs avec tous, sans tenir compte de la fragilité de son état de santé. Il se préoccupa d'appliquer fidèlement les décisions du Concile de Trente: dans le domaine liturgique, avec la publication du Missel romain renouvelé et du nouveau Bréviaire; dans le domaine catéchétique, en confiant en particulier aux curés le "Catéchisme du Concile de Trente"; dans le domaine théologique, en introduisant dans les Universités la Summa de saint Thomas. Il rappela aux Evêques le devoir de résider dans le diocèse pour apporter un soin pastoral attentif aux fidèles; aux religieux, l'opportunité de la clôture et au clergé, l'importance du célibat et de la sainteté de vie.
Conscient de la mission reçue du Christ Bon Pasteur, il se consacra à paître le troupeau qui lui avait été confié, en invitant à avoir recours chaque jour à la prière, en privilégiant la dévotion à Marie, qu'il contribua à accroître de façon significative en donnant une forte impulsion à la pratique du Rosaire. Lui-même le récitait entièrement chaque jour, bien qu'il fût occupé par de nombreux et importants devoirs.
4. Vénéré frère, que le zèle apostolique, la tension constante vers la sainteté, l'amour pour la Vierge, qui caractérisèrent l'existence de saint Pie V, soient pour tous un encouragement à vivre avec un engagement accru leur vocation chrétienne. De façon particulière, je voudrais inviter à l'imiter dans la dévotion mariale filiale, en redécouvrant la prière simple et profonde du Rosaire qui, comme j'ai voulu le rappeler dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, aide à contempler le mystère du Christ: "Dans la sobriété de ses éléments, il concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique dont il est presque un résumé [...] Avec lui, le peuple chrétien se met à l'école de Marie, pour se laisser introduire dans la contemplation de la beauté du visage du Christ et dans l'expérience de la profondeur de son amour" (n. 1).
Grâce à la récitation fervente du Rosaire, on peut obtenir des grâces extraordinaires par l'intercession de la céleste Mère du Seigneur. Saint Pie V en était bien convaincu, lui qui, après la victoire de Lépante, voulut instituer une fête consacrée à la Madone du Rosaire.
A travers la récitation du Rosaire, j'ai confié à Marie, Reine du saint Rosaire, en ce début du troisième millénaire, le bien précieux de la paix et le renforcement de l'institution familiale. Je renouvelle ce geste confiant par l'intercession du grand dévot de Marie que fut saint Pie V.
5. Je vous assure, vénéré Frère, de mon souvenir particulier dans la prière, ainsi que les Evêques qui participeront à la clôture du centenaire, les comités nationaux et d'honneur, les Autorités de la région, de la Province et des municipalités du territoire d'Alexandrie, le clergé, les religieux et les bien-aimés fidèles, ainsi que tous ceux qui prendront part à la Messe du 5 mai, en conclusion des célébrations jubilaires dans l'église du monastère de la Sainte-Croix à Boscomarengo.
J'envoie à tous de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière.
Du Vatican, le 1 mai 2004.
IOANNES PAULUS II
source : site du Vatican
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29/04/2015
La Libre se pose la question : le ministère de Mgr Léonard fut-il un succes ?
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29 avril : l'Eglise fête Sainte Catherine de Sienne
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 24 novembre 2010
Catherine de Sienne
Chers frères et sœurs,
Je voudrais aujourd’hui vous parler d’une femme qui a eu un rôle éminent dans l’histoire de l’Eglise. Il s’agit de sainte Catherine de Sienne. Le siècle auquel elle vécut — le XIVe — fut une époque tourmentée pour la vie de l’Eglise et de tout le tissu social en Italie et en Europe. Toutefois, même dans les moments de grandes difficultés, le Seigneur ne cesse de bénir son peuple, suscitant des saints et des saintes qui secouent les esprits et les cœurs provoquant la conversion et le renouveau. Catherine est l’une de celles-ci et, aujourd’hui encore, elle nous parle et nous incite à marcher avec courage vers la sainteté pour être toujours plus pleinement disciples du Seigneur.
Née à Sienne, en 1347, au sein d’une famille très nombreuse, elle mourut dans sa ville natale en 1380. A l’âge de 16 ans, poussée par une vision de saint Dominique, elle entra dans le Tiers Ordre dominicain, dans la branche féminine dite des Mantellate. En demeurant dans sa famille, elle confirma le vœu de virginité qu’elle avait fait en privé alors qu’elle était encore adolescente, et se consacra à la prière, à la pénitence et aux œuvres de charité, surtout au bénéfice des malades.
Lorsque la renommée de sa sainteté se diffusa, elle fut protagoniste d’une intense activité de conseil spirituel à l’égard de toutes les catégories de personnes: nobles et hommes politiques, artistes et personnes du peuple, personnes consacrées, ecclésiastiques, y compris le Pape Grégoire XI qui à cette époque, résidait à Avignon, et que Catherine exhorta de façon énergique et efficace à revenir à Rome. Elle voyagea beaucoup pour solliciter la réforme intérieure de l’Eglise et pour favoriser la paix entre les Etats: c’est pour cette raison également, que le vénérable Jean-Paul II voulut la déclarer co-patronne de l’Europe: pour que le Vieux continent n’oublie jamais les racines chrétiennes qui sont à la base de son chemin et continue de puiser à l’Evangile les valeurs fondamentales qui assurent la justice et la concorde.
Catherine souffrit beaucoup, comme de nombreux saints. Certains pensèrent même qu’il fallait se méfier d’elle, au point qu’en 1374, six ans avant sa mort, le chapitre général des Dominicains la convoqua à Florence pour l’interroger. Il mirent à ses côtés un frère cultivé et humble, Raymond de Capoue, futur maître général de l’Ordre. Devenu son confesseur et également son «fils spirituel», il écrivit une première biographie complète de la sainte. Elle fut canonisée en 1461.
La doctrine de Catherine, qui apprit à lire au prix de nombreuses difficultés et à écrire à l’âge adulte, est contenue dans le Dialogue de la Divine Providence, ou Livre de la Divine Doctrine, chef d’œuvre de la littérature spirituelle, dans ses Lettres, et dans le recueil de Prières. Son enseignement contient une telle richesse qu’en 1970, le Serviteur de Dieu Paul VI, la déclara Docteur de l’Eglise, titre qui s’ajoutait à celui de co-patronne de la ville de Rome, par volonté du bienheureux Pie IX, et de patronne d’Italie, selon la décision du vénérable Pie XII.
Dans une vision qui ne s’effaça plus jamais du cœur et de l’esprit de Catherine, la Vierge la présenta à Jésus, qui lui donna un anneau splendide, en lui disant: «Moi, ton créateur et sauveur, je t’épouse dans la foi, que tu conserveras toujours pure jusqu’à ce que tu célèbres avec moi tes noces éternelles» (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 115, Sienne, 1998). Cet anneau ne demeura visible qu’à elle seule. Dans cet épisode extraordinaire, nous percevons le sens vital de la religiosité de Catherine et de toute spiritualité authentique: le christocentrisme. Le Christ est pour elle comme l’époux, avec lequel existe un rapport d’intimité, de communion et de fidélité; il est le bien-aimé au-delà de tout autre bien.
Cette union profonde avec le Seigneur est illustrée par un autre épisode de la vie de cette éminente mystique: l’échange du cœur. Selon Raymond de Capoue, qui transmit les confidences reçues de Catherine, le Seigneur Jésus lui apparut tenant dans la main un cœur humain rouge resplendissant, lui ouvrit la poitrine, l’y introduisit et dit: «Ma très chère petite fille, de même qu’un jour j’ai pris le cœur que tu m’offrais, voici à présent que je te donne le mien, et désormais, il prendra la place qu’occupait le tien» (ibid.). Catherine a vécu véritablement les paroles de saint Paul: «Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi» (Ga 2, 20).
Comme la sainte de Sienne, chaque croyant ressent le besoin de s’uniformiser aux sentiments du Cœur du Christ pour aimer Dieu et son prochain, comme le Christ lui-même aime. Et nous pouvons tous laisser notre cœur se transformer et apprendre à aimer comme le Christ, dans une familiarité avec Lui nourrie par la prière, par la méditation sur la Parole de Dieu et par les Sacrements, en particulier en recevant fréquemment et avec dévotion la sainte communion. Catherine appartient elle aussi à ce groupe de saints eucharistiques, avec lesquels j’ai voulu conclure mon Exhortation apostolique Sacramentum caritatis (cf. n. 94). Chers frères et sœurs, l’Eucharistie est un don d’amour extraordinaire que Dieu nous renouvelle sans cesse pour nourrir notre chemin de foi, renforcer notre espérance, enflammer notre charité, pour nous rendre toujours plus semblables à Lui.
Autour d’une personnalité aussi forte et authentique commença à se constituer une véritable famille spirituelle. Il s’agissait de personnes fascinées par l’autorité morale de cette jeune femme dont la vie atteignait un niveau très élevé, et parfois impressionnées également par les phénomènes mystiques auxquels elles assistaient, comme les extases fréquentes. Beaucoup de gens se mirent à son service et considérèrent surtout comme un privilège d’être guidées spirituellement par Catherine. Ils l’appelaient «maman», car en tant que fils spirituels, ils puisaient en elle la nourriture de l’esprit.
Aujourd’hui aussi l’Eglise tire un grand bénéfice de l’exercice de la maternité spirituelle de nombreuses femmes, consacrées et laïques, qui nourrissent dans les âmes la pensée pour Dieu, qui renforcent la foi des personnes et qui orientent la vie chrétienne vers des sommets toujours plus élevés. «Je vous dis et je vous appelle mon fils — écrit Catherine en s’adressant à l’un de ses fils spirituels Giovanni Sabbatini —, dans la mesure où je vous mets au monde par des prières incessantes et mon désir auprès de Dieu, comme une mère met son fils au monde» (Recueil de lettres, Lettre n. 141: A dom Giovanni de’ Sabbatini). Elle avait l’habitude de s’adresser au frère dominicain Bartolomeo de Dominici par ces mots: «Bien-aimé et très cher frère et fils dans le doux Christ Jésus».
Un autre trait de la spiritualité de Catherine est lié au don des larmes. Celles-ci expriment une extrême et profonde sensibilité, la capacité à s’émouvoir et à éprouver de la tendresse. De nombreux saints ont eu le don des larmes, renouvelant l’émotion de Jésus lui-même, qui n’a pas retenu et caché ses pleurs devant le sépulcre de son ami Lazare et la douleur de Marie et de Marthe, et à la vue de Jérusalem, au cours de ses derniers jours terrestres. Selon Catherine, les larmes des saints se mélangent au Sang du Christ, dont elle a parlé avec un ton vibrant et des images symboliques très efficaces: «Rappelez-vous du Christ crucifié, Dieu et homme (...) Donnez-vous pour objet le Christ crucifié, cachez-vous dans les plaies du Christ crucifié, noyez-vous dans le sang du Christ crucifié» (Recueil de lettres, Lettre n. 21; A une personne que l’on ne nomme pas).
Nous pouvons ici comprendre pourquoi Catherine, bien que consciente des fautes humaines des prêtres, ait toujours éprouvé un très grand respect pour eux: ces derniers dispensent, à travers les sacrements et la Parole, la force salvifique du Sang du Christ. La sainte de Sienne a toujours invité les saints ministres, et également le Pape, qu’elle appelait «doux Christ de la terre», à être fidèles à leurs responsabilités, toujours et seulement animée par son amour profond et constant pour l’Eglise. Avant de mourir, elle dit: «Alors que je quitte mon corps, moi en vérité j’ai consommé et donné ma vie dans l’Eglise et pour la Sainte Eglise, ce qui m’est une grâce très particulière» (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 363).
Nous apprenons donc de sainte Catherine la science la plus sublime: connaître et aimer Jésus Christ et son Eglise. Dans le Dialogue de la Divine Providence celle-ci, à travers une image singulière, décrit le Christ comme un pont lancé entre le ciel et la terre. Celui-ci est formé de trois marches constituées par les pieds, par le côté et par la bouche de Jésus. En s’élevant grâce à ces marches, l’âme passe à travers les trois étapes de chaque voie de sanctification: le détachement du péché, la pratique de la vertu et de l’amour, l’union douce et affectueuse avec Dieu.
Chers frères et sœurs, apprenons de sainte Catherine à aimer avec courage, de manière intense et sincère, le Christ et l’Eglise. Faisons donc nôtres les paroles de sainte Catherine que nous lisons dans le Dialogue de la Divine Providence, en conclusion du chapitre qui parle du Christ-pont: «Par miséricorde, tu nous as lavés dans le Sang, par miséricorde, tu voulus converser avec les créatures. O fou d’amour! Il ne t’a pas suffi de t’incarner, mais tu voulus aussi mourir! (...) O miséricorde! Mon cœur étouffe en pensant à toi: car où que je me tourne, je ne trouve que miséricorde» (chap. 30). Merci.
* * *
Chers amis, puisse sainte Catherine de Sienne nous apprendre ainsi la science la plus sublime: aimer avec courage intensément et sincèrement Jésus Christ et aimer l’Eglise! Je salue cordialement les pèlerins francophones: bon séjour à tous!
Source : Le site du Vatican
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28/04/2015
28 avril : l'Eglise fête Sainte Jeanne Beretta Molla
Sainte Jeanne Beretta Molla
Mère de famille, médecin exemplaire
Gianna Beretta naît à Magenta (Milan) le 4 octobre 1922. Dès son enfance, elle accueille avec une adhésion totale le don de la foi et une éducation fortement chrétienne qu'elle reçoit de ses parents extraordinaires. Ceci la porte à considérer la vie comme un don merveilleux de Dieu, à avoir confiance en la Providence, à être certaine de la nécessité et de l'efficacité de la prière.
Durant les années de lycée et d'université, alors qu'elle s'adonne avec sérieux aux études, elle traduit sa foi en s'engageant dans un apostolat généreux pour les jeunes de l'Action Catholique Italienne et charitable pour les personnes âgées et les pauvres avec la Conférence St-Vincent-de-Paul.
Docteur en médecine et en chirurgie en 1949 à l'Université de Pavie, elle ouvre en 1950 un dispensaire à Mesero, près de Magenta. Elle se spécialise en pédiatrie à l'Université de Milan en 1952 et préfère parmi ses assistés les mamans, les enfants, les personnes âgées et les pauvres.
Alors qu'elle remplit sa charge de médecin, qu'elle ressent et pratique comme une « mission », elle accroît encore son engagement dans l'Action Catholique, en se donnant sans compter pour les « plus jeunes ». En même temps, elle exprime en faisant du ski et de l'alpinisme sa grande joie de vivre et son bonheur de jouir de l'œuvre de Dieu dans la nature. Elle s'interroge, prie et fait prier pour sa vocation qu'elle considère aussi comme un don de Dieu. En choisissant l'appel au mariage, elle y répond avec tout son enthousiasme et elle s'y donne totalement : « pour former une famille vraiment chrétienne ».
Elle se fiance avec l'Ingénieur Pietro Molla et, durant les fiançailles, elle est radieuse par son comportement et par son sourire. Elle en remercie sans cesse le Seigneur. Elle se marie le 24 septembre 1955 dans la basilique St-Martin à Magenta. Elle est une femme heureuse. En novembre 1956, elle devient maman pour la première fois : Pierluigi naît ; puis en décembre 1957, c'est Mariolina ; en juillet 1959, c'est Laura la troisième. Elle sait harmoniser avec simplicité et équilibre ses devoirs de mère, d'épouse, de médecin et sa grande joie de vivre.
En septembre 1961, vers le 2ème mois d'une nouvelle grossesse, elle connaît la souffrance et le mystère de la douleur : un fibrome à l'utérus apparaît. Il faut l'opérer. Tout en sachant les risques que cela comporte de continuer la grossesse, elle supplie le chirurgien de ne pas recourir à l'avortement, mais de sauver la vie qu'elle porte en elle et elle se confie à la prière et à la Providence.
La vie est sauve. Elle remercie le Seigneur et passe les 7 mois qui la séparent de la naissance avec une force d'âme incomparable et avec une ardeur de chaque instant comme mère et médecin. Anxieuse, elle craint que son bébé puisse naître souffrant et demande à Dieu que cela lui soit épargné.
Quelques jours avant l'accouchement, tout en se confiant pleinement à la Providence, elle est prête à donner sa vie pour sauver celle de son enfant : « Si vous devez décider entre moi et l'enfant, n'hésitez pas : choisissez, et je l'exige, l'enfant. Sauvez-le ». Le matin du 21 avril 1962, Gianna Emanuela est née, saine et sauve.
Le matin du 28 avril, malgré tous les efforts et les soins pour sauver aussi la mère, au milieu de douleurs indicibles, après avoir répété: « Jésus, je t'aime. Jésus, je t'aime », elle meurt saintement.
Elle avait 39 ans. Son enterrement est une grande manifestation unanime de profonde émotion, de foi et de prière. Elle repose aujourd'hui au cimetière de Mesero, à 4 km de Magenta.
« Immolation préméditée », c'est ainsi que le Bx Paul VI a défini le geste de Jeanne Beretta à l'Angélus du 23 décembre 1973 en évoquant « Une jeune mère du diocèse de Milan qui, pour donner la vie à sa fille, a sacrifié la sienne dans une immolation préméditée ». La référence christologique au Calvaire et à l'Eucharistie du Saint Père est évidente.
Gianna Beretta Molla a été béatifiée le 24 avril 1994, lors de l'Année Internationale de la Famille, et canonisée, le 16 mai 2004, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
L'Ingénieur Pietro Molla, avec les enfants Pierluigi, Laura et la dernière fille Gianna Emanuela, étaient présents lors de la cérémonie : c’était la première fois, dans l’histoire millénaire de l’Église, qu’il se vérifiait un cas pareil.
Source : L'Evangile au Quotidien
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28 avril : l'Eglise fête Saint Louis-Marie Grignion de Montfort
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort
Fondateur d'ordres religieux,
Docteur de la médiation de Marie
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ouis-Marie Grignion de La Bacheleraie naît à Montfort-la-Cane, alors du diocèse de Saint-Malo, aujourd'hui de celui de Rennes, le 31 janvier 1673. Par esprit de religion et d'humilité, il abandonna plus tard le nom de sa famille, pour prendre celui du lieu de sa naissance et de son baptême. Sa première éducation fut pieuse et forte ; il la compléta chez les Jésuites de Rennes, où il acquit la réputation d'un saint Louis de Gonzague.
La Providence le conduisit ensuite à Paris, pour y étudier en diverses maisons tenues par les Sulpiciens, et à Saint-Sulpice même. Dans ce séminaire, où il brilla par son intelligence et sa profonde piété, on ne comprit pas assez les vues de Dieu sur lui. Dieu le permit ainsi pour le former à l'amour de la Croix, dont il devait être l'apôtre passionné. C'est à l'école de Saint-Sulpice qu'il puisa toutefois son merveilleux amour de Marie et qu'il se prépara à devenir son apôtre et son docteur.
Jeune prêtre, ordonné en juin 1700, il fut d'abord aumônier à l'hôpital de Poitiers, où il opéra une réforme aussi prompte qu'étonnante. Ballotté ensuite pendant quelques temps par les persécutions que lui suscitaient les Jansénistes, il se rendit à Rome en vue de s'offrir au Pape pour les missions étrangères, et il reçut du Souverain Pontife l'ordre de travailler à l'évangélisation de la France.
Dès lors, pendant dix ans, il va de missions en missions, dans plusieurs diocèses de l'Ouest, qu'il remue et transforme par sa parole puissante, par la flamme de son zèle et par ses miracles. Il alimente sa vie spirituelle dans une prière continuelle et dans des retraites prolongées, il est l'objet des visites fréquentes de la Sainte Vierge. Ses cantiques populaires complètent les fruits étonnants de sa prédication ; il plante partout la Croix ; il sème partout la dévotion au Rosaire : il prépare providentiellement les peuples de l'Ouest à leur résistance héroïque au flot destructeur de la Révolution, qui surgira en moins d'un siècle.
Les cinq années d'avant sa mort en 1716 furent pour Louis-Marie des années d'activité intense. Il était constamment occupé à prêcher des missions et se rendait de l'une à l'autre à pied. Il trouva pourtant le temps d'écrire: le « Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge », « Le Secret de Marie », les « Règles des Filles de la Sagesse (ou de la Providence) », et de nombreux Cantiques qu'il utilisait dans ses missions en les faisant chanter sur des airs de danse de l'époque. Il entreprit deux longs voyages, l'un à Paris et l'autre à Rouen, pour essayer de trouver des recrues pour sa Compagnie de Marie dont il rêvait de plus en plus alors que sa vie tirait à sa fin. De temps à autre aussi il éprouvait le besoin de se retirer dans un endroit paisible et isolé, tel que la Forêt de Mervent ou son petit ermitage de Saint-Eloi près de La Rochelle.
Ses missions ont exercé une grande influence, surtout en Vendée. On a dit que l'une des raisons pour lesquelles les habitants de cette région sont restés fortement opposés aux tendances antireligieuses et anticatholiques de la Révolution Française 80 ans plus tard, était que leur foi avait été affermie par la prédication de saint Louis-Marie. Il eut pourtant beaucoup de difficulté à persuader d'autres prêtres de s'adjoindre à lui et travailler avec lui comme membres de la Compagnie de Marie. Finalement, au cours de sa dernière année, deux prêtres, les Abbés René Mulot et Adrien Vatel, s'adjoignirent à lui, et il réunit aussi autour de lui un certain nombre de Frères qui l'aidaient dans sa tâche.
L'évêque de La Rochelle, Mgr. Etienne de Champflour, resta pour lui un grand ami, même si d'autres continuaient de s'opposer à lui et même attentaient à sa vie. Avec l'appui de l'évêque, il fonda des écoles charitables pour les enfants pauvres de La Rochelle, et invita Marie-Louise Trichet et Catherine Brunet, qui attendaient patiemment à Poitiers depuis dix ans, à venir l'aider. Elles firent enfin leur profession religieuse et c'est ainsi que naquit la congrégation des « Filles de la Sagesse ». Bientôt d'autres se joignirent à elles.
En avril 1716, épuisé par le travail et la maladie, Louis-Marie se rendit finalement à Saint-Laurent-sur-Sèvre pour commencer à prêcher la mission qui devait être la dernière. Il tomba malade au cours de la mission et mourut le 28 avril.
Des milliers de personnes assistèrent à ses funérailles dans l'église paroissiale, et peu de temps après le bruit se répandit que des miracles avaient eu lieu à son tombeau.
Louis-Marie Grignion de Montfort fut béatifié le 22 janvier 1888, par le pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903), et canonisé le 20 juillet 1947, par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958).
Les congrégations qu'il a données à l'Église, la « Compagnie de Marie », les « Filles de la Sagesse », et les « Frères de Saint Gabriel » (congrégation qui se développa à partir du groupe de Frères réunis par saint Louis-Marie), se sont développées et propagées, en France d'abord et ensuite dans le monde entier. Elles continuent de témoigner du charisme de saint Louis-Marie, et prolongent sa mission, qui est d'établir le Royaume de Dieu, le Règne de Jésus par Marie.
Pour un approfondissement biographique :
Téléchargement gratuit des Œuvres complètes
Dispositions pour bien mourir
Dictionnaire de la Spiritualité Montfortaine
Prières du Matin et du Soir
Le Contrat d'Alliance avec Dieu
Règles des Prêtres Missionaires de la Compagnie de Marie
Lettre Circulaire aux habitants de Montbernage
Lettre Circulaire aux Amis de la Croix
Lettres
Lettre aux Associés de la Compagnie de Marie
Méthodes pour réciter le Rosaire
Le Secret Admirable du Très Saint Rosaire
TVD (Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge)
ASE (L'Amour de la Sagesse Eternelle) (1703 - 1704)
Le Secret de Marie
La Prière Embrasée
Les Cantiques
Source : l'Evangile au Quotidien
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Jean d'Ormesson a bénéficié de l'école à la maison
L'écrivain Jean d'Ormesson, de l'Académie française, raconte ses souvenirs de l'instruction en famille dont il a bénéficié.
Jean d'Ormesson est né à Paris le 16 juin 1925. Son père étant ambassadeur, il vit, dès son plus jeune âge, dans différents pays dont la Bavière, la Roumanie et le Brésil. Il passe une partie de son enfance au château de Saint-Fargeau qui appartenait à sa mère. Il fait ses études au Lycée Henri-IV [hypokhâgne, classes préparatoires après le baccalauréat] à Paris et intègre l'Ecole Normale Supérieure. Licencié en Lettres et Histoire, il est également agrégé de Philosophie. Il mène une carrière d'écrivain à succès et en 1971, il est récompensé par le Grand prix du roman de l'Académie française pour La Gloire de l'Empire. Il est élu Académicien le 18 octobre 1973 au fauteuil 12, précédemment occupé par Jules Romains. (Source: Notice biographique sur France Inter)
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26/04/2015
C'était il y a dix ans: "Priez pour moi afin que je ne me dérobe pas devant les loups"
Le dimanche 24 avril 2015, il y a dix ans, le Pape Benoît XVI prononçait la mémorable homélie de la Messe inaugurale de son pontificat. Il avait notamment déclaré:
"Une des caractéristiques fondamentales du pasteur doit être d’aimer les hommes qui lui ont été confiés, comme les aime le Christ, au service duquel il se trouve. «Sois le pasteur de mes brebis», dit le Christ à Pierre, et à moi, en ce moment. Être le pasteur veut dire aimer, et aimer veut dire aussi être prêt à souffrir. Aimer signifie: donner aux brebis le vrai bien, la nourriture de la vérité de Dieu, de la parole de Dieu, la nourriture de sa présence, qu’il nous donne dans le Saint-Sacrement. Chers amis – en ce moment je peux seulement dire: priez pour moi, pour que j’apprenne toujours plus à aimer le Seigneur. Priez pour moi, pour que j’apprenne à aimer toujours plus son troupeau – vous tous, la Sainte Église, chacun de vous personnellement et vous tous ensemble. Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups. Priez les uns pour les autres, pour que le Seigneur nous porte et que nous apprenions à nous porter les uns les autres."
Homélie de Sa Sainteté Benoît XVI durant la Messe inaugurale de son pontificat, Place Saint-Pierre, dimanche 24 avril 2005.
19:15 Publié dans Religion | Tags : benoît xvi | Lien permanent | Commentaires (0)
25/04/2015
"On est appelé pour être envoyé"
Comment discerner son appel, sa mission, sa vocation ? Est-ce la même chose ? Théologien et aumônier d’étudiants, le Père Alexis Leproux est confronté à des jeunes qui s’interrogent sur leur voie. Il propose ici quelques étapes d’un juste discernement.
Le Père Alexis Leproux, 43 ans, a lancé Even (École du Verbe éternel et nouveau) en 2006. Cette soirée hebdomadaire de formation chrétienne rassemble plus de 1 500 jeunes dans plus d’une vingtaine de paroisses en France, dont celle de Saint-Germain-des-Prés (Paris) où il est vicaire. Alexis Leproux est également professeur d’Écriture sainte à la Faculté Notre-Dame, au Collège des Bernardins (Paris).
Vocation, mission… est-ce la même chose ?
On confond souvent ces deux notions. Elles désignent pourtant deux mouvements bien distincts, quoique complémentaires : on reçoit une vocation en vue d’une mission. Quand le Christ appelle un disciple à marcher derrière Lui, c’est pour l’envoyer en mission jusqu’aux périphéries du monde.
Comment définir la vocation ?
C’est être appelé par l’Unique, être appelé par son nom pour être envoyé vers un autre. Nul n’est appelé pour soi-même, mais pour cet autre que Dieu cherche. Une personne qui partirait en mission sans être appelée serait un imposteur.
Discerner sa vocation – et donc sa mission – n’est pas toujours évident…
En effet. Pour certains, l’appel est entendu facilement et précocement ; pour d’autres, il faut attendre parfois longtemps. Une parabole évoque ces ouvriers de la dernière heure que personne n’a embauchés. Ils sont assis sur la place en attendant l’appel. Une parole survient alors, à la dernière heure, qui les envoie dans la vigne du maître.
Tout envoi en mission est l’occasion de donner du fruit. Il est intéressant de regarder comment l’éducation prépare ou non cette possibilité de se reconnaître comme créature appelée, capable de donner une réponse libre, pour servir sans rien attendre en retour, afin de donner la vie en abondance.
Il peut y avoir aussi des difficultés dans la mission…
Oui. Ce n’est pas parce qu’on a été appelé et bien formé (au séminaire, au noviciat), ou que l’on a suivi une belle préparation au mariage, que la mission va être facile et bien accomplie. Il y a les difficultés de l’appel mais aussi celles de la mission : fidélité à celle qu’on a reçue, persévérance dans l’attente des fruits, humilité devant l’œuvre accomplie, etc. Autant d’épreuves qu’il faut apprendre à traverser avec la grâce de Dieu.
Le mot « mission » n’a-t-il pas deux sens : d’une part, l’envoi apostolique que reçoit tout chrétien ; d’autre part, la mission de réalisation personnelle, de croissance humaine, que reçoit toute personne ?
Les mots ont plusieurs sens. Vocation, mission, mariage… n’y échappent pas. La vocation, c’est d’abord cet appel originel à l’existence : Dieu prononce mon nom et je deviens ce que je suis. Nos noms sont ainsi inscrits dans son Cœur, et notre vocation est un appel quotidien à aimer éternellement. Notre mission fondamentale, quels que soient nos états de vie, c’est d’entrer dans la louange du Fils à la gloire de son Père, vivre le Notre Père, c’est-à-dire présenter toute chose au Père.
Ce sont les deux mouvements, selon saint Jean, qui consistent à sortir de Dieu pour retourner vers Dieu. Ils vont se traduire de mille manières en fonction de l’âge, de la vie, de la réponse libre, du contexte historique, etc. Thérèse de Lisieux découvre précocement, par un désir intime, qu’elle est appelée à être carmélite et cet appel n’attend pas. Quant à Jeanne d’Arc, ce sont les voix du Ciel qui lui révèlent son incroyable mission : sauver le royaume de France.
Peut-on découvrir seul sa mission ?
Non, on ne fait jamais rien tout seul ! On ne fait pas un bébé tout seul, on ne s’ordonne pas prêtre tout seul. Une vocation, quelle qu’elle soit, est toujours située dans une relation d’alliance avec Dieu et avec les hommes. Quand Jésus pose son regard sur moi, Il me dit : « Alexis, je t’aime et j’ai besoin de toi pour construire, avec tes frères, mon Église à Paris ». C’est à la fois très personnel et très communautaire ! Dans le jardin de la Résurrection, le Christ appelle Marie par son nom, elle répond, et Il l’envoie vers ses frères en Galilée. La liberté n’est pas d’être seul et de « faire ce qu’on veut » ; c’est être amoureusement uni au Christ pour ne jamais vouloir autre chose que ce que veut son corps qui est l’Église.
Nos goûts et nos désirs ne sont-ils pas des signes pour discerner ?
Oui. Si je suis dominicain, c’est probablement par un goût particulier pour la parole de Dieu. Si j’épouse Faustine, c’est parce que je suis amoureux de sa personne, de son visage, de son être tout entier.
Mais attention : il ne suffit pas d’avoir « envie de faire ça » pour que ce soit un signe. La difficulté principale, c’est de vouloir vraiment ce que je veux ! Un jeune désire souvent, comme sainte Thérèse, tout à la fois : se marier, être parent, aider les pauvres, faire de la politique… C’est pourtant la porte étroite du choix qui nous ouvre à la vie. Sainte Thérèse, carmélite à Lisieux, n’a pas annoncé l’Évangile à Hong Kong ! Elle est pourtant patronne des missions. C’est en vivant pleinement sa propre vie, son appel singulier, que l’on est conduit à l’universalité de l’amour, à sa hauteur, à sa profondeur, à sa largeur…
Y a-t-il des étapes dans le discernement d’un appel ?
J’en distingue cinq. Premier mouvement : passer du désir à la parole. Je connais des gens qui veulent se marier et qui n’osent pas le confier à la personne concernée ! Si j’ai le désir d’être prêtre, je vais en parler à quelqu’un qui m’aidera à discerner. Passer à la parole est la base du discernement.
Deuxièmement : passer de la parole à la patience. Il faut laisser les choses mûrir, donner du temps au temps.
Troisième mouvement : passer de la patience à la décision. Il y a un pas à faire : on choisit sa route. Ce n’est pas encore un choix définitif, mais c’est déjà déterminé.
Puis, il y a le chemin de l’écoute : je dois réfléchir cette décision à la lumière de la parole de Dieu. C’est le temps des fiançailles, du séminaire…
Enfin, survient le moment très beau de la parole définitive, du « pour toujours ». C’est le temps du choix sans retour : le mariage, l’ordination, la consécration… La vie éternelle en est la marque absolue.
Quelle vous paraît être, aujourd’hui, la difficulté majeure à ce discernement ?
La tentation du zapping : tout le monde a envie de toucher à tout. Or l’obéissance de la foi nous invite à être tout ce que l’on est, mais seulement ce que l’on est. Lorsque Vatican II invite les baptisés à accomplir leur mission dans le monde, il ne demande pas aux laïcs de jouer aux prêtres ou aux carmélites : il leur demande d’être pleinement chrétiens dans leur état de vie. L’Église est ainsi construite par tous les fidèles qui accomplissent leur charge spécifique. Les « cléricaliser » serait dramatique !
Finalement, comment savoir ce que Dieu attend de moi ?
Deux paroles me guident : le « Connais-toi toi-même » de Socrate, et le « Viens et suis-moi » de Jésus. Il me semble que la première ne se réalise vraiment qu’en vivant la seconde. C’est l’amitié fidèle avec le Christ qui nous ouvre à nous-même et aux autres.
N’y a-t-il pas beaucoup de jeunes qui prient et qui ne trouvent pas leur voie ?
Je ne crois pas ! La plupart la trouvent. Soulignons toutefois qu’il ne suffit pas de se poser devant le Saint-Sacrement. Nous avons besoin de la parole de Dieu, d’une vie communautaire et d’un dialogue fraternel. L’adoration doit être accompagnée d’un travail de mémoire, de lecture de sa propre histoire, de lecture de la vie du Christ.
Quand un jeune vient vous demander : « Comment savoir si Dieu m’appelle ? », que lui conseillez-vous ?
D’abord, faire mémoire de sa vie, de sa -naissance, de sa jeunesse… Pour qu’il écoute Dieu lui parler dans son histoire. La Parole s’incarne dans les événements de nos vies. La Vierge Marie est la « mère » incomparable du discernement spirituel : « Marie méditait tous ces événements dans son cœur ». Un autre grand maître, Ignace de Loyola (XVIe siècle), ravive cette tâche capitale par l’expérience des Exercices spirituels. En faisant mémoire de ce que l’on a vécu dans sa journée, sa semaine, en redécouvrant les événements, les désirs, les rencontres, en discernant les vanités, les fausses joies mais aussi les vraies, se dégage dans la lumière de la foi une perspective, se dessine un horizon.
Les jeunes chrétiens ne sont-ils pas habitués à ce travail ?
Pas toujours. Le défi reste de plonger en soi pour y découvrir Celui qui y demeure, le Verbe. Il faut arrêter de croire qu’on peut tout et qu’on peut tout avoir en surface. Ce qui fait une personne solide, c’est son ancre ou sa quille. De nombreux jeunes ont le mal de mer dans leur vie car ils sont ballottés d’une vague à l’autre, d’un désir à l’autre, d’une -activité à l’autre… Ils n’ont pas cette profondeur qui donne du poids aux choses, qui offre un équilibre pour affronter la haute mer.
Chaque vocation est-elle unique ?
Je connais des jumelles qui sont toutes deux religieuses, aux antipodes l’une de l’autre : la première est Sœur de la Charité en Éthiopie, la seconde est Sœur de Bethléem dans un ermitage en France. L’une vit avec 3 000 pauvres et accompagne une quinzaine de mourants par jour ; l’autre ne voit personne. Or chacune d’elle me confiait : « Je suis tellement admirative de ma sœur ! Comment fait-elle pour vivre cela ? » Leur vocation à chacune est unique et nullement interchangeable. Le corps de l’Église est ainsi génialement conçu. L’une et l’autre reçoivent l’humble joie d’être à leur place et de s’y donner à fond. Cela rayonne et jette sur la terre ce beau feu que nous espérons tous.
Source : Famille Chrétienne
> Supplément Famille Chrétienne "Découvrir la mission de sa vie"
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28 avril 2015 : Conférence du Père Dijon sur la dignité
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