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24/02/2015

La gestation pour autrui progressivement imposée par la CEDH

Gregor Puppinck, eclj, gpa, cedhAprès avoir condamné l’Italie le 27 janvier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) examine trois nouvelles affaires de gestation pour autrui (GPA) mettant en cause la France. Pour Grégor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice, cette succession d’affaires vise à imposer sa libéralisation.

Une nouvelle affaire de gestation pour autrui a été examinée par la Cour européenne des droits de l’homme en janvier. Quels sont les faits et les conclusions de la Cour ?

Le 27 janvier, dans l’affaire Paradiso, la Cour a condamné l’Italie pour avoir retiré à un couple l’enfant acheté 49 000 euros à Moscou en 2011. L’Italie avait refusé de reconnaître l’acte de naissance russe qui indiquait le couple comme parents et avait décidé de retirer l’enfant pour le confier à l’adoption.

Saisie par le couple, la CEDH a reconnu que l’Italie pouvait refuser de reconnaître la filiation russe car la démarche du couple constituait une fraude à la loi et une atteinte à l’ordre public. En revanche, elle a estimé que l’Italie ne pouvait pas retirer l’enfant au couple. Elle a estimé que ce dernier s’est comporté « comme des parents » durant quelques mois – alors qu’ils n’avaient aucun lien biologique avec l’enfant – et que cela suffit en soi à constituer une « vie familiale » protégée par la Convention européenne des droits de l’homme. Selon la Cour, pour pouvoir retirer l’enfant, il aurait fallu des motifs tels que des violences physiques ou des actes de pédophilie.

Dans cette affaire, les juges n’ont pas considéré que les conditions de la naissance de l’enfant – le fait qu’il ait été acheté et que le couple ait agi en fraude à la loi – étaient des motifs graves…

Quelles sont les conséquences de cette décision ?

La Cour présuppose qu’il est indifférent, au pire conforme à l’intérêt de l’enfant, d’être éduqué par les personnes qui l’ont acheté, qui ont abusé de la pauvreté de ses parents et l’ont constitué orphelin. La Cour de Strasbourg s’estime mieux placée que les juridictions italiennes, qui elles ont vu l’enfant et le couple, pour apprécier l’intérêt de l’enfant.

Cette décision va à l’encontre du droit international qui interdit la vente d’enfants et qui oblige les États à ne pas donner effet à cette vente.

Si l’on s’en tient aux arguments des juges, il suffit de vivre six mois avec un enfant, quel que soit le moyen par lequel vous l’avez obtenu, pour pouvoir le garder… au nom de l’intérêt de l’enfant ! L’achat d’un enfant confère ainsi aux acquéreurs un droit sur cet enfant au nom de l’intérêt de l’enfant tel que déterminé par les juges. D’un crime naît un droit. Cette décision va à l’encontre du droit international qui interdit la vente d’enfants et qui oblige les États à ne pas donner effet à cette vente.

Comment expliquer que la Cour ait adopté cette position ?

La CEDH ne considère pas, ou plus, la façon dont sont obtenus ces enfants car cela irait à l’encontre des phénomènes contemporains majeurs que sont l’explosion de la famille (divorce, familles recomposées, mariage gay…) et les nouvelles possibilités de procréation artificielle. La Cour, comme une partie de la société, agit comme si l’origine et le cadre de vie des enfants étaient secondaires, comme si la famille n’était qu’un amalgame temporaire d’individus libres. Combien sont prêts à renoncer à la liberté de divorcer pour le bien des enfants ? De même, combien sont prêts à renoncer à la PMA et à la GPA ?

Plus fondamentalement, le remplacement de la « famille biologique stable » par la « famille contractuelle » comme modèle et réalité sociaux est une étape nouvelle du processus historique de « libération » individuelle dont les droits de l’homme sont l’un des principaux instruments. Pour libérer l’individu et créer une société égalitaire, il faudrait détruire la « famille biologique », car elle est non seulement l’unité sociale fondamentale, mais elle l’est aussi à travers les générations : une entité historique, vivante par laquelle se transmet le patrimoine familial dans toutes ses composantes biologiques, matérielles, culturelles et spirituelles. À l’inverse, la « famille contractuelle », qui a trouvé dans le Pacs son cadre juridique, correspond à une société atomisée d’individus prétendument libres et autonomes.

Les enfants, qu’ils soient élevés par des parents séparés, nés de GPA ou encore avortés, sont les premières victimes de ce système : leurs besoins fondamentaux sont sacrifiés à la « liberté » des adultes. La GPA fait d’autres victimes encore : les vendeurs de gamètes et les mères porteuses. La Cour détourne le regard de ces victimes de la GPA : qu’une femme abandonne son enfant contre de l’argent n’est pas son problème dès lors que l’enfant a été acheté légalement. Elle considère ces affaires du point de vue de l’adulte commanditaire.

À cet égard, il faut garder à l’esprit que, pour juger une situation, toute personne tend spontanément à se placer mentalement dans la situation en cause et à s’identifier au protagoniste auquel elle ressemble le plus, jugeant ainsi l’affaire depuis son point de vue.

Au total, nous en sommes déjà à six affaires traitées par la Cour.

La CEDH reconnaît donc la gestation pour autrui ?

Elle prend encore des pincettes sur cette question. Elle affirme d’ailleurs qu’elle ne se prononce pas sur le principe de la GPA en soi, et dit que l’Italie, comme tout autre pays, peut interdire cette pratique sur son territoire. Mais dans les faits, sa décision vide cette interdiction de son effectivité. Les deux juges dissidents (deux des sept juges) l’ont dit : « Cet arrêt réduit à néant, non seulement la faculté pour les États d’interdire la GPA, mais aussi la légitimité même d’un tel choix législatif ».

La GPA n’est en fait qu’un mode particulier de PMA, la Cour le reconnaît d’ailleurs dans l’affaire Mennesson. Il faut être bien conscient que la PMA conduit à la GPA, qui conduit à la vente d’enfant. La vente d’enfant est déjà inscrite dans la PMA, car la FIV devient une industrie et les « donneurs » de gamètes sont le plus souvent rémunérés.

La Cour de Strasbourg a annoncé le 3 février trois nouvelles affaires en lien avec la GPA concernant la France. Est-ce un hasard ?

Au total, nous en sommes déjà à six affaires traitées par la Cour. Les deux premières concernaient déjà la France (Mennesson et Labassée) au mois de juin dernier. En septembre, elle a publié un arrêt dans une affaire contre la Belgique, puis la semaine dernière cette affaire italienne (Paradiso). Le 3 février, la CEDH a informé le gouvernement français de trois nouvelles affaires.

Quels sont les faits ?

Ces affaires concernent des enfants conçus par GPA ayant un lien biologique avec l’un ou l’autre des adultes commanditaires. Mais, à l’inverse de l’affaire Mennesson, la transaction ne se situe plus dans le contexte estival de la Floride mais dans celui, miséreux, de l’Ukraine et de l’Inde.

Le premier couple est constitué de cadres supérieurs français vivant à Dubaï. Pour effectuer leur GPA, ils décident de s’installer en Ukraine plusieurs semaines.

Les deux autres cas concernent des hommes ayant conçu des enfants par GPA dans une même clinique indienne. Ici, les enfants sont à la fois ceux de chaque homme mais aussi certainement ceux des mères porteuses. C’est une GPA low-cost. Dans l’une au moins des deux affaires indiennes, l’acquéreur est pacsé avec un autre homme qui a aussi eu recours à la GPA en Inde. Ce sera la première affaire de « GPA » impliquant des personnes de même sexe traitée par la Cour, mais elle se refusera certainement à tenir compte de cette circonstance au nom du principe de non-discrimination.

La CEDH a donc bien l’intention de faire passer la gestation pour autrui…

Elle l’impose progressivement mais rapidement. La Cour a commencé par l’affaire Mennesson et Labassée, ses affaires de référence par lesquelles elle a posé ses principes à l’occasion d’une affaire mettant en cause des couples hétérosexuels mariés ayant un lien génétique avec l’enfant conçu en Floride. Sur cette base, dans l’affaire Paradiso, la Cour est allée plus loin en statuant cette fois sur un couple non marié et sans lien génétique avec l’enfant conçu en Russie.

Dans les affaires françaises, cette fois, il s’agit d’un cas de GPA pour une personne homosexuelle et pratiquée dans une « usine à bébés » indienne. Malgré ces différences de circonstances, de plus en plus sinistres, c’est le même principe qui est imposé. C’est un engrenage, suivant un « rythme imposé par notre Cour », comme le reconnaît Dean Spielmann, le président de la Cour lors de l’audience solennelle du 30 janvier. Et c’est suivant ce « rythme » qu’elle a rendu publiques les nouvelles affaires françaises quelques jours à peine après l’arrêt Paradiso.

Le gouvernement français ne parvenait pas à imposer lui-même la GPA : des juges de la Cour de Strasbourg le font à sa place.

Dans l’esprit du public, une affaire chasse l’autre, mais selon la méthode de la Cour, chacune se construit sur la précédente, car la Cour se cite elle-même. Dire que cette méthode relève de l’orchestration n’est pas abusif : c’est ainsi que M. Spielmann décrit, lyriquement, l’interaction entre la Cour et les États en la comparant à la « danse sacrale » du Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky (1). Il indique qu’en matière de GPA, « notre Cour a été invitée […] à imprimer son tempo », et il se réjouit, à propos de la condamnation de la France de juin dernier, qu’« [e]n décidant de ne pas demander le renvoi de cette affaire devant la Grande Chambre, le gouvernement français a apporté la preuve de ce que la décision adoptée était acceptable ».

Cela signifie que le gouvernement français est d’accord pour continuer à danser, et pourquoi pas en accélérant le rythme. Celui-ci est consentant : il accepte que le droit français soit « violé » jusque dans ses principes d’ordre public. Il ne parvenait pas à imposer lui-même la GPA : des juges de la Cour de Strasbourg le font à sa place, conscients que cette décision sera bien accueillie par l’actuel gouvernement. C’est encore le président Spielmann qui le dit : « Nous nous interrogeons bien évidemment sur la manière dont nos arrêts sont reçus ».

Existe-t-il des recours pour stopper cette jurisprudence ?

Il ne reste qu’une seule possibilité : que l’Italie demande le renvoi de l’affaire Paradiso devant la Grande Chambre, qui peut opérer un revirement car la GPA n’a pour l’instant pas fait l’objet d’un arrêt. Il serait nécessaire que plusieurs États européens soutiennent une telle demande. Car si l’Italie accepte sa condamnation, la tendance sera confirmée.

La France peut-elle décider de sortir de la CEDH pour ne plus se voir imposer cette jurisprudence ?

Techniquement, c’est possible. Politiquement, c’est improbable : cela provoquerait la disparition de la Cour et du Conseil de l’Europe. Une telle institution est un miracle qui pourrait avoir une fin.

Plusieurs pays parlent de quitter la Cour : non seulement la Russie, mais aussi l’Angleterre, et plus récemment la Suisse où un référendum à ce sujet pourrait acter la supériorité de la Constitution helvétique sur la jurisprudence de la Cour. Il en a aussi été question en Macédoine.

En France, notamment au sein de l’UMP, cette question est posée de plus en plus fréquemment. Cela s’explique par l’orientation idéologique de la Cour sur les choix de société, mais aussi parce qu’il lui est de plus en plus reproché de porter atteinte aux souverainetés nationales et même d’être un obstacle à la lutte contre le terrorisme par la protection qu’elle accorde à des terroristes islamistes extra-européens menacés d’expulsion.

Le pouvoir de la Cour européenne des droits de l’homme dépasse celui des États, mais avec leur consentement.

Pour ma part, je souhaite le maintien de la CEDH car elle fait un travail excellent et nécessaire dans la plupart des affaires qui lui sont soumises. Mais elle devrait juguler l’activisme idéologique de certains juges qui nuisent à la crédibilité de l’ensemble de la Cour et la mettent en péril. Elle est menacée par 2 % d’affaires idéologiques et médiatiques, alors que ce sont les 98 % d’affaires ordinaires (en matière de détention, de torture, de procédure judiciaire, etc.) qui font sa réelle valeur et son utilité.

La CEDH ne s’arroge-t-elle pas un pouvoir qui dépasse celui des États ?

Oui, son pouvoir dépasse celui des États, mais avec leur consentement. Elle se dit « conscience de l’Europe », c’est-à-dire arbitre du juste et du bien, autorité morale. Il faut bien comprendre que les « droits de l’homme » ne sont pas du droit mais de la morale, et que la CEDH n’est pas vraiment une juridiction, mais effectivement une « conscience » : le lieu où s’exerce le jugement moral. Sa jurisprudence est d’ailleurs largement structurée sur la philosophie morale et constitue un véritable magistère, autoréférencé, en quête de cohérence et d’universalité. Cette morale entend corriger et encadrer la démocratie politique en ce qu’elle a de contingent.

La supériorité de la Cour n’est autre que celle de la vérité sur le nombre, de la justice sur la politique. On ne sort pas de la théocratie : l’ordre politique doit être sommé, couronné, par un ordre moral, fût-il matérialiste et athée. Le matérialisme et l’athéisme promettent aussi un absolu de liberté, mais à l’encontre des déterminismes, de la vie, de la mort, et finalement de Dieu, pour la plus grande gloire de « l’homme ». Ce rêve surhumain conduit notamment au chlorure de potassium et à la vente d’enfant.

Antoine Pasquier

(1) La « danse sacrale » est l’épisode final du Sacre du Printemps dans lequel une jeune fille est sacrifiée au dieu païen de la nature sous le regard de « vieux sages ».

 

La GPA : une atteinte grave à la dignité humaine

La gestation pour autrui est un sujet de préoccupation croissant dans le débat politique et juridique à travers toute l’Union européenne. Dans ce contexte, le groupe de travail de la Comece sur l’éthique dans la recherche et les soins de santé a publié un « Avis sur la gestation pour autrui : la question de sa régulation au niveau européen et international ». Il est présenté ce lundi 23 février au Parlement européen lors d’une conférence sous le patronage de l’eurodéputé Miroslav Mikolasik.

Ce texte explique pourquoi toutes formes de gestation pour autrui constituent une atteinte grave à la dignité humaine de ceux qui sont impliqués dans cet échange ; en particulier le fait que cette pratique instrumentalise la mère porteuse (souvent piégée dans la pauvreté et trafiquée sans scrupule) et traite l’enfant comme un objet. C’est pourquoi on ne peut en aucune circonstance consentir à une telle pratique.

Tout en prenant en considération les compétences de l’Union européenne en la matière, l’avis recommande, comme une première étape envisageable, d’évaluer la faisabilité du refus de transcrire les certificats de naissance établis dans les pays de naissance. Cela permettrait de juguler une pratique qui, comme l’avis le démontre dans une argumentation en trois étapes, va à l’encontre des valeurs fondamentales auxquelles adhère l’Union européenne.

A. P.

(Famille chrétienne - 23 février 2015)

15/02/2015

Hadjadj: Les tueurs de Charlie Hebdo, parfaitement intégrés au néant de nos valeurs

Par Fabrice Hadjadj | TRIBUNE FIGAROVOX | 10 février 2015

L'écrivain et philosophe estime que l'islamisme profite de la faiblesse d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne.


Fabrice Hadjadj est écrivain et philosophe, directeur de l'Institut européen d'études anthropologiques Philanthropos. Son dernier essai, «Puisque tout est en voie de destruction», a été publié chez Le Passeur Éditeur (avril 2014).

Ce texte est celui d'une intervention donnée par le philosophe en Italie à la Fondation de Gasperi devant les ministres italiens de l'Intérieur et des Affaires étrangères, le président de la communauté juive de Rome, le vice-président des communautés religieuses islamiques de la ville.


Chers Djihadistes - c'est le titre d'une lettre ouverte publiée par Philippe Muray - un de nos plus grands polémistes français - peu après les attentats du 11 septembre 2001. Cette lettre s'achève par une série d'avertissements aux terroristes islamiques, mais ceux qu'elle vise en vérité, par ricochet et par ironie, ce sont les Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché. Je vous cite un passage dont vous allez tout de suite capter l'heureuse et cinglante raillerie: «[Chers Djihadistes], craignez la colère du consommateur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis? Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. […] Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n'ont plus de sens et pour la vie qui va avec.» Et l'on peut ajouter aujourd'hui: nous nous battrons spécialement pour Charlie Hebdo, journal hier moribond, et qui n'avait aucun esprit critique - puisque critiquer, c'est discerner, et que Charlie mettait dans le même sac les djihadistes, les rabbins, les flics, les catholiques, les Français moyens - mais nous en ferons justement l'emblème de la confusion et du néant qui nous animent!

Cette lettre s'achève par une série d'avertissements aux terroristes islamiques, mais ceux qu'elle vise en vérité, par ricochet et par ironie, ce sont les Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché.

Voilà à peu près l'état de l'État français. Au lieu de se laisser interpeler par les événements, il en remet une couche, il en profite pour se payer sa bonne conscience, remonter dans les sondages, se ranger du côté des victimes innocentes, de la liberté bafouée, de la moralité outragée, pourvu qu'on ne reconnaisse pas le vide humain d'une politique menée depuis plusieurs décennies, ni l'erreur d'un certain modèle européocentrique selon lequel le monde évoluerait fatalement vers la sécularisation, alors qu'on assiste presque partout ailleurs, et au moins depuis 1979, à un retour du religieux dans la sphère politique. Mais voilà: cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l'Europe.

Cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l'Europe.

La première chose qu'il faut constater, c'est que les terroristes des récents attentats de Paris sont des Français, qu'ils ont grandi en France et ne sont pas des accidents ni des monstres, mais des produits de l'intégration à la française, de vrais rejetons de la République actuelle, avec toute la révolte que cette descendance peut induire.

En 2009, Amedy Coulibaly, l'auteur des attentats de Montrouge et du supermarché casher de Saint-Mandé, était reçu au palais de l'Élysée par Nicolas Sarkozy avec neuf autres jeunes choisis par leurs employeurs pour témoigner des bienfaits de la formation par alternance: il travaillait alors en contrat de professionnalisation à l'usine Coca-Cola de sa ville natale de Grigny —Les frères Kouachi, orphelins issus de l'immigration, furent recueillis entre 1994 et 2000 dans un Centre d'éducation en Corrèze appartenant à la fondation Claude-Pompidou. Au lendemain de la fusillade au siège de Charlie Hebdo, le chef de ce Centre éducatif marquait sa stupéfaction: «On est tous choqués par l'affaire et parce qu'on connait ces jeunes. On a du mal à s'imaginer que ces gamins qui ont été parfaitement intégrés (ils jouaient au foot dans les clubs locaux) puissent comme ça délibérément tuer. On a du mal à y croire. Durant leur parcours chez nous, ils n'ont jamais posé de problème de comportement. Saïd Kouachi […] était tout à fait prêt à rentrer dans la vie socio-professionnelle.» Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux du maire de Lunel -petite ville du Sud de la France- qui s'étonnait que dix jeunes de sa commune soient partis faire le djihad en Syrie, alors qu'il venait de refaire un magnifique skate park au milieu de leur quartier…

Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie?

Quelle ingratitude! Comment ces jeunes n'ont-ils pas eu l'impression d'avoir accompli leurs aspirations les plus profondes en travaillant pour Coca-Cola, en faisant du skate board, en jouant dans le club de foot local? Comment leur désir d'héroïcité, de contemplation et de liberté ne s'est-il pas senti comblé par l'offre si généreuse de choisir entre deux plats surgelés, de regarder une série américaine ou de s'abstenir aux élections? Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie? Car c'était précisément le débat qui intéressait le gouvernement français juste avant les attentats: la République était toute tendue vers cette grande conquête humaine, la dernière sans doute, à savoir le droit d'être assisté dans son suicide ou achevé par des bourreaux dont la délicatesse est attestée par leur diplôme en médecine…

Comprenez-moi: les Kouachi, Coulibaly, étaient «parfaitement intégrés», mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c'est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n'était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide, avec sa logistique de déracinement mondial, de perte de la transmission familiale, d'amélioration technique des corps pour en faire de super-instruments connectés à un dispositif sans âme…

Les Kouachi, Coulibaly, étaient «parfaitement intégrés», mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c'est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n'était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide.

Un jeune ne cherche pas seulement des raisons de vivre, mais aussi, surtout - parce que nous ne pouvons pas vivre toujours - des raisons de donner sa vie. Or y a-t-il encore en Europe des raisons de donner sa vie? La liberté d'expression? Soit! Mais qu'avons-nous donc à exprimer de si important? Quelle Bonne nouvelle avons-nous à annoncer au monde?

Cette question de savoir si l'Europe est encore capable de porter une transcendance qui donne un sens à nos actions - cette question, dis-je, parce qu'elle est la plus spirituelle de toutes, est aussi la plus charnelle. Il ne s'agit pas que de donner sa vie; il s'agit aussi de donner la vie. Curieusement, ou providentiellement, dans son audience du 7 janvier, le jour même des premiers attentats, le pape François citait une homélie d'Oscar Romero montrant le lien entre le martyre et la maternité, entre le fait d'être prêt à donner sa vie et le fait d'être prêt à donner la vie. C'est une évidence incontournable: notre faiblesse spirituelle se répercute sur la démographie; qu'on le veuille ou non, la fécondité biologique est toujours un signe d'espoir vécu (même si cet espoir est désordonné, comme dans le natalisme nationaliste ou impérialiste).

Cette question de savoir si l'Europe est encore capable de porter une transcendance qui donne un sens à nos actions est aussi la plus charnelle.

Si l'on adopte un point de vue complètement darwinien, il faut admettre que le darwinisme n'est pas un avantage sélectif. Croire que l'homme est le résultat mortel d'un bricolage hasardeux de l'évolution ne vous encourage guère à avoir des enfants. Plutôt un chat ou un caniche. Ou peut-être un ou deux petits sapiens sapiens, par inertie, par convention, mais au final moins comme des enfants que comme des joujoux pour exercer votre despotisme et vous distraire de votre angoisse (avant de l'aggraver radicalement). La réussite théorique du darwinisme ne peut donc aboutir qu'à la réussite pratique des fondamentalistes qui nient cette théorie, mais qui, eux, font beaucoup de petits. Une amie islamologue, Annie Laurent, eut pour moi sur ce sujet une parole très éclairante: «L'enfantement est le djihad des femmes.»

Ce qui détermina jadis le Général de Gaulle à octroyer son indépendance à l'Algérie fut précisément la question démographique. Garder l'Algérie française en toute justice, c'était accorder la citoyenneté à tous, mais la démocratie française étant soumise à la loi de la majorité, et donc à la démographie, elle finirait par se soumettre à la loi coranique. De Gaulle confiait le 5 mars 1959 à Alain Peyrefitte: «Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées!»

La réussite théorique du darwinisme ne peut donc aboutir qu'à la réussite pratique des fondamentalistes qui nient cette théorie, mais qui, eux, font beaucoup de petits.

Il y a certes une libération de la femme dont nous pouvons être fiers, mais lorsque cette libération aboutit au militantisme contraceptif et abortif, la maternité et la paternité étant désormais conçus comme des charges insupportables pour des individus qui ont oublié qu'ils sont d'abord des fils et des filles, cette libération ne peut que laisser la place, après quelques générations, à la domination en nombre des femmes en burqa, car les femmes en mini-jupes se reproduisent beaucoup moins.

Nous avons beau jeu de protester: «Oh! la burqa! quelles mœurs barbares!» Ces mœurs barbares permettent, par une immigration compensant la dénatalité européenne, de faire tourner notre civilisation du futur -enfin, d'un futur sans postérité…

Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique: en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu'à ralentir l'islamisation douce de l'Europe, celle que présente Michel Houellebecq dans son dernier roman (paru aussi le 7 janvier), et qui s'opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle. À moins que notre insistance à «ne pas faire d'amalgame», à dire que l'islam n'a rien à voir avec l'islamisme (alors qu'aussi bien le président égyptien Al-Sissi que les frères musulmans nous disent le contraire), et à nous culpabiliser de notre passé colonial -à moins que toute cette confusion nous livre avec encore plus d'obséquiosité vaine au processus en cours.

Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique: en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu'à ralentir l'islamisation douce de l'Europe qui s'opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle.

Il est en tout cas une vanité que nous devons cesser d'avoir -c'est de croire que les mouvements islamistes sont des mouvements pré-Lumières, barbares comme je le disais plus haut, et qui se modéreront sitôt qu'ils découvriront les splendeurs du consumérisme. En vérité, ce sont des mouvements post-Lumières. Ils savent que les utopies humanistes, qui s'étaient substituées à la foi religieuse, se sont effondrées. En sorte qu'on peut se demander avec raison si l'islam ne serait pas le terme dialectique d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne: comme cette Europe ne peut pas vivre trop longtemps sans Dieu ni mères, mais comme, en enfant gâtée, elle ne saurait revenir à sa mère l'Église, elle consent finalement à s'adonner à un monothéisme facile, où le rapport à la richesse est dédramatisé, où la morale sexuelle est plus lâche, où la postmodernité hi-tech bâtit des cités radieuses comme celles du Qatar. Dieu + le capitalisme, les houris de harem + les souris d'ordinateur, pourquoi ne serait-ce pas le dernier compromis, la véritable fin de l'histoire?

On peut se demander avec raison si l'islam ne serait pas le terme dialectique d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne.

Une chose me paraît certaine: ce qu'il y a de bon dans le siècle des Lumières ne saurait plus subsister désormais sans la Lumière des siècles. Mais reconnaîtrons-nous que cette Lumière est celle du Verbe fait chair, du Dieu fait homme, c'est-à-dire d'une divinité qui n'écrase pas l'humain, mais l'assume dans sa liberté et dans sa faiblesse? Telle est la question que je vous pose en dernier lieu: Vous êtes romains, mais avez-vous des raisons fortes pour que Saint-Pierre ne connaisse pas le même sort que Sainte-Sophie? Vous êtes italiens, mais êtes-vous capable de vous battre pour la Divine Comédie, ou bien en aurez-vous honte, parce qu'au chant XXVIII de son Enfer, Dante ose mettre Mahomet dans la neuvième bolge du huitième cercle? Enfin, nous sommes européens, mais sommes-nous fiers de notre drapeau avec ses douze étoiles? Est-ce que nous nous souvenons même du sens de ces douze étoiles, qui renvoient à l'Apocalypse de saint Jean et à la foi de Schuman et De Gasperi? Le temps du confort est fini. Il nous faut répondre, ou nous sommes morts: pour quelle Europe sommes-nous prêts à donner la vie?

 

13/02/2015

Court-métrage "Je suis un OGM": l'excellence eugéniste

Si vous formez le projet d'avoir un enfant à l'ère de la FIV, de la GPA, du prodigieux progrès des biotechnologies et des "avancées législatives sur les sujets éthiques", préparez un bon plan de financement pour calmer les angoisses parentales que vous ne manquerez pas de transmettre à votre progéniture, et tâchez de trouver un taux d'intérêt raisonnable pour votre emprunt sur la vie.

Tout les détails font mouche dans ce court-métrage incisif, jusqu'à la forme de la moustache de ce respectable homme d'affaires.

 > "Je suis un OGM" sur la page du festival Nikon

> "Le meilleur des mondes" par Aldous Huxley

> Film "Bienvenue à Gattaca"

05/02/2015

Filiale Supplique au Souverain Pontife François en vue du synode sur la famille de 2015 (déjà 71 293 signatures)

Lisez-la. Signez-la. Diffusez-la.

filiale supplique, synode sur la famille, pape françois, divorcés-remariés, homosexualité, LGBT

"Le Christ, grand prophète, qui par le témoignage de sa vie et la vertu de sa parole a proclamé le Royaume du Père, accomplit sa fonction prophétique jusqu’à la pleine manifestation de la gloire, non seulement par la hiérarchie qui enseigne en son nom et avec son pouvoir, mais aussi par les laïcs dont il fait pour cela des témoins en les pourvoyant du sens de la foi et de la grâce de la parole (cf. Ac 2, 17-18 ; Ap 19, 10), afin que brille dans la vie quotidienne, familiale et sociale, la vertu de l’Évangile."

Lumen Gentium, 35

> Lire et signer la Filiale Supplique au Souverain Pontife sur l'avenir de la famille

> Filial Appeal to His Holiness Pope Francis

> Súplica Filial al Papa Francisco

> Filiale Supplica a Papa Francesco

> Filial Súplica ao Papa Francisco

> Synowska prośba do Ojca Świętego Franciszka

> Ergebene Bitte an S. H. Papst Franziskus

 

Quelques personnalités ayant déjà signé la Filiale Supplique:

  • Dr. Alejandro Ordóñez Maldonado,  Attorney General of the Republic of Colombia
  • Wolfgang Waldstein, Professor emeritus of the University of Salzburg, member of the Pontifical Academy for Life (Germany)
  • The Most Rev. Wolfgang Haas, Archbishop of Vaduz (Liechtenstein)
  • Joseph M. Scheidler and his wife, Founder and National Director of the Pro-Life Action League of Chicago (USA)
  • Rick Santorum, former U.S. Senator (USA)
  • Josef Seifert, philosopher, former President of the International Academy of Philosophy, member of the Pontifical Academy for Life (Germany)
  • His Eminence Jorge Arturo Cardinal Medina Estévez (Chile)
  • Roberto de Mattei, Professor at the European University of Rome, president of the Lepanto Foundation (Italy)
  • Austin Ruse, K.M., President of the Center for Family and Human Rights (C-Fam)
  • His Eminence Raymond Leo Cardinal Burke (Vatican)
  • Tim Huelskamp, Ph.D., Member of the U.S. House of Representatives (R-KS)
  • Mrs. Marjorie Dannenfelser, President of the Susan B. Anthony List (USA)
  • Carlo Casini, Member of the European Parliament and president of the Movement for Life (Italy)
  • John-Henry Westen, Co-founder and Editor-in-chief of LifeSiteNews.com, co-founder of Voice of the Family (Canada)
  • John Smeaton, Director of the Society for the Protection of the Unborn Children (SPUC), Co-founder of Voice of the Family (UK)
  • General Carlos Alfonso Tafur Ganoza, Former Commander-in-Chief of the Peruvian army (Peru)
  • Ambassador Armando Valladares and his wife. Former U.S. Ambassador to the U.N. Commission on Human Rights (USA)
  • Victor Khroul, Associate Professor, Moscow State University; Visiting Professor of Robert Morris University, USA (Russia)
  • The Most Rev. Athanasius Schneider, Auxiliary Bishop of Astana (Kazakhstan)
  • Prof. Dr. Massimo de Leonardis,  Professor of History of International Relations and Director of the Department of Political Sciences at the Catholic University of the Sacred Heart -Milan (Italy)
  • The Most Rev. R.G.L.M. Mutsaerts, Auxiliary Bishop of ’s-Hertogenbosch (The Netherlands)
  • Prince Armand de Merode (Belgium)
  • M.se Luigi Coda Nunziante, President of Associazione Famiglia Domani, and his wife Marchesa Gabriella Coda Nunziante Spalletti Trivelli (Italy)
  • Bernard Antony, President of Chrétienté-Solidarité (France)
  • Mercedes Arzú Wilson, Founder and President of the Family of the Americas (USA)
  • Rev. Msgr. Juan-Miguel Ferrer Grenesch, former Under-secretary of the Congregation for Divine Worship, canon of the cathedral of Toledo (Spain)
  • Robert Royal, President of the Faith and Reason Institute and editor-in-chief of The Catholic Thing (USA)
  • Senator Bernard Seillier, Vice-President of the Movement for France, and his wife Françoise Seillier, Former Member of the European Parliament (France)
  • Virginia Coda Nunziante, President of March for Life Committee (Rome, Italy)
  • Jeanne Smits, journalist (The Netherlands)
  • Antonello Brandi, President of Pro Vita (Italy)
  • The Rt. Rev. Emanuel d’Able do Amaral OSB, Archabbot of São Bento of Bahia (Brazil)
  • H.R.H. Countess Hélène of Limburg Stirum (Belgium)
  • Luke Gormally, Director  Emeritus, The Linacre Centre for Healthcare Ethics [since 2010: The Anscombe Bioethics Centre, Oxford]; Ordinary Member The Pontifical Academy for Life  (UK)
  • Gianfranco Amato, President of Lawyers for Life (Italy)
  • Dr. Juvenal de Arruda Furtado, Head of the legal department of the Federal Savings  Bank, State of Ceará (Brazil)
  • Terrence M. Scanlon, President of the Capital Research Center (USA)
  • Christa Meves, author, child and adolescent psychotherapist (Germany)
  • Héctor Riesle Contreras, former Chilean ambassador to the Holy See (Chile)
  • Prof. Robert Lazu, Ph.D. and his wife. Philosopher and writer. Assistant Professor at Western University--Timisoara (Romania)
  • Ing. Rafael Rey Rey, Peruvian Representative to the Andean Parliament. Former Peruvian Ambassador to Italy (Peru)
  • Prof. Hubert Gindert, Editor-in-Chief of Der Fels, President of the German Catholic Forum (Germany)
  • José Roberto Leme Alves de Oliveira, Judge (Brazil)
  • Dr. Juan Vicente Ugarte del Pino, lawyer, former President of the Peruvian Supreme Court (Peru)
  • Baron et Baronne Cédric Peers de Nieuwburgh (Belgium)
  • Dr. Miguel Nagib, Advisor for the State of São Paulo to the Federal Government (Brazil)
  • Dr. Thomas Ward, Founder and Vice-President of the National Association of Catholic Families and a Corresponding member of the Pontifical Academy for life (UK)
  • Dr. G.J.M. Van den Aardweg, psychologist and psychotherapist. Member of the Scientific Advisory Committee of NARTH (The Netherlands)
  • Prof. David Magalhães, Assistant Professor at the School of Law in the University of Coimbra (Portugal)
  • Maria Madise, coordinator of Voice of the Family (UK)
  • Dr. Gilberto Callado de Oliveira, State Prosecutor for the State of Santa Catarina (Brazil)
  • Eduardo Soto Kloss, Doctor of Law, University of Paris. Author (Chile)
  • Olivier Figueras, journalist (France)
  • Prof. Pietro De Marco, Professor at the University of Florence (Italy)
  • Anne Bernet, writer (France)
  • Mme. Bérénice de Montpellier d’Annevoie (Belgium)
  • M. Philippe Pichot-Bravard, Professor of the History of Law at the University of Brest, writer (France)
  • Alessandro Gnocchi, writer and journalist (Italy)
  • Gianandrea de Antonellis, President of the European Institute for Studies, Research and Formation--IEREF (Italy)
  • Fernando Moreno Valencia, author, former university professor (Chile)
  • Giovanni Turco, philosopher at the University of Udine (Italy)
  • Mario Correa Bascuñán, Professor, former University President (Chile)
  • John Laughland, writer and journalist (UK)
  • Justin Shaw and his wife Caroline Shaw (England)
  • Dr. Luís Filipe Esquivel Freire de Andrade, Order of Malta (Portugal)
  • Rev. Msgr. André Reyne, Dean of the Metropolitan Chapter of Notre-Dame des Doms of Avignon (France)
  • Fr. Cor Mennen, canon of the cathedral chapter of ’s-Hertogenbosch (The Netherlands)
  • Cristina Siccardi, writer (Italy)
  • Carlo Manetti, journalist and teacher (Italy)
  • Felizitas Küble, Director of the Publishing House Komm Mit, President of Christopheruswerk (Germany)
  • Rev. Fr. Pavlo Vishkovskyi, Prior Provincial of the Missionary Oblates of Mary Immaculate for Ukraine, Russia and Crimea
  • Rev. Fr. Efrem Jindráček OP, Vice-Dean of the School of Philosophy of the Angelicum, Rome (Italy)
  • Benjamin Harnwell, Founder and Honorary President of the Dignitatis Humanae Institute (Italy)
  • Michael Hesemann, author (Germany)

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(Information et présentation reprises de Rorate Caeli)

03/02/2015

Litanie des fermes vides, ou la destruction de la paysannerie

Par Fabien Granier | 22 octobre 2014

Illustration: Un tracteur abandonné dans un champ (Steve Lyon/Flickr/CC)

agriculture-fin-rural-rules.jpg« Vide ! »

L’orage s’est divisé, comme d’habitude, au-dessus de l’Aumance. Les nuages se sont séparés en râlant, pour se rejoindre plus loin, dans le Cher, ou par dessus la forêt. On peut les voir par la fenêtre. Les entendre gueuler tout leur saoul. Mais sur le bocage : rien. Pas une goutte pour le moment. La pluie partout, mais pas ici. C’est comme ça.

Ici, on dit que les automnes ont leurs favoris.

Vide, vide, vide

Mon interlocuteur se ressert un café. L’aspire du bout des lèvres. Puis reprend son fil. Le chien s’est enfin tu :

« C’est bien simple : on est quatorze à rester. Ou treize, je sais pas. Là haut, chez Moncergis [les noms des domaines ont été modifiés, ndlr], c’est vide ! Le père Michelat : c’est vide ! Les Mauriciers : vide ! Les frères Baudel : vide aussi ! »

C’est un voisin. On n’habite pas sur la même commune, mais sa ferme est tout en bas de la pente qui dégringole de chez moi à la rivière. C’est la route qu’on prend quand on veut éviter les flics. On y roule doucement, surtout quand il fait noir, rapport aux lapins qui surgissent par dix depuis ses fossés.

« Et puis sur le haut, quand tu t’en vas vers la forêt : c’est tout vide là-bas. Tu comptes même plus. Les Ravais : fermé ! Au Montant : vide ! La Chenaie : vide ! Aux Beurdoux : tout vide. Chez Michel, anciennement Bramard : vide pareil.

Et la liste est longue ! Tu veux que je continue ? Simon : parti ! Grimaud : parti ! Les Saules : vide ! Et chez Benoît : y a même plus un carreau sur les vitres. C’est vide, puis ç’a été vidé aussi. »

Quand j’ai commencé à écrire ces chroniques, je m’étais juré de ne pas devenir le réceptacle de la colère des paysans. D’une, parce qu’elle est – bien que légitime – infinie. De deux, parce qu’elle est totalement désespérante. Et de trois, parce que l’objet de ce blog n’est pas de gémir. Au contraire.

Il est de pousser un cri de guerre.

De raconter la vitalité stupéfiante du monde rural, malgré l’acharnement mis de toutes part à le faire disparaître. L’énergie produite par tous ceux que les espaces vides rendent fou d’imagination. Ceux qui ne voient pas l’abandon, mais la place laissée libre.

On a commencé à venir me voir

Seulement voilà : j’ai découvert qu’une partie importante du monde agricole était fidèle à Rue89. Quand ma chronique sur la fin accablante d’une exploitation laitière s’est mis à circuler, on a vite reconnu de qui il s’agissait.

On a commencé à venir me voir.

Ce voisin, je le connaissais de loin en loin. Un ami d’ami. Un révolté, ça je le savais. Qui n’a pas sa langue au fond du puits. Quand il a su que j’étais celui qui tenait ce blog, il il m’a sauté sur le paletot :

« Quand est-ce que tu viens chez moi ? J’ai PLEIN de choses à te dire ! »

C’était la semaine dernière, un soir de beau, dans le bistrot associatif qu’on a ouvert à la hussarde quelques mois plus tôt, et qui ne désemplit jamais. Il m’a serré la main en me cassant tous les petits os. Je n’avais pas le choix. Et c’était très bien comme ça.

« Puis c’est pas fini. De l’autre coté, c’est pareil ! Chassain : vide ! Montaigu : vide ! Pernancier : vide ! Chez les Michauds : c’est vide ! Le père Moussier : vide ! Et chez Giraud : ben c’est fermé. Le fils Barré : il a pas tenu – c’est vide ! La paille moisit dans son hangar. Puis tant qu’à monter, c’est la même, va : partout ça se vide ! Ya que De Villemin, à la rigueur. Mais alors lui c’est simple : il a 2 000 hectares à lui. Ou trois. 3 000 hectares, remplis de fermes vides. »

En martelant du plat de la main, il me récite l’interminable litanie des fermes qu’il a vu se fermer. Se faire avaler par le sol. Rendre les armes face à l’acharnement de tous ceux qui travaillent, jour après jour, à la disparition des exploitations à taille humaine.

La fin de la paysannerie.

La MSA s’est transformée en outil de contrôle

C’est un jeune. Un téméraire. Grand chasseur. Grand gueuleur. Grand militant. Il me reçoit dans son salon où des fusils râtellent au mur, parmi des photos de famille. Les chiens hurlent à mon entrée. La table est pleine de joueurs.

Dimanche après-midi. Orages suspendus. Famille, amis, Scrabble et rami. Ça jase. Il me ressert un café noir. Puis, droit au but : « Je voulais te parler de la MSA. »

Silence chez les joueurs.

Son histoire, ils la connaissent tous. Sa colère, aussi. Les torrents de bile. Ça reprend à mi-bruit. L’orage beurdoule un rien plus fort. « Ah, tiens. Il est plus loin d’ici... »

La MSA, c’est la Mutuelle sociale agricole. La caisse de solidarité du métier. La Sécu des paysans, quoi. A la libération, la corporation a voulu jouer son rôle de corporation. C’était l’époque où la paysannerie représentait 60% de la population active. Ou plus. Payer pour les autres ? Et puis quoi, encore ! 70 ans plus tard, il ne sont plus que 4%. Et à la vitesse où se vident les fermes...

L’économie de marché a pris toute ses aises. A dégouliné sur la campagne. La MSA a joué le jeu, sans faillir, et s’est petit à petit transformée en outil de contrôle et de gestion des modes d’exploitation.

En gros : soit tu rentres dans le rang d’une agriculture spéculative, intensive, concentrée, à forte valeur ajoutée – obèse, en quelques mots –, soit tu jartes. J’y viens.

Lui a repris l’exploitation en 1990. Par là. Militant de la première heure, bagarreur coriace, il monte une cellule locale du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux), partage ses journées entre la ferme et les actions syndicales. C’était la charnière, à l’époque. Enfin... Il y en a eu de nombreuses, des charnières. Mais celle-ci c’était un peu le sursaut. Voyant venir ce qu’on les poussait à devenir, les paysans bloquaient les rues, les préfectures, les supermarchés. Et lui était juché au premier rang.

Il déglutit.

Le pire, c’est les jeunes

25 ans ont passé. Les syndicats : c’est fini... Les jeunes, putain... Le pire, c’est les jeunes. Pas qu’ils soient mauvais en soi, les pauvres. Mais c’est sans fin. Ils arrivent, tout juste sortis de l’école, la tête fraîchement farcie, et se cognent de la paysannerie. Eux : ils veulent des hectares, du rendement, et un salaire. Le tout, tout de suite. Pour commencer. Ils ont la poitrine en avant, de l’énergie plein les bottes. Ils investissent, massivement, avec la bénédiction des banques et des institutions, dans des équipements qui rutilent.

Et se lancent, tête baissée, pensant faire au mieux, dans une vie de solitude, de travail acharné et de remboursements.

Alors le syndicalisme, tu parles... Quand tu passes ton temps à flipper pour ta propre survie...

Petit à petit, les fermes ferment. Usure. Abandon. Retraite. Dépression. Ou « p’tit marteau » : liquidation. Ça se vide. Les jeunes arrivent. S’installent. Rachètent les terres de deux ou trois. Et ça repart. Pyramide. Jusqu’à ces abominations céréalières de plusieurs milliers d’hectares, qui bouffent allègrement les sols et paysages de Beauce, de Champagne ou du Berry.

Je te mens ?

Tu lis la presse ? La ferme des mille vaches...

MILLE vaches !

C’est ça, l’avenir, mon gars... Faut pas rêver...

Et la MSA, alors ?

Même jeu. Mêmes joueurs.

T’embauches qui pour 20 euros ?

Il y a deux ans, mon interlocuteur se coince dans un accident de tracteur. Un truc sérieux. Il s’en tire avec l’épaule porteuse en moins : broyée. On la retape, mais ça prend du temps. Et les tendons sont foutus. Irréparables. Il peut lever le bras, mais rien porter. Plus de force. On le déclare handicapé à 25%.

Il se tourne vers la MSA pour la première fois de sa vie, après 25 ans d’exercice et dix ou douze jours de vacances. Il sait qu’il existe une aide à l’embauche d’ouvriers pour les périodes de relevaille. Il a besoin de quelqu’un pour veiller à la ferme, le temps qu’il se retape et puisse envisager la suite. Il s’adresse à un conseiller qui le reçoit très poliment.

Et lui plante sa réponse dans le dos.

Il a droit à 20 euros par jour. Pendant trois mois.

20 euros par jour... T’embauches qui pour 20 euros ? Une chèvre ?

Mais c’est comme ça pour tout le monde... Pour pouvoir prétendre à une indemnité digne de ce nom, il aurait dû monter sa ferme en société – dès le début – et se verser des salaires en bonne et due forme.

Dès le début.

Le genre de choses que tu ne fais jamais. Même si tu es au courant. A moins de jouer déjà dans la cour des grands montages agro-industriels. Il en faut du rendement pour se verser un salaire régulier.

Il prend l’indemnité ridicule et fait ce qu’il a à faire : il abat la voilure de son exploitation. Il vend des bêtes. Diminue son travail. Baisse le régime. Gagne moins. S’adapte à son épaule.

Et ça repart.

Deux accidents, ça ne suffit pas

Mais un an plus tard, à peine, son corps réagencé lui tend un piège. Il perd l’équilibre sous une charge. Tombe. Se brise une jambe, et le cheville qui va avec.

A l’hôpital, on le visse. On le boulonne. On l’immobilise pour la deuxième fois en deux ans. En plein vêlages, encore une fois. Le manque à gagner brûle presque autant que la douleur.

Cette nouvelle blessure est déclarée invalidante à 10%. 25+10 = 35%. Il découvre pendant les soins qu’il a passé la barre des 30% de handicap, ce qui, officiellement, peut lui donner droit à une aide à l’embauche d’un ouvrier. 300 euros par mois. Une paille.

Il monte un dossier et l’envoie à la MSA. La MSA le lui renvoie, barré de rouge. Il n’a pas droit à l’aide.

L’indemnité est accordée aux exploitants déclarés handicapés à 30% – ou plus – des suites d’un seul et même accident.

D’un seul et même...

Sinon, il faut cumuler les 30% d’invalidité des suites de trois accidents ou plus. Deux accidents, ça ne suffit pas. Les 20 euros par jour ? Il n’y a pas droit cette fois. Cette nouvelle crise n’est pas assez sérieuse pour qu’il puisse s’en prévaloir.

Pour s’amuser, il a calculé ce qu’il a versé de cotisation à la MSA depuis l’ouverture de son exploitation. Il arrive à près de 36 000 euros.

Puis vient la mauvaise année...

Bien sûr, tout cela ne serait pas arrivé si, suivant la doxa des institutions agricole, il s’était installé en SARL : impératif comptable, fiscalité d’entreprise, obligation de salaires et de bénéfices constants.

Mais ça, tu sais ce que ça veut dire ?

Attends, je te raconte...

Tu achètes des terres. Tu achètes des vaches. Tu doubles. Tu triples. Pour faire face à la taille de ton exploitation, tu investis dans un arsenal technologique de pointe. Tu embauches. Tu construis. Tu empruntes. A la banque, on te fixe un impératif de rendement. Pour t’y tenir, il te faut plus de bêtes.

Tu achètes des terres. Tu grossis. Tu embauches. Tu travailles avec obstination en fixant du regard la ligne d’horizon : le jour où ce que tu gagneras ne se fera plus absorber automatiquement par les remboursements et les intérêts.

Puis vient la mauvaise année. Trop de pluie. Pas assez. Epidémie. Accidents. Incendie. Puis te voilà rendu à courir derrière la trésorerie. Et c’est le cycle.

Tu calcules. Tu stockes. Tu retardes les paiements au maximum. Tu spécules sur des poignées d’euros. Tu fais sauter les frais les plus lourds. Tu répares toi-même ton équipement, déjà obsolescent. Ça te prend tes nuits, tes dimanches.

Puis vient la deuxième année mauvaise. Tu fais plus face. Les fournisseurs te refusent. Les banques te menacent. Tu commences à mégoter sur l’essentiel : le véto, les aliments. Tu es sec. Et éreinté.

Puis un jour, tu peux plus. P’tit marteau. C’est vendu.

Vide.

Et là, tu peux toujours lui courir après, la MSA.

Ce qu’il manque ? Une forme de bon sens

L’orage s’abat enfin. La café fume. Les joueurs ont fini de jouer et commencent à plier leurs gaules. Je tente de délayer l’amertume en le branchant sur son travail. Lui fait du Charolais. AOC. Le top de la viande. Des bêtes au petit soin. Ensilage de mais, luzerne et beaucoup d’engrain.

Tout pousse chez lui. Les mauvaises années, il rajoute quelques tourteaux de soja pour faire le joint. Il privilégie le réensemencement, comme il l’a toujours fait, bien qu’il se rende compte que les céréales, passé deux ou trois saisons, ont maintenant du mal à se reproduire. Il sait que c’est une stratégie commerciale. Encore une autre pierre dans les jardins des petits exploitants. Alors il tente au mieux, de conserver des propres semences.

Il déglutit. Et revient à la charge.

Ce qu’il manque, je vais te dire : c’est une forme de bon sens. Comment dire mieux ? Avec la vache folle, c’était pareil : il devrait y avoir quelque chose de profondément enfoui qui te retienne de donner de la viande à bouffer à tes vaches, non ?

Eh bien les semences, c’est pareil. Quelque chose devrait te retenir de faire confiance à des gars qui te vendent délibérément des graines stériles. Quelque chose devrait te retenir d’entasser 10 000 poulets dans des tunnels au néon farcis d’antibiotiques.

Quelque chose devrait te retenir d’entasser mille vaches dans une stabulation entièrement mécanisée pour faire de l’électricité avec leur merde. Non ?

Le bon sens...

Te voilà à dévaster ce dont tu vis

Toutes ces fermes vides, dans la vallée, elles avaient toutes trois ou quatre tas de fumiers répartis. Quand ça pleuvait, le lisier s’écoulait et fumait les entours. Mais maintenant, y a tellement de vaches dans les étables que ça déborde de fumier. Il faut le stocker dans des cuves, avec des systèmes de rigoles et de flux. Quand ça pleut : ça déborde. Ça part dans la rivière. Et ça dévaste tout.

Et te voilà, paysan, à dévaster ce dont tu vis.

Tu m’étonnes qu’ils raccrochent les gants, tous...

Les invités sont partis. La pluie tombe serrée. Il est tard. Et la conversation commence à prendre une tournure annihilante.

Elle est sans fin, la plainte des paysans. C’est devenu un combat. Tu te bas contre tes institutions. Tu te bas contre les fournisseurs. Tu te bas contre les vétérinaires. Tu te bas contre les idées reçues. Contre ton destin. Contre la fatalité.

Depuis peu, tu te bas contre les consommateurs qui t’accablent de tous les maux, peu importe tes efforts et ta démarche.

Dernière en date, tu te bats même contre les architectes des bâtiments de France, qui t’interdisent de construire une grange pour y stocker le foin afin que les touristes qui profitent de la vue depuis le château en ruine ne soient pas gênés par la présence notoire de la seule ferme encore en activité. Le maire, en lui notifiant le refus de permis de construire, a même qualifié la ferme de « verrue dans le paysage ».

Sans fin.

La nuit tombée, je repars au milieu des aboiements et d’un déluge de gouttes épaisses. Dans ma tête : des poignées de mains, des rires, et des conversations en boucle.

Espoir. Désespoir.

Les fermes sont vides, les terres sont là

Je me redis que faire gaffe à ce qu’on mange, ce qu’on boit, et à quand on le consomme, c’est pas un luxe. C’est pas de la guimauve à hipsters. Pas une mode bobo.

C’est une nécessité urgente et absolue.

Pour le moment, les fermes sont vides, mais les terres sont là. Et puis le savoir faire. Il s’en faut de peu qu’il n’y ait plus que des friches, des serres et des champs sans limites. Regardez l’Espagne, si je mens. Les Pays-Bas. Ou ces régions d’Angleterre où la paysannerie n’est plus qu’un lointain souvenir.

Tu manges mal. Tu dors mal. Tu vis mal. Au milieu de paysages désertés. Les terres se vident et les villes s’empilent.

Partout dans le monde.

Alors tant pis si de temps en temps, je ressasse la complainte des paysans. Ça secoue. Ça réveille. Ça recadre. Et puis, après tout : c’est bon, parfois, d’avoir des ennemis.

Au moins, tu sais contre quoi tu te dresses.

Aller plus loin:

> "C'est fini": vie et mort d'une ferme, celle de mon voisin

 

31/01/2015

Filiale Supplique au Souverain Pontife François en vue du synode sur la famille de 2015 (déjà 53 922 signatures)

Lisez-la. Signez-la. Diffusez-la.

filiale supplique, synode sur la famille, pape françois, divorcés-remariés, homosexualité, LGBT

"Le Christ, grand prophète, qui par le témoignage de sa vie et la vertu de sa parole a proclamé le Royaume du Père, accomplit sa fonction prophétique jusqu’à la pleine manifestation de la gloire, non seulement par la hiérarchie qui enseigne en son nom et avec son pouvoir, mais aussi par les laïcs dont il fait pour cela des témoins en les pourvoyant du sens de la foi et de la grâce de la parole (cf. Ac 2, 17-18 ; Ap 19, 10), afin que brille dans la vie quotidienne, familiale et sociale, la vertu de l’Évangile."

Lumen Gentium, 35

> Lire et signer la Filiale Supplique au Souverain Pontife sur l'avenir de la famille

 

Quelques personnalités ayant déjà signé la Filiale Supplique:

  • Dr. Alejandro Ordóñez Maldonado,  Attorney General of the Republic of Colombia
  • Wolfgang Waldstein, Professor emeritus of the University of Salzburg, member of the Pontifical Academy for Life (Germany)
  • The Most Rev. Wolfgang Haas, Archbishop of Vaduz (Liechtenstein)
  • Joseph M. Scheidler and his wife, Founder and National Director of the Pro-Life Action League of Chicago (USA)
  • Rick Santorum, former U.S. Senator (USA)
  • Josef Seifert, philosopher, former President of the International Academy of Philosophy, member of the Pontifical Academy for Life (Germany)
  • His Eminence Jorge Arturo Cardinal Medina Estévez (Chile)
  • Roberto de Mattei, Professor at the European University of Rome, president of the Lepanto Foundation (Italy)
  • Austin Ruse, K.M., President of the Center for Family and Human Rights (C-Fam)
  • His Eminence Raymond Leo Cardinal Burke (Vatican)
  • Tim Huelskamp, Ph.D., Member of the U.S. House of Representatives (R-KS)
  • Mrs. Marjorie Dannenfelser, President of the Susan B. Anthony List (USA)
  • Carlo Casini, Member of the European Parliament and president of the Movement for Life (Italy)
  • John-Henry Westen, Co-founder and Editor-in-chief of LifeSiteNews.com, co-founder of Voice of the Family (Canada)
  • John Smeaton, Director of the Society for the Protection of the Unborn Children (SPUC), Co-founder of Voice of the Family (UK)
  • General Carlos Alfonso Tafur Ganoza, Former Commander-in-Chief of the Peruvian army (Peru)
  • Ambassador Armando Valladares and his wife. Former U.S. Ambassador to the U.N. Commission on Human Rights (USA)
  • Victor Khroul, Associate Professor, Moscow State University; Visiting Professor of Robert Morris University, USA (Russia)
  • The Most Rev. Athanasius Schneider, Auxiliary Bishop of Astana (Kazakhstan)
  • Prof. Dr. Massimo de Leonardis,  Professor of History of International Relations and Director of the Department of Political Sciences at the Catholic University of the Sacred Heart -Milan (Italy)
  • The Most Rev. R.G.L.M. Mutsaerts, Auxiliary Bishop of ’s-Hertogenbosch (The Netherlands)
  • Prince Armand de Merode (Belgium)
  • M.se Luigi Coda Nunziante, President of Associazione Famiglia Domani, and his wife Marchesa Gabriella Coda Nunziante Spalletti Trivelli (Italy)
  • Bernard Antony, President of Chrétienté-Solidarité (France)
  • Mercedes Arzú Wilson, Founder and President of the Family of the Americas (USA)
  • Rev. Msgr. Juan-Miguel Ferrer Grenesch, former Under-secretary of the Congregation for Divine Worship, canon of the cathedral of Toledo (Spain)
  • Robert Royal, President of the Faith and Reason Institute and editor-in-chief of The Catholic Thing (USA)
  • Senator Bernard Seillier, Vice-President of the Movement for France, and his wife Françoise Seillier, Former Member of the European Parliament (France)
  • Virginia Coda Nunziante, President of March for Life Committee (Rome, Italy)
  • Jeanne Smits, journalist (The Netherlands)
  • Antonello Brandi, President of Pro Vita (Italy)
  • The Rt. Rev. Emanuel d’Able do Amaral OSB, Archabbot of São Bento of Bahia (Brazil)
  • H.R.H. Countess Hélène of Limburg Stirum (Belgium)
  • Luke Gormally, Director  Emeritus, The Linacre Centre for Healthcare Ethics [since 2010: The Anscombe Bioethics Centre, Oxford]; Ordinary Member The Pontifical Academy for Life  (UK)
  • Gianfranco Amato, President of Lawyers for Life (Italy)
  • Dr. Juvenal de Arruda Furtado, Head of the legal department of the Federal Savings  Bank, State of Ceará (Brazil)
  • Terrence M. Scanlon, President of the Capital Research Center (USA)
  • Christa Meves, author, child and adolescent psychotherapist (Germany)
  • Héctor Riesle Contreras, former Chilean ambassador to the Holy See (Chile)
  • Prof. Robert Lazu, Ph.D. and his wife. Philosopher and writer. Assistant Professor at Western University--Timisoara (Romania)
  • Ing. Rafael Rey Rey, Peruvian Representative to the Andean Parliament. Former Peruvian Ambassador to Italy (Peru)
  • Prof. Hubert Gindert, Editor-in-Chief of Der Fels, President of the German Catholic Forum (Germany)
  • José Roberto Leme Alves de Oliveira, Judge (Brazil)
  • Dr. Juan Vicente Ugarte del Pino, lawyer, former President of the Peruvian Supreme Court (Peru)
  • Baron et Baronne Cédric Peers de Nieuwburgh (Belgium)
  • Dr. Miguel Nagib, Advisor for the State of São Paulo to the Federal Government (Brazil)
  • Dr. Thomas Ward, Founder and Vice-President of the National Association of Catholic Families and a Corresponding member of the Pontifical Academy for life (UK)
  • Dr. G.J.M. Van den Aardweg, psychologist and psychotherapist. Member of the Scientific Advisory Committee of NARTH (The Netherlands)
  • Prof. David Magalhães, Assistant Professor at the School of Law in the University of Coimbra (Portugal)
  • Maria Madise, coordinator of Voice of the Family (UK)
  • Dr. Gilberto Callado de Oliveira, State Prosecutor for the State of Santa Catarina (Brazil)
  • Eduardo Soto Kloss, Doctor of Law, University of Paris. Author (Chile)
  • Olivier Figueras, journalist (France)
  • Prof. Pietro De Marco, Professor at the University of Florence (Italy)
  • Anne Bernet, writer (France)
  • Mme. Bérénice de Montpellier d’Annevoie (Belgium)
  • M. Philippe Pichot-Bravard, Professor of the History of Law at the University of Brest, writer (France)
  • Alessandro Gnocchi, writer and journalist (Italy)
  • Gianandrea de Antonellis, President of the European Institute for Studies, Research and Formation--IEREF (Italy)
  • Fernando Moreno Valencia, author, former university professor (Chile)
  • Giovanni Turco, philosopher at the University of Udine (Italy)
  • Mario Correa Bascuñán, Professor, former University President (Chile)
  • John Laughland, writer and journalist (UK)
  • Justin Shaw and his wife Caroline Shaw (England)
  • Dr. Luís Filipe Esquivel Freire de Andrade, Order of Malta (Portugal)
  • Rev. Msgr. André Reyne, Dean of the Metropolitan Chapter of Notre-Dame des Doms of Avignon (France)
  • Fr. Cor Mennen, canon of the cathedral chapter of ’s-Hertogenbosch (The Netherlands)
  • Cristina Siccardi, writer (Italy)
  • Carlo Manetti, journalist and teacher (Italy)
  • Felizitas Küble, Director of the Publishing House Komm Mit, President of Christopheruswerk (Germany)
  • Rev. Fr. Pavlo Vishkovskyi, Prior Provincial of the Missionary Oblates of Mary Immaculate for Ukraine, Russia and Crimea
  • Rev. Fr. Efrem Jindráček OP, Vice-Dean of the School of Philosophy of the Angelicum, Rome (Italy)
  • Benjamin Harnwell, Founder and Honorary President of the Dignitatis Humanae Institute (Italy)
  • Michael Hesemann, author (Germany)

> Cliquer pour consulter la liste complète des principales personnalités ayant déjà signé la Filiale Supplique

> Lire et signer la Filiale Supplique au Souverain Pontife sur l'avenir de la famille

 

(Information et présentation reprises de Rorate Caeli)

08/01/2015

Qui est mon prochain ?

m033204_002486_p.jpgConcrètement, la question est de savoir qui est « le prochain ». [...] Si la question avait été : le Samaritain est-il lui aussi mon prochain ?, la réponse aurait été, dans la situation donnée, un « non » sans équivoque. Mais Jésus renverse les choses. Le Samaritain, l'étranger, se fait lui-même mon prochain et me montre que je dois apprendre par moi-même, de l'intérieur, à être le prochain de tous, et que la réponse se trouve déjà en moi. Il me faut devenir quelqu'un qui aime, une personne dont le cœur se laisse bouleverser par la détresse de l'autre. C'est alors que je trouverai mon prochain, ou plus exactement, c'est alors que je serai trouvé par lui.

[...]

Une nouvelle universalité se fait jour, fondée sur le fait que, de l'intérieur, je me fais déjà le frère de tous ceux que je rencontre et qui ont besoin de mon aide.

Nous donnerons toujours trop peu si nous ne donnons que des choses matérielles. Et tout autour de nous, ne voyons-nous pas aussi des hommes que l'on a dépouillés et brisés ?

Tout cela nous concerne et nous appelle à faire nôtres le regard et le cœur du prochain, et aussi à avoir le courage d'aimer notre prochain. Car, comme il a été dit, il se peut que le prêtre et le lévite aient passé leur chemin par crainte plus que par indifférence. Nous devons réapprendre, de l'intérieur, à prendre le risque de la bonté. Et nous ne pourrons le faire que si nous devenons nous-mêmes intérieurement « bons », si de l'intérieur nous nous faisons le « prochain » des autres et si nous cherchons alors à savoir quelle façon de servir nous est demandée, autour de nous et dans le cercle plus large de notre vie, quelle façon de servir nous est individuellement possible et, par là même, assignée.

[...]

Source : Ratzinger, J/ Benoît XVI. Jésus de Nazareth. 1. Du Baptême dans le Jourdain à la Transfiguration. Paris : Flammarion, p. 222-224.

> La Parabole du Bon Samaritain par Benoît XVI

20:21 Publié dans Éthique, Pape | Tags : livres | Lien permanent | Commentaires (0)

14/11/2014

Vous qui défendez la famille, n'ayez pas peur ! C'est vous qui transmettez les paroles de la vie !



Jérome Lejeune :

Vous qui êtes pour la famille, on se moquera de vous ! On dira que vous êtes démodés, on dira que vous empêchez les progrès de la science, on lèvera contre vous l'étendard de la tyrannie expérimentale, on dira que vous essayez de baillonner la science par une morale dépassée !
Eh bien, je voudrais vous dire "N'ayez pas peur !"
C'est vous qui transmettez les paroles de la vie !

Eh bien, il nous reste la sagesse. Et la sagesse éternelle. Celle que les hommes n'ont pas inventée. Et cette sagesse se résume en une phrase, qui explique tout : ce que vous devez faire ou ne pas faire. Cette phrase, elle est toute simple, c'est notre Maître à tous qui nous l'a enseignée  : " Ce que vous avez fait aux plus petits d'entre les miens, c'est à Moi que vous l'avez fait !" (Mt 25, 40)


La fondation Jérôme Lejeune

12/11/2014

Ce 26 novembre à Bruxelles : conférence-débat sur les Mères-porteuses -GPA

A la suite des conférences sur le Gender (novembre 2013) et sur l'Euthanasie (juin 2014), le Figuier organise une nouvelle conférence à laquelle vous êtes chaleureusement invités :

Conférence-Débat Mère-porteuses - GPA : le point sur la situation en Belgique

Pour comprendre ce qu'est la Gestation Pour Autrui, ses conditions et ses conséquences, nous vous invitons chaleureusement le mercredi 26 Novembre 2014 à 20H15 à une soirée de réflexion et d'échange avec:

    Carine Brochier, Institut Européen de Bioéthique, Belgique
    Aude Mirkovic, Les Juristes pour l'Enfance, France
    Anne Schaub, Psychothérapeute spécialiste des enfants et des familles, Belgique
    Bobby Lopez, Professeur, California State University, USA

Entrée gratuite,inscription préalable par Email à gpa@lefiguier.info
Participation libre souhaitée à l'issue de la conférence

Où :    Espace Lumen
            34-36 Chaussée de Boondael
            1050 Ixelles

S'y rendre :    Parking souterrain Place Flagey
                        Bus : 38, 59, 60, 71
                        Tram : 81

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04/11/2014

L'industrie qui asservit les femmes