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20/05/2016

Grâce unique, c'est de nous qu'il dépend que la Parole éternelle retentisse ou ne retentisse pas

Nous qui ne sommes rien, qui ne durons pas,Ste Jeanne d'ARc.jpg
Qui ne durons autant dire rien
(Sur terre)
C'est insensé, c'est encore nous qui sommes chargées de conserver et de nourrir éternelles
Sur terre,
Les paroles dites, la parole de Dieu.

Mystère, danger, bonheur, malheur, grâce de Dieu, choix unique,
responsabilité effrayante, misère, grandeur de notre vie,
nous créatures éphémères c'est à dire qui ne passons qu'un jour.
qui ne durons qu'un jour,
pauvres femmes viagères qui travaillons comme des mercenaires,
qui ne s'arrêtent dans un pays que pour faire la moisson seulement ou la vendange,
qui s'embauchent pour une paye pour quinze jour trois semaines seulement,
et qui aussitôt après repartent par la route,
sur le chemin,
tournent au coin des peupliers,
nous simples voyageurs, pauvres voyageurs, fragiles voyageurs,
voyageurs précaires,
chemineaux éternels,
qui entrons dans la vie et aussitôt qui sortons,
comme des chemineaux entrent dans une ferme pour un repas seulement,
pour une miche de pain et pour un verre de vin,
nous débiles, nous fragiles, nous précaires, nous indignes, nous infirmes,
nous autres bergères, nous légères, nous passagères, nous viagères,
(mais non pas, nullement étrangères,)
grâce unique, (risque de quelle disgrâce ?)
Fragiles c'est de nous qu'il dépend que la parole éternelle
Retentisse ou ne retentisse pas.

Dans des cœurs charnels, voilà, mon enfant, ce que les anges ne connaissent pas,
Autrement que par ouï-dire,
Mais eux-mêmes ils ne l'ont pas éprouvé,
Dans des cœurs charnels, dans des cœurs précaires, dans des cœurs viagers,
Dans des cœurs qui se brisent
Une parole est conservée, est nourrie
Qui ne se brisera éternellement pas.
Dans des cœurs fragiles une parole qui se retrouvera toujours.

C'est pour cela, mon enfant, pour cela même,
(Tu t'y reconnais, tu t'y retrouves,)
C'est pour cela qu'il faut que France, que chrétienté continue :
Pour que la parole éternelle ne retombe pas morte dans un silence,
Dans un vide charnel.

C'est donc pour cela même,
(Nous y revenons, mon enfant, tu reconnais le chemin,)
C'est précisément pour cela,
C'est pour cela même, c'est juste pour cela,
Que rien de tout cela,
Et même rien de tout,
(Ainsi, en cela, par cela, par le jeu de cela,)
Que absolument rien de tout
Ne tient que par la jeune
Espérance,
Par celle qui recommence toujours et qui promet toujours,
Qui garantit tout.
Qui garantit demain à aujourd'hui et ce soir et ce midi à ce matin,
Et la vie à la vie et l'éternité même au temps.

 

Extrait de : Péguy, Ch. Le porche du mystère de la deuxième vertu. Paris. Gallimard. s.d. 127-130

31/03/2016

La Sainte Eucharistie, Salut de l'Eglise et du monde

Ce lundi 14 mars, le cardinal Raymond L. Burke était à Paris pour présenter son livre La Sainte Eucharistie, sacrement de l’amour divin (éditions Via Romana), traduction de Divine Love Made Flesh: The Holy Eucharist, Sacrament of Charity, paru initialement aux États-Unis et publié aujourd’hui dans plusieurs langues à travers le monde.
Théologie de l’eucharistie accessible à tous les croyants, ce livre reprend principalement les enseignements sur le sujet de Jean-Paul II et de Benoît XVI.
Avec son autorisation, nous reproduisons ci-dessous la quasi totalité de la présentation de son livre effectuée à Paris par le cardinal Burke devant les journalistes et les personnalités invitées à cette occasion.

Le plus grand don de Dieu

Cardinal_Burke.jpgLes plus beaux souvenirs de jeunesse de mon éducation dans la foi et les mœurs catholiques, que ce soit à la maison, dans les écoles catholiques ou plus tard au petit séminaire sont tous associés à la Messe dominicale et à la dévotion eucharistique, mais aussi à la dévotion au Cœur Sacré de Jésus, qui en est le prolongement. Ce divin Cœur a été intronisé aussi bien à la maison, que dans les écoles catholiques, et au petit séminaire. Pour autant que je me souvienne, il n’y a jamais eu de doute que le plus grand don de Dieu envers moi, ma famille et l’Eglise toute entière soit le saint sacrifice de la Messe et son fruit incomparable : le Corps, le Sang, l’Ame, et la Divinité de Notre Seigneur Jésus Christ. C’est en effet le même Jésus qui, assis à la droite de Dieu le Père dans le ciel, descend afin de rendre présent le Sacrifice du Calvaire sur les autels de nos églises et chapelles, dispersées dans toutes les régions du monde.

Cette merveille du mystère eucharistique, mystère de la Foi, est intimement liée avec l’accès régulier au sacrement de la Pénitence, nous disposant à toujours mieux recevoir Notre Seigneur, le Pain Céleste. Tout en m’émerveillant de la présence réelle du Seigneur, j’ai approfondi mon amour pour Lui et mon désir de rester toujours près de Lui et de Lui plaire en toutes choses. Une occasion particulière de cette intimité eucharistique s’est présentée à l’âge de dix ans, lorsque je suis devenu enfant de chœur, assistant le prêtre à la célébration de la Sainte Messe et aux autres rites sacrés. L’opportunité de voir de plus près toute la beauté exquise du rite de la Messe et en particulier, le ministère irremplaçable du prêtre qui offre le Sacrifice, a été une grâce dont je suis encore aujourd’hui très reconnaissant.

La beauté de la sainte liturgie

L’édifice de l’église, ses meubles, l’autel, les linges sacrés, les calices, les patènes, les ciboires, les ostensoirs, les vases sacrés et les ornements, aussi bien que le chant grégorien et la polyphonie que l’on chantait pour les grandes fêtes de l’année, et de plus, les rites liturgiques eux-mêmes qui sont articulés avec un tel raffinement, en un mot, tout cet ensemble nous faisait percevoir la réalité sous-jacente : la rencontre entre le ciel et la terre qui est la substance de la sainte Liturgie. Je viens d’une région rurale d’un état des Etats-Unis, caractérisée par de petites exploitations agricoles, et j’ai grandi dans une petite ferme. Pourtant, la beauté de la sainte Liturgie, conservée par l’Eglise partout dans le monde, est aussi parvenue jusque dans ma contrée, et les fidèles faisaient les sacrifices nécessaires pour sauvegarder et promouvoir le plus beau don de Dieu pour nous. Je me souviens que, déjà pendant mon enfance, j’ai eu un sentiment de cette réalité tellement grande, qu’elle m’a habité toute ma vie, tandis que je cherchais à approfondir ma connaissance et accroitre mon amour du Seigneur eucharistique.

Durant mes dernières années à l’école et au début de mes études universitaires, qui étaient toujours dans le cadre du séminaire, tout ce dont je viens de parler subit un changement radical dans mon pays. Malgré le fait que je n’avais que dix-sept ou dix-huit ans, j’en ai été profondément marqué. Les églises furent réaménagées et les plus belles choses enlevées, surtout les maîtres-autels qui habituellement, dans cette région lointaine, étaient importés de l’Europe ou étaient fabriqués par des artisans européens. Il n’y avait plus l’attention soigneuse aux linges sacrés, aux vases et aux ornements, tandis que le chant grégorien et la polyphonie sacrée étaient abandonnés en faveur de musiques contemporaines, médiocres et souvent banales. Le latin ne se faisait guère ou jamais entendre, et les traductions anglaises des textes liturgiques utilisaient un langage ordinaire et peu soutenu. La chose la plus frappante fut le changement radical du rite de la Messe, réduisant largement son expression. Cette situation a été aggravée par les expérimentations liturgiques apparemment interminables et qui parfois m’ont laissé l’impression de ne pas avoir vraiment assisté à la Sainte Messe. 

Les effets désasteux de la crise

Malheureusement, en dépit des mesures correctives du Saint-Siège, surtout du bienheureux pape Paul VI et du saint pape Jean-Paul II, la situation a continué à durer, et en même temps, on a assisté à une perte dramatique de la Foi dans l’Eucharistie et à un déclin stupéfiant de l’assistance à la Messe dominicale. Toute la destruction de la beauté liturgique a été justifiée au nom du soi-disant « esprit du Concile Vatican II », même si, en réalité, ces choses n’avaient rien avoir avec la vraie réforme désirée par les Pères Conciliaires. A vrai dire, il y avait là une manifestation dévastatrice d’une certaine interprétation du Concile Vatican II, en discontinuité avec la tradition ininterrompue de la doctrine et de la discipline de l’Eglise.  Le Pape Benoît XVI, lors de ses Vœux de Noël 2005 au Collège des Cardinaux et à la Curie Romaine a décrit ce phénomène.

Pendant les deux dernières années de son pontificat, le saint pape Jean-Paul II a entrepris un effort intense et approfondi pour corriger, d’une manière compréhensive, les abus liturgiques et pour restaurer la sainte Liturgie selon l’intention des Pères Conciliaires. Le pape Benoît XVI a continué la réforme liturgique du pape Jean-Paul II, mort avant le Synode des Evêques sur la Sainte Eucharistie qu’il avait convoqué pour le mois d’octobre 2005. Les principales œuvres du saint pape Jean-Paul II visant cette réforme sont : sa lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia du Jeudi Saint 2003 et l’Instruction Redemptionis Sacramentum de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements en avril 2004, déjà annoncée par le saint Pontife dans son encyclique. Les principales œuvres du Pape Benoît XVI sont : l’exhortation apostolique post-synodal Sacramentum Caritatis de février 2007, suivie par la lettre apostolique en forme de Motu Proprio Summorum Pontificum de juillet 2007 avec l’instruction correspondante de la Commission Pontificale « Ecclesia Dei » d’avril 2011 sur la mise en application dudit Motu Proprio.

Comme évêque de La Crosse, puis archevêque de Saint Louis, j’ai trouvé un guide sûr et un aide extraordinaire dans le magistère du saint pape Jean-Paul II et du pape Benoît XVI. J’ai voulu présenter soigneusement aux fidèles confiés à mon soin pastoral, leurs plus importants enseignements. J'ai poursuivi cette fin à travers le journal diocésain, dans lequel j’ai commenté durant deux années les textes complets de la lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia et de l’exhortation apostolique post-synodal Sacramentum Caritatis. Puis, encouragé par plusieurs prêtres et autres fidèles, j'ai révisé le texte des articles avec l’aide de ma secrétaire la sœur M. Regina et de monsieur l’abbé Michael Houser. Le résultat en a été le volume qui maintenant est publié en traduction française. Monsieur Thomas McKenna de “Catholic Action for Faith and the Family”, association dévouée à la nouvelle évangélisation, a assuré sa publication aux Etats-Unis et a coopéré avec monsieur Benoît Mancheron et la maison d’édition Via Romana pour l’édition française et aussi avec d’autres maisons d’édition pour les publications croate, allemande, italienne, polonaise, et portugaise. Je remercie le Bon Dieu que ce livre ait été un bienfait spirituel pour beaucoup de lecteurs.

La continuité organique de la Liturgie sacrée

la-sainte-eucharistie-sacrement-de-l-amour-divin.jpgJe veux conclure ma réflexion en exprimant l’espoir que ce que j’ai écrit, inspiré par la continuité organique de la Liturgie sacrée tout au long des siècles chrétiens, puisse aider le lecteur à apprécier la bonté, la vérité, et la beauté de la sainte Liturgie, comme l’action du Christ glorieux au milieu de nous, et comme la rencontre du ciel et de la terre. Et ainsi, j’espère que la lecture du livre puisse, de quelque manière, aider le lecteur à mieux connaître notre Seigneur Eucharistique et à L’aimer toujours plus ardemment. Que l’adoration humble du mystère eucharistique, mystère de la Foi, inspire et renforce en nous une vie eucharistique, une vie d’amour pur et désintéressé du prochain, surtout du prochain très nécessiteux.

Que la Sainte Vierge Marie, « Femme de l’Eucharistie » selon l’expression du Saint Pape Jean-Paul II, nous rapproche de son Fils dans le saint sacrifice de la Messe, afin que, par sa maternité divine, nous Le rencontrions en sa Présence Réelle dans le Très Saint Sacrement et que nous suivions toujours son conseil maternel : « faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5).

Je vous remercie tous pour votre présence et votre écoute bienveillante. Que le Bon Dieu vous bénisse et qu’Il bénisse vos foyers.

Raymond Leo, cardinal Burke

La Sainte Eucharistie, sacrement de l'amour divin 
cardinal Raymond L. Burke, 
éditions Via Romana, 250 pages, 20 €

Source : L'Homme nouveau

04/03/2016

Cardinal Mercier : "Pour être heureux, revenez aux enseignements et à la foi de la vie chrétienne"

card Mercier.jpg

Mes bien chers Frères, j'éprouve un vif désir de vous voir tous heureux. Si vous ne l'êtes pas, revenez donc, je vous en supplie, aux enseignement et reprenez la loi de la vie chrétienne. Là est la source du bonheur. Croyez-en saint Augustin qui avait passé par tant de déceptions avant d'avoir trouvé la paix et qui, l'ayant enfin découverte, s'écriait : "Notre coeur n'a point de repos, tant qu'il ne le prend pas en Dieu, Fecisti nos ad te Domine, et irrequietum est cor nostrum donec requiescat in te." Ecoutez la voix paternelle de note Saint-Père le Pape Pie X qui vous dit : "Si vous connaissiez la vie chrétienne, vous l'estimeriez et l'aimeriez." Ecoutez l'appel affectueux de notre bon Sauveur Jésus : "Venez à moi et suivez mes enseignements, discite a me ; suivez l'attrait de ma douceur et de mon humilité et je promets la paix à vos âmes, quia itis sum et humilis corde, et invenietis requiem animabus vestris (Matth, XI, 29). Certes je vous demande  un acte de foi à ma puissance et à mon amour, il dépend de vous de me le donner ou de me le refuser, car je n'entends pas vous contraindre, je respecte votre liberté. Quand, au cours de ma vie mortelle, je m'offrais à guérir les malades, à rendre la vue aux aveugles, je commençais par leur demander un acte de foi ; avant de ressusciter Lazare, il me plaisait de mettre  à l'épreuve la foi de Marthe en lui disant : j'affirme que je suis la vie, j'ai le pouvoir de ressusciter les morts, croyez-vous cela ? Oui, Seigneur, répondit Marthe, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui avez daigné descendre au milieu de nous. Aussitôt après déclaration de foi, Lazare sortait du tombeau" (Joan. XI).

Il s'agit pour chacun de nous d'une expérience à faire. Je ne vous dirai pas avec Pascal : Tentez-la les yeux fermés ; si elle échoue, vous n'aurez rien perdu ; si elle réussit, vous aurez gagné l'infini. Le chrétien ne se soumet pas à un coup de dé. Il a des raisons de croire et ne croirait point s'il ne voyait qu'il est sage de le faire. Néanmoins aucune raison de croire ne lui ôte la liberté de refuser les avances divines. L'homme de génie aussi bien que l'homme du peuple trouve sa place et vit en paix dans l’Église, mais au premier comme au second Dieu demande d'abord un acte de filial abandon à sa divine Providence : "Si vous ne vous faites semblables aux petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume de Dieu" (Matth XVIII 3).

Dieu n'exige, somme toute, de l'homme qu'une seule chose : la droiture intérieure. "Nous voulons, écrit Saint Jean, que vous soyez pleinement dans la joie, nous vous annonçons, c'est que Dieu est lumière et qu'il n'y a point en lui de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché" (I Joan. I, 5-7). Le bonheur, dit Saint Augustin, c'est la joie puisée dans la vérité, beata vita est gaudium de veritate (Conf. Liv. X, ch XXIII). Sois donc sincère avec toi-même, mon Frère, suis les lumières de ta conscience : elle te mettra de prime abord en présence d'un idéal de grandeur morale auquel elle te commandera de subordonner tes instincts et de plier tes passions ; elle te dira de placer les intérêts moraux de la famille, de la patrie, de l'humanité au-dessus des attraits de ton égoïsme ; elle te suggérera d'aimer les autres hommes comme des frères, et à mesure que tu t'appliqueras à les aimer tous, loyalement, effectivement, tu sentiras naître et grandir en toi l'amour de Dieu, car la paternité divine est le principe et l'unique garantie de la fraternité humaine. "Celui qui aime son frère demeure dans la lumière , et aucune occasion de chute n'est en lui. Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux" (Matth. XXV, 35 et suiv.).

Le vrai chrétien n'est pas celui qui est baptisé, qui accomplit plus ou moins fidèlement un nombre plus ou moins considérable de pratiques religieuses, mais celui qui, conformant sa vie aux prescriptions évangéliques, aime Dieu comme son père, par-dessus toutes choses et son prochain comme son frère, par amour pour Dieu. Il est impossible d'aimer sincèrement le père de famille sans embrasser ses enfants dans le même amour. Ces deux amours sont si étroitement unis que le Dieu qui nous a fait une loi de l'aimer de toutes les énergies de notre âme nous avertit que le jugement final portera sur l'exercice envers nos frères (I Joan. II, 10, 11). Il est réconfortant, mes Frères, à l'heure des épreuves morales de la vie, de penser qu'il y a dans les joies triomphantes du paradis, dans les espérances douloureuses du purgatoire, au milieu des luttes présentes de l'humanité, des légions d'âmes qui, unies par les liens d'un même fraternel amour, vivifiées par un même esprit de paix, vinculum pacis, placent Dieu au-dessus de tous les biens de l'univers créé.

Source : Card. D-J Mercier. Discours et Mandements. Extraits des Œuvres Pastorales. Bruxelles : Dewit. 1914. 14-18.

14/02/2016

[Audio] « La conversion des musulmans » : conférence de l’abbé Guy Pagès

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Conférence de l’abbé Guy Pagès à Bruxelles le 26 janvier 2016 : « La conversion des musulmans ». L’abbé Pagès explique pourquoi il est important d’annoncer l’Évangile aux musulmans, et ce qu’il faut savoir pour le faire. Quels sont les obstacles à l’évangélisation des musulmans, et comment les surmonter ?

L’abbé Guy Pagès a été ordonné prêtre en 1994 pour le diocèse de Paris. Il a été missionnaire en République islamique de Djibouti et vit actuellement à Paris où il exerce un apostolat pour l’évangélisation des musulmans.

Il peut y avoir un petit temps d’attente avant le démarrage de l’enregistrement. Merci pour votre patience.

Enregistrement: Espérance Nouvelle
Image: Espérance Nouvelle

19/01/2016

« L’art contemporain »: une imposture qui s'impose

art contemporain, révolution culturelle

INTERVIEW D’AUDE DE KERROS – L’artiste et essayiste critique les dérives du conceptualisme qui enferment la création dans la doxa gauchiste et transforment les œuvres en produit financier.

Parallèlement à son œuvre d’artiste, peintre et graveur, Aude de Kerros mène une réflexion de fond sur l’Art contemporain, qui s’est traduite dans plusieurs essais (*). Son nouvel opus, L’Imposture de l’Art contemporain, une utopie financière, aux Éditions Eyrolles, est une synthèse éclairante: à la fois histoire de l’art, enquête politico-économique très documentée et réflexion critique voire polémique sur le «sens et destin» de l’art, pour reprendre un titre célèbre de son maître René Huyghe.

Le FIGARO. – On entend logiquement l’expression «Art contemporain» comme l’art d’aujourd’hui, et vous en montrez l’équivoque. D’une part, elle désigne une forme de création spécifique, qui est loin d’être la seule chez les artistes vivants. D’autre part, elle joue sur le prestige du mot «art», qui évoque une longue et haute histoire de l’esprit humain, alors que son propos est justement d’en prendre le contre-pied.

Aude DE KERROS. – Oui, l’imposture est d’abord sémantique. Depuis les premières peintures rupestres, l’art pictural est un langage non verbal qui délivre un sens grâce à la forme. […] Or, le courant conceptuel qui a pris dans les années 1970 la dénomination d’«Art contemporain» se définit lui-même comme l’inverse de l’art, dont il fait la critique radicale, et il parle un autre langage, issu de la sociologie et plus tard du marketing. Il se fonde sur la célèbre formule de Marcel Duchamp: «Est de l’art ce que l’artiste déclare tel.» Ce que les institutions définissent ainsi, ajoutera plus tard le philosophe Arthur Danto. En conséquence, n’importe quoi peut devenir de l’art, à l’exception du grand art, qui suppose un savoir, un talent, une excellence.

Cette «déclaration d’art» est d’abord une posture intellectuelle. À quel moment la posture devient-elle imposture?

Les artistes conceptuels appliquent un processus provocateur qui est un peu l’équivalent de la philosophie cynique: une transgression qui oblige celui qui regarde à se poser des questions. […] Le paradoxe est que, justement, l’Art contemporain est devenu un dogmatisme totalitaire.

[…]

Mais intellectuellement, spirituellement, quelle est la nature de la domination de l’Art contemporain? D’où lui vient son côté totalitaire?

C’est la résultante d’évolutions politiques et intellectuelles complexes. Il faut remonter au constructivisme de la révolution bolchevique de 1917: «Créer, c’est détruire», telle était la doxa. Le devoir du révolutionnaire était de faire table rase du savoir et de l’art «bourgeois» pour construire une humanité nouvelle. Staline a réservé cette fonction de sape aux agents d’influence sur les fronts extérieurs à l’URSS, imposant chez lui un art plus «positif».

[…]

En 1932, Staline choisit un style unique, l’académisme, qui deviendra le réalisme socialiste, et qui a un organe officiel, l’Union des artistes. Il s’est passé la même chose en France en 1983, quand Jack Lang a créé plusieurs institutions encadrant complètement la vie artistique, et un nouveau corps de fonctionnaires, les inspecteurs de la création.

[…]

Comment est-on arrivé aujourd’hui à un tel dirigisme?

Par une révolution de type bolchevique, quoique non sanglante. La bureaucratie a mis en œuvre le principe «bienfaiteur» de la table rase en imposant des fonctionnaires sans formation artistique. Le choix du conceptualisme permet à tout le monde d’être artiste. Il n’est plus besoin de talent ou de savoir-faire, de culture. On est passé d’un pays de grande liberté où toutes les tendances de l’art et de la pensée étaient présentes, à un système où la pensée publique est contrôlée. Les comportements libertaires privés sont encouragés, mais il y a un encadrement fort des lettres et des arts.

[…]

(*) Notamment « L’Art caché: les dissidents de l’Art contemporain » (Éditions Eyrolles) et « Sacré Art contemporain : évêques, inspecteurs et commissaires » (Éditions Jean Cyrille Godefroy).

Article publié dans l’édition du Figaro du 13/01/2016

Repris par : Une critique de l’art contemporain (Aude de Kerros)

Lire aussi:

Le culte à la laideur

Le pouvoir de la beauté

 

09/12/2015

Les oblats bénédictins de Riaumont construisent une église avec des jeunes en formation professionnelle

Cette vidéo reprend la partie dédiée à la communauté de Riaumont et à ses travaux de construction, dans l'émission Perles de culture n°57 du 8 juillet 2015.

 

 

> Présentation de l'école de formation technique et professionnelle

> L'église en construction

> Faire un don

> [VIDEO] La pose de la première pierre en 2003

> [VIDEO] Voir l'émission complète Perles de culture n°57 (avec 3 autres sujets traités)

 

03/12/2015

Dans cette foi, je veux vivre et mourir !

st_francois-xavier.jpgJe crois, de toute mon âme,
tout ce que la Très Sainte Église Catholique, apostolique, romaine,
m'ordonne de croire de vous, ô mon Dieu !

Dieu unique en trois personnes.

Je crois tout ce qu'elle croit et enseigne
du Fils éternel du Père,
Dieu comme lui, et qui, pour moi,
s'est fait homme, a souffert, est mort, est ressuscité
et règne dans le ciel avec le Père et le Saint-Esprit.

Je crois enfin tout ce que la Sainte Église, notre Mère,
m'ordonne de croire.

J'ai la ferme volonté de tout perdre, de tout souffrir,
de donner mon sang et ma vie,
plutôt que de renoncer à un seul point de ma foi,
dans laquelle je veux vivre et mourir.

Quand viendra mon heure dernière,
ma bouche glacée ne pourra peut-être
renouveler l'expression de ma foi ;
mais je confesse, dès maintenant,
pour le moment de ma mort,
que je vous reconnais, ô Sauveur Jésus
pour le Fils de Dieu.

Je crois en Vous,
je vous consacre mon cœur, mon âme, ma vie
tout moi-même
Ainsi soit-il

Saint François-Xavier - fête liturgique le 3 décembre

29/11/2015

« Il faut que nous soyons prêts car, bientôt, nos églises seront pleines ! »

le-pere-hubert-lelievre_article.jpgÀ Bollène (Vaucluse), le Père Hubert Lelièvre a lancé une campagne de restauration de la chapelle du Saint-Sacrement, où l’on prie aux intentions de la vie et de la famille. Un geste prophétique pour ce missionnaire ardent, persuadé que « le christianisme vit ses débuts ».

Le Père Hubert Lelièvre y croit dur comme fer : « Il faut que nous soyons prêts car, bientôt, nos églises seront pleines ! » Pour cette raison, le prêtre, fondateur de la famille missionnaire L’Évangile de la vie, a souhaité lancer une campagne de rénovation de la chapelle du Saint-Sacrement de Bollène (Vaucluse), dont il a la charge. Une chapelle édifiée en 1734, de taille modeste, et dotée d’un beau retable de la même époque. Depuis la halte récente ici du reliquaire des parents de la petite Thérèse de retour de Rome, un portrait des saints époux trône en bonne place sur le retable, à proximité du tabernacle et non loin de la représentation de Marie qui défait les nœuds.

« Certains s’étonnent de cette rénovation. J’explique mon choix par trois raisons : 1°/ j’aime Jésus 2°/ je veux Le faire aimer 3°/ il y a urgence à mettre le feu dans ce monde ! », explique encore le Père Lelièvre. De plus, la chapelle du Saint-Sacrement est un lieu d’adoration fréquenté, où l’on prie spécifiquement aux intentions de la vie et de la famille. « C’est un lieu de guérison, où les gens déposent des choses lourdes comme des divorces, des avortements », confie le prêtre en soutane. La maison de Bollène, à deux pas de l’A 7, sert de halte à de nombreuses familles sur la route des vacances. Des jeunes gens viennent trouver ici le calme pour réviser leurs examens dans une atmosphère simple et chaleureuse.

Le responsable de la famille missionnaire L’Évangile de la vie veut promouvoir la prière pour la vie et les familles en difficulté. Pour preuve, il y a quelques jours à peine, il est revenu de Rome avec près de quarante mille chapelets en plastique blanc remplissant sa voiture jusqu’au plafond ! Le prêtre appuie sa conviction sur les signes des temps. « Jamais l’Église n’a été autant crucifiée, jamais la famille n’a été autant réduite en lambeaux ! Nous souffrons, c’est certain, mais le Ciel s’ouvre sur la terre. Tout ce qui est sans Dieu s’écroule et tous les voyants sont au vert pour l’Église ! », s’enthousiasme-t-il.

Méthode Coué ? « Absolument pas ! Les gens ont tellement été privés de Dieu que leur soif est immense. J’en veux pour preuve le nombre croissant de Français qui visitent les églises. D’autre part, comme prêtre, je suis le témoin d’un grand désir de sainteté parmi les jeunes générations. Ainsi, pour toutes ces raisons, je suis persuadé que le christianisme n’en est qu’à ses débuts. »

Une « connotation éternelle »

Mme Pons est restauratrice de monuments anciens. C’est à elle et son fils qu’a été confiée la restauration de la chapelle. Dès que possible, elle souhaite ôter les murs en Placoplatre qui ont été posés à la hâte après les inondations de 1993 sur tout le périmètre de la chapelle. « L’eau est montée à plus de 1,60 m », explique-t-elle. « Derrière le Placo, les murs sont gorgés d’eau ! » Après, elle traitera le plafond, remplaçant sur les moulures la bronzine par des feuilles d’or. Familière des rénovations d’église, Mme Pons aime « la connotation éternelle » prise par son travail dans un pareil environnement. « Quand le chantier est terminé, je sais qu’une partie de moi va rester ici en adoration. » En adoration avec toutes les âmes que le Père Lelièvre entend guider vers le Bon Dieu.

Benjamin Coste pour Famille Chrétienne

24/11/2015

Cardinal Caffarra : Les évêques et les époux chrétiens recommenceront à construire les évidences originelles dans le cœur des hommes

Le cardinal Carlo Caffarra a longuement évoqué l'idéologie du genre, le « mariage » gay et la « glorification de l'homosexualité » qui annonce toujours la fin des civilisations, dans un entretien qu'il a accordé au journal italien Il Tempo à la veille de la marche pour la famille à Rome le 20 juin dernier. Je vous propose ici ma traduction de ce texte important, qui est un appel à ne jamais baisser les armes, quoi qu'il en coûte. - Jeanne Smits


carlo_caffarra1.jpg Plusieurs réflexions m’ont traversé l’esprit à l’occasion de la motion votée par le Parlement européen.

La première est celle-ci : c’est la fin. L’Europe est en train de mourir.

Et peut-être même n’a-t-elle aucune envie de vivre, car il n’y a pas de civilisation qui ait survécu à la glorification de l’homosexualité. Je ne dis pas : à l’exercice de l’homosexualité. Je parle de la glorification de l’homosexualité. Et je fais une incise : on pourrait observer qu’aucune civilisation n’est allée jusqu’à  proclamer le mariage entre personnes de même sexe. En revanche, il faut rappeler que la glorification est quelque chose de plus que le mariage. Dans divers peuples l’homosexualité était un acte sacré. De fait, l’adjectif utilisé dans le Lévitique pour juger la glorification de l’homosexualité à travers le rite sacré est celui d’« abominable ». Elle avait un caractère sacré dans les temples et dans les rites païens.
C’est si vrai que les deux seules réalités civiles, appelons-les ainsi, les deux seuls peuples qui ont résisté pendant de nombreux millénaires – en ce moment je pense surtout au peuple juif – ont été ces deux peuples qui ont été les deux seuls à contester l’homosexualité : le peuple juif et le christianisme. Où sont les Assyriens ? Où sont les Babyloniens ? Et le peuple juif était une tribu, il paraissait n’être rien par rapport aux autres réalités politico-religieuses. Mais la réglementation de l’exercice de la sexualité que nous rencontrons, par exemple, dans le livre du Lévitique, est devenu un facteur de civilisation extrêmement important. Voilà ma première pensée : c’est la fin.


Ma deuxième réflexion est purement de foi

. Devant de tels faits je me demande toujours : mais comment est-il possible que dans l’esprit de l’homme puissent s’obscurcir des évidences aussi originelles, comment est-ce possible ? Et je suis arrivé à cette réponse : tout cela est une œuvre diabolique. Littéralement. C’est le dernier défi que le diable lance au Dieu créateur, en lui disant : « Je vais te montrer comment je construis une création alternative à la tienne et tu verras que les hommes diront : on est mieux ainsi. Toi, tu leur promets la liberté, je leur propose d’être arbitres. Toi, tu leur donnes l’amour, moi je leur offre des émotions. Tu veux la justice, et moi, l’égalité parfaite qui annule toute différence. »
J’ouvre une parenthèse. Pour quoi dis-je : « création alternative » ? Parce que si nous retournons, comme Jésus nous le demande, au Principe, au dessein originel, à la manière dont Dieu a pensé la création, nous voyons que ce grand édifice qu’est la création est érigée sur deux colonnes : la relation homme-femme (le couple) et le travail humain. Nous parlons maintenant de la première colonne, mais la deuxième aussi est en train de se détruire… Nous sommes, par conséquent, face à l’intention diabolique de construire une création alternative, qui défie Dieu dans l’intention de voir l’homme finir par penser qu’on se trouve mieux dans cette création alternative.


Troisième réflexion: « Jusques à quand, Seigneur ? »

La réponse qu’il nous donne fait référence au livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse…
Dans ce livre on raconte que les pieds de l’autel céleste sont ceux qui sont assassinés par la justice, par les martyrs qui disent sans cesse : « Jusqu’à quand vas-tu rester sans venger notre sang ? » (Ap. 6, 9-10). Et cette réponse me vient spontanément : Jusqu’à quand Seigneur, ne défendras-tu pas ta création ? Et une nouvelle fois la réponse de l’Apocalypse résonne en moi : « Il leur fut dit qu’ils attendissent en repos encore un peu de temps, jusqu’à ce que fût rempli le nombre de ceux qui étant leurs frères et serviteurs comme eux, devaient aussi bien qu’eux souffrir la mort. » Quel grand mystère que la patience de Dieu ? Je pense à la blessure de son Cœur, qui est devenue visible, historique, lorsqu’un soldat a ouvert le côté du Christ. Parce que de chaque chose, de chaque créature créée, la Bible dit : « Et Dieu vit que cela était bon. » Pour finir, au sommet de la création, après la création de l’homme et de la femme, elle dit : « Et Dieu vit que tout cela était très bon. » La joie du grand artiste ! Aujourd’hui cette grande œuvre d’art est totalement défigurée. Et lui, Il est patient et miséricordieux. Et il dit, à celui qui lui demande « jusques à quand ? », qu’il attende. « Tant que le nombre des élus ne sera pas atteint. »


 Et voici ma dernière réflexion.

Un jour, lorsque j’étais archevêque de Ferrera, j’étais dans un des villages les plus éloignés du diocèse, dans le delta du Pô. Un lieu qui ressemblait au bout de la terre, au milieu d’un de ces tortueux méandres que décrit le grand fleuve, qui avant d’atteindre la mer, va là où il veut. Là j’ai rejoint un groupe de pêcheurs, des gens qui passent littéralement la plus grande partie de leur vie en mer. Un de ceux-là m’a posé cette question : « Imaginez que le monde est un de ces conteneurs cylindriques où nous mettons les poissons que nous venons de pêcher : eh bien, le monde est une espèce de baril et nous sommes comme des poissons qui viennent d’être pêchés. Ma question est celle-ci : le fond de ce baril, comment s’appelle-t-il ? Quel est son nom ? »
Imaginez-vous ce pêcheur qui pose la question qui est au principe de n’importe quelle philosophie : comment s’appelle le fond des choses ? Et moi, alors, étonné par cette question, je lui ai répondu : « Le fond ne s’appelle pas le hasard ; il se nomme gratuité et tendresse de Quelqu’un qui nous embrasse tous. » Ces jours-ci j’ai recommencé à penser à cette question et à la réponse que j’ai donnée à ce vieux pêcheur je me demande : toute cette volonté de détruire et de détruire la création a-t-elle assez de force pour pouvoir vaincre à la fin ? Non. Je pense qu’il y a une force plus puissante qui est l’acte rédempteur du Christ, Redemptor Hominis Christus, le Christ rédempteur des hommes. »


caffarra.jpg Mais j’ai eu une autre réflexion, suscitée précisément par les pensées de ces derniers jours. Mais moi, en tant que pasteur, comment puis-je aider mes gens, mon peuple, à garder dans leur esprit et dans leur conscience morale la vision originelle ? Comment puis-je empêcher l’obscurcissement des cœurs ? Je pense aux jeunes, à ceux qui ont encore le courage de se marier, aux enfants. Et alors je pense à ce que l’on fait normalement dans le monde lorsqu’il faut faire face à une pandémie. Les organismes publics responsables de la santé des citoyens, que font-ils ? Ils agissent toujours selon deux lignes directrices. La première est de soigner, en principe, celui qui est malade et d’essayer de le sauver. Le deuxième, non moins importante, et même décisive, est d’essayer de comprendre le pourquoi, les causes de la pandémie pour pouvoir ainsi définir une stratégie de la victoire.
La pandémie est là, désormais. Et en tant que pasteur, j’ai la responsabilité de guérir, et d’empêcher que les gens ne tombent malades. Mais dans le même temps j’ai l’important devoir de commencer un processus, c’est-à-dire une action d’intervention qui exigera de la patience, de l’engagement, du temps. Et la lutte sera toujours plus ardue et cela est tellement certain que je dis parfois à mes prêtres : je suis sûr que je mourrai dans mon lit, mais je ne le suis pas pour mon successeur. Il mourra probablement en prison. Par conséquent, nous parlons d’un processus qui sera long, et qui nous verra aux prises avec un dur combat. En résumé : nous sommes appelés à faire les deux choses : intervention d’urgence et lutte de longue durée, stratégie d’urgence et long processus éducatif.
Mais qui seront les acteurs d’une entreprise qui va requérir du temps et une capacité de sacrifice ? A mon avis, il y en aura, fondamentalement, deux : les pasteurs de l’Église et, plus concrètement, les évêques. Et les époux chrétiens. Pour moi, ce sont ceux-ci qui recommenceront à construire les évidences originelles dans le cœur des hommes.
Les pasteurs de l’Église, parce qu’ils sont là pour ça. Ils ont reçu une consécration dont la fin est celle-ci, la puissance du Christ est en eux. « Cela fait deux mille ans que l’évêque constitue, en Europe, l’un des ganglions vitaux, non seulement de la vie éternelle, mais de la civilisation » ('G. De Luca). Et une civilisation, c’est aussi l’humble et magnifique vie quotidienne du peuple engendrée par l’Évangile que prêche l’évêque. Et ensuite les époux. Parce que le discours rationnel vient après la perception d’une beauté, d’un bien que tu vois devant tes yeux, le mariage chrétien.
Et pour ce qui est de l’intervention d’urgence ? Je dois admettre que j’ai moi-même des difficultés. Et cela parce qu’il n’est pas rare que l’allié me manque ; le cœur humain. Je pense à la situation parmi les jeunes. Ils viennent et ils me demandent : « Pourquoi devons-nous nous engager pour toujours, alors que nous ne sommes même pas sûrs de continuer à nous aimer, la nuit venue ? » Eh bien, face à cette question je n’ai qu’une seule réponse : recueille-toi en toi-même et pense à ton expérience quand tu as dit à une jeune fille, ou dans le cas d’une jeune fille, à un garçon : « Je t’aime, je t’aime réellement. Par hasard as-tu pensé en toi-même, en ton cœur : « Je me donne tout entier à l’autre, mais seulement pour un quart d’heure ou au plus tard jusqu’à la nuit » ? Cela ne fait pas partie de l’expérience de l’amour, qui est don. C’est l’expérience d’un prêt, qui est calcul. Mais si tu parviens à guider la personne vers cette écoute intérieure (Augustin), tu l’as sauvée. Parce que le cœur ne trompe pas. L’Église a toujours enseigné sa grande thèse dogmatique : le péché n’a pas radicalement corrompu l’homme. L’homme a été cause de grands désastres, mais l’image de Dieu est restée. Je vois aujourd’hui que les jeunes sont toujours moins capables de ce retour à eux-mêmes. C’est le drame même d’Augustin lorsqu’il avait leur âge.
Et au fond, à la fin, qu’est-ce qui a ému Augustin ? C’est de voir un évêque, Ambroise, et de voir une communauté qui chantait avec le cœur plus encore qu’avec les lèvres la beauté de la création, Deus creator omnium, la très belle hymne d’Ambroise. Aujourd’hui cela est très difficile avec les jeunes, mais à mon avis c’est une intervention d’urgence. Il n’y en a pas d’autre. Si nous perdons cet allié qu’est le cœur humain – le cœur humain est allié de Evangile, parce que le cœur humain a été créé dans le Christ en correspondance avec le Christ – je disais que si nous perdons cet allié je ne vois pas d’autre chemin.


Je voudrais ajouter une chose pour terminer.

Plus ma vie a avancé, plus je découvre l’importance qu’ont dans la vie de l’homme, pour que sa vie soit bonne, les lois civiles. J’ai entendu ce que disait Héraclite : « Il est nécessaire que le peuple combatte pour la loi comme pour les murs de la cité. » Plus je vieillissais et plus je me rendais compte de l’importance de la loi dans la vie d’un peuple. Aujourd’hui, il semble que l’État ait abdiqué de sa tâche législative, qu’il ait abdiqué de sa dignité, en se réduisant à n’être qu’une bande enregistreuse des désirs des individus, dont le résultat est la création d’une société d’égoïsmes opposés, ou de fragiles convergences d’intérêts contraires. Tacite dit : « Corruptissima re publica, plurimae leges. » Les lois sont extrêmement nombreuses lorsque l’État est corrompu. Quand l’État est corrompu, les lois se multiplient. C’est la situation actuelle.
C’est un cercle vicieux parce qu’une partie des lois semblent se réduire, précisément, à n’être qu’une bande enregistreuse de désirs. C’est cela qui rend le social inévitablement conflictuel, une lutte pour la suprématie du plus puissant sur le plus faible, c’est-à-dire, la corruption de l’idée même de bien commun, de la chose publique. Alors on essaie de résoudre les choses avec des lois en oubliant qu’il n’y aura jamais de lois si parfaites que l’exercice des vertus en devienne inutile. Il n’y en aura jamais. En cela, à mon avis, nous autres pasteurs portons une grande responsabilité pour avoir permis le désengagement culturel des catholiques dans la société. Nous l’avons permis, nous l’avons même parfois justifié. Quand l’Église a-t-elle fait cela ? Les grands pasteurs de l’Église ont-ils jamais fait cela ?


[Interrogé sur la marche pour la famille qui allait avoir lieu à Rome le 20 juin, le cardinal a répondu :]


Je n’ai aucune hésitation à dire que c’est une manifestation positive parce que, comme je le disais, nous ne pouvons pas nous taire. Malheur à nous si le Seigneur devait nous reprendre avec les paroles du prophète : « Chiens qui n’avez pas aboyé ». Nous le savons, dans les systèmes démocratiques la délibération politique est fondée sur le système de la majorité. Et cela me paraît bien, car les têtes, il vaut mieux les compter que de les couper. Mais devant des faits comme ceux-ci, il n’y a pas de majorité qui puisse me faire taire. Dans le cas contraire, je serais un chien qui n’aboie pas.
Ce qui me m’encourage d’abord, et que j’ai beaucoup apprécié, c’est que cette journée ait pour objectif la défense des enfants. Le pape François a dit que les enfants ne peuvent être traités comme des cobayes. On fait des expériences pseudo-pédagogiques sur les enfants. Mais avons-nous le droit de faire cela ? La chose la plus terrible, le logos le plus sévère prononcé par Jésus avait à voir avec la défense des enfants. Par conséquent, à mon avis, l’initiative romaine est une chose qu’il fallait obligatoirement faire. Le lendemain, le Parlement votera peut-être une loi qui reconnaisse les unions entre personnes de même sexe. Qu’il le fasse, mais il doit savoir que c’est quelque chose de profondément injuste. Et c’est cela qu’il nous faut dire cet après-midi à Rome. Lorsque le Seigneur dit au prophète Ézéchiel : « Toi, recommence à appeler », il semble que le prophète réponde : « Oui, mais ils ne m’écoutent pas. » Toi, recommence à appeler et celui que tu auras appelé sera de nouveau responsable, et pas toi, car toi, tu as recommencé à l’appeler. Mais si tu ne recommençais pas à l’appeler, ce serait toi le responsable.
Si nous devions nous taire face à une telle chose, nous serions coresponsables de la grave injustice envers les enfants, qui ont été transformés de sujets de droit qu’ils étaient, comme chaque personne humaine, en objets de désir des adultes. Nous sommes revenus au paganisme, où l’enfant n’avait aucun droit. Il était seulement un objet « à la disposition de ». Et donc, je le répète, à mon avis c’est une initiative qu’il faut soutenir, on ne peut pas se taire.

 

Source : La lucidité du cardinal Caffarra : l'idéologie du genre est l'œuvre du diable. « C'est la fin. L'Europe est en train de mourir. » via Famille Missionnaire de l’Évangile de la Vie

Article original en italien : Famiglia. Caffarra: «Bisogna che il popolo combatta per la legge come per le mura della città»

12/11/2015

Monseigneur De Kesel présenté par Gabriel Ringlet sur les ondes de la RTBF

monseigneur de kesel,gabriel ringlet

Par Wahoub Fayoumi | RTBF | Publié le vendredi 06 novembre 2015 à 09h41

"C'est un homme très modéré, très doux. Il a un relationnel remarquable." L'homme dont il est question, c'est Mgr Jozef De Kesel, évêque de Bruges, et candidat pressenti pour succéder à Mgr Léonard à la tête de l'archevêché de Malines-Bruxelles.

Ouverture vers la société civile

Sur les ondes de Matin Première, Gabriel Ringlet ne tarissait pas d'éloges ce vendredi face à cette personnalité particulière au sein de l’Église belge. "C'est quelqu’un qui est tout à fait dans la ligne du pape François", explique-t-il, en se réjouissant de ses qualités: "sobriété, sérénité et ouverture."

"Sobriété dans sa manière de vivre, dans ses prises de positions, explique le théologien. Mais il cherche fortement l’ouverture. N’oublions pas que c'est lui qui a assisté aux funérailles du chanoine De Locht, qui a eu des positions par rapport à l’avortement. C’est quelqu’un qui, à plusieurs reprises, s’est exprimé en souhaitant qu’il y ait des prêtres mariés..."

Gabriel Ringlet résume: Jozef De Kesel, est un homme "très attentif aux périphéries de l’Église."

Un changement radical en Belgique

La nomination de Jozef De Kesel illustrerait également les orientations que le pape François souhaite donner à l’institution catholique, estime-t-il. "Là encore, le pape François est très attentif à ceux qui sont éloignés de l’Église institutionnelle (...) Avoir un archevêque de Malines-Bruxelles qui donne le ton du côté d’un engagement social, d’une Église qui devrait retrouver un certain sens du dépouillement, c’est vraiment être dans la ligne de ce que souhaite le pape François, pour l’ensemble des évêchés du monde."

"C'est quelqu'un qui pourrait peut-être apporter de la sérénité à l’Église de Belgique", ajoute Gabriel Ringlet. Un retournement à 180 degrés pour l’Église belge, estime-t-il, en rappelant que Mgr Léonard l'avait écarté de l'évêché  Bruxelles pour le cantonner à celui du Brabant flamand, "alors que c'est quelqu'un qui aime beaucoup Bruxelles, un homme parfaitement bilingue et qui a une parfaite connaissance du monde francophone (...) Il est aussi très attentif au monde pluriculturel: il a été engagé dans l'accueil des migrants, il a été en Irak..."

Un réformiste, un homme d'ouverture et de consensus: cette nomination aura en tous cas, estime le prêtre, un pouvoir symbolique, celui "d'une réconciliation avec la société civile belge, et, en interne, j'espère qu’il voudra cette Église sobre, ouverte et attentive à ceux qui sont le pus en difficulté."

Ci-dessous, son interview sur Matin Première ce vendredi:

 

Source: RTBF - "C'est quelqu'un qui pourrait amener la sérénité au sein de l’Église belge"

 

 

monseigneur de kesel,gabriel ringlet