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02/01/2017

Du Livre de la Genèse à Amoris Laetitia : une compilation chronologique de sources et de documents sur le mariage, l'adultère, et la Sainte Communion, avec quelques autres documents pertinents

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Eugène Siberdt (1866-1931), Le Prophète Nathan réprimande le Roi David, détail.

Monsieur Andrew Guernsey a mis en ligne un document que Rorate Caeli propose à ses lecteurs, dans lequel sont rassemblés à la manière du Denzinger les sources et les documents de l'enseignement et de la discipline pérennes de l'Église sur le "remariage" et la question de l'accès à la Communion des adultères publics. C'est une compilation qui reprend les principales déclarations sur le sujet depuis l'aube de l'humanité jusqu'à notre époque.

Le document commence avec l'Ancien Testament, puis le Nouveau Testament, et continue ensuite chronologiquement avec les Pères de l'Église, les papes, les martyrs, les conciles, sur lesquels l'Église fonde sa doctrine immuable sur l'indissolubilité du mariage et sa norme pérenne d'exclusion des adultères de la Sainte Communion et du Sacrement de Pénitence, s'ils ne vivent pas en parfaite continence. Après l'Histoire de l'Église, le document répertorie aussi une chronologie d'interviews, d'homélies, et d'autres documents du pontificat du Pape François.

Pour consulter le document reprenant cette compilation chronologique de sources, cliquez sur l'image ci-dessous :

Plan_Guernsay.png

 

D'autre part, une présentation en vis-à-vis de Familiaris Consortio et Amoris Laetitia sur les points dont l'interprétation fait débat est proposée par Infocatho dans un tableau synthétique réalisé par l'un de ses lecteurs. Ce tableau peut être consulté en cliquant sur l'image ci-dessous :

Tableau_Infocatho.png

Autres documents pertinents :

> Encyclique Veritatis Splendor (6 août 1993) : n. 56, 79, 81  [Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Latin, Polonais, Portugais]

> Exhortation apostolique post-synodale Familiaris Consortio (22 novembre 1981) : n. 84
[Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]

> Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis (22 février 2007) : n. 29
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Latin, Néerlandais, Polonais, Portugais]

> Déclaration sur la communion pour les personnes divorcées et remariées (24 juin 2000)  [Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

> Mgr Tarcisio Bertone (Congrégation pour la Doctrine de la Foi) : À propos de la réception des documents du Magistère et du désaccord public

> Cardinal Joseph Ratzinger (Congrégation pour la Doctrine de la Foi) : Sur une application souple de l'indissolubilité du mariage

> Cardinal Joseph Ratzinger (Congrégation pour la Doctrine de la Foi) : À propos de quelques objections à la doctrine de l'Église concernant la réception de la Communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés

 

02/12/2016

"I am the king's true subject, and I pray for him and all the realm. I do none harm, I say none harm, I think none harm."

Du film "A Man of All Seasons" ("Un homme pour l'éternité"), sorti en salles le 12 décembre 1966, il y a 50 ans, sur la vie et la condamnation à mort de Saint Thomas More pour haute trahison.

"Soyez donc soumis à toute institution humaine à cause du Seigneur, soit au roi, comme souverain, soit aux gouverneurs, comme envoyés par lui pour faire justice des malfaiteurs et approuver les gens de bien : car c'est la volonté de Dieu que, en faisant le bien, vous fermiez la bouche aux insensés qui vous méconnaissent. Soyez soumis comme des hommes libres : non pas comme des hommes qui se font de la liberté un manteau pour couvrir leur malice, mais comme des serviteurs de Dieu. Rendez honneur à tous; aimez tous les frères; craignez Dieu ; honorez le roi." (1 Pi 2, 13-17)

"Que tout homme soit soumis aux autorités supérieures; car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par lui." (1 Co 13, 1)

"Les ayant amenés, il les firent comparaître devant le sanhédrin, et le grand prêtre les interrogea, disant :« Nous vous avions expressément défendu d’enseigner en ce nom, et voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement, et que vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme ! » Pierre et les apôtres répondirent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. »" (Ac 5, 27-29)

> "Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes" (Benoît XVI)

 

29/11/2015

« Il faut que nous soyons prêts car, bientôt, nos églises seront pleines ! »

le-pere-hubert-lelievre_article.jpgÀ Bollène (Vaucluse), le Père Hubert Lelièvre a lancé une campagne de restauration de la chapelle du Saint-Sacrement, où l’on prie aux intentions de la vie et de la famille. Un geste prophétique pour ce missionnaire ardent, persuadé que « le christianisme vit ses débuts ».

Le Père Hubert Lelièvre y croit dur comme fer : « Il faut que nous soyons prêts car, bientôt, nos églises seront pleines ! » Pour cette raison, le prêtre, fondateur de la famille missionnaire L’Évangile de la vie, a souhaité lancer une campagne de rénovation de la chapelle du Saint-Sacrement de Bollène (Vaucluse), dont il a la charge. Une chapelle édifiée en 1734, de taille modeste, et dotée d’un beau retable de la même époque. Depuis la halte récente ici du reliquaire des parents de la petite Thérèse de retour de Rome, un portrait des saints époux trône en bonne place sur le retable, à proximité du tabernacle et non loin de la représentation de Marie qui défait les nœuds.

« Certains s’étonnent de cette rénovation. J’explique mon choix par trois raisons : 1°/ j’aime Jésus 2°/ je veux Le faire aimer 3°/ il y a urgence à mettre le feu dans ce monde ! », explique encore le Père Lelièvre. De plus, la chapelle du Saint-Sacrement est un lieu d’adoration fréquenté, où l’on prie spécifiquement aux intentions de la vie et de la famille. « C’est un lieu de guérison, où les gens déposent des choses lourdes comme des divorces, des avortements », confie le prêtre en soutane. La maison de Bollène, à deux pas de l’A 7, sert de halte à de nombreuses familles sur la route des vacances. Des jeunes gens viennent trouver ici le calme pour réviser leurs examens dans une atmosphère simple et chaleureuse.

Le responsable de la famille missionnaire L’Évangile de la vie veut promouvoir la prière pour la vie et les familles en difficulté. Pour preuve, il y a quelques jours à peine, il est revenu de Rome avec près de quarante mille chapelets en plastique blanc remplissant sa voiture jusqu’au plafond ! Le prêtre appuie sa conviction sur les signes des temps. « Jamais l’Église n’a été autant crucifiée, jamais la famille n’a été autant réduite en lambeaux ! Nous souffrons, c’est certain, mais le Ciel s’ouvre sur la terre. Tout ce qui est sans Dieu s’écroule et tous les voyants sont au vert pour l’Église ! », s’enthousiasme-t-il.

Méthode Coué ? « Absolument pas ! Les gens ont tellement été privés de Dieu que leur soif est immense. J’en veux pour preuve le nombre croissant de Français qui visitent les églises. D’autre part, comme prêtre, je suis le témoin d’un grand désir de sainteté parmi les jeunes générations. Ainsi, pour toutes ces raisons, je suis persuadé que le christianisme n’en est qu’à ses débuts. »

Une « connotation éternelle »

Mme Pons est restauratrice de monuments anciens. C’est à elle et son fils qu’a été confiée la restauration de la chapelle. Dès que possible, elle souhaite ôter les murs en Placoplatre qui ont été posés à la hâte après les inondations de 1993 sur tout le périmètre de la chapelle. « L’eau est montée à plus de 1,60 m », explique-t-elle. « Derrière le Placo, les murs sont gorgés d’eau ! » Après, elle traitera le plafond, remplaçant sur les moulures la bronzine par des feuilles d’or. Familière des rénovations d’église, Mme Pons aime « la connotation éternelle » prise par son travail dans un pareil environnement. « Quand le chantier est terminé, je sais qu’une partie de moi va rester ici en adoration. » En adoration avec toutes les âmes que le Père Lelièvre entend guider vers le Bon Dieu.

Benjamin Coste pour Famille Chrétienne

06/10/2015

Précisions sur la notion de "mariages ayant échoué"

 

 

24/09/2015

Papes Jean-Paul II et Benoît XVI: Le manque de foi ne suffit jamais à rendre un mariage nul

C'est ce qui apparaît clairement dans le dernier discours adressé par Benoît XVI au Tribunal de la Rote Romaine, en présence de Mgr Pio Vito Pinto.

 

 

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
À L'OCCASION DE L’INAUGURATION DE L’ANNÉE JUDICIAIRE
DU TRIBUNAL DE LA ROTE ROMAINE

Salle Clémentine
Samedi 26 janvier 2013

 

Chers membres du Tribunal de la Rote romaine !

C’est pour moi un motif de joie de vous retrouver à l’occasion de l’inauguration de l’année judiciaire. Je remercie votre doyen, Mgr Pio Vito Pinto, des sentiments exprimés en votre nom à tous et que, en retour, je vous adresse moi aussi de tout cœur. Cette rencontre m’offre l’opportunité de réaffirmer mon estime et ma considération pour le service élevé que vous prêtez au Successeur de Pierre et à l’Église tout entière, ainsi que de vous inciter à un engagement toujours plus grand dans un domaine assurément difficile, mais précieux pour le salut des âmes. Le principe selon lequel la salus animarum est la loi suprême dans l’Église (cf. CIC, can. 1752) doit être bien gardé à l’esprit et trouver chaque jour, dans votre travail, la réponse rigoureuse qui lui est due.

1. Dans le contexte de l’Année de la foi, je voudrais m’arrêter de manière particulière sur certains aspects du rapport entre foi et mariage, en observant comment l’actuelle crise de la foi, qui touche différentes parties du monde, porte en elle une crise de la société conjugale, avec toute la charge de malaise et de souffrance que cela comporte aussi pour les enfants. Nous pouvons prendre comme point de départ la racine linguistique commune que possèdent, en latin, les termes fides et foedus, ce dernier étant un terme avec lequel le Code de droit canonique désigne la réalité naturelle du mariage, comme un pacte irrévocable entre un homme et une femme (cf. can. 1055 § 1). En effet, la confiance réciproque est la base incontournable de tout pacte ou alliance.

Sur le plan théologique, la relation entre foi et mariage prend une signification encore plus profonde. En effet, le lien sponsal, bien qu’étant une réalité naturelle, entre les baptisés a été élevé par le Christ à la dignité de sacrement (cf. ibid.).

Le pacte indissoluble entre un homme et une femme n’exige pas, afin d’assurer son caractère sacramentel, la foi personnelle des futurs époux ; ce qui est demandé, comme condition minimale nécessaire, est l’intention de faire ce que fait l’Église. Mais s’il est important de ne pas confondre le problème de l’intention avec celui de la foi personnelle des contractants, il n’est toutefois pas possible de les séparer totalement. Comme le faisait remarquer la Commission théologique internationale dans un document de 1977, « Là donc où l’on ne perçoit aucune trace de la foi comme telle (au sens du terme “croyance”, disposition à croire) ni aucun désir de la grâce et du salut, la question se pose de savoir, au plan des faits, si l’intention générale et vraiment sacramentelle, dont nous venons de parler, est présente ou non, et si le mariage est validement contracté ou non » (La doctrine catholique sur le sacrement du mariage [1977], 2.3: Documents 1969-2004, vol. 13, Bologne 2006, p. 145). Le bienheureux Jean-Paul II, en s’adressant à ce tribunal, il y a dix ans, précisa toutefois qu’« une attitude des futurs époux ne tenant pas compte de la dimension surnaturelle du mariage peut le rendre nul uniquement si elle porte atteinte à la validité sur le plan naturel, sur lequel est placé le signe sacramentel lui-même » (Discours à la Rote romaine, 30 janvier 2003 ; cf. ORLF n. 1 du 3 janvier 2003). À propos de cette problématique, en particulier dans le contexte actuel, il sera nécessaire de promouvoir des réflexions supplémentaires.

2. La culture contemporaine, marquée par un subjectivisme et un relativisme éthique et religieux accentués, place la personne et la famille face à des défis pressants. En premier lieu, face à la question concernant la capacité même de l’être humain de se lier, et de savoir si un lien qui dure toute la vie est vraiment possible et correspond à la nature de l’homme, ou s’il n’est pas plutôt en opposition avec sa liberté et avec son autoréalisation. En effet, il appartient à une mentalité diffuse de penser que la personne ne devient elle-même qu’en restant « autonome » et en entrant en contact avec l’autre uniquement à travers des relations que l’on peut interrompre à tout instant (cf. Allocution à la Curie romaine [21 décembre 2012]: ORLF n. 1, du 3 janvier 2013). Il n’échappe à personne que, sur le choix de l’être humain de se lier par un lien qui dure toute la vie, influe la perspective de base de chacun, c’est-à-dire s’il est ancré à un plan purement humain, ou bien s’il est ouvert à la lumière de la foi dans le Seigneur. En effet, ce n’est qu’en s’ouvrant à la vérité de Dieu qu’il est possible de comprendre, et de réaliser concrètement dans la vie également conjugale et familiale, la vérité de l’homme en tant que son fils, régénéré par le baptême. « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5) : c’est ce qu’enseignait Jésus à ses disciples, en leur rappelant l’incapacité substantielle de l’être humain d’accomplir tout seul ce qui est nécessaire à l’obtention du bien véritable. Le refus de la proposition divine conduit en effet à un déséquilibre profond entre toutes les relations humaines (cf. Discours à la Commission théologique internationale [7 décembre 2012] : ORLF n. 50, du 13 décembre 2012), y compris matrimoniale, et facilite une compréhension erronée de la liberté et de l’autoréalisation qui, unie au refus d’avoir la patience de supporter la douleur, condamne l’homme à s’enfermer dans son égoïsme et son égocentrisme. Au contraire, l’accueil de la foi rend l’homme capable du don de soi, dans lequel ce n’est qu’« en s’ouvrant à l’autre, aux autres, aux enfants, à la famille... en se laissant modeler dans la souffrance, qu’il découvre la dimension du fait d’être une personne humaine » (Discours à la Curie romaine [21 décembre 2012] : ORLF n. 1, du 3 janvier 2013).

La foi en Dieu, soutenue par la grâce divine, est donc un élément très important pour vivre le dévouement mutuel et la fidélité conjugale (Catéchèse à l’Audience générale [8 juin 2011] : orlf n. 23, du 9 juin 2011). On n’entend pas par cela affirmer que la fidélité, comme les autres propriétés, ne soient pas possibles dans le mariage naturel, contracté entre non baptisés. En effet, celui-ci n’est pas privé des biens qui « proviennent du Dieu créateur et s’inscrivent de manière inchoactive dans l’amour sponsal qui unit le Christ et l’Église » (Commission théologique internationale, La doctrine catholique sur le sacrement du mariage [1977], 3.4 : Documents 1969-2004, vol. 13, Bologne 2006, p. 147). Mais assurément, la fermeture à Dieu ou le refus de la dimension sacrée de l’union conjugale et de sa valeur dans l’ordre de la grâce rend difficile l’incarnation concrète du modèle très élevé du mariage conçu par l’Église selon le dessein de Dieu, pouvant arriver à miner la validité même du pacte si, comme le reconnaît la jurisprudence consolidée de ce Tribunal, elle se traduit par un refus de principe de l’obligation conjugale de fidélité elle-même, ou des autres éléments ou propriétés essentielles du mariage.

Tertullien, dans sa célèbre Lettre à sa femme, en parlant de la vie conjugale marquée par la foi, écrit que les époux chrétiens « sont vraiment deux dans une seule chair, et là où la chair est unique, l’esprit est unique. Ils prient ensemble, ils se prosternent ensemble et jeûnent ensemble ; l’un apprivoise l’autre, l’un honore l’autre, l’un soutient l’autre » (Ad uxorem libri duo, ii ; ix : pl i, 1415b-1417a). Saint Clément d’Alexandrie s’exprime dans les mêmes termes : « En effet, si pour tous les deux Dieu est un seul, alors pour tous les deux un seul est le Pédagogue — le Christ —, une est l’Église, une la sagesse, une la pudeur, en commun nous avons la nourriture, le mariage nous unit... Et si la vie est commune, commune est également la grâce, le salut, la vertu, la morale» (Pædagogus, i, iv, 10. i : pg 8, 259b). Les saints qui ont vécu l’union matrimoniale et familiale dans la perspective chrétienne, ont réussi à surmonter également les situations les plus contraires, obtenant alors la sanctification du conjoint et des enfants avec un amour toujours renforcé par une solide confiance en Dieu, par une sincère piété religieuse et par une intense vie sacramentelle. C’est précisément ces expériences, marquées par la foi, qui font comprendre combien, aujourd’hui encore, est précieux le sacrifice offert par le conjoint abandonné ou qui a subi le divorce, si — reconnaissant l’indissolubilité du lien matrimonial valide — il réussit à ne pas se laisser « entraîner dans une nouvelle union... Alors, son témoignage de fidélité et de cohérence chrétienne est d'une valeur toute particulière pour le monde et pour l'Église» (Jean-Paul II, Familiaris consortio [22 novembre 1981], 83 : aas 74 [1982], p. 184).

3. Je voudrais enfin m’arrêter brièvement sur le bonum coniugum. La foi est importante dans la réalisation du bien conjugal authentique, qui consiste simplement à vouloir toujours et quoi qu’il en soit le bien de l’autre, en fonction d’un véritable et indissoluble consortium vitae. En vérité, dans l’intention des époux chrétiens de vivre une véritable communio coniugalis se trouve un dynamisme propre à la foi, selon lequel la confessio, la réponse personnelle sincère à l’annonce salvifique, fait participer le croyant au mouvement d’amour de Dieu. « Confessio » et « Caritas » sont « les deux modalités dans lesquelles Dieu nous engage, nous fait agir avec Lui, en Lui et pour l’humanité, pour sa créature... La “confessio” n’est pas une chose abstraite, elle est “caritas”, elle est amour. Seulement ainsi, elle est le reflet de la vérité divine qui, en tant que vérité, est également inséparablement amour » (Méditation au cours de la première congrégation générale de la XIIIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques [8 octobre 2012] : orlf n. 41, du 11 octobre 2012). Ce n’est qu’à travers la flamme de la charité que la présence de l’Évangile n’est plus seulement parole, mais réalité vécue. En d’autres termes, s’il est vrai que « la foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute », on doit conclure que « foi et charité se réclament réciproquement, si bien que l’une permet à l’autre de réaliser son chemin » (Lett. apos. Porta fidei [11 octobre 2011], 14 : orlf n. 42, du 20 octobre 2011). Si cela est valable dans le vaste contexte de la vie communautaire, cela doit valoir encore plus dans l’union matrimoniale. C’est dans celle-ci, de fait, que la foi fait croître et fructifier l’amour des époux, en laissant place à la présence de Dieu Trinité et en rendant la vie conjugale elle-même, ainsi vécue, « une heureuse nouvelle » face au monde.

Je reconnais les difficultés, d’un point de vue juridique et pratique, de cerner l’élément essentiel du bonum coniugum, jusqu’à présent entendu principalement en relation avec les hypothèses d’incapacité (cf. cic, can. 1095). Le bonum coniugum prend de l’importance également dans le domaine de la simulation du consentement. Assurément, dans les cas soumis à votre jugement, ce sera l’enquête de facto qui vérifiera le caractère éventuellement fondé de ce chef de nullité, dominant ou coexistant avec un autre chef des trois « biens » augustiniens, la procréativité, l’exclusivité et la perpétuité. On ne doit donc pas faire abstraction de la considération qu’il puisse exister des cas dans lesquels, justement en raison de l’absence de foi, le bien des conjoints est compromis et donc exclu par le consentement même ; par exemple, dans l’hypothèse de subversion de la part de l’un d’eux, à cause d’une conception erronée du lien nuptial, du principe de parité, ou bien dans l’hypothèse de refus de l’union à deux qui caractérise le lien matrimonial, en rapport avec l’exclusion coexistante possible de la fidélité et de l’usage de l'acte conjugal accompli humano modo.

Je n’entends certainement pas, par ces présentes considérations, suggérer un automatisme facile entre carence de foi et invalidité de l’union matrimoniale, mais plutôt souligner combien une telle carence peut, bien que non nécessairement, blesser également les biens du mariage, du moment que la référence à l’ordre naturel voulu par Dieu est inhérente au pacte conjugal (cf. Gn 2, 24).

Chers frères, j’invoque l’aide de Dieu sur vous et sur ceux qui dans l’Église se prodiguent pour la sauvegarde de la vérité et de la justice à l’égard du lien sacré du mariage et, par là même, de la famille chrétienne. Je vous confie à la protection de la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Christ et de saint Joseph, Gardien de la Famille de Nazareth, exécuteur silencieux et obéissant du plan divin du salut, alors que je vous donne avec plaisir, ainsi qu’à vos proches, ma Bénédiction apostolique.

 

discours à la rote romaine, benoît xvi

<http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2013/january/documents/hf_ben-xvi_spe_20130126_rota-romana.html> le 24 septembre 2015 à 10h32

 

Source: Site officiel du Saint-Siège - Discours du 26 janvier 2013

04/08/2015

Une paroisse de 13000 fidèles, et pas un divorce. Voici pourquoi.

Siroki-Brijeg.jpg     À Siroki Brijeg, parmi les 13 000 fidèles, on ne compte pas un seul di­vorce. De mémoire d'homme, pas une seule famille n'a éclaté. L'Herzégovine jouit-elle d'une faveur exceptionnelle de la part du Ciel ? Existe-t-il un truc magique contre le démon de la division ?
    La réponse est très simple ! Durant des siècles, sous domination turque puis communiste, les Croates ont cruellement souffert, car on voulait ar­racher leur foi chrétienne. Ils savent par expérience que leur salut vient de la Croix du Christ;  il ne vient pas des projets de désarmement, de l'aide hu­manitaire ou des traités de paix, même si parfois ces réalités apportent quelques bienfaits.
            La source du Salut, c'est la Croix du Christ ! Ces gens ont une sagesse, ils ne se laissent pas tromper lorsqu'il s'agit de la vie ou de la mort. C'est pourquoi ils ont lié de façon indissociable le maria­ge à la Croix du Christ. Ils ont fondé le mariage qui donne la vie humaine sur la Croix qui donne la vie divine.
            La tradition croate du mariage est si belle qu'elle commence à faire école en Europe et en Amérique ! Lorsqu'un jeune couple se prépare au mariage, on ne lui raconte pas qu'il a trouvé la personne idéale, le meilleur parti. Non ! Que dit le prêtre ? :

« Tu as trouvé ta croix. Et c'est une croix à aimer, une croix à porter,
une croix qu'il ne faudra pas rejeter mais chérir. »

            Ces paroles prononcées en France laisseraient le fiancé muet de stupeur. Mais en Herzégovine, la Croix évoque l'amour, et le crucifix est le trésor de la maison.
            Lorsque les fiancés se rendent à l’église, ils apportent avec eux un cruci­fix. Ce crucifix est béni par le prêtre, et au cours de l'échange des consente­ments, il revêt une importance centra­le. En effet, la fiancée pose sa main droite sur la croix;  à son tour, le fian­cé pose sa main sur celle de sa fiancée, et les deux mains se trouvent ainsi réunies sur la croix, fondées sur la croix. Le prêtre pose son étole sur les mains des fiancés qui prononcent alors leurs consentements et se promettent fidélité selon le rite de l’Église.
            Après cela, les mariés ne s'embrassent pas, mais ils embrassent la croix. Ils savent qu'ils embrassent ainsi la source de l'amour.
            Celui qui s'approche et voit leurs mains étendues sur la croix comprend que si le mari abandonne sa femme ou que la femme abandonne son mari, alors, c'est la croix qu'ils lâchent. Et lorsqu'on a lâché la croix, il ne reste rien, on a tout perdu, car on a lâché Jésus, on a perdu Jésus.
            Après la cérémonie, les mariés rap­portent ce crucifix et lui donnent une place d'honneur dans la maison. Il deviendra le centre de la prière familiale, car ils ont la conviction que la famille est née de cette croix.
            Si un problème survient, si un conflit éclate, c'est devant cette croix que les époux viennent trouver se­cours. Ils n'iront pas chez un avocat, ils ne consulteront pas un diseur de bon­ne aventure ou un astrologue, ils ne compteront pas sur un psychologue pour régler leurs affaires.
            Non, ils iront devant leur Jésus, de­vant la croix. Ils se mettront à genoux et c'est devant Jésus qu'ils verseront leurs larmes, qu'ils crieront leur souffrance et, surtout, échangeront leur pardon. Ils ne s'endormiront pas le cœur lourd, car ils auront eu recours à leur Jésus, au Seul qui a la puissance de sauver.
            Ils apprendront à leurs enfants à embrasser la croix chaque jour et à ne pas se coucher comme des païens, sans avoir remercié Jésus. Pour les enfants, aussi loin qu'ils s'en souviennent, Jésus est l'ami de la famille, que l'on respecte et que l'on embrasse.
            Ces enfants ne reçoivent pas de « nounours » à étreindre durant la nuit pour se sentir en sécurité. Mais ils disent « bonne nuit » à Jésus et embras­sent la croix. Ils s'endorment avec Jésus, pas avec une peluche. Ils savent que Jésus les garde dans ses bras et qu'ils n'ont rien à craindre, leurs peurs s'éteignent dans leur baiser à Jésus.

 

Source : FM L’Évangile de la Vie

 

Voir aussi:

> Le mariage et la Croix: Sermon à l'occasion du mariage d'Otavio et Jonna

> François: "L'amour du Christ peut rendre aux époux la joie de cheminer ensemble"

> Benoît XVI: "Dans la Croix se trouvent la force et l'espérance de la famille"

 

30/07/2015

Cardinal Robert Sarah : « Qu’on nous écoute ou pas, nous parlerons »

cardinal sarah, robert sarah

ARTICLE | Famille chrétienne | 10/06/2015 | Numéro 1952 | Par Aymeric Pourbaix et Jean-Marie Dumont
Au prochain Synode sur la famille, les évêques africains n’ont pas l’intention de permettre que les débats soient monopolisés par l’Occident déclinant. Entretien avec leur figure de proue, le cardinal Robert Sarah. Tonique !
 
Avez-vous le sentiment que l’Afrique a été la grande oubliée du Synode sur la famille ?
Elle s’est exprimée et on ne l’a pas oubliée ! On n’a pas voulu l’entendre mais elle a bien été présente. Nous étions tout sauf silencieux !
Sur quels sujets les évêques africains se sont-ils particulièrement engagés ?
Notre souci est d’encourager, de mettre en valeur, de protéger la beauté de la famille. Sans la famille il n’y a pas de société ni d’Église. Ni même d’avenir. La famille est le lieu où l’on apprend à servir les autres, à les aimer, à leur parler, à les supporter. C’est aussi là que se transmettent les valeurs, la culture, la foi.
Quelle est la spécificité, à cet égard, de l’Afrique ?
Nous aimons la famille, notamment la famille élargie, la famille nombreuse, l’Église-famille. Nous avons conscience d’être la famille de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Notre vision philosophique c’est que l’homme n’est rien sans la femme et que la femme n’est rien sans l’homme, et que les deux ne sont rien sans un troisième élément qui est l’enfant. L’enfant est une bénédiction, un don précieux de Dieu. La famille, c’est un homme et une femme qui s’aiment mais aussi qui sont ouverts à la transmission de la vie.
Vous avez l’impression que ces aspects se sont perdus en Occident ?
Regardez l’Occident qui vieillit, qui n’a pas d’enfants. C’est comme un suicide collectif.
Y a-t-il un risque de contamination, pour les Églises en Occident ?
C’est une question à laquelle il est difficile de répondre ! Si vous vous baignez dans une rivière boueuse, vous en ressortez couvert de boue ! En vivant dans un certain contexte, on risque de se laisser contaminer. Je pense que l’Église en Occident reste fidèle à sa mission. Mais il faut craindre que l’ambiance culturelle, l’absence de Dieu, la sécularisation, puissent la contaminer. Je ne dis pas que c’est fait, mais le risque est là !
Comment faire face à ce danger ?
Il faut avant tout que l’Occident retrouve ses racines, c’est-à-dire Dieu ! Nous vivons dans un contexte culturel où Dieu est absent. Les chrétiens sont dans une ambiance d’apostasie silencieuse. Tant que l’Occident ne retrouve pas les fondements de son être, son identité, sa culture chrétienne et Dieu Lui-même, je ne vois pas comment il peut revivre.
Quels pourraient être les moyens concrets conduisant à cette résurrection ?
L’évangélisation, les sacrements. Mais aussi la sacralité, la beauté de la liturgie, tout faire pour susciter une ambiance favorisant un réel contact avec Dieu. La liturgie permet ce lien vital, personnel et intime avec Dieu. C’est pourquoi il faut qu’elle soit la plus belle possible.
Le pape a évoqué la colonisation idéologique exercée actuellement par l’Occident en Asie. Vous évoquez le même sujet pour l’Afrique et vous y voyez la marque du diable…
En créant Adam et Ève, Dieu a créé la famille. Le mariage est un don que nous recevons de Dieu. Chercher à le détruire par des lois ne peut venir que du démon. Celui-ci cherche à briser l’œuvre de Dieu. C’est le cas aussi lorsqu’on redéfinit le mariage et la famille, comme cela s’est produit dans votre pays. Aucune civilisation dans l’Histoire n’a légiféré sur l’union matrimoniale de personnes de même sexe, comme vous l’avez fait l’an dernier.
Comment se passe, concrètement, cette colonisation ?
La plupart des gouvernements africains s’entendent dire : si vous n’acceptez pas la théorie du gender, si vous n’acceptez pas les droits des homosexuels, le droit à l’avortement, vous n’aurez pas d’aide financière. Le droit se trouve ainsi dénaturé. C’est la raison pour laquelle le pape dit : il faut vous rebeller, il faut dire non au colonialisme idéologique qui détruit la famille.
Connaissez-vous des pays africains qui disent non ?
Le Sénégal, par exemple. En arrière-plan se trouve la question suivante : pourquoi les pays occidentaux ne veulent-ils pas accueillir l’Asie ou l’Afrique avec leurs richesses et leurs valeurs culturelles propres ? Pourquoi penser qu’il n’y a que la manière ou la vision occidentale de l’homme, du monde, de la société, qui soit bonne, juste, universelle ? L’Église doit se battre pour dire non à cette nouvelle colonisation.
Est-ce l’un des enjeux du Synode ?
Au Synode d’octobre prochain, nous allons, je l’espère, aborder la question du mariage de façon avant tout positive, en cherchant à promouvoir la famille et les valeurs qu’elle porte. Les évêques africains interviendront pour soutenir ce que Dieu demande à l’homme sur la famille et accueillir ce que l’Église a toujours enseigné.
Les évêques africains sont-ils tous déterminés à aller dans ce sens-là ?
On n’a pas besoin de se concerter pour réaffirmer que le mariage est un et indissoluble. C’est quelque chose de connaturel ! Certains se concertent pour être plus forts, croyant que ce sont les pressions qui l’emportent. Comme si la doctrine était une question de pression ! En Afrique de l’Ouest on donne aux futurs mariés un fruit appelé la cola : la moitié au marié, l’autre à la mariée, et ils doivent la manger. Une fois que c’est fait, le maître de cérémonie dit : restituez-moi la cola comme elle était avant. Et ils répondent : c’est impossible ! Cela symbolise le fait que le mariage ne se casse pas. Même chez les païens cette indissolubilité du mariage est reconnue.
Ne peut-on pas envisager des exceptions ?
Jésus a-t-Il évoqué une exception ? Ce que Dieu a uni, l’homme ne peut le défaire. Ce n’est pas une intransigeance ni un fondamentalisme. C’est une loi de Dieu, qui veut le bien de la famille. On pourrait me dire : mais j’ai mieux réussi dans mon deuxième mariage ! D’accord, toi tu as réussi, mais tes enfants ont-ils réussi ? Et ta femme a-t-elle réussi ? La cassure d’un mariage, les brisures psychologiques et la terrible souffrance que provoque un divorce, sont-elles une réussite ? Peut-on construire sa réussite et son bonheur en imposant au conjoint et aux enfants des brisures et des souffrances humaines irréparables ?
Est-ce qu’on a assez parlé des enfants pendant ce Synode ?
On n’en parle presque jamais ! Alors que c’est le vrai drame de l’Occident. Pensez à toutes ces familles où les enfants sont ballottés entre leurs parents séparés. Et la personne qui est abandonnée, alors qu’elle avait tout donné, quelle souffrance ! Personne ne peut consoler cette cassure-là ! Or on ne pense pas à ces gens qui souffrent ! On a seulement pitié de ceux qui contractent un nouveau mariage civil et qui veulent communier. Pourquoi une telle myopie ?
Y a-t-il de vraies fractures aujourd’hui au sein de l’Église ?
Entre ceux qui suivent le Christ ou qui suivent Dieu, il n’y a pas de fracture. Le Christ est leur rocher. Si on s’appuie sur Lui, il n’y a pas de division. Ceux qui s’éloignent de Lui ne causent pas une fracture. Ils se détachent. Mais ils ne cassent pas l’Église. Ils quittent Jésus, son enseignement et son Église.
Que dire aux chrétiens qui ont été désemparés lors du Synode d’octobre dernier ?
Dites-leur de lire Dieu ou rien [le livre d’entretien avec le cardinal qui vient de paraître chez Fayard] ! Notre secours est dans le nom du Seigneur, disons-nous souvent. Ce livre a l’unique intention de consolider la foi des gens, de les rassurer, en leur rappelant que Dieu a parlé et qu’en vivant sa parole nous sommes en sécurité. Dieu a confié sa parole à l’Église. En suivant l’Église et ses enseignements, nous sommes en sécurité. Suivons courageusement et fidèlement celui qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie  »: Jésus Christ, Lui, la Parole de Vie et la Lumière.
Malgré les épreuves ?
Oui ! Regardez : des gens meurent par fidélité à leur foi en Jésus aujourd’hui, au Pakistan, au Moyen-Orient, en Afrique. Ils meurent égorgés pour la parole de Dieu et le témoignage de leur foi. Et nous, nous voulons annihiler l’Évangile, le réduire au minimum. Que les chrétiens aient des yeux ouverts pour regarder ceux qui meurent pour le Christ. Ils sont un Évangile vivant.
Pour vous, qu’est-ce que l’Afrique apporte aujourd’hui à l’Église ?
L’Afrique a toujours été impliquée dans le projet de Dieu. Regardez la Révélation ! Lorsque Dieu a voulu établir une alliance avec l’homme, cela a commencé en Égypte. C’est l’Afrique qui a sauvé Jésus : quand Hérode cherchait à Le tuer, Marie et Joseph se sont réfugiés en Égypte. C’est un Africain qui a aidé Jésus à porter la croix : Simon de Cyrène ! Dès le départ Dieu a voulu impliquer l’Afrique dans le salut du monde. Car « ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort ; ce qui, dans le monde, est sans naissance et que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi pour réaliser le salut de l’humanité » (cf. 1 Co 1, 27).
Les derniers papes ont-ils pris la mesure du rôle de l’Afrique ?
Absolument ! Ils lui ont manifesté toute leur confiance. Paul VI a déclaré en 1969 : « La nouvelle patrie du Christ, c’est l’Afrique ». L’Afrique s’ouvre largement à l’Évangile, comme le montre la croissance du nombre de chrétiens, passés en un siècle de 2 millions à 200 millions (voir Repères). Benoît XVI a dit que l’Afrique était le poumon spirituel de l’humanité. Jean-Paul II, de son côté, a déclaré que le nom de chaque Africain était inscrit sur les paumes crucifiées du Christ. Autrement dit, l’Afrique, dans sa pauvreté, sa faiblesse, ses maladies… est utilisée par Dieu pour manifester sa puissance. C’est pourquoi nous voulons prendre nos responsabilités. Qu’on nous écoute ou qu’on ne nous écoute pas, nous parlerons et on entendra notre parole. Nous nous exprimerons avec respect, délicatesse, mais aussi avec force, en nous appuyant uniquement sur Dieu, notre force.
 
Repères
En Afrique, le nombre des chrétiens est passé en un siècle de 2 millions à 200 millions.
Entre décembre 2001 et décembre 2011, on y a enregistré une augmentation de:
+ 39,5% de prêtres diocésains et de religieux ;
+ 18,5% de religieux non prêtres  ;
+ 28% de religieuses.
(Annuaire 2011 des statistiques de l’Église.)
 
Le pape a récemment cité un auteur, Mgr Benson, lequel, dans son ouvrage Le Maître de la terre, décrit d’une manière prophétique beaucoup de dérives actuelles…
Ce qui se passe aujourd’hui, surtout en Occident, est une œuvre du démon. Le plus grave est de vouloir imposer ces dérives aux autres continents et cultures. On nous parle des droits de l’homme, mais n’avons-nous pas des droits nous aussi, à ne pas nous voir imposer toutes ces perversions ?
Le règne de l’Antéchrist semble plus fort que jamais…
L’Église ne doit pas avoir peur ! Le Christ a dit : « N’ayez pas peur ! » Jean-Paul II l’a redit. L’Église ne doit pas avoir peur de dire l’Évangile et sa foi en Dieu, qu’elle soit écoutée ou non. C’est sa mission. Celle reçue du Christ Lui-même !
C’est le seul vrai pouvoir qu’elle ait : le pouvoir de la parole ?
Une parole qui sauve l’humanité. Si vous parlez avec clarté et fermeté pour révéler Dieu et sa Parole de Vérité, on vous dit : c’est un fondamentaliste, c’est un intolérant. Mais ce n’est pas vrai ! Est-ce que vous êtes intolérant quand vous dites à votre enfant : mentir ou tricher ce n’est pas bien ! Si vous laissez faire, vous êtes coupable. Et l’Église peut aussi être coupable de se taire. Les chrétiens persécutés, même si on les tue, ne se taisent pas. Leur voix est plus limpide, plus forte et plus glorieuse que la haine, la violence, la confusion mentale de leurs persécuteurs. Si on a peur d’être maltraité, il suffit de regarder ceux qui, autour de nous, meurent pour Jésus, et nous retrouvons courage et force. Leur sang réveille notre foi endormie ou anesthésiée par la mondanité. Il faut aujourd’hui plus de courage à l’Église, aux chrétiens, aux évêques.
Vous le leur dites ?
Je ne dis pas que la manière de m’exprimer a la délicatesse qu’il faudrait. Cependant Jean Baptiste avait des paroles rudes et sévères. Il disait « Engeance de vipères » ! Ce n’était pas très délicat comme parole ! Jésus aussi a été très sévère : Il a fouetté les vendeurs du Temple. Il faut parfois aussi de saines et fraternelles colères comme celle de Jésus. Dieu donne une mission difficile aux prophètes : parlez, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas. Dans le livre d’Ézéchiel, il avertit et explicite la responsabilité du messager divin : quand tu vois le danger venir et que tu n’avertis pas le coupable, s’il meurt, c’est toi qui es responsable. Mais si tu l’avertis et qu’il n’écoute pas, c’est lui le responsable. Notre responsabilité c’est de dire, de parler au nom de Dieu et de Lui seul !
À temps et à contretemps ?
Oui ! En trouvant la pédagogie, la forme, la parole juste pour dire les choses sans trahir la doctrine et sans blesser les personnes.
Il faut commencer par le clergé, si on vous suit bien ?
Bien sûr ! Si le moteur est cassé, la voiture a beau avoir une belle carrosserie, elle ne bouge pas ! Le clergé est le moteur. C’est pourquoi la formation du clergé, sa vie intérieure, est fondamentale. C’est ce que le Christ a fait avec ses Apôtres : pendant trois ans, Il les a pris avec Lui, dans le désert, pour les former avant de les envoyer. Faire naître les gens à la grâce est une responsabilité que nous mendions auprès de Dieu. On n’enseigne pas et on ne conduit pas les autres à Jésus sans L’avoir soi-même rencontré. Saint Jean dit : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons ! » Nous ne sommes pas des professeurs qui communiquent une science apprise dans les livres, nous sommes des témoins. Si, à la fin d’une journée, vous n’avez pas eu cinq minutes avec le Seigneur Jésus, comment voulez-vous conduire les gens à Jésus et les nourrir de sa parole ?
Un évêque africain disait au Concile qu’il suffit de quelques saints pour convertir un pays…
Regardez le Curé d’Ars : n’a-t-il pas changé la France ? Mère Teresa n’a-t-elle pas changé le monde ? Les douze Apôtres n’ont-ils pas bouleversé et transformé le monde par le nom de Jésus !
La France a-t-elle pour vous un rôle spirituel spécifique à jouer ?
Ce n’est pas pour rien qu’on dit que la France est la fille aînée de l’Église. Ce n’est pas un titre, c’est une mission ! Regardez ce que la France a fait pour porter la civilisation chrétienne à travers le monde, en Afrique, en Asie. Voyez les missionnaires français qui ont parcouru le monde. Ce que je suis, ce que je dis, je l’ai reçu de vous, de la France. Je ne sais pas s’il se trouve un pays qui a produit autant de saints ! La France a un rôle essentiel à jouer, y compris du point de vue de la culture, de la civilisation. Mais si elle reste païenne, sécularisée, elle ne le fera pas.
La France, éducatrice des peuples ?
Bien sûr ! Être fille aînée de l’Église est une responsabilité. Et je pense qu’elle continue à jouer ce rôle aujourd’hui malgré les apparences. La France est le pays qui a vu naître beaucoup de nouveaux mouvements religieux. On y perçoit les signes d’une renaissance. Ce n’est pas le nombre de chrétiens qui fait la beauté de l’Église. Le printemps de l’Église, ce sont les saints que le Christ continue à susciter dans son Église. 
 
Médias et liturgie : « Le président de Guinée m'a appelé… »
«  En tant qu’Africain, je suis très surpris de voir que beaucoup de chrétiens, lors des messes pontificales à Rome, n’ont qu’une seule préoccupation : prendre des photos, et se comportent comme s’ils ne se trouvaient pas devant Dieu. Je dois dénoncer l’envahissement des médias, des photographes dans nos célébrations eucharistiques. Même les prêtres qui concélèbrent ont l’audace de prendre des photos. L’Église catholique doit réfléchir et prendre des mesures fermes devant ce phénomène scandaleux et choquant. Les autres croyants, notamment musulmans, sont écœurés et choqués de voir cela dans nos célébrations. Les processions, qui nous conduisent à la célébration du grand mystère de notre foi, sont faites sans aucun recueillement, comme si nous entrions dans un théâtre, sans aucun émerveillement, sans aucune frayeur religieuse de nous trouver face à face avec Dieu. Les célébrants bavardent et discutent sur toutes sortes de futilités en avançant vers l’autel du Seigneur  ! Pour illustrer mon propos, je vous raconte un fait. C’était la consécration de l’église de Saints-Pierre-et-Paul de Bonfi, à Conakry. Il y avait la télévision guinéenne pour couvrir l’événement, et le prêtre responsable des émissions de « La Voix de l’Évangile », qui assurait lui aussi le reportage de la liturgie. Le prêtre portait les ornements liturgiques puisqu’il concélébrait et, accroché à son cou, il avait son appareil photo et jouait sa fonction de journaliste, en même temps qu’il concélébrait. Et la télévision l’a pris en flagrant délit. L’image a été diffusée le dimanche soir. Dès le lendemain matin, le président de la République, M. Lansana Conté, qui est musulman, m’a fait appeler et m’a dit textuellement : “J’ai vu hier soir aux émissions religieuses un de tes prêtres prendre des photos pendant la prière. C’est inadmissible  ! Ce n’est pas le travail du prêtre. Le prêtre doit faire prier les fidèles. Il est le représentant de Dieu au milieu des fidèles et en même temps celui qui nous aide à être attentifs à Dieu. Il ne faut plus qu’il recommence. Si tu as besoin d’un cadreur ou d’un technicien de prises de vues pour les émissions religieuses, demande-le moi, je donnerai immédiatement la personne compétente”. En effet, ce type de compor­tement ne se vérifiera jamais dans une mosquée, car les musulmans ont plus de respect du sacré que la plupart des chrétiens. Ce qui se passe à la basilique Saint-Pierre pendant les célébrations pontificales mérite un examen sérieux. Je reconnais que les temps de silence se sont énormément améliorés. Il faut chercher à vivre la liturgie dans le plus grand respect, un profond sens du sacré et en nous tenant face à Dieu. »
Cardinal Robert Sarah
 
Aymeric Pourbaix et Jean-Marie Dumont

 

Lire l'entretien sur le site de Famille chrétienne:

> Le cardinal Robert Sarah : « Qu’on nous écoute ou pas, nous parlerons »

Famille chrétienne n°1952 du 13 au 19 juin 2015, pp. 10-15

> Acheter le numéro 1952 de Famille chrétienne

 

> Divorce et miséricorde: témoignage d'une mère abandonnée

> Jean-Paul II: "Le chrétien authentique a le devoir de rejeter énergiquement le divorce"

> Cardinal Sarah sur le synode: "Il faut plus de courage à l'Église, aux chrétiens, aux évêques"

 

12/12/2014

Lecture par parties du Syllabus de Pie IX à l'occasion du 150ème anniversaire de sa publication (VII et VIII)

1052256792.jpgA l'occasion de 150ème anniversaire de la publication du Syllabus des Erreurs et de l'encyclique Quanta Cura par le Pape Pie IX le 8 décembre 1864, Espérance Nouvelle vous propose une lecture par parties de ce document majeur du Magistère pontifical de Pie IX.

Lisez l'éloge de l'enseignement et du pontificat de Pie IX par Jean XXIII et Jean-Paul II ainsi que les parties I et II du Syllabus dans le premier article de la série:

> Lecture du Syllabus (I et II)

Le Syllabus des Erreurs, également appelé Résumé des Principales Erreurs de notre temps ou simplement Catalogue des Erreurs modernes, est une liste d'énoncés contraires à la foi catholique rassemblés en un seul document par Pie IX pour les condamner toutes ensemble fermement et solennellement en y indiquant les références du Magistère où sont condamnées ces affirmations.

Le texte des parties VII et VIII du Syllabus est reproduit ci-dessous.

 

RÉSUMÉ
RENFERMANT LES PRINCIPALES ERREURS DE NOTRE TEMPS
QUI SONT SIGNALÉES
DANS LES ALLOCUTIONS CONSISTORIALES, ENCYCLIQUES ET AUTRES LETTRES APOSTOLIQUES DE N. T. S. P. LE PAPE PIE IX.

 

ASS III (1867) 168. Traduction française dans Recueil, pp. 17-35.

Le chiffre entre parenthèses renvoie au document indiqué dans la liste ci-après.

 

§ VII.
Erreurs concernant la morale naturelle et chrétienne.

 

LVI. Les lois de la morale n'ont pas besoin de la sanction divine, et il n'est pas du tout nécessaire que les lois humaines se conforment au droit naturel ou reçoivent de Dieu le pouvoir d'obliger (26).

LVII. La science des choses philosophiques et morales, de même que les lois civiles, peuvent et doivent être soustraites à l'autorité divine et ecclésiastique (26).

LVIII. II ne faut reconnaître d'autres forces que celles qui résident dans la matière, et tout système de morale, toute honnêteté doit consister à accumuler et augmenter ses richesses de toute manière, et à satisfaire ses passions (26, 28).

LIX. Le droit consiste dans le fait matériel ; tous les devoirs des hommes sont un mot vide de sens, et tous les faits humains ont force de droit (26).

LX. L'autorité n'est autre chose que la somme du nombre et des forces matérielles (26).

LXI. Une injustice de fait couronnée de succès ne préjudicie nullement à la sainteté du droit (24).

LXII. On doit proclamer et observer le principe de non-intervention (22).

LXIII. Il est permis de refuser l'obéissance aux princes légitimes et même de se révolter contre eux (1, 2, 5, 20).

LXIV. La violation d'un serment, quelque saint qu'il soit, et toute action criminelle et honteuse opposée à la loi éternelle, non seulement ne doit pas être blâmée, mais elle est tout à fait licite et digne des plus grands éloges, quand elle est inspirée par l'amour de la patrie (4).

 

§ VIII.
Erreurs concernant le mariage chrétien.

 

LXV. On ne peut établir par aucune preuve que le Christ a élevé le mariage à la dignité de sacrement (9).

LXVI. Le sacrement de mariage n'est qu'un accessoire du contrat et peut en être séparé, et le sacrement lui-même ne consiste que dans la seule bénédiction nuptiale (9).

LXVII. De droit naturel, le lien du mariage n'est pas indissoluble, et dans différents cas le divorce proprement dit peut être sanctionné par l'autorité civile (9,12).

LXVIII. L'Église n'a pas le pouvoir d'établir des empêchements dirimants au mariage : mais ce pouvoir appartient à l'autorité séculière, par laquelle les empêchements existants peuvent être levés (8).

LXIX. L'Église, dans le cours des siècles, a commencé à introduire les empêchements dirimants non par son droit propre, mais en usant du droit qu'elle avait emprunté au pouvoir civil (9).

LXX. Les canons du Concile de Trente qui prononcent l'anathème contre ceux qui osent nier le pouvoir qu'a l'Église d'opposer des empêchements dirimants, ne sont pas dogmatiques ou doivent s'entendre de ce pouvoir emprunté (9).

LXXI. La forme prescrite par le Concile de Trente n'oblige pas sous peine de nullité, quand la loi civile établit une autre forme à suivre et veut qu'au moyen de cette forme le mariage soit valide (9).

LXXII. Boniface VIII a le premier déclaré que le vœu de chasteté prononcé dans l'ordination rend le mariage nul (9).

LXXIII. Par la force du contrat purement civil, un vrai mariage peut exister entre chrétiens ; et il est faux, ou que le contrat de mariage entre chrétiens soit toujours un sacrement, ou que ce contrat soit nul en dehors du sacrement (9, 11, 12, 23).

LXXIV. Les causes matrimoniales et les fiançailles, par leur nature propre, appartiennent à la juridiction civile (9, 12).

N.B. - Ici peuvent se placer d'autres erreurs : l'abolition du célibat ecclésiastique et la préférence due à l'état de mariage sur l'état de virginité. Elles sont condamnées, la première dans la Lettre Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846, la seconde dans la Lettre Apostolique Multiplices inter, du 10 juin 1851.

 

> Liste des écrits du Pape Pie IX d'où sont tirées les propositions du Syllabus

 

 

> 150ème anniversaire du Syllabus du Pape Pie IX (1864 - 2014)

> Texte intégral de l'encyclique Quanta Cura

> Texte intégral du Syllabus des Erreurs

> Texte intégral de l'encyclique Quanta Cura

> Texte intégral du Syllabus des Erreurs

21/10/2014

L'oikonomia, les thèses kaspériennes, et la Vérité du Christ

Une interview du père Robert Dodaro, O.S.A., Président de l'Institut Patristique Augustinianum à Rome et professeur de théologie patristique à l'Université Pontificale du Latran, par Raymond Arroyo sur la chaîne catholique EWTN fondée par Mère Angelica de l'Annonciation, à qui le Pape Benoît XVI avait décerné la médaille Pro Ecclesia et Pontifice en 2009.

Attention à ne pas confondre les deux sens très différents du mot "orthodoxe". "Orthodoxe" désigne, dans son sens catholique, la fidélité et la conformité à la foi catholique, mais, dans un sens moins précis, ce mot peut également désigner ce qui appartient aux Églises orientales non catholiques, couramment appelées "orthodoxes". C'est dans ce second sens qu'il est utilisé ici.

> Commander le livre des 5 cardinaux: "Demeurer dans la Vérité du Christ"

> Présentation de l'édition française du livre "Demeurer dans la Vérité du Christ"

29/09/2014

Après un divorce: la fidélité, chemin vers Dieu, chemin de Dieu

divorce, fidélité, mariageUn de perdu… Dieu de retrouvé

68 pages, 8


Voici le témoignage émouvant et sincère d'une épouse divorcée qui a choisi la fidélité à son mariage. L'auteur nous raconte son parcours : la douleur de la séparation, les pressions de l’entourage pour « refaire » sa vie et enfin, la plongée dans l'amour de Dieu qui donne la grâce de pardonner et de rester fidèle.
Dans ce livre, Marie-Claire Germain évoque son histoire avec pudeur. Elle parle du cheminement de ceux et de celles qui ont décidé de rester fidèles au conjoint dont ils sont séparés.
Sans cacher sa souffrance, elle montre combien cette fidélité, humainement incompréhensible, manifeste la présence de Dieu au cœur du mariage.

  
Le divorce est une plaie, le mariage chrétien une force.

À aucun instant depuis toutes ces années, je n’ai regretté d’avoir été mariée, de l’avoir été à celui que j’ai choisi
une fois pour toutes en renonçant à tous les autres, et pour toujours… et pourtant ma vie a sa croix.

"Il ne s'agit pas de pointer du doigt et de jeter l'opprobre sur l'autre choix, celui de refaire sa vie. Mon Dieu, il faudrait être idiot pour se comporter ainsi mais un prêtre doit avoir le courage d'annoncer ce que Dieu demande, sans le contredire ou penser qu'il peut être contredit, voire pire que Dieu peut se tromper. Douter de la véracité du dogme, mettre en cause la Parole, refuser d'en annoncer l'intemporalité en arguant que les temps ont changé empêchent les fidèles d'avoir confiance et de découvrir un autre chemin auquel ils n'avaient peut-être pas pensé par eux-mêmes, celui de la fidélité au conjoint parti."

Source: Divorcée, elle est restée fidèle