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30/06/2015

Homélie du Père Abbé de Fontgombault pour la fête des Saints Pierre et Paul à Wisques le 29 juin 2015

Homélie pour la fête de Saint Pierre et Saint Paul

 

> Homélies de Dom Jean Pateau et de Mgr Dominique Rey

> Fontgombault Sermon: Saints Peter and Paul

Saint Bonaventure - Itinéraire de l'âme à Dieu - Chapitre V

 

Saint Bonaventure

Ordre des Frères Mineurs--Cardinal-Évêque d'Albane--Docteur de l’Église

Itinéraire de l’Âme à Dieu

 

PROLOGUE.

CHAPITRE PREMIER. Des degrés d'élévation à Dieu, et de la contemplation du Seigneur par les traces de sa puissance créatrice.

CHAPITRE II.De la contemplation de Dieu dans les traces de sa présence imprimées en ce monde sensible.

CHAPITRE III. De la contemplation de Dieu par son image gravée dans les facultés naturelles de notre âme.

CHAPITRE IV. De la contemplation de Dieu en son image reformée par la grâce divine.

CHAPITRE V. De la contemplation de l'unité divine par son nom principal, qui est l’ETRE.

CHAPITRE VI. De la contemplation de la Trinité bienheureuse en son nom, qui est SOUVERAINEMENT BON.

CHAPITRE VII. Du ravissement spirituel et mystique, dans lequel le repos est donné à notre intelligence et notre affection passe tout entière en Dieu.

 

CHAPITRE V. De la contemplation de l'unité divine par son nom principal, qui est l’ETRE.

 

Nous pouvons contempler Dieu non-seulement hors de nous et en nous, mais encore au-dessus de nous; hors de nous par les traces de sa présence empreintes dans les créatures, en nous par son image, et au-dessus de nous par la lumière dont il a gravé le sceau en notre âme, par la lumière de l'éternelle vérité qui a formé elle-même cette âme. Ceux qui se sont exercés dans le premier degré, sont entrés dans le parvis placé devant le tabernacle; ceux qui ont parcouru le second, se sont avancés jusque dans le lieu saint; et ceux qui ont passé par le troisième, ont pénétré avec le Grand-Prêtre jusque dans le Saint des saints, où les glorieux Chérubins élevés au-dessus de l'arche ombragent de leurs ailes le propitiatoire. Or, par ces deux Chérubins sont représentés les deux modes ou les deux degrés par lesquels nous contemplons ce qui est invisible et éternel en Dieu. Le premier s'attache à son essence sacrée, le second à la propriété des personnes divines. Le premier mode fixe principalement et avant tout son regard sur l'Etre lui-même, car il nous dit que ce nom il est, est le premier nom de Dieu. Le second considère ce qui est bon en Dieu, et il nous apprend que la bonté est le premier de ses noms. Le premier se rapporte davantage au Testament ancien, qui annonce surtout l'unité de Dieu ; ainsi il a été dit à Moïse : Je suis celui qui est (1). Le second regarde plutôt le Nouveau , où la pluralité des personnes divines est déterminée dans le baptême au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Aussi le Seigneur notre maître , voulant élever à la perfection évangélique un jeune homme qui avait accompli la loi, donne-t-il à Dieu d'une manière principale et exclusive le nom de bon.

 

1 Exod., 3.

 

« Personne n'est bon, si ce n'est Dieu seul (1). » Ainsi saint Jean de Damas, suivant Moïse, dit : Celui qui est est le premier nom de Dieu; et saint Denis, s'attachant à Jésus-Christ, dit : Bon est le premier nom de Dieu (2).

 

Que celui donc qui désire contempler ce qui est invisible en Dieu, quant à son unité, fixe ses regards sur son être lui-même , et qu'il reconnaisse que cet être est une qualité si certaine en Dieu qu'on ne saurait le concevoir sans elle; car l'être absolu ne peut se montrer sans exclure entièrement le néant, comme le néant est entièrement l'opposé de l'être. De même donc que le néant parfait n'a rien de l'être ni de ses qualités, de même l'être n'a rien du non-être, ni dans ses actes , ni dans sa puissance, ni en réalité , ni dans notre appréciation. Le néant étant la privation de l'existence, ne peut même être compris que par l'être, tandis que l'être, pour être conçu, n'a pas besoin d'un secours étranger, car tout ce qui est connu par notre intelligence l'est ou comme n'étant pas, ou comme possible, ou comme réel. Si donc le non-être ne peut être conçu que par l'être , et l'être possible que par l'être réel et actuel ; si le nom d'être exprime l'acte simple de l'existence, il s'ensuit que l'être est la première idée qui tombe en notre intelligence, et que cet être est celui qui a l'existence pure et actuelle. Mais cet être n'est point un être particulier, car l'être particulier est renfermé en des limites et se trouve lié à l'être possible; ce n'est point non plus un être en général , car un tel être n'a point d'existence actuelle, attendu qu'il ne saurait en avoir en aucune façon. Il faut donc que cet être soit l'Etre divin.

 

1 Marc., 10. — 2 Dam., lib. de fid. orth., c. 12; — Dion., de div. nom., c. 4.

 

C'est un aveuglement singulier de notre intelligence de ne point considérer ce qui s'offre d'abord à ses regards, ce sans quoi il lui est impossible de rien connaître. Mais de même que l'oeil fixé sur diverses couleurs ne voit point la lumière qui les lui découvre ou ne la remarque pas s'il la voit, de même l'ail de notre âme, arrêté sur les êtres particuliers et généraux , oublie l'être par excellence, bien qu'il s'offre tout d'abord à ses regards et que le reste ne soit visible que par lui. Cet oeil de notre âme se montre donc, en présence de tout ce qu'il y a de plus éclatant dans la nature, réellement semblable à l'oeil des oiseaux nocturnes en présence de la lumière. Accoutumé aux ténèbres des êtres créés, aux fantômes des choses sensibles , notre esprit s'imagine ne rien apercevoir alors qu'il s'arrête sur les splendeurs mêmes de l'Erre souverain, ne comprenant pas que cette obscurité si profonde, qui semble alors le frapper, est la plus brillante des illuminations. Ainsi l'oeil de notre corps s'arrêtant sur la pure lumière du soleil, croit ne rien voir.

 

Contemplez donc l'être très-pur et par excellence , si vous le pouvez; vous comprendrez qu'il est impossible de se le représenter comme recevant l'existence d'un autre, et qu'ainsi il doit nous apparaître nécessairement comme l'être premier sans restriction , gomme rétro qui ne saurait tirer son origine du néant, ni d'un être quelconque. En effet, que serait l'être existant par lui-même, s'il n'était point le principe et la cause de son existence? Vous le verrez ensuite entièrement étranger à toute imperfection , et par conséquent n'ayant jamais commencé, ne devant jamais finir, mais demeurant éternellement. En troisième lieu , tout ce qu'il possède n'est que l'être lui-même, et ainsi il n'est point composé, mais d'une simplicité parfaite. Quatrièmement, il n'a rien en lui à l'état de possible, car tout ce qui est possible participe au néant par un côté, et ainsi il est souverainement actuel. Cinquièmement, il n'y a en lui rien de défectible , et ainsi il a la perfection suprême. Enfin , vous ne trouverez en lui aucune diversité, et par là vous comprendrez qu'il est souverainement un.

 

L'être qui est purement, simplement et absolument, est donc l'être premier, éternel et très-simple , l'être très-actuel, très-parfait et souverainement un. Toutes ces idées sont tellement certaines que cet être ne peut s'offrir à notre intelligence avec rien qui leur soit opposé, et que l'une entraîne nécessairement la vérité des autres. Ainsi , comme il est l'être simplement, il s'ensuit qu'il est simplement premier; étant simplement premier, il n'a pas reçu l'existence d'un autre, il ne se l'est pas donnée à soi-même : donc il est éternel. De même , comme il est premier et éternel , et qu'ainsi il n'est pas composé de plusieurs autres, il est donc un être très-simple. Ensuite étant premier, éternel et très-simple , rien à l'état de possible n'est mélangé à ce qui est actuel en lui, et ainsi il est un être très-actuel. De ce qu'il est premier, éternel, très-simple et très-actuel, il s'ensuit qu'il est très-parfait; car rien ne manque à celui qui réunit ces qualités et rien de nouveau ne saurait s'ajouter à ce qu'il possède. De tout cela, il faut conclure qu'il est souverainement un ; car lorsque nous lui attribuons une surabondance en tout genre, cette idée s'étend à toutes ses perfections; mais lorsque nous disons que cette surabondance est absolue, nous déclarons qu'elle ne saurait convenir qu'à un seul. Si donc Dieu exprime l'idée d'être premier, éternel , très-simple, très-actuel, très-parfait, il est impossible de penser qu'il n'est pas , ou qu'il n'est pas un. Ecoute donc, ô Israël, ton Dieu est un Dieu unique (1).

 

Si vous voyez ces choses dans la pure simplicité de votre esprit , vous êtes déjà éclairé des rayons de la lumière éternelle; mais il y a ici de quoi vous transporter d'admiration. Cet être est en même temps le premier et le dernier, éternel et très-présent, très-simple et très-grand, très-réel et très-immuable, très-parfait et immense, souverainement un et renfermant tout en lui. Si vous admirez tout cela avec une âme pure, portez vos regards plus avant et vous serez éclairé d'une lumière plus grande encore, car vous découvrirez qu'il est le dernier parce qu'il est le premier. En effet, étant le premier, il a tout fait à cause de lui-même, et ainsi il est nécessaire qu'il soit la fin dernière , le principe et la consommation , l'alpha et l'oméga. Vous découvrirez qu'il est très-présent parce qu'il est éternel; car ce qui est éternel n'est point terminé par quelque chose, ne cesse pas en soi-même , ne passe pas d'une chose à une autre , n'a en soi ni passé ni futur, et est ainsi très-présent. Dieu est très-grand parce qu'il est très-simple. En effet, étant très-simple en son essence, il doit être très-grand en vertu : car, plus la vertu est une, plus elle est infinie. Il est très-immuable parce qu'il est très-réel ; car, l'être très-réel est à l'état d'existence simple, et dès-lors il ne peut rien acquérir ni rien perdre de ce qu'il possède, et par conséquent il est immuable. Il est immense parce qu'il est très-parfait, car la perfection suprême est telle qu'on ne peut rien imaginer de meilleur, de plus excellent , de plus digne, de plus grand, et ainsi ce qui est très-parfait est nécessairement immense. Enfin , il renferme tout parce qu'il est souverainement un; car, par cette unité suprême , il est le principe universel de tous les êtres , et par là même il est leur cause efficiente , leur modèle et leur terme; ou autrement, il est la source de leur existence, la raison de leur intelligence et la règle de leur vie. Il est donc tout, non par essence, mais comme cause surexcellente, universelle et très-suffisante de tous les êtres; et comme la vertu d'une telle cause est souverainement une en son essence , il s'ensuit qu'elle est souverainement infinie et multiple en ses effets.

 

1 Deut., 6.

 

Reprenons et disons : l'Etre très-pur et absolu qui est l'être simplement , étant le premier et le dernier, est le principe et la fin suprême de toutes choses. Il est éternel et très-présent : donc il embrasse et pénètre toutes les durées comme leur centre et leur circonférence. Il est très-simple et très-grand : donc il est tout entier cri toutes choses , et tout entier hors d'elles ; et ainsi il est une sphère intelligible dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Il est très-réel et très-immuable : donc, en demeurant dans cette immutabilité, c'est lui qui donne le mouvement à tous les êtres. Il est très-parfait et immense : donc il est en toutes choses sans y être renfermé, hors de toutes choses saris en être exclu , au-dessus sans être plus élevé, au-dessous sans être plus bas. Il est souverainement un et il réunit toutes les manières d'être: donc il est tout en tous, quoique ce mot de tout embrasse une multitude de choses et que Dieu ne soit qu'un ; car, par son unité très-simple , sa vérité très-pure , sa bonté très-réelle, il y a en lui toute vertu , tout modèle et toute puissance pour se communiquer; et ainsi de lui , par lui et en lui sont toutes choses, parce qu'eu lui nous avons la toute-puissance, la science parfaite, la bonté suprême; et le voir parfaitement , c'est posséder le souverain bonheur, selon cette parole adressée à Moïse : Je te montrerai tout bien (1).

 

1 Exod., 33.

 

 

 

Source: Itinéraire de l'Âme à Dieu - Saint Bonaventure - Œuvres spirituelles

 

29/06/2015

Premières Messes des nouveaux prêtres du diocèse de Malines-Bruxelles

PremieresMesses.jpg

Les deux premiers sont membres de la Fraternité des Saints-Apôtres et le troisième est membre du chemin néo-catéchuménal.

> Enchiridion des Indulgences en français

> Enchiridion Indulgentiarum en latin

28/06/2015

Catéchisme pour enfants: La création et la chute de l'homme (espagnol)

 

 

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Sainte Trinité

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La création des anges

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La création et la chute de l'homme

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Dieu et ses perfections

> Catéchisme pour enfants en espagnol: L'Incarnation

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Rédemption

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Saint-Esprit et la grâce

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Sainte Église catholique

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Résurrection et la vie éternelle

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les Sacrements

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Baptême et la Confirmation

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Sainte Eucharistie

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Saint Sacrifice de la Messe - 1ère partie

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Saint Sacrifice de la Messe - 2ème partie

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Pénitence ou Confession

> Catéchisme pour enfants en espagnol: L'Extrême Onction

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les Ordres Sacrés

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Mariage

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les sacramentaux

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La communion des saints

> Catéchisme pour enfants en espagnol: La prière et l'oraison

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les commandements de Dieu

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les commandements de l’Église

> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Premier Commandement, le culte de Dieu

 

Source: Catecismo para niños - Adelante la Fe

 

26/06/2015

Ordinations sacerdotales pour le diocèse de Malines-Bruxelles

ordinations.jpgDimanche 28 juin à 16h, Ordinations sacerdotales :

En la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, Monseigneur Léonard ordonnera Grégory Kienlen, Kurt Suenens et Federico Ynsfran Vaesken pour le diocèse de Malines-Bruxelles .

 

 

Notez également :

Samedi 27 juin à 16h, Admissions et prises de soutane :

En l’église Sainte-Catherine, durant la Sainte Messe, Monseigneur Léonard admettra au sacerdoce et remettra la soutane à Michaël Dalian, Lucas Lourenço, Charles-Eric Mauviel et Michel Rossi.

25/06/2015

"Les parents veulent surtout que leur bébé soit traité dignement"

Annick Hovine | La Libre Belgique | 23 juin 2015

embryon, grossesse, dignité, bébé, dignement, bébés nés sans vie

« Quatre propositions de loi différentes, déposées par le CDH, le CD&V, le SP.A et l’Open VLD, visent à humaniser le Code civil et permettre aux parents de faire reconnaître symboliquement leur enfant. Avant d’entamer le débat proprement dit, sans doute à la rentrée, la commission de la Justice de la Chambre va procéder ce mardi à des auditions de professionnels : gynécologues, obstétriciens, psychanalystes, néonatologues, sages-femmes…

Dans les maternités, on n’a pas attendu les politiques pour mettre en place des dispositifs pour les mères (et les pères) dont le (trop petit) bébé est né sans vie. À Ixelles (Hôpitaux Iris Sud), par exemple, des procédures précises ont été mises au point. C’est une des plus grosses maternités bruxelloises, qui enregistre entre 2 300 et 2 500 naissances par an.

Des photos et des empreintes

Avec, parfois, des drames au bout… Les morts fœtales in utero, après six mois de grossesse, se produisent entre 5 et 15 fois par an à la maternité ixelloise. Les parents doivent faire une déclaration d’enfant né sans vie - c’est la loi. "Chez nous, la procédure est toujours la même : on présente l’enfant aux parents, on prend une photo et les empreintes des petits pieds", explique le docteur Clotilde Lamy, chef de clinique en obstétrique à l’hôpital d’Ixelles. Des discussions ont lieu avec les parents à propos d’une éventuelle autopsie; le petit corps est envoyé à la morgue avant l’inhumation ou l’incinération.

Et avant le 180e jour, quand le bébé n’existe pas légalement ? "Entre 12 et 26 semaines de grossesse, soit le deuxième trimestre, on parle de fausses couches tardives", poursuit le docteur Lamy. Cela se passe une trentaine de fois chaque année à l’hôpital d’Ixelles.

"Pour ces fœtus non viables, on a aussi organisé les choses. On propose, sans leur imposer, aux parents de voir leur bébé. On fait aussi des photos et des empreintes et on leur donne. S’ils ne le souhaitent pas, on les met dans le dossier médical de la maman."

Le cas échéant, si cela s’avère utile pour comprendre l’accident, des examens médicaux complémentaires sont envisagés. Les fœtus sont ensuite emmenés au cimetière d’Ixelles, où une pelouse et un mur aux étoiles sont réservés à ces tout-petits nés sans vie. Une assistante sociale du service social de la clinique explique tout cela aux parents. "S’ils le désirent, ils peuvent assister à l’inhumation. Certaines familles font parfois une petite cérémonie."

Une procédure qui semble satisfaire les parents endeuillés, dont certains ne veulent plus rien savoir après la fausse couche. "Finalement, que leur enfant soit déclaré ou pas, ce n'est pas le plus important pour les parents, estime la chef de clinique. Ce qui compte pour eux, c'est qu'il soit traité dignement." Avant les ordonnances régionales, en 2007 à Bruxelles et en 2009 en Wallonie, qui permettent de donner une sépulture aux fœtus, les bébés nés sans vie étaient considérés comme des "déchets hospitaliers" et "éliminés" comme tels. Ce qui était insupportable.

Le bébé fait partie de l’histoire

À Ixelles, on demande toujours aux parents le prénom de l’enfant, qu’on inscrit dans le dossier médical de la mère. "Ils n’en ont pas toujours un en tête et doivent souvent réfléchir, se concerter." S’ils ne le souhaitent pas, on note juste "fille" ou "garçon". " De toute façon, cet enfant fera partie de leur histoire médicale, familiale, affective." »

 

La Libre Belgique - mardi 23 juin 2015 - p.8

 

22/06/2015

Le 22 juin, l'Eglise fête Saint Thomas More

LETTRE APOSTOLIQUE
EN FORME DE MOTU PROPRIO
POUR LA PROCLAMATION DE SAINT THOMAS MORE
COMME PATRON DES RESPONSABLES DE GOUVERNEMENT
ET DES HOMMES POLITIQUES

 

JEAN-PAUL II
EN PERPÉTUELLE MÉMOIRE

 

 

1. De la vie et du martyre de saint Thomas More se dégage un message qui traverse les siècles et qui parle aux hommes de tous temps de la dignité inaliénable de la conscience, dans laquelle, comme le rappelle le Concile Vatican II, réside «le centre le plus secret de l’homme et le sanctuaire où il est seul avec Dieu dont la voix se fait entendre dans ce lieu le plus intime» (Gaudium et spes, n. 16). Quand l’homme et la femme écoutent le rappel de la vérité, la conscience oriente avec sûreté leurs actes vers le bien. C’est précisément pour son témoignage de la primauté de la vérité sur le pouvoir, rendu jusqu’à l’effusion du sang, que saint Thomas More est vénéré comme exemple permanent de cohérence morale. Même en dehors de l’Église, particulièrement parmi ceux qui sont appelés à guider les destinées des peuples, sa figure est reconnue comme source d’inspiration pour une politique qui se donne comme fin suprême le service de la personne humaine.

 

Certains Chefs d’État et de gouvernement, de nombreux responsables politiques, quelques Conférences épiscopales et des évêques individuellement m’ont récemment adressé des pétitions en faveur de la proclamation de saint Thomas More comme Patron des Responsables de gouvernement et des hommes politiques. Parmi les signataires de la demande, on trouve des personnalités de diverses provenances politiques, culturelles et religieuses, ce qui témoigne d’un intérêt à la fois vif et très répandu pour la pensée et le comportement de cet insigne homme de gouvernement.

 

2. Thomas More a connu une carrière politique extraordinaire dans son pays. Né à Londres en 1478 dans une famille respectable, il fut placé dès sa jeunesse au service de l’Archevêque de Cantorbéry, John Morton, Chancelier du Royaume. Il étudia ensuite le droit à Oxford et à Londres, élargissant ses centres d’intérêts à de vastes secteurs de la culture, de la théologie et de la littérature classique. Il apprit à fond le grec et il établit des rapports d’échanges et d’amitié avec d’importants protagonistes de la culture de la Renaissance, notamment Didier Érasme de Rotterdam.

 

Sa sensibilité religieuse le conduisit à rechercher la vie vertueuse à travers une pratique ascétique assidue: il cultiva l’amitié avec les Frères mineurs de la stricte observance du couvent de Greenwich, et pendant un certain temps il logea à la Chartreuse de Londres, deux des principaux centres de ferveur religieuse dans le Royaume. Se sentant appelé au mariage, à la vie familiale et à l’engagement laïc, il épousa en 1505 Jane Colt, dont il eut quatre enfants. Jane mourut en 1511 et Thomas épousa en secondes noces Alice Middleton, qui était veuve et avait une fille. Durant toute sa vie, il fut un mari et un père affectueux et fidèle, veillant avec soin à l’éducation religieuse, morale et intellectuelle de ses enfants. Dans sa maison, il accueillait ses gendres, ses belles-filles et ses petits-enfants, et sa porte était ouverte à beaucoup de jeunes amis à la recherche de la vérité ou de leur vocation. D’autre part, la vie familiale faisait une large place à la prière commune et à la lectio divina, comme aussi à de saines formes de récréation. Thomas participait chaque jour à la messe dans l’église paroissiale, mais les pénitences austères auxquelles il se livrait n’étaient connues que de ses proches les plus intimes.

 

3. En 1504, sous le roi Henri VII, il accéda pour la première fois au parlement. Henri VIII renouvela son mandat en 1510 et il l’établit également représentant de la Couronne dans la capitale, lui ouvrant une carrière remarquable dans l’administration publique. Dans la décennie qui suivit, le roi l’envoya à diverses reprises, pour des missions diplomatiques et commerciales, dans les Flandres et dans le territoire de la France actuelle. Nommé membre du Conseil de la Couronne, juge président d’un tribunal important, vice-trésorier et chevalier, il devint en 1523 porte-parole, c’est-à-dire président, de la Chambre des Communes.

 

Universellement estimé pour son indéfectible intégrité morale, pour la finesse de son intelligence, pour son caractère ouvert et enjoué, pour son érudition extraordinaire, en 1529, à une époque de crise politique et économique dans le pays, il fut nommé par le roi Chancelier du Royaume. Premier laïc à occuper cette charge, Thomas fit face à une période extrêmement difficile, s’efforçant de servir le roi et le pays. Fidèle à ses principes, il s’employa à promouvoir la justice et à endiguer l’influence délétère de ceux qui poursuivaient leur propre intérêt au détriment des plus faibles. En 1532, ne voulant pas donner son appui au projet d’Henri VIII qui voulait prendre le contrôle de l’Église en Angleterre, il présenta sa démission. Il se retira de la vie publique, acceptant de supporter avec sa famille la pauvreté et l’abandon de beaucoup de personnes qui, dans l’épreuve, se révélèrent de faux amis.

 

Constatant la fermeté inébranlable avec laquelle il refusait tout compromis avec sa conscience, le roi le fit emprisonner en 1534 dans la Tour de Londres, où il fut soumis à diverses formes de pression psychologique. Thomas More ne se laissa pas impressionner et refusa de prêter le serment qu’on lui demandait parce qu’il comportait l’acceptation d’une plate-forme politique et ecclésiastique qui préparait le terrain à un despotisme sans contrôle. Au cours du procès intenté contre lui, il prononça une apologie passionnée de ses convictions sur l’indissolubilité du mariage, le respect du patrimoine juridique inspiré par les valeurs chrétiennes, la liberté de l’Église face à l’État. Condamné par le Tribunal, il fut décapité.

 

Au cours des siècles qui suivirent, la discrimination à l’égard de l’Église s’atténua. En 1850, la hiérarchie catholique fut rétablie en Angleterre. Il fut alors possible d’engager les causes de canonisation de nombreux martyrs. Thomas More fut béatifié par le Pape Léon XIII en 1886, en même temps que cinquante-trois autres martyrs, dont l’évêque John Fischer. Avec ce dernier, il fut canonisé par Pie XI en 1935, à l’occasion du quatrième centenaire de son martyre.

 

4. De nombreuses raisons militent en faveur de la proclamation de saint Thomas More comme Patron des Responsables de gouvernement et des hommes politiques. Entre autres, le besoin ressenti par le monde politique et administratif d’avoir des modèles crédibles qui indiquent le chemin de la vérité en une période historique où se multiplient de lourds défis et de graves responsabilités. Aujourd’hui, en effet, des phénomènes économiques fortement innovateurs sont en train de modifier les structures sociales; d’autre part, les conquêtes scientifiques dans le secteur des biotechnologies renforcent la nécessité de défendre la vie humaine sous toutes ses formes, tandis que les promesses d’une société nouvelle, proposées avec succès à une opinion publique déconcertée, requièrent d’urgence des choix politiques clairs en faveur de la famille, des jeunes, des personnes âgées et des marginaux.

 

Dans ce contexte, il est bon de revenir à l’exemple de saint Thomas More, qui se distingua par sa constante fidélité à l’autorité et aux institutions légitimes, précisément parce qu’il entendait servir en elles non le pouvoir mais l’idéal suprême de la justice. Sa vie nous enseigne que le gouvernement est avant tout un exercice de vertus. Fort de cette rigoureuse assise morale, cet homme d’État anglais mit son activité publique au service de la personne, surtout quand elle est faible ou pauvre; il géra les controverses sociales avec un grand sens de l’équité; il protégea la famille et la défendit avec une détermination inlassable; il promut l’éducation intégrale de la jeunesse. Son profond détachement des honneurs et des richesses, son humilité sereine et joviale, sa connaissance équilibrée de la nature humaine et de la vanité du succès, sa sûreté de jugement enracinée dans la foi, lui donnèrent la force intérieure pleine de confiance qui le soutint dans l’adversité et face à la mort. Sa sainteté resplendit dans le martyre, mais elle fut préparée par une vie entière de travail dans le dévouement à Dieu et au prochain.

 

Mentionnant des exemples semblables de parfaite harmonie entre la foi et les œuvres, j’ai écrit dans l’exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici que «l’unité de la vie des fidèles laïcs est d’une importance extrême : ils doivent en effet se sanctifier dans la vie ordinaire, professionnelle et sociale. Afin qu’ils puissent répondre à leur vocation, les fidèles laïcs doivent donc considérer les activités de la vie quotidienne comme une occasion d’union à Dieu et d’accomplissement de sa volonté, comme aussi de service envers les autres hommes» (n. 17).

 

Cette harmonie entre le naturel et le surnaturel est l’élément qui décrit peut-être plus que tout autre la personnalité du grand homme d’État anglais : il vécut son intense vie publique avec une humilité toute simple, marquée par son humour bien connu, même aux portes de la mort.

 

Tel est le but où le conduisit sa passion pour la vérité. On ne peut séparer l’homme de Dieu, ni la politique de la morale; telle est la lumière qui éclaira sa conscience. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, «l’homme est une créature de Dieu, et c’est pourquoi les droits de l’homme ont en Dieu leur origine, ils reposent dans le dessein de la création et ils entrent dans le plan de la rédemption. On pourrait presque dire, d’une façon audacieuse, que les droits de l’homme sont aussi les droits de Dieu» (Discours du 7 avril 1998 aux participants à la Rencontre universitaire internationale UNIV’98).

 

Et c’est précisément dans la défense des droits de la conscience que l’exemple de Thomas More brilla d’une lumière intense. On peut dire qu’il vécut d’une manière singulière la valeur d’une conscience morale qui est «témoignage de Dieu lui-même, dont la voix et le jugement pénètrent l'intime de l'homme jusqu'aux racines de son âme» (Encyclique Veritatis splendor, n. 58), même si, en ce qui concerne l’action contre les hérétiques, il fut tributaire des limites de la culture de son temps.

 

Le Concile œcuménique Vatican II, dans la constitution Gaudium et spes, remarque que, dans le monde contemporain, grandit «la conscience de l’éminente dignité qui revient à la personne humaine, du fait qu’elle l’emporte sur toute chose et que ses droits et devoirs sont universels et inviolables» (n. 26). L’histoire de saint Thomas More illustre clairement une vérité fondamentale de l’éthique politique. En effet, la défense de la liberté de l’Église contre des ingérences indues de l’État est en même temps défense, au nom de la primauté de la conscience, de la liberté de la personne par rapport au pouvoir politique. C’est là le principe fondamental de tout ordre civil, conforme à la nature de l’homme.

 

5 Je suis donc certain que l’élévation de l’éminente figure de saint Thomas More au rang de Patron des Responsables de gouvernement et des hommes politiques pourvoira au bien de la société. C’est là d’ailleurs une initiative qui est en pleine syntonie avec l’esprit du grand Jubilé, qui conduit au troisième millénaire chrétien.

 

En conséquence, après mûre considération, accueillant volontiers les demandes qui m’ont été adressées, j’établis et je déclare Patron céleste des Responsables de gouvernement et des hommes politiques saint Thomas More, et je décide que doivent lui être attribués tous les honneurs et les privilèges liturgiques qui reviennent, selon le droit, aux Patrons de catégories de personnes.

 

Béni et glorifié soit Jésus Christ, Rédempteur de l’homme, hier, aujourd’hui, à jamais.

 

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 31 octobre 2000, en la vingt-troisième année de mon Pontificat.

IOANNES PAULUS PP. II

 

Source : Site officiel du Vatican

> La passion de Saint Thomas More

> Jean Anouilh : Thomas More ou l'homme libre

> Film : Un homme pour l'éternité (A man for all seasons)

21/06/2015

Saint Bonaventure - Itinéraire de l'âme à Dieu - Chapitre IV

 

Saint Bonaventure

Ordre des Frères Mineurs--Cardinal-Évêque d'Albane--Docteur de l’Église

Itinéraire de l’Âme à Dieu

 

PROLOGUE.

CHAPITRE PREMIER. Des degrés d'élévation à Dieu, et de la contemplation du Seigneur par les traces de sa puissance créatrice.

CHAPITRE II.De la contemplation de Dieu dans les traces de sa présence imprimées en ce monde sensible.

CHAPITRE III. De la contemplation de Dieu par son image gravée dans les facultés naturelles de notre âme.

CHAPITRE IV. De la contemplation de Dieu en son image reformée par la grâce divine.

CHAPITRE V. De la contemplation de l'unité divine par son nom principal, qui est l’ETRE.

CHAPITRE VI. De la contemplation de la Trinité bienheureuse en son nom, qui est SOUVERAINEMENT BON.

CHAPITRE VII. Du ravissement spirituel et mystique, dans lequel le repos est donné à notre intelligence et notre affection passe tout entière en Dieu.

 

CHAPITRE IV. De la contemplation de Dieu en son image reformée par la grâce divine.

 

Ce n'est pas seulement en passant à travers notre âme, mais en elle-même, qu'il nous faut contempler notre premier principe; et comme ce degré est plus élevé que le précédent , nous lui donnerons la quatrième place dans l'échelle de nos méditations.

 

Il semble étonnant que, Dieu étant si proche de nos âmes , si peu d'hommes s'appliquent à le contempler en eux-mêmes. La raison en est que notre âme distraite par les sollicitudes de la vie, obscurcie par les vains fantômes de ce monde, entraînée par les concupiscences , demeure étrangère aux enseignements de sa mémoire et aux lumières de son intelligence, et qu'elle est sans désir pour les joies spirituelles et la suavité intérieure qu'elle pourrait goûter au-dedans d'elle-même. Plongée tout entière dans les choses sensibles , elle devient impuissante à trouver en elle l'image de Dieu.

 

Et comme il est nécessaire que l'homme demeure il est tombé si personne ne lui vient en aide et ne le relève, ainsi notre âme tombée au milieu des choses sensibles n'a pu se relever parfaitement, pour se contempler et admirer en elle-même la vérité éternelle, qu'au jour où cette vérité, revêtant en Jésus-Christ la forme de notre humanité, est devenue une échelle nouvelle réparant les ruines de cette échelle ancienne qui avait été formée en Adam. Ainsi nul , quelque éclairé qu'il soit des lumières de la nature et de la science, ne peut rentrer en soi-même pour s'y réjouir dans le Seigneur, s'il n'est conduit par Jésus-Christ , qui a dit (1) : Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera, il sortira et il trouvera des pâturages. Or, pour approcher de cette porte du salut, il faut croire et espérer en Jésus, il faut l'aimer. Il est donc nécessaire, si nous voulons entrer dans les délices de la vérité, comme dans un lieu de félicité , d'y arriver par la foi, l'espérance et la charité de Jésus-Christ, le médiateur entre Dieu et les hommes, l'arbre de vie planté au milieu du Paradis.

 

Notre âme, l'image de Dieu, doit donc être revêtue des trois vertus théologiques qui la purifient , l'illuminent et la perfectionnent; elle doit donc être reformée, restaurée, rendue semblable à la céleste Jérusalem et devenir un membre de l’Église militante, qui est la fille de cette cité divine dont l'Apôtre a dit : Cette Jérusalem d'en haut est Sion. C'est elle qui est notre mère (2).

 

1 Joan., 10. — 2 Gal., 4.

 

Que l'âme croie donc et espère eu Jésus-Christ; qu'elle s'attache à lui par l'amour. Il est le Verbe incréé du Père, le Verbe incarné et inspiré; ou autrement : il est la voie, la vérité et la vie. En croyant en lui , comme au Verbe incréé et à la splendeur du Père, elle recouvre l'ouïe et la vue : l'ouïe pour entendre les enseignements du Sauveur, la vue pour contempler ses merveilles. En soupirant par l'espérance après le Verbe inspiré, le désir et l'amour font revivre en elle l'odorat spirituel. Enfin , en embrassant par la charité le Verbe incarné comme la source de toutes délices , et en passant en lui par les ravissements de l'amour, elle rentre en possession du goût et du toucher. Lors donc qu'après avoir ainsi recouvré ses sens , elle voit , elle entend , elle aspire , elle goûte et embrasse son Epoux , elle peut , comme l'épouse , prendre pour sujet de ses chants le Cantique des cantiques , qui est fait pour ce quatrième degré de contemplation, que personne ne comprend si le ciel ne l'en favorise, car l'expérience de l'amour le fait plus connaître que les considérations naturelles.

 

Une fois que dans ce degré l'âme a recouvré ses sens intérieurs pour contempler la beauté suprême, pour entendre ses harmonies inénarrables, pour aspirer ses parfums enivrants, goûter sa suavité infinie et embrasser le bien délicieux par excellence , elle se trouve disposée à passer aux ravissements par la dévotion , l'admiration et la joie qui répondent aux trois exclamations du Cantique des cantiques (1). D'abord par la surabondance de sa dévotion, l'âme devient comme la colonne de fumée qui s'élève formée d'aromates, de myrrhe et d'encens. Ensuite, la grandeur de son admiration la rend semblable à l'aurore , à la lune et au soleil, selon que les lumières dont elle est éclairée l'élèvent et la tiennent suspendue dans l'admiration de son Epoux bien-aimé. Enfin, par l'excès de sa joie elle se trouve plongée dans les délices les plus suaves et elle s'appuie entièrement sur son Bien-Aimé.

 

1 Cant., 3.

 

Alors notre esprit devient hiérarchique dans ses degrés d'élévation , et conforme à cette Jérusalem céleste où nul ne peut entrer , à moins que par la grâce elle ne descende d'abord elle-même en notre coeur, comme saint Jean dans son Apocalypse la vit descendre. Or, elle vient ainsi en nous lorsque par la réforme de notre image intérieure , par les vertus théologales , par la joie de nos sens spirituels, par le transport des ravissements, notre esprit est vraiment devenu hiérarchique, c'est-à-dire lorsqu'il est purifié, illuminé et rendu parfait. Ainsi il représente les neuf degrés des ordres célestes lorsqu'on trouve en lui successivement l'annonce des vérités, leur enseignement, leur direction , le bon ordre, l'affermissement, l'empire sur soi-même , le ravissement, la révélation et l'union, car tous ces degrés correspondent aux neuf ordres des anges. Les trois premiers se rapportent à la nature de l'âme ; les trois qui viennent ensuite , à ses exercices spirituels , et les trois derniers à la grâce. Quand l'âme, enrichie de ces dons, rentre en elle-même , elle pénètre dans la Jérusalem céleste, elle y contemple les choeurs des anges, et y voit Dieu qui a fixé en eux sa demeure et opère toutes leurs oeuvres. « Car, dit saint Bernard, Dieu aime dans les Séraphins comme charité; il connaît dans les Chérubins comme vérité; il est assis sur les Trônes comme équité ; il règne dans les Dominations comme majesté; il gouverne comme principe dans les Principautés; il protége comme salut dans les Puissances ; il opère comme vertu dans les vertus; il éclaire comme lumière dans les Archanges; il assiste comme piété dans les Anges (1). » Ainsi nous reconnaissons que Dieu est toutes choses en tout, lorsque nous le contemplons en nos âmes où il habite par les dons de sa charité surabondante.

 

Mais, pour arriver à ce degré de contemplation , nous devons nous appuyer d'une manière spéciale et particulière sur les enseignements de la sainte Ecriture divinement inspirée , comme nous nous sommes appuyés sur la philosophie pour le degré précédent ; car l'objet principal de la sainte Ecriture est de traiter des oeuvres de notre réparation. Ainsi elle nous instruit spécialement de la foi, de l'espérance et de la charité, parce que c'est par ces vertus que notre âme se reforme; mais elle traite d'une façon plus spéciale encore de la charité; car l'Apôtre a dit que la charité est la fin des commandements lorsqu'elle vient d'un coeur pur, d'une conscience bonne et d'une foi sincère. Elle est la plénitude de la foi (2).

 

1 Lib. 5, de Consid., c. 5. — 2 I Tim., 1 — Rom., 15.

 

Et Notre Seigneur lui-même nous assure que la Loi et les Prophètes sont tout entiers dans le double précepte de l'amour de Dieu et du prochain (1). Or ce double précepte trouve son accomplissement dans l'amour de Jésus-Christ, l'Epoux de l'Eglise. Il est en effet notre Dieu et notre prochain, notre frère et notre Seigneur, notre roi et notre ami , le Verbe incarné et le Verbe incréé, notre Créateur et notre Rédempteur, notre principe et notre fin. Il est le Pontife suprême qui purifie , illumine et perfectionne son épouse, l'Eglise entière et toute âme sainte. C'est de ce Pontife et de la hiérarchie établie par lui que traite toute la divine Écriture ; c'est par elle que nous apprenons à nous purifier, à nous éclairer , à marcher vers la perfection , et cela selon la loi de la nature, la loi écrite et la loi de grâce; ou plutôt selon les trois parties principales que cette même Écriture renferme : la loi de Moïse qui purifie, la révélation des Prophètes qui éclaire, et l'enseignement évangélique qui rend parfait. Ou plutôt encore elle nous apprend la même chose selon le triple sens spirituel de ses enseignements : le sens moral, qui nous purifie en nous faisant embrasser une vie exempte de péché; le sens allégorique, qui illumine notre intelligence des splendeurs de la foi ; et le sens mystique qui perfectionne notre âme en la conduisant à sortir d'elle-même et à goûter les suaves délices de la sagesse.

 

1 Mat,. 22.

 

Or, c'est en s'appuyant sur les trois vertus théologales, c'est avec ses sens spirituels ainsi reformés, c'est au moyen de ces trois ravissements dont nous avons parlé , et de ces actes hiérarchiques que notre âme rentre au-dedans d'elle-même pour y contempler Dieu dans les splendeurs des saints, pour goûter un sommeil paisible comme sur sa couche et s'y reposer dans le bras de son Epoux qui conjure les filles de Jérusalem de ne pas tirer sa bien-aimée de son repos, jusqu'à ce qu'elle s'éveille d'elle-même (1).

 

Ainsi ces deux degrés où nous avons appris à contempler Dieu en notre âme comme dans un miroir qui réfléchit l'image des choses créées, sont comme les deux ailes étendues qui aident le séraphin dans son vol. Par ces deux ailes nous pouvons comprendre que les puissances naturelles de notre âme nous conduisent aux choses célestes par leurs opérations, leurs habitudes et leurs lumières scientifiques. C'est ce que nous avons vu dans le troisième degré. Nous y sommes conduits également par les puissances reformées de notre âme, et cela à l'aide des vertus gratuites, de nos sens spirituels et des ravissements de l'esprit. Nous y arrivons néanmoins aussi par les opérations hiérarchiques qui s'accomplissent en nous : la purification, l'illumination et la perfection de nos âmes, opérations où nous sommes aidés par la révélation des saintes Ecritures que nous avons reçues des anges, selon cette parole de l'Apôtre : La loi nous a été donnée par les anges et par l'entremise d'un médiateur (2). Enfin nous y arrivons par les ordres hiérarchiques que nous pouvons disposer en notre âme à l'instar de celles de la Jérusalem céleste.

 

1 Cant., 2. — 2 Gal., 3.

 

Quand la divine sagesse a ainsi rempli cette aine de tant de lumières , Dieu habite en elle comme en sa demeure; car elle est devenue sa fille, son épouse, sa bien-aimée; elle est un membre de Jésus-Christ , son chef; elle est sa sœur, sa cohéritière; elle est le temple du Saint-Esprit , temple fondé par la foi , élevé par l'espérance, et consacré par la pureté du corps et de l'esprit. Tout cela s'accomplit par la charité de Jésus-Christ qui est répandue en nos cœurs par le Saint-Esprit, qui nous a été donné et sans lequel nous sommes impuissants à connaître les secrets de Dieu. Car de même que nul ne peut savoir ce qu'il y a en l'homme si ce n'est son esprit qui habite en lui, ainsi personne ne connaît ce qui est en Dieu sinon l'esprit de Dieu. Établissons-nous donc et enracinons-nous dans la charité afin de comprendre avec tous ses saints la longueur de son éternité, la largeur de sa libéralité , la sublimité de sa majesté et la profondeur de ses jugements pleins de sagesse.

 

 

Source: Itinéraire de l'Âme à Dieu - Saint Bonaventure - Œuvres spirituelles

 

19/06/2015

Le paradoxe écologique du globe-trotter et du JMJiste

C'est à la fin de cette vidéo qu'on en comprend le sens.

17:20 Publié dans Environnement | Tags : jmj | Lien permanent | Commentaires (0)

Un Jean Bosco pour le XXIème siècle: portrait d'un prêtre donné au Christ et aux jeunes

Originellement publié le 30 juin 2012 dans L'Homme nouveau, cet article qui dresse le portrait de l'abbé Olivier Horovitz, fondateur avec son confrère l'abbé Hubert Blin de l'institut des Frères et Soeurs de la Mission, a été repris dans la Lettre de Paix liturgique du 24 juillet 2012.

 

Dans la paroisse du Pradet l’abbé Olivier Horovitz, juif converti et prêtre depuis 2007, a la charge d’une paroisse, d’une école, et du patronage avec l’abbé Hubert Blin. Sa devise « Au patro, on joue et on prie », sa bonté souriante et son ouverture au biformisme lui ouvrent les cœurs.


Un incroyable parcours

« Lorsque je suis arrivé dans la paroisse du Pradet dans le diocèse de Fréjus-Toulon il y a quatre ans, je tranchais radicalement avec le curé qui me précédait. Mes premières homélies portaient sur les fins dernières. Il y a des fidèles qui hurlaient de colère dans l’Église ! » L’abbé Olivier Horovitz a même reçu peu après son arrivée une lettre anonyme avec la photo d’un revolver et de trois balles ! Le prêtre à la fois doux et vigoureux, qui porte sa soutane comme une seconde peau, en a vu de toutes les couleurs mais pas assez pour se défaire de son zèle apostolique et de son amour de l’Église.

Son ordination sacerdotale le 23 juin 2007 marquait une étape importante de son incroyable parcours. Issu d’une famille juive non pratiquante, il finit par s’interroger sur le sens de sa vie et ne trouvait pas dans la philosophie les réponses espérées. Il ne restait plus que le culot. Olivier Horovitz demanda donc à Dieu de se manifester s’il existait vraiment… et le Tout-puissant s’imposa à son tour comme une évidence. Le futur abbé renoua avec la pratique de la religion juive délaissée par ses parents. C’est après la lecture de l’Évangile, trouvé par hasard, qu’il reçut l’appel à la prêtrise alors qu’il ne connaissait pas encore le catholicisme. Il frappa à la porte d’une église et, deux ans plus tard, Olivier Horovitz était baptisé et pouvait entrer au séminaire d’Érigné, tenu par les Oblats de saint Vincent-de-Paul, où, selon ses propres mots, « chose rarissime aujourd’hui, j’ai trouvé des maîtres à qui je dois tout, et envers qui j’ai une immense dette ! ». A Paris, le jeune prêtre fonda un patronage attaché à la paroisse Saint-Georges mais qu’il lui fallut quitter. Seul Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, voulut bien de ce prêtre farouchement biritualiste, ou plutôt biformiste, porteur d’un projet de patronage et de fondation de la communauté des Frères et Sœurs de la Mission, sous le patronage du Bienheureux père Antoine Chevrier.


Le patronage

Ils étaient 6 garçons au début, le patronage compte aujourd’hui en moyenne 40 enfants chaque semaine. Un succès ! Pourtant, les recrues sont rares aux côtés de l’abbé Horovitz et de l’abbé Blin, qui partage son ministère : une paroisse, une école et le patronage. « C’est un apostolat qui fait peur. Il demande un investissement de toute sa personne pour tisser des liens d’amitié, faire partie des meubles et pouvoir ainsi annoncer l’Évangile. Certains se demandent à quoi cela sert de taper dans un ballon avec des enfants. Moi je peux assurer que c’est fondamental. Aux patros, on joue et on prie. C’est notre devise ! Un enfant qui joue bien est un enfant qui prie bien. » Le patronage, porté par les deux prêtres et une paroissienne, accueille les enfants à partir de six ans. Les groupes sont non-mixtes et organisés par tranches d’âge. « Très vite, les plus grands ont un rôle d’aide, de grand frère auprès des plus jeunes et cette structure familiale est en fin de compte très pertinente dans une société où la famille est éclatée. » L’abbé Horovitz est bien loin de tout idéalisme et ce sont plutôt le pragmatisme et un humanisme au bon sens du terme qui fondent sa pédagogie. « Le plus grand ennemi du catéchisme est l’ennui ! Le catéchisme, ça doit être souvent et court. Lorsque la séance s’achève, les enfants doivent dire « déjà ? ». Il ne s’agit pas de faire un catéchisme au rabais – d’ailleurs nous suivons le plan du Compendium même pour les plus jeunes – mais de le rendre intéressant. » Un principe d’autant plus important que le patronage n’est pas réservé aux seuls catholiques. « L’aspect spirituel des choses est saupoudré en même temps que montré comme une nécessité. Je dis souvent aux enfants que se confesser, c’est comme se laver les dents. C’est l’hygiène de l’âme. Aux prêtres de mettre les sacrements à portée de tous. Je me souviens de cet élève de l’école, après un topo sur la confession, qui avait demandé en plein cours à aller se confesser. Il a pu sortir de cours, et je l’ai confessé dans l’instant ! »


Le biformisme

Les enfants du patronage, pour des raisons pratiques, assistent le plus souvent à la messe en forme ordinaire mais l’abbé Horovitz met un point d’honneur à suivre l’élan donné par le Motu Proprio Summorum Pontificum et compte bien, à terme, permettre à tous les enfants de se réapproprier la Messe de Saint Pie V. « Ce sont généralement les parents qui s’opposent. Les enfants n’y voient aucun inconvénient et certains m’ont confié que cette messe leur donnait une impression de sérieux. Le Motu Proprio le permet. On ne peut pas être plus papiste que le pape ! Nous en avons marre de cette idéologie qui nous empoisonne depuis 40 ans. Au fond, le biritualisme est l’une des grâces de notre temps. »

 

Source: Paix Liturgique - Lettre 345 du 24 juillet 2012

 

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