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24/09/2015

Papes Jean-Paul II et Benoît XVI: Le manque de foi ne suffit jamais à rendre un mariage nul

C'est ce qui apparaît clairement dans le dernier discours adressé par Benoît XVI au Tribunal de la Rote Romaine, en présence de Mgr Pio Vito Pinto.

 

 

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
À L'OCCASION DE L’INAUGURATION DE L’ANNÉE JUDICIAIRE
DU TRIBUNAL DE LA ROTE ROMAINE

Salle Clémentine
Samedi 26 janvier 2013

 

Chers membres du Tribunal de la Rote romaine !

C’est pour moi un motif de joie de vous retrouver à l’occasion de l’inauguration de l’année judiciaire. Je remercie votre doyen, Mgr Pio Vito Pinto, des sentiments exprimés en votre nom à tous et que, en retour, je vous adresse moi aussi de tout cœur. Cette rencontre m’offre l’opportunité de réaffirmer mon estime et ma considération pour le service élevé que vous prêtez au Successeur de Pierre et à l’Église tout entière, ainsi que de vous inciter à un engagement toujours plus grand dans un domaine assurément difficile, mais précieux pour le salut des âmes. Le principe selon lequel la salus animarum est la loi suprême dans l’Église (cf. CIC, can. 1752) doit être bien gardé à l’esprit et trouver chaque jour, dans votre travail, la réponse rigoureuse qui lui est due.

1. Dans le contexte de l’Année de la foi, je voudrais m’arrêter de manière particulière sur certains aspects du rapport entre foi et mariage, en observant comment l’actuelle crise de la foi, qui touche différentes parties du monde, porte en elle une crise de la société conjugale, avec toute la charge de malaise et de souffrance que cela comporte aussi pour les enfants. Nous pouvons prendre comme point de départ la racine linguistique commune que possèdent, en latin, les termes fides et foedus, ce dernier étant un terme avec lequel le Code de droit canonique désigne la réalité naturelle du mariage, comme un pacte irrévocable entre un homme et une femme (cf. can. 1055 § 1). En effet, la confiance réciproque est la base incontournable de tout pacte ou alliance.

Sur le plan théologique, la relation entre foi et mariage prend une signification encore plus profonde. En effet, le lien sponsal, bien qu’étant une réalité naturelle, entre les baptisés a été élevé par le Christ à la dignité de sacrement (cf. ibid.).

Le pacte indissoluble entre un homme et une femme n’exige pas, afin d’assurer son caractère sacramentel, la foi personnelle des futurs époux ; ce qui est demandé, comme condition minimale nécessaire, est l’intention de faire ce que fait l’Église. Mais s’il est important de ne pas confondre le problème de l’intention avec celui de la foi personnelle des contractants, il n’est toutefois pas possible de les séparer totalement. Comme le faisait remarquer la Commission théologique internationale dans un document de 1977, « Là donc où l’on ne perçoit aucune trace de la foi comme telle (au sens du terme “croyance”, disposition à croire) ni aucun désir de la grâce et du salut, la question se pose de savoir, au plan des faits, si l’intention générale et vraiment sacramentelle, dont nous venons de parler, est présente ou non, et si le mariage est validement contracté ou non » (La doctrine catholique sur le sacrement du mariage [1977], 2.3: Documents 1969-2004, vol. 13, Bologne 2006, p. 145). Le bienheureux Jean-Paul II, en s’adressant à ce tribunal, il y a dix ans, précisa toutefois qu’« une attitude des futurs époux ne tenant pas compte de la dimension surnaturelle du mariage peut le rendre nul uniquement si elle porte atteinte à la validité sur le plan naturel, sur lequel est placé le signe sacramentel lui-même » (Discours à la Rote romaine, 30 janvier 2003 ; cf. ORLF n. 1 du 3 janvier 2003). À propos de cette problématique, en particulier dans le contexte actuel, il sera nécessaire de promouvoir des réflexions supplémentaires.

2. La culture contemporaine, marquée par un subjectivisme et un relativisme éthique et religieux accentués, place la personne et la famille face à des défis pressants. En premier lieu, face à la question concernant la capacité même de l’être humain de se lier, et de savoir si un lien qui dure toute la vie est vraiment possible et correspond à la nature de l’homme, ou s’il n’est pas plutôt en opposition avec sa liberté et avec son autoréalisation. En effet, il appartient à une mentalité diffuse de penser que la personne ne devient elle-même qu’en restant « autonome » et en entrant en contact avec l’autre uniquement à travers des relations que l’on peut interrompre à tout instant (cf. Allocution à la Curie romaine [21 décembre 2012]: ORLF n. 1, du 3 janvier 2013). Il n’échappe à personne que, sur le choix de l’être humain de se lier par un lien qui dure toute la vie, influe la perspective de base de chacun, c’est-à-dire s’il est ancré à un plan purement humain, ou bien s’il est ouvert à la lumière de la foi dans le Seigneur. En effet, ce n’est qu’en s’ouvrant à la vérité de Dieu qu’il est possible de comprendre, et de réaliser concrètement dans la vie également conjugale et familiale, la vérité de l’homme en tant que son fils, régénéré par le baptême. « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5) : c’est ce qu’enseignait Jésus à ses disciples, en leur rappelant l’incapacité substantielle de l’être humain d’accomplir tout seul ce qui est nécessaire à l’obtention du bien véritable. Le refus de la proposition divine conduit en effet à un déséquilibre profond entre toutes les relations humaines (cf. Discours à la Commission théologique internationale [7 décembre 2012] : ORLF n. 50, du 13 décembre 2012), y compris matrimoniale, et facilite une compréhension erronée de la liberté et de l’autoréalisation qui, unie au refus d’avoir la patience de supporter la douleur, condamne l’homme à s’enfermer dans son égoïsme et son égocentrisme. Au contraire, l’accueil de la foi rend l’homme capable du don de soi, dans lequel ce n’est qu’« en s’ouvrant à l’autre, aux autres, aux enfants, à la famille... en se laissant modeler dans la souffrance, qu’il découvre la dimension du fait d’être une personne humaine » (Discours à la Curie romaine [21 décembre 2012] : ORLF n. 1, du 3 janvier 2013).

La foi en Dieu, soutenue par la grâce divine, est donc un élément très important pour vivre le dévouement mutuel et la fidélité conjugale (Catéchèse à l’Audience générale [8 juin 2011] : orlf n. 23, du 9 juin 2011). On n’entend pas par cela affirmer que la fidélité, comme les autres propriétés, ne soient pas possibles dans le mariage naturel, contracté entre non baptisés. En effet, celui-ci n’est pas privé des biens qui « proviennent du Dieu créateur et s’inscrivent de manière inchoactive dans l’amour sponsal qui unit le Christ et l’Église » (Commission théologique internationale, La doctrine catholique sur le sacrement du mariage [1977], 3.4 : Documents 1969-2004, vol. 13, Bologne 2006, p. 147). Mais assurément, la fermeture à Dieu ou le refus de la dimension sacrée de l’union conjugale et de sa valeur dans l’ordre de la grâce rend difficile l’incarnation concrète du modèle très élevé du mariage conçu par l’Église selon le dessein de Dieu, pouvant arriver à miner la validité même du pacte si, comme le reconnaît la jurisprudence consolidée de ce Tribunal, elle se traduit par un refus de principe de l’obligation conjugale de fidélité elle-même, ou des autres éléments ou propriétés essentielles du mariage.

Tertullien, dans sa célèbre Lettre à sa femme, en parlant de la vie conjugale marquée par la foi, écrit que les époux chrétiens « sont vraiment deux dans une seule chair, et là où la chair est unique, l’esprit est unique. Ils prient ensemble, ils se prosternent ensemble et jeûnent ensemble ; l’un apprivoise l’autre, l’un honore l’autre, l’un soutient l’autre » (Ad uxorem libri duo, ii ; ix : pl i, 1415b-1417a). Saint Clément d’Alexandrie s’exprime dans les mêmes termes : « En effet, si pour tous les deux Dieu est un seul, alors pour tous les deux un seul est le Pédagogue — le Christ —, une est l’Église, une la sagesse, une la pudeur, en commun nous avons la nourriture, le mariage nous unit... Et si la vie est commune, commune est également la grâce, le salut, la vertu, la morale» (Pædagogus, i, iv, 10. i : pg 8, 259b). Les saints qui ont vécu l’union matrimoniale et familiale dans la perspective chrétienne, ont réussi à surmonter également les situations les plus contraires, obtenant alors la sanctification du conjoint et des enfants avec un amour toujours renforcé par une solide confiance en Dieu, par une sincère piété religieuse et par une intense vie sacramentelle. C’est précisément ces expériences, marquées par la foi, qui font comprendre combien, aujourd’hui encore, est précieux le sacrifice offert par le conjoint abandonné ou qui a subi le divorce, si — reconnaissant l’indissolubilité du lien matrimonial valide — il réussit à ne pas se laisser « entraîner dans une nouvelle union... Alors, son témoignage de fidélité et de cohérence chrétienne est d'une valeur toute particulière pour le monde et pour l'Église» (Jean-Paul II, Familiaris consortio [22 novembre 1981], 83 : aas 74 [1982], p. 184).

3. Je voudrais enfin m’arrêter brièvement sur le bonum coniugum. La foi est importante dans la réalisation du bien conjugal authentique, qui consiste simplement à vouloir toujours et quoi qu’il en soit le bien de l’autre, en fonction d’un véritable et indissoluble consortium vitae. En vérité, dans l’intention des époux chrétiens de vivre une véritable communio coniugalis se trouve un dynamisme propre à la foi, selon lequel la confessio, la réponse personnelle sincère à l’annonce salvifique, fait participer le croyant au mouvement d’amour de Dieu. « Confessio » et « Caritas » sont « les deux modalités dans lesquelles Dieu nous engage, nous fait agir avec Lui, en Lui et pour l’humanité, pour sa créature... La “confessio” n’est pas une chose abstraite, elle est “caritas”, elle est amour. Seulement ainsi, elle est le reflet de la vérité divine qui, en tant que vérité, est également inséparablement amour » (Méditation au cours de la première congrégation générale de la XIIIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques [8 octobre 2012] : orlf n. 41, du 11 octobre 2012). Ce n’est qu’à travers la flamme de la charité que la présence de l’Évangile n’est plus seulement parole, mais réalité vécue. En d’autres termes, s’il est vrai que « la foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute », on doit conclure que « foi et charité se réclament réciproquement, si bien que l’une permet à l’autre de réaliser son chemin » (Lett. apos. Porta fidei [11 octobre 2011], 14 : orlf n. 42, du 20 octobre 2011). Si cela est valable dans le vaste contexte de la vie communautaire, cela doit valoir encore plus dans l’union matrimoniale. C’est dans celle-ci, de fait, que la foi fait croître et fructifier l’amour des époux, en laissant place à la présence de Dieu Trinité et en rendant la vie conjugale elle-même, ainsi vécue, « une heureuse nouvelle » face au monde.

Je reconnais les difficultés, d’un point de vue juridique et pratique, de cerner l’élément essentiel du bonum coniugum, jusqu’à présent entendu principalement en relation avec les hypothèses d’incapacité (cf. cic, can. 1095). Le bonum coniugum prend de l’importance également dans le domaine de la simulation du consentement. Assurément, dans les cas soumis à votre jugement, ce sera l’enquête de facto qui vérifiera le caractère éventuellement fondé de ce chef de nullité, dominant ou coexistant avec un autre chef des trois « biens » augustiniens, la procréativité, l’exclusivité et la perpétuité. On ne doit donc pas faire abstraction de la considération qu’il puisse exister des cas dans lesquels, justement en raison de l’absence de foi, le bien des conjoints est compromis et donc exclu par le consentement même ; par exemple, dans l’hypothèse de subversion de la part de l’un d’eux, à cause d’une conception erronée du lien nuptial, du principe de parité, ou bien dans l’hypothèse de refus de l’union à deux qui caractérise le lien matrimonial, en rapport avec l’exclusion coexistante possible de la fidélité et de l’usage de l'acte conjugal accompli humano modo.

Je n’entends certainement pas, par ces présentes considérations, suggérer un automatisme facile entre carence de foi et invalidité de l’union matrimoniale, mais plutôt souligner combien une telle carence peut, bien que non nécessairement, blesser également les biens du mariage, du moment que la référence à l’ordre naturel voulu par Dieu est inhérente au pacte conjugal (cf. Gn 2, 24).

Chers frères, j’invoque l’aide de Dieu sur vous et sur ceux qui dans l’Église se prodiguent pour la sauvegarde de la vérité et de la justice à l’égard du lien sacré du mariage et, par là même, de la famille chrétienne. Je vous confie à la protection de la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Christ et de saint Joseph, Gardien de la Famille de Nazareth, exécuteur silencieux et obéissant du plan divin du salut, alors que je vous donne avec plaisir, ainsi qu’à vos proches, ma Bénédiction apostolique.

 

discours à la rote romaine, benoît xvi

<http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2013/january/documents/hf_ben-xvi_spe_20130126_rota-romana.html> le 24 septembre 2015 à 10h32

 

Source: Site officiel du Saint-Siège - Discours du 26 janvier 2013

23/09/2015

"Mitis Iudex": une juste évaluation des conséquences réelles de la réforme

"L’indissolubilité du mariage est la loi divine et immuable de Jésus-Christ. L’Église ne peut pas “annuler” dans le sens de dissoudre un mariage. Elle peut, par une déclaration de nullité, en vérifier l’inexistence, en raison de l’absence de ces conditions qui en assurent la validité. Cela signifie que dans un procès canonique, la priorité de l’Église n’est pas l’intérêt des conjoints dans l’obtention d’une déclaration de nullité, mais la vérité à propos de la validité du lien du mariage. Pie XII nous rappelle à ce propos que «dans le procès matrimonial, la finalité unique est un jugement conforme à la vérité et au droit, concernant dans le procès de nullité la non-existence affirmée du lien conjugal» (Discours à la Rote Romaine, 2 octobre 1944).

Le fidèle peut berner l’Église pour obtenir la nullité, par exemple par l’utilisation d’un faux témoignage, mais l’Église ne peut pas tromper Dieu et a le devoir d’établir la vérité de façon claire et rigoureuse. Dans le procès canonique doit être défendu avant tout l’intérêt suprême d’une institution divine comme l’est le mariage.

La reconnaissance et la protection de cette réalité sont formulées dans le domaine juridique avec l’expression synthétique ‘favor matrimonii’, autrement dit la présomption, jusqu’à preuve du contraire, de la validité du mariage. Jean-Paul II a bien expliqué que l’indissolubilité est présentée par le Magistère comme la loi ordinaire de chaque mariage célébré, précisément parce que sa validité est présupposée, indépendamment de la réussite de la vie conjugale et de la possibilité, dans certains cas, de la déclaration de nullité (Discours à la Rote romaine, 21 janvier 2000).

Lorsque les Lumières cherchèrent à frapper le mariage chrétien de mort, le pape Benoît XIV, avec le décret Dei miseratione du 3 novembre 1741 ordonna que dans chaque diocèse fût nommé un defensor vinculi , et introduisit, pour obtenir la déclaration de nullité, le principe de la nécessaire conformité des sentences dans deux degrés de jugement. Le principe de deux décisions conformes fut consacré par le Code de Droit Canonique de 1917 et a été intégré dans la codification promulguée par Jean-Paul II le 25 Janvier 1983.

Dans les ‘Motu Proprio’ du Pape François, l’optique est renversée. L’intérêt des conjoints a la primauté sur celui du mariage. C’est le document lui-même qui l’affirme, résumant dans ces points les critères de base de la réforme: abolition de la double sentence conforme, remplacée par une seule sentence en faveur de la nullité exécutoire; attribution d’un pouvoir monocratique à l’évêque qualifié comme juge unique; introduction d’un procès court, et de fait incontrôlable, avec la destitution en substance du rôle de la Rote romaine.

Comment interpréter autrement, par exemple, l’abolition de la double sentence? Quelles sont les raisons graves pour lesquelles, après 270 ans, ce principe est abrogé?

Le cardinal Burke a rappelé qu’il existe à ce propos une expérience catastrophique. Aux États-Unis, de Juillet 1971 à Novembre 1983, entrèrent en vigueur les Provisional Norms qui éliminèrent de fait le caractère obligatoire de la double sentence conforme. Le résultat fut que la Conférence des évêques ne refusa aucune demande de dispense parmi les centaines de milliers reçues, et dans la perception commune, le processus commença à être appelé “divorce catholique” (cf.  Demeurer dans la vérité du Christ, ed Artège, Paris 2014).

Plus grave encore est l’attribution à l’évêque diocésain de la faculté, comme juge unique, d’instruire de façon discrétionnaire un procès court, et d’arriver à la sentence. L’évêque peut exercer personnellement son pouvoir juridictionnel ou le déléguer à une commission, pas nécessairement constituée de juristes. Une commission formée à son image, qui suivra naturellement ses instructions pastorales, comme cela est déjà le cas avec les “centres diocésains d’écoute”, à ce jour privés de compétence juridique. La combinaison entre le canon 1683 et l’article 14 sur les règles de procédure a à cet égard une portée explosive. Sur les décisions pèseront inévitablement des considérations sociologiques: les divorcés remariés auront, pour des raisons de “miséricorde”, un traitement préférentiel. «L’Église de la Miséricorde – observe Giuliano Ferrara – s’est mise à courir», (“Il Foglio”, 9 Septembre 2015). On court sur une route non administrative, mais “judiciaire” où, de judiciaire, il reste bien peu.

Dans certains diocèses, les évêques chercheront à assurer le sérieux de la procédure, mais il est facile d’imaginer que dans de nombreux autres diocèses, par exemple d’Europe centrale, la déclaration de nullité sera une simple formalité. En 1993, Oskar Saier, archevêque de Fribourg-en-Brigsau, Karl Lehman, évêque de Mayence et Walter Kasper, évêque de Rottenburg-Stuttgart, produisirent un document en faveur de ceux qui étaient certains, en conscience, de la nullité de leur mariage, mais n’avaient pas les éléments pour le prouver au tribunal (Evêques de l’Oberrhein, Accompagnement pastoral des personnes divorcées, “Il Regno Documenti”, 38 (1993), pp. 613-622).

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi répondit par la Lettre Annus Internationalis Familiae du 14 Septembre 1994, indiquant que cette voie n’était pas praticable, parce que le mariage est une réalité publique: «ne pas reconnaître cet aspect essentiel signifierait nier de fait que le mariage existe comme réalité de l’Église, ce qui revient à dire comme sacrement». Mais la proposition a été reprise récemment par l’office pastoral du diocèse de Fribourg (Directives pour la pastorale des divorcés, “Il Regno Documenti”, 58 (2013), pp. 631-639) selon lequel les divorcés remariés, suite à la “nullité en conscience” du mariage précédent, peuvent recevoir les sacrements et obtenir des postes au sein des conseils paroissiaux.

Le favor matrimonii est remplacé par le favor nullitatis qui en arrive à constituer l’élément principal du droit, tandis que l’indissolubilité est réduite à un «idéal» impraticable. L’affirmation théorique de l’indissolubilité du mariage s’accompagne en effet, dans la pratique, du droit à la déclaration de nullité de chaque lien ayant échoué. Il suffira en conscience de considérer le premier mariage comme invalide pour le faire reconnaître comme nul par l’Église. C’est le même principe par lequel certains théologiens considèrent comme “mort” un mariage où, aux dires des deux, ou d’un des conjoints, “l’amour est mort”.

Benoît XVI, le 29 Janvier 2010, a prévenu le Tribunal de la Sainte Rote de ne pas céder à l’annulation du mariage par “complaisance envers les désirs et les attentes des parties ou même les conditionnements du milieu social”. Mais dans les diocèses d’Europe centrale, la déclaration de nullité deviendra un acte de pure formalité, comme cela est arrivé aux États-Unis au moment des Provisional Norms."

 

Par Roberto de Mattei sur Correspondance européenne le 20 septembre 2015

 

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« Il ne m’a pas échappé qu’une procédure de jugement courte puisse faire courir un risque au principe de l’indissolubilité du mariage. »

Pape François, Lettre Mitis Iudex sur la réforme du procès canonique pour les causes de déclaration de nullité de mariage, IV

 

L'allemand, première traduction officielle de Mitis Iudex disponible après le latin et l'italien

L'allemand est, après le latin et l'italien qui sont les langues utilisées au Vatican, la première traduction officielle disponible de la lettre Mitis Iudex sur la réforme du procès canonique pour les causes de déclaration de nullité de mariage. Un signal très fort pour l'épiscopat allemand, particulièrement désireux de "régulariser" la situation des "divorcés-remariés".

Le système allemand de financement du culte demande aux citoyens de choisir la religion à laquelle ils désirent reverser cette part de leur impôt, et les "divorcés-remariés" constituent une source de revenus "à risque" pour les diocèses, tant que leur situation n'est pas "régularisée".

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Capture d'écran sur <http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/motu_proprio.index.html> le 23 septembre 2015 à 11h37

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Capture d'écran sur <http://w2.vatican.va/content/francesco/de/motu_proprio.index.html> le 23 septembre 2015 à 14h36

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22/09/2015

École à la maison : la contrerévolution familiale (anglais)

 

 

> L'école à la maison: en savoir plus

15/09/2015

Dix-sept cardinaux rappellent la doctrine catholique sur le mariage et la famille

3795216640.jpgROME, le 31 août 2015 – Le cardinal guinéen Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin, se trouve ces jours-ci à Ratisbonne, afin d’y présenter l'édition allemande de son livre "Dieu ou rien". Celui-ci a été publié en France au mois de février dernier et il est actuellement sur le point de paraître en neuf autres langues dans le monde entier, en raison de l'énorme intérêt qu’il a suscité, à cause de son contenu et de la personnalité de son auteur, comme www.chiesa l’a déjà montré :

> Un pape d’Afrique noire

À Ratisbonne, c’est le cardinal Gerhard Müller, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, qui présentera le livre. La préface de l’édition allemande a été rédigée par l’archevêque Georg Gänswein, préfet de la maison pontificale et secrétaire particulier de Benoît XVI.

Mais le pape émérite lui-même n’a pas manqué de dire au cardinal Sarah tout le bien qu’il pensait de son ouvrage. Il lui a notamment écrit ceci :

"C’est avec beaucoup de profit spirituel, de joie et de gratitude que j’ai lu 'Dieu ou rien'. La réponse courageuse que votre ouvrage donne aux problèmes suscités par la théorie du 'genre' pose avec netteté, dans un monde qui n’y voit plus clair, une question anthropologique fondamentale".

Sur près de quatre cents pages que compte l’ouvrage, il n’y en a que quelques-unes qui concernent le synode consacré à la famille. Mais ces pages-là ont produit une forte impression, en raison de la netteté et de la lucidité avec lesquelles elles s’opposent aux courants de pensée qui sont favorables à un changement dans la doctrine et dans la pastorale relatives au mariage, courants dont le représentant le plus en vue est le cardinal Walter Kasper.

Sarah ne fait pas partie du groupe de cinq cardinaux – le premier d’entre eux étant Müller – qui, à la veille de la session du synode qui s’est tenue au mois d’octobre dernier, ont fait bloc contre les novateurs en rédigeant un ouvrage collectif qui a provoqué des réactions vives et nombreuses.

Mais, alors que la seconde et dernière session du synode est proche, voici que de nouveaux combattants se lancent dans la bataille pour défendre la doctrine et la pastorale traditionnelles en matière de mariage : il s’agit non plus de cinq, mais de onze cardinaux, qui ont, cette fois encore, rédigé un ouvrage collectif. Et parmi eux figure Sarah.

Les dix autres sont, par ordre alphabétique :

- Carlo Caffarra, archevêque de Bologne, Italie ;
- Baselios Cleemis Thottunkal, archevêque majeur de Trivandrum de l’Église syro-malankare. Inde ;
- Josef Cordes, président émérite du conseil pontifical Cor Unum, Allemagne ;
- Dominik Duka, archevêque de Prague, République Tchèque ;
- Jacobus Eijk, archevêque d’Utrecht, Pays-Bas ;
- Joachim Meisner, archevêque émérite de Cologne, Allemagne ;
- John Onaiyekan, archevêque d’Abuja, Nigeria ;
- Antonio Maria Rouco Varela, archevêque émérite de Madrid, Epagne ;
- Camillo Ruini, vicaire émérite du pape pour le diocèse de Rome, Italie ;
- Jorge Urosa Savino, archevêque de Caracas, Vénézuela.

Le livre a pour titre :

"Le mariage et la famille dans l’Église catholique. Onze cardinaux apportent un éclairage pastoral".

Il sera publié à septembre en cinq langues : anglais (Ignatius Press), italien (Cantagalli), français (Artège), allemand (Herder), espagnol (Ediciones Cristiandad).

Et il ne s’agit pas d’un travail de compilation. Les textes qui y figurent seront publiés pour la première fois, à la seule exception de celui du cardinal Ruini, qui a déjà été mis en ligne, il y a un an, sur www.chiesa :

> Le vrai dilemme: indissolubilité ou divorce

Pour davantage de détails et d’informations en avant-première à propos du contenu de ce livre, voir :

> Marriage in Our Contemporary World: Pastoral Observations from an African Perspective

> Pre-Synod Book "Eleven Cardinals Speak on Marriage and the Family"

*

Mais ce n’est pas tout. En effet un autre livre collectif est sur le point d’être publié, également dans la perspective du synode. Ses  auteurs sont tous africains. Pour le moment il est édité uniquement en anglais, aux États-Unis par Ignatius Press et au Kenya par les éditions Paulines.

Son titre est :

"L’Afrique, nouvelle patrie du Christ. Contributions de pasteurs africains au synode consacré à la famille".

Ce livre aussi a onze auteurs, tous évêques ou archevêques, dont sept cardinaux. Et parmi eux on trouve de nouveau Sarah, qui signe le premier des textes, dont un extrait est reproduit ci-dessous sur cette page.

Le livre comporte une préface qu’a rédigée le cardinal nigérian Francis Arinze, qui a été le prédécesseur de Sarah à la tête de la congrégation pour le culte divin. Voici le sommaire de l’ouvrage :

PREMIÈRE PARTIE
LE SYNODE CONSACRÉ À LA FAMILLE. D’UNE SESSION À L'AUTRE

Cardinal Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin :
"Quel type de miséricorde pastorale en réponse aux nouveaux défis concernant la famille ? Une analyse des Lineamenta"

Barthélemy Adoukonou, évêque secrétaire du conseil pontifical pour la culture :
"Partir d’une foi vivante. Une lecture africaine de l'Instrumentum laboris"

DEUXIÈME PARTIE
L’ÉVANGILE DE LA FAMILLE

Denis Amuzu-Dzakpah, archevêque de Lomé, Togo :
"L'importance de l’enseignement récent du magistère en ce qui concerne le mariage et la famille"

Cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou, Burkina Faso :
"L'indissolubilité du mariage et la fondation de la famille humaine"

Cardinal Berhaneyesus D. Souraphiel, archevêque d’Addis-Abeba, Éthiopie :
"Comment promouvoir une véritable compréhension du mariage et accompagner les couples mariés"

TROISIÈME PARTIE
SOIN PASTORAL DES FAMILLES EN DIFFICULTÉ

Cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala, Cameroun :
"Le mariage en situations de difficulté ou de faiblesse. Séparations, divorces, remariages"

Antoine Ganye, archevêque de Cotonou, Bénin :
"Monogamie et polygamie. Défis et préoccupations pour la vérité de l'amour dans les cultures africaines"

Cardinale Théodore Adrien Sarr, archevêque émérite de Dakar, Sénégal :
"Les défis des mariages mixtes et interreligieux"

Samuel Kleda, archevêque de Douala, Cameroun :
"Le soin pastoral des familles blessées"

ÉPILOGUE
UN APPEL DE L’ÉGLISE AFRICAINE AUX ÉTATS

Cardinale Jean-Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan, Côte d'Ivoire :
"Pourquoi l’État doit-il soutenir la famille ?"

*

Ce livre fait donc comprendre clairement que, au cours du synode à venir, le bloc des évêques d’Afrique va certainement jouer un rôle de premier plan et qu’il va constituer un rempart compact face aux propositions de changement en matière de divorce et d’unions homosexuelles. C’est ce qui était déjà apparu de manière évidente au symposium d’Accra qui a réuni, au mois de juin dernier, les présidents des conférences des évêques de ce continent :

> Synode. L'heure de l'Afrique

Dans l’extrait du texte du cardinal Sarah qui est publié ci-dessous en avant-première, on trouve des références brèves mais très critiques au langage et au contenu des "Lineamenta", c’est-à-dire du document officiel qui est le résultat de la première session du synode et qui sera utilisé comme base pour une discussion ultérieure.

Toutefois les personnes qui liront, dans le livre, ce texte dans son intégralité constateront qu’il ne s’agit pas de références uniquement allusives. En effet, juste avant l’extrait qui est reproduit ici, le cardinal Sarah consacre plusieurs pages précisément à une critique point par point des "Lineamenta", avec des sous-titres et des introductions tels que ceux qui suivent ici :

- "UN POINT QUI LAISSE PERPLEXE"

"Au paragraphe 14, le document semble insinuer qu’insister sur l’indissolubilité du mariage, c’est la même chose qu’imposer un joug aux gens et il donne l'impression de considérer le modèle mosaïque comme valide, étant donné, dit-il, que Jésus lui-même fait référence à celui-ci. Devrions-nous alors supposer que l’on peut revenir à l'époque de la 'dureté de cœur' des temps d’avant l’Évangile ?…".

- "POINTS INACCEPTABLES, SCANDALEUX"

"On passe ensuite de ce qui laisse perplexe à ce qui est inacceptable. C’est le cas lorsque, au paragraphe 27, le document défend le concubinage comme une voie à suivre. […] Dans beaucoup de régions d'Afrique où les usages prescrivent un 'mariage traditionnel indissoluble' – qui est plus stable, par conséquent, qu’un mariage civil – l’Église locale n’a en aucun cas l’autorisation d’utiliser un pareil langage. Et si elle le faisait, non seulement elle détruirait son ministère pastoral envers les familles, mais elle serait également en contradiction avec l’Évangile et elle scandaliserait les païens…".

- "LES RÉSULTATS DE LA CONFUSION : EN METTANT DE CÔTÉ DIEU ET LA DOCTRINE ON CRÉE UNE GRANDE CONFUSION PASTORALE"

"Il est stupéfiant que le même document qui affirme clairement, au paragraphe 5, qu’il y a une 'crise de la foi qui a atteint un très grand nombre de catholiques et qui est fréquemment à l’origine des crises du mariage et de la famille' ne tire par la suite aucune conclusion de ce fait. Pourquoi ne dit-il pas que le premier défi à relever est la crise de la foi ? Pourquoi propose-t-il, au paragraphe 33, dans une perspective particulièrement déconcertante, de procéder à une rénovation de la manière de s’exprimer de l’Église en ce qui concerne des situations qui sont objectivement contraires à l’Évangile, comme s’il s’agissait simplement d’une question de 'paroles' ou de 'langage' ?…".

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Voici donc ci-dessous l’extrait du texte du cardinal Sarah.

En celui-ci, la "parrhésie", la franchise que le pape François a tellement appelée de ses vœux pour les discussions synodales, a certainement un représentant de premier ordre.

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QUEL GENRE DE MISÉRICORDE PASTORALE?

par Robert Sarah


Les "Lineamenta" indiquent que, dans le contexte ecclésial beaucoup plus vaste qui est défini par "Evangelii gaudium”, le nouveau chemin tracé par le synode extraordinaire a comme point de départ les ”périphéries de l’existence", qui nécessitent une approche pastorale caractérisée par une "culture de la rencontre, capable de reconnaître l’œuvre librement réalisée par le Seigneur, y compris en dehors de nos schémas habituels, et d’assumer sans restrictions cet état d’'hôpital de campagne' qui est tellement utile à l’annonce de la miséricorde de Dieu" (introduction aux questions après la “Relatio synodi", première partie).

Dès lors la question qu’il convient de se poser est la suivante : quelles sont ces périphéries de la vie dans le nouveau contexte socio-culturel auquel nous sommes actuellement confrontés ?

L'impact de la mondialisation sur les cultures humaines a été tellement destructeur que non seulement les institutions sociales traditionnelles, mais également les valeurs qui soutiennent celles-ci, ont été ébranlées jusque dans leurs fondements. Une idéologie relativiste est en train de se répandre dans toutes nos sociétés contemporaines par l’intermédiaire du pouvoir politique et législatif (par exemple du fait de nouvelles lois qui déconstruisent la famille et le mariage et qui spéculent sur la vie humaine), du pouvoir financier (dans le cas des fonds destinés au développement et dont l’attribution est conditionnée par l'adoption de documents "anti-famille" et "anti-vie"), et tout particulièrement du pouvoir des médias.

Si nous en croyons le président du conseil des conférences des évêques d’Europe, “la vie commune de facto est désormais devenue la norme" dans les pays de l’hémisphère Nord, une donnée qui est confirmée par des études sociologiques. Vivre dans une famille chrétienne, selon les valeurs de l’Évangile, est devenu une situation marginale par rapport à ce que fait la majorité des gens. Les familles chrétiennes, dans ce contexte, sont maintenant en minorité non seulement au point de vue numérique, mais également au point de vue sociologique. Elles sont victimes de discriminations silencieuses mais oppressantes et implacables. Tout est contre elles : les valeurs dominantes, la pression médiatique et culturelle, les liens financiers, la législation en vigueur, et ainsi de suite. Et l’Église elle-même, à travers des documents tels que les "Lineamenta", semble les pousser, elle aussi, vers une telle situation.

Si les "Lineamenta" sont formulés dans le langage dont nous avons pu prendre connaissance, quel type d’Église s’occupera alors de ce "petit reste" ? Qui fera entendre la voix miséricordieuse du Bon Pasteur, qui ne cesse de nous répéter : "Sois sans crainte, petit troupeau" (Lc 12, 32) ?

Est-ce que nous n’avons pas rencontré ici la véritable "périphérie" de notre village planétaire postmoderne ? Espérons que le synode qui va avoir lieu ne chasse pas de la "grotte de Bethléem" (l’Église) la petite famille chrétienne qui a trouvé de la place dans les auberges de la "Cité du roi David" (notre monde globalisé). Les belles familles chrétiennes qui, à l’heure actuelle, vivent héroïquement les valeurs exigeantes de l’Évangile sont aujourd’hui les véritables périphéries de notre monde et de nos sociétés, qui parcourent la vie comme si Dieu n’existait pas.

En plus de ce "petit reste", il existe une seconde catégorie qui demande, à haute voix, qu’on lui accorde davantage d’attention pastorale. Il s’agit des victimes du système postmoderne, qui ne s’avouent pas vaincues. Elles ne se sentent pas chez elles dans ce monde sans Dieu. Elles portent en elles la nostalgie de la chaleur de la "famille chrétienne", mais elles ne sentent pas en elles la force qui leur permettrait de revenir à ce mode de vie radicalement évangélique.

On a l’impression que nous présentons aujourd’hui à ces personnes une Église rigide, une mère qui ne les comprend plus et qui leur ferme la porte au nez. Et il y a des gens qui s’efforcent de les convaincre qu’elles sont jugées et condamnées précisément par ceux-là mêmes qui devraient les accueillir et prendre soin d’elles. Personne n’a le droit, au lieu de les aider à découvrir l’horreur du péché et à demander à en être libérées, de leur offrir un genre de “miséricorde” qui n’a pas d’autre effet que de les laisser s’enfoncer encore plus profondément dans le mal.

Toutefois ces frères et ces sœurs qui ont été vraiment blessés par la vie ne se laissent pas tromper par ce comportement. Ils ont soif de vérité en ce qui concerne leur vie, pas de commisération ou de propos douceâtres. Ils savent très bien qu’ils sont victimes du système mondial qui a pour objectif d’affaiblir et de détruire l’Église. Ils ne sont pas de ceux qui répandent des idéologies relativistes qui sapent les fondements de la doctrine chrétienne et annulent la Croix du Christ.

Ils se perçoivent comme semblables au pécheur dont parle saint Augustin, qui, bien que ne ressemblant pas à Dieu par l’irréprochabilité qu’il a perdue, désire néanmoins lui ressembler par l’horreur que lui inspire le péché. C’est pour cette raison, en effet, qu’ils ne veulent pas qu’on les empêche de crier au ciel : "Qui nous donnera le salut ?”, "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" et qu’on leur promette au contraire quelque chose que le Christ n’a jamais promis de donner.

Dieu n’a jamais fermé son cœur à ces frères et à ces sœurs et l’Église, qui est sa servante, ne peut pas non plus le faire. Mais comment l’Église peut-elle adopter une approche pastorale de miséricorde à leur égard ? En évitant de mettre, par la communion sacramentelle, un pansement sur une blessure qui n’a pas été soignée par le sacrement de la réconciliation reçu comme il se doit.

Si son approche pastorale doit être non pas la condamnation, qui maltraite la personne blessée alors que celle-ci est déjà porteuse d’une plaie qui saigne, mais plutôt la présence pleine de compassion, alors l’Église ne peut pas faire semblant d’ignorer l'existence réelle des dommages provoqués par la blessure ; elle doit au contraire appliquer le baume qui provient de son cœur, de telle sorte que cette blessure puisse être soignée et pansée en vue de la véritable guérison.

Cette sorte de présence respectueuse, avec une manière renouvelée de voir les faits qui vient de Dieu, ne qualifiera donc jamais de "bon" quelque chose qui est mauvais ou de "mauvais" quelque chose qui est bon, comme le rituel d’ordination des évêques le leur rappelle. Il s’agit d’une pastorale d’espérance et d’attente, de même que le père miséricordieux attend son fils prodigue. Comme le Bon Pasteur, l’Église devra aller chercher ses enfants qui se sont éloignés, les prendre sur ses épaules, les tenir serrés, et ne pas les renvoyer de nouveau dans les ronces qui ont lacéré leur vie. Voilà la signification de la miséricorde pastorale.

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Le document qui a été élaboré lors de la première session du synode consacré à la famille :

> Lineamenta

Et le document de travail pour la seconde session :

> Instrumentum laboris


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Par Sandro Magister. Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.

 

11 cardinaux issus de 4 continents publient un livre collectif sur le mariage et la famille

Capture d’écran 2015-08-30 à 23.10.07En vue du prochain synode sur la famille, 11 cardinaux s'expriment en toute liberté sur le mariage, la famille et sur quelques-uns des sujets débattus lors de la première session du synode en octobre 2014 comme la communion aux divorcés-remariés, le mariage au regard de l'Église catholique.

Ils apportent un éclairage pastoral dans cet ouvrage réalisé par Robert Dodaro et qui sera publié le 17 septembre aux éditions Artège. Ils abordent sans langue de bois les problèmes liés au mariage catholique, image sanctifiée de la réunion du Christ avec son Église, l'importance de la famille en tant qu'Église domestique et donnent un éclaircissement sur l'accès des divorcés à l'Eucharistie et l'impossibilité du mariage pour les personnes de même sexe.

Les cardinaux Onaiyekan et Cleemis présentent les spécificités de leur apostolat concernant notamment la polygamie et le désir de remariage pour stérilité de l'épouse en Afrique et le problème des « mariages arrangés » en Inde.

Faisant suite à Demeurer dans la vérité du Christ (paru chez Artège en septembre 2014) qui présentait la réflexion théologique au sujet des Sacrements du Mariage, de la Pénitence et de l'Eucharistie, cet ouvrage apporte un témoignage pastoral de mise en œuvre de cette théologie. Ont participé à cet ouvrage : 

  • Le cardinal Caffara, archevêque de Bologne
  • Le cardinal Cleemis, archevêque majeur de l'Église syro-malankare de Trivandrum et actuel président de la Conférence épiscopale indienne
  • Le cardinal Cordes, haut prélat émérite de la Curie pontificale
  • Le cardinal Duka, archevêque de Prague
  • Le cardinal Eijk, archevêque d'Utrecht
  • Le cardinal Meisner, archevêque émérite de Cologne
  • Le cardinal Onaiyekan, archevêque d'Abuja, la capitale du Nigeria
  • Le cardinal Rouco Varela, archevêque émérite de Madrid
  • Le cardinal Ruini, aujourd'hui émérite, qui fut longtemps le cardinal-vicaire de Rome
  • Le cardinal Sarah, ancien archevêque de Conakry (Guinée) et actuel préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et les Sacrements  
  • Le cardinal Urosa Savino, archevêque de Caracas

 

Source: Le mariage et la famille: un éclairage pastoral de 11 cardinaux

Des cardinaux en librairie pour rappeler l'enseignement du Christ

Philippe Maxence | L'Homme Nouveau | 2 septembre 2015

2909363986.jpgLa parution du livre d’entretiens avec le cardinal Robert Sarah en février dernier a permis à un large public de découvrir ce serviteur de l’Église à la parole claire et directe, loin des discours équivoques et des compromissions mondaines (1). L’entretien que nous avions eu avec lui, puis l’une de ses interventions importantes que nous avions publiée par la suite ont d’ailleurs largement rencontré l’enthousiasme de nos lecteurs (2). Au mois de juillet dernier, le cardinal Sarah s’est rendu également dans plusieurs endroits de France, confirmant à chaque fois cet enthousiasme. Il a surtout offert aux fidèles d’asseoir leur vie spirituelle dans la splendeur de la vérité. Et la grande nouvelle du christianisme, c’est que la vérité a un visage et un nom et qu’elle est entrée dans notre Histoire humaine pour nous conduire à la vie éternelle.

Un autre cardinal vient également nous apporter le réconfort d’un discours ferme et profondément ancré dans le Christ. Sur le fond, l’accord est total entre le cardinal Robert Sarah et le cardinal Raymond Leo Burke qui répond aux questions de Guillaume d’Alançon, dans un livre à paraître à la mi-septembre aux éditions Artège (3). En exclusivité, on en trouvera ici de bonnes feuilles (cf. page 14-15). On pourrait croire que les deux cardinaux appartiennent à un même clan ou une même coterie. Or, si finalement les propos du cardi­nal africain et du cardinal américain entrent en syntonie, c’est que l’un et l’autre servent la même Église et ont reçu le même enseignement, bel exemple de l’universalité réelle de l’Église.

De fausses images

Ici ou là, dans la presse ou sur les blogues, des propos circulent accusant le cardinal Burke d’incarner l’Église de la richesse, du passé, de la dureté de cœur, du faste, voire de l’ignorance des réalités du monde actuel. Pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, cette image grossière, médiatiquement facile, ne me semblait pas correspondre à la réalité du personnage pas plus, qu’à l’époque, ne correspondait au cardinal Ratzinger la caricature faite de lui d’un « Panzerkardinal ». Là aussi, pour avoir eu l’honneur de m’entretenir à plusieurs reprises avec lui, j’avais pu constater cette contrefa­çon journalistique.

C’est pourquoi nous avons enquêté sur le cardinal Burke et nous livrons dans le dossier de ce numéro le fruit de nos recherches. On y constatera qu’issu d’une simple famille rurale, Raymond Burke a toujours cherché à entrer dans l’esprit de l’Église et non à incarner des idées personnelles, aussi justes soient-elles. Sa formation de juriste l’a certainement incliné à s’effacer toujours davantage derrière l’Église qu’il a promis de servir à son ordination. Jean-Paul II, qui l’a choisi comme évêque, puis Benoît XVI, qui l’a appelé à Rome, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés.

Une humilité rayonnante

cardinal burkeDe ce fait, comme saint Paul, ce cardinal américain n’hésite pas à rappeler, à temps et à contretemps, l’enseignement du Christ. On verra dans le dossier de ce numéro que ce rappel s’accompagne de rencontres avec des personnes blessées qui parfois ne comprennent pas le message de l’Église. C’est l’une de ces personnes, un homosexuel, qui a révélé au grand jour sa rencontre avec le cardinal Burke, choqué des attaques dont ­celui-ci était l’objet. Le cardinal n’en avait jamais parlé publiquement. À l’humilité ostentatoire de certains, il préfère assurément une humilité plus discrète qui implique de remplir jusqu’au bout, malgré certains désagréments bien réels, le rôle dont l’Église l’a investi.

Mais l’on verra aussi que le cardinal Burke est loin d’être isolé, notamment dans sa défense du mariage catholique et, plus largement, de l’enseignement de l’Église en matière de liturgie. Là encore, c’est le contraire qui aurait été étonnant. Pas besoin, en effet, de représenter un parti ou un courant dès lors que l’on s’efface entièrement derrière l’enseignement reçu et transmis depuis les apôtres et certifié par le magistère constant de l’Église. Paradoxalement, il est heureux qu’un cardinal comme Raymond Burke n’ait rien de spécifique en la matière. C’est quand la personnalité et les idées personnelles supplantent le rappel de la doctrine catholique, qui est notre bien commun à tous, qu’il faut s’inquiéter. Un autre livre du cardinal Burke sur l’Eucharistie, à paraître également en septembre aux éditions Via Romana, illustre bien à ce titre la beauté d’un auteur s’effaçant derrière le patrimoine spirituel et doctrinal de l’Église (4). À nous, à notre place, d’adopter une attitude similaire plutôt que d’entretenir cette espèce de guerre civile qui oppose des catholiques à d’autres catholiques, des frères à des frères.

 

1. Cardinal Robert Sarah, Dieu ou rien, entretien sur la foi, Fayard, 422 p., 21,90 euros.
2. Cf. nos numéros 1588 du 11 avril 2015 et 1594 du 4 juillet 2015.
3. Guillaume d’Alançon, Un cardinal au cœur de l’Église, Artège, 230 p., 18,50 euros.
4. La Sainte Eucharistie, sacrement de l’amour divin, Via Romana, 300 p., 23 euros.

Ce billet a été publié dans L'Homme Nouveau, je commande le numéro

 

cardinal sarah

 

13/09/2015

Saisir la personnalité du Cardinal Burke

Dans son numéro 1596, L'Homme Nouveau a consacré un dossier au cardinal Raymond Burke, dont la personnalité fait l'objet d'une désinformation dans certains médias. Selon l'Homme Nouveau, le cardinal Burke souffre d'une mauvaise réputation comme le cardinal Ratzinger, surnommé le "Panzercardinal", car il a aussi la volonté de défendre la vérité au sein de l’Église. En voici un extrait :

UNe-1596-blog"Un évènement du passé permet de mieux saisir la vraie figure de Raymond Burke ainsi que la réalité de ses œuvres de miséricorde. Il est alors évêque de La Crosse, aux États-Unis. Au nombre de ses ouailles se trouve un jeune homme, Eric Hess, né dans une famille bancale. Son père, alcoolique, battait sa mère. Eric trouve un père de substitution : un professeur de lycée qui abusera de lui. Le jeune homme sombre dans la pratique homosexuelle et finit par rassembler tous ses crucifix, objets et livres de piété pour les déposer dans le bureau de son évêque avec une lettre où il fait part de sa renonciation à la foi catholique. Mgr Burke n’a pas fulminé une excommunication doublée du refus de parler au jeune homme. Au lieu de quoi il lui écrivit une lettre paternelle, où il dit « respecter » la décision d’Eric Hess et... « prier pour son retour ». Furieux, le jeune homme dénonça l’« arrogance » de son Ordinaire, se dit victime de « harcèlement », lui enjoignit de ne plus jamais lui écrire. La réaction du futur cardinal fut caractéristique. Il prit sa plume pour dire, gentiment, qu’il ne s’adresserait plus à Hess, mais si celui-ci voulait un jour se réconcilier avec Dieu et avec l’Église, lui, Mgr Burke, l’« accueillerait à bras ouverts ». C’est trois ans plus tard, en 1998, que Hess se convertit. Lorsqu’il vint voir Mgr Burke, celui-ci le reçut avec une accolade chaleureuse, et lui remit ses objets de piété toujours conservés en vue de ce retour attendu avec confiance. Eric Hess a témoigné de cet itinéraire d’enfant prodigue pour dire que Mgr Burke avait été le vrai « père spirituel » dont il avait besoin pour se représenter « de manière aimante notre Père du ciel » :

« Ayant souffert de vivre en état de péché mortel pendant de longues années, je vous assure qu’il n’y a pas de bonheur en dehors de l’ordre moral. »

A l'occasion de la sortie de son livre d'entretiens avec Guillaume d'Alençon aux Editions Artège, Son Eminence le cardinal Burke donnera une conférence le dimanche 27 septembre à 15h à Saint Eugène Sainte Cécile 4 rue du Conservatoire 75009.

 

Source: Le vrai visage du cardinal Burke

11/09/2015

Une simplification de la procédure de déclaration de nullité entraînerait de grands risques de manquer à la justice et à la charité

[Archives] Toutes les questions relatives aux procédures de déclarations de nullité de mariage dans l’Église catholique sont clairement expliquées dans le "livre des cinq cardinaux": ' Demeurer dans la Vérité du Christ ', aux éditions Artège pour la traduction française . Une publication du 12 octobre 2014 sur Espérance Nouvelle est reproduite à l'identique ci-dessous :

Début 2010, le Pape Benoît XVI avait exhorté les magistrats romains à exercer la charité et la justice en accomplissant toujours leur travail avec la plus grande rigueur en faveur du maintien de l'union.

Dans un entretien accordé le 9 octobre au journaliste Raymond Arroyo de la chaîne EWTN, le Cardinal Burke, nommé archevêque de Saint Louis par Jean-Paul II puis préfet du Tribunal suprême de la Signature Apostolique et cardinal par Benoît XVI, a témoigné de son expérience de terrain dans les procès en déclaration de nullité et l'accompagnement des personnes divorcées remariées. Il a notamment abordé le problème des procédures simplifiées: "Nous entendons souvent à la Signature Apostolique, lorsque certains tribunaux commettent des abus en donnant facilement des déclarations de nullité, nous entendons l'autre partie [l'époux, l'épouse] et leurs enfants dire: Comment est-ce possible ? Nous étions mariés et heureux pendant vingt ans et nous avons eu quatre, cinq enfants, et soudainement mon mari a été séduit par une jolie jeune femme qui a montré de l'intérêt pour lui, et il nous a abandonnés, et maintenant l’Église cautionne cela ?".

Dans cet entretien, Raymond Arroyo a interrogé le Cardinal Burke au sujet de plusieurs propositions du Cardinal Kasper comme l'accès à la communion pour les divorcés remariés, la simplification de la procédure de déclaration de nullité, et d'autres propositions similaires.

 

La promotion de l'euthanasie en vedette à la librairie UOPC

Deux livres mis en évidence à l'entrée de la librairie UOPC font la promotion de l'euthanasie.

Gabriel Ringlet: Vous me coucherez nu sur la terre nue - L'accompagnement spirituel jusqu'à l'euthanasie

Hans Küng: La mort heureuse - J'ai le droit, le moment venu, de décider quand et comment je vais mourir

D'après les propos de l'administrateur de l'UOPC rapportés par "Le Soir" le 22 janvier 2008, 40% des ventes de cette librairie seraient constituées de produits qualifiés de "religieux".

Cliquez sur les images pour les agrandir.

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Photos : 11 septembre 2015 à 14h30