06/05/2015
Mgr Léonard : agir en chrétien par l'engagement de la prière
Mgr Léonard a 75 ans aujourd'hui !
Avant tout nous lui souhaitons tous nos voeux de bonheur mais également le remercier pour ces années passées avec nous ! Cela n'est un secret pour personne, c'est aujourd'hui que Mgr Léonard doit remettre sa lettre de démission au pape. Nous voyons donc arriver avec regret la fin d'un ministère chargé de grâces. Ces années à Namur et à Malines-Bruxelles furent pour nombre d'entre-nous l'occasion de grandir dans notre foi grâce à ses paroles et son témoignage forts et justes.
Comment lui rendre un meilleur hommage qu'en le laissant nous parler de notre foi ? Voici donc un extrait du dernier chapitre de son livre "Agir en chrétien dans sa vie et dans le monde" :
Témoigner de la beauté de la prière chrétienne.
Quant je prie, je me personnalise en m'ouvrant, comme fils, à Dieu mon Père, je deviens plus moi-même en me laissant traverser par cet éclair d'amour qui jaillit, à travers moi, entre la présence incarnée de Jésus en ce monde et la présence intime de l'Esprit au tréfonds de ma personne. Je suis libéré en devenant plus pronfondément fils dans le Fils. J'y trouve dignité personnelle, courage, espérance envers et contre tout, sérénité, détente de l'âme – et même du corps, ce qui est logique dans une religion de l'incarnation. Le zen, le yoga, la méditation transcendantale ? Nous avons infiniment mieux à disposition. Thérèse d'Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux, Elisabeth de la Trinité, etc. , sont là pour en témoigner.
Certes, la prière n'est pas toujours facile. Mais, en ces moments, je me rappelle que ma pauvre prière est toujours portée, non seulement, par la prière de Jésus, le parfait adorateur du Père, et par celle de l'Esprit qui prie en nous en gémissements ineffables (cf. Rm 8, 26), mais aussi par la prière de ma Mère l'Eglise. J'ai du mal à prier, et alors ? Je sais qu'au moment-même où je me sens si pauvre et si sec, l'Eglise est partout en prière, des moines sont en train de chanter les laudes en Europe tandis que des moniales chantent les vêpres en Asie. L'Eucharistie est toujours célébrée quelque part en cet instant même. Et pendant que je rame sur les eaux agitées du lac de ma vie, quelque part des frères et des soeurs exultent de joie ou goûtent la paix de l'Esprit Saint. La multinationale de la prière est toujours en éveil.
Et si la prière de l'Eglise en général me laisse de marbre, je sais que l'Eglise est toute entière résumée par une personne – oui, une personne à nouveau ! – la Vierge Marie. En elle, la maternité de l'Eglise prend une forme concrète ! Marie est tout simplement ma mère. Et toujours elle prie. Il suffit de me glisser dans sa prière. A jamais Marie retient tous ces évènements et les médite en son coeur (cf. Lc 2, 19.51) [...]
En guise de conclusion....
L'oraison elle-même a un enjeu politique, puisqu'elle touche le sens de la personne et que la politique est au service du bien commun, lequel passe par le respect de la personne humaine. [...]
Source : Mgr A-J Léonard, Agir en chrétien dans sa vie et dans le monde. Namur : Fidélité. 2011. 111-112, 115.
17:38 Publié dans Agenda/Événements/Horaires, Livres, Personnalités, Religion | Tags : prière, espérance, saints, église, sainte vierge, apostolat, évangélisation, mgr léonard, livres | Lien permanent | Commentaires (0)
03/12/2014
Saint François Xavier par Paul Claudel
(poème dédié par P. Claudel, NdEspN) A Francis Jammes pour sa fête.
Après Alexandre le Grand et ce Bacchus dont
parle la poésie,
Voici François, le troisième, qui se met en route
vers l'Asie,
Sans phalange et sans éléphants, sans armes et
sans armées,
Et non plus roi dans le grand bond des chiens
de guerre, et radieux, et couronné,
Le plus haut parmi la haute paille de fer et le
raisin d'Europe entre les doigts,
Mais tout seul, et petit, et noir, et sale, et
tenant fort la Croix !
Il s'est fait un grand silence sur la mer et le
bateau vogue vers Satan.
Déjà de ce seuil maudit il sort un souffle
étouffant.
Voici l'Enfer de toutes parts et ses peuples qui
marchent sans bruit,
Le Paradis de désespoir qui sent bon, et qui
hurle et qui tape dans la nuit !
D'un côté l'Inde, et le Japon là-bas, et la Chine,
et les grandes Iles putrides,
L'Inde tendue vers en bas, fumante de bûchers
et de pyramides,
Dans le cri des animaux fossoyeurs et l'odeur
de vache et de viande humaine,
(Noire damnée dans ton bourreau convulsive
fondue d'une soudure obscène,
O secret de la torture et profondeur du blas-
phème !)
D'un côté les millions de l'Asie, l'hoirie du
Prince de ce Monde,
(Et le trois fois infâme Bouddha tout blanc
sous la terre allongé comme un Ver immonde !)
D'un côté l'Asie jusqu'au ciel et profonde
jusqu'à l'Enfer !
(Il vient un souffle, il passe une risée sur la
mer) —
De l'autre ce bateau sur la mer un point noir !
et sur le pont
Sans une pensée pour le port, sans un regard
pour l'horizon,
Un prêtre en gros bas troués à genoux devant
le mât,
Lisant l'Office du jour et la lettre de Loyola.
Maintenant depuis Goa jusqu'à la Chine et
depuis l'Ethiopie jusqu'au Japon,
Il a ouvert la tranchée partout et tracé la
circonvallation.
Le diable n'est pas si large que Dieu, l'Enfer
n'est pas si vaste que l'Amour,
Et Jéricho après tout n'est pas si grande que
l'on n'en fasse le tour.
Il a reconnu tous les postes et levé l'enseigne
obsidionale;
Son corps pour l'éternité insulte à la porte
principale.
Il barre toutes les issues, il presse à toutes les
entrées de Sodome ;
L'immense Asie tout entière est cernée par ce
petit homme.
Plus pénétrant que la trompette et plus supé-
rieur que le tonnerre,
Il a cité la foule enfermée et proclamé la
lumière.
Voici la mort de la mort et l'arme au cœur de
la Géhenne,
La morsure au cœur de l'inerte Enfer pour qu'il crève et pourrisse sur lui-même !
François, capitaine de Dieu, a fini ses cara-
vanes ;
Il n'a plus de souliers à ses pieds et sa chair est plus usée que sa soutane. Il a fait ce qu'on lui avait dit de faire, non point tout, mais ce qu'il a pu : Qu'on le couche sur la terre, car il n'en peut plus. Et c'est vrai que c'est la Chine qui est là, et c'est vrai qu'il n'est pas dedans : Mais puisqu'il ne peut pas y entrer, il meurt devant. II s'étend, pose à côté de lui son bréviaire, Dit : Jésus ! pardonne à ses ennemis, fait sa prière, Et tranquille comme un soldat, les pieds joints et le corps droit, Ferme austèrement les yeux et se couvre du signe de la Croix.
Source: Claudel, P. Ecoute ma Fille. s.l, Gallimard. 1934. 119-122.
18:25 Publié dans Culture et société, Liturgie: actualité, Saints | Tags : saint françois xavier, saints, évangélisation, chine, jésuite, saint ignace, japon, paradis, enfer, amour de dieu, paul claudel, poésie, littérature française | Lien permanent | Commentaires (0)