Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/12/2016

TV Libertés : Mgr Schneider s'exprime sur Amoris Laetitia et sur les "dubia" des quatre cardinaux

La chaîne de télévision indépendante en ligne TV Libertés a reçu sur son plateau Monseigneur Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d'Astana, qui s'est exprimé en français sur la réception controversée et sur les interprétations de l'exhortation Amoris Laetitia. Ses propos sont frappants de cohérence et de fidélité à l'Évangile et à la foi catholique. Son intervention démontre une fois de plus la fidélité de Mgr Schneider à sa mission d'évêque.

 

"Prêche la parole à temps et à contre-temps" (2 Tim 4, 2)

 

Cardinal Pell sur les "dubia" : "Comment peut-on être en désaccord avec une question ?"

Cardinal Pell

(Catholic Culture/Espérance Nouvelle) Le Cardinal George Pell a exprimé son soutien aux quatre cardinaux qui ont soumis au Pape leurs "dubia" à propos de l'interprétation d'Amoris Laetitia. Après une allocution donnée à Londres, il a été demandé au cardinal australien s'il était d'accord avec les questions que les cardinaux ont posées au Pape François. "Comment peut-on être en désaccord avec une question ?", a-t-il répondu, avant d'ajouter que ces questions étaient "pertinentes".

Pendant son intervention, le Cardinal Pell a longuement parlé de la juste compréhension de la conscience en rapport avec la loi morale. Il a mentionné la préoccupation du Cardinal Newman au sujet d'une "misérable contrefaçon" de la conscience qui promeut "le droit à l'autodétermination". Une conscience doit être convenablement formée, a déclaré le cardinal Pell. "Lorsqu'un prêtre et un pénitent essaient de discerner la meilleure manière d'avancer au niveau de ce que l'on appelle le for interne", a-t-il affirmé, ils devraient toujours se référer à la loi morale. Le prélat a continué en expliquant que "l'idée qu'on puisse d'une façon ou d'une autre discerner que les vérités morales ne devraient pas être suivies ou ne devraient pas être reconnues est absurde".

*******

(Catholic Herarld/Christ-Roi) Un nouveau haut personnage de l'Eglise, le cardinal George Pell, se prononce sur les questions posées par les Quatre cardinaux Meisner, Brandmüller, Caffara et Burke au pape François, au sujet d'Amoris Laetitia. Ces questions « ont du sens ».

Au journaliste Dan Hitchens du "Catholic Herald" qui lui demandait s’il était d’accord avec les questions posées, le Cardinal Pell a répondu :

« Comment pourrait-on ne pas être d’accord avec une question ? » « Ceux qui mettent l'accent sur "la primauté de la conscience" ne semblent l'appliquer qu'à la morale sexuelle. On a rarement conseillé aux gens de suivre leur conscience lorsqu'ils disaient être racistes...», a déclaré le cardinal George Pell, au cours d'un discours qu'il a donné à Londres, à l'église Saint-Patrick, mardi 29 novembre.

Le cardinal a déclaré que la conscience doit se référer à la vérité révélée et à la loi morale.

Le cardinal George Pell a déclaré qu'«un certain nombre de catholiques qui pratiquent l'adoration régulièrement» sont «troublés par le tournant des événements» dans l'Église. Dans un discours à l'église Saint-Patrick, à Londres, le cardinal Pell a déclaré qu'une cause de préoccupation était les fausses théories sur la conscience et sur la loi morale.

Le cardinal Pell donnait une conférence sur Saint Damien de Molokai dans le cadre de la série de conférences de Saint-Patrick pour l'Année de la Miséricorde. Mais il a également réfléchi sur le catholicisme aujourd'hui. Il a dit que tandis que le pape François a «un prestige et une popularité en dehors de l'Église» plus grand que peut-être tout pape précédent, certains catholiques sont actuellement mal à l'aise.

Plus tard dans son discours, le cardinal australien, qui a été invité à diriger les réformes financières du Pape Francois et membre du groupe de conseillers du "C9" du pape, a critiqué certaines des idées sur la conscience qui ont actuellement cours dans l'Église.

Le cardinal Pell a déclaré que mettre l'accent sur la «primauté de la conscience» pouvait avoir des effets désastreux si la conscience ne se soumettait pas toujours à l'enseignement révélé et à la loi morale. Par exemple, «quand un prêtre et un pénitent essaient de discerner le meilleur chemin à suivre dans ce qu'on appelle le for interne», ils doivent se référer à la loi morale. La conscience n'est «pas le dernier mot parmi plusieurs possibilités», a déclaré le cardinal. Il a ajouté qu'il était toujours nécessaire de suivre l'enseignement moral de l'Église. Le cardinal a raconté l'histoire d'un homme qui dormait avec sa petite amie, et demanda à son prêtre s'il pouvait recevoir la communion. Il était «trompeur», a dit le cardinal, de dire simplement à cet homme de suivre sa conscience.

Il a ajouté que ceux qui mettaient l'accent sur «la primauté de la conscience» ne semblaient l'appliquer qu'à la morale sexuelle et aux questions autour du caractère sacré de la vie humaine. On a rarement conseillé aux gens de suivre leur conscience lorsqu'ils disaient être racistes, ou réticents à aider les pauvres et les vulnérables, a dit le cardinal.

Ses commentaires viennent après trois ans de débat sur l'enseignement de l'Église concernant la communion pour les divorcés et remariés. Le Cardinal Pell figurait parmi les hauts responsables qui ont publiquement soutenu la doctrine traditionnelle répétée dans la Familiaris Consortio du Pape Jean-Paul II - que les remariés ne devraient pas recevoir la communion à moins qu'ils ne vivent «comme frère et sœur» [C'est inexact : s'abstenir de relations intimes en-dehors du seul mariage sacramentellement valide est une condition nécessaire, mais Familiaris Consortio n'enseigne pas qu'elle soit suffisante pour permettre l'accès aux sacrements sans qu'un motif grave démontre l'impossibilité d'une séparation complète des deux adultères, NdEN]. Mais certains prélats ont suggéré une approche différente. Par exemple, le cardinal Blase Cupich a soutenu que la conscience de quelqu'un pourrait lui dicter de recevoir la communion, et que « la conscience est inviolable».

Le Cardinal Pell, citant les écrits du bienheureux John Henry Newman sur la conscience, dans laquelle Newman a rejeté une «contrefaçon misérable» de la conscience qui la définit comme «le droit à l'autodétermination». Il a noté que Newman défendait les papes Pie IX et Grégoire XVI, qui, selon les mots du cardinal Pell, «condamnaient une conscience qui rejetait Dieu et rejetait la loi naturelle». Le cardinal a également rendu hommage à «deux grandes encycliques» de Jean Paul II, Veritatis splendor et Evangelium Vitae, qui présentent la loi morale comme quelque chose de contraignant dans tous les cas.

Lorsqu'on lui a demandé si le malaise de certains catholiques, à propos de l'état de l'Église, était lié à des fausses théories sur la conscience, le cardinal Pell a dit: «Oui, c'est exact». Il a ajouté: «L'idée que vous pouvez discerner que les vérités morales ne doivent pas être suivies ou ne devraient pas être reconnues est absurde». «Nous sommes tous sujets à l'autorité de la vérité», a déclaré le cardinal, soulignant que la vérité objective peut être «différente de notre compréhension de la vérité». Il a également déclaré que tandis que la doctrine se développe, il n'y a pas de «pas de renversement de sens».

Le cardinal Pell a été interrogé sur la lettre à François de Quatre cardinaux demandant des éclaircissements sur la récente exhortation du Pape, Amoris Laetitia. Les cardinaux ont demandé au Pape de confirmer que cinq points de l'enseignement catholique sont toujours valables. Il s'agit notamment de l'enseignement selon lequel les "remariés" ne peuvent pas recevoir la communion, et l'enseignement selon lequel certains absolus moraux n'ont pas d'exception.

Le pape n'a pas répondu à la demande des quatre cardinaux, qui a été envoyée il y a deux mois. Les cardinaux ont pris cela comme une invitation à publier leurs questions et à poursuivre la discussion. Le président de la conférence des évêques grecs a déclaré que les quatre cardinaux étaient coupables de «péchés très graves» et pourraient provoquer un schisme [Cette accusation est objectivement fausse. La procédure des "dubia" envoyés au Saint-Siège, telle que les quatre cardinaux l'ont appliquée, fait partie de la vie normale de l'Église. On peut le constater en consultant les documents officiels du Saint-Siège qui répondent à des question du même type formulées selon la même procédure, par exemple les documents suivants : Réponses aux doutes sur l’interprétation du Décret «Ecclesiae Pastorum» (Responsa ad proposita dubia de interpretatione decreti «Ecclesiae Pastorum»), 7 juillet 1983 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienPolonaisPortugais] ; Réponse au doute quant à la validité du baptême conféré par «L'Eglise de Jésus-Christ des Saints du dernier Jour», dite «Mormons» (Responsum ad propositum dubium de validitate baptismatis apud communitatem «The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints»), 5 juin 2001 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienLatinPolonaisPortugais] ; Réponses aux questions sur les formules de validité du baptême (Responsa ad proposita dubia de validitate baptismatis), 1er février 2008 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienLatinPolonaisPortugaisTchèque] ; Réponses à des doutes soulevés sur l'«isolement de l'utérus» et à d'autres questions (Responsa ad proposita dubia circa «interclusionem uteri» et alias quaestiones)31 juillet 1993 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienPolonaisPortugais] ; Réponse à un doute sur la doctrine de la Lettre Apostolique “Ordinatio Sacerdotalis (Responsum ad dubium circa doctrinam in Epist. Ap.“Ordinatio Sacerdotalis” traditam), 28 octobre 1995 [AllemandAnglaisEspagnolFrançaisItalienLatinPolonaisPortugais]. NdEN.].

Interrogé sur son accord ou son désaccord avec les questions des cardinaux, le cardinal Pell a répondu: «Comment pouvez-vous être en désaccord avec une question?». Il a ensuite dit que les cinq questions étaient «pertinentes».

 

Sources : Catholic Culture, Christ-Roi, Catholic Herald, LifeSiteNews

 

02/12/2016

Lettre de Mgr Schneider en défense des quatre cardinaux fidèles, auteurs des questions au Pape sur Amoris Laetitia

Athanasius Schneider

 

Monseigneur Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d'Astana au Kazakhstan, a publié le 23 novembre 2016, en anglais, une lettre en défense des quatre cardinaux qui ont adressé au Souverain Pontife des questions à propos de l'interprétation d'Amoris Laetitia. Mgr Schneider est connu pour son livre célèbre sur la réception de la sainte communion, que le pape Benoît XVI avait décidé en 2008 de faire publier par la Libreria Editrice Vaticana, la maison d'édition officielle du Saint-Siège.

Il est bon de rappeler que la procédure classique des "dubia" à laquelle ont eu recours les quatre cardinaux consiste à "soumettre des doutes" en matière doctrinale au jugement du Pape, et non à "mettre en doute" le Pape ou un document de sa main, comme l'ont insinué malhonnêtement plusieurs journalistes et ecclésiastiques. La démarche des quatre cardinaux consistait formellement à "poser des questions" au Pape sur Amoris Laetitia et son interprétation correcte, cinq questions précisément, et non à le "mettre en question", comme le suggèrent les mêmes insinuations malicieuses. C'est ce qu'ont clairement rappelé les quatre cardinaux dans une note explicative publiée en même temps que les cinq questions : "Les 'dubia' (mot latin signifiant : 'doutes') sont des questions formelles posées au Pape et à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et qui demandent des éclaircissements à propos de sujets particuliers concernant la doctrine ou la pratique. La particularité de ces questions est qu’elles sont formulées de telle sorte qu’elles demandent comme réponse un "oui" ou un "non", sans argumentation théologique. Cette manière de s'adresser au Siège Apostolique n’est pas une invention de notre part ; c’est une pratique séculaire."

Interpréter la formulation de simples questions adressées au chef comme un acte de rébellion menaçant l'ordre et la paix est une attitude caractéristique d'un régime tyrannique totalitaire, ce que l'Église n'est pas et ne devrait pas être. En posant ces questions en vue d'une clarification sur certains aspects d'Amoris Laetitia qui font actuellement de facto l'objet d'interprétations diverses et contradictoires de la part des évêques du monde entier, les quatre cardinaux fidèles agissent selon la droite conscience de successeurs des Apôtres au service de Dieu et de l'Église. C'est ce qu'explique la lettre de Mgr Schneider, avec de nombreux exemples et citations à l'appui, tirés de l'histoire de l'Église, des Pères et Docteurs de l'Église, et de la Sainte Écriture. Nous en présentons ici la traduction française réalisée par Jeanne Smits.

 

Par Athanasius Schneider
évêque auxiliaire d'Astana
23 novembre 2016

 

« Nous ne pouvons rien faire contre la vérité, mais seulement pour la vérité. » (2 Cor. 13: 8)

La voix prophétique de Quatre Cardinaux de la Sainte Eglise catholique romaine

Mus par une profonde préoccupation pastorale, quatre Cardinaux de la Sainte Eglise catholique romaine, Son Eminence Joachim Meisner, archevêque émérite de Cologne (Allemagne), Son Eminence Carlo Caffarra, archevêque émérite de Bologne (Italie), Son Eminence Raymond Leo Burke, Patron de l’Ordre militaire souverain de Malte, et Son Eminence Walter Brandmüller, président émérite de la Commission pontificale des sciences historiques, ont publié le 14 novembre 2016 le texte de cinq questions, appelées dubia ( le mot latin signifiant « doutes ») que préalablement, le 19 septembre 2016, ils avaient adressées au Saint-Père et au Cardinal Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, accompagnées d’une lettre. Les Cardinaux demandent au pape François de mettre fin au « grave désarroi » et à la « grave confusion » à propos de l’interprétation et de l’application pratique – en particulier du chapitre 8 – de l’Exhortation apostolique Amoris laetitia et ses passages relatifs à l’accès des divorcés remariés aux sacrements, et à l’enseignement moral de l’Eglise.

Dans leur déclaration, qui a pour titre Faire la clarté. Problèmes non résolus posés par Amoris lætitia, les Cardinaux affirment que « pour beaucoup de personnes – des évêques, des prêtres de paroisse, des fidèles – ces paragraphes font allusion à, voire enseignent de manière explicite, un changement dans la discipline de l’Eglise en ce qui concerne les divorcés qui vivent au sein d’une nouvelle union. » En s’exprimant ainsi, les Cardinaux ont simplement mis en évidence des faits réels de la vie de l’Eglise. Ces faits sont attestés par des orientations pastorales de la part de plusieurs diocèses et par des déclarations publiques de certains évêques et cardinaux, affirmant que dans certains cas, des catholiques divorcés et remariés peuvent accéder à communion alors même qu'ils continuent d’user des droits réservés par la loi divine aux époux validement mariés.

En publiant un appel à la clarté dans une matière qui touche simultanément à la vérité et à la sainteté des trois sacrements du mariage, de la pénitence et de l’Eucharistie, les Quatre Cardinaux n’ont fait que remplir leur devoir fondamental d’évêques et de cardinaux, qui consiste à contribuer activement à ce que la révélation transmise à travers les apôtres puisse être gardée comme sacrée et interprétée fidèlement. Le concile Vatican II a spécialement rappelé tous les membres du collège des évêques, en tant que successeurs légitimes des apôtres, « de par l’institution et le précepte du Christ, à cette sollicitude qui est, pour l’Eglise universelle, éminemment profitable, même si elle ne s’exerce pas par un acte de juridiction. Tous les évêques, en effet, doivent promouvoir et servir l’unité de la foi et la discipline commune de l’ensemble de l’Eglise » (Lumen Gentium, 23 ; cf. également Christus Dominus, 5-6).

> Lire la suite

 

Texte original en anglais

 

By Bishop Athanasius Schneider
Special to Rorate Caeli
November 23, 2016

 

 
“We cannot do anything against the truth, but only for the truth” (2 Cor. 13: 8)
 
A Prophetic Voice of Four Cardinals of the Holy Roman Catholic Church
 
Out of “deep pastoral concern,” four Cardinals of the Holy Roman Catholic Church, His Eminence Joachim Meisner, Archbishop emeritus of Cologne (Germany), His Eminence Carlo Caffarra, Archbishop emeritus of  Bologna (Italy), His Eminence Raymond Leo Burke, Patron of the Sovereign Military Order of Malta, and His Eminence Walter Brandmüller, President emeritus of the Pontifical Commission of Historical Sciences, have published on November 14, 2016, the text of five questions, called dubia (Latin for “doubts”), which previously on September 19, 2016, they sent to the Holy Father and to Cardinal Gerhard Müller, prefect of the Congregation for the Doctrine of the Faith, along with an accompanying letter. The Cardinals ask Pope Francis to clear up “grave disorientation and great confusion” concerning the interpretation and practical application, particularly of chapter VIII, of the Apostolic Exhortation Amoris Laetitia and its passages relating to admission of remarried divorcees to the sacraments and the Church’s moral teaching.
 
In their statement entitled “Seeking Clarity: A Plea to Untie the Knots in Amoris Laetitia,” the Cardinals say that to “many — bishops, priests, faithful — these paragraphs allude to or even explicitly teach a change in the discipline of the Church with respect to the divorced who are living in a new union.” Speaking so, the Cardinals have merely stated real facts in the life of the Church. These facts are demonstrated by pastoral orientations on behalf of several dioceses and by public statements of some bishops and cardinals, who affirm that in some cases divorced and remarried Catholics can be admitted to Holy Communion even though they continue to use the rights reserved by Divine law to validly married spouses.
 
In publishing a plea for clarity in a matter that touches the truth and the sanctity simultaneously of the three sacraments of Marriage, Penance, and the Eucharist, the Four Cardinals only did their basic duty as bishops and cardinals, which consists in actively contributing so that the revelation transmitted through the Apostles might be guarded sacredly and might be faithfully interpreted. It was especially the Second Vatican Council that reminded all the members of the college of bishops as legitimate successors of the Apostles of their obligation, according to which “by Christ's institution and command they have to be solicitous for the whole Church, and that this solicitude, though it is not exercised by an act of jurisdiction, contributes greatly to the advantage of the universal Church. For it is the duty of all bishops to promote and to safeguard the unity of faith and the discipline common to the whole Church” (Lumen gentium, 23; cf. also Christus Dominus, 5-6).
 
In making a public appeal to the Pope, bishops and cardinals should be moved by genuine collegial affection for the Successor of Peter and the Vicar of Christ on earth, following the teaching of Vatican Council II (cf. Lumen gentium, 22); in so doing they render "service to the primatial ministry" of the Pope (cf. Directory for the Pastoral Ministry of Bishops, 13).

> Read more

 

31/10/2016

Martin Luther a fondé sa propre religion, basée sur des doctrines contraires à l'Évangile

 

À l'occasion du 500e anniversaire de la révolution luthérienne, Raymond de Souza, KM, s'exprime sur sa nature et ses conséquences : la fragmentation du christianisme en milliers de sectes avec des croyances différentes dans une cacophonie de doctrines.

> Lire l'Encyclique Mortalium Animos [Anglais, Français, Portugais, Italien, Latin]

06/07/2016

Question à un prêtre : recourir au contrôle des naissances pour retarder l'arrivée d'un enfant rendrait-il le mariage nul ?

mariage, validité, nullité de mariage

Par l'abbé John Zuhlsdorf, traduit de l'anglais par Espérance Nouvelle.

D'un lecteur...

QUAERITUR:

L'usage du contrôle des naissances afin de retarder pour un temps la conception d'un enfant invaliderait-il le mariage ? De même, l'intention de divorcer si l'époux commettait l'adultère invaliderait-il le mariage ?

Deux questions... Normalement, je ne réponds pas aux doubles questions, mais je vais faire une exception.

L'usage du contrôle artificiel des naissances - même pour un temps - serait gravement peccamineux. Cela donnerait lieu à des questions légitimes sur les intentions des parties concernant le mariage : sont-ils réellement déterminés à vivre leur union pour TOUTE la vie, s'ils choisissent de refuser cette activité naturelle ? S'ils utilisent une méthode de contrôle de natalité qui constitue une barrière, sont-ils réellement déterminés à vivre ensemble l'intimité humaine ? S'ils utilisent des méthodes abortives, comment comprennent-ils le bien du conjoint ? Ont-ils entraîné leur conjoint au péché, ou coopèrent-ils volontairement à l'intention peccamineuse du conjoint ?

L'utilisation de contraception artificielle, tout en constituant un péché, n'invaliderait pas automatiquement le consentement matrimonial par elle-même. Elle donnerait lieu à de sérieuses questions.

Le mariage doit être ouvert à la vie. [...] Les époux peuvent, de commun accord, utiliser des moyens naturels afin d'éviter pour un temps la naissance d'un enfant, pour des raisons [graves et] légitimes [cf. Humanae Vitae n°10, NdEspN]. [...]

L'abbé Zuhlsdorf donne deux exemples de motifs pour lesquels des époux pourraient envisager de retarder une naissance. Il écrit que des parents qui viennent d'avoir un enfant qui a des besoins très spéciaux peuvent vouloir attendre un peu avant de lui donner un frère ou une sœur. L'exemple d'un long séjour d'études à l'étranger est plus contestable. En effet, ce sont la mission et l'obligation reçues par le mariage de coopérer au don de la vie qui doivent être prises en compte dans la décision d'entamer un cycle d'études (si l'on est marié) ou dans celle de se marier (si l'on est étudiant), plutôt que l'inverse. C'est l'une des raisons pour lesquelles le mariage est couramment déconseillé ou interdit aux étudiants. Il y a une différence fondamentale entre les deux exemples. Faire des études découle en général d'une décision humaine prise par les intéressés ou par les personnes qui ont autorité sur eux. Ce n'est pas le cas des besoins très spéciaux d'un premier enfant. Le prêtre poursuit sa réponse :

J'avertis les époux contre la conception erronée selon laquelle, après s'être mariés, ils devraient attendre quelques années avant d'avoir des enfants, afin de pouvoir "avoir un peu de temps pour apprendre simplement à se connaître". Cette attitude peut facilement dériver en égoïsme. Pensez-y. Voici une paire de scénarios. [...]

À travers un exemple constitué de deux scénarios contrastés, l'abbé Zuhlsdorf illustre le fait que l'absence d'enfant constitue une fragilité ou un danger pour la stabilité du mariage. Si elle est volontaire, l'ennemi des âmes s'y engouffre facilement pour diviser les époux. Mais l'absence d'enfants pouvant être involontaire pour toutes sortes de raisons (y compris extérieures), il est évident que la plus élémentaire discrétion requiert de ne pas interroger les époux concernés et de ne pas leur faire de remarque. Le prêtre répond à la question sur l'intention de divorcer en cas d'adultère :

En ce qui concerne la seconde partie de la question, pour les catholiques de l'Église latine, le mariage est invalide si au moins l'un des époux se marie en posant une condition sur le futur (par exemple : "Je t'épouse à condition que tu deviennes le Roi d'Angleterre", ou "Je t'épouse à condition que tu arrêtes de fumer", ou "Je t'épouse à condition que tu me restes fidèle"). L'on doit certainement attendre certaines choses de la part de son conjoint, et l'une de ces choses doit être la fidélité, n'est-ce pas ? Mais il y a une différence catégorique entre un consentement conditionnel ("Si tu me trompes, cela rend notre mariage nul et je suis par conséquent libre d'épouser quelqu'un d'autre") et des exigences légitimes ("Si jamais tu me trompes, je déménage et je pourrais même penser au divorce").

En considérant des situations spécifiques, plutôt que simplement des hypothèses, il vaut mieux confier ces questions aux autorités de l'Église légitimement mandatées, au tribunal diocésain. Ces personnes sont compétentes pour rendre un verdict. Elles sont qualifiées pour examiner les détails nécessaires et les circonstances contingentes.

Les diagnostics de fauteuil sur des situations concrètes - en particulier par des laïcs non qualifiés - sans avoir tous les faits et les témoignages à portée de main est généralement inutile.

 

Image : Edmund Blair Leighton - Signing the Register. Domaine public.

11/06/2016

Ses cauchemars ont cessé lorsque ce prêtre lui a dit la dure vérité sur l'avortement

 

 

Source : Priest: Woman’s nightmares ended when I told her the hard truth about abortion

 

06/06/2016

Ce qu'il manque aux apôtres d'aujourd'hui : aimer passionnément les âmes

Jésus prêchant.JPG

Peu d'apôtres, prêtres ou laïcs, sont prêts pour l'apostolat d'aujourd'hui. Un prédicateur en renom me disait son impression, en descendant de chaire, de n'avoir pas donné aux fidèles ce qu'ils étaient en droit d'attendre. La prédication, du moins quand elle n'est pas désespérément pratique et banale, plane presque toujours au‑dessus des têtes, impuissante à mettre les âmes en résonance. Et si l'on voulait bien interroger les apôtres sociaux, les dirigeants ou conseillers d'œuvres n'arracherait‑on pas des aveux pareils à ceux de ce prêtre averti ?

L'action ne pénètre pas. elle reste en surface. Chacun de nous ne l'a‑t-­il pas senti, quand l'âme au‑dedans était toute bouillonnante, mais l'effet sur autrui comme imperceptible ? Nos désirs les plus véhéments, nos vues les plus claires, quand il s'agit de les communiquer, ne trouvent pas facilement la voie de l'esprit et du cœur.

Nous avons remué des mots, exprimé des idées, esquissé des synthèses, et nous n'avons pas été compris. Pourtant, notre doctrine était sûre; elle répétait l'Évangile, les Pères, saint Thomas, les encycliques. Pourtant, nous avions raison. Mais le contact ne s'est pas assez établi notre dynamisme n'a pas su se faire entraîneur.

Quelques‑uns d'entre nous pourraient nous sembler plus heureux. Agrippés davantage au réel, ils ont obtenu dans l'action professionnelle ou dans l'action civique des résultats comme tangibles : par eux un peu de justice s'est réintroduit dans le donné social, des contrats ont été observés, des protections indispensables établies, des réformes profondes amorcées. Pourtant, aux questions que nous leur avons posées, ils nous ont répondu par la confidence de leur désespoir devant une société toujours en dérobade devant l'effort moralisateur et sanctificateur. A leur sens, ils ne touchent du désordre social que la pelure : les plus grandes corruptions sont au‑dedans, établies dans les rouages mêmes, dans les législations et dans les inerties collectives ou individuelles. Il faudrait des génies et des saints pour porter remède à ces maux ; encore devraient‑ils être tenaces et puissants.

Tirons leçon de ces remarques.

Les apôtres d'aujourd'hui vont parfois trop tôt à l'action, avant que leur culture humaine et leur formation chrétienne soient assez assurées. Ils restent, dans leur activité apostolique, au niveau de leur valeur vraie. Malgré leur générosité, ils sont impuissants. Quelques cercles spéciaux s'ouvrent volontiers à leur action : enfants, religieuses, âmes pieuses, ou camarades. Mais devant des hommes, ils sont au fond désarmés, n'ayant à leur portée que les formules toutes faites, abstraites ou usées, tirées des livres de théologie, des sermonnaires, ou des manuels de piété. S'il s'agit même des encycliques, elles sont utilisées sans efficacité, car on n'en saurait faire qu'usage littéral, n'ayant pas de la société en laquelle on vit une connaissance expérimentale.

Je sais qu'il y a les suppléances de la grâce. Les apôtres avaient peu de culture : ils ont changé le monde. Le saint, qui laisse grandir en lui l'intime désir du bien d'autrui, opère par cette prière constante plus que par son action ; et Dieu sait utiliser aux plus grandes œuvres les plus débiles instruments s'ils sont totalement dociles. En apostolat, Dieu Inspire, conduit, récompense : il est souverain maître et rien ne l'irrite comme la confiance orgueilleuse de quiconque en soi‑même. Les plus humbles sont finalement les plus grands : encore y a‑t‑il connexion des vertus, et l'humilité vraie n'exclut pas la force en sa forme magnanime.

Les magnanimes voient grand, désirent grand, réalisent grand, je ne dirai pas malgré leur humilité, mais par leur humilité. Se mettant à leur vraie place parmi tous êtres et toutes choses, ils sont juste placés comme il faut pour y bien voir ; pour mettre Dieu à sa place infiniment transcendante au‑dessus de tout, et l'univers, et l'humanité, et les nations, et les professions, et les entreprises, et les familles, et les hommes, et l'économie, et la politique, et la science, et la technique, et toute la création inférieure : chacun et chaque chose à sa place, sous le très large regard de la raison et de la foi.

Peut‑être est‑ce simplement tout cela qui manque à trop d'apôtres d'aujourd'hui ; ils sont partis trop tôt, ou trop tôt ils se sont contentés de ce qu'ils avaient de science, d'expérience et de vertu. Ils ont cru trop tôt, beaucoup trop tôt, qu'ils étaient au point. Laïcs, ils sont restés des militants médiocres, à peine utilisables ; ou des chefs trop spécialisés, inaptes aux grands postes. Prêtres, ils ont indéfiniment, hors de la vie, hors du réel, inadaptés et incompris, répété les mêmes sermons et ronronné les mêmes clichés. Une clientèle facilement admiratrice leur a suffi, quand la masse ne savait même plus qu'il y a un Dieu et que le Christ est venu, quand il n'y avait personne pour rappeler aux puissants, aux supérieurs, leurs devoirs ; pour condamner le mal avec précision et indiquer aux carrefours sociaux le droit chemin.

Je crois qu'il manque à trop d'apôtres d'aujourd'hui d'aimer passionnément les âmes. Il leur manque aussi de connaître l'humanité, cette humanité de notre temps, dont nous sommes. Combien se sont penchés sur notre société malade, pour l'ausculter, comme fait le médecin ? Combien ont pris le temps d'étudier à fond la trame même de la vie sociale, en ses courants intellectuels, en ses rouages économiques, en ses contraintes légales, en ses groupements politiques ? Pour agir avec chances de succès, il faut connaître. Trop de médecins de notre société ne la connaissent pas, ni ses déchéances profondes, ni ses potentialités encore intactes. Avant de traiter ce grand malade, il le faut à tout prix étudier, et bien posséder la vraie science de guérir. La théologie en quelques thèses ne peut suffire ici ; la sagesse s'impose : le regard de l'humble qui s'apparente à force de pureté au regard de Dieu, le regard du contemplatif sur le Christ, en qui tout se résume, et qui commença consciemment en lui‑même le salut de chaque génération. L'apôtre d'aujourd'hui doit insérer son action dans le plan du Christ sur ce temps : bien connaître le Christ et connaître son temps pour les rapprocher avec amour, tout est là.

Source : "Connaître notre temps"

16/04/2016

Tous les saints le confirment : beaucoup d'appelés et peu d'élus au Royaume de Dieu

All-Saints.jpg

Image : Fra Angelico, Les précurseurs du Christ avec les saints et les martyrs, 1423-1424. Domaine public.

 

13/04/2016

L'encyclique Veritatis Splendor met en garde contre la proposition d'un "double statut de la vérité morale": doctrine abstraite et situations concrètes

morale de situation,morale objective,solutions pastorales,amoris laetitia

55. Suivant l'opinion de divers théologiens, la fonction de la conscience aurait été réduite, au moins pendant certaines périodes du passé, à une simple application de normes morales générales aux cas particuliers qui se posent au cours de la vie d'une personne. Mais de telles normes, disent-ils, ne peuvent être aptes à accueillir et à respecter la spécificité intégrale et unique de chacun des actes concrets des personnes ; elles peuvent aussi aider en quelque manière à une juste évaluation de la situation, mais elle ne peuvent se substituer aux personnes dans leurs décisions personnelles sur le comportement à adopter dans des cas déterminés. Dès lors, cette critique de l'interprétation traditionnelle de la nature humaine et de son importance pour la vie morale amène certains auteurs à affirmer que de telles normes sont moins un critère objectif et contraignant pour les jugements de conscience qu'une perspective générale qui, en première approximation, aide l'homme à ordonner avec cohérence sa vie personnelle et sa vie sociale. Ces auteurs relèvent encore la complexité propre au phénomène de la conscience : elle se réfère intimement à toute la sphère psychologique et affective ainsi qu'aux multiples influences de l'environnement social et culturel de la personne. D'autre part, on exalte au plus haut point la valeur de la conscience, définie par le Concile lui-même comme « le sanctuaire de l'homme, le lieu où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre ». Cette voix, dit-on, amène l'homme moins à une observation scrupuleuse des normes universelles qu'à une prise en compte créative et responsable des missions personnelles que Dieu lui confie.

Dans leur volonté de mettre en relief le caractère « créatif » de la conscience, certains auteurs donnent à ses actes le nom de « décisions » et non plus de « jugements » : c'est seulement en prenant ces décisions de manière « autonome » que l'homme pourrait atteindre sa maturité morale. Il ne manque pas d'esprits pour estimer que ce processus de maturation se verrait contrarié par la position trop catégorique que prend, sur bien des questions morales, le Magistère de L’Église, dont les interventions feraient naître, chez les fidèles, d'inutiles conflits de conscience.

56. Pour justifier de telles positions, certains ont proposé une sorte de double statut de la vérité morale. En plus du niveau doctrinal et abstrait, il faudrait reconnaître l'originalité d'une certaine considération existentielle plus concrète. Celle-ci, compte tenu des circonstances et de la situation, pourrait légitimement fonder des exceptions à la règle générale et permettre ainsi d'accomplir pratiquement, avec une bonne conscience, ce que la loi morale qualifie d'intrinsèquement mauvais. Ainsi s'instaure dans certains cas une séparation, voire une opposition, entre la doctrine du précepte valable en général et la norme de la conscience de chacun, qui déciderait effectivement, en dernière instance, du bien et du mal. Sur ce fondement, on prétend établir la légitimité de solutions prétendument « pastorales », contraires aux enseignements du Magistère, et justifier une herméneutique « créatrice », d'après laquelle la conscience morale ne serait nullement obligée, dans tous les cas, par un précepte négatif particulier.

Il n'est personne qui ne comprenne qu'avec ces positions on se trouve devant une mise en question de l'identité même de la conscience morale face à la liberté de l'homme et à la Loi de Dieu. Seuls les éclaircissements apportés plus haut sur le lien entre liberté et loi, lien fondé sur la vérité, rendent possible le discernement à faire sur cette interprétation « créative » de la conscience. [...]

67. [...] Si l'on considère les préceptes moraux positifs, la prudence doit toujours vérifier leur pertinence dans une situation déterminée, en tenant compte, par exemple, d'autres devoirs peut-être plus importants ou plus urgents. Mais les préceptes moraux négatifs, c'est-à-dire ceux qui interdisent certains actes ou comportements concrets comme intrinsèquement mauvais, n'admettent aucune exception légitime ; ils ne laissent aucun espace moralement acceptable pour « créer » une quelconque détermination contraire. Une fois reconnue dans les faits la qualification morale d'une action interdite par une règle universelle, le seul acte moralement bon consiste à obéir à la loi morale et à éviter l'action qu'elle interdit.

68. Il faut ajouter une importante considération pastorale. Dans la logique des positions mentionnées plus haut, l'homme pourrait, en vertu d'une option fondamentale, rester fidèle à Dieu, indépendamment de la conformité ou de la non-conformité de certains de ses choix et de ses actes délibérés avec les normes ou les règles morales spécifiques. En raison d'une option première pour la charité, l'homme pourrait demeurer moralement bon, persévérer dans la grâce de Dieu, gagner son salut, même si certains de ses comportements concrets étaient délibérément et gravement contraires aux commandements de Dieu, toujours enseignés par l’Église.

En réalité, l'homme ne se perd pas seulement par l'infidélité à l'option fondamentale, grâce à laquelle il s'est remis « tout entier et librement à Dieu ». Avec chaque péché mortel commis de manière délibérée, il offense Dieu qui a donné la Loi et il se rend donc coupable à l'égard de la Loi tout entière (cf. Jc 2, 8-11) ; tout en restant dans la foi, il perd la « grâce sanctifiante », la « charité » et la « béatitude éternelle ». « La grâce de la justification, enseigne le Concile de Trente, une fois reçue, peut être perdue non seulement par l'infidélité, qui fait perdre la foi elle-même, mais aussi par tout autre péché mortel ».

 

Encyclique Veritatis Splendor sur quelques questions fondamentales de l'enseignement moral de l'Église.

 

09/04/2016

À propos de la réception des documents du Magistère et du désaccord public

 

Article de Mgr Tarcisio Bertone, secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi (*)

 

(*) Texte original italien dans l’Osservatore Romano du 20 décembre 1996. Traduction de la Documentation Catholique (DC). Dans ce texte, toutes les références à la documentation catholique sont de notre rédaction.

 

 

Si l’on considère, parmi les Documents du Magistère récemment publiés, les Encycliques Veritatis splendor (DC 1993, n° 2081, p. 901-944) et Evangelium vitae (DC 1995, n° 2114, p. 351-405), la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis (DC 1994, n° 2096, p. 551-552) et le Responsum ad dubium (DC 1995, n° 2128, p. 1079-1080) de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la doctrine d’Ordinatio sacerdotalis, ainsi que la Lettre de cette même Congrégation aux évêques de l’Église catholique sur la réception de la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés (DC 1995, n° 2103, p. 931-932), on se rend compte tout d’abord que ces Documents ont trouvé un très large écho qui fut même, par certains aspects, parfois retentissant dans de nombreux milieux ecclésiaux ou relevant de la société civile.

En ce qui concerne les milieux ecclésiaux et ecclésiastiques, on a pu constater des manifestations de total assentiment et de grande appréciation pour la publication de ces Documents, que ce soit de la part de nombreux cardinaux et Prélats, comme aussi de Conférences épiscopales, et même de nombreux prêtres et fidèles laïcs réagissant en leur nom personnel, qui se sont exprimés par écrit, adressant soit au Saint-Père soit à la Congrégation pour la Doctrine de la foi, leur adhésion et leur consentement à la doctrine proposée par l’enseignement du Magistère dans ces Documents. Il faut souligner en outre que l’initiative de présenter au préalable les Documents pontificaux – dans le cas des deux Encycliques comme dans celui de la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis – aux présidents des Conférences épiscopales principalement intéressées, au cours d’une réunion auprès du Saint-Siège, a été appréciée et a donné de bons résultats en ce qui concerne l’approfondissement du lien de communion entre le Siège apostolique, les évêques pris individuellement et les Conférences épiscopales, dans le but également de parvenir à de meilleurs résultats quant à la diffusion et l’accueil des Documents magistériels.

Par ailleurs, des voix dissonnantes ou exprimant un désaccord se sont également fait entendre, venant de théologiens, d’associations et de groupes ecclésiastiques, qui ont mis en doute soit le contenu et le fondement théologique des enseignements de ces Documents, soit leur valeur doctrinale et leur force contraignante, contestant que l’on puisse qualifier ces doctrines de définitives ou même comme proposées de manière infaillible par le Magistère. Il semble donc que l’on doive réfléchir sur les principales difficultés formulées en ce qui concerne la valeur et le degré d’autorité de ces interventions magistérielles.

 

I.

Sous l’angle doctrinal, et à la lumière de l’ensemble des réactions et des principales critiques faites à ces Documents magistériels susdits, il semble qu’il faille tout spécialement souligner certains aspects essentiels qui, dans le climat théologique et ecclésial d’aujourd’hui, sont source de confusion et d’ambiguïté, et sont la source en pratique de conséquences négatives dans l’enseignement de la théologie et le comportement de certains milieux ecclésiastiques.

 

1. En premier lieu, on doit signaler la tendance à tout mesurer selon le paramètre de la distinction entre " Magistère infaillible " et " Magistère faillible ". L’infaillibilité devient alors la mesure dominante de tous les problèmes d’autorité, au point de remplacer de fait le concept d’autorité par celui d’infaillibilité. De plus, on confond souvent la question de l’infaillibilité du Magistère et la question de la vérité de la doctrine, en supposant que l’infaillibilité est la préqualification de la vérité et du caractère irréformable d’une doctrine, et en faisant dépendre la vérité et le caractère définitif d’une doctrine de l’infaillibilité ou non de la déclaration magistérielle. En réalité, la vérité et le caractère irréformable d’une doctrine dépendent du depositum fidei, transmis par l’Écriture et la Tradition, alors que l’infaillibilité ne se réfère qu’au degré de certitude de l’acte d’enseignement magistériel. Dans les diverses attitudes critiques qui se sont manifestées à l’égard des récents Documents du Magistère, on oublie de plus que le caractère infaillible de l’enseignement, et le caractère définitif et irrévocable de l’assentiment qui lui est dû, ne sont pas une prérogative qui appartient seulement à ce qui a été " défini " solennellement par le Pontife romain ou le Concile œcuménique. Quand les évêques dispersés dans leurs diocèses respectifs, en communion avec le Successeur de Pierre, enseignent qu’une doctrine doit être tenue d’une manière définitive (cf. Lumen gentium, 25 § 2), ils jouissent de la même infaillibilité que celle du Magistère du Pape s’exprimant " ex cathedra " ou du Concile.

Il faut donc réaffirmer que, dans ses Encycliques Veritatis splendor, Evangelium vitae, et dans la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, le Pontife romain a voulu – même si ce n’est pas sous une forme solennelle – confirmer et réaffirmer des doctrines qui appartiennent à l’enseignement du Magistère ordinaire et universel, et que l’on doit donc tenir d’une manière définitive et irrévocable.

De plus, on doit aussi se souvenir que si l’autorité des enseignements du Magistère connaît des degrés différents entre eux, cela ne signifie pas que l’autorité exercée à un degré mineur puisse être considérée comme une opinion théologique, ou bien que, en dehors du cadre de l’infaillibilité, seule l’argumentation compterait et qu’alors une certitude commune de l’Église en matière doctrinale s’avérerait impossible.

 

2. En second lieu, ces considérations apparaissent très importantes en ce qui concerne l’adhésion à l’enseignement de Veritatis splendor et d’Evangelium vitæ, d’Ordinatio sacerdotalis et aussi du Responsum et de la Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la réception de la communion eucharistique par les fidèles divorcés remariés : s’agissant d’enseignements proposés ou confirmés par le Magistère sans recourir au " mode définitoire " (jugement solennel), l’idée s’est répandue que ces enseignements peuvent être révisés ou réformés par la suite, peut-être sous un autre pontificat. Cette idée est totalement privée de fondement et manifeste une compréhension erronée de la doctrine de l’Église catholique sur le Magistère.

En effet, considérant l’acte de l’enseignement, le Magistère peut enseigner une doctrine comme définitive soit par un acte définitoire soit par un acte non définitoire. Tout d’abord, le Magistère peut proclamer une doctrine comme définitive, et donc à croire de foi divine ou à tenir d’une manière définitive, par une déclaration solennelle du Pape " ex cathedra ", ou d’un Concile œcuménique. Mais le Magistère pontifical ordinaire peut enseigner comme définitive une doctrine en tant qu’elle est constamment conservée et tenue par la Tradition et transmise par le Magistère ordinaire et universel. En l’espèce, l’exercice du charisme de l’infaillibilité ne se présente pas comme un acte définitoire du Pape, mais concerne le Magistère ordinaire et universel, que le Pape reprend par sa déclaration formelle de confirmation et de réaffirmation (généralement dans une Encyclique ou une Lettre apostolique). Si l’on soutenait que le Pape doit intervenir nécessairement par une définition " ex cathedra " chaque fois qu’il entend déclarer comme définitive une doctrine en tant qu’elle appartient au dépôt de la foi, cela entraînerait implicitement une dévaluation du Magistère ordinaire et universel, et l’infaillibilité ne serait réservée qu’aux définitions solennelles du Pape ou d’un Concile, donc dans une perspective autre que celle donnée par l’enseignement de Vatican I et de Vatican II, qui attribuent un caractère infaillible également aux enseignements du Magistère ordinaire et universel.

En ce qui concerne la nature particulière d’un enseignement du Magistère pontifical qui entend simplement confirmer ou réaffirmer une certitude de foi déjà vécue de manière consciente par l’Église ou affirmée par l’enseignement universel de tout le Corps épiscopal, on peut la voir, non pas en soi dans l’enseignement de la doctrine elle-même, mais dans le fait que le Pontife romain déclare formellement qu’il s’agit d’une doctrine qui appartient déjà à la foi de l’Église et est enseignée infailliblement par le Magistère ordinaire et universel comme divinement révélée ou qui doit être tenue d’une manière définitive.

À la lumière de ces considérations, il semble que ce soit un faux problème que de se demander si tel acte pontifical de confirmation de l’enseignement du Magistère ordinaire et universel est infaillible ou non. En effet, tout en n’étant pas par elle-même une définition dogmatique (comme le dogme trinitaire de Nicée, ou le dogme christologique de Chalcédoine, ou les dogmes marials), la déclaration pontificale de confirmation jouit de la même infaillibilité dont jouit l’enseignement du Magistère ordinaire et universel, qui inclut le Pape non pas comme simple évêque mais comme Chef du Collège épiscopal. À cet égard, il est important de préciser que le Responsum ad dubium de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la doctrine enseignée dans la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, tout en mentionnant le caractère infaillible de cette doctrine déjà en possession de l’Église, a voulu simplement réaffirmer qu’elle n’est pas proposée de manière infaillible seulement à partir de ce Document pontifical, mais que celui-ci confirmait ce qui partout, toujours et par tous, a été tenu comme appartenant au dépôt de la foi. Il est donc essentiel de conserver le principe qu’un enseignement peut être proposé infailliblement par le Magistère ordinaire et universel, même par un acte qui n’a pas la forme solennelle d’une définition.

3. On a soulevé en outre, ici ou là, la question de la réception d’une doctrine enseignée comme révélée ou comme devant être tenue définitivement par le Magistère ordinaire et universel, et on a dit, par exemple, que, pour cette réception, il faut que soit explicitement manifestée la volonté unanime de tout le Corps épiscopal, non seulement de proposer une affirmation déterminée, mais aussi de déclarer son caractère absolu et définitivement contraignant. D’où le doute que l’on ne rencontrerait pas ces qualités requises en matière de doctrine concernant la non admission des femmes à l’ordination sacerdotale, ni non plus en ce qui concerne certaines normes universelles de la loi morale.

Les interrogations et les doutes soulevés semblent toutefois ne pas tenir compte de certains facteurs que l’on doit mentionner, ne serait-ce que brièvement :

a) Le Magistère ordinaire et universel consiste dans l’annonce unanime des évêques unis au Pape. Il s’exprime par ce dont tous les évêques (y compris l’Évêque de Rome, qui est le chef du Collège) témoignent communément. Il ne s’agit pas de manifestations extraordinaires, mais de la vie normale de l’Église, de ce qui, sans initiatives particulières, est prêché comme doctrine universelle dans la vie ecclésiale quotidienne. " Ce Magistère ordinaire est ainsi la forme normale de l’infaillibilité de l’Église " (1). Il s’ensuit qu’il n’est pas du tout nécessaire que tout ce qui fait partie de la foi doive devenir explicitement un dogme. Il est au contraire normal que la seule " communauté dans l’annonce " – qui comprend non seulement des mots mais aussi des faits – propose la vérité.

L’importance particulière et explicite de la définition dogmatique est précisément un cas extraordinaire, provoqué la plupart du temps par des motifs tout à fait particuliers et bien précis.

b) De plus, lorsqu’on parle de la nécessité de vérifier le consensus effectif de tous les évêques dispersés dans le monde ou même de tout le peuple chrétien en matière de foi et de morale, on ne doit pas oublier que ce consensus ne peut être compris dans un sens purement synchronique, mais doit être compris dans un sens diachronique. Cela veut dire que le consensus moralement unanime embrasse toutes les époques de l’Église, et c’est seulement si on écoute cette totalité que l’on demeure dans la fidélité aux Apôtres. " Si quelque part – observe le cardinal Ratzinger dans une étude –, on en venait à former une "majorité" contre la foi de l’Église d’autres temps, ce ne serait absolument pas une majorité " (2).

Il faut observer par ailleurs que la concorde de l’épiscopat universel en communion avec le Successeur de Pierre, quant au caractère doctrinal et contraignant d’une affirmation ou d’une pratique ecclésiale des temps passés, n’est pas annulée ou relativisée par certains désaccords qui pourraient apparaître à une époque postérieure.

c) Enfin, en ce qui concerne spécialement l’enseignement sur l’ordination sacerdotale qui doit être réservée uniquement aux hommes, il faut rappeler que la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis a confirmé que cette doctrine est conservée par la Tradition constante et universelle de l’Église et a été enseignée avec fermeté par le Magistère dans des Documents plus récents (n. 4). Or, on sait que la Tradition est le lieu herméneutique où œuvre et s’exprime sous des formes diverses – parmi lesquelles la persuasion pacifique – la conscience de l’Église quant à la vérité. Dans ce cas spécifique, avec unanimité et stabilité, l’Église n’a jamais pensé que les femmes pourraient recevoir validement l’ordination sacerdotale, et cette même unanimité et stabilité révèlent non pas une décision propre de l’Église, mais son obéissance et sa dépendance à l’égard de la volonté du Christ et des Apôtres. Par conséquent, dans la Tradition universelle en la matière, avec ses traits de stabilité et d’unanimité, on rencontre un enseignement magistériel objectif, définitif et qui lie d’une manière inconditionnelle (3). Le même critère doit aussi être appliqué à d’autres doctrines concernant les normes morales universelles : le meurtre d’un être humain innocent est toujours gravement immoral ; l’adultère ou la calomnie sont toujours un mal… Ces doctrines, bien qu’elles n’aient pas été jusqu’ici déclarées par un jugement solennel appartiennent cependant à la foi de l’Église et sont proposées de manière infaillible par le Magistère ordinaire et universel.

En conclusion, pour que l’on puisse parler de Magistère ordinaire et universel infaillible, on doit exiger que le consensus parmi les évêques ait pour objet un enseignement proposé comme formellement révélé ou comme certainement vrai et incontestable, qui réclame donc de la part des fidèles un assentiment plénier, auquel on ne peut renoncer. On peut partager la requête de la théologie de faire des analyses soignées pour chercher à motiver l’existence de ce consentement ou de cet accord. Mais n’est pas fondée l’interprétation que le contrôle d’un enseignement infaillible du Magistère ordinaire et universel exigerait aussi une formalité particulière dans la déclaration de la doctrine en question. Autrement, on tomberait dans le cas d’espèce de la définition solennelle par le Pape ou le Concile œcuménique (4).

Les clarifications précédentes apparaissent aujourd’hui nécessaires, non pas pour répondre à des questions académiques subtiles et sophistiquées, mais pour repousser une interprétation réductrice et simplificatrice de l’infaillibilité du Magistère, en proposant dans le même temps des principes théologiques corrects pour l’interprétation de la valeur des enseignements magistériels et la qualité des doctrines.

 

II.

En même temps que ces considérations et précisions sous l’aspect doctrinal et théologique, il est opportun de faire aussi certaines réflexions et de donner des orientations sur les remèdes au problème du désaccord public. Il n’est pas possible d’examiner ici dans toute leur ampleur les conséquences d’ordre pastoral et pratique qu’entraîne cette question, mais il est utile de faire le point sur certains aspects fondamentaux qui semblent être à la base et à la racine de ce phénomène. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra éviter de proposer des remèdes purement empiriques et épisodiques.

 

1. On ne peut négliger une donnée fondamentale, qui apparaît certainement première : la racine véritable et profonde du désaccord, c’est la crise de la foi. Il faut donc s’employer à fortifier la vie de foi, comme dimension prioritaire de l’action pastorale de l’Église. Et ce raffermissement de la foi exige et suppose l’appel à une conversion intérieure toujours plus grande et plus profonde.

 

2. La crise spirituelle de la foi comporte, comme une de ses premières conséquences, la crise de l’autorité du Magistère, qui est une crise portant sur l’autorité de l’Église fondée sur la volonté divine. On oppose de manière artificielle l’autorité et la liberté, les détachant de la question de la vérité.

 

3. Il semble donc que l’on doive trouver le tout premier remède dans l’effort en faveur d’une formation spirituelle, doctrinale, intellectuelle, sérieuse et conforme à l’enseignement de l’Église. À cet égard, on peut mettre en évidence certains éléments importants :

a) Tout d’abord la nécessité d’une formation théologique organique et systématique. La spécialisation croissante de la théologie tend à une fragmentation de cette dernière, jusqu’à faire de la théologie une collection de théologies. L’unité organique de la théologie risque de ne pas être sauvegardée et, tandis qu’augmentent les informations sur des détails, on perd la vision unificatrice fondamentale. De la même manière, il faut insister sur la responsabilité des évêques dans la catéchèse, qui doit renforcer le sens de la foi et de l’appartenance à l’Église.

b) La nécessité d’une saine formation philosophique, qui doit absolument comporter la quête métaphysique, dont on ressent aujourd’hui en divers centres d’étude un manque préoccupant.

c) La nécessité de rééquilibrer l’exigence de sauvegarder le droit de l’individu et l’exigence de conserver et de protéger le droit de la communauté et du Peuple de Dieu à la vraie foi et au bien commun. Je voudrais attirer l’attention sur le fait que la vraie tension n’est pas entre la défense du droit de chacun et la défense du droit de la communauté, mais entre ceux qui défendent le droit des plus forts et des plus puissants culturellement, et le droit de ceux qui sont plus faibles et sans défense devant des tendances anti-ecclésiales corrosives.

d) L’urgence de former une opinion publique ecclésiale conforme à l’identité catholique, libre de toute sujétion à l’égard de l’opinion publique laïciste qui se reflète dans les médias. Par ailleurs, l’ouverture aux problèmes du monde doit être bien comprise : elle se fonde sur le dynamisme missionnaire de faire connaître à tous la révélation du Christ et de conduire tous les hommes au mystère du Christ.

 

4. Du point de vie disciplinaire, il apparaît tout à fait opportun de rappeler que les évêques sont tenus d’appliquer effectivement la discipline normative de l’Église, spécialement quand il s’agit de défendre l’intégrité de l’enseignement de la vérité divine. Ceci dans le contexte d’une reprise et d’une forte proposition nouvelle du message chrétien et de la vie spirituelle, selon une évangélisation renouvelée. Du reste, il n’est pas superflu de mettre en relief, surtout en ce moment actuel de l’Église où l’on semble quelque peu réticent à envisager dans leur juste perspective le droit et la loi canonique, que l’observance et l’application de la discipline ecclésiastique ne sont pas en opposition et ne font pas obstacle à la vraie liberté et à l’obéissance à l’Esprit, mais sont des instruments indispensables pour que la communion dans la vérité et la charité soit effective et ordonnée.

L’application des normes canoniques apparaît donc être une protection concrète en faveur des croyants contre les falsifications de la doctrine révélée et contre l’affaiblissement de la foi provoqué par cet " esprit du monde " qui prétend se présenter comme la voix de l’Esprit Saint.

Dans ce contexte, il semble qu’il soit très important de rappeler aussi le Serment de fidélité, publié en 1989 (DC 1989, n° 1962, p. 378-379 ; traduction française officielle : DC 1991, n° 2033, p. 757) à l’occasion de l’entrée en vigueur de la Formule de la profession de foi, qui exprime l’engagement public de bien exercer la fonction confiée, devant l’Église et devant les institutions et les personnes pour lesquelles elle est assumée. Le Serment de fidélité, tout comme plus généralement l’observation de la discipline canonique, exprime précisément l’unité organique qui existe entre l’action et le gouvernement, et la fidélité à l’égard de la profession de la foi et de la vérité chrétienne. Ainsi sont garantis par le Droit le sens de l’identité et l’appartenance à l’Église : il empêche de supposer que l’on appartient à une Église fantomatique, construite seulement à notre propre mesure, mais bien à l’Église de la succession apostolique, de la Parole écrite et transmise avec autorité, des sacrements visibles et de la communion catholique.

En conclusion, les paroles du discours que Jean-Paul II adressa aux membres de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, à la fin de leur réunion plénière de 1995 (DC 1996, n° 2129, p. 14-16), sont toujours éclairantes. À propos du rapport entre Magistère et théologiens, le Pape déclarait : " Le dialogue constant avec les Pasteurs et les théologiens du monde entier vous permet d’être attentifs aux exigences de compréhension et d’approfondissement de la Doctrine de la foi, dont la théologie se fait l’interprète et, en même temps, il vous éclaire sur les initiatives utiles pour encourager et renforcer l’unité de la foi et le rôle de guide du Magistère dans l’intelligence de la vérité et la construction de la communion ecclésiale dans la charité.

L’unité de la foi, en fonction de laquelle le Magistère possède l’autorité et le pouvoir délibératif ultime dans l’interprétation de la Parole de Dieu écrite et transmise, est une valeur primordiale qui, si elle est respectée, n’entraîne pas l’asphyxie de la recherche théologique, mais lui confère un fondement stable. Par sa fonction, qui est d’expliciter le contenu intelligible de la foi, la théologie exprime l’orientation intrinsèque de l’intelligence humaine vers la vérité et l’exigence irrésistible du croyant d’explorer rationnellement le mystère révélé.

Pour atteindre ce but, la théologie ne peut jamais se réduire à la réflexion "privée" d’un théologien ou d’un groupe de théologiens. Le milieu vital du théologien, c’est l’Église, et la théologie, pour demeurer fidèle à son identité, ne peut se passer de participer intimement à la trame de la vie de l’Église, de sa doctrine, de sa sainteté, de sa prière.

Dans ce contexte, la conviction que la théologie a besoin de la parole vivante et clarificatrice du Magistère apparaît pleinement compréhensible et en parfaite cohérence avec la logique de la foi chrétienne. La signification du Magistère dans l’Église doit être envisagée par rapport à la vérité de la doctrine chrétienne. C’est ce que votre Congrégation a bien exposé et précisé dans l’Instruction Donum veritatis (DC 1990, n° 2010, p. 693-701), à propos de la vocation ecclésiale du théologien ".

Et à propos du lien existant entre autorité et vérité, entre exercice de l’autorité et proclamation de la vérité salvifique, le Pape avertit : " Le Magistère, dont l’autorité est exercée au nom de Jésus (cf. Dei Verbum, 10), n’est pas quelque chose d’indépendant ou d’externe à l’égard de la vérité, mais un organe à son service, et même une expression concrète de participation à la transmission de la vérité chrétienne elle-même dans l’histoire ".

 

Tarcisio BERTONE,

Archevêque émérite de Vercelli,

Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi

 

 

 

(1) J. Ratzinger, Il nuovo popolo di Dio, Brescia 1971 p. 180.

(2) J. Ratzinger, La Chiesa, Milan 1991, p. 71.

(3) Dans le passé et jusqu’à ces dernières décennies, les théologiens et les canonistes qui traitèrent le problème ont été unanimes pour considérer l’exclusion des femmes de l’admission au sacerdoce ministériel comme quelque chose d’absolu et qui était fondé sur la divine Tradition apostolique. Voir par exemple ce que Gasparri affirmait dans son Tractatus canonicus de sacra ordinatione (t. I, Paris 1893, p. 75) : " Et quidem prohibentur sub poena nullitatis : ita enim traditio et communis doctorum catholicorum doctrina interpretata est legem Apostoli : et ideo Patres inter haereses recensent doctrinam qua sacerdotalis dignitas et officium mulieribus tribuitur ".

(4) J. Kleutgen, dans son commentaire du second schéma sur l’Église proposé au Concile Vatican I, définit les doctrines du Magistère ordinaire infaillible comme étant celles qui " sont estimées ou transmises comme incontestables " (tamquam indubitata tenentur vel traduntur).

 

 

Source :

> Congrégation pour le Clergé - Bibliothèque de théologie [texte - archive - texte]

> A propos de la réception des documents du Magistère et du désaccord public [archive]