Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/04/2016

L'encyclique Veritatis Splendor met en garde contre la proposition d'un "double statut de la vérité morale": doctrine abstraite et situations concrètes

morale de situation,morale objective,solutions pastorales,amoris laetitia

55. Suivant l'opinion de divers théologiens, la fonction de la conscience aurait été réduite, au moins pendant certaines périodes du passé, à une simple application de normes morales générales aux cas particuliers qui se posent au cours de la vie d'une personne. Mais de telles normes, disent-ils, ne peuvent être aptes à accueillir et à respecter la spécificité intégrale et unique de chacun des actes concrets des personnes ; elles peuvent aussi aider en quelque manière à une juste évaluation de la situation, mais elle ne peuvent se substituer aux personnes dans leurs décisions personnelles sur le comportement à adopter dans des cas déterminés. Dès lors, cette critique de l'interprétation traditionnelle de la nature humaine et de son importance pour la vie morale amène certains auteurs à affirmer que de telles normes sont moins un critère objectif et contraignant pour les jugements de conscience qu'une perspective générale qui, en première approximation, aide l'homme à ordonner avec cohérence sa vie personnelle et sa vie sociale. Ces auteurs relèvent encore la complexité propre au phénomène de la conscience : elle se réfère intimement à toute la sphère psychologique et affective ainsi qu'aux multiples influences de l'environnement social et culturel de la personne. D'autre part, on exalte au plus haut point la valeur de la conscience, définie par le Concile lui-même comme « le sanctuaire de l'homme, le lieu où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre ». Cette voix, dit-on, amène l'homme moins à une observation scrupuleuse des normes universelles qu'à une prise en compte créative et responsable des missions personnelles que Dieu lui confie.

Dans leur volonté de mettre en relief le caractère « créatif » de la conscience, certains auteurs donnent à ses actes le nom de « décisions » et non plus de « jugements » : c'est seulement en prenant ces décisions de manière « autonome » que l'homme pourrait atteindre sa maturité morale. Il ne manque pas d'esprits pour estimer que ce processus de maturation se verrait contrarié par la position trop catégorique que prend, sur bien des questions morales, le Magistère de L’Église, dont les interventions feraient naître, chez les fidèles, d'inutiles conflits de conscience.

56. Pour justifier de telles positions, certains ont proposé une sorte de double statut de la vérité morale. En plus du niveau doctrinal et abstrait, il faudrait reconnaître l'originalité d'une certaine considération existentielle plus concrète. Celle-ci, compte tenu des circonstances et de la situation, pourrait légitimement fonder des exceptions à la règle générale et permettre ainsi d'accomplir pratiquement, avec une bonne conscience, ce que la loi morale qualifie d'intrinsèquement mauvais. Ainsi s'instaure dans certains cas une séparation, voire une opposition, entre la doctrine du précepte valable en général et la norme de la conscience de chacun, qui déciderait effectivement, en dernière instance, du bien et du mal. Sur ce fondement, on prétend établir la légitimité de solutions prétendument « pastorales », contraires aux enseignements du Magistère, et justifier une herméneutique « créatrice », d'après laquelle la conscience morale ne serait nullement obligée, dans tous les cas, par un précepte négatif particulier.

Il n'est personne qui ne comprenne qu'avec ces positions on se trouve devant une mise en question de l'identité même de la conscience morale face à la liberté de l'homme et à la Loi de Dieu. Seuls les éclaircissements apportés plus haut sur le lien entre liberté et loi, lien fondé sur la vérité, rendent possible le discernement à faire sur cette interprétation « créative » de la conscience. [...]

67. [...] Si l'on considère les préceptes moraux positifs, la prudence doit toujours vérifier leur pertinence dans une situation déterminée, en tenant compte, par exemple, d'autres devoirs peut-être plus importants ou plus urgents. Mais les préceptes moraux négatifs, c'est-à-dire ceux qui interdisent certains actes ou comportements concrets comme intrinsèquement mauvais, n'admettent aucune exception légitime ; ils ne laissent aucun espace moralement acceptable pour « créer » une quelconque détermination contraire. Une fois reconnue dans les faits la qualification morale d'une action interdite par une règle universelle, le seul acte moralement bon consiste à obéir à la loi morale et à éviter l'action qu'elle interdit.

68. Il faut ajouter une importante considération pastorale. Dans la logique des positions mentionnées plus haut, l'homme pourrait, en vertu d'une option fondamentale, rester fidèle à Dieu, indépendamment de la conformité ou de la non-conformité de certains de ses choix et de ses actes délibérés avec les normes ou les règles morales spécifiques. En raison d'une option première pour la charité, l'homme pourrait demeurer moralement bon, persévérer dans la grâce de Dieu, gagner son salut, même si certains de ses comportements concrets étaient délibérément et gravement contraires aux commandements de Dieu, toujours enseignés par l’Église.

En réalité, l'homme ne se perd pas seulement par l'infidélité à l'option fondamentale, grâce à laquelle il s'est remis « tout entier et librement à Dieu ». Avec chaque péché mortel commis de manière délibérée, il offense Dieu qui a donné la Loi et il se rend donc coupable à l'égard de la Loi tout entière (cf. Jc 2, 8-11) ; tout en restant dans la foi, il perd la « grâce sanctifiante », la « charité » et la « béatitude éternelle ». « La grâce de la justification, enseigne le Concile de Trente, une fois reçue, peut être perdue non seulement par l'infidélité, qui fait perdre la foi elle-même, mais aussi par tout autre péché mortel ».

 

Encyclique Veritatis Splendor sur quelques questions fondamentales de l'enseignement moral de l'Église.

 

09/04/2016

À propos de la réception des documents du Magistère et du désaccord public

 

Article de Mgr Tarcisio Bertone, secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi (*)

 

(*) Texte original italien dans l’Osservatore Romano du 20 décembre 1996. Traduction de la Documentation Catholique (DC). Dans ce texte, toutes les références à la documentation catholique sont de notre rédaction.

 

 

Si l’on considère, parmi les Documents du Magistère récemment publiés, les Encycliques Veritatis splendor (DC 1993, n° 2081, p. 901-944) et Evangelium vitae (DC 1995, n° 2114, p. 351-405), la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis (DC 1994, n° 2096, p. 551-552) et le Responsum ad dubium (DC 1995, n° 2128, p. 1079-1080) de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la doctrine d’Ordinatio sacerdotalis, ainsi que la Lettre de cette même Congrégation aux évêques de l’Église catholique sur la réception de la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés (DC 1995, n° 2103, p. 931-932), on se rend compte tout d’abord que ces Documents ont trouvé un très large écho qui fut même, par certains aspects, parfois retentissant dans de nombreux milieux ecclésiaux ou relevant de la société civile.

En ce qui concerne les milieux ecclésiaux et ecclésiastiques, on a pu constater des manifestations de total assentiment et de grande appréciation pour la publication de ces Documents, que ce soit de la part de nombreux cardinaux et Prélats, comme aussi de Conférences épiscopales, et même de nombreux prêtres et fidèles laïcs réagissant en leur nom personnel, qui se sont exprimés par écrit, adressant soit au Saint-Père soit à la Congrégation pour la Doctrine de la foi, leur adhésion et leur consentement à la doctrine proposée par l’enseignement du Magistère dans ces Documents. Il faut souligner en outre que l’initiative de présenter au préalable les Documents pontificaux – dans le cas des deux Encycliques comme dans celui de la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis – aux présidents des Conférences épiscopales principalement intéressées, au cours d’une réunion auprès du Saint-Siège, a été appréciée et a donné de bons résultats en ce qui concerne l’approfondissement du lien de communion entre le Siège apostolique, les évêques pris individuellement et les Conférences épiscopales, dans le but également de parvenir à de meilleurs résultats quant à la diffusion et l’accueil des Documents magistériels.

Par ailleurs, des voix dissonnantes ou exprimant un désaccord se sont également fait entendre, venant de théologiens, d’associations et de groupes ecclésiastiques, qui ont mis en doute soit le contenu et le fondement théologique des enseignements de ces Documents, soit leur valeur doctrinale et leur force contraignante, contestant que l’on puisse qualifier ces doctrines de définitives ou même comme proposées de manière infaillible par le Magistère. Il semble donc que l’on doive réfléchir sur les principales difficultés formulées en ce qui concerne la valeur et le degré d’autorité de ces interventions magistérielles.

 

I.

Sous l’angle doctrinal, et à la lumière de l’ensemble des réactions et des principales critiques faites à ces Documents magistériels susdits, il semble qu’il faille tout spécialement souligner certains aspects essentiels qui, dans le climat théologique et ecclésial d’aujourd’hui, sont source de confusion et d’ambiguïté, et sont la source en pratique de conséquences négatives dans l’enseignement de la théologie et le comportement de certains milieux ecclésiastiques.

 

1. En premier lieu, on doit signaler la tendance à tout mesurer selon le paramètre de la distinction entre " Magistère infaillible " et " Magistère faillible ". L’infaillibilité devient alors la mesure dominante de tous les problèmes d’autorité, au point de remplacer de fait le concept d’autorité par celui d’infaillibilité. De plus, on confond souvent la question de l’infaillibilité du Magistère et la question de la vérité de la doctrine, en supposant que l’infaillibilité est la préqualification de la vérité et du caractère irréformable d’une doctrine, et en faisant dépendre la vérité et le caractère définitif d’une doctrine de l’infaillibilité ou non de la déclaration magistérielle. En réalité, la vérité et le caractère irréformable d’une doctrine dépendent du depositum fidei, transmis par l’Écriture et la Tradition, alors que l’infaillibilité ne se réfère qu’au degré de certitude de l’acte d’enseignement magistériel. Dans les diverses attitudes critiques qui se sont manifestées à l’égard des récents Documents du Magistère, on oublie de plus que le caractère infaillible de l’enseignement, et le caractère définitif et irrévocable de l’assentiment qui lui est dû, ne sont pas une prérogative qui appartient seulement à ce qui a été " défini " solennellement par le Pontife romain ou le Concile œcuménique. Quand les évêques dispersés dans leurs diocèses respectifs, en communion avec le Successeur de Pierre, enseignent qu’une doctrine doit être tenue d’une manière définitive (cf. Lumen gentium, 25 § 2), ils jouissent de la même infaillibilité que celle du Magistère du Pape s’exprimant " ex cathedra " ou du Concile.

Il faut donc réaffirmer que, dans ses Encycliques Veritatis splendor, Evangelium vitae, et dans la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, le Pontife romain a voulu – même si ce n’est pas sous une forme solennelle – confirmer et réaffirmer des doctrines qui appartiennent à l’enseignement du Magistère ordinaire et universel, et que l’on doit donc tenir d’une manière définitive et irrévocable.

De plus, on doit aussi se souvenir que si l’autorité des enseignements du Magistère connaît des degrés différents entre eux, cela ne signifie pas que l’autorité exercée à un degré mineur puisse être considérée comme une opinion théologique, ou bien que, en dehors du cadre de l’infaillibilité, seule l’argumentation compterait et qu’alors une certitude commune de l’Église en matière doctrinale s’avérerait impossible.

 

2. En second lieu, ces considérations apparaissent très importantes en ce qui concerne l’adhésion à l’enseignement de Veritatis splendor et d’Evangelium vitæ, d’Ordinatio sacerdotalis et aussi du Responsum et de la Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la réception de la communion eucharistique par les fidèles divorcés remariés : s’agissant d’enseignements proposés ou confirmés par le Magistère sans recourir au " mode définitoire " (jugement solennel), l’idée s’est répandue que ces enseignements peuvent être révisés ou réformés par la suite, peut-être sous un autre pontificat. Cette idée est totalement privée de fondement et manifeste une compréhension erronée de la doctrine de l’Église catholique sur le Magistère.

En effet, considérant l’acte de l’enseignement, le Magistère peut enseigner une doctrine comme définitive soit par un acte définitoire soit par un acte non définitoire. Tout d’abord, le Magistère peut proclamer une doctrine comme définitive, et donc à croire de foi divine ou à tenir d’une manière définitive, par une déclaration solennelle du Pape " ex cathedra ", ou d’un Concile œcuménique. Mais le Magistère pontifical ordinaire peut enseigner comme définitive une doctrine en tant qu’elle est constamment conservée et tenue par la Tradition et transmise par le Magistère ordinaire et universel. En l’espèce, l’exercice du charisme de l’infaillibilité ne se présente pas comme un acte définitoire du Pape, mais concerne le Magistère ordinaire et universel, que le Pape reprend par sa déclaration formelle de confirmation et de réaffirmation (généralement dans une Encyclique ou une Lettre apostolique). Si l’on soutenait que le Pape doit intervenir nécessairement par une définition " ex cathedra " chaque fois qu’il entend déclarer comme définitive une doctrine en tant qu’elle appartient au dépôt de la foi, cela entraînerait implicitement une dévaluation du Magistère ordinaire et universel, et l’infaillibilité ne serait réservée qu’aux définitions solennelles du Pape ou d’un Concile, donc dans une perspective autre que celle donnée par l’enseignement de Vatican I et de Vatican II, qui attribuent un caractère infaillible également aux enseignements du Magistère ordinaire et universel.

En ce qui concerne la nature particulière d’un enseignement du Magistère pontifical qui entend simplement confirmer ou réaffirmer une certitude de foi déjà vécue de manière consciente par l’Église ou affirmée par l’enseignement universel de tout le Corps épiscopal, on peut la voir, non pas en soi dans l’enseignement de la doctrine elle-même, mais dans le fait que le Pontife romain déclare formellement qu’il s’agit d’une doctrine qui appartient déjà à la foi de l’Église et est enseignée infailliblement par le Magistère ordinaire et universel comme divinement révélée ou qui doit être tenue d’une manière définitive.

À la lumière de ces considérations, il semble que ce soit un faux problème que de se demander si tel acte pontifical de confirmation de l’enseignement du Magistère ordinaire et universel est infaillible ou non. En effet, tout en n’étant pas par elle-même une définition dogmatique (comme le dogme trinitaire de Nicée, ou le dogme christologique de Chalcédoine, ou les dogmes marials), la déclaration pontificale de confirmation jouit de la même infaillibilité dont jouit l’enseignement du Magistère ordinaire et universel, qui inclut le Pape non pas comme simple évêque mais comme Chef du Collège épiscopal. À cet égard, il est important de préciser que le Responsum ad dubium de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la doctrine enseignée dans la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, tout en mentionnant le caractère infaillible de cette doctrine déjà en possession de l’Église, a voulu simplement réaffirmer qu’elle n’est pas proposée de manière infaillible seulement à partir de ce Document pontifical, mais que celui-ci confirmait ce qui partout, toujours et par tous, a été tenu comme appartenant au dépôt de la foi. Il est donc essentiel de conserver le principe qu’un enseignement peut être proposé infailliblement par le Magistère ordinaire et universel, même par un acte qui n’a pas la forme solennelle d’une définition.

3. On a soulevé en outre, ici ou là, la question de la réception d’une doctrine enseignée comme révélée ou comme devant être tenue définitivement par le Magistère ordinaire et universel, et on a dit, par exemple, que, pour cette réception, il faut que soit explicitement manifestée la volonté unanime de tout le Corps épiscopal, non seulement de proposer une affirmation déterminée, mais aussi de déclarer son caractère absolu et définitivement contraignant. D’où le doute que l’on ne rencontrerait pas ces qualités requises en matière de doctrine concernant la non admission des femmes à l’ordination sacerdotale, ni non plus en ce qui concerne certaines normes universelles de la loi morale.

Les interrogations et les doutes soulevés semblent toutefois ne pas tenir compte de certains facteurs que l’on doit mentionner, ne serait-ce que brièvement :

a) Le Magistère ordinaire et universel consiste dans l’annonce unanime des évêques unis au Pape. Il s’exprime par ce dont tous les évêques (y compris l’Évêque de Rome, qui est le chef du Collège) témoignent communément. Il ne s’agit pas de manifestations extraordinaires, mais de la vie normale de l’Église, de ce qui, sans initiatives particulières, est prêché comme doctrine universelle dans la vie ecclésiale quotidienne. " Ce Magistère ordinaire est ainsi la forme normale de l’infaillibilité de l’Église " (1). Il s’ensuit qu’il n’est pas du tout nécessaire que tout ce qui fait partie de la foi doive devenir explicitement un dogme. Il est au contraire normal que la seule " communauté dans l’annonce " – qui comprend non seulement des mots mais aussi des faits – propose la vérité.

L’importance particulière et explicite de la définition dogmatique est précisément un cas extraordinaire, provoqué la plupart du temps par des motifs tout à fait particuliers et bien précis.

b) De plus, lorsqu’on parle de la nécessité de vérifier le consensus effectif de tous les évêques dispersés dans le monde ou même de tout le peuple chrétien en matière de foi et de morale, on ne doit pas oublier que ce consensus ne peut être compris dans un sens purement synchronique, mais doit être compris dans un sens diachronique. Cela veut dire que le consensus moralement unanime embrasse toutes les époques de l’Église, et c’est seulement si on écoute cette totalité que l’on demeure dans la fidélité aux Apôtres. " Si quelque part – observe le cardinal Ratzinger dans une étude –, on en venait à former une "majorité" contre la foi de l’Église d’autres temps, ce ne serait absolument pas une majorité " (2).

Il faut observer par ailleurs que la concorde de l’épiscopat universel en communion avec le Successeur de Pierre, quant au caractère doctrinal et contraignant d’une affirmation ou d’une pratique ecclésiale des temps passés, n’est pas annulée ou relativisée par certains désaccords qui pourraient apparaître à une époque postérieure.

c) Enfin, en ce qui concerne spécialement l’enseignement sur l’ordination sacerdotale qui doit être réservée uniquement aux hommes, il faut rappeler que la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis a confirmé que cette doctrine est conservée par la Tradition constante et universelle de l’Église et a été enseignée avec fermeté par le Magistère dans des Documents plus récents (n. 4). Or, on sait que la Tradition est le lieu herméneutique où œuvre et s’exprime sous des formes diverses – parmi lesquelles la persuasion pacifique – la conscience de l’Église quant à la vérité. Dans ce cas spécifique, avec unanimité et stabilité, l’Église n’a jamais pensé que les femmes pourraient recevoir validement l’ordination sacerdotale, et cette même unanimité et stabilité révèlent non pas une décision propre de l’Église, mais son obéissance et sa dépendance à l’égard de la volonté du Christ et des Apôtres. Par conséquent, dans la Tradition universelle en la matière, avec ses traits de stabilité et d’unanimité, on rencontre un enseignement magistériel objectif, définitif et qui lie d’une manière inconditionnelle (3). Le même critère doit aussi être appliqué à d’autres doctrines concernant les normes morales universelles : le meurtre d’un être humain innocent est toujours gravement immoral ; l’adultère ou la calomnie sont toujours un mal… Ces doctrines, bien qu’elles n’aient pas été jusqu’ici déclarées par un jugement solennel appartiennent cependant à la foi de l’Église et sont proposées de manière infaillible par le Magistère ordinaire et universel.

En conclusion, pour que l’on puisse parler de Magistère ordinaire et universel infaillible, on doit exiger que le consensus parmi les évêques ait pour objet un enseignement proposé comme formellement révélé ou comme certainement vrai et incontestable, qui réclame donc de la part des fidèles un assentiment plénier, auquel on ne peut renoncer. On peut partager la requête de la théologie de faire des analyses soignées pour chercher à motiver l’existence de ce consentement ou de cet accord. Mais n’est pas fondée l’interprétation que le contrôle d’un enseignement infaillible du Magistère ordinaire et universel exigerait aussi une formalité particulière dans la déclaration de la doctrine en question. Autrement, on tomberait dans le cas d’espèce de la définition solennelle par le Pape ou le Concile œcuménique (4).

Les clarifications précédentes apparaissent aujourd’hui nécessaires, non pas pour répondre à des questions académiques subtiles et sophistiquées, mais pour repousser une interprétation réductrice et simplificatrice de l’infaillibilité du Magistère, en proposant dans le même temps des principes théologiques corrects pour l’interprétation de la valeur des enseignements magistériels et la qualité des doctrines.

 

II.

En même temps que ces considérations et précisions sous l’aspect doctrinal et théologique, il est opportun de faire aussi certaines réflexions et de donner des orientations sur les remèdes au problème du désaccord public. Il n’est pas possible d’examiner ici dans toute leur ampleur les conséquences d’ordre pastoral et pratique qu’entraîne cette question, mais il est utile de faire le point sur certains aspects fondamentaux qui semblent être à la base et à la racine de ce phénomène. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra éviter de proposer des remèdes purement empiriques et épisodiques.

 

1. On ne peut négliger une donnée fondamentale, qui apparaît certainement première : la racine véritable et profonde du désaccord, c’est la crise de la foi. Il faut donc s’employer à fortifier la vie de foi, comme dimension prioritaire de l’action pastorale de l’Église. Et ce raffermissement de la foi exige et suppose l’appel à une conversion intérieure toujours plus grande et plus profonde.

 

2. La crise spirituelle de la foi comporte, comme une de ses premières conséquences, la crise de l’autorité du Magistère, qui est une crise portant sur l’autorité de l’Église fondée sur la volonté divine. On oppose de manière artificielle l’autorité et la liberté, les détachant de la question de la vérité.

 

3. Il semble donc que l’on doive trouver le tout premier remède dans l’effort en faveur d’une formation spirituelle, doctrinale, intellectuelle, sérieuse et conforme à l’enseignement de l’Église. À cet égard, on peut mettre en évidence certains éléments importants :

a) Tout d’abord la nécessité d’une formation théologique organique et systématique. La spécialisation croissante de la théologie tend à une fragmentation de cette dernière, jusqu’à faire de la théologie une collection de théologies. L’unité organique de la théologie risque de ne pas être sauvegardée et, tandis qu’augmentent les informations sur des détails, on perd la vision unificatrice fondamentale. De la même manière, il faut insister sur la responsabilité des évêques dans la catéchèse, qui doit renforcer le sens de la foi et de l’appartenance à l’Église.

b) La nécessité d’une saine formation philosophique, qui doit absolument comporter la quête métaphysique, dont on ressent aujourd’hui en divers centres d’étude un manque préoccupant.

c) La nécessité de rééquilibrer l’exigence de sauvegarder le droit de l’individu et l’exigence de conserver et de protéger le droit de la communauté et du Peuple de Dieu à la vraie foi et au bien commun. Je voudrais attirer l’attention sur le fait que la vraie tension n’est pas entre la défense du droit de chacun et la défense du droit de la communauté, mais entre ceux qui défendent le droit des plus forts et des plus puissants culturellement, et le droit de ceux qui sont plus faibles et sans défense devant des tendances anti-ecclésiales corrosives.

d) L’urgence de former une opinion publique ecclésiale conforme à l’identité catholique, libre de toute sujétion à l’égard de l’opinion publique laïciste qui se reflète dans les médias. Par ailleurs, l’ouverture aux problèmes du monde doit être bien comprise : elle se fonde sur le dynamisme missionnaire de faire connaître à tous la révélation du Christ et de conduire tous les hommes au mystère du Christ.

 

4. Du point de vie disciplinaire, il apparaît tout à fait opportun de rappeler que les évêques sont tenus d’appliquer effectivement la discipline normative de l’Église, spécialement quand il s’agit de défendre l’intégrité de l’enseignement de la vérité divine. Ceci dans le contexte d’une reprise et d’une forte proposition nouvelle du message chrétien et de la vie spirituelle, selon une évangélisation renouvelée. Du reste, il n’est pas superflu de mettre en relief, surtout en ce moment actuel de l’Église où l’on semble quelque peu réticent à envisager dans leur juste perspective le droit et la loi canonique, que l’observance et l’application de la discipline ecclésiastique ne sont pas en opposition et ne font pas obstacle à la vraie liberté et à l’obéissance à l’Esprit, mais sont des instruments indispensables pour que la communion dans la vérité et la charité soit effective et ordonnée.

L’application des normes canoniques apparaît donc être une protection concrète en faveur des croyants contre les falsifications de la doctrine révélée et contre l’affaiblissement de la foi provoqué par cet " esprit du monde " qui prétend se présenter comme la voix de l’Esprit Saint.

Dans ce contexte, il semble qu’il soit très important de rappeler aussi le Serment de fidélité, publié en 1989 (DC 1989, n° 1962, p. 378-379 ; traduction française officielle : DC 1991, n° 2033, p. 757) à l’occasion de l’entrée en vigueur de la Formule de la profession de foi, qui exprime l’engagement public de bien exercer la fonction confiée, devant l’Église et devant les institutions et les personnes pour lesquelles elle est assumée. Le Serment de fidélité, tout comme plus généralement l’observation de la discipline canonique, exprime précisément l’unité organique qui existe entre l’action et le gouvernement, et la fidélité à l’égard de la profession de la foi et de la vérité chrétienne. Ainsi sont garantis par le Droit le sens de l’identité et l’appartenance à l’Église : il empêche de supposer que l’on appartient à une Église fantomatique, construite seulement à notre propre mesure, mais bien à l’Église de la succession apostolique, de la Parole écrite et transmise avec autorité, des sacrements visibles et de la communion catholique.

En conclusion, les paroles du discours que Jean-Paul II adressa aux membres de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, à la fin de leur réunion plénière de 1995 (DC 1996, n° 2129, p. 14-16), sont toujours éclairantes. À propos du rapport entre Magistère et théologiens, le Pape déclarait : " Le dialogue constant avec les Pasteurs et les théologiens du monde entier vous permet d’être attentifs aux exigences de compréhension et d’approfondissement de la Doctrine de la foi, dont la théologie se fait l’interprète et, en même temps, il vous éclaire sur les initiatives utiles pour encourager et renforcer l’unité de la foi et le rôle de guide du Magistère dans l’intelligence de la vérité et la construction de la communion ecclésiale dans la charité.

L’unité de la foi, en fonction de laquelle le Magistère possède l’autorité et le pouvoir délibératif ultime dans l’interprétation de la Parole de Dieu écrite et transmise, est une valeur primordiale qui, si elle est respectée, n’entraîne pas l’asphyxie de la recherche théologique, mais lui confère un fondement stable. Par sa fonction, qui est d’expliciter le contenu intelligible de la foi, la théologie exprime l’orientation intrinsèque de l’intelligence humaine vers la vérité et l’exigence irrésistible du croyant d’explorer rationnellement le mystère révélé.

Pour atteindre ce but, la théologie ne peut jamais se réduire à la réflexion "privée" d’un théologien ou d’un groupe de théologiens. Le milieu vital du théologien, c’est l’Église, et la théologie, pour demeurer fidèle à son identité, ne peut se passer de participer intimement à la trame de la vie de l’Église, de sa doctrine, de sa sainteté, de sa prière.

Dans ce contexte, la conviction que la théologie a besoin de la parole vivante et clarificatrice du Magistère apparaît pleinement compréhensible et en parfaite cohérence avec la logique de la foi chrétienne. La signification du Magistère dans l’Église doit être envisagée par rapport à la vérité de la doctrine chrétienne. C’est ce que votre Congrégation a bien exposé et précisé dans l’Instruction Donum veritatis (DC 1990, n° 2010, p. 693-701), à propos de la vocation ecclésiale du théologien ".

Et à propos du lien existant entre autorité et vérité, entre exercice de l’autorité et proclamation de la vérité salvifique, le Pape avertit : " Le Magistère, dont l’autorité est exercée au nom de Jésus (cf. Dei Verbum, 10), n’est pas quelque chose d’indépendant ou d’externe à l’égard de la vérité, mais un organe à son service, et même une expression concrète de participation à la transmission de la vérité chrétienne elle-même dans l’histoire ".

 

Tarcisio BERTONE,

Archevêque émérite de Vercelli,

Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi

 

 

 

(1) J. Ratzinger, Il nuovo popolo di Dio, Brescia 1971 p. 180.

(2) J. Ratzinger, La Chiesa, Milan 1991, p. 71.

(3) Dans le passé et jusqu’à ces dernières décennies, les théologiens et les canonistes qui traitèrent le problème ont été unanimes pour considérer l’exclusion des femmes de l’admission au sacerdoce ministériel comme quelque chose d’absolu et qui était fondé sur la divine Tradition apostolique. Voir par exemple ce que Gasparri affirmait dans son Tractatus canonicus de sacra ordinatione (t. I, Paris 1893, p. 75) : " Et quidem prohibentur sub poena nullitatis : ita enim traditio et communis doctorum catholicorum doctrina interpretata est legem Apostoli : et ideo Patres inter haereses recensent doctrinam qua sacerdotalis dignitas et officium mulieribus tribuitur ".

(4) J. Kleutgen, dans son commentaire du second schéma sur l’Église proposé au Concile Vatican I, définit les doctrines du Magistère ordinaire infaillible comme étant celles qui " sont estimées ou transmises comme incontestables " (tamquam indubitata tenentur vel traduntur).

 

 

Source :

> Congrégation pour le Clergé - Bibliothèque de théologie [texte - archive - texte]

> A propos de la réception des documents du Magistère et du désaccord public [archive]

 

10/03/2016

Le rite de paix n’est pas une manifestation collective de convivialité ou de bons sentiments

signe-de-paix-messe.jpg

“Je vous donne ma paix” Jn 14, 27

La vraie paix vient du Christ présent dans l’Eucharistie

Le 7 juin 2014, le Pape François a ordonné que soit publiée une lettre circulaire adressée aux évêques du monde entier au sujet de la pratique du signe de paix au cours de la Messe. La circulaire romaine rappelle que ce geste facultatif doit être fait avec sobriété et rappelle certaines normes à observer. On y lit notamment :

De toute manière, il sera nécessaire que, au moment du signe de la paix, on veille à proscrire définitivement certains abus comme:
- l’introduction d’un «chant pour la paix», qui n’est pas prévu dans le Missel Romain.
- pour les fidèles, le fait de se déplacer pour échanger entre eux le signe de la paix.
- pour le prêtre, le fait de quitter l’autel pour donner la paix à quelques fidèles.
- le fait que le geste de la paix soit l’occasion d’exprimer des congratulations, des vœux de bonheur ou des condoléances aux personnes présentes, dans certaines circonstances, comme, par exemple, à l’occasion des solennités de Pâques et de Noël, ou durant des célébrations de rites, comme le Baptême, la Première Communion, la Confirmation, le Mariage, les sacrées Ordinations, les Professions religieuses et les Obsèques.”

Le document de référence :

> La Lettre circulaire du Saint-Siège en français

> La lettre circulaire du Saint-Siège en italien

> La lettre circulaire du Saint-Siège en espagnol

Quelques articles écrits à ce sujet :

> Le pape précise les conditions du signe de la paix à la messe

> Sur le geste de paix

> La signification rituelle du don de la paix pendant la messe

> Précision du Saint Siège à propos du geste de Paix de la messe

> Pace sì ma senza confusioni

 

Source de l'image : Riposte catholique

12/02/2016

L'entrée en Carême avec Saint Léon le Grand

St Léon le Grand.jpgNous possédons douze sermons que le pape saint Léon le Grand (440-461) a prononcés au début du Carême, à l’occasion du premier dimanche. Les idées qu’il y développe, les conseils qu’il y donne, sont une expression authentique de la tradition de l’Église pour la pratique de ce temps liturgique. Sans doute en avait-il reçu les éléments des Pères qui l’ont précédé, saint Augustin surtout, mais on peut dire qu’il leur a donné un tour achevé, dans cette belle langue oratoire qui est la sienne, encore proche du latin classique. Ces idées, ces conseils, sont simples et peu nombreux, la doctrine en est ferme, éloignée des subtilités philosophiques ou théologiques auxquelles son esprit, avant tout pratique, était peu porté ; l’expression en est multiforme, car il revient souvent sur les mêmes sujets et ne craint pas de se répéter ; aussi nous est-il facile de choisir parmi les textes ceux qui conviennent le mieux à notre dessein, lequel sera de rechercher dans quelles dispositions doit se mettre le chrétien abordant le Carême, s’il veut retirer de la pratique de ce temps salutaire tout le fruit spirituel qu’on en peut attendre.

Qu'est-ce que le carême ?

Et tout d’abord saint Léon donne-t-il des définitions du Carême ? Si oui, elles pourront nous éclairer sur l’idée qu’il s’en fait. Effectivement, il l’appelle un « service plus empressé du Seigneur » (1,3)[1], une « compétition de saintes œuvres » (ibid.), un « stade où l’on combat par le jeûne » (1,5), un « accroissement de toute la pratique religieuse » (II, 1), un « temps où la guerre est déclarée aux vices, où s’accroît le progrès de toutes les vertus » (II, 2), « le plus grand et le plus sacré des jeûnes » (IV, 1 ; XI, 1), un « entraînement de quarante jours » (IV, 1), les « jours mystiques et consacrés aux jeûnes salutaires » (IV, 2), les jours « plus spécialement marqués par le mystère de la restauration humaine » (VI, 1), etc. Autant d’expressions qui suggèrent les idées d’exercice, de lutte, de ferveur religieuse, d’espérance aussi. Nous allons les retrouver, ces idées, tout au long de l’analyse détaillée qu’il nous faut entreprendre maintenant.

 

Il faut se réveiller par l'attention

En premier lieu, c’est un appel à l’attention, à l’intérêt, au désir, que saint Léon, avec la liturgie du premier dimanche, adresse à son auditeur, l’empruntant à l’Apôtre : « C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est aujourd’hui le jour du salut. » Sans doute c’est en tout temps que Dieu nous appelle, c’est en tout temps que « la grâce de Dieu nous ménage l’accès à sa miséricorde » (IV, 1). Cependant cette grâce est plus abondante à présent, car nous allons nous préparer à célébrer le plus grand de tous les mystères, plus grand que toutes ses préparations, le mystère de notre Rédemption, « vers lequel convergent tous les sacrements de la divine miséricorde » (XI, 4). Or l’appel d’en haut ne s’adresse pas seulement à ceux qui vont recevoir à Pâques le sacrement de la régénération, et « passer à une vie nouvelle par le mystère de la mort et de la résurrection du Christ » (V, 3) ; non, cet appel retentit pour tous les membres du peuple chrétien :

Les uns ont besoin de cette sanctification pour recevoir ce qu’ils ne possèdent pas encore, les autres pour conserver ce qu’ils ont déjà reçu (ibid.).

Certes un mystère si sublime, à l’influence duquel nul temps de l’année n’échappe, devrait être constamment présent à l’esprit des chrétiens, et exigerait une dévotion sans défaillance et un respect sans relâche, en sorte que nous demeurions toujours, sous le regard de Dieu, tels que nous devrions nous trouver en la fête même de Pâques. Mais une telle vertu n’est le fait que d’un petit nombre : les pratiques plus austères se relâchent par suite de la faiblesse de la chair et le zèle se détend au milieu des activités variées de cette vie ; il est dès lors inévitable que les âmes pieuses elles-mêmes se laissent ternir par la poussière du monde (IV, 1).

saint Léon le Grand.jpgOr ne croyons pas que ces impuretés ne soient que superficielles ; elles entrent en nous plus avant que nous ne le soupçonnons :

A quoi bon une recherche extérieure qui affiche les apparences de l’honorabilité, si l’intérieur de l’homme est souillé par l’infection de quelque vice ? Donc tout ce qui ternit la pureté de l’âme et le miroir de l’esprit doit être soigneusement effacé et en quelque sorte gratté pour que l’on retrouve l’éclat premier (II1, 1).

Nous ne devrons donc pas nous contenter de rechercher une correction tout extérieure, non, il va falloir pénétrer dans les replis du cœur, et, s’il faut « gratter » le miroir de l’âme que les fautes et les négligences ont laissé se ternir, cela n’ira pas sans souffrance.

Or si cela est nécessaire aux âmes les plus délicates, combien davantage doivent le rechercher celles qui ont passé presque tout le temps de l’année avec plus de confiance en elles-mêmes ou peut-être plus de négligence (V, 3) ?

D’où l’utilité pour tous de l’institution divine du carême, institution éminemment bienfaisante qui a prévu, pour rendre la pureté à nos âmes, le remède d’un entraînement de quarante jours au cours duquel les fautes des autres temps pussent être rachetées par les bonnes œuvres et consumées par les saints jeûnes (IV, 1).

Utilité pour tous, avons-nous dit, car c’est à tous que s’adresse l’avertissement du Prophète : « Préparez la route du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » C’est, en effet, un « passage » de Dieu, la Pâque, et malheur à qui n’y est pas attentif !

Se reprendre en main par la résolution

En vue de ce passage, que toute vallée soit comblée, continue le Prophète, toute montagne ou colline abaissée ; que les chemins tortueux deviennent droits et les rocailleux unis. Or la vallée signifie la douceur des humbles, la montagne et la colline l’élèvement des superbes (VII, 1).

Il faut arriver à ce résultat que, sur ces hauteurs aplanies, le pied puisse se poser sans craindre les chutes et que les chemins n’offrent plus rien de tortueux : ce sera alors une joie d’avancer pour celui qui foulera une route affermie par l’empierrement des vertus et non un chemin rendu mouvant par le sable des vices.

L’âme a été rendue mouvante et versatile par les habitudes vicieuses, il va falloir l’affermir par les habitudes des vertus. Car le péché originel et les fautes personnelles ont déséquilibré la créature raisonnable faite à l’image de Dieu dans la rectitude. L’âme spirituelle doit reconquérir son empire naturel qui est tout l’homme ; faute de quoi, c’est l’anarchie et rien de bon ne se fait. Saint Léon, après saint Paul, trace un tableau des luttes d’influences qui se livrent en nous :

Il se livre en nous bien des combats : autres sont les visées de la chair sur l’esprit, autres celles de l’esprit sur la chair. Que, dans cette lutte, les convoitises du corps soient les plus fortes, et la volonté raisonnable perdra honteusement la dignité qui lui est propre, et, pour son plus grand malheur, deviendra l’esclave de celui qu’elle était faite pour commander. Si au contraire l’esprit soumis à son Souverain et prenant plaisir aux faveurs célestes foule aux pieds les provocations des voluptés terrestres et ne permet pas au péché de régner dans son corps mortel, la raison alors gardera le rang qui lui convient par excellence, le premier… Car il n’y a pour l’homme de vraie paix et de vraie liberté que lorsque son corps est soumis à l’âme comme à son juge et l’âme conduite par Dieu comme par son supérieur (1, 2).

Voilà donc l’objectif tracé : rétablir toutes choses à leur place et rétablir l’homme dans la paix qui est « tranquillité de l’ordre » ; en somme l’unifier, car tous les vices sont des manifestations individualistes qui s’opposent autant à l’unité intérieure qu’à l’unité des saints, où tous sont épris de la même chose, tous ont le même sentiment, où il n’y a place ni pour les superbes, ni pour les envieux, ni pour les avares (X, 2).

 

Pour lire tous les points de l'article :

 

Source : L'entrée en Carême avec Saint Léon le Grand

11/12/2015

Le théologien du Pape François rappelle que les conférences épiscopales ne peuvent pas changer la doctrine

FatherWojciechGiertych.jpg

ROME, 4 novembre 2015 (LifeSiteNews/Québec-Vie) -- La conscience est une fenêtre ouverte sur la vérité, selon le théologien du Pape. Et un acte de conscience est un acte de raison qui ne doit pas être confondu avec les émotions.

Le théologien de la Maison Pontificale, le Père Wojciech Giertych, s’est entretenu avec LifeSiteNews pendant la dernière semaine du Synode sur la famille au Vatican afin de discuter de certains sujets analysés lors de la rencontre internationale des évêques organisée pour traiter des défis de la famille. Le Père Giertych n’a pas pris part au synode, il n’avait donc accès à aucune des  discussions à huis clos qui s’y sont déroulées, il ne pouvait pas non plus parler des principales évolutions du synode. Cependant, le théologien de service du Pape, le Père Giertych est une ressource précieuse en ce qui concerne les enseignements de l’Église. Et il pouvait apporter de la lumière sur certains sujets d’ordre moral largement discutés au synode.

À l’égard du sujet fondamental de la conscience, soulevé pendant la rencontre du synode, LifeSiteNews a interrogé le Père Giertych sur l’indifférence générale de la société envers le péché et ses répercussions.

Il a affirmé qu’il y a aujourd’hui une absence du sens du péché dans la plupart des pays du monde, ce qui entraine des vraies conséquences dans la vie des gens. « Si la perception de la vérité morale est ambiguë, alors les gens sont perdus », a déclaré le Père Giertych. « Les gens ne sont pas sûrs de distinguer le bien du mal ». Par conséquent, la conscience est souvent invoquée à l’heure actuelle pour encourager les gens à agir en suivant leurs impulsions et leurs désirs, sans se soucier du péché ou des conséquences.

Parlant spécifiquement du synode, « l’inviolabilité de la conscience » est le mot qui a suscité l’attention, ce qui a pour objectif d’établir comme essentielle, la conscience individuelle de la personne, sans avoir au préalable défini la conscience.

Nous devons faire attention au sens que nous donnons au mot “conscience,” a dit le Père Giertych à LifeSiteNews. « La conscience est l’acte de la raison pratique », a-t-il déclaré. « Beaucoup confondent la conscience avec les émotions », a affirmé le Père Giertych. « Les émotions sont secondaires; la conscience est une fenêtre ouverte sur la vérité… La conscience doit être formée pour découvrir la vérité ».

Nous ne devons pas confondre notre conscience avec nos émotions, a-t-il poursuivi. Nous devons plutôt rechercher la vérité. L’exercice de la conscience n’a rien d’arbitraire. « Il faut percevoir la vérité par la raison », a déclaré le Père Giertych. Cela signifie prendre en considération tous les facteurs en cause.

Il y a trois critères principaux qui déterminent une perception individuelle de la vérité liée à un acte de la conscience, a déclaré le Père Giertych à LifeSiteNews. Ce sont : l’intention, l’objet de l’acte, et les circonstances. « Si l’un des trois manque, alors l’acte en entier est inapproprié ».

La vérité d’un acte de conscience peut varier selon ces critères. La question de savoir si un médecin devrait amputer le membre d’un patient est un exemple qu’il a donné. C’est une affaire très sérieuse, et il serait inadéquat d’enlever le membre dans un milieu médical où il aurait pu être sauvé. Par contre, c’est une problématique complètement différente que de laisser le membre et de provoquer la mort du patient.

Le Père Giertych a ajouté que bien que les conditions qui établissent les critères d’un acte de conscience puissent varier, la définition de la conscience et son application ne le peuvent pas. « L’idée d’une conscience subjective qui consiste à vivre en inventant ses principes moraux est absurde. C’est absolument faux », a-t-il déclaré à LifeSiteNews. Le concept de la conscience a imprégné la plupart des discussions du synode parce qu’il était directement lié aux sujets d’ordre moral soulevés là-bas.

Le thème de l’accès à la Sainte Communion des catholiques divorcés et remariés faisait partie des sujets les plus âprement débattus. Le Père Giertych est revenu pour LifeSiteNews sur la question fondamentale suivante : qui doit recevoir l’Eucharistie?

« Avant de recevoir la Sainte Communion, chaque personne doit se demander si elle reçoit dignement la Communion, c’est-à-dire en croyant que c’est le Corps, le Sang, l’Âme et la Divinité de Jésus-Christ sous les espèces du pain et du vin », a-t-il dit, « et la personne doit être en état de grâce. Cela signifie qu’elle est consciente de n’avoir commis aucun péché mortel ».

Lorsqu’une personne a commis un péché mortel, a déclaré le Père Giertych, elle doit recevoir l’absolution de son péché avant de recevoir la Communion. « Si tel est le cas, alors il faut aller se confesser et recevoir l’absolution du péché », a-t-il déclaré. Une conversion parfaite est nécessaire afin d’être digne de recevoir la Communion, a ajouté le théologien du Pape, et cela signifie une conversion vers Dieu et une aversion envers le péché. La même chose peut être dite dans toute tentation, a expliqué le Père Giertych, comme le cas des Catholiques qui vivent objectivement dans une situation contraire à la vérité morale.

Personne n’a droit à la Communion; c’est plutôt un cadeau du Seigneur qui doit être offert avec considération. « Nous recevons les grâces de Dieu sous forme de cadeau », a déclaré le Père Giertych. « Nous devons donc nous maintenir dans une attitude de reconnaissance… Par contre si nous nous approchons des cadeaux de Dieu avec notre liste de demandes, cela détruit la pureté de notre relation avec Dieu. Par conséquent toute notion de droit est incorrecte. C'est inapproprié ».

« L’enseignement de St Paul est clair », a expliqué le théologien : « Nous devons être dignes de recevoir l’Eucharistie, nous ne pouvons pas la recevoir indignement, et l’affirmation du péché rend une personne indigne ».

Réagissant à l’idée souvent exprimée selon laquelle la Communion n’est pas une prime pour les parfaits, mais un médicament pour les malades, le Père Giertych a déclaré que cela n’éliminait pas les conditions nécessaires pour être digne de recevoir la Communion.

« Les sacrements, c’est une nourriture », a-t-il dit, « mais une nourriture qui doit être consommée dans la vérité, et dans une pure relation de reconnaissance envers Dieu, et dans la reconnaissance de la lumière que Dieu nous a donnée ».

Le Père Giertych a fait remarquer que les Commandements et l’enseignement moral transmis dans l’Église sont aussi un cadeau, et chaque personne doit accepter tous les cadeaux que Dieu donne afin de les accueillir convenablement. « Nous recevons Jésus non seulement dans les sacrements, mais aussi dans l’enseignement qui accompagne ces sacrements », a-t-il ajouté.

Et le Père Giertych a rejeté l’idée du supermarché en disant : « vous entrez dans un supermarché : ‘Je veux ceci, non, je ne veux pas cela’…Mais dans notre relation avec Dieu, nous ne pouvons pas lui imposer notre propre liste de demandes. ‘Je veux ces grâces, je ne veux pas celles-là…’ Si notre relation avec Dieu est pure, nous les acceptons toutes ».

Par rapport à l’argument selon lequel l’Église doit adapter son enseignement aux standards de la société d’aujourd’hui, le Père Giertych rappelle que les temps actuels ne sont pas du tout différents des autres, donc aucune justification ne favorise la compromission des principes de l’Église. Il n’y a rien de nouveau dans le fait que les temps changent et que l’Église doive relever de nouveaux défis, a-t-il déclaré à LifeSiteNews. L’Église a dû inventer des moyens pratiques afin d’aider les gens à vivre la plénitude de l’Évangile dans le passé, a-t-il dit, mais la plénitude de l’Évangile n’a pas changé.

« La nature humaine, les sacrements, la grâce divine, ce que nous recevons du Christ et l’identité de l’Église, la mission de l’Église n’a pas changé. Les principes n’ont pas changé; la nature humaine n’a pas changé. Et la référence que Dieu nous a finalement donnée à travers le Verbe fait chair, dans le Christ, cela n’a pas changé ».

Quant au thème de la décentralisation de l’Église discuté pendant le Synode, le Père Giertych a immédiatement corrigé l’erreur qui consiste à penser que le Vatican contrôle tout. Il a déclaré que le terme décentralisation s’applique au gouvernement.

Il a aussi ajouté que l’Église a toujours défendu l’idée de subsidiarité – idée selon laquelle il est toujours mieux de permettre à l’autorité locale de traiter les problèmes dans la mesure du possible. « Par contre, penser que les sujets d’ordre doctrinal pourraient être gérés au niveau diocésain est faux », a-t-il dit. « Cette tâche ne revient pas à l’évêque ».

Les évêques locaux doivent régler des affaires dans leurs diocèses respectifs, mais seulement dans le respect de l’enseignement de l’Église. Un évêque ne peut pas décider en matière de doctrine parce qu’il n’a pas l’autorité nécessaire, car l’enseignement de l’Église vient de l’Église et ne peut donc pas être changé. « L’évêque local devrait résoudre les problèmes de son diocèse au moyen de l’Évangile, de l’enseignement de l’Église et de la Tradition », a déclaré le Père Giertych.

 

Par Lisa Bourne de LifeSiteNews - Traduit par Québec Vie.

 

Synode : 3 cardinaux attendent du Pape une parole claire suite à la confusion

napier-pope-717x450.jpg

Trois cardinaux disent attendre du pape François, au sujet des thèmes discutés au synode, une parole claire et en pleine continuité avec le magistère précédent de l'Église. Extraits des traductions de Benoît-et-moi :

Cardinal Sarah :

"Le Synode a voulu aider et accompagner ces baptisés qui se trouvent dans une situation de vie contraire aux paroles de Jésus. Et il a annoncé que la porte est toujours ouverte pour eux, puisque Dieu ne cesse d'appeler à la conversion et d'agir dans leur cœur pour régénérer leur désir vers la vie pleine que Dieu nous a annoncée.

Certainement, proposer des voies qui ne conduisent pas à cette vie pleine n'est pas "ouvrir les portes". La porte que Dieu ouvre nous conduit toujours à lui, à la demeure où nous pouvons vivre sa vie. Le péché ferme la porte de la vie. Admettre une personne à la communion eucharistique lorsqu'elle vit en contradiction manifeste avec les paroles du Christ signifie ouvrir une porte qui ne conduit pas au Christ, à savoir fermer la vraie porte de la vie. Rappelons-nous: la porte c'est Jésus, l'Église ne peut ouvrir que cette porte; le pasteur qui ne peut pas entrer par cette porte n'est pas un vrai pasteur. Car "celui qui n'entre point par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis." (Jn, 10, 1-2.7).

Le document du synode (nn. 84-86) n'affirme rien d'autre et le texte écrit est le seul sûr pour interpréter correctement ce que le synode a voulu dire. Le document parle du devoir du pasteur d'accompagner les personnes, sous la conduite de l'évêque, mais il ajoute aussi, et cela est très important, que l'accompagnement doit se faire "selon l'enseignement de l'Église". Cet enseignement inclut sans aucun doute la lecture non déformée, mais complète et fidèle de "Familiaris Consortio" n.84 et de "Sacramentum caritatis" n.29, ainsi que du Catéchisme de l'Église Catholique. 

L'accompagnement, qui tiendra compte des circonstances concrètes, a un objectif commun: conduire la personne vers une vie en accord avec la vie et la parole de Jésus; et, au bout du chemin, la décision d'abandonner la nouvelle union ou de vivre en elle dans la continence absolue. Renoncer à cet objectif c'est renoncer aussi au chemin. 

Il est vrai que le texte ne répète pas explicitement cet enseignement, et en ce sens il a été interprété de différentes manières par la presse. Mais c'est une interprétation abusive, trompeuse, qui en déforme la signification. Le texte ne parle jamais de donner l'eucharistie à ceux qui continuent de vivre d'une façon qui lui est manifestement contraire. S'il y a des silences, ils doivent être interprétés selon l'herméneutique catholique, c'est à dire à la lumière du magistère précédent et constant, un magistère qui n'est jamais nié par le texte. En d'autres mots, aux divorcés remariés civilement la porte de la communion eucharistique reste fermée par Jésus lui-même qui a dit: "celui qui répudie sa femme, sauf en cas de prostitution, et en épouse une autre, commet un adultère. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni! "(Mt, 19, 9.6).

Elle est fermée par "Familiaris Consortio", n. 84, par "Sacramentum Caritatis" n. 29 et par le Catéchisme de l'Église Catholique. Enfoncer cette porte ou rentrer par un autre côté signifie réécrire un autre évangile et s'opposer à Jésus Christ Notre Seigneur. Je suis tout à fait certain que le pape François interprète les numéros 84-86 de la Relation synode en parfaite continuité et fidélité à ses prédécesseurs. En effet, dans une interview au quotidien argentin "La Nación" il a affirmé: "Que faisons nous avec eux, quelle porte peut-on ouvrir? Il y a une inquiétude pastorale, et alors, allons-nous leur donner la communion? Ce n'est pas une solution que de leur donner la communion. Ceci uniquement n'est pas la solution, la solution est l'intégration"." 

Cardinal Napier :

"En revenant sur les deux derniers synodes, j'identifie une claire évolution partant d'un fort accent sur les problèmes et défis auxquels la Famille est confrontée, vers un examen plus attentif de ce que Dieu attend de la Famille qu'il a établie depuis le début, qu'il a appelée à élever et prendre soin des enfants et qu'il a ensuite envoyée bâtir l'Église et la Société. Alors que de nombreuses interventions ont continué à mettre en évidence deux problèmes spécifiques, beaucoup de Pères Synodaux ont gardé ce thème à l'esprit et se sont donc concentrés sur ce que l’Église doit faire pour clarifier auprès des familles que leur appel est un réel appel de Dieu - croître et se multiplier, de manière à prendre soin de toute la Création de Dieu.

J'attends du Pape François qu'il fasse clairement la lumière sur ce que les couples mariés doivent faire pour construire des mariages solides par le Sacrement du Mariage et une vie de famille bien structurée qui mette l'accent sur la Prière, les dévotions et les Sacrements, tous célébrés ensemble comme une Famille! Nous attendons une forte réaffirmation de l'enseignement de l'Église avec un fort accent sur la préparation et l'accompagnement des nouveaux époux et de ceux en des situations difficiles."

Cardinal Pell :

"Certains ont voulu dire, à propos du récent synode, que l'Église est confuse et répand la confusion, dans son enseignement sur la question du mariage. Ce n'est pas le cas. La doctrine de l'église sur la sexualité, le mariage et la famille continue de se fonder sur l'enseignement propre de Jésus au sujet de l'adultère et du divorce. L'enseignement de saint Paul sur les dispositions adéquates pour recevoir la communion reste fondamental dans la question controversée de l'impossibilité de donner la communion aussi aux divorcés civilement mariés. Une telle "possibilité" n'est même pas citée dans le document synodal. Nous attendons maintenant l'exhortation apostolique du Saint-Père, qui va encore une fois exprimer la tradition essentielle de l'Église et soulignera que l'appel au discernement et au for intérieur peut être utilisé uniquement pour mieux comprendre la volonté de Dieu, ainsi qu'elle est enseignée dans les Écritures et par le magistère, et ne peut jamais être utilisée pour mépriser, déformer ou réfuter l'enseignement établi par l'Église

Prions ce soir pour notre Saint-Père François afin que, comme saint Clément, il prépare cet enseignement pour clarifier aux fidèles ce que signifie suivre le Seigneur, dans son Église, dans notre monde. En cette fête de saint Clément prions pour le pape François, afin qu'il continue à enseigner et à nous exhorter à suivre les vérités de la foi, qui sont toujours plus fortes qu'un aride laïcisme horizontal."

 

(Le Salon Beige / Benoît-et-moi / Settimo Cielo)

10/12/2015

Encyclique Veritatis Splendor sur l'enseignement moral de l'Église - IV - "Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir"

 

LETTRE ENCYCLIQUE
VERITATIS SPLENDOR
DU SOUVERAIN PONTIFE
JEAN-PAUL II
À TOUS LES ÉVÊQUES
DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
SUR QUELQUES QUESTIONS FONDAMENTALES
DE L'ENSEIGNEMENT MORAL DE L'ÉGLISE

 

(...)

CHAPITRE I - «MAÎTRE, QUE DOIS-JE FAIRE DE BON?» (Mt 19, 16) - Le Christ et la réponse à la question morale

(...)

« Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 17)

12. Seul Dieu peut répondre à la question du bien, parce qu'il est le Bien. Mais Dieu a déjà répondu à cette question : il l'a fait en créant l'homme et en l'ordonnant avec sagesse et avec amour à sa fin, par le moyen de la loi inscrite dans son cœur (cf. Rm 2, 15), la « loi naturelle ». Elle « n'est rien d'autre que la lumière de l'intelligence, infusée en nous par Dieu. Grâce à elle, nous connaissons ce que nous devons accomplir et ce que nous devons éviter. Cette lumière et cette loi, Dieu les a données dans la création » 19. Il les a données ensuite au cours de l'histoire d'Israël, en particulier par les « dix paroles », c'est-à-dire les commandements du Sinaï, par lesquels Il a fondé l'existence du peuple de l'Alliance (cf. Ex 24) et l'a appelé à être son « bien propre parmi tous les peuples », « une nation sainte » (Ex 19, 5-6) qui fasse resplendir sa sainteté parmi toutes les nations (cf. Sg 18, 4 ; Ez 20, 41). Le don du Décalogue est promesse et signe de l'Alliance nouvelle, lorsque la Loi sera nouvellement inscrite à jamais dans le cœur de l'homme (cf. Jr 31, 31-34) en remplaçant la loi du péché qui avait dénaturé ce cœur (cf. Jr 17, 1). Alors sera donné « un cœur nouveau », car « un esprit nouveau » l'habitera, l'Esprit de Dieu (cf. Ez 36, 24-28) 20.

C'est pourquoi, après l'importante précision « un seul est le Bon », Jésus répond au jeune homme : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 17). De cette manière est énoncé un lien étroit entre la vie éternelle et l'obéissance aux commandements de Dieu : ce sont les commandements de Dieu qui indiquent à l'homme le chemin de la vie et qui conduisent vers elle. Par la bouche même de Jésus, nouveau Moïse, les commandements du Décalogue sont redonnés aux hommes ; lui- même les confirme définitivement et nous les propose comme chemin et condition du salut. Le commandement est lié à une promesse : dans l'Ancienne Alliance, l'objet de la promesse était la possession d'une terre où le peuple aurait pu mener son existence dans la liberté et selon la justice (Dt 6,20-25) ; dans la Nouvelle Alliance, l'objet de la promesse est le « Royaume des cieux », comme Jésus l'affirme au début du « Discours sur la Montagne » - discours qui contient la formulation la plus large et la plus complète de la Loi nouvelle (Mt 5-7) -, en relation évidente avec le Décalogue confié par Dieu à Moïse sur la montagne du Sinaï. À la même réalité du Règne de Dieu se rapporte l'expression « vie éternelle », qui est participation à la vie même de Dieu : celle-ci ne se réalise parfaitement qu'après la mort, mais, dans la foi, elle est dès à présent lumière de vérité, source de sens pour la vie et commencement de participation à la plénitude dans la suite du Christ. En effet, après la rencontre avec le jeune homme riche, Jésus dit à ses disciples : « Quiconque aura laissé maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle » (Mt 19,29).

13. La réponse de Jésus ne suffit pas au jeune homme qui insiste en interrogeant le Maître sur les commandements à observer : « " Lesquels ? " lui dit-il » (Mt 19, 18). Il demande ce qu'il doit faire dans la vie pour manifester qu'il reconnaît la sainteté de Dieu. Après avoir orienté le regard du jeune homme vers Dieu, Jésus lui rappelle les commandements du Décalogue qui ont trait au prochain : « Jésus reprit : " Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même " » (Mt 19, 18-19).

Du contexte de l'échange, et spécialement de la confrontation du texte de Matthieu avec les passages parallèles de Marc et de Luc, il ressort que Jésus n'entend pas dresser la liste de tous les commandements nécessaires pour « entrer dans la vie », mais plutôt qu'il entend attirer l'attention du jeune homme sur la « centralité » du Décalogue par rapport à tout autre précepte, en tant qu'interprétation de ce que signifie pour l'homme : « Je suis le Seigneur, ton Dieu ». [*] Nous ne pouvons donc pas ne pas prêter attention aux commandements de la Loi que le Seigneur Jésus rappelle au jeune homme ; ce sont des commandements qui font partie de ce qu'on appelle la « seconde table » du Décalogue, dont le résumé (cf. Rm 13, 8-10) et le fondement sont le commandement de l'amour du prochain : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 19, 19 ; cf. Mc 12, 31). Dans ce commandement s'exprime précisément la dignité particulière de la personne humaine, qui est la « seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » 21. Les différents commandements du Décalogue ne sont en effet que la répercussion de l'unique commandement du bien de la personne, au niveau des nombreux biens qui caractérisent son identité d'être spirituel et corporel en relation avec Dieu, avec le prochain et avec le monde matériel. Comme nous lisons dans le Catéchisme de l’Église catholique, « les dix commandements appartiennent à la révélation de Dieu. Ils nous enseignent en même temps la véritable humanité de l'homme. Ils mettent en lumière les devoirs essentiels et donc, indirectement, les droits fondamentaux, inhérents à la nature de la personne humaine » 22.

Les commandements rappelés par Jésus à son jeune interlocuteur sont destinés à sauvegarder le bien de la personne, image de Dieu, par la protection de ses biens. « Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage », sont des normes morales formulées en termes d'interdits. Les préceptes négatifs expriment fortement la nécessité imprescriptible de protéger la vie humaine, la communion des personnes dans le mariage, la propriété privée, la véracité et la bonne réputation.

Les commandements représentent donc la condition de base de l'amour du prochain ; en même temps, ils en sont la vérification. Ils sont la première étape nécessaire sur le chemin vers la liberté, son commencement : « La première liberté, écrit saint Augustin, c'est donc de ne pas commettre de péchés graves... comme l'homicide, l'adultère, les souillures de la fornication, le vol, la tromperie, le sacrilège et toutes les autres fautes de ce genre. Quand un homme s'est mis à renoncer à les commettre — et c'est le devoir de tout chrétien de ne pas les commettre —, il commence à relever la tête vers la liberté, mais ce n'est qu'un commencement de liberté, ce n'est pas la liberté parfaite... » 23.

14. Cependant ceci ne signifie pas que Jésus entend privilégier l'amour du prochain ou encore moins le séparer de l'amour de Dieu ; en témoigne son dialogue avec le docteur de la Loi : ce dernier, qui pose une question très voisine de celle du jeune homme, se voit renvoyé par Jésus aux deux commandements de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain (cf. Lc 10, 25-27) et il est invité à se souvenir que seule leur observance conduit à la vie éternelle : « Fais cela et tu vivras » (Lc 10, 28). Il est donc significatif que ce soit précisément le second de ces commandements qui suscite la curiosité et l'interrogation du docteur de la Loi : « Et qui est mon prochain ? » (Lc 10, 29). Le Maître répond par la parabole du bon Samaritain, parabole-clé pour la pleine compréhension du commandement de l'amour du prochain (cf. Lc 10, 30-37).

Les deux commandements, auxquels « se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (Mt 22, 40), sont profondément unis entre eux et s'interpénètrent. Jésus rend témoignage de leur indivisible unité par ses paroles et par sa vie : sa mission culmine à la Croix rédemptrice (cf. Jn 3, 14-15), signe de son amour inséparable envers le Père et envers l'humanité (cf. Jn 13, 1).

L'Ancien et le Nouveau Testament affirment explicitement que, sans l'amour du prochain qui se concrétise dans l'observance des commandements, l'amour authentique pour Dieu n'est pas possible. Saint Jean l'écrit avec une force extraordinaire : « Si quelqu'un dit " J'aime Dieu " et qu'il déteste son frère, c'est un menteur : celui qui n'aime pas son frère qu'il voit ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). L'évangéliste fait écho à la prédication morale du Christ, exprimée de manière admirable et sans équivoque dans la parabole du bon Samaritain (cf. Lc 10, 30-37) et dans le « discours » du jugement dernier (cf. Mt 25, 31-46).

15. Dans le « Discours sur la Montagne », qui constitue la magna carta de la morale évangélique 24, Jésus dit : « N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi et les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17). Le Christ est la clé des Écritures : « Vous scrutez les Écritures; ce sont elles qui me rendent témoignage » (Jn 5, 39) ; il est le centre de l'économie du salut, la récapitulation de l'Ancien et du Nouveau Testament, des promesses de la Loi et de leur accomplissement dans l’Évangile ; il est le lien vivant et éternel entre l'Ancienne et la Nouvelle Alliance. Commentant l'affirmation de Paul « la fin de la loi, c'est le Christ » (Rm 10, 4), saint Ambroise écrit : « Fin, non en tant qu'absence, mais en tant que plénitude de la Loi : elle s'accomplit dans le Christ (plenitudo legis in Christo est), du fait qu'il est venu non pour supprimer la Loi, mais pour la porter à son accomplissement. De la même manière qu'il y a un Ancien Testament, et que toute vérité cependant se trouve dans le Nouveau Testament, ainsi en est-il de la Loi : celle qui a été donnée par l'intermédiaire de Moïse est la figure de la vraie Loi. Donc, la Loi mosaïque est le prototype de la vérité » 25.

Jésus porte à leur accomplissement les commandements de Dieu, en particulier le commandement de l'amour du prochain, en intériorisant et en radicalisant leurs exigences ; l'amour du prochain jaillit d'un cœur qui aime, et qui, précisément parce qu'il aime, est disposé à en vivre les exigences les plus hautes. Jésus montre que les commandements ne doivent pas être entendus comme une limite minimale à ne pas dépasser, mais plutôt comme une route ouverte pour un cheminement moral et spirituel vers la perfection, dont le centre est l'amour (cf. Col 3, 14). Ainsi, le commandement « tu ne tueras pas » devient l'appel à un amour prompt à soutenir et à promouvoir la vie du prochain ; le précepte qui interdit l'adultère devient une invitation à un regard pur, capable de respecter le sens sponsal du corps : « Vous avez entendu qu'il a été dit aux ancêtres : " Tu ne tueras point " ; et si quelqu'un tue, il en répondra au tribunal. Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal ; 2 Vous avez entendu qu'il a été dit : " Tu ne commettras pas l'adultère ". Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l'adultère avec elle » (Mt 5, 21-22. 27-28). Jésus est « l'accomplissement » vivant de la Loi en tant qu'il en réalise la signification authentique par le don total de lui-même : il devient lui-même la Loi vivante personnifiée, qui invite à sa suite, qui, par son Esprit, donne la grâce de partager sa vie et son amour même, et qui donne la force nécessaire pour en témoigner par les choix et par les actes (cf. Jn 13, 34-35).

(...)

 

Encyclique Veritatis Splendor sur quelques question fondamentales de l'enseignement moral de l’Église.

 

1990574298.jpg

 

19 S. Tommaso D’Aquino In Duo Praecepta Caritatis et in Decem Legis Praecepta. Prologus: Opuscula Theologica, II, No. 1129, Ed. Taurinens. (1954), 245; cf Summa Theologiae, I-II, q. 91, a. 2; Catechismo della Chiesa Cattolica, n. 1955.

20 Cf S. Massimo il Confessore, Quaestiones ad Thalassium, q. 64: PG 90, 723-728.

21 CONC. ECUM. VAT. II, Cost. past. sulla Chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes 24.

22 Catechismo della Chiesa Cattolica, n. 2070.

23 In lohannis Evangelium Tractatus, 41, 10: CCL 36, 363.

24 Cf S. Agostino, De Sermone Domini in Monte, I, 1, 1: CCL 35, 1-2.

 

> Texte intégral de l'encyclique : site de la Congrégation pour le Clergé  [> archive en ligne]

> Texte intégral de l'encyclique: bibliothèque catholique en ligne  [> archive en ligne]

 

[*]

Latina: Ex colloquii contextu et, praesertim, ex comparatione Matthaei textus cum Lucae et Marci locis parallelis, patet Iesum non recensere velle omnia et singula mandata ad “ingrediendum in vitam” necessaria, sed potius adulescentem commonefacere “naturae centralis” Decalogi prae quovis alio praecepto, utpote quae id interpretetur, quod homini significet “Ego sum Dominus, Deus tuus”.

Italiano: Dal contesto del colloquio e, specialmente, dal confronto del testo di Matteo con i passi paralleli di Marco e di Luca, risulta che Gesù non intende elencare tutti e singoli i comandamenti necessari per «entrare nella vita», ma, piuttosto, rimandare il giovane alla centralità del Decalogo rispetto ad ogni altro precetto, quale interpretazione di ciò che per l'uomo significa «Io sono il Signore, Dio tuo».

Español: Por el contexto del coloquio y, especialmente, al comparar el texto de Mateo con las perícopas paralelas de Marcos y de Lucas, aparece que Jesús no pretende detallar todos y cada uno de los mandamientos necesarios para «entrar en la vida» sino, más bien, indicar al joven la «centralidad» del Decálogo respecto a cualquier otro precepto, como interpretación de lo que para el hombre significa «Yo soy el Señor tu Dios».

Português: Pelo contexto do diálogo e especialmente pela comparação do texto de Mateus com as passagens paralelas de Marcos e de Lucas, vê-se que Jesus não pretende enumerar todos e cada um dos mandamentos necessários para «entrar na vida», mas sobretudo, remeter o jovem para a «centralidade» do Decálogo relativamente a qualquer outro preceito, como interpretação daquilo que significa para o homem «Eu sou o Senhor, teu Deus».

English: From the context of the conversation, and especially from a comparison of Matthew's text with the parallel passages in Mark and Luke, it is clear that Jesus does not intend to list each and every one of the commandments required in order to "enter into life", but rather wishes to draw the young man's attention to the "centrality" of the Decalogue with regard to every other precept, inasmuch as it is the interpretation of what the words "I am the Lord your God" mean for man.

Polski: Z kontekstu rozmowy, a zwłaszcza z porównania zapisu Mateuszowego z paralelnymi fragmentami Ewangelii Marka i Łukasza wynika, że Jezus nie zamierzał wymienić poszczególnych przykazań, które trzeba zachowywać, aby „osiągnąć życie”, ale raczej uświadomić młodzieńcowi centralne znaczenie Dekalogu w stosunku do wszystkich innych przykazań, jako wykładni tego, co dla człowieka oznaczają słowa: „Ja jestem Pan, twój Bóg”.

La traduction française, en revanche, s'éloigne du texte original de l'encyclique:

Du contexte de l'échange, et spécialement de la confrontation du texte de Matthieu avec les passages parallèles de Marc et de Luc, il ressort que Jésus n'entend pas dresser la liste de tous les commandements nécessaires pour « entrer dans la vie », mais plutôt qu'il entend renvoyer le jeune homme à ce qui est le « point central » du Décalogue par rapport à tout autre précepte, à savoir ce que signifie pour l'homme : « Je suis le Seigneur, ton Dieu ».

Espérance Nouvelle restitue donc une traduction fidèle au texte original latin et aux traductions officielles de l'encyclique dans les autres langues:

Du contexte de l'échange, et spécialement de la confrontation du texte de Matthieu avec les passages parallèles de Marc et de Luc, il ressort que Jésus n'entend pas dresser la liste de tous les commandements nécessaires pour « entrer dans la vie », mais plutôt qu'il entend attirer l'attention du jeune homme sur la « centralité » du Décalogue par rapport à tout autre précepte, en tant qu'interprétation de ce que signifie pour l'homme : « Je suis le Seigneur, ton Dieu ».

Veritatis Splendor : [Allemand, Anglais, Danois, Espagnol, Français, Italien, Latin, Néerlandais, Polonais, Portugais]

 

08/12/2015

Encyclique Haurietis Aquas in Gaudio sur le culte du Sacré Cœur de Jésus - I - "Vous puiserez des eaux avec joie aux sources du Sauveur"

Divina_Misericordia_(Eugeniusz_Kazimirowski,_1934).jpg

 

HAURIETIS AQUAS IN GAUDIO

 

LETTRE ENCYCLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE XII
SUR LE CULTE DU SACRÉ CŒUR DE JÉSUS

 

1. «Vous puiserez des eaux avec joie aux sources du Sauveur.» Par ces mots, le prophète Isaïe, en se servant d'images expressives, prédisait ces dons de Dieu multiples et surabondants que l'ère chrétienne allait apporter. Ces mots, disons‑Nous, Nous viennent spontanément à l'esprit, au moment de célébrer le centenaire du jour où Notre Prédécesseur d'immortelle mémoire, Pie IX, condescendant volontiers aux vœux qui affluaient de tout le monde catholique, ordonna de célébrer la fête du Sacré-Cœur de Jésus dans l'Église universelle.

2. À la vérité, il est impossible d'énumérer les dons célestes que le culte rendu au Sacré-Cœur de Jésus répand dans les cœurs des fidèles : il les purifie, les ranime par ses divines consolations et il les entraîne à l'acquisition de toutes les vertus. C'est pourquoi, Nous souvenant du mot très sage de l'apôtre saint Jacques : «Tout beau présent, tout don parfait vient d'en haut et descend du Père des lumières», Nous voyons à bon droit, dans ce culte même, qui plus ardent que jamais prospère dans le monde entier, le don inestimable que le Verbe incarné et notre divin Sauveur, en tant que médiateur unique de grâce et de vérité entre son Père céleste et le genre humain, a communiqué à l'Église, sa mystique Épouse, dans le cours de ces derniers siècles, où il lui faut surmonter tant de difficultés et supporter tant d'épreuves.

Grâce à ce don inestimable, l'Église peut en effet manifester une charité plus ardente à l'égard de son divin Fondateur et, pour ainsi dire, réaliser plus largement cette exhortation que, nous dit saint Jean l'Évangéliste, Jésus proféra lui‑même : «Le dernier jour de la fête, le plus solennel, Jésus debout, s'écria : "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, comme l'a dit l'Écriture, des fleuves d'eau vive couleront de son sein." Il disait cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui.» Il n'était pas difficile pour ceux qui l'entendaient parler, de rapporter ces mots, par lesquels il promettait une source d'eau vive qui devait naître de leur sein, aux paroles des saints prophètes Isaïe, Ézéchiel et Zacharie dans leurs prédictions du règne du Messie, ou encore à cette pierre symbolique d'où l'eau jaillit miraculeusement sous la verge de Moïse.

3. La charité divine tire sa première source du Saint‑Esprit, qui est l'Amour personnel tant du Père que du Fils au sein de l'auguste Trinité. C'est donc très justement que l'Apôtre des nations, faisant comme écho aux paroles de Jésus‑Christ, attribue l'effusion de la charité dans les âmes des fidèles à cet Esprit d'amour : «L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit‑Saint qui nous a été donné.»

(...)

 

Encyclique Haurietis Aquas in Gaudio sur le culte du Sacré Cœur de Jésus

 

Pio_XII_Pacelli.jpg

 

> Le texte intégral de l'encyclique en français

> Encyclique Haurietis Aquas in Gaudio: intratext

> Culte et dévotion au Sacré-Coeur de Jésus : Haurietis Aquas

> Haurietis Aquas : [Allemand, Anglais, Espagnol, Italien, Latin, Portugais]

 

18/11/2015

Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien - V - "En effet, le mariage a Dieu pour auteur"

 

ARCANUM DIVINAE

 

LETTRE ENCYCLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE LÉON XIII
SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN

 

(...)

Lorsque Jésus-Christ eut ainsi ramené le mariage à une si grande perfection, il en remit et en confia toute la discipline à l’Église. L’Église, en effet, exerça ce pouvoir sur les mariages des chrétiens en tout temps et en tout lieu. Elle le fit de façon à montrer évidemment que ce pouvoir lui appartenait en propre, qu'il ne lui venait pas du consentement des hommes, mais qu'elle l'avait acquis par la volonté divine de son auteur. On sait avec quel soin et quelle vigilance elle s'occupa de maintenir la sainteté du mariage et de lui garder son véritable caractère ; il est inutile de le démontrer.

Ainsi une décision du concile de Jérusalem a réprouvé les amours dissolues et libres (Act. XV, 29). Saint Paul a condamné un citoyen de Corinthe, coupable d'inceste (I Cor. V, 5). L’Église a toujours, avec la même énergie, repoussé et réprimé les efforts de ceux qui s'attaquèrent au mariage chrétien, tels que les gnostiques, les manichéens, les montanistes, dans les premiers temps du christianisme, et de nos jours, les mormons, les saint-simoniens, les phalanstériens, les communistes.

Ainsi encore le droit du mariage fut établi égal entre tous et le même pour tous, par la suppression de l'ancienne distinction entre esclaves et hommes libres. Les droits du mari et de la femme devinrent semblables. Comme le disait saint Jérôme, chez nous ce qui n'est pas permis aux femmes ne l'est pas non plus aux maris et ils subissent le même joug sous une même condition (S. Jérôme, Epist. 77 PL 22, 691). Ces droits trouvèrent dans l'affection mutuelle et les devoirs réciproques un affermissement solide. La dignité de la femme fut revendiquée et garantie. Il fut défendu à l'homme de punir de mort la femme adultère et de violer la foi jurée, pour satisfaire ses passions et son impudicité. Et, ce qui est aussi de grande importance, l’Église limita, dans la mesure voulue, le pouvoir du père de famille, afin que la juste liberté des fils et des filles désireux de se marier ne fût en rien diminuée. Elle décréta la nullité des mariages entre parents et alliés à un certain degré, afin que l'amour surnaturel des époux se répandît en un champ plus vaste. Elle prit soin, tant qu'elle le put, d'écarter du mariage l'erreur, la violence et la fraude. Elle voulut que la sainte pudeur de la couche nuptiale, la sécurité des personnes, l'honneur des mariages, les droits de la religion, fussent maintenus et sauvegardés. Enfin, elle entoura cette institution divine de tant de force, de tant de lois prévoyantes, que, pour tout juge impartial, l'Église, même en ce qui concerne le mariage est la meilleure garde, la meilleure défense de la société humaine. Sa sagesse a triomphé de la course du temps, de l'injustice des hommes, des vicissitudes innombrables de la politique.

Par suite des efforts de l'ennemi du genre humain, il y a des hommes qui, répudiant avec ingratitude les autres bienfaits de la Rédemption, méprisent ou méconnaissent tout à fait la restauration opérée et la perfection introduite dans le mariage. Ce fut la honte d'un certain nombre d'anciens d'avoir combattu le mariage en quelques-unes de ses prérogatives. Mais combien plus pernicieuse est la faute de ceux qui, à notre époque, veulent modifier de fond en comble la nature du mariage qui est parfaite et complète sous tous ses rapports et dans toutes ses parties !

La raison principale de ces attaques, c'est qu'imbus des opinions d'une fausse philosophie et livrés à des habitudes corrompues, de nombreux esprits ont avant tout l'horreur de la soumission et de l'obéissance. Ils travaillent donc avec acharnement à amener, non seulement les individus, mais encore les familles et toute la société humaine, à mépriser orgueilleusement la souveraineté de Dieu.

Or, la source et l'origine de la famille et de la société humaine tout entière se trouvent dans le mariage. Ils ne peuvent donc souffrir en aucune façon qu'il soit soumis à la juridiction de l’Église. Bien plus, ils s'efforcent de le dépouiller de toute sainteté et de le faire entrer dans la petite sphère de ces choses instituées par l'autorité humaine, régies et administrées par le droit civil. En conséquence, ils attribuent aux chefs de l’État et refusent à l’Église tout droit sur les mariages ; ils affirment qu'elle n'a exercé autrefois un pouvoir de ce genre que par concession des princes, ou par usurpation. Ils ajoutent qu'il est temps désormais que les chefs d’État revendiquent énergiquement leurs droits et se mettent à régler librement tout ce qui concerne la matière du mariage. De là est venu ce qu'on appelle vulgairement le mariage civil.

De là ces lois promulguées sur les cas d'empêchement de mariage ; de là ces sentences judiciaires sur les contrats de mariage, décidant s'ils sont valides ou non. Enfin nous voyons que tout pouvoir de légiférer ou de juger en cette matière a été si soigneusement enlevé à l'Église, qu'on ne tient plus aucun compte, ni de son autorité divine, ni des lois prudentes sous l'empire desquelles ont vécu pendant si longtemps les peuples qui reçurent avec la sagesse chrétienne la lumière de la civilisation.

Cependant les rationalistes et tous ceux qui, professant avant tout le culte de l’État-Dieu, s'efforcent par ces mauvaises doctrines de jeter le trouble dans tous les peuples, ne peuvent échapper au reproche de fausser la vérité.

En effet, le mariage a Dieu pour auteur. Il a été dès le principe comme une figure de l'incarnation du Verbe de Dieu. Il y a par cela même en lui quelque chose de sacré et de religieux, qui n'est pas surajouté, mais inné, qu'il ne doit pas aux hommes, mais qu'il tient de la nature. C'est pourquoi Innocent III et Honorius III, Nos prédécesseurs ont pu, avec raison et sans témérité, affirmer que le sacrement de mariage existe chez les fidèles et chez les infidèles. Ainsi l'attestent les témoignages mêmes de l'antiquité, les mœurs et les institutions des peuples qui ont été les plus civilisés et se sont distingués par une connaissance plus parfaite du droit et de l'équité. Il est certain que chez tous ces peuples, par l'effet d'une perception innée et habituelle, l'idée du mariage éveillait spontanément dans l'esprit la notion d'une chose associée à la religion et à la sainteté. Aussi était-il d'usage chez eux de ne point célébrer de mariage sans les cérémonies du culte, l'autorité des Pontifes et le ministère des prêtres ; tant avaient de force, même dans les âmes privées de la doctrine céleste, la nature des choses, le souvenir des origines et la conscience du genre humain ! Le mariage étant donc, de lui-même, par essence et par nature, une chose sacrée, doit être réglé et régi, non par le pouvoir des princes, mais par la divine autorité de l'Église, seule maîtresse des choses sacrées.

Il faut considérer ensuite la dignité du sacrement qui, en se surajoutant au mariage chrétien, l'a rendu beaucoup plus noble. Or, par la volonté de Jésus-Christ, l’Église seule peut et doit statuer et disposer sur les sacrements. Il est donc tout à fait absurde de vouloir faire passer aux mains de l'autorité civile la moindre parcelle de ce pouvoir.

(...)

 

Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien

 

leoxiii.jpg

 

> Numérisation de l'édition contemporaine de Léon XIII (1893): texte latin et traduction française

Cette numérisation est extraite du document suivant:

> Lettres apostoliques de Sa Sainteté Léon XIII, tome I (édition de 1893)

 

12/11/2015

Encyclique Casti Connubii sur le mariage chrétien - III - "Voilà tous les biens qui font que le mariage est bon"

 

CASTI CONNUBII

 

LETTRE ENCYCLIQUE
DU SOUVERAIN PONTIFE PIE XI

SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN
CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE LA CONDITION PRÉSENTE,
DES NÉCESSITÉS, DES ERREURS ET DES VICES
DE LA FAMILLE ET DE LA SOCIÉTÉ

 


Aux Vénérables Frères, Patriarches, Primats, Archevêques, Évêques et autres ordinaires en paix et communion avec le Siège Apostolique

Vénérables frères, Salut et bénédiction apostolique

 

INTRODUCTION

(...)

I.
Les biens du mariage véritable d'après saint Augustin.

Au moment où Nous Nous préparons à exposer quels sont ces biens du mariage véritable, biens donnés par Dieu, Nous Nous rappelons les paroles du glorieux Docteur de l’Église que Nous célébrions récemment dans Notre Encyclique Ad salutem, publiée à l'occasion du XVe centenaire de sa mort (10) : « Voilà tous les biens — dit saint Augustin — qui font que le mariage est bon : les enfants, la foi conjugale, le sacrement » (11). Et l'on peut dire que la somme de toute la doctrine catholique sur le mariage chrétien est surabondamment contenue sous ces trois chefs : le saint Docteur le montre lui-même quand il dit : « Par la foi conjugale, on a en vue cette obligation qu'ont les époux de s'abstenir de tout rapport sexuel en dehors du lien conjugal ; dans les enfants, on a en vue le devoir, pour les époux, de les accueillir avec amour, de les nourrir avec sollicitude, de les élever religieusement; dans le sacrement, enfin, on a en vue le devoir, qui s'impose aux époux, de ne pas rompre la vie commune, et l'interdiction, pour celui ou celle qui se sépare, de s'engager dans une autre union, fût-ce à raison des enfants. Telle est la loi du mariage où la fécondité de la nature trouve sa gloire, et le dévergondage de l'incontinence, son frein. » (12)

1. - Les enfants

Dignité des parents

Parmi les biens du mariage, les enfants tiennent donc la première place. Et sans aucun doute, le Créateur même du genre humain, qui, dans sa bonté, a voulu se servir du ministère des hommes pour la propagation de la vie, nous a donné cet enseignement lorsque, en instituant le mariage dans le paradis terrestre, il a dit à nos premiers parents et, en même temps, à tous les époux à venir : « Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre. » (13) C'est ce que saint Augustin a très bien fait ressortir des paroles de l'apôtre saint Paul à Timothée (14), en disant : « Que la procréation des enfants soit la raison du mariage, l'Apôtre en témoigne en ces termes : Je veux, déclare-t-il, que les jeunes filles se marient. Et comme pour répondre à cette question : Mais pourquoi ? il poursuit aussitôt : qu'elles procréent des enfants, qu'elles soient mères de famille. » (15)

Pour apprécier la grandeur de ce bienfait de Dieu et l'excellence du mariage, il suffit de considérer la dignité de l'homme et la sublimité de sa fin. L'homme, en effet, dépasse toutes les autres créatures visibles, par la prééminence de sa nature raisonnable. Ajoutez-y que si Dieu a voulu les générations des hommes, ce n'est pas seulement pour qu'ils existent et pour qu'ils remplissent la terre, mais bien plus pour qu'ils l'honorent, lui, pour qu'ils le connaissent, qu'ils l'aiment et qu'ils jouissent de lui éternellement dans les cieux ; par suite de l'admirable élévation de l'homme par Dieu à l'ordre surnaturel, cette fin dépasse tout ce que l'œil a vu, ce que l'oreille a entendu et ce que le cœur de l'homme a pu concevoir (16). Par où l'on voit facilement que les enfants, nés par l'action toute-puissante de Dieu, avec la coopération des époux, sont tout ensemble un don de la divine bonté et un précieux fruit du mariage.

Les parents chrétiens doivent comprendre en outre qu'ils ne sont pas seulement appelés à propager et à conserver le genre humain sur la terre, qu'ils ne sont même pas destinés à former des adorateurs quelconques du vrai Dieu, mais à donner des fils à l'Église, à procréer des concitoyens des saints et des familiers de Dieu (17), afin que le peuple attaché au culte de Dieu et de notre Sauveur grandisse de jour en jour. Sans doute les époux chrétiens, même s'ils sont sanctifiés eux-mêmes, ne sauraient transmettre leur sanctification à leurs enfants : la génération naturelle de la vie est devenue au contraire la voie de la mort, par laquelle le péché originel se communique aux enfants : ils gardent cependant quelque chose de la condition qui était celle du premier couple conjugal au paradis terrestre : il leur appartient, en effet, d'offrir leurs fils à l’Église afin que cette mère très féconde des enfants de Dieu les régénère par l'eau purificatrice du baptême à la justice surnaturelle, qu'elle en fasse des membres vivants du Christ, participants de la vie éternelle, des héritiers enfin de la gloire éternelle, à laquelle nous aspirons tous du fond du cœur.

Si une mère vraiment chrétienne considère ces choses, elle comprendra certainement que, dans un sens très élevé et plein de consolations, ces paroles de notre Rédempteur s'adressent à elle : « Lorsque la femme a engendré son enfant, elle cesse aussitôt de se rappeler ses souffrances, à cause de la joie qu'elle ressent, parce qu'un homme est né dans le monde » (18); devenue supérieure à toutes les douleurs, à toutes les sollicitudes, à toutes les charges inséparables de son rôle maternel, ce sera bien plus justement et plus saintement que la matrone romaine, mère des Gracques, qu'elle se glorifiera dans le Seigneur d'une florissante couronne d'enfants.

D'ailleurs, ces enfants, reçus de la main de Dieu avec empressement et reconnaissance, les deux époux les regarderont comme un talent qui leur a été confié par Dieu, et qui ne doit pas être utilisé dans leur propre intérêt ni dans le seul intérêt terrestre de la société, mais qui devra au jour du jugement être restitué à Dieu avec le fruit qu'il aura dû produire.

Leur mission éducatrice

Le bien de l'enfant ne se termine pas, à coup sûr, au bienfait de la procréation ; il faut qu'il s'y en adjoigne un autre, contenu dans la bonne éducation de l'enfant. Dieu, malgré toute sa sagesse, aurait certes médiocrement pourvu au sort des enfants et du genre humain tout entier, si ceux qui ont reçu de lui le pouvoir et le droit d'engendrer n'en avaient pas reçu aussi le droit et la charge de l'éducation. Personne ne méconnaît, en effet, que l'enfant ne peut se suffire à lui-même dans les choses qui se rapportent à la vie naturelle : à plus forte raison ne le peut-il pas dans les choses qui se rapportent à la vie surnaturelle : durant de nombreuses années, il aura besoin de l'aide d'autrui, d'instruction, d'éducation. Il est d'ailleurs évident que, conformément aux exigences de la nature et à l'ordre divin, ce droit et cette tâche reviennent tout d'abord à ceux qui ont commencé par la génération l'œuvre de la nature et auxquels il est absolument interdit de laisser inachevée l'œuvre entreprise et d'exposer ainsi l'enfant à une perte certaine.

Or il a été pourvu, de la meilleure manière possible, à cette si nécessaire éducation des enfants, par le mariage où, unis par un lien indissoluble, les parents sont toujours en état de s'y appliquer ensemble et de se prêter un mutuel appui. Nous avons déjà traité ailleurs abondamment de l'éducation chrétienne de la jeunesse (19) ; les paroles de saint Augustin citées plus haut résumeront ce que Nous y avons dit : « Pour ce qui regarde les enfants, ils doivent être accueillis avec amour, élevés religieusement » (20) ; ainsi parle aussi le Droit canon avec son habituelle précision : « La fin première du mariage, c'est la procréation des enfants et leur éducation. » (21)

Il ne faut enfin point passer sous silence que si cette double mission, si honorable et si importante, a été confiée aux parents pour le bien de l'enfant, tout usage honnête de la faculté, donnée par Dieu, de procréer de nouvelles vies, est exclusivement le droit et la prérogative du mariage, conformément à l'ordre du Créateur lui-même et de la loi naturelle : cet usage doit absolument être contenu dans les limites saintes du mariage.

(...)

 

Encyclique Casti Connubii sur le mariage chrétien considéré au point de vue de la condition présente, des nécessités, des erreurs et des vices de la famille et de la société

 

414px-Piuspp.xi.jpg

 

NOTES

10 - Encycl. Ad salutem, 20 avril 1930 [cf. Documentation Catholique t. 23, col. 1155-1181].
11 - S. August., De bono coniug., cap. XXIV, N° 32.
12 - S. August., De Gen. ad litt., I. IX, ch. VII, N° 12.
13 - Gen I, 28.
14 - 1 Tim V, 14.
15 - S. August., De bono coniug., cap. XXIV, N° 32.
16 - 1 Co II, 9.
17 - Eph II, 19.
18 - Jn XVI, 21.
19 - Encycl. Divini illius Magistri, 31 déc. 1929.
20 - S. August., De bono coniug., cap. XXIV, N° 32.

 

> Numérisation de l'édition contemporaine de Pie XI (1934): texte latin et traduction française

Cette numérisation est extraite du document suivant:

> Actes de Sa Sainteté Pie XI, tome 6 (édition de 1934)