05/03/2014
Carême: conseils du Cardinal Mercier au sujet de la mortification chrétienne
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04/03/2014
Ce que Dieu a uni...
Roberto de Mattei | Corrispondenza Romana | 1er mars 2014 | Trad. B&M (p.i - p.ii)
Extraits. Au sujet de l'accès à la communion pour les "divorcés-remariés":
Le point de départ (...) est la constatation que «entre la doctrine de l'Église sur le mariage et la famille, et les convictions vécues par de nombreux chrétiens, il s'est créé un abîme».
(...) Pourquoi cet abîme entre la doctrine de l'Église et la philosophie de vie des chrétiens d'aujourd'hui existe-t-il? Quelle est la nature, quelles sont les causes du processus de dissolution de la famille? Nulle part (...) il n'est dit que la crise de la famille est le résultat d'une attaque planifiée sur la famille, fruit d'une vision laïciste du monde qui s'oppose à elle. Et ce malgré le récent document sur les «Standards pour l'éducation sexuelle» de l'«Organisation mondiale de la santé» (OMS), l'approbation du «Rapport Lunacek» par le Parlement européen, la légalisation des mariages de même sexe et le délit d'homophobie de nombreux gouvernements occidentaux. (...) Quelles peuvent être les raisons de ce silence, sinon une subordination psychologique et culturelle à ces pouvoirs mondains qui sont les promoteurs de l'attaque contre la famille? (...) Mais n'est-ce pas maintenant le moment de dire qu'une grande partie de la crise de la famille remonte à l'introduction du divorce et que les faits montrent que l'Église avait raison de le combattre? (...)
Les tribunaux ecclésiastiques sont les organes auxquels est normalement confié l'exercice du pouvoir judiciaire de l'Eglise. Les trois principaux tribunaux sont la Pénitencerie apostolique, qui juge les cas du for intérieur, la Rote romaine, qui reçoit en appel les jugements de tout autre tribunal ecclésiastique, et la Signature apostolique, qui est l'organe judiciaire suprême, qu'on pourrait comparer à la Cour de cassation dans les juridictions civiles.
Benoît XIV, avec sa célèbre constitution Dei Miseratione , introduisit dans le jugement matrimonial le principe de la double décision judiciaire conforme. Cette pratique protège la recherche de la vérité, garantit une juste issue au procès, et démontre l'importance que l'Eglise attribue au sacrement du mariage et à son indissolubilité. (...)En réalité, il n'y a aucune contradiction dans la pratique séculaire de l'Église. Les divorcés remariés ne sont pas dispensés de leurs devoirs religieux. Comme chrétiens baptisés, ils sont toujours tenus à observer les commandements de Dieu et de l'Église. Ils ont donc non seulement le droit mais le devoir d'aller à la Messe, d'observer les préceptes de l'Église et d'éduquer chrétiennement les enfants. Ils ne peuvent pas recevoir la communion sacramentelle, car ils sont en état de péché mortel, mais peuvent faire une communion spirituelle, parce que même ceux qui se trouvent dans une situation de péché grave doivent prier pour la grâce de sortir du péché. (...)
Tout aussi fausse est la thèse d'une double position, latine et orientale, face au divorce dans les premiers siècles de l'Église.
C'est seulement après Justinien que l'Église d'Orient a commencé à céder au césaropapisme, s'adaptant aux lois byzantine qui tolèrent le divorce, tandis que l'Église de Rome affirmait la vérité et l'indépendance de sa doctrine devant le pouvoir civil.
En ce qui concerne Saint Basile (...) sa pensée est résumée par ce qu'il a écrit dans 'Ethica': «Il n'est pas permis à un homme de renvoyer sa femme et d'en épouser une autre. Il n'est pas permis à un homme d'épouser une femme qui a été répudiée par son mari».
On peut dire la même chose de (...) Saint Grégoire de Nazianze, qui écrit explicitement: «le divorce est absolument contraire à nos lois, bien que les lois des Romains en jugent autrement».La «pratique pénitentielle canonique» (...) n'était pas accomplie pour expier le premier mariage, mais pour réparer le péché du second, et exigeait évidemment le repentir de ce péché. Le XIe Concile de Carthage (407), par exemple, a publié un canon ainsi conçu: «Nous décrétons que, selon la discipline évangélique et apostolique, la loi ne permet pas à un homme divorcé de sa femme, ni à la femme divorcée de son mari, de passer à d'autres noces. Mais que ces personnes doivent rester seules, ou se réconcilier mutuellement; et que s'ils violent cette loi, ils doivent faire pénitence». (...)
A ces questions, le cardinal Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a déjà répondu (cf. La force de la grâce , "L'Osservatore Romano" 23 Octobre 2013), en rappelant Familiaris consortio, qui au n.84 fournit des indications précises de nature pastorale compatible avec l'enseignement dogmatique de l'Église sur le mariage: «Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la Messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux oeuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l'Eglise prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance! L'Eglise, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l'Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l'Eglise, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie».
La position de l'Église est sans équivoque.
La communion aux divorcés remariés est refusée parce que le mariage est indissoluble (...). L'Eglise ne l'a pas permis à Henry VIII, perdant le royaume d'Angleterre, et ne le permettra jamais, comme l'a souligné Pie XII aux curés de Rome le 16 Mars 1946: «Le mariage entre baptisés validement contracté et consommé ne peut être dissous par aucun pouvoir sur la terre, même pas par l'Autorité ecclésiastique suprême».
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27/02/2014
Cardinal Müller sur le mariage: « Nous ne pouvons pas amoindrir la Parole de Jésus-Christ »
FM L'Evangile de la Vie | 27 février 2014
Le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi rappelle dans une interview publiée mardi par La Stampa :
« Le dogme de l'Eglise n'est pas n'importe quelle théorie fabriquée par quelques théologiens, il s'agit de la doctrine de l'Eglise, rien de moins que la Parole de Jésus-Christ, qui est très claire. Je ne peux pas changer la doctrine de l'Eglise ».
Dans le même entretien, il a dénoncé « une idéologie qui s'étend contre la famille, et contre le mariage »
« Il existe évidemment et il a toujours existé des difficultés individuelles et personnelles dans le mariage, mais ici la question est celle du mariage en tant qu'institution divine. (…) Nous ne voulons pas seulement défendre le mariage et la famille, nous voulons aussi soutenir le développement de la famille dans notre société. Jésus-Christ a clairement institué le mariage en tant que sacrement, avec les éléments de l'indissolubilité et de la bipolarité des deux sexes. »
«Le ministère ne peut avoir une conception différente de celle de la doctrine, la doctrine et le soin pastoral sont la même chose. Jésus-Christ en tant que pasteur et enseignant et Jésus-Christ en tant que parole ne sont pas des personnes différentes. Non, la doctrine de l'Eglise est très claire. Nous devons rechercher des manières pour développer le soin pastoral en faveur du mariage, mais pas seulement pour les divorcés-remariés, mais pour ceux qui vivent dans le mariage. Nous ne pouvons pas toujours nous focaliser sur cette seule question de savoir s'ils peuvent communier ou non. Les problèmes et les blessures résident dans le divorce, les enfants qui ne peuvent plus avoir leurs parents et qui sont contraints de vivre avec d'autres qui ne sont pas leurs parents : voilà les problèmes. »
« Nous ne pouvons pas amoindrir la révélation et la Parole de Jésus-Christ parce que tant de catholiques ne connaissent pas la réalité. » « Nombreux sont ceux qui ne participent pas à la messe dominicale parce qu'ils ne connaissent pas sa valeur pour leurs vies. Nous ne pouvons pas dire, par voie de conséquence, que la messe est moins importante ! Ce serait un paradoxe si l'Eglise disait, parce que tous ne connaissent pas la vérité, que la vérité n'est pas obligatoire pour l'avenir. » (La Stampa. Traduction française: Jeanne Smits)
> Cardinal Müller : "Catholic Church doctrine is clear on the issue of remarried divorcees"
> "Un témoignage en faveur du pouvoir de la grâce"
> "Un Oui est un Oui": témoignage de Vincent, divorcé et fidèle
15:08 Publié dans Famille, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
En Syrie, l’EIIL interdit aux Chrétiens de porter la croix
Le groupe de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ou « Daech », au sein duquel se battent de nombreux djihadistes belges, a annoncé mercredi avoir imposé une série de règles aux habitants chrétiens de la ville de Raqqa qu'il contrôle dans le nord de la Syrie.
Le groupe a annoncé lui-même cet "accord" dans un texte publié par des forums djihadistes et portant le cachet de l’organisation. Il comporte 12 règles censées garantir la "protection" des chrétiens. Ceux qui ne le respecteront pas seront traités comme des ennemis, a-t-il menacé.
Le texte stipule notamment que les chrétiens doivent verser une taxe, qui était imposée aux premiers temps de l'islam aux non-musulmans. Les chrétiens fortunés doivent payer jusqu'à l'équivalent de 13 grammes d'or pur, ceux de la classe moyenne devront verser la moitié de cette somme et les défavorisés le quart.
L'"accord" exige également que les chrétiens s'abstiennent de montrer "une croix ou toute chose de leur Livre dans les marchés ou les endroits où il y a des musulmans", de faire sonner les cloches des églises et d'"utiliser des haut-parleurs pour faire entendre leurs prières". Les chrétiens doivent également s'abstenir de "célébrer leurs rituels (...) hors de l'église".
13:54 Publié dans Actualité, Politique, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
24/02/2014
« Usque ad sanguinis effusionem pro incremento christianæ fidei... »
* 22/2/2014 : Consistoire pour la création des nouveaux cardinaux par le Pape François. La cérémonie s'est déroulée en présence du Pape émérite Benoît XVI (vidéo ici.)
Le livret de la célébration montre que c’est uniquement le latin, langue de l’Eglise universelle, qui a été utilisé : cliquer ici.
Source: Pro Liturgia
20:42 Publié dans Pape, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
22/02/2014
L'unicité de l'Église, ce dogme trop peu connu
"Je crois en l'Église, une, sainte, catholique et apostolique..." (Credo de Nicée-Constantinople)
Mortalium Animos est une encyclique du pape Pie XI sur l'unité de l'Église de Jésus-Christ, donnée le 6 janvier 1928.
Le document dénonce énergiquement le panchristianisme, le faux irénisme, l'indifférentisme et le relativisme. Il est constaté que la majorité des organes œcuméniques accordent une trop faible place à l'Église catholique.
Le principal argument déployé contre les panchrétiens est la mise évidence que ceux-ci rejettent la doctrine de l'unicité de l'Église du Christ. Le caractère unique de l'Église, ainsi que son caractère universel, apostolique et pétrinien est démontré à partir de citations des Évangiles.
L'encyclique s'oppose aussi au piétisme et à l'archéologisme, qui prétendent que l'unité visible de l'Église existait seulement à l'époque des temps apostoliques. Le fédéralisme religieux est réprouvé comme étant essentiellement non catholique.
Le Pape écrit que le véritable sens de la phrase "Que tous soient un" (Jn 17:21) est le retour heureux des brebis égarées dans la barque de Pierre. Il trouve difficilement compréhensible l'idée que les adversaires de la tradition apostolique puissent se coaliser avec les défenseurs de celle-ci.
Il cite Lactance et Cyprien de Carthage pour montrer que les Pères de l'Église ont toujours considéré l'Église catholique comme la seule et unique Église.
Dans la conclusion, le Pape fait valoir qu'il souhaite véritablement l'union de tous les chrétiens, mais que cette union doit être conduite par le prince des apôtres, Pierre, comme il est écrit dans l'Évangile.
> Texte intégral de l'encyclique en français sur le site du Vatican
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18/02/2014
Euthanasie - La signature du roi des Belges et la Doctrine sociale de l'Église
Est-il opportun d'encourager le roi des Belges à ne pas signer la loi étendant l'euthanasie aux mineurs ? N'est-ce pas le peuple seul et ses représentants élus, qui en portent l'unique responsabilité ? La fonction du roi ne s'arrête-t-elle pas à valider le processus législatif, ce qui ne vaut pas approbation de sa part sur le fond ?
Voici quelques extraits du Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise qui permettent d'éclairer ces questions :
- L'autorité ne peut être déliée de la morale et donc de Dieu
"396 L'autorité doit se laisser guider par la loi morale: toute sa dignité dérive de son exercice dans le domaine de l'ordre moral, « lequel à son tour repose sur Dieu, son principe et sa fin »(...). Cet ordre « ne peut s'édifier que sur Dieu; séparé de Dieu il se désintègre ». C'est précisément de cet ordre que l'autorité tire sa force impérative et sa légitimité morale, non pas de l'arbitraire ou de la volonté de puissance,et elle est tenue de traduire cet ordre dans les actions concrètes pour la réalisation du bien commun."
- L'autorité a le devoir de défendre la loi naturelle
"397 L'autorité doit reconnaître, respecter et promouvoir les valeurs humaines et morales essentielles. Elles sont innées, « découlent de la vérité même de l'être humain et (...) expriment et protègent la dignité de la personne: ce sont donc des valeurs qu'aucune personne, aucune majorité ni aucun État ne pourront jamais créer, modifier ou abolir ». Elles ne sont pas basées sur des « majorités » d'opinion provisoires ou changeantes, mais elles doivent être simplement reconnues, respectées et promues comme éléments d'une loi morale objective, loi naturelle inscrite dans le cœur de l'homme (cf. Rm 2, 15), et comme point de référence normatif de la loi civile elle-même. Si, à cause d'un obscurcissement tragique de la conscience collective, le scepticisme venait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi morale, l'ordonnancement étatique lui-même serait bouleversé dans ses fondements, se réduisant à un pur mécanisme de régulation pragmatique d'intérêts différents et opposés."
- Une loi qui ne respecte pas la dignité humaine et une autorité qui ne cherche pas à réaliser le bien commun sont illégitimes
"398 L'autorité doit promulguer des lois justes, c'est-à-dire conformes à la dignité de la personne humaine et aux impératifs de la raison droite: « (...) En revanche, quand une loi est en contraste avec la raison, on l'appelle loi inique; dans ce cas, toutefois, elle cesse d'être loi et devient plutôt un acte de violence ». (...) Pareillement, si l'autorité publique, qui a son fondement dans la nature humaine et qui appartient à l'ordre préétabli par Dieu,ne met pas tout en oeuvre pour la réalisation du bien commun, elle trahit sa fin spécifique et par conséquent se délégitime."
- Refuser de collaborer à une loi illégitime est un droit et un devoir
"399 Le citoyen n'est pas obligé en conscience de suivre les prescriptions des autorités civiles si elles sont contraires aux exigences de l'ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l'Évangile. Les lois injustes placent les hommes moralement droits face à de dramatiques problèmes de conscience: lorsqu'ils sont appelés à collaborer à des actions moralement mauvaises, ils ont l'obligation de s'y refuser. Ce refus constitue non seulement un devoir moral, mais c'est aussi un droit humain fondamental que, précisément en tant que tel, la loi civile doit reconnaître et protéger (...).
C'est un grave devoir de conscience de ne pas collaborer, même formellement, à des pratiques qui, bien qu'admises par la législation civile, sont en contraste avec la Loi de Dieu. En effet, cette collaboration ne peut jamais être justifiée, ni en invoquant le respect de la liberté d'autrui, ni en prétextant que la loi civile la prévoit et la requiert. Personne ne peut jamais se soustraire à la responsabilité morale des actes accomplis et sur cette responsabilité chacun sera jugé par Dieu lui-même (cf. Rm 2, 6; 14, 12)."
- Le droit de résistance
"400 Reconnaître que le droit naturel fonde et limite le droit positif signifie admettre qu'il est légitime de résister à l'autorité dans le cas où celle-ci viole gravement et de façon répétée les principes du droit naturel. Saint Thomas d'Aquin écrit qu' « on n'est tenu d'obéir... que dans la mesure requise par un ordre fondé en justice ».Le fondement du droit de résistance est donc le droit de nature.(...)"
(LSB)
Il serait aussi abusif et injuste de faire porter au roi toute la responsabilité de l'avenir de la législation sur l'euthanasie en Belgique. Chaque citoyen est tenu au devoir sacré de défendre le respect de la vie du plus faible contre la loi du plus fort, par les moyens dont il dispose.
21:01 Publié dans Politique, Religion, Respect de la vie humaine | Lien permanent | Commentaires (0)
16/02/2014
« Sauf en cas d’union illégitime » : une exception à l'indissolubilité du mariage ?
Extrait du livre « Le mariage chrétien à l'épreuve du divorce », Père Alain Bandelier, Éditions de l'Emmanuel, Paris, 2010 (Nihil obstat, Paris, le 18 juin 2010, M. Dupuy. Imprimatur, Paris, le 22 juin 2010, M. Vidal)
UNE EXCEPTION: « EN CAS DE PORNEIA »
15:20 Publié dans Famille, Liturgie et Sacrements, Livres, Religion | Tags : livres | Lien permanent | Commentaires (0)
« Sauf en cas d’union illégitime » (porneia: prostitution)
Ce texte reprend la troisième partie de l’Introduction du cardinal Joseph Ratzinger (Pape Benoît XVI) au numéro 17 de la collection « Documenti e Studi », dirigée par la Congrégation pour la doctrine de la foi, Sulla pastorale dei divorziati risposati, LEV, Cité du Vatican 1998, p. 20-29.
L'extrait suivant concerne l'hypothèse d'éventuelles exceptions à l'indissolubilité du mariage:
1. Beaucoup estiment, alléguant divers passages du Nouveau Testament, que la parole de Jésus sur l’indissolubilité du mariage permet une application souple et ne peut pas être classée avec rigidité dans une catégorie juridique.
Quant à l’indissolubilité du mariage, certains experts ont avancé, de manière critique, que le Magistère citerait presque exclusivement une seule péricope – c’est-à-dire Mc 10, 11-12 – et ne tiendrait pas suffisamment compte d’autres passages de l’évangile de Matthieu et de la première lettre aux Corinthiens. Ces passages bibliques mentionneraient quelques « exceptions » à la parole du Seigneur sur l’indissolubilité du mariage, c’est-à-dire dans le cas de la porneia (cf. Mt 5, 32 ; 19, 9) et dans celui de la séparation pour raison de foi (cf. 1 Co 7, 12-16). Ces textes seraient des indications que les chrétiens se trouvant dans des situations difficiles auraient connu, déjà aux temps apostoliques, une application souple de la parole de Jésus.
On doit répondre à cette objection que les documents magistériels n’ont pas l’intention de présenter d’une manière complète et exhaustive les fondements bibliques de la doctrine sur le mariage. Ils laissent cette tâche importante aux experts compétents. Le Magistère souligne cependant que la doctrine de l’Église sur l’indissolubilité du mariage découle de la fidélité envers la parole de Jésus. Jésus définit clairement la pratique vétérotestamentaire du divorce comme une conséquence de la dureté du cœur de l’homme. Il renvoie – au-delà de la loi – au commencement de la création, à la volonté du Créateur, et résume son enseignement par ces mots : « Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » (Mc 10, 9.) Avec la venue du Rédempteur, le mariage est donc ramené à sa forme originelle à partir de la création et soustrait à l’arbitraire humain, surtout à l’arbitraire du mari car, de fait, il n’y avait pas en réalité de possibilité de divorce pour la femme. La parole de Jésus sur l’indissolubilité du mariage est le dépassement de l’ancien ordre de la loi par l’ordre nouveau de la foi et de la grâce. C’est seulement ainsi que le mariage peut rendre pleinement justice à l’appel de Dieu à l’amour et à la dignité humaine, et devenir un signe de l’Alliance d’amour inconditionnel de la part de Dieu, c’est-à-dire un « sacrement » (cf. Ep 5, 32).
La possibilité d’une séparation, que Paul envisage en 1 Co 7, concerne les mariages entre un conjoint chrétien et un autre qui n’est pas baptisé. La réflexion théologique postérieure a clarifié le fait que seuls les mariages entre baptisés sont « sacrement », au sens strict du mot, et que l’indissolubilité absolue ne vaut que pour les mariages qui se situent dans le cadre de la foi dans le Christ. Ce que l’on appelle le « mariage naturel » a sa dignité à partir de l’ordre de la création et est donc orienté vers l’indissolubilité, mais il peut être dissous, dans des circonstances déterminées, en raison d’un bien plus élevé, en l’occurrence la foi. Ainsi, la systématisation théologique a classifié juridiquement l’indication de saint Paul comme « privilège paulin », c’est-à-dire comme possibilité de dissoudre, pour le bien de la foi, un mariage non sacramentel. L’indissolubilité du mariage vraiment sacramentel est donc sauvegardée ; il ne s’agit donc pas d’une exception à la Parole du Seigneur. Nous y reviendrons plus loin.
En ce qui concerne la compréhension correcte des clauses sur la porneia, il existe une vaste littérature avec beaucoup d’hypothèses diverses, même contradictoires. De fait, il n’y a pas, parmi les exégètes, unanimité sur cette question. Beaucoup pensent qu’il s’agit ici d’unions matrimoniales invalides et non pas d’exceptions à l’indissolubilité du mariage. En tout cas, l’Église ne peut construire sa doctrine et sa pratique sur des hypothèses exégétiques incertaines. Elle doit s’en tenir à l’enseignement clair du Christ.
2. D’autres objectent que la tradition patristique laisserait place à une pratique plus différenciée, qui rendrait mieux justice aux situations difficiles ; à ce propos, l’Église catholique pourrait apprendre quelque chose du principe d’« économie » des Églises orientales séparées de Rome.
On affirme que le Magistère actuel ne s’appuierait que sur un filon de la tradition patristique, mais non pas sur tout l’héritage de l’Église ancienne. Si les Pères s’en sont clairement tenus au principe doctrinal de l’indissolubilité du mariage, certains d’entre eux ont toléré, sur le plan pastoral, une certaine souplesse devant des situations particulières difficiles. Sur cette base, les Églises orientales séparées de Rome auraient développé plus tard, à côté du principe d’« acribie », de la fidélité à la vérité révélée, le principe de l’« économie », c’est-à-dire de la condescendance bienveillante, dans des circonstances particulières difficiles. Sans renoncer au principe de l’indissolubilité du mariage, elles permettraient, dans des cas déterminés, un deuxième et même un troisième mariage qui, par ailleurs, est différent du premier mariage sacramentel et est marqué du caractère de la pénitence. Cette pratique n’aurait jamais été condamnée explicitement par l’Église catholique. Le Synode des évêques de 1980 aurait suggéré d’étudier à fond cette tradition, afin de mieux faire resplendir la miséricorde de Dieu.
L’étude faite par le Père Pelland montre la direction où il faut chercher la réponse à ces questions. Pour l’interprétation des textes patristiques pris en particulier, l’historien reste naturellement compétent. Étant donné la difficulté de situer ces textes, les controverses ne s’apaiseront pas, même dans le futur. Du point de vue théologique, on doit affirmer :
a) Il existe un clair consensus des Pères en faveur de l’indissolubilité du mariage. Puisque celle-ci découle de la volonté du Seigneur, l’Église n’a aucun pouvoir sur elle. C’est bien pour cela que, dès le début, le mariage chrétien fut différent du mariage de la civilisation romaine même si, dans les premiers siècles, il n’existait encore aucune réglementation canonique le concernant. L’Église du temps des Pères exclut clairement le divorce et un nouveau mariage, et cela à cause d’une obéissance fidèle au Nouveau Testament.
b) Dans l’Église du temps des Pères, les fidèles divorcés remariés ne furent jamais admis officiellement à la sainte communion après un temps de pénitence. Il est vrai, en revanche, que l’Église n’a pas rigoureusement révoqué en tous les pays des concessions en la matière, même si elles étaient qualifiées de non compatibles avec la doctrine et la discipline. Il semble qu’il soit également vrai que certains Pères, par exemple Léon le Grand, ont cherché des solutions « pastorales » pour de rares cas limites.
c) Par la suite, on en arriva à deux développements opposés l’un à l’autre :
- Dans l’Église impériale, après Constantin, on chercha, à la suite de l’imbrication toujours plus forte entre l’État et l’Église, une plus grande souplesse et une plus grande disponibilité au compromis dans des situations matrimoniales difficiles. Jusqu’à la réforme grégorienne, cette tendance se manifesta aussi dans les milieux gaulois et germanique. Dans les Églises orientales séparées de Rome, ce développement se poursuivit au cours du second millénaire et conduisit à une pratique toujours plus libérale. Il existe aujourd’hui, en de nombreuses Églises orientales, toute une série de motifs de divorce, sinon même une « théologie du divorce », qui n’est, en aucune manière, conciliable avec les paroles de Jésus sur l’indissolubilité du mariage. Ce problème doit être absolument abordé dans le dialogue œcuménique.
- En Occident, grâce à la réforme grégorienne, on retrouva la conception originelle des Pères. Ce développement trouva, d’une certaine manière, sa confirmation lors du concile de Trente et fut à nouveau proposé comme doctrine de l’Église par le concile Vatican II.
La pratique des Églises orientales séparées de Rome, conséquence d’un processus historique complexe, d’une interprétation toujours plus libérale – et qui s’éloignait toujours davantage de la Parole du Seigneur – de certains passages patristiques obscurs, influencée aussi à l’évidence par la législation civile, ne peut pas, pour des motifs doctrinaux, être assumée par l’Église catholique. À cet égard, il n’est pas exact d’affirmer que l’Église catholique aurait simplement toléré la pratique orientale. Certes, le concile de Trente n’a prononcé aucune condamnation formelle. Néanmoins, les canonistes médiévaux en ont parlé constamment comme d’une pratique abusive. De plus, il existe des témoignages selon lesquels des groupes de fidèles orthodoxes, qui devenaient catholiques, devaient signer une confession de foi avec mention expresse de l’impossibilité d’un second mariage.
Dans ce texte, le cardinal Ratzinger (Pape Benoît XVI) explique le caractère infondé et fallacieux des cinq objection suivantes à l'encontre de l'enseignement de l'Eglise sur l'indissolubilité du mariage:
1. Beaucoup estiment, alléguant divers passages du Nouveau Testament, que la parole de Jésus sur l’indissolubilité du mariage permet une application souple et ne peut pas être classée avec rigidité dans une catégorie juridique.
2. D’autres objectent que la tradition patristique laisserait place à une pratique plus différenciée, qui rendrait mieux justice aux situations difficiles ; à ce propos, l’Église catholique pourrait apprendre quelque chose du principe d’« économie » des Églises orientales séparées de Rome.
3. Beaucoup proposent de permettre des exceptions à la norme ecclésiale, sur la base des principes traditionnels de l’epikeia et de l’aequitas canonica.
4. Certains accusent le Magistère actuel d’involution par rapport au Magistère du Concile Vatican II et de proposer une vision préconciliaire du mariage.
5. Beaucoup affirment que l’attitude de l’Église dans la question des divorcés remariés est unilatéralement normative et non pas pastorale.
« Quand vous dites 'oui', que ce soit un 'oui'. » (Mt 5, 37)
14:29 Publié dans Famille, Pape, Religion | Tags : porneia | Lien permanent | Commentaires (0)
09/02/2014
Comprendre la royauté du Christ
Famille Chrétienne n°1882 du 8 au 14 février 2014 page 49
THÉOLOGIE
Dieu et l'État, Signification de la fête du Christ Roi
par le Père Michel Viot,
éd. Via Romana, 79p., 9.00 €
La séparation de l'Église et de l'État a renvoyé à tort la religion dans la sphère privée. Le Père Viot invite donc les catholiques à relire l'encyclique Quas Primas instituant la fête du Christ Roi. Le Pape Pie XI y engage les catholiques à s'investir dans la société civile afin d'y « jeter les bases de la royauté du Christ ».
Élisabeth Caillemer
20:00 Publié dans Culture et société, Livres, Pape, Politique, Religion | Tags : livres | Lien permanent | Commentaires (0)