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03/02/2015

Litanie des fermes vides, ou la destruction de la paysannerie

Par Fabien Granier | 22 octobre 2014

Illustration: Un tracteur abandonné dans un champ (Steve Lyon/Flickr/CC)

agriculture-fin-rural-rules.jpg« Vide ! »

L’orage s’est divisé, comme d’habitude, au-dessus de l’Aumance. Les nuages se sont séparés en râlant, pour se rejoindre plus loin, dans le Cher, ou par dessus la forêt. On peut les voir par la fenêtre. Les entendre gueuler tout leur saoul. Mais sur le bocage : rien. Pas une goutte pour le moment. La pluie partout, mais pas ici. C’est comme ça.

Ici, on dit que les automnes ont leurs favoris.

Vide, vide, vide

Mon interlocuteur se ressert un café. L’aspire du bout des lèvres. Puis reprend son fil. Le chien s’est enfin tu :

« C’est bien simple : on est quatorze à rester. Ou treize, je sais pas. Là haut, chez Moncergis [les noms des domaines ont été modifiés, ndlr], c’est vide ! Le père Michelat : c’est vide ! Les Mauriciers : vide ! Les frères Baudel : vide aussi ! »

C’est un voisin. On n’habite pas sur la même commune, mais sa ferme est tout en bas de la pente qui dégringole de chez moi à la rivière. C’est la route qu’on prend quand on veut éviter les flics. On y roule doucement, surtout quand il fait noir, rapport aux lapins qui surgissent par dix depuis ses fossés.

« Et puis sur le haut, quand tu t’en vas vers la forêt : c’est tout vide là-bas. Tu comptes même plus. Les Ravais : fermé ! Au Montant : vide ! La Chenaie : vide ! Aux Beurdoux : tout vide. Chez Michel, anciennement Bramard : vide pareil.

Et la liste est longue ! Tu veux que je continue ? Simon : parti ! Grimaud : parti ! Les Saules : vide ! Et chez Benoît : y a même plus un carreau sur les vitres. C’est vide, puis ç’a été vidé aussi. »

Quand j’ai commencé à écrire ces chroniques, je m’étais juré de ne pas devenir le réceptacle de la colère des paysans. D’une, parce qu’elle est – bien que légitime – infinie. De deux, parce qu’elle est totalement désespérante. Et de trois, parce que l’objet de ce blog n’est pas de gémir. Au contraire.

Il est de pousser un cri de guerre.

De raconter la vitalité stupéfiante du monde rural, malgré l’acharnement mis de toutes part à le faire disparaître. L’énergie produite par tous ceux que les espaces vides rendent fou d’imagination. Ceux qui ne voient pas l’abandon, mais la place laissée libre.

On a commencé à venir me voir

Seulement voilà : j’ai découvert qu’une partie importante du monde agricole était fidèle à Rue89. Quand ma chronique sur la fin accablante d’une exploitation laitière s’est mis à circuler, on a vite reconnu de qui il s’agissait.

On a commencé à venir me voir.

Ce voisin, je le connaissais de loin en loin. Un ami d’ami. Un révolté, ça je le savais. Qui n’a pas sa langue au fond du puits. Quand il a su que j’étais celui qui tenait ce blog, il il m’a sauté sur le paletot :

« Quand est-ce que tu viens chez moi ? J’ai PLEIN de choses à te dire ! »

C’était la semaine dernière, un soir de beau, dans le bistrot associatif qu’on a ouvert à la hussarde quelques mois plus tôt, et qui ne désemplit jamais. Il m’a serré la main en me cassant tous les petits os. Je n’avais pas le choix. Et c’était très bien comme ça.

« Puis c’est pas fini. De l’autre coté, c’est pareil ! Chassain : vide ! Montaigu : vide ! Pernancier : vide ! Chez les Michauds : c’est vide ! Le père Moussier : vide ! Et chez Giraud : ben c’est fermé. Le fils Barré : il a pas tenu – c’est vide ! La paille moisit dans son hangar. Puis tant qu’à monter, c’est la même, va : partout ça se vide ! Ya que De Villemin, à la rigueur. Mais alors lui c’est simple : il a 2 000 hectares à lui. Ou trois. 3 000 hectares, remplis de fermes vides. »

En martelant du plat de la main, il me récite l’interminable litanie des fermes qu’il a vu se fermer. Se faire avaler par le sol. Rendre les armes face à l’acharnement de tous ceux qui travaillent, jour après jour, à la disparition des exploitations à taille humaine.

La fin de la paysannerie.

La MSA s’est transformée en outil de contrôle

C’est un jeune. Un téméraire. Grand chasseur. Grand gueuleur. Grand militant. Il me reçoit dans son salon où des fusils râtellent au mur, parmi des photos de famille. Les chiens hurlent à mon entrée. La table est pleine de joueurs.

Dimanche après-midi. Orages suspendus. Famille, amis, Scrabble et rami. Ça jase. Il me ressert un café noir. Puis, droit au but : « Je voulais te parler de la MSA. »

Silence chez les joueurs.

Son histoire, ils la connaissent tous. Sa colère, aussi. Les torrents de bile. Ça reprend à mi-bruit. L’orage beurdoule un rien plus fort. « Ah, tiens. Il est plus loin d’ici... »

La MSA, c’est la Mutuelle sociale agricole. La caisse de solidarité du métier. La Sécu des paysans, quoi. A la libération, la corporation a voulu jouer son rôle de corporation. C’était l’époque où la paysannerie représentait 60% de la population active. Ou plus. Payer pour les autres ? Et puis quoi, encore ! 70 ans plus tard, il ne sont plus que 4%. Et à la vitesse où se vident les fermes...

L’économie de marché a pris toute ses aises. A dégouliné sur la campagne. La MSA a joué le jeu, sans faillir, et s’est petit à petit transformée en outil de contrôle et de gestion des modes d’exploitation.

En gros : soit tu rentres dans le rang d’une agriculture spéculative, intensive, concentrée, à forte valeur ajoutée – obèse, en quelques mots –, soit tu jartes. J’y viens.

Lui a repris l’exploitation en 1990. Par là. Militant de la première heure, bagarreur coriace, il monte une cellule locale du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux), partage ses journées entre la ferme et les actions syndicales. C’était la charnière, à l’époque. Enfin... Il y en a eu de nombreuses, des charnières. Mais celle-ci c’était un peu le sursaut. Voyant venir ce qu’on les poussait à devenir, les paysans bloquaient les rues, les préfectures, les supermarchés. Et lui était juché au premier rang.

Il déglutit.

Le pire, c’est les jeunes

25 ans ont passé. Les syndicats : c’est fini... Les jeunes, putain... Le pire, c’est les jeunes. Pas qu’ils soient mauvais en soi, les pauvres. Mais c’est sans fin. Ils arrivent, tout juste sortis de l’école, la tête fraîchement farcie, et se cognent de la paysannerie. Eux : ils veulent des hectares, du rendement, et un salaire. Le tout, tout de suite. Pour commencer. Ils ont la poitrine en avant, de l’énergie plein les bottes. Ils investissent, massivement, avec la bénédiction des banques et des institutions, dans des équipements qui rutilent.

Et se lancent, tête baissée, pensant faire au mieux, dans une vie de solitude, de travail acharné et de remboursements.

Alors le syndicalisme, tu parles... Quand tu passes ton temps à flipper pour ta propre survie...

Petit à petit, les fermes ferment. Usure. Abandon. Retraite. Dépression. Ou « p’tit marteau » : liquidation. Ça se vide. Les jeunes arrivent. S’installent. Rachètent les terres de deux ou trois. Et ça repart. Pyramide. Jusqu’à ces abominations céréalières de plusieurs milliers d’hectares, qui bouffent allègrement les sols et paysages de Beauce, de Champagne ou du Berry.

Je te mens ?

Tu lis la presse ? La ferme des mille vaches...

MILLE vaches !

C’est ça, l’avenir, mon gars... Faut pas rêver...

Et la MSA, alors ?

Même jeu. Mêmes joueurs.

T’embauches qui pour 20 euros ?

Il y a deux ans, mon interlocuteur se coince dans un accident de tracteur. Un truc sérieux. Il s’en tire avec l’épaule porteuse en moins : broyée. On la retape, mais ça prend du temps. Et les tendons sont foutus. Irréparables. Il peut lever le bras, mais rien porter. Plus de force. On le déclare handicapé à 25%.

Il se tourne vers la MSA pour la première fois de sa vie, après 25 ans d’exercice et dix ou douze jours de vacances. Il sait qu’il existe une aide à l’embauche d’ouvriers pour les périodes de relevaille. Il a besoin de quelqu’un pour veiller à la ferme, le temps qu’il se retape et puisse envisager la suite. Il s’adresse à un conseiller qui le reçoit très poliment.

Et lui plante sa réponse dans le dos.

Il a droit à 20 euros par jour. Pendant trois mois.

20 euros par jour... T’embauches qui pour 20 euros ? Une chèvre ?

Mais c’est comme ça pour tout le monde... Pour pouvoir prétendre à une indemnité digne de ce nom, il aurait dû monter sa ferme en société – dès le début – et se verser des salaires en bonne et due forme.

Dès le début.

Le genre de choses que tu ne fais jamais. Même si tu es au courant. A moins de jouer déjà dans la cour des grands montages agro-industriels. Il en faut du rendement pour se verser un salaire régulier.

Il prend l’indemnité ridicule et fait ce qu’il a à faire : il abat la voilure de son exploitation. Il vend des bêtes. Diminue son travail. Baisse le régime. Gagne moins. S’adapte à son épaule.

Et ça repart.

Deux accidents, ça ne suffit pas

Mais un an plus tard, à peine, son corps réagencé lui tend un piège. Il perd l’équilibre sous une charge. Tombe. Se brise une jambe, et le cheville qui va avec.

A l’hôpital, on le visse. On le boulonne. On l’immobilise pour la deuxième fois en deux ans. En plein vêlages, encore une fois. Le manque à gagner brûle presque autant que la douleur.

Cette nouvelle blessure est déclarée invalidante à 10%. 25+10 = 35%. Il découvre pendant les soins qu’il a passé la barre des 30% de handicap, ce qui, officiellement, peut lui donner droit à une aide à l’embauche d’un ouvrier. 300 euros par mois. Une paille.

Il monte un dossier et l’envoie à la MSA. La MSA le lui renvoie, barré de rouge. Il n’a pas droit à l’aide.

L’indemnité est accordée aux exploitants déclarés handicapés à 30% – ou plus – des suites d’un seul et même accident.

D’un seul et même...

Sinon, il faut cumuler les 30% d’invalidité des suites de trois accidents ou plus. Deux accidents, ça ne suffit pas. Les 20 euros par jour ? Il n’y a pas droit cette fois. Cette nouvelle crise n’est pas assez sérieuse pour qu’il puisse s’en prévaloir.

Pour s’amuser, il a calculé ce qu’il a versé de cotisation à la MSA depuis l’ouverture de son exploitation. Il arrive à près de 36 000 euros.

Puis vient la mauvaise année...

Bien sûr, tout cela ne serait pas arrivé si, suivant la doxa des institutions agricole, il s’était installé en SARL : impératif comptable, fiscalité d’entreprise, obligation de salaires et de bénéfices constants.

Mais ça, tu sais ce que ça veut dire ?

Attends, je te raconte...

Tu achètes des terres. Tu achètes des vaches. Tu doubles. Tu triples. Pour faire face à la taille de ton exploitation, tu investis dans un arsenal technologique de pointe. Tu embauches. Tu construis. Tu empruntes. A la banque, on te fixe un impératif de rendement. Pour t’y tenir, il te faut plus de bêtes.

Tu achètes des terres. Tu grossis. Tu embauches. Tu travailles avec obstination en fixant du regard la ligne d’horizon : le jour où ce que tu gagneras ne se fera plus absorber automatiquement par les remboursements et les intérêts.

Puis vient la mauvaise année. Trop de pluie. Pas assez. Epidémie. Accidents. Incendie. Puis te voilà rendu à courir derrière la trésorerie. Et c’est le cycle.

Tu calcules. Tu stockes. Tu retardes les paiements au maximum. Tu spécules sur des poignées d’euros. Tu fais sauter les frais les plus lourds. Tu répares toi-même ton équipement, déjà obsolescent. Ça te prend tes nuits, tes dimanches.

Puis vient la deuxième année mauvaise. Tu fais plus face. Les fournisseurs te refusent. Les banques te menacent. Tu commences à mégoter sur l’essentiel : le véto, les aliments. Tu es sec. Et éreinté.

Puis un jour, tu peux plus. P’tit marteau. C’est vendu.

Vide.

Et là, tu peux toujours lui courir après, la MSA.

Ce qu’il manque ? Une forme de bon sens

L’orage s’abat enfin. La café fume. Les joueurs ont fini de jouer et commencent à plier leurs gaules. Je tente de délayer l’amertume en le branchant sur son travail. Lui fait du Charolais. AOC. Le top de la viande. Des bêtes au petit soin. Ensilage de mais, luzerne et beaucoup d’engrain.

Tout pousse chez lui. Les mauvaises années, il rajoute quelques tourteaux de soja pour faire le joint. Il privilégie le réensemencement, comme il l’a toujours fait, bien qu’il se rende compte que les céréales, passé deux ou trois saisons, ont maintenant du mal à se reproduire. Il sait que c’est une stratégie commerciale. Encore une autre pierre dans les jardins des petits exploitants. Alors il tente au mieux, de conserver des propres semences.

Il déglutit. Et revient à la charge.

Ce qu’il manque, je vais te dire : c’est une forme de bon sens. Comment dire mieux ? Avec la vache folle, c’était pareil : il devrait y avoir quelque chose de profondément enfoui qui te retienne de donner de la viande à bouffer à tes vaches, non ?

Eh bien les semences, c’est pareil. Quelque chose devrait te retenir de faire confiance à des gars qui te vendent délibérément des graines stériles. Quelque chose devrait te retenir d’entasser 10 000 poulets dans des tunnels au néon farcis d’antibiotiques.

Quelque chose devrait te retenir d’entasser mille vaches dans une stabulation entièrement mécanisée pour faire de l’électricité avec leur merde. Non ?

Le bon sens...

Te voilà à dévaster ce dont tu vis

Toutes ces fermes vides, dans la vallée, elles avaient toutes trois ou quatre tas de fumiers répartis. Quand ça pleuvait, le lisier s’écoulait et fumait les entours. Mais maintenant, y a tellement de vaches dans les étables que ça déborde de fumier. Il faut le stocker dans des cuves, avec des systèmes de rigoles et de flux. Quand ça pleut : ça déborde. Ça part dans la rivière. Et ça dévaste tout.

Et te voilà, paysan, à dévaster ce dont tu vis.

Tu m’étonnes qu’ils raccrochent les gants, tous...

Les invités sont partis. La pluie tombe serrée. Il est tard. Et la conversation commence à prendre une tournure annihilante.

Elle est sans fin, la plainte des paysans. C’est devenu un combat. Tu te bas contre tes institutions. Tu te bas contre les fournisseurs. Tu te bas contre les vétérinaires. Tu te bas contre les idées reçues. Contre ton destin. Contre la fatalité.

Depuis peu, tu te bas contre les consommateurs qui t’accablent de tous les maux, peu importe tes efforts et ta démarche.

Dernière en date, tu te bats même contre les architectes des bâtiments de France, qui t’interdisent de construire une grange pour y stocker le foin afin que les touristes qui profitent de la vue depuis le château en ruine ne soient pas gênés par la présence notoire de la seule ferme encore en activité. Le maire, en lui notifiant le refus de permis de construire, a même qualifié la ferme de « verrue dans le paysage ».

Sans fin.

La nuit tombée, je repars au milieu des aboiements et d’un déluge de gouttes épaisses. Dans ma tête : des poignées de mains, des rires, et des conversations en boucle.

Espoir. Désespoir.

Les fermes sont vides, les terres sont là

Je me redis que faire gaffe à ce qu’on mange, ce qu’on boit, et à quand on le consomme, c’est pas un luxe. C’est pas de la guimauve à hipsters. Pas une mode bobo.

C’est une nécessité urgente et absolue.

Pour le moment, les fermes sont vides, mais les terres sont là. Et puis le savoir faire. Il s’en faut de peu qu’il n’y ait plus que des friches, des serres et des champs sans limites. Regardez l’Espagne, si je mens. Les Pays-Bas. Ou ces régions d’Angleterre où la paysannerie n’est plus qu’un lointain souvenir.

Tu manges mal. Tu dors mal. Tu vis mal. Au milieu de paysages désertés. Les terres se vident et les villes s’empilent.

Partout dans le monde.

Alors tant pis si de temps en temps, je ressasse la complainte des paysans. Ça secoue. Ça réveille. Ça recadre. Et puis, après tout : c’est bon, parfois, d’avoir des ennemis.

Au moins, tu sais contre quoi tu te dresses.

Aller plus loin:

> "C'est fini": vie et mort d'une ferme, celle de mon voisin

 

18/12/2014

Alors, il faut prier !

Chcropped-logo-neuvaine-2001.pngers amis,
Comme Dieu est bon avec notre pays ! Combien Notre-Dame veille sur notre France ! Elle en est  la Patronne principale. Oui, comme Dieu est bon ! S'arrêter sur le seul regard de ce qui ne va pas, ne fera rien changer les choses. Passer son temps à dire, souligner ce qui ne ve pas, ne nourrit pas l'Espérance. Cela nous blesse profondément. Ne nous donne pas la paix intérieure. Passer son temps avec sa souris d'ordinateur à signer toutes les pétitions qui arrivent dans notre boîte mails, ne suffit pas.

Un jour, Saint Jean-Paul II à qui on racontait un évènement très important qui veniait d'arriver dans le monde, une catastrophe, répondit à son collaborateur : "Alors, il faut prier !". Il s'abîma alors immédiatement dans la prière, sans vouloir savoir ce qui venait d'arriver. Saint Jean-Paul II priait lui-même sept heure par jour. Il est pour chacun de nous, d'abord un modèle de vie de prière.

Car, c'est bien de prière dont il s'agit. Dont nous devons comprendre combien elle est et doit être première dans notre vie. Sans la prière, sans des "âmes qui s'offrent par la prière", sans des âmes fortifiées par les dons de l'Esprit Saint, qui s'exposent jusqu'à offrir leur vie, tout le reste devient du bidouillage... et finit dans l'impasse. Ne construit rien à long terme, ne donne pas de racines.

Nous savons bien ce dont souffre notre pays. La France a mal à son âme parce qu'elle s'est affranchie de la Grâce de son Baptême. Ce n'est pas pour rien que Jean Paul II est venu en France en 1980 en posant cette question, la seule qui devait être posée. La seule à partir de laquelle le relèvement de la France, la reconstruction en profondeur de la France se vivra : "France, fille aînée de l'Église, éducatrice des peuples, es-tu fidèle aux promesses de ton Baptême ?" Cette invitation est lancée à chacun de nous, à chaque famille et future famille. A chaque jeune. Chaque personne âgée. Chaque engagée au service de la Cité. Oui, elle est à nouveau posée alors que vient de commencer la Neuvaine de prière à Notre-Dame, une grande neuvaine pour le pays, depuis le 15 novembre jusqu'au 15 août 2015.

[...]

Oui, comme Dieu est bon ! Comme Notre-Dame veille sur nous.

Tant de grâce de consolation sur notre chemain, tant de grâces nous attendent. Pour être renouvelés de l'intérieur, sans perdre la paix du coeur.

Venez, adorons-Le. C'est Noël.

Abbé Lelièvre

 

> Famille Missionnaire, Évangile de la Vie

> Neuvaine pour la France

> Prier ou agir ?

04/11/2014

Les racines idéologiques de Mussolini

Quelles furent les racines idéologiques du dictateur qui créa le mouvement politique et idéologique nommé fascisme ? Quelle vision du monde a-t-elle forgé sa pensée et son action politique ? Sa biographie permet de répondre à ces questions.

Origines

Fils du forgeron Alessandro Mussolini et de l'institutrice Rosa Maltoni, le jeune Benito naît le 29 juillet 1883 dans une petite maison à Varani dei Costa, un hameau de la commune de Dovia di Predappio dans la province de Forlì-Césène en Émilie-Romagne.

Les prénoms Benito Amilcare Andrea lui sont donnés par son père, socialiste à la limite de l'anarchisme, désireux de rendre hommage à Benito Juárez, héros libéral et républicain face à l'intervention française et ex-président du Mexique, à Amilcare Cipriani, patriote italien et socialiste, et à Andrea Costa, premier député socialiste élu au parlement italien. Il a un frère, prénommé Arnaldo en hommage au moine révolutionnaire romagnol de Brescia et une sœur prénommée Edvige. Allessandro Mussolini cherchera à influencer son fils aîné par les conversations qu’il aura avec lui, par les livres qu’il lui fera lire de bonne heure et par les textes que lui-même rédigeait pour les journaux socialistes locaux. Benito Mussolini dira à Yvon de Begnac : « Mon socialisme est né bakouniste, à l’école du socialisme de mon père, à l’école du socialisme libertaire de Blanqui. » Alessandro Mussolini avait l’habitude de lire à ses enfants des passages du Capital de Karl Marx, que, selon son fils, il « appliquait avec le bon sens qui le caractérisait » et « avec un réalisme rigoureux adapté à la situation sociale et politique de l’époque, et particulièrement à celle de la Romagne. » Les enfants d'Alessandro Mussolini étaient fiers de l’hospitalité que leur père offrait depuis toujours aux militants socialistes recherchés par la police.

Études (1889-1902)

Le jeune Mussolini fréquente les deux premières classes élémentaires à Dovia, puis à Predappio (1889-1891). Il entre au collège des salésiens de Faenza (1892-1894). C'est un élève turbulent, voire violent : en 1893 il est renvoyé après avoir blessé un de ses camarades avec un couteau.

Il poursuit ses études au collège Carducci de Forlimpopoli, où sous l'influence de son père, il se rapproche du militantisme socialiste. En 1900, Mussolini fréquente les cercles socialistes de Forlimpopoli et de Forlì. A l’école normale, il quitte l’internat pour assister à des réunions publiques et y prendre la parole. Plus tard, lors de ses entretiens avec Emil Ludwig, il évoquera ainsi son adhésion aux idées socialistes nées de son indignation : «  Ce qui domine, c’est l’indignation. J’avais sous les yeux les souffrances de mes parents ; à l’école normale, j’avais été humilié ; alors j’ai grandi comme révolutionnaire, avec les espoirs des déshérités. Qu’aurais-je pu devenir d’autre que socialiste à outrance, blanquiste, plutôt communiste au fond ? »

En 1901, Il finit ses études obtenant un diplôme d'enseignement. Le 13 février 1902, il est nommé maître suppléant à l'école élémentaire de Pieve Saliceto, hameau de Gualtieri.

Le 9 juin 1902, il termine l'année scolaire et, probablement pour fuir le service militaire, s'établit à Lausanne, après avoir séjourné dans deux autres villes suisses, Yverdon-les-Bains et Orbe.

Exil en Suisse et premières activités politiques (1902-1904)

De juin 1902 à novembre 1904, Mussolini vit en Suisse, se déplaçant de ville en ville et occupant des emplois occasionnels (maçon, manœuvre, etc.). Vivant misérablement, il est arrêté pour vagabondage par la police dans la matinée du 24 juillet 1902 sous les arches du Grand-Pont à Lausanne, où il avait passé la nuit. Dans ses poches sont trouvés son passeport, son diplôme de l'école normale et 15 centimes.

En août 1902, il s'inscrit auprès du syndicat des maçons et des manœuvriers et en devient le secrétaire. Il publie son premier article dans L'avvenire del lavoratore (L'avenir du travailleur) dont il devint le rédacteur. Le syndicat italien des maçons et manœuvres exerçait une forte influence sur la colonie transalpine de Lausanne. Ces débuts modestes de militant obscur vont néanmoins lui permettre, en moins d’un an, de se faire connaître et apprécier du milieu socialiste italien et de ses dirigeants en exil. Il affirme alors son rejet viscéral de la sociale-démocratie, du « socialisme de la chaire », du « socialisme de tagliatelles » ; par tempérament et culture politique, il incline à l’activisme révolutionnaire. En Suisse, la fréquentation des ouvriers, le contact avec des animateurs du socialisme révolutionnaire, l’engagement dans une authentique action militante vont faire de lui, au moins pour la durée de son séjour, un agitateur et un professionnel de la révolution. Le 18 juin 1903, il est arrêté dans le canton de Berne comme agitateur socialiste pour avoir soutenu le projet d'une grève générale en ayant éventuellement recours à la violence. Il est maintenu en prison douze jours puis expulsé vers l'Italie le 30 juin.

Jusqu'à l’automne 1903, Mussolini utilise la majeure partie de son temps à faire de l’agitation politique et à mobiliser ses compatriotes immigrés, sillonnant la Confédération dans tous les sens pour porter la parole socialiste ou soutenir des travailleurs en grève. Dans L'avvenire del lavoratore, il publie des correspondances syndicales, des poèmes (dont un sonnet à Babeuf), une quinzaine d’articles sur « le socialisme suisse », « la nécessité de la politique socialiste en Italie », « le massacre des Arméniens »... Il écrit aussi dans Proletario ou L’Avanguardia socialista. À cette époque, il se range dans l'aile révolutionnaire du Parti socialiste italien (PSI) dirigée par Arturo Labriola et envoie des articles au journal milanais l'Avangardia socialista. C'est au cours de cette période qu'il fait preuve de la plus grande affinité idéologique avec le syndicalisme révolutionnaire. Il fréquente deux mois la faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne, où il s'intéresse à la pensée de l'économiste Vilfredo Pareto, critique acerbe de la démocratie libérale et dont il assiste à un de ses cours. Il s'investit notamment dans les polémiques anticléricales par exemple au travers d'un débat avec le pasteur évangélique Alfredo Taglialatela sur le thème de l'existence de Dieu.

Le 30 décembre 1903, il se rapproche de l'avocat socialiste originaire de Sienne, Salvatore Donatini, avec lequel il projette de fonder une revue I Tiempi nuovi. Celui-ci ayant été expulsé, Mussolini le suit en France mais le projet de revue n’aboutit pas faute de moyens financiers. On sait peu de chose sur ce séjour en France que Mussolini n'évoquait pas et au cours duquel il aurait travaillé comme charretier dans une carrière de sable. Le 18 mars 1904, il rencontre l'activiste socialiste russe Angelica Balabanova à Lausanne lors d’un meeting commémorant la Commune de Paris. En avril 1904, il est expulsé du canton de Genève pour avoir modifié la date de validité de son passeport. Il est libéré à Bellinzone grâce aux protestations des socialistes genevois et à l'aide du gouvernement tessinois. Il est emprisonné pendant sept jours à partir du 9 avril 1904. Le 13 novembre 1904, il prononce une conférence sur le néo-marxisme dans laquelle il réaffirme la validité et l’actualité de la pensée de Marx contre ceux qui appelaient à la révision de la pensée marxiste.

Retour en Italie et ascension dans la hiérarchie du PSI (1904-1910)

En novembre 1904, en raison de l'amnistie accordée lors de la naissance de l'héritier du royaume, Mussolini revient en Italie alors qu'il est sous le coup d'une condamnation pour refus du service militaire. Il effectue son service militaire, est affecté le 30 décembre 1904 au dixième régiment bersaglier de Vérone où il obtient son certificat de bonne conduite. Entre-temps, le 19 janvier 1905, sa mère meurt. Libéré au terme prévu, Mussolini rentre à Dovia di Predappio le 4 septembre 1906 où il devient maître suppléant à Tolmezzo du 15 novembre jusqu'à la fin de l'année scolaire ; mais son poste ne lui est pas renouvelé en raison de sa vie dissipée. En novembre 1907, il obtient l'habilitation pour l'enseignement du français mais échoue à celle d'allemand. En mars 1908, il obtient la charge de professeur de français au collège de Oneglia, où il enseigne aussi l'italien, l'histoire et la géographie. Il est donc polyglotte, il maîtrise le français, l'anglais et l'allemand.

À Oneglia, il dirige l'hebdomadaire socialiste La Lima sous le pseudonyme de « Vero Eretico » (vrai hérétique). L’été 1908 marque un changement avec son engagement direct dans l’agitation menée par les braccianti de Forlì. Le 18 juillet 1908, il est arrêté pour menaces envers un dirigeant d'une organisation patronale. Jugé, il est condamné à trois mois de prison mais il est relaxé en appel. En septembre, il est de nouveau incarcéré pendant dix jours pour avoir tenu à Meldola une réunion non autorisée. Ces arrestations lui confèrent un réel prestige auprès des braccianti et des socialistes de la région. Il publie des articles dans la revue Pagine liberere, la principale publication syndicaliste révolutionnaire dirigée par Oliviero Olivetti et dans Il Pensierio romagnolo du républicain Gaudenzi. C’est dans cette revue que parut en novembre et décembre 1908 en trois livraisons La Philosophie de la force, l’essai d’interprétation de la pensée de Nietzsche.

En janvier 1909, la réputation acquise par Mussolini sur le terrain de l’action sociale et politique et du journalisme, ainsi que les liens d’amitié entretenus avec Serrati et Angelica Balabanoff concourent à décider les dirigeants de la chambre du travail de Trente à lui offrir le poste de secrétaire de cette organisation et la direction de l’hebdomadaire du parti socialiste tridentinL'avvenire del lavoratore (L'avenir du travailleur). Sous sa direction, le tirage de L’avvenire del lavoratore augmente de 50% en 6 mois. Il entretient d’excellentes relations avec le socialiste irrédentiste Cesare Battisti qui lui confie également la direction de son journal Il Popolo (Le peuple). Entre février et septembre 1909, il signe cent articles, notes, recensions et essais historico-littéraires. Le 7 mars, il tient une joute journalistique avec Alcide De Gasperi d'orientation catholique, directeur du périodique Il Trentino. Mussolini réédite ce qu’il avait fait en Suisse à savoir dynamiser une organisation socialiste somnolente et apathique tout en ne rentrant pas en conflit avec la direction du parti. Le 10 septembre, il est emprisonné à Rovereto pour diffusion de journaux instigateurs de violences envers l'Empire d'Autriche et le 29 il est expulsé et retourne à Forlì. Les huit mois passés dans le Trentin confortent Mussolini dans ses convictions syndicalistes révolutionnaires nourries dans la riche bibliothèque nationale de la ville où il passe une bonne partie de son temps : son goût et le culte de l’action, une philosophie pragmatiste, la nécessité de la volonté pour changer le monde et façonner sur le modèle nietzschéen un homme nouveau.

Il revient à Predappio fin 1909, où il dirige la grève des journaliers agricoles. En novembre, il s'installe à Forlì où il vit avec son père qui crée avec sa compagne Anna Lombardi (veuve de Guidi, mère de la future épouse du duce) la taverne Il bersagliere. Au cours de cette période, Mussolini écrit dans Pagine libere (Pages libres), revue du syndicalisme révolutionnaire éditée à Lugano et dirigée par Angelo Oliviero Olivetti, l'article La filosofia della forza (La philosophie de la force) où il fait référence à la pensée de Nietzsche.

Animateur de l'aile maximaliste du PSI (1910-1912)

À partir de janvier 1910, il est secrétaire de Forlì et il dirige le périodique officiel L'idea socialista (L'idée socialiste) rebaptisé par Mussolini Lotta di classe (Lutte des classe). Il y développe ses idées, tournant le dos au projet réformiste, rejetant l’idée d’une évolution gradualiste et pacifique qui serait le produit d’un déterminisme économique et lui oppose sa vision volontariste et brutale de changement social. En un an de présence au secrétariat de cette fédération socialiste, il fera croître le tirage de La Lotta di classe ainsi que le nombre de militants (passé de 1400 à 1800, répartis entre 40 sections, 12 groupes de jeunes et une section féminine) et la fédération de Forlì devient une puissance dans le parti socialiste.

Il veut la constitution d’une formation de combat composée de noyaux de militants résolus auquel il incombera le moment venu de partir à l’assaut du pouvoir : c'est le modèle esquissé par Blanqui et auquel Lénine donnera vie en créant le parti bolchévique ; il s’agit de sélectionner non une quantité croissante de militants mais de sélectionner des militants de qualité capable de s’emparer des postes de commande de l’état et de faire fonctionner celui-ci en attendant qu’une nouvelle société se développe sur les ruines de l’ancienne. Mussolini dénonce les pratiques sociales qui concourent à l’abrutissement des masses, « Le peuple se ramollit avec les bistrots, le bal, le bordel, et le sport. » Il emprunte à Vilfredo Pareto l'idée d'une distinction à effectuer entre masses et élite ainsi que sa vision cyclique de l’histoire qui serait un cimetière d’élite : la lutte des classes ne modifie pas la dichotomie mais le but du socialisme doit être de donner au prolétariat une élite révolutionnaire qui parlera en son nom. Selon Mussolini, les masses ne sont pas animées par la seule raison mais par la force explosive du sentiment, par des mythes puissants comme celui de révolution, seuls capables de mobiliser les hommes en vue de l'édification d'un monde nouveau.

Du 21 au 25 octobre 1910, lors du congrès de Milan, Mussolini paraît en tant que chef de file incontesté de ce courant maximaliste. Dans ses discours, il prend parti contre le recours au suffrage universel pour mener à bien les réformes sociales qui seraient le moyen de faire avancer le socialisme et prône le recours à la révolution, exalte la violence et la brutalité révolutionnaire des anarchistes ; son charisme se fait remarquer et on le voit entouré d’un groupe de gardes du corps. Il prône la scission pour faire avancer la cause des intransigeants mais Costantino Lazzari finit par le convaincre, lui et ses amis, de préserver l’unité du mouvement socialiste.

Contestant toute participation des socialistes au gouvernement royal italien, Mussolini et son courant sont tentés par la scission : le 11 avril 1911, la section socialiste de Forlì emmenée par Mussolini vote l'autonomie du PSI. Cependant, au printemps 1911, les dirigeants du parti lui font savoir qu’ils souhaitent l’unité et ne pas se séparer des socialistes romagnols.

En mai 1911, il fait publier son essai Il Trentino veduto da un socialista (Le Trentin vu par un socialiste) dans le journal Quaderni della Voce. Jusqu’à l’automne 1911, la vie personnelle de Mussolini évolue peu, sa situation demeure très précaire ; il refuse l’augmentation que lui proposent quelques-uns de ses camarades et préfère glaner quelques piges ou accepter de traduire l'ouvrage sur la révolution française de Kropotkine. Il publie également son roman Claudia Particella, l'amante del cardinale Madruzzo, en 1910, dans le journal de Trente de Cesare Battisti Il popolo, avec qui il avait collaboré en 1910. L'œuvre contient une satire anti-cléricale. Le 17 janvier, il commence à vivre avec Rachele Guidi, sa future épouse.

Il axe alors ses discours et ses actes sur la dénonciation du militarisme et de la colonialisation. Il est ainsi arrêté le 14 octobre 1911, jugé et condamné (23 novembre) à un an de réclusion pour avoir participé le 25 septembre, avec son ami républicain Pietro Nenni, à une manifestation contre la guerre de Libye qui se termine par de violents affrontements avec la police. Le préfet de Forlì fit arrêter Nenni et Mussolini. La presse de gauche prit fait et cause pour Mussolini qui bénéficia d’un immense élan de solidarité : une souscription destinée à payer les frais de justice des deux emprisonnés et à assister leur famille fut organsiée avec un certain succès ; de même, on fit appel aux meilleurs avocats que les deux partis comptaient dans la région. Mussolini assuma sa propre défense et le 19 février 1912, la cour d'appel de Bologne réduisit la peine à cinq mois et demi, laps de temps qu'il mit à profit pour rédiger son autobiographie. Mussolini voit alors dans cette guerre de Lybie un crime contre l'humanité. Mussolini définit l'aventure coloniale africaine du gouvernement de Giovanni Giolitti d'« acte de brigandage international ». C'est alors, à sa sortie de prison, que Mussolini fut qualifié pour la première fois de Duce, un terme en usage dans la gauche italienne.

Directeur de l'Avanti! (1912-1914)

Le 8 juillet 1912, au congrès socialiste de Reggio d'Émilie, il présente une motion d'expulsion contre les réformistes, qui sont favorables à une solution par étapes, Leonida Bissolati, Ivanoe Bonomi, Angiolo Cabrini et Guido Podrecca, qui est acceptée, les quatre exclus donnent vie au Parti socialiste réformiste et Mussolini entre donc dans la direction nationale du parti. Il collabore à Folla (La foule), journal de Paolo Valera signant sous le pseudonyme de « L'homme qui cherche ».

Grâce au succès de sa motion, au dynamisme de sa fédération, à sa déjà importante expérience journalistique et militante, à sa qualité d'orateur, à ses relations dans le parti, Mussolini monte au sommet de la scène politique nationale : en novembre 1912, il devient le membre principal de l'aile maximaliste du socialisme italien et est nommé par direction du Parti socialiste italien directeur de L'Avanti!, quotidien officiel du parti. En novembre 1913, il crée la revue Utopia. Il y développe sa vision du socialisme ; du marxisme, il reprend dans ses articles les thèmes du déterminisme économique, de la lutte des classes, de la paupérisation croissante et de la crise catastrophe devant aboutir à la fin du capitalisme ; il privilégie l’action du parti et rejette le primat du syndicalisme qui ne doivent pas être autonomes ; il se montre toujours blanquiste quant au processus de conquête et d’organisation de la société au cours de la phase de dictature qui suivra la victoire des forces prolétariennes. Avant d’accepter la charge de directeur du principal organe de presse socialiste, Mussolini pose comme condition que Balanaboff lui fût associée avec le titre de rédactrice en chef du journal. Il fait entrer dans le journal des syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes comme Enrico Leone, Agostino Lanzillo, Sergio Panunzio, Arturo Labriola. Sous la houlette de son nouveau directeur, le journal passa en un plus d’un an de 20 000 à 100 000 exemplaires ; son talent d’éditorialiste, style incisif, son aptitude à coller à l’événement favorise la montée en puissance du parti qui passe dans la même période de 30 000 à 50 000 adhérents et de 41 à 52 députés après les élections de 1913.

Au congrès socialiste d'Ancône de 1914, il présente une motion, qui est acceptée, qui déclare incompatible la maçonnerie, définie comme bourgeoise et interclassiste, et le socialisme. Battu à la députation dans la circonscription de Forlì lors des élections générales d'octobre 1913, quelques mois plus tard, conseiller municipal à Milan et au cours de la Semaine Rouge, il reste rivé à sa fonction de rédacteur (il participe à une manifestation) contrairement à Nenni et Malatesta.

Ralliement à l'interventionnisme et rupture avec le PSI

Au début de la Première Guerre mondiale, il s'aligne sur les positions de l'Internationale socialiste, se déclarant ouvertement opposé à l'intervention de l'Italie qui, d'après lui, ne servirait que l'intérêt de la bourgeoisie. Cependant, se développe en 1914 un interventionnisme de gauche allant des républicains et des socialistes réformistes aux syndicalistes révolutionnaires : le 7 octobre 1914, des représentants du syndicalisme révolutionnaire comme Libero Tancredi (pseudonyme de Massimo Rocca), Filippo Corridoni et Cesare Rossi signent l’appel du Faisceau révolutionnaire d’action interventionniste ; ce manifeste vise à constituer un mouvement informel rassembler les éléments de la gauche radicale favorable à l'entrée en guerre de l'Italie contre les Empires centraux. Le mot faisceau appartient au vocabulaire politique de la gauche italienne qui trouve son origine dans les faisceaux de travailleurs siciliens. Les signataires du manifeste souhaitent l'entrée en guerre par hostilité aux Empires centraux réactionnaires et cléricaux et volonté, notamment chez les syndicalistes et socialistes révolutionnaires, de préparer techniquement le prolétariat au combat et de forger ainsi en son sein une élite révolutionnaire et combattante. Benito Mussolini ne signe pas le manifeste mais ces idées rejoignent sa théorie de la nécessité du combat révolutionnaire et d'une élite socialiste combattante ; sa parution l'incite à faire connaître sa propre opposition à la neutralité car cette initiative était de nature à faire pièce à son influence au sein de l'ultragauche interventionniste. Ce ralliement provoqua l'enthousiasme des journaux de la gauche antineutraliste comme L'Internazionale, Pagine Libere (syndicaliste révolutionnaire), La Voce, L'Iniziativa (républicaine), La Folla (anarchiste), Azione socialista (socialiste) et fut bien reçu des socialistes français et belges qui le soutinrent financièrement pendant la guerre.

Cependant, à la suite de cette prise de position contraire à la ligne du parti, il est forcé à la démission, le 20 octobre 1914, de L'Avanti!, puis exclu du PSI le 29 novembre 1914, à la suite de la publication, le 18 octobre, de l'article Dalla neutralità assoluta alla neutralità attiva ed operante (De la neutralité absolue à la neutralité active et agissante), qui qualifie la neutralité de réactionnaire et signe son ralliement à la campagne interventionniste entamée le 5 octobre par le manifeste des Faisceaux d'action internationaliste. Mussolini préconise désormais une politique militariste ainsi que l'entrée en guerre de l'Italie en 1915 aux côtés de l'Entente.

Fondation du Popolo d'Italia

Mussolini voulut fonder son propre quotidien dont il voulait faire l'organe de l'interventionnisme de gauche et entra en pourparler avec deux dirigeants syndicalistes révolutionnaires A.O. Olivetti et O. Dinale mais il préféra finalement fonder son propre journal, Il Popolo d'Italia, dont le premier numéro sortit le 15 novembre 1914.

Dès son premier numéro et jusqu'en 1918, le journal comme son fondateur continua de se réclamer du socialisme révolutionnaire ; le journal portait sous le titre Il Popolo d'Italia la mention journal socialiste des ouvriers. Le journal a placé en exergue de son journal deux citations révolutionnaires : à gauche, une phrase d'Auguste Blanqui : « Qui a du fer a du pain » ; à droite, une citation de Napoléon Bonaparte : « La révolution est une idée qui a trouvé des baïonnettes ». Dans l'imaginaire politique de la gauche italienne, les références à la France révolutionnaire et à la Commune de Paris étaient très présentes et ces deux épisodes de l’histoire ont en commun de faire se rejoindre l’idée de guerre et celle de révolution. Parmi les collaborateurs réguliers ou épisodiques du journal, on retrouve des personnalités de toutes les tendances de la gauche démocratique ou radicale de Maria Rygier à Pietro Nenni, de Cesare Rossi à Sergio Panunzio, d'Agostino Lanzillo à Margherita Sarfatti. Mussolini a de fait joué un rôle dans l’entrée en guerre de son pays en tant que directeur et éditorialiste du principal organe de l’interventionnisme de gauche. Les nationalistes de droite de type corradiniens avec lesquels Mussolini polémiquaient ne participèrent pas au journal. Lénine avait vu dans la guerre un puissant levier révolutionnaire qui entraînerait l’effondrement des société capitalistes et une révolte des peuples à l’échelle internationale ; pour Mussolini, il n'y a rien à attendre de l’Internationale dont l'échec à concrétiser la solidarité des travailleurs prouve que pour faire triompher la révolution, passe par la solution des problèmes nationaux.

Son nouveau journal est financé par certains belligérants et par les socialistes français et belges, notamment par des échanges avec Marcel Cachin et Jules Guesde ; ces financements étrangers ne servirent pas au financement initial du journal. Il est également financé par des industriels italiens soucieux de diviser la gauche ou de pousser à la guerre et indirectement le gouvernement italien - ce qui marque un changement radical dans son refus de la coopération avec la bourgeoisie ou l'Etat.

En décembre 1911, il prend part à Milan à la création des Fasci d'azione rivoluzionaria, participant à leur premier congrès les 24 et 25 janvier 1915.

 

Source: Article "Benito Mussolini" sur l'encyclopédie Wikipédia

 

18/10/2014

Une Église qui change le monde

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Nous ne voulons pas d'une Eglise qui change avec le monde,
mais d'une Église qui change le monde.

G.K. Chesterton

(The Catholic Gentleman)

10/10/2014

Monseigneur Tony Anatrella sur le « mariage pour tous »

Monseigneur Tony Anatrella, psychanalyste et spécialiste en psychiatrie sociale, Consulteur du Conseil Pontifical pour la Famille et du Conseil Pontifical pour la Santé, et Expert auprès du Synode sur la Famille, a répondu aux questions de Zenit. Nous reproduisons ici quelques extraits de l'entretien.

Sur les manifestations de dimanche : « D’abord les chiffres : on annonce 500.000 personnes à Paris alors que la police veut en comptabiliser 70.000. Comme nous savons comment s’établit le comptage officiel on peut émettre de sérieux doutes sur ces derniers chiffres.

Les images parlent d’elles-mêmes : les artères parisiennes étaient chargées de manifestants. La manifestation a donc été massive et demeure significative d’une réelle mobilisation qui s’avère être une révolte anthropologique. Elle est incompréhensible pour de nombreux responsables politiques de gauche ou de droite qui restent très maladroits, ambigus et sous-informés sur ces sujets. La famille a tellement été délaissée et méprisée dans la loi ces dernières années que les gens en sont excédés. N’importe quel type d’association affective ne fait pas une famille comme ont voulu l’affirmer des sociologues suivis en cela par des politiques sans réelle pensée sur le sujet, et encore moins de convictions.

Cette loi du mariage pour tous va contre le bien commun, l’intérêt de la société et de ce fait, contre tous. Elle fait du mal à la France et a été une erreur politique qui coûte cher en termes psychologiques et sociaux car elle atteint inconsciemment les structures de la vie psychique des sujets, même s’ils veulent l’ignorer, et déstabilise le cadre porteur de la société qui n’est plus crédible. D’où un sentiment de déprime collective que seule la crise économique, créée par des décisions politiques au cours de ces quarante dernières années et constamment amplifiées, ne peut expliquer. En niant la différence sexuelle qui fonde une partie du cadre porteur, il n’est pas étonnant que des gens deviennent agressifs et violents, et se comportent en se situant dans un deçà du langage verbal rationnel et de la symbolique sexuelle qui deviennent de moins en moins opérants pour développer un self authentique.

Une violence qui se développe jusque dans les écoles maternelles puisque la culture n’incite pas à élaborer les pulsions et les identifications premières. La vie affective est confortée à rester immature : le concubinage, l’infidélité, la duplicité relationnelle, la bigamie, la répudiation et l’indistinction sexuelle s’expriment et s’installent sur le modèle de l’adolescence. Autant de conduites qui n’ont plus rien à voir avec le sens de l’amour, mais concernent surtout une impulsivité affective et sexuelle qui imprègnent les modèles contemporains. Bref cette loi du mariage pour tous est une aberration anthropologique et révèle un projet délirant fondé sur des intrigues subjectives en dehors des nécessités de la réalité et de la vérité relationnelle entre les adultes, et avec les enfants. »

Sur la légitimité de la loi : « Avant le vote de cette loi en 2013, on observait que progressivement les citoyens commençaient à prendre conscience de son inadaptation à la réalité puisque des personnes homosexuelles ne forment ni un couple ni une famille, même si la loi civile l’affirme à tort aujourd’hui. C’est pourquoi, à l’époque, pour éviter un retournement de l’opinion on a voté et appliqué cette loi dans la précipitation comme s’il y avait une urgence vitale à résoudre alors qu’on n’assiste pas au même acharnement pour régler la question du chômage et l’allégement des charges publiques et de la dette. Une loi foncièrement inutile et injuste. 

La loi civile, du fait qu’elle soit votée, ne dit pas pour autant la vérité et l’’intérêt général. Dans ce cas, les citoyens doivent exercer leur droit à l’objection de conscience et contester des lois nuisibles. Les exemples ne manquent pas dans l’histoire récente où un législateur se distrait à légaliser des mœurs ou des idéologies qui n’ont rien à voir avec la vie conjugale et familiale, et la filiation. »

Sur le synode sur la famille : « Toutes ces questions, comme d’autres, seront abordées lors du Synode ; ce qui dépasse la question des divorcés remariés et encore davantage celle de l’homosexualité qui sont les thèmes récurrents et préférés des médias qui risquent de faire espérer des idées et des décisions irréalistes. Les experts, selon leur compétence, seront invités à éclairer les pères du Synode. Un travail important a été fait en amont et montre que la Famille est le sujet central du monde contemporain, surtout en Occident où la plupart des politiques ne respectent pas la nature de la Famille. Il n’y a pas des « familles » à géométrie variable selon les univers fantasmatiques, mais la Famille qui repose sur un homme et une femme mariés qui appellent, éduquent et adoptent des enfants. Le Pape en est très conscient et l’a dit récemment aux représentants des conférences épiscopales européennes pour soutenir et protéger la Famille. Elle est le lieu de l’apprentissage de la vie entre un père et une mère. Elle est le lieu de la découverte de Dieu et de la nouvelle évangélisation, et de la sainteté. L’Église n’a jamais reconnu des liens stables et durables entre personnes de même sexe et encore moins fait croire que la relation homosexuelle est un chemin de sainteté comme certains l’affirment. Nous sommes là aux antipodes de ce que soutient l’Église et ce qu’est la vie conjugale et familiale. »

01/09/2014

Pape François: "Préserver la santé des personnes en préservant l'environnement"

Après l'Angélus de ce dimance 31 mai, le Pape a prononcé le message suivant:

"Demain, en Italie, on célèbre la Journée pour la sauvegarde de la création, promue par la Conférence épiscopale. Le thème de cette année est très important : « Éduquer à la sauvegarde de la création, pour la santé de nos pays et de nos villes ». Je souhaite que se renforce l’engagement de tous, institutions, associations et citoyens, afin que la vie et la santé des personnes soient préservées également en respectant l'environnement et la nature.

Je salue tous les pèlerins provenant de l’Italie et de divers pays, en particulier les pèlerins de Santiago du Chili, Pistoia, San Giovanni Bianco et Albano Sant’Alessandro (Bergame); les jeunes de Modène, Bassano del Grappa et Ravenne ; le groupe nombreux des Motocyclistes de la Police et la fanfare de la Police. Ce serait bien de les entendre jouer à la fin…

J'adresse un salut spécial aux parlementaires catholiques, réunis pour leur 5e rencontre internationale et je les encourage à vivre le rôle délicat de représentants du peuple en conformité avec les valeurs évangéliques.

Hier, j'ai reçu une famille nombreuse de Mirabella Imbaccari, qui m'a apporté les salutations de toute la région. Je remercie tous [les habitants] de la région pour leur affection. Je salue les participants à la rencontre de "Scholas": poursuivez votre engagement auprès des enfants et des jeunes, en travaillant dans l'éducation, dans le sport et dans la culture; et je vous souhaite un bon match, demain, au Stade Olympique !

Je vous souhaite un bon dimanche, je vous demande de prier pour moi."

(Zenit - traduction d'Anne Kurian)

On remarquera également l'opposition du Pape au laïcisme politique et au séparatisme: le Souverain Pontife fait référence à un critère très "confessionnel" pour guider les décisions politiques des parlementaires catholiques: l’Évangile !

28/08/2014

L'État Islamique (EIIL) veut un combat final contre les Chrétiens

26 - 08 - 2014 | Andrea Tornielli | VaticanInsider - InfoCatolica | Traduction: Espérance Nouvelle

C'est le professeur Massimo Introvigne, fondateur du Cesnur (Centre d'études sur les nouvelles religions), qui l'affirme. Dans un article pour la 'Nuova Bussola Quotidiana', l'universitaire a analysé une publication multilingue intitulée DABIQ et diffusée par l'EIIL, le groupe islamiste qui a proclamé le Califat islamique en Irak.

Que peut-on découvrir à la lecture de cette publication ?

"Que le marché idéologique islamiste est foisonnant. Et que les ennemis de l'EIIL sont la galaxie dont les Frères Musulmans sont la tête visible, et al-Qaeda. En lisant la revue, on découvre que l'EIIL considère comme fondamentale la mort en Irak en 2006 du terroriste international jordanien Abu Musa al-Zarqawi. Ce dernier s'était différencié de Ben Laden, qui considérait contreproductifs pour al-Qaeda les méthodes de décapitation, qui avaient culminé avec la décapitation du prisonnier nord-américain Nicholas Berg. Zarqawi théorisait le massacre de tous les non sunnites. Ses milices détruisaient en Irak des villages entiers, assassinant tous les habitants."

Que signifie le nom de la revue, 'Dabiq' ?

"C'est le nom d'une ville de Syrie où, selon une célèbre hadith (parole attribuée à Mahomet), viendra à la fin des temps le choc final entre les Musulmans et les Chrétiens, qui ouvrira à l'Islam le chemin vers Rome. Une idéologie apocalyptique. Ainsi nous comprenons pourquoi l'EIIL non seulement ne craint pas, mais espère une intervention contre son territoire de la part des Américains et des Européens, et même des Russes: c'est la raison pour laquelle se multiplient en Syrie les provocations anti-russes."

Pourquoi le Califat autoproclamé veut-il provoquer une intervention occidentale ?

"Les 'Chrétiens' (Européens, Américains, Russes), assimilés à des 'croisés', doivent être attirés au combat en terre d'Islam, et les 'vaincus', après cette invasion 'chrétienne', auront démontré au monde islamique que al-Baghdadi est le véritable Calife, entraînant ainsi tous les Musulmans du monde sous son drapeau."

 

01/07/2014

La rage du peuple - La rabia del pueblo (Keny Arkana)

26/06/2014

La CEDH se prononce pour la filiation par GPA (gestation pour autrui)

Libération | 26 juin 2014

La Cour européenne a estimé qu'en n'acceptant pas la filiation d'enfants nés à l'étranger d'une mère porteuse, la France «portait atteinte à leur identité».

La Cour européenne des droits de l’Homme a condamné jeudi la France pour son refus de reconnaître la filiation des enfants nés de mère porteuse à l’étranger, tout en se gardant de se prononcer sur le choix des autorités françaises d’interdire la gestation pour autrui (GPA).

Dans cet arrêt très attendu par les partisans de la GPA, la Cour a estimé que le refus des autorités de transcrire des actes de filiation réalisés aux Etats-Unis à la suite de naissances par mère porteuse portait atteinte à l’identité des enfants. Elle a en outre estimé qu'«interdire totalement l’établissement d’un lien de filiation entre un père et ses enfants biologiques» était «contraire» à la convention européenne des droits de l’Homme.

La CEDH a été saisie par deux couples de parents, qui se battent depuis des années devant les tribunaux pour faire transcrire dans l’état-civil français les actes de naissance de leurs enfants nés par GPA aux Etats-Unis. Dans les deux cas, les embryons avaient été conçus avec des spermatozoïdes du mari et les ovocytes d’une donneuse. Ces deux couples s’étaient heurtés, le 6 avril 2011, à une fin de non-recevoir de la Cour de cassation. La plus haute juridiction de l’ordre judiciaire avait jugé «contraire à l’ordre public (...) la décision étrangère (de reconnaissance de la filiation par GPA, ndlr) qui comporte des dispositions heurtant des principes essentiels du droit français».

A la suite de cet échec, les deux familles ont saisi la justice européenne, arguant d’une situation discriminatoire, d’une atteinte à leur vie privée ainsi qu’à leur droit de fonder une famille. La Cour a estimé que le refus des autorités françaises ne les avait pas empêché de mener une vie familiale «dans des conditions globalement comparables» à celles d’autres familles en France.

Mais selon les magistrats européens, les enfants des deux couples se trouvaient «dans une situation d’incertitude juridique», alors même que dans les deux cas, les autorités françaises allaient jusqu’à refuser d’admettre le lien entre les enfants et leur père biologique.

L'avocat de la famille Mennesson, Me Patrice Spinosi s'est dit très satisfait. Grâce à cette décision, «ces enfants ont le droit d’avoir des parents reconnus comme tels, le droit d’avoir une vie quotidienne ordinaire, sans tracasseries administratives permanente, le droit d’hériter de leurs parents, etc.», estime-t-il. «Au-dela du cadre hexagonal, cette décision doit faire jurisprudence pour tous les pays de l’Union.»

 

 

05/06/2014

Puppinck : L'embryon humain est-il une personne au regard de la loi ?

Grégor Puppinck | 30 mai 2014

embryon2.jpgLa Commission européenne a rejeté le 29 mai l'initiative citoyenne "Un de nous" qui demandait l'arrêt du financement des recherches impliquant la destruction d'embryons humains. La demande a été refusée en vertu de la définition que donne la Commission de l'embryon ... En voulant essayer de définir la nature de l’embryon, le droit ne peut qu’apporter sa propre conception des choses et mépriser le réel. Analyse de Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur de l’European Centre for Law and Justice (ECLJ).

 

« D’un point de vue juridique, l’embryon est-il une personne humaine ? » À quoi bon une telle question ? Se demande-t-on si, d’un point de vue juridique, le têtard est un batracien ? Cette question révèle une confusion très répandue entre la réalité et le droit, entre le fait et la norme. Cette confusion résulte de notre appréhension de la réalité, dont la représentation sociale ou normative tend à être perçue immédiatement au détriment de sa réalité première, factuelle.

Le droit n’est pas la réalité

Le droit porte sur des objets, des faits objectifs qui lui sont extérieurs, mais lorsque le fait est mystérieux, lorsque notre intelligence peine à appréhender une réalité – comme un embryon ou un fœtus – que l’on peut difficilement voir ou toucher, nous nous en faisons une idée. Cette idée, personnelle, représente la réalité, mais lui fait perdre son unicité et la fragmente car il faut admettre la possibilité d’une multiplicité de telles idées. Le droit, comme représentation de la réalité, vient alors imposer une conception commune, réunifiant cette diversité de points de vue, et ainsi il restaure l’apparence d’une réalité accessible, unie et partagée, il remplace la réalité. Mais en fait le droit ne fait que s’interposer entre nous et la réalité, il est la projection de notre représentation de la réalité. Ainsi sommes-nous amenés à penser que le droit aurait le pouvoir de dire ce qu’est l’embryon, car in fine, le droit, la norme sociale, serait la seule réalité humaine.

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