Clé n° 1 : Reconnaître qu’on a une mission
Chaque être humain a une orientation inscrite en lui, qui valorise au mieux ses possibilités humaines, en vue d’une action pour la communauté. Elle se manifeste par une sorte d’appel intérieur, venu du fond de soi-même. Celui-ci revêt plusieurs visages : un idéal à poursuivre, un but à atteindre, un désir profond et persistant, une inclination durable de l’âme, un enthousiasme débordant pour un certain genre d’activité…
Clé n° 2 : Devenir qui nous sommes
On ne peut concevoir la volonté de Dieu en contradiction avec le désir profond de l’homme, car ce désir, c’est le sien en nous. C’est enthousiasmant pour des jeunes de savoir que Dieu nous appelle à être nous-mêmes, par un appel spécial, et que nous avons chacun une place unique dans la Création.
Clé n° 3 : Une mission pour les autres
Il n’existe qu’une seule et véritable mission : aimer. La mission, ce n’est pas seulement un appel à se réaliser soi-même, mais à se réaliser soi-même pour les autres. Chaque fois qu’une personne développe ses talents et son originalité dans l’accomplissement d’une vocation, elle se fait cocréatrice et collaboratrice de la Création. Elle enrichit le monde. Il faut remplacer le dicton « Personne n’est indispensable » par « Toute personne est indispensable ».
Clé n° 4 : Ne pas avoir peur du face-à-face avec soi
Que l’on soit un jeune adulte resté adolescent, un adulte parvenu au milieu de la vie, des parents se trouvant face au « nid vide », une personne arrivant à la retraite ou frappée par le chômage, ou une personne âgée voyant venir sa fin prochaine, ce face-à-face nous amène tous à nous interroger sur notre identité et notre raison d’être.
Clé n° 5 : Une vocation naît souvent d’une blessure
Je songe à cette femme qui, victime de violences conjugales, fonda une maison pour femmes battues ; à ce paraplégique qui recueille des fonds pour aider d’autres personnes handicapées… Les personnes éprouvées s’avèrent souvent les plus à même de venir en aide aux autres, car elles connaissent le chemin de la guérison et le moyen d’apprivoiser le mal.
Clé n° 6 : Avoir un peu de courage !
Choisir de réaliser sa mission suppose toujours du courage. Le courage, parfois, de dire non à l’idéal que l’entourage projette sur vous. Quand on piétine son être profond pour faire plaisir aux autres, on risque de ne pas s’aimer et, plus tard, de s’en vouloir.
Clé n° 7 : Accueillir la joie
Les signes montrant qu’on est dans sa voie : une satisfaction profonde, un enthousiasme durable, une paix intérieure. Et l’impression qu’on se réalise : « J’ai enfin trouvé ma place dans l’univers, s’est exclamée une personne à la fin d’une session. Je ne suis plus jalouse ! » Cette fécondité rejaillit sur les autres, même invisiblement.
Clé n° 8 : Reconnaître les priorités
Une mère de trois enfants, très artiste, m’avait confié : « Je suis faite pour la peinture ». Je lui ai conseillé d’achever sa mission de mère de famille – tout en se préservant des plages de temps où elle n’abandonnait pas son talent – car c’est une priorité de l’amour. Ses enfants ayant grandi, elle a pris son pinceau à plein temps… et sa peinture a atteint une grande profondeur, car elle a été enrichie de son sacrifice.
Clé n° 9 : Discerner la volonté de Dieu
Notre Dieu n’est pas un papa bonasse un peu gâteux, mais un Dieu dynamique qui nous appelle, et dont la volonté d’amour s’exprime à travers nos talents humains, nos aptitudes, nos épanouissements, nos désirs profonds, nos élans de liberté. Nous réalisons sa volonté, dans une mystérieuse collaboration, en réalisant notre voie !
Clé n° 10 : On peut rater sa mission
Pour plusieurs raisons. Parce qu’on l’a ignorée ou refoulée loin en soi. Parce qu’on n’a pas eu les moyens matériels ou spirituels de la poursuivre, à cause de la pauvreté, du manque de formation, du manque de ressources, de la maladie, des responsabilités familiales, de l’isolement, etc. Parce qu’on s’est satisfait d’un compromis. Parce qu’on l’a abandonnée ou qu’on l’a tout simplement refusée, etc.
Clé n° 11 : Personne n’est à l’abri d’un échec…
Même des gens qui se sentent dans leur mission peuvent en sortir. Nous sommes fragiles. Nul ne peut dire : « J’y suis, j’y reste ». On peut appliquer à la mission ce que disait Jeanne d’Arc sur l’état de grâce : « Si j’y suis, que Dieu m’y garde ; si je ne suis pas, que Dieu m’y mette ». Certaines personnes vont découvrir leur mission dans l’échec, et vont grandir dans l’amour grâce à lui. Le prophète Jonas représente le type même du récalcitrant qui fait tout pour se dérober à l’appel de Dieu. Or il se retrouve après de nombreuses péripéties, bien malgré lui, au lieu même où Dieu lui a enjoint d’aller : à Ninive !
Clé n° 12 : … mais Dieu « récupère » tout
Il va tout faire pour profiter de nos échecs, de nos fuites, de nos refus, pour nous remettre dans notre axe profond, pour nous faire rebondir vers Lui, et récupérer ces manques pour les transformer en grâces dans l’histoire du salut. « Tout est grâce », disait Thérèse de Lisieux. Car la mission, dans le fond, est un appel à poser un acte qui s’inscrit dans l’histoire du salut. Et le dernier mot de notre vocation est de Celui qui appelle : Jésus, dont la mission de salut est passée par la Croix et la Résurrection. Le Sauveur est toute miséricorde. C’est pour-quoi on peut sans doute parler de mission manquée, mais pas de vie perdue.