Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/08/2015

« Donnez-moi une armée qui récite le chapelet et je ferai la conquête du monde » (Saint Pie X)

Face à tous les maux corporels et spirituels de notre monde, sachons que Notre-Dame est là pour nous secourir pourvu que nous le lui demandions.

arton1692-b659e.jpg

La fête de Notre-Dame du Rosaire fut instituée au lendemain de la victoire de Lépante (Grèce) en 1571, comme la Transfiguration au lendemain de Belgrade (1456) et le Saint Nom de Marie au lendemain de Vienne (1683). Elle fut étendue à l’Église universelle au lendemain de Peterwardein (1716). Tous ces noms nous disent que, de la chute de Constantinople (1453) à la fin du 18e siècle, l’Église a toujours vécu sous la menace du Croissant musulman ; elle a toujours regardé avec angoisse vers l'Orient, mais toujours aussi elle a senti aux heures où tout semblait perdu, la maternelle protection de Marie.

source : Missel biblique de tous les jours. Vespéral et rituel. Tardy et Action Catholique Rurale. 1965. p.1419.

 

« La décadence qui existe dans le monde est sans nul doute la conséquence du manque de prière. Ce fut en prévision de cette désorientation que la Vierge a recommandé avec tant d'insistance la récitation du chapelet. Et comme le chapelet est, après la sainte liturgie eucharistique, la prière la plus propre à conserver la foi dans les âmes, le démon a déchaîné sa lutte contre lui. Malheureusement, nous voyons les désastres qu'il a causés. (…) Nous ne pouvons et nous ne devons pas nous arrêter ni laisser, comme dit Notre Seigneur, les fils des ténèbres être plus avisés que les fils de la Lumière. Le rosaire est l'arme la plus puissante pour nous défendre sur le champ de bataille ». Soeur Lucie de Fatima (1907-2005)

source : En ce mois d'octobre, la Très Sainte Vierge est venue nous apporter l'arme la plus puissante contre le démon après le Saint-Sacrifice de la Messe : le Rosaire !

30/07/2015

Cardinal Robert Sarah : « Qu’on nous écoute ou pas, nous parlerons »

cardinal sarah, robert sarah

ARTICLE | Famille chrétienne | 10/06/2015 | Numéro 1952 | Par Aymeric Pourbaix et Jean-Marie Dumont
Au prochain Synode sur la famille, les évêques africains n’ont pas l’intention de permettre que les débats soient monopolisés par l’Occident déclinant. Entretien avec leur figure de proue, le cardinal Robert Sarah. Tonique !
 
Avez-vous le sentiment que l’Afrique a été la grande oubliée du Synode sur la famille ?
Elle s’est exprimée et on ne l’a pas oubliée ! On n’a pas voulu l’entendre mais elle a bien été présente. Nous étions tout sauf silencieux !
Sur quels sujets les évêques africains se sont-ils particulièrement engagés ?
Notre souci est d’encourager, de mettre en valeur, de protéger la beauté de la famille. Sans la famille il n’y a pas de société ni d’Église. Ni même d’avenir. La famille est le lieu où l’on apprend à servir les autres, à les aimer, à leur parler, à les supporter. C’est aussi là que se transmettent les valeurs, la culture, la foi.
Quelle est la spécificité, à cet égard, de l’Afrique ?
Nous aimons la famille, notamment la famille élargie, la famille nombreuse, l’Église-famille. Nous avons conscience d’être la famille de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Notre vision philosophique c’est que l’homme n’est rien sans la femme et que la femme n’est rien sans l’homme, et que les deux ne sont rien sans un troisième élément qui est l’enfant. L’enfant est une bénédiction, un don précieux de Dieu. La famille, c’est un homme et une femme qui s’aiment mais aussi qui sont ouverts à la transmission de la vie.
Vous avez l’impression que ces aspects se sont perdus en Occident ?
Regardez l’Occident qui vieillit, qui n’a pas d’enfants. C’est comme un suicide collectif.
Y a-t-il un risque de contamination, pour les Églises en Occident ?
C’est une question à laquelle il est difficile de répondre ! Si vous vous baignez dans une rivière boueuse, vous en ressortez couvert de boue ! En vivant dans un certain contexte, on risque de se laisser contaminer. Je pense que l’Église en Occident reste fidèle à sa mission. Mais il faut craindre que l’ambiance culturelle, l’absence de Dieu, la sécularisation, puissent la contaminer. Je ne dis pas que c’est fait, mais le risque est là !
Comment faire face à ce danger ?
Il faut avant tout que l’Occident retrouve ses racines, c’est-à-dire Dieu ! Nous vivons dans un contexte culturel où Dieu est absent. Les chrétiens sont dans une ambiance d’apostasie silencieuse. Tant que l’Occident ne retrouve pas les fondements de son être, son identité, sa culture chrétienne et Dieu Lui-même, je ne vois pas comment il peut revivre.
Quels pourraient être les moyens concrets conduisant à cette résurrection ?
L’évangélisation, les sacrements. Mais aussi la sacralité, la beauté de la liturgie, tout faire pour susciter une ambiance favorisant un réel contact avec Dieu. La liturgie permet ce lien vital, personnel et intime avec Dieu. C’est pourquoi il faut qu’elle soit la plus belle possible.
Le pape a évoqué la colonisation idéologique exercée actuellement par l’Occident en Asie. Vous évoquez le même sujet pour l’Afrique et vous y voyez la marque du diable…
En créant Adam et Ève, Dieu a créé la famille. Le mariage est un don que nous recevons de Dieu. Chercher à le détruire par des lois ne peut venir que du démon. Celui-ci cherche à briser l’œuvre de Dieu. C’est le cas aussi lorsqu’on redéfinit le mariage et la famille, comme cela s’est produit dans votre pays. Aucune civilisation dans l’Histoire n’a légiféré sur l’union matrimoniale de personnes de même sexe, comme vous l’avez fait l’an dernier.
Comment se passe, concrètement, cette colonisation ?
La plupart des gouvernements africains s’entendent dire : si vous n’acceptez pas la théorie du gender, si vous n’acceptez pas les droits des homosexuels, le droit à l’avortement, vous n’aurez pas d’aide financière. Le droit se trouve ainsi dénaturé. C’est la raison pour laquelle le pape dit : il faut vous rebeller, il faut dire non au colonialisme idéologique qui détruit la famille.
Connaissez-vous des pays africains qui disent non ?
Le Sénégal, par exemple. En arrière-plan se trouve la question suivante : pourquoi les pays occidentaux ne veulent-ils pas accueillir l’Asie ou l’Afrique avec leurs richesses et leurs valeurs culturelles propres ? Pourquoi penser qu’il n’y a que la manière ou la vision occidentale de l’homme, du monde, de la société, qui soit bonne, juste, universelle ? L’Église doit se battre pour dire non à cette nouvelle colonisation.
Est-ce l’un des enjeux du Synode ?
Au Synode d’octobre prochain, nous allons, je l’espère, aborder la question du mariage de façon avant tout positive, en cherchant à promouvoir la famille et les valeurs qu’elle porte. Les évêques africains interviendront pour soutenir ce que Dieu demande à l’homme sur la famille et accueillir ce que l’Église a toujours enseigné.
Les évêques africains sont-ils tous déterminés à aller dans ce sens-là ?
On n’a pas besoin de se concerter pour réaffirmer que le mariage est un et indissoluble. C’est quelque chose de connaturel ! Certains se concertent pour être plus forts, croyant que ce sont les pressions qui l’emportent. Comme si la doctrine était une question de pression ! En Afrique de l’Ouest on donne aux futurs mariés un fruit appelé la cola : la moitié au marié, l’autre à la mariée, et ils doivent la manger. Une fois que c’est fait, le maître de cérémonie dit : restituez-moi la cola comme elle était avant. Et ils répondent : c’est impossible ! Cela symbolise le fait que le mariage ne se casse pas. Même chez les païens cette indissolubilité du mariage est reconnue.
Ne peut-on pas envisager des exceptions ?
Jésus a-t-Il évoqué une exception ? Ce que Dieu a uni, l’homme ne peut le défaire. Ce n’est pas une intransigeance ni un fondamentalisme. C’est une loi de Dieu, qui veut le bien de la famille. On pourrait me dire : mais j’ai mieux réussi dans mon deuxième mariage ! D’accord, toi tu as réussi, mais tes enfants ont-ils réussi ? Et ta femme a-t-elle réussi ? La cassure d’un mariage, les brisures psychologiques et la terrible souffrance que provoque un divorce, sont-elles une réussite ? Peut-on construire sa réussite et son bonheur en imposant au conjoint et aux enfants des brisures et des souffrances humaines irréparables ?
Est-ce qu’on a assez parlé des enfants pendant ce Synode ?
On n’en parle presque jamais ! Alors que c’est le vrai drame de l’Occident. Pensez à toutes ces familles où les enfants sont ballottés entre leurs parents séparés. Et la personne qui est abandonnée, alors qu’elle avait tout donné, quelle souffrance ! Personne ne peut consoler cette cassure-là ! Or on ne pense pas à ces gens qui souffrent ! On a seulement pitié de ceux qui contractent un nouveau mariage civil et qui veulent communier. Pourquoi une telle myopie ?
Y a-t-il de vraies fractures aujourd’hui au sein de l’Église ?
Entre ceux qui suivent le Christ ou qui suivent Dieu, il n’y a pas de fracture. Le Christ est leur rocher. Si on s’appuie sur Lui, il n’y a pas de division. Ceux qui s’éloignent de Lui ne causent pas une fracture. Ils se détachent. Mais ils ne cassent pas l’Église. Ils quittent Jésus, son enseignement et son Église.
Que dire aux chrétiens qui ont été désemparés lors du Synode d’octobre dernier ?
Dites-leur de lire Dieu ou rien [le livre d’entretien avec le cardinal qui vient de paraître chez Fayard] ! Notre secours est dans le nom du Seigneur, disons-nous souvent. Ce livre a l’unique intention de consolider la foi des gens, de les rassurer, en leur rappelant que Dieu a parlé et qu’en vivant sa parole nous sommes en sécurité. Dieu a confié sa parole à l’Église. En suivant l’Église et ses enseignements, nous sommes en sécurité. Suivons courageusement et fidèlement celui qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie  »: Jésus Christ, Lui, la Parole de Vie et la Lumière.
Malgré les épreuves ?
Oui ! Regardez : des gens meurent par fidélité à leur foi en Jésus aujourd’hui, au Pakistan, au Moyen-Orient, en Afrique. Ils meurent égorgés pour la parole de Dieu et le témoignage de leur foi. Et nous, nous voulons annihiler l’Évangile, le réduire au minimum. Que les chrétiens aient des yeux ouverts pour regarder ceux qui meurent pour le Christ. Ils sont un Évangile vivant.
Pour vous, qu’est-ce que l’Afrique apporte aujourd’hui à l’Église ?
L’Afrique a toujours été impliquée dans le projet de Dieu. Regardez la Révélation ! Lorsque Dieu a voulu établir une alliance avec l’homme, cela a commencé en Égypte. C’est l’Afrique qui a sauvé Jésus : quand Hérode cherchait à Le tuer, Marie et Joseph se sont réfugiés en Égypte. C’est un Africain qui a aidé Jésus à porter la croix : Simon de Cyrène ! Dès le départ Dieu a voulu impliquer l’Afrique dans le salut du monde. Car « ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort ; ce qui, dans le monde, est sans naissance et que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi pour réaliser le salut de l’humanité » (cf. 1 Co 1, 27).
Les derniers papes ont-ils pris la mesure du rôle de l’Afrique ?
Absolument ! Ils lui ont manifesté toute leur confiance. Paul VI a déclaré en 1969 : « La nouvelle patrie du Christ, c’est l’Afrique ». L’Afrique s’ouvre largement à l’Évangile, comme le montre la croissance du nombre de chrétiens, passés en un siècle de 2 millions à 200 millions (voir Repères). Benoît XVI a dit que l’Afrique était le poumon spirituel de l’humanité. Jean-Paul II, de son côté, a déclaré que le nom de chaque Africain était inscrit sur les paumes crucifiées du Christ. Autrement dit, l’Afrique, dans sa pauvreté, sa faiblesse, ses maladies… est utilisée par Dieu pour manifester sa puissance. C’est pourquoi nous voulons prendre nos responsabilités. Qu’on nous écoute ou qu’on ne nous écoute pas, nous parlerons et on entendra notre parole. Nous nous exprimerons avec respect, délicatesse, mais aussi avec force, en nous appuyant uniquement sur Dieu, notre force.
 
Repères
En Afrique, le nombre des chrétiens est passé en un siècle de 2 millions à 200 millions.
Entre décembre 2001 et décembre 2011, on y a enregistré une augmentation de:
+ 39,5% de prêtres diocésains et de religieux ;
+ 18,5% de religieux non prêtres  ;
+ 28% de religieuses.
(Annuaire 2011 des statistiques de l’Église.)
 
Le pape a récemment cité un auteur, Mgr Benson, lequel, dans son ouvrage Le Maître de la terre, décrit d’une manière prophétique beaucoup de dérives actuelles…
Ce qui se passe aujourd’hui, surtout en Occident, est une œuvre du démon. Le plus grave est de vouloir imposer ces dérives aux autres continents et cultures. On nous parle des droits de l’homme, mais n’avons-nous pas des droits nous aussi, à ne pas nous voir imposer toutes ces perversions ?
Le règne de l’Antéchrist semble plus fort que jamais…
L’Église ne doit pas avoir peur ! Le Christ a dit : « N’ayez pas peur ! » Jean-Paul II l’a redit. L’Église ne doit pas avoir peur de dire l’Évangile et sa foi en Dieu, qu’elle soit écoutée ou non. C’est sa mission. Celle reçue du Christ Lui-même !
C’est le seul vrai pouvoir qu’elle ait : le pouvoir de la parole ?
Une parole qui sauve l’humanité. Si vous parlez avec clarté et fermeté pour révéler Dieu et sa Parole de Vérité, on vous dit : c’est un fondamentaliste, c’est un intolérant. Mais ce n’est pas vrai ! Est-ce que vous êtes intolérant quand vous dites à votre enfant : mentir ou tricher ce n’est pas bien ! Si vous laissez faire, vous êtes coupable. Et l’Église peut aussi être coupable de se taire. Les chrétiens persécutés, même si on les tue, ne se taisent pas. Leur voix est plus limpide, plus forte et plus glorieuse que la haine, la violence, la confusion mentale de leurs persécuteurs. Si on a peur d’être maltraité, il suffit de regarder ceux qui, autour de nous, meurent pour Jésus, et nous retrouvons courage et force. Leur sang réveille notre foi endormie ou anesthésiée par la mondanité. Il faut aujourd’hui plus de courage à l’Église, aux chrétiens, aux évêques.
Vous le leur dites ?
Je ne dis pas que la manière de m’exprimer a la délicatesse qu’il faudrait. Cependant Jean Baptiste avait des paroles rudes et sévères. Il disait « Engeance de vipères » ! Ce n’était pas très délicat comme parole ! Jésus aussi a été très sévère : Il a fouetté les vendeurs du Temple. Il faut parfois aussi de saines et fraternelles colères comme celle de Jésus. Dieu donne une mission difficile aux prophètes : parlez, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas. Dans le livre d’Ézéchiel, il avertit et explicite la responsabilité du messager divin : quand tu vois le danger venir et que tu n’avertis pas le coupable, s’il meurt, c’est toi qui es responsable. Mais si tu l’avertis et qu’il n’écoute pas, c’est lui le responsable. Notre responsabilité c’est de dire, de parler au nom de Dieu et de Lui seul !
À temps et à contretemps ?
Oui ! En trouvant la pédagogie, la forme, la parole juste pour dire les choses sans trahir la doctrine et sans blesser les personnes.
Il faut commencer par le clergé, si on vous suit bien ?
Bien sûr ! Si le moteur est cassé, la voiture a beau avoir une belle carrosserie, elle ne bouge pas ! Le clergé est le moteur. C’est pourquoi la formation du clergé, sa vie intérieure, est fondamentale. C’est ce que le Christ a fait avec ses Apôtres : pendant trois ans, Il les a pris avec Lui, dans le désert, pour les former avant de les envoyer. Faire naître les gens à la grâce est une responsabilité que nous mendions auprès de Dieu. On n’enseigne pas et on ne conduit pas les autres à Jésus sans L’avoir soi-même rencontré. Saint Jean dit : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons ! » Nous ne sommes pas des professeurs qui communiquent une science apprise dans les livres, nous sommes des témoins. Si, à la fin d’une journée, vous n’avez pas eu cinq minutes avec le Seigneur Jésus, comment voulez-vous conduire les gens à Jésus et les nourrir de sa parole ?
Un évêque africain disait au Concile qu’il suffit de quelques saints pour convertir un pays…
Regardez le Curé d’Ars : n’a-t-il pas changé la France ? Mère Teresa n’a-t-elle pas changé le monde ? Les douze Apôtres n’ont-ils pas bouleversé et transformé le monde par le nom de Jésus !
La France a-t-elle pour vous un rôle spirituel spécifique à jouer ?
Ce n’est pas pour rien qu’on dit que la France est la fille aînée de l’Église. Ce n’est pas un titre, c’est une mission ! Regardez ce que la France a fait pour porter la civilisation chrétienne à travers le monde, en Afrique, en Asie. Voyez les missionnaires français qui ont parcouru le monde. Ce que je suis, ce que je dis, je l’ai reçu de vous, de la France. Je ne sais pas s’il se trouve un pays qui a produit autant de saints ! La France a un rôle essentiel à jouer, y compris du point de vue de la culture, de la civilisation. Mais si elle reste païenne, sécularisée, elle ne le fera pas.
La France, éducatrice des peuples ?
Bien sûr ! Être fille aînée de l’Église est une responsabilité. Et je pense qu’elle continue à jouer ce rôle aujourd’hui malgré les apparences. La France est le pays qui a vu naître beaucoup de nouveaux mouvements religieux. On y perçoit les signes d’une renaissance. Ce n’est pas le nombre de chrétiens qui fait la beauté de l’Église. Le printemps de l’Église, ce sont les saints que le Christ continue à susciter dans son Église. 
 
Médias et liturgie : « Le président de Guinée m'a appelé… »
«  En tant qu’Africain, je suis très surpris de voir que beaucoup de chrétiens, lors des messes pontificales à Rome, n’ont qu’une seule préoccupation : prendre des photos, et se comportent comme s’ils ne se trouvaient pas devant Dieu. Je dois dénoncer l’envahissement des médias, des photographes dans nos célébrations eucharistiques. Même les prêtres qui concélèbrent ont l’audace de prendre des photos. L’Église catholique doit réfléchir et prendre des mesures fermes devant ce phénomène scandaleux et choquant. Les autres croyants, notamment musulmans, sont écœurés et choqués de voir cela dans nos célébrations. Les processions, qui nous conduisent à la célébration du grand mystère de notre foi, sont faites sans aucun recueillement, comme si nous entrions dans un théâtre, sans aucun émerveillement, sans aucune frayeur religieuse de nous trouver face à face avec Dieu. Les célébrants bavardent et discutent sur toutes sortes de futilités en avançant vers l’autel du Seigneur  ! Pour illustrer mon propos, je vous raconte un fait. C’était la consécration de l’église de Saints-Pierre-et-Paul de Bonfi, à Conakry. Il y avait la télévision guinéenne pour couvrir l’événement, et le prêtre responsable des émissions de « La Voix de l’Évangile », qui assurait lui aussi le reportage de la liturgie. Le prêtre portait les ornements liturgiques puisqu’il concélébrait et, accroché à son cou, il avait son appareil photo et jouait sa fonction de journaliste, en même temps qu’il concélébrait. Et la télévision l’a pris en flagrant délit. L’image a été diffusée le dimanche soir. Dès le lendemain matin, le président de la République, M. Lansana Conté, qui est musulman, m’a fait appeler et m’a dit textuellement : “J’ai vu hier soir aux émissions religieuses un de tes prêtres prendre des photos pendant la prière. C’est inadmissible  ! Ce n’est pas le travail du prêtre. Le prêtre doit faire prier les fidèles. Il est le représentant de Dieu au milieu des fidèles et en même temps celui qui nous aide à être attentifs à Dieu. Il ne faut plus qu’il recommence. Si tu as besoin d’un cadreur ou d’un technicien de prises de vues pour les émissions religieuses, demande-le moi, je donnerai immédiatement la personne compétente”. En effet, ce type de compor­tement ne se vérifiera jamais dans une mosquée, car les musulmans ont plus de respect du sacré que la plupart des chrétiens. Ce qui se passe à la basilique Saint-Pierre pendant les célébrations pontificales mérite un examen sérieux. Je reconnais que les temps de silence se sont énormément améliorés. Il faut chercher à vivre la liturgie dans le plus grand respect, un profond sens du sacré et en nous tenant face à Dieu. »
Cardinal Robert Sarah
 
Aymeric Pourbaix et Jean-Marie Dumont

 

Lire l'entretien sur le site de Famille chrétienne:

> Le cardinal Robert Sarah : « Qu’on nous écoute ou pas, nous parlerons »

Famille chrétienne n°1952 du 13 au 19 juin 2015, pp. 10-15

> Acheter le numéro 1952 de Famille chrétienne

 

> Divorce et miséricorde: témoignage d'une mère abandonnée

> Jean-Paul II: "Le chrétien authentique a le devoir de rejeter énergiquement le divorce"

> Cardinal Sarah sur le synode: "Il faut plus de courage à l'Église, aux chrétiens, aux évêques"

 

02/07/2015

Benoît XVI: "L'on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs"

 

 

"Une description très actuelle! Combien de vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée... La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces vagues - jetée  d'un  extrême  à  l'autre:  du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme; du collectivisme à l'individualisme radical; de l’athéisme à un vague mysticisme religieux; de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite. Chaque jour naissent de nouvelles sectes et se réalise ce que dit saint Paul à propos de l'imposture des hommes, de l'astuce qui tend à les induire en erreur (cf. Ep 4, 14). Posséder une foi claire, selon le Credo de l’Église, est souvent défini comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c'est-à-dire se laisser entraîner "à tout vent de la doctrine", apparaît comme l'unique attitude à la hauteur de l'époque actuelle. L'on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs.

Nous avons, en revanche, une autre mesure:  le Fils de Dieu, l'homme véritable. C'est lui la mesure du véritable humanisme. Une foi "adulte" ne suit pas les courants de la mode et des dernières nouveautés; une foi adulte et mûre est une foi profondément enracinée dans l'amitié avec le Christ."

Cardinal Joseph Ratzinger, Homélie pour la Messe Pro Eligendo Romano Pontifice, 18 avril 2005

> L'homélie complète en vidéo

 

26/02/2015

Le retour des thèses du P. Jacques Dupuis condamnées par Saint Jean-Paul II

 

Une liquidation organisée de Dominus Jesus

 

29 Janvier 2015, Saint François de Sales

 

Ce n’est pas un hasard si depuis quelque temps, dans l’actuel cadre doctrinal et ecclésial complexe, soit en marche - avec une vraie et propre “liquidation” organisée de Dominus Jesus - une œuvre de mise en valeur des théories du jésuite Jacques Dupuis, dont la condamnation, sous le Pontificat de Jean Paul II, fut un événement d’une portée non secondaire. Au nom du fameux “esprit du Concile” (désormais Vatican III ou IV) ont été aussi avancées des accusations ouvertes contre le Cardinal Ratzinger à l’époque - Benoît XVI -, en affirmant que le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi n’aurait pas été en harmonie avec Jean Paul II (1). Dans cette opération ce dernier est présenté - par une manœuvre politique sans trop de scrupules - comme proche même des théories (hérétiques) du Père Dupuis. On méconnait que le Pape Jean Paul II dédia l’Angelus du 1er octobre 2000 à la Déclaration Dominus Jesus, et qu’il répondait déjà : “c’est moi qui l’ai voulue, elle est parfaitement conforme à ma pensée” (2), comme relaté dans les témoignages rendus par le Cardinal Tarcisio Bertone, à l’époque Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Au même endroit (le livre “L’ultima veggente di Fatima”), le Cardinal témoigne aussi de l'intéressante genèse dudit document : à ce même Pontife étaient parvenus de nombreux témoignages de missionnaires du monde entier, selon lesquels la vague œcuméniste était en train d’apporter un dommage à la vigueur missionnaire (3).

 

Les fauteurs de Vatican Trois en effet ont une spéciale antipathie pour la Déclaration Dominus Jesus, vue comme un texte qui voulut poser, quoique avec les limites des textes de compromis, un frein au projet d'extrême dissolution des contenus de la foi. La dissension ne se limite pas à des parties accidentelles ou à ce qui pourrait, dans une certaine mesure, être encore une question ouverte, mais elle se déchaine spécialement sur le fond du sujet, c’est-à-dire sur l’unicité du salut en Jésus-Christ et seulement par Lui, en diffusant dans les faits ouvertement l’hérésie. Une telle contestation, qui couve discrètement sous les cendres depuis des années (en février 2011 notre revue avait écrit L’Osservatore Romano attaque "Dominus Jesus" et la Commission Ecclesia Dei), entraine aussi l’autre texte connexe à la problématique et malheureusement connu presque seulement par les spécialistes, la Notification sur le livre du Père Dupuis (4). C’est sur cette dernière que nous nous arrêterons; en effet, elle - plus concise et plus ponctuelle que Dominus Jesus à laquelle elle renvoie - utilise des expressions qui ont la “faute” d’un certain courage doctrinal et d’une certaine netteté expressive. Affirmations qui, ce n’est pas un hasard, ont attiré les violentes attaques de “l’Ecole de Bologne” et aussi de ceux qui - sur la famille et le mariage - voudraient justifier théologiquement le divorce entre l’Evangile du Christ et un nouveau “souffle de l’Esprit”. Un dessein théologique (ou plutôt idéologique) assez vaste.

 

Le Père Dupuis et la condamnation des doctrines hérétiques

 

Le Père Jacques Dupuis, jésuite, nait en Belgique en 1923. Le religieux passe une grande partie de son activité en Inde où il s’interroge sur la question du salut pour ceux qui se trouvent en dehors de l’Eglise catholique; nait ainsi un intérêt pour ladite “théologie (même là où il n’y a pas de théologie) des religions non chrétiennes”. En 1984, il est appelé à enseigner à la Grégorienne, en recevant aussi la nomination de consulteur du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux. Grâce au prestige de l’enseignement dans une telle Athénée, sa pensée “théologique” acquiert de la notoriété et des consensus, pas seulement dans l’Urbe, jusqu’en 1997 lorsqu’il publie son livre : “Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux”. C’est le moment où le Père Dupuis fait “le grand saut”, selon les dire de nombreux collègues qui ne sont pas hostiles à la figure du jésuite; c’est en effet le moment où se fait clair le passage vers les positions du “pluralisme inclusif” ou “inclusivisme pluraliste”, comme on veut.  Que ces termes n’impressionnent pas, leur contenu - quoique en continuelle évolution interprétative - sera expliqué par la suite; pour l’instant nous remarquons seulement que si d’un côté ils sont utiles aux théologiens pour cataloguer les lignées de pensée (même hétérodoxes), d’un autre côté ils servent aussi à faire passer en douce comme “théorie soutenable parmi tant d’autres” ce qui n’est par contre qu’hérésie pure et simple (5).

 

Nous posons comme prémisse que pour la doctrine de l’Église le salut en dehors des confins visibles de l’Eglise catholique n’est pas impossible, et - sans attendre la découverte des Amériques, ni les théoriciens de “l’inclusisivisme pluraliste” d’aujourd’hui - Saint Thomas en parle déjà (6), mais une telle union au Christ Sauveur arrive “malgré” l’appartenance aux fausses religions. C’est-à-dire que l’appartenance à celles-ci n’est absolument pas cause de salut, parce qu’elles ne sont pas instrument de la grâce du Christ, au contraire en elles-mêmes elles sont un obstacle au salut. Il est vrai cependant qu’accidentellement peuvent être présent en elles certaines vérités en tant que dérivées de la Révélation primitive, de la loi naturelle ou aussi d’une intervention surnaturelle (quoad modum) qui n’est pas impossible dans des cas singuliers, qui ne renvoient pas à la fausse religion en tant que telle. C’est le cas par exemple, traditionnellement admis, des Sibylles païennes, lesquelles purent prophétiser le vrai sur le Christ. Jamais cependant l’intervention divine accrédite de telles fausses religions, mais elle permet seulement qu’en elles demeurent des lueurs de vérité, pour que soit facilité l’abandon de l’erreur et qu’on rentre - ou du moins qu’on ait le désir même seulement implicite d’entrer (cf Mystici Corporis) - dans l’unique Arche de salut : l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, c’est-à-dire l’unique société surnaturelle visible qui soit médiatrice de salut.

 

Qu’est ce donc que le dit “pluralisme inclusif” ou “l’inclusivisme pluraliste” de Dupuis, dont Enzo Bianchi avait fait l’éloge sur Avvenire du 22 septembre 1997 : “contribution très précieuse, presqu’un guide, une boussole, qui peut orienter le chemin de la théologie chrétienne face au troisième millénaire entrant” ? En quoi consiste une telle doctrine que l’École de Bologne aussi apprécie et propage avec tant d’enthousiasme ?

 

Comme le sait bien celui qui connait la tactique des modernistes, ils affirment rarement de façon claire ce qui est condamné ouvertement par l’Église, ils insinuent plutôt des contenus dangereux pour le dogme - même en se rétractant si nécessaire dans d’autres contextes - pour ensuite revenir à la charge avec une dose de venin plus grande encore. Très souvent ensuite ils font usage de la donnée subjectivo-immanente, en concentrant l’analyse sur les intentions internes (et insondables) des auteurs, d’ailleurs interprétées de façon élastique et “utile”, plutôt que sur la signification des mots ou des textes.

 

Une fois cette prémisse posée et pour en venir au Père Dupuis, du fait que son cœur n’est connu que par Dieu et du fait que les récentes déclarations-interprétations d’Alberto Melloni (7) à ce sujet ne sont pas pleinement vérifiables, à cause aussi de la mort de l’auteur, il faut s’en tenir - comme toujours dans ce cas - à la seule donnée objective. Telle a toujours été l’attitude du Saint Office, qui condamne ou approuve le sens objectif des phrases écrites ou dites. Si par ailleurs l’auteur avait une intention différente ou s’il s’est mal exprimé, tant mieux, cela voudrait dire que sa faute est moindre ou même nulle, mais cela n’enlève pas qu’un texte puisse être hérétique et donc dommageable pour la foi, et qu’en conséquence il soit à sanctionner publiquement. Si ensuite l’auteur est honnête, il peut se rétracter, accepter la doctrine catholique dans sa claire formulation traditionnelle et, s’il n’a jamais voulu la corrompre, il serait aussi une bonne chose qu’il s’excuse humblement envers l’Église - Fénelon le fit de la chaire - pour le dommage involontaire apporté aux âmes. Nous ajoutons aussi l’affirmation, pour ceux qui veulent vraiment rester sur le terrain subjectif, que fit Jacques Dupuis lui-même, lequel suite à l’acceptation de la Notification de 2001 confirmait “ sa volonté de rester fidèle à la doctrine de l’Église et à l’enseignement du Magistère”(8).

 

En faisant maintenant abstraction des dispositions internes du jésuite cité, dont l'intérêt - en dépit de l’instrumentalisation qu’en fait la faction progressiste - est en soi assez relatif, nous remarquons que le “pluralisme inclusif” du livre en question non seulement cherche à expliquer les voies mystérieuses de Dieu, qui ne dédaigne pas d’offrir une certaine possibilité de salut aussi aux non catholiques, mais il ouvre même la route à des voies de salut qui ne passeraient pas par Jésus-Christ. De telles voies - parmi lesquelles celle de l’hindouisme, bien connu par Dupuis - seraient possible en vertu d’une étrange œuvre universelle du Verbe ainsi que de celle de l’Esprit. Les fausses religions ne seraient même plus des instruments à inclure - thèse déjà en soi digne de censure - dans le projet salvifique du Christ, qui se servirait d’elles en tant que telles pour infuser la grâce, mais on s’aventure même dans une idée de “complémentarité” des autres religions par rapport au Christianisme. Cela serait comme si le salut, à travers le Verbe et l’Esprit, devenait possible même dans les fausses religions non seulement “malgré elles” comme l’affirme la droite doctrine; non seulement “en se servant d’elles, quoique non principalement”, ainsi que le dit un certain “relativisme modéré” appelé (euphémistiquement) “christocentrisme inclusif”; mais même “par elles” en tant que “voies complémentaires” - de fait alternatives - au salut par Jésus-Christ. Nous sommes face à la recherche d’un fondement spéculatif pour une structure qui apparait plutôt comme une sorte de relativisme “inclusivo-panthéiste”. Le Père Dupuis - avec une certaine cohérence interne - arrive à s’interroger sur comment et quand se réalisera la souhaitée “convergence universelle” de toutes les religions, mais il utilise aussi des expressions sur la “complémentarité réciproque” et sur l’effectif “enrichissement et transformation réciproques” que de telles religions peuvent apporter au Christianisme et cela non seulement dans l’ordre socio-culturel mais même dans l’ordre surnaturel du salut (9).

 

La condamnation des hérésies connexes à l’œuvre de Dupuis

 

Le 24 janvier 2001, après une longue analyse et avec des mots qui ne manquent pas de trouver des excuses subjectives pour l’auteur, par ordre du pape Jean Paul II, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à l’époque le Cardinal Ratzinger, “dans le but de sauvegarder la doctrine de la foi catholique d’erreurs, d’ambiguïtés ou d’interprétations dangereuses” - lit-on dans le Préambule - signe la Notification sur le livre du P. Jacques Dupuis, s.j.,«Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux». La Notification avec un ton assez clair (les mots en gras sont de la Rédaction) affirme d’abord qu’ “il faut croire fermement que Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, crucifié et ressuscité, est le médiateur unique et universel du salut de toute l’humanité” (n°1). Ensuite - les erreurs du Père Dupuis altérant plus ou moins indirectement aussi la doctrine de l’union hypostatique et de la divinité du Christ - la Notification affirme : “Il faut aussi croire fermement que le Jésus de Nazareth, Fils de Marie et seul Sauveur du monde est le Fils et le Verbe du Père. En raison de l’unité du plan divin de salut, qui a son centre en Jésus-Christ, il faut tenir en outre que l’œuvre salvifique du Verbe est accomplie dans et par Jésus-Christ, Fils incarné du Père, en tant que médiateur du salut de toute l’humanité. Il est donc contraire à la foi catholique non seulement d’affirmer une séparation entre le Verbe et Jésus ou une séparation entre l’action salvifique du Verbe et celle de Jésus, mais aussi de soutenir la thèse d’une action salvifique du Verbe comme tel, dans sa divinité, indépendamment de l’humanité du Verbe incarné” (n°2).

 

Elle déclare aussi qu’il n’y a aucune complémentarité des autres religions dans la voie du salut parce que : “la révélation historique de Jésus-Christ offre tout ce qui est nécessaire pour le salut de l’homme et n’a pas besoin d’être complétée par d’autres religions” et qu’ “il est donc contraire à la foi de l’Église de soutenir que la révélation par/en Jésus-Christ soit limitée incomplète ou imparfaite” (n°3).

 

Ainsi il est aussi “contraire à la foi catholique de considérer les diverses religions du monde comme des voies complémentaires à l’Église pour ce qui est du salut” (n°6). Et “considérer comme voies de salut ces religions, prises comme telles, n’a aucun fondement dans la théologie catholique; en effet, elles présentent des lacunes, des insuffisances et des erreurs sur les vérités fondamentales regardant Dieu, l’homme et le monde” (n°8).

 

On ne peut pas parler non plus d’un “souffle de l’Esprit Saint” qui dépasse l’Évangile et qui va au-delà de Jésus-Christ et de Ses paroles de vie éternelle : “La foi de l’Église enseigne que l’Esprit Saint, à l’œuvre après la résurrection de Jésus-Christ, est encore l’Esprit du Christ envoyé par le Père qui opère de manière salvifique aussi bien dans les chrétiens que dans les non-chrétiens. Il est donc contraire à la foi catholique de considérer que l’action salvifique de l’Esprit Saint puisse s’étendre au-delà de l’unique économie salvifique universelle du Verbe incarné” (n°5).

 

Un texte encombrant

 

Il est notoire que les ennemis de la Notification sur le livre de Dupuis n’aiment pas non plus Dominus Jesus, mais la Notification  en raison de certaines condamnations laconiques de ce qui est “contraire à la foi catholique” et en raison de certaines affirmations circonscrites de ce “qu’il faut croire fermement”, demeure pour eux le texte le plus odieux de ces dernières années. Et cela bien au-delà des seules discussions théologiques sur la pensée du jésuite belge. L’enjeu est bien plus élevé et en même temps plus concret. Il suffit de la relire rapidement - elle est même assez courte - pour s’en rendre compte (ici le texte intégral).

 

En effet, la haine récemment déversée sur ce texte a aussi pour  raison une actualité plus brulante. Les thèses connues et insoutenables qu’on voulait imposer au récent Synode sur la famille, on le sait, ont été précédées par une œuvre “théologique” qui permettait “d’outrepasser” l’obstacle posé par les trop claires paroles du Christ. Il était nécessaire de poser l’hypothèse d’un “souffle de l’Esprit” qui sauve les hommes “au-delà” de ce qu’ils appellent “l'événement Christ”, en permettant ainsi d’aller “au-delà” des paroles de l’Évangile. Ce n’est pas un hasard si “l’aspect théologique” qu’on voulait donner à certaines thèses synodales sur l'accès sans distinction à l’Eucharistie - courageusement refusées, du moins en 2014 - était celui de faire un parallélisme avec “la largeur” des voies de salut des non chrétiens. “Voies” qui pourraient aller d’une certaine façon même “au-delà du Christ” (quoiqu’en sauvant la façade par quelques éventuelles référence à Lui) et “au-delà de Sa loi”... De tels discours ont été tenus ouvertement surtout pendant la préparation du Synode (qu’on voit à ce sujet la présentation en juin 2014 du Documentum laboris) et ils ont aussi leurs lointaines racines doctrinales dans cette notion de salut et de grâce que la Notification condamne. En effet, le document affirme qu’un vague “souffle de l’Esprit” - pas “Saint” parce que séparé du Christ et de son Évangile qui ne peuvent jamais être “outrepassés” - n’est pas et ne sera jamais cause de salut universel. Il s’en suit donc au moins un redimensionnement indirect des autres théories dérivées du “spiritualisme panthéiste”, si cher à une certaine littérature allemande (Cf. L’influence de Luther derrière la “thèse Kasper”?).

 

Au sujet de l’apparent et postérieur retour du Père Dupuis aux erreurs qu’il avait déjà réprouvés, nous remarquons que cette donnée, tout en n’étant pas à exclure, est cependant à nuancer par rapport à l’instrumentalisation des publications actuelles; la plupart des affirmations se fondent en effet sur des textes que l’auteur ne publia pas de son vivant. Nous rappelons aussi que la Notificationapprouvée par le Saint Père [Jean Paul II ] durant l’audience du 24 novembre 2000, a été présentée au Père Jacques Dupuis et acceptée par lui. En signant ce texte, l’Auteur s’est engagé à reconnaître les thèses énoncées et à s’en tenir à l’avenir, dans ses activités théologiques et ses publications aux contenus doctrinaux indiqués dans la Notification” (10).

 

En conclusion, il faut souligner que le problème implique toute l’Église, bien au-delà des événements personnels du complexe jésuite. A ceux qui utilisent le défunt pour des manœuvres politico-idéologiques, nous répondons : Iam parce sepulto. Et nous ajoutons que si la pertinace obstination dans l’erreur et dans l’hérésie que dans les faits on lui attribue peut bénéficier peut-être de circonstances atténuantes, par contre de ce privilège bienveillant ne peuvent pas en bénéficier ceux qui s’obstinent sans retenue et continuent aujourd’hui à défendre des thèses condamnées même sévèrement, jusqu’au point de s’opposer dans les pages des grands quotidiens et même dans un cadre théologique autorisé - avec une persévérance luciférienne - à l’évidence de la doctrine catholique.

 

La Rédaction de Disputationes Theologicae

 

__________

 

 

1) Cf. A. Melloni, “La salvezza è di tutti, non sono eretico”, attacco a Dupuis per colpire Woytila, in Corriere della Sera, 4 gennaio 2015, p. 12.

 

2) T. Bertone, L’ultima veggente di Fatima, Milano 2007, p. 113.

 

3) Ibidem, p. 112.

 

4) Congregation pour la Doctrine de la Foi, Notification sur le livre du P. Jacques Dupuis, s. j., “Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux”  Paris, Cerf 1997, 24 janvier 2001 [Notification].

 

5) Cf. par exemple l’encadrement générale de la question chez P.F. Knitter, Introduzione alle Teologie delle Religioni, Brescia 2005; cf. aussi F. Patsch, Metafisica e religioni: strutturazioni proficue, una teologia delle religioni sulla base dell’ermeneutica di Karl Rahner, Roma 2011, pp. 389 e ss.

 

6) Sur les effets du “Baptême de désir” cf. S. Th., IIIa, q. 68, a. 2 corpus; IIIa, q. 69, a. 4, ad secundum; Ia IIae, q. 106, a. 1, ad tertium.

 

7) Cf. note 1.

 

8) Notification, cit., Préambule.

 

9) Jacques Dupuis, Verso una teologia cristiana del pluralismo religioso, Brescia, 1997, pp. 19, 439, 337-341, passim.

 

10) Notification, cit., Préambule.

 

Source: L'exhumation intéressée du Père Dupuis

11/12/2014

Cardinal Müller: séparer la doctrine et la pastorale est "une subtile hérésie christologique"

DSC_0194_810_500_55_s_c1.JPG

C'est ce qu'a déclaré le cardinal Gerhard Ludwig Müller, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 1er décembre 2014, a rapporté le lendemain  Radio Vatican . 

Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a ouvert ainsi l’assemblée plénière de la Commission théologique internationale au Vatican.

Pour le cardinal allemand, “la théologie n’est jamais une pure spéculation ou une théorie détachée de la vie des croyants“ car “il n’y a pas de vérité sans la vie, il n’y a pas de vie sans vérité“. (Archidiocèse de Dakar)

«Toute division entre théorie et pratique de la foi serait le reflet d’une subtile hérésie christologique», a déclaré le 1er décembre le cardinal Gerhard Ludwig Müller. Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi ouvrait l’assemblée plénière de la Commission théologique internationale au Vatican. (Apic)

 

Article complet:

> Attempt to divide doctrine and pastoral practice is a ‘subtle heresy’: Vatican’s doctrine chief