28/01/2016
La naissance du pèlerinage des pères de famille à Cotignac
Quand Marie agit, elle le fait bien : à partir du vœu d’un père de famille qui voulait remercier pour l’heureuse issue d’une grossesse préoccupante, et du renouvellement de la démarche sans planification, sans publicité et sans bruit, Cotignac est maintenant devenu un lieu majeur pour les familles de France.
Le pèlerinage des pères de famille c’est, en 1976, l’histoire d’un père de famille dont l’épouse vit une grossesse difficile et des moments d’inquiétude : les médecins évoquent des perspectives préoccupantes au terme de la grossesse de sa femme. Ils ont tous deux entendu parler de Cotignac et y font une ‘excursion’ à la fin de l’hiver. Sur la route du retour, le jeune père fait à sa femme la promesse de retourner à pied à Cotignac depuis Aix-en-Provence … si tout se passe bien ! Pense-t-il à un ‘pèlerinage’ ? Même pas ! Or, en juin de l’année suivante, la naissance d’Emmanuelle se déroule merveilleusement. Les parents sont comblés. Le jeune père pense à respecter sa promesse.
La naissance de ce pèlerinage est aussi l’histoire d’une amitié : un de ses amis, plus jeune, pas marié, propose de l’accompagner. Ils partent d’Aix, vers l’est, sans bien savoir par où ils vont passer. Nous sommes en juillet 1976 ; une grande période de canicule dans toutes les mémoires
Que se passe-t-il au cours de ce pèlerinage ? Ils marchent et ils discutent.
Au bout d’un moment, l’ami sort son chapelet : « Tu as toujours ton chapelet avec toi ? ». Et ils se mettent à prier. Tout simple : le plus jeune commente les mystères et ils égrènent le chapelet ensemble. Et puis le père de famille accepte de commenter à son tour. Il commence alors le bel apprentissage de la méditation et de la contemplation. […]
Le deuxième jour, en fin d’après-midi, ils passent tout près de Saint-Joseph… sans soupçonner la présence du monastère, alors en cours de restauration. Ils n’ont qu’une carte Michelin ! Puis ils arrivent à Notre-Dame de Grâces. L’épouse de celui qui est marié les attend depuis de longues heures, avec dans un couffin, Emmanuelle qui a six semaines. C’est le premier « bébé Cotignac » version contemporaine.
Qu’importe : ils se sont jetés aux pieds de Marie, exténués et éperdus de bonheur au bout de cette expérience si forte tant sur le plan physique que spirituel.
L’histoire aurait pu finir là. Eh bien non !
L’année suivante, le père de famille retourne à Cotignac avec cette fois un autre ami. Et l’année suivante, ils sont à présent un petit groupe de cinq ou six, mariés ou en projet de mariage. Naturellement, explicitement, ce pèlerinage est dès le début celui de pères de famille. Ils viennent rendre grâce et confier leur famille à Marie et Joseph. Ils confient aussi leurs soucis : santé, travail, désir d’enfant, cancer, enfant en perdition, chômage qui dure, épouse partie, conflits familiaux, … la liste est longue de ce qu’ils portent et dont ils parlent en cours de route, qu’ils échangent entre eux, qu’ils présentent à Dieu en offrant fatigue, chaleur et ampoules de la route.
Et c’est parti ! Chaque année un groupe d’une dizaine de pères de famille part d’Aix. Pas plus, pas moins. La formule est simple : ils marchent, ils parlent, ils prient, ils s’exercent à animer le chapelet, les méditations, les contemplations, ils se perdent parce qu’aucun d’eux ne prend le temps de repérer le chemin à l’avance. Le dimanche matin, ils sont accueillis à Saint-Joseph où une communauté de bénédictines arrivant de Médéa, en Algérie, s’est installée depuis 1977.
En 1982, une belle surprise attend les pèlerins à Notre Dame de Grâce. Ils sont accueillis par une communauté des Frères de Saint-Jean à qui a été confié le sanctuaire. La première rencontre avec les Frères de Saint-Jean est une découverte réciproque. « Vous ne pouvez pas garder cela pour vous », nous dit Benoît-Marie. Mais les pèlerins résistent : « Nous sommes des pères de famille, pas des employés de la Pastorale des pèlerinages du diocèse ! » Cela n’est pas négociable. Pourtant, dès l’année suivante, un troisième groupe rejoint Cotignac : des amis de Benoit Marie, de Cuges-les-Pins, dans les Bouches-du-Rhône.
Au cours des années suivantes, le groupe initial d’Aix-en-Provence ne cesse de grossir.
Ce n’est plus un groupe mais un troupeau. En même temps, d’autres groupes (Alpes Maritimes, Vaucluse) se sont constitués. Il faut se rendre à l’évidence. Les pèlerins du début comprennent que ce qui est devenu le « Pèlerinage en Provence des Pères de Famille » ne leur appartient pas. Marie a tranché. Ils choisissent de se séparer et au cours des années suivantes, de plus en plus de petits groupes partent de différents coins de Provence pour se retrouver le samedi soir à Cotignac.
Benoit Marie (encore lui !) dit sa préoccupation de voir le pèlerinage conduit et animé par des prêtres. Nouveau refus catégorique ! Dur-dur d’être prieur à Notre Dame ! « Nous sommes des pères de famille, pas des organisateurs de pèlerinage. On dit à nos amis de venir à Cotignac, passer deux jours sympas, entre copains, dans la nature. On sait qu’ils ont des soucis de famille ou de bébé et on leur dit qu’on veut les partager avec eux. On leur dit aussi qu’au bout de la route il y a Marie… Par contre qu’un prêtre marche avec nous, ça c’est génial : il serait en « voiture balai spi » et accueillerait chacun, cœur à cœur pour lui dire qu’il est aimé de Dieu » lui répond-on. Benoit-Marie, dubitatif, laisse tomber ses idées d’organisation par les prêtres et décide d’accompagner un groupe l’année suivante. A l’arrivée, il est convaincu : « Mon rôle est d’accueillir, de recueillir, de donner le pardon de Dieu. »
La formule est lancée.
Combien de pères de famille, éloignés de l’Église, de Dieu, qui, cheminant vers Cotignac, décident au cours de la marche d’aller parler un instant avec le prêtre … ? Combien de confessions, combien de grâces de conversion reçues ? Le pèlerinage des pères de famille est né à l’aube du pontificat de Jean Paul II. Il permet à des pères de famille d’origines diverses de marcher ensemble : traditionalistes et progressistes, riches et pauvres, croyants et incroyants, malades et en bonne santé, chefs d’entreprise et ouvriers, … Leur lien : être père de famille. Point ! Cet apostolat entre pères de famille permet l’évangélisation des pèlerins. Sur les routes de Cotignac, Marie fait leur éducation. Ils découvrent d’abord l’amour, l’amitié et le partage entre les membres de leur groupe. Puis ils découvrent qu’ils peuvent aimer davantage leur épouse, leurs enfants, leurs collègues de travail, … Par la prière, les chants, les méditations, l’adoration, la confession, ils découvrent la civilisation de l’amour [le règne du Christ Roi et de Marie Reine, NdEspN].
En quelques années, sans que ni Mgr Barthe, évêque en 1976 de Fréjus-Toulon, ni ses successeurs Mgr Madec et Mgr Rey, ni le Père Marie Dominique Philippe, fondateur des Frères de Saint Jean, ni la supérieure des Sœurs bénédictines de Médéa ne l’aient imaginé, Cotignac va jouer un rôle majeur en France pour les familles.
Quand Marie agit, elle le fait bien.
En quelques années les pères de famille dépassent le nombre de cinq cent. Et pourtant, ce pèlerinage n’a jamais fait l’objet, à ses débuts, de la moindre publicité dans aucun service des pèlerinages d’aucun diocèse. Il n’a jamais été un pèlerinage officiel ou labellisé. Il n’a reçu aucun soutien. A part l’évêque du Var qui vient régulièrement, le premier évêque qui y ait participé est monseigneur Billé, alors archevêque d’Aix. C’était en 1998. Il a été séduit par la formule et s’est étonné d’une si grande vivacité alors même qu’aucune reconnaissance n’existe.
Depuis 2011, les pères de famille ne sont jamais moins de 1200 à Cotignac.
Le lieu se révélant trop petit pour accueillir davantage de personnes, de nombreux autres pèlerinages de pères « selon l’esprit de Cotignac » sont organisés un peu partout en France. Actuellement une vingtaine : à Vézelay, en Auvergne, dans les Pyrénées, en Bretagne, en Dauphiné, en Normandie … jusqu’à l’Ile de La Réunion … partout des pères de famille marchent, chantent, partagent, prient et se convertissent.
En 1985, les mères de famille, un peu furieuses de ne pas pouvoir marcher avec leurs hommes, décident d’organiser leur propre pèlerinage.
Sourires et propos moqueurs des pères de famille. Elles partent à 5 d’Aix-en-Provence. En trois ans elles sont plus nombreuses que les pères de famille. Petit clin d’œil de Marie : comme au tombeau, elles sont les premières !
Et pourquoi les pères d’un côté, les mères de l’autre ? Allons-y aussi pour les familles. Puis, quelques années plus tard pour les célibataires, puis les collégiens, puis le pèlerinage pour la Vie …
Chaque pèlerin qui vient à Cotignac, c’est une conversion. Chaque conversion d’un père ou d’une mère c’est la conversion ou le début de conversion d’une famille. Alors, de plus en plus de pères et de mères de familles viennent à Marie. De plus en plus de familles reviennent à Marie et à Jésus.
Tout cela, sans plan marketing, sans campagne de presse. Marie, seulement Marie !
Jean-Louis Bouzereau, Pierre Chazerans et l’équipe des organisateurs
Image: Étape priante d’un des très nombreux groupes du pèlerinage des pères de famille de juillet 2015
Source: Cotignac 500 via Le Salon Beige
11:00 Publié dans Audio, Famille | Tags : chapelet, pèlerinage, pères, pères de famille | Lien permanent | Commentaires (0)
27/01/2016
Prière des futurs parents : une aide pour les couples en espérance d’enfants
La prière des futurs parents est un groupe de prière à distance (chacun prie chez soi) mais en union de prière avec les autres membres du groupe, une fois par semaine le jeudi soir. Nous prions à travers l’intercession et la vie d’un saint, différent chaque semaine. Le groupe existe depuis un an. Il est composé de couples du monde entier. Il concerne tous les couples en espérance d’enfants, ceux qui ont déjà accepté de ne pas pouvoir en avoir, et ceux qui sont en démarche d’adoption.
L’OBJECTIF EST DE TRANSFORMER LA SOUFFRANCE DE L’ATTENTE OU DU VIDE RESSENTI, EN JOIE FÉCONDE POUR LE MONDE.Le groupe se met sous le patronage des saints, avec à sa tête la Vierge Marie, afin de garder une ferme espérance en Dieu et s’abandonner à Sa volonté. Il s’agit de soutenir nos cœurs blessés, par la prière partagée avec des couples dans la même situation.
Depuis un an, une vingtaine de couples se sont inscrits à la prière. Certains sont partis car des grossesses ont été annoncées (certaines relèveraient du miracle).
Nous avons au fil du temps étoffé le groupe d’un site internet qui relaie des infos concernant les pèlerinages pour les couples en espérances d’enfant, les vies des saints, des catéchèses de l’Église catholique, et la possibilité de confier une intention de prière dans des communautés religieuses avec lesquelles nous sommes associés. Les couples sont heureux de la formule et des méditations.
> Prière des futurs parents sur le site du diocèse de Séez
Image du haut : fresque peinte par Giotto di Bondone, La rencontre de Sainte Anne et Saint Joachim à la porte dorée, 1305, détail.
21:30 Publié dans Famille | Tags : prière | Lien permanent | Commentaires (0)
20/01/2016
Le film « Être et devenir » projeté à Bruxelles ce jeudi 21 janvier 2016 à 19h30: pour l’éducation à la maison
Une projection du film « Être et devenir » est programmée au cinéma Aventure, au centre-ville de Bruxelles, ce jeudi 21 janvier 2016 à 19h30.
Le film, qui a déjà parcouru plusieurs pays d’Europe, tombe à point nommé en Belgique, face aux tentatives actuelles du monde politique, en particulier de la ministre Joëlle Milquet (« Centre Démocrate Humaniste ») d’imposer de lourdes restrictions sur la pratique de plus en plus prisée de l’instruction en famille.
Malgré son ancrage dans une anthropologie de type rousseauiste toujours en vogue et très justement dénoncée par le philosophe François-Xavier Bellamy lors de sa conférence « Transmettre, à quoi bon? » donnée à Bruxelles le 10 mars 2015, dont le compte-rendu et l’enregistrement complet sont publiés, ce film apparaît comme un argumentaire intéressant et puissant, qui donne matière à réflexion aux convaincus comme aux sceptiques, en faveur du mouvement de l’éducation en famille. Ce mouvement en pleine expansion est de plus en plus prisé, notamment aux États-Unis et en France, par les défenseurs de la famille face aux expérimentations pédagogiques néo-soviétiques imposées aux enfants par les ministères en charge du système scolaire. La liberté scolaire et la défense du droit des parents à choisir l’éducation de leurs enfants, à l’encontre des violentes ingérences de l’État dans la sphère familiale, deviennent aujourd’hui des sujets de réflexion cruciaux dont notre génération ne pourra se permettre de faire l’économie.
Ne manquez pas cette occasion de préparer à vos enfants une éducation saine et un avenir de qualité.
«La réalisatrice nous emporte dans un voyage en France, aux Etats-Unis, en Angleterre, et en Allemagne (où il est illégal de ne pas aller à l’école), à la rencontre de parents qui ont choisi de ne pas scolariser leurs enfants»
Vous pouvez écouter quelques commentaires de spectateurs qui ont vu le film:
La réalisatrice met également à disposition du public une liste de ressources utiles à toute personne intéressée par l’instruction en famille:
> Ressources utiles et ouvrages de référence
12:27 Publié dans Agenda/Événements/Horaires, Culture et société, Famille | Tags : éducation, école, école à la maison, homeschool, instruction en famille | Lien permanent | Commentaires (0)
« Transmettre, à quoi bon? »: la conférence de François-Xavier Bellamy
Espérance Nouvelle vous propose d’écouter la conférence « Transmettre, à quoi bon? » donnée par le philosophe François-Xavier Bellamy, le 10 mars 2015 à Bruxelles, à l’initiative de l’Institut Sophia, sur le rôle et l’importance de la transmission dans l’éducation et dans l’enseignement.
François-Xavier Bellamy est professeur agrégé de philosophie en classes préparatoires à Paris et adjoint au maire de Versailles.
10:20 Publié dans Audio, Famille | Tags : école, éducation, enseignement, pédagogie | Lien permanent | Commentaires (0)
30/12/2015
Les écoles indépendantes: des acteurs de plus en plus indispensables et prisés dans le paysage de l'enseignement
L'interview par Philippe Maxence d'Anne Coffinier, fondatrice de l'association Créer son école, du 7 novembre 2006, n'a fait depuis lors que gagner en actualité et en intérêt.
7 novembre 2006 - Philippe Maxence.
Lorsqu'on rencontre Anne Coffinier, on reste surpris devant tant d'énergie, de vivacité intellectuelle et de force morale. Fondatrice de l'association Créer son école, elle nous explique comment et pourquoi il est urgent de rendre la liberté au secteur scolaire. Étonnant. À lire.
Vous avez fondé Créer son école, association qui propose une aide juridique et pratique bénévole aux créateurs d’écoles hors contrat. Pour quelles raisons ?
La situation de l’école en France – et plus largement en Europe de l’ouest – est particulièrement préoccupante. Cette crise n’est pas passagère : elle a débuté il y a plus de trente ans et s’aggrave d’année en année. Ses conséquences sont catastrophiques et menacent les bases mêmes de notre civilisation.
Citons quelques manifestations du chaos pédagogique actuel :
- 1 enfant sur 3 ne sait pas lire correctement en 6ème
- 45 % des lauréats du baccalauréat professionnel sont au chômage après 7 mois de recherche
- 160 000 élèves quittent chaque année le système scolaire sans aucune qualification
- explosion des pathologies scolaires (progression exponentielle des dyslexies, dysorthographies, phobies scolaires…)
Cela signifie que, si l’on ne fait rien, des millions d’élèves vont continuer à être « mutilés à vie ». Il est donc vital de renouveler en profondeur l’école, qu’il s’agisse des filières généralistes ou professionnelles.
Or l’expérience montre, en France comme à l’étranger, que l’Etat rencontre de graves difficultés s’il essaie de mener tout seul les réformes nécessaires. La société civile a en réalité un rôle essentiel à jouer dans la refondation de l’école. Comment ? Tout simplement en créant des établissements scolaires indépendants de qualité. Puisqu’il n’est pas de solution de l’intérieur (à cause du gigantisme bureaucratique des structures et du conservatisme aveugle des syndicats), il faut agir à l’extérieur et à côté du grand corps malade de l’Education nationale. C’est seulement ainsi que l’on pourra susciter une émulation profitable au système éducatif français dans son ensemble.
C’est dans cette perspective que j’ai fondé « Créer son école » en février 2004 pour accompagner juridiquement et pratiquement les créateurs d’école. (Créer son école ;46 rue Custine 75018 Paris ; tel. de permanence : 06 26 27 86 72 ; contact@creer-son-ecole.com; site : www.creer-son-ecole.com)
Vous employez les termes d'« écoles indépendantes », là où il est habituel de parler d'école hors-contrat. À quelle logique répond votre choix lexical ?
Le terme d’école hors contrat, outre qu’il est sec et technique, donne à croire que la « normalité » serait du côté des écoles « sous contrat ». En réalité, c’est le contraire puisque la normalité mondiale et historique se situe du côté de la liberté pédagogique et de l’autonomie de gestion qui caractérisent en propre les écoles indépendantes (ou hors contrat). S’il est légitime que l’Etat intervienne financièrement pour permettre un accès effectif de chacun à l’éducation (par exemple sous forme de chèque éducation), il est en revanche illégitime que l’Etat s’ingère dans le contenu de l’enseignement, à partir du moment où ce dernier respecte l’ordre public.
Quelle est la philosophie profonde de l'école indépendante ?
La philosophie des écoles indépendantes, c’est de croire à la liberté dans le domaine de l’esprit. Et de faire confiance. Faire confiance aux parents, qui sont capables de choisir l’école la plus adaptée à leur enfant ; faire confiance au directeur pour recruter son équipe et prendre les bonnes décisions ; et enfin et surtout, faire confiance aux professeurs pour choisir les meilleures méthodes, dès lors qu’ils sont placés en situation de responsabilité. Une école indépendante est une école qui détermine sa pédagogie, son esprit et sa gestion de manière libre et autonome. Ce simple positionnement entraîne des effets vertueux. On sait que l’homme ne s’investit pleinement dans le succès d’une entreprise que s’il est personnellement tenu responsable des résultats atteints, ce qui suppose bien sûr qu’il ait été tout à fait libre des moyens mis en œuvre. Toute insertion dans une structure administrative de taille importante dilue les responsabilités, étiole les libertés, stérilise la vitalité et la créativité que peut avoir une petite communauté éducative. Cette considération vaut pour toutes les écoles, qu’elles soient publiques ou privées. Mais on peut noter que l’Enseignement catholique ne s’oriente hélàs pas dans cette direction : la récente loi Censi vient de restreindre encore drastiquement l’autonomie de gestion des établissements du privé catholique sous contrat.
Combien y a-t-il d'écoles indépendantes aujourd'hui en France ? Sont-elles toutes catholiques ?
Il y en a environ 450 en France ; 27 ont ouvert leurs portes en septembre dernier. Elles sont catholiques pour moitié environ. L’autre moitié est constituée d’écoles protestantes (le plus souvent évangélistes), à pédagogie particulières (Montessori, Steiner, pédagogie entièrement individualisée ou fondée sur support informatique); d’autres enfin ont des spécificités fortes (écoles pour enfants dyslexiques, pour enfants précoces, avec horaires aménagés comme pour les manécanteries, bilingues (langues régionales ou étrangères)).
Pour quelles raisons les parents font-ils ce choix ? Avez-vous des chiffres sur le nombre de familles qui recourent à ce type d'école aujourd'hui ?
Les parents font le choix de la liberté soit parce qu’ils veulent que leur enfant ait une éducation rigoureuse et en harmonie avec la formation délivrée à la maison (notamment au plan spirituel et moral), soit parce que leur enfant est en souffrance scolaire (échec scolaire, voire phobie scolaire ou dépression…) et que cette situation les conduit à chercher une solution pour leur enfant hors des sentiers battus. Enfin, il y a aussi tous les étrangers ou Français de retour d’expatriation qui continuent à inscrire leurs enfants dans ce type d’établissement qu’ils ont appris à apprécier à l’étranger.
Il y a environ 30 000 enfants dans les écoles hors contrat et 30 000 pratiquant l’école à la maison. Le nombre des descolarisations connaît une progression exponentielle (dans les ZEP, dans le contexte du CPE, de la crise des banlieues…). En l’absence de réformes de l’école publique et dans le contexte de saturation du privé, ces descolarisations ne pourront que se multiplier, comme on le voit aux Etats-Unis.
Mais quels sont en définitive les avantages objectifs des écoles indépendantes ?
Elles offrent un excellent cadre éducatif car :
– soumises à une obligation de résultat, elles sont poussées à avoir un corps professoral compétent et habité par la vocation de l’enseignement ;
– fondées par des professeurs partageant la même vision de l’éducation, elles bénéficient d’un corps professoral soudé délivrant une formation cohérente ;
– par la diversification d’établissements scolaires qu’elles introduisent, elles permettent à chaque famille de choisir le meilleur cadre éducatif pour ses enfants ;
– de taille humaine, ces écoles assurent un enseignement individualisé respectueux des personnes ;
– dirigées par des chefs d’établissement sous l’égide du conseil d’administration de l’école, elles sont gérées efficacement ;
– libres de leurs moyens (méthodes, horaires, programmes, manuels, options) mais comptables de leurs résultats (tant pédagogiques que financiers), elles mettent en œuvre des méthodes empruntées aux traditions éducatives les plus fécondes ;
– librement choisies par les familles en raison de leur projet pédagogique, elles dispensent une formation en harmonie avec l’éducation familiale. [...]
Existe-t-il des écoles indépendantes pour les classes techniques ?°) Parmi les 450 écoles, seul le réseau d’écoles juives compte un nombre significatif d’écoles professionnelles dont la spécialité évolue de manière réactive en fonction des mutations du marché. Il est urgent de développer plus largement les écoles indépendantes préparant à un métier ou corps de métiers : la Fondation pour l’école espère prochainement pouvoir aider financièrement au lancement de telles écoles. Ces structures verraient la partie professionnelle de la Formation entièrement confiée aux entreprises pour être réellement en prise avec la réalité économique.
Y a-t-il un enseignement supérieur indépendant ?
Le supérieur est tout à fait différent du primaire ou secondaire car il y a une foison d’écoles supérieures indépendantes préparant des diplômes totalement privés (à commencer par les multiples écoles de commerce). Cependant, s’agissant d’études classiques, il existe des établissements privés s’inscrivant dans cette logique d’indépendance intellectuelle par rapport aux préconisations de l’Etat. S’agissant des catholiques, il y a ainsi 7 facultés privées : l’IPC, la FACO, IFJ, l’ISES, L’IRCOM, l’Institut Albert le Grand ; l’IUSPX (toutes sont référencées sur le site de www.creer-son-ecole.com).Mais la priorité nous semble être vraiment de restaurer un enseignement primaire de qualité (ouvrant sur un diplôme de fin d’études primaire réellement sélectif) car sans formation de base solide, rien n’est possible.
Comment aider au développement des écoles indépendantes ?
En soutenant financièrement les écoles directement (les dons sont déductibles) ou la Fondation pour l’école. En effet, cette institution en cours de lancement devrait pouvoir contribuer à donner une assise financière aux meilleures écoles et les aider à se doter d’un corps professoral de grande qualité. (cf. info@fondationpourlecole.org) [...]
En quelques mots, Anne Coffinier, qui êtes-vous et comment avez-vous été conduite à vous occuper de ces questions ?
J’ai 32 ans, je suis mariée et ai trois enfants ; je suis catholique, diplomate de profession, énarque et normalienne de formation ; j’ai été conduite à m’intéresser à l’éducation tout naturellement (en tant que mère de famille et normalienne) ; l’ampleur du chaos éducatif m’a convaincue de m’investir à plein au service du renouveau éducatif. Les écoles entièrement libres m’ont paru la structure la plus apte à susciter ce renouvellement en profondeur du système éducatif, le tout dans des délais acceptables.
Enfin dernière question : est-ce que recourir à l'école indépendante reflète un choix qui repose sur une conception de la vie ?
Oui, même si ce choix devrait aller de soi : il s’agit du choix de vivre libre et responsable de sa vie, de ses actes au lieu de se laisser assister, dicter ses pensées par l’Etat dans un domaine où il ne doit intervenir que pour permettre le respect effectif de la liberté d’enseignement. Il s’agit aussi du choix de la cohérence (cohérence de l’éducation à l’école et en famille, cohérence religieuse (peut – on mettre Dieu à la porte de l’école si l’on croit en Dieu ?).
Quel message final voudriez- vous délivrer aux lecteurs de ce blog ?
Il tient en une phrase : les écoles indépendantes sont la solution d’avenir. Inscrivez-y vos enfants. Ils méritent bien autre chose qu’une éducation au rabais ! Pour en savoir plus sur les écoles indépendantes, visitez le site www.creer-son-ecole.com (ici) et commandez la brochure de questions/réponses sur les écoles indépendantes publiées par notre association : ici
Mieux encore, si les écoles indépendantes vous semblent une solution intéressante pour la jeunesse de notre pays, n’hésitez pas à soutenir la Fondation pour l’école. Pour plus d’informations, écrivez-nous à info@fondationpourlecole.org ou téléphonez nous au 01 42 62 76 94. A bientôt !
Source : Caelum et Terra - Les écoles indépendantes : un entretien avec Anne Coffinier
14:00 Publié dans Famille, Politique | Tags : école, liberté scolaire, écoles indépendantes | Lien permanent | Commentaires (0)
26/11/2015
Pierre Lestienne, poète de la famille
Né à Roubaix, le 5 septembre 1872, le poète des Étincelles du foyer a mené dans sa ville natale l'existence la plus unie, la plus calme, la plus modérée en ses désirs, celle d'un sage qui serait un chrétien. Nuls événements que les naissances des enfants, - le poète, qui en eut seize, fut à juste titre vice-président de "La plus grande famille" - et que la conduite de ses affaires, - il est industriel. Ce qu'une telle vie, cependant, comporte en fin de compte, de résultats en tout genre, d’utilités profondes, d'enseignements, de grave beauté, on l'entrevoit assez.
Pendant la guerre qui signifia invasion pour nos foyers du Nord , - les plus peuplés cependant - des documents officiels de propagande française reproduisirent la photographie du poète au centre de sa famille, et c'est bien; mais il eût fallu y joindre quelques-uns au moins de ces sonnets, où, comme le fit Plantin au XVIe siècles, il a chanté le vrai bonheur de ce monde.
Peu de poètes à l'heure actuelle nourrissent une pensée aussi élevée que M. Pierre Lestienne; peu aussi ont sa modestie, car c'est en 1925, seulement, qu'il s'est résolu à publier Les Étincelles du foyer (Cahiers de l'Amitié de France et de Flandre). Plusieurs de ses poésies, il est vrai, parues dans Le Correspondant, lui avaient déjà valu des amitiés telles que celle de René Bazin, et avaient porté déjà aux quatre coins de la France comme un écho de la cloche joyeuse des baptêmes.
A mon dixième enfant…
Maintenant qu’il est né, le fils de notre amour,
Qu’une goutte de lait perle sa lèvre rose,
Que la mère a souri dès qu’il a vu le jour,
Que ma crainte s’apaise et que mon cœur repose,
Il me monte un orgueil de nos dix têtes blondes,
Car l’honneur est sublime, à qui sait le comprendre,
De recevoir ainsi, du Créateur des mondes,
Tant de fronts à bénir, tant d’âmes à lui rendre !
Et puis, il nous paraît qu’au-dessus des berceaux
Blancs et silencieux, comme de grands oiseaux,
Les anges du bonheur, se penchent côte à côte ;
Et de les savoir là, nous nous sentons plus forts,
C’est pourquoi je rends grâce au Chérubin, mon hôte,
A mon dixième enfant, au nouveau-né qui dort…
Amour vrai
Que ton repos est calme, et que ton front est pur,
O mon amie, à l'heure sainte où la nuit règne,
Où la veilleuse fait des ombres sur le mur
Et prête un peu de vie au crucifix qui saigne.
Dans la chambre attiédie aux contours imprécis,
Je sens qu'en ton sommeil tu penches tout ton être
Sur mon épaule, et que, comme les tout petits,
En dormant, ton amour sait encore me connaître.
Les enfants se sont tus, et la chère maison
Est muette, et le jardin vide de floraison
Prends des teintes d'argent sous les rayons de lune.
Tu dors, et tu souris quand je te dis tout bas
Que ta vie est ma vie, et que nulle infortune
Ne saurait me trouver qui ne t'effleure pas.
Noces d'argent
Depuis les vingt-cinq ans que j'ai franchi ton seuil,
Et que j'ai vu ton front s'orner de tant de choses,
Depuis que, méprisant la vanité des choses,
En ton bonheur fécond j'ai mis mon seul orgueil,
Mon coeur n'a plus voulu s'ouvrir à d'autre accueil,
Et je sais qu'en moi seul aussi tu te reposes;
Maintenant qu'au-dessus de cieux clairs ou moroses,
Notre amour a grandi jusqu'aux cimes du deuil,
Que nos joies ont pour lui moins de prix que nos larmes,
Et qu'à l'angoisse même il a prêté des charmes,
Ne craignons plus de voir notre été s'achever :
L'âme garde en nos yeux sa lueur immortelle,
Et la tienne y scintille ardente, douce, et telle
Qu'à l'aube de l'hymen je n'osais la rêver !...
A mes fils…
D’un pas délibéré, mon fils, va ton chemin ;
Sache peser un acte et regarder en face
Le devoir qui grandit, près du plaisir qui lasse ;
Quand tu donnes, souris, et tends aussi la main.
Si tu possèdes peu, ne désire plus rien…
Trop souvent la richesse a fait sombrer la race ;
Aime plutôt l’effort, garde ton bras vivace,
Et qu’autour de ton nom flotte un parfum chrétien.
Veux-tu, sous le fardeau, n’être jamais vulgaire ?
Ne marche pas, courbé, les yeux fixés à terre
Comme un morne valet de la réalité ;
Mais sur ton front levé, quand la labeur s’achève,
En abreuvant ton âme aux sources de beauté,
Laisse passer un peu d’idéal et de rêve !
Les mains maternelles
Il faut les vénérer, les chères mains, fidèles
Et le jour et la nuit à leur devoir obscur,
Instruments délicats de l'amour le plus pur,
Tendres mains maternelles !
Sur le front de nos fils, ô les mains bénissantes
Que ne surchargent point d'inutiles anneaux !
Vous dominez le monde en poussant les berceaux,
Frêles mains si puissantes !
Mains pâles des mamans où se lit leur souffrance,
Où la plus mince veine inscrit son bleu réseau,
Laissez-nous vous baiser comme on baise un drapeau,
Mains pleines d'espérance !
Quand l'angoisse saisit nos âmes défaillantes,
Ou que notre horizon par degrés s'embrunit,
C'est vous qui vous rendez vers l'azur infini,
Nobles mains suppliantes !
O mères, patients sculpteurs des jeunes âmes,
C'est au creux de vos mains, comme en des nids charmants,
Que viennent se blottir les petits coeurs aimants,
O douces mains des femmes !
Tandis que trop de mains, pour rester les plus belles,
D'un geste criminel repoussent les enfants,
Vous cultivez les fleurs de nos futurs printemps,
Vous, les mains maternelles.
Et le grand jour venu, seules vos mains vaillantes,
Vos fières mains sans tache, ô les mères sans peur,
Oseront sans remords étreindre du vainqueur
Les rudes mains sanglantes
(écrit pendant la guerre)
Source : Les poètes de la famille. Du XVI au XXe siècle. Casterman. Paris - Tournai. s.d.
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24/11/2015
La chasteté… un chemin sûr vers le bonheur ?
Le 19 décembre 2014 (Chastity Project/Espérance Nouvelle) - En rentrant du travail, je vais souvent courir un peu. Quand j’ai commencé à le faire, c’était douloureux. Je détestais le faire. Chaque après-midi je rentrais, je m’installais dans mon living, et souvent je décidais d’être paresseuse et de ne pas aller courir.
Une fois de temps en temps, j’étais vraiment motivée pour y aller : à peine rentrée, j’allais immédiatement prendre mes affaires et je sortais. De retour à la maison, j’étais vraiment fière de moi. Même si ça n’avait pas été facile, j’avais persévéré. J’étais sortie de ma torpeur et j’avais fait de l’exercice. C’était génial.
A d’autres moments, j’étais beaucoup moins motivée. Je rentrais et m’accoudais sur la table en gémissant à ma colocataire « Je ne veux pas aller courir » et je prenais une tête de petit chiot boudeur aux grands yeux.
Sa réponse était toujours pareille: «Mais si tu y vas, tu ne le regretteras pas! », avec un grand sourire. (…)
Grand soupir. « Allez ! T’as raison. »
J’allais chercher mes chaussures de sport et je m’en allais.
Et elle avait raison. Je ne l’ai jamais regretté. J’ai toujours été contente d’être allée courir. J’ai toujours été contente d’avoir fait le choix difficile J’étais tout le temps fière d’avoir fait le choix difficile de sortir et de faire quelque chose de bon pour moi.
Maintenant, imaginez que ma colocataire n’ait pas été là. Je serai tombée tellement facilement dans le piège de la paresse et de la facilité. Personne n'aurait jamais été là pour me dire que ça valait la peine d'y aller, et que je ne le regretterais pas. Faire de l'exercice n’est pas toujours facile. Ce n’est pas toujours amusant non plus. Pour certains d’entre nous, c’est une corvée. Mais ça en vaut toujours la peine. Et aujourd'hui, je vais être la personne qui va vous dire que la même chose s’applique à la chasteté. Ça en vaut toujours la peine.
Pratiquer la chasteté implique de s’exercer d’une manière différente. Il s’agit d’exercer sa volonté, son esprit et son cœur. Pratiquer la chasteté n’est pas toujours facile. Parfois, c’est pénible. Il y a des jours où on a l’impression que ça ne vaut pas la peine de persévérer. Il y a des jours où on voudrait renoncer à la chasteté. Il y a des jours où ça paraît trop difficile.
Mais je suis là pour vous dire que si vous persévérez, vous ne le regretterez pas.
«La chasteté est une vertu difficile et dont l’acquisition demande du temps ; il faut attendre ses fruits et la joie d’aimer qu’elle doit apporter. Mais elle est la voie infaillible à la joie.»- Mgr Karol Wojtyla, « Amour et Responsabilité », 1960
Comprenez-le comme ça : « Être sportif est une habitude difficile et dont l’acquisition demande du temps ; il faut attendre ses fruits et la condition physique qu’elle doit apporter. Mais c’est la voie infaillible pour être en bonne santé. »
Et tout comme l'exercice, la chasteté devient plus facile au fil du temps. Ce n’est jamais évident, mais aucune séance de sport ne sera jamais évidente non plus. Si nous sommes prêts à faire des efforts pour notre santé et notre bien-être physiques, pourquoi sommes-nous si paresseux quand il s’agit de notre âme et de notre sexualité ?
Vous savez ce qui rend l’exercice plus facile ? Les amis. Avoir quelqu'un qui est prêt à vous aider, qui vous responsabilise, c’est beaucoup mieux pour la motivation. Tout comme ma colocataire était toujours prête à m’encourager. Avoir quelqu’un à qui vous pouvez confier vos combats et qui peut vous encourager à tenir bon sur la voie de la chasteté, c’est vraiment utile. [Et à votre tour, soyez ces amis qui responsabilisent et qui encouragent, soyez des exemples.]
Vos efforts porteront leurs fruits. Vous serez plus heureux, plus sains et plus saints, d’esprit et de cœur, en pratiquant la chasteté. Notre ami Jean-Paul II nous a dit de la chasteté que c’était « la voie infaillible à la joie ».
Si vous choisissez de vivre dans la chasteté, vous ne le regretterez pas! Faites-le jour après jour. Je prierai pour vous..
Par Ashley Ackerman pour Chastity Project. Traduit de l'anglais par Espérance Nouvelle.
Vous pouvez apporter votre contribution à Espérance Nouvelle en envoyant une traduction par mail à l'adresse: info.esperancenouvelle[at]gmail.com
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La modestie, condition d'une beauté féminine authentique
"Sa beauté dominait notre force"
Dans ses mémoires, Hélie de Saint-Marc, officier légionnaire, rapporte un souvenir d'Algérie : "À cet instant, une jeune fille kabyle - elle avait peut-être dix-huit ou dix-neuf ans - est passée sur la plage à quelques mètres de nous, portant sur la tête un panier rond et haut. Sa longue jupe ondulait en battant ses mollets, elle marchait pieds nus sur le sable. Sa peau mate et la dureté de ses traits formaient une harmonie parfaite avec la crique. Il y avait chez cette femme une noblesse, un port hautain, fier, qui imposaient le respect. Sur son passage, devant une compagnie de légionnaires au bain, pas un rire, pas une exclamation, pas une plaisanterie, je le jure. Sa beauté dominait notre force et calmait notre inquiétude. Plus encore que sa beauté, sa noblesse."
Hélie de Saint-Marc, Mémoires. Les champs de braise, Perrin, 1995, p. 188 (cité dans "Les 7 péchés capitaux", Père Pascal Ide, Mame - Edifa, 2002)
La pureté requiert la pudeur et la modestie
2521 La pureté demande la pudeur. Celle-ci est une partie intégrante de la tempérance. La pudeur préserve l’intimité de la personne. Elle désigne le refus de dévoiler ce qui doit rester caché. Elle est ordonnée à la chasteté dont elle atteste la délicatesse. Elle guide les regards et les gestes conformes à la dignité des personnes et de leur union.
2522 La pudeur protège le mystère des personnes et de leur amour. Elle invite à la patience et à la modération dans la relation amoureuse ; elle demande que soient remplies les conditions du don et de l’engagement définitif de l’homme et de la femme entre eux. La pudeur est modestie. Elle inspire le choix du vêtement. Elle maintient le silence ou le réserve là où transparaît le risque d’une curiosité malsaine. Elle se fait discrétion.
2523 Il existe une pudeur des sentiments aussi bien que du corps. Elle proteste, par exemple, contre les explorations "voyeuristes" du corps humain dans certaines publicités, ou contre la sollicitation de certains médias à aller trop loin dans la révélation de confidences intimes. La pudeur inspire une manière de vivre qui permet de résister aux sollicitations de la mode et à la pression des idéologies dominantes.
Catéchisme de l’Église Catholique 2521 - 2523
Modestie dans le vêtement: comment vivre la chasteté ?
6 critères pour vivre la modestie et garder la pudeur
Ne néglige jamais de prendre en compte ces critères qui t'aideront beaucoup à prendre soin de ta chasteté et de ta pureté:
1. Tu n'es pas un mannequin ! Les mannequins n'ont pas de personnalité.
2. Sois authentique, découvre qui tu es vraiment et vis en accord avec ton identité la plus profonde.
3. Habille-toi pour t'élever et non pour te rabaisser. Choisis tes vêtements avec modestie et pudeur.
4. La chaleur n'est pas un prétexte pour enlever la plus grande quantité de tissu possible.
5. Si tu n'es pas acceptée, il est peut-être temps de chercher un nouveau cercle d'amis et d'amies qui t'estiment pour ce qu'il y a dans ton cœur.
6. N'abaisse jamais tes normes de modestie pour plaire à un garçon ou à ton fiancé.
Source: Modestia en el vestir ¿Cómo vivir la castidad?
> Modesty and beauty - the lost connection
> The Church speaks about Modesty
> As you grow, so should your dresses
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Cardinal Caffarra : Les évêques et les époux chrétiens recommenceront à construire les évidences originelles dans le cœur des hommes
Le cardinal Carlo Caffarra a longuement évoqué l'idéologie du genre, le « mariage » gay et la « glorification de l'homosexualité » qui annonce toujours la fin des civilisations, dans un entretien qu'il a accordé au journal italien Il Tempo à la veille de la marche pour la famille à Rome le 20 juin dernier. Je vous propose ici ma traduction de ce texte important, qui est un appel à ne jamais baisser les armes, quoi qu'il en coûte. - Jeanne Smits
Plusieurs réflexions m’ont traversé l’esprit à l’occasion de la motion votée par le Parlement européen.
La première est celle-ci : c’est la fin. L’Europe est en train de mourir.
Et peut-être même n’a-t-elle aucune envie de vivre, car il n’y a pas de civilisation qui ait survécu à la glorification de l’homosexualité. Je ne dis pas : à l’exercice de l’homosexualité. Je parle de la glorification de l’homosexualité. Et je fais une incise : on pourrait observer qu’aucune civilisation n’est allée jusqu’à proclamer le mariage entre personnes de même sexe. En revanche, il faut rappeler que la glorification est quelque chose de plus que le mariage. Dans divers peuples l’homosexualité était un acte sacré. De fait, l’adjectif utilisé dans le Lévitique pour juger la glorification de l’homosexualité à travers le rite sacré est celui d’« abominable ». Elle avait un caractère sacré dans les temples et dans les rites païens.
C’est si vrai que les deux seules réalités civiles, appelons-les ainsi, les deux seuls peuples qui ont résisté pendant de nombreux millénaires – en ce moment je pense surtout au peuple juif – ont été ces deux peuples qui ont été les deux seuls à contester l’homosexualité : le peuple juif et le christianisme. Où sont les Assyriens ? Où sont les Babyloniens ? Et le peuple juif était une tribu, il paraissait n’être rien par rapport aux autres réalités politico-religieuses. Mais la réglementation de l’exercice de la sexualité que nous rencontrons, par exemple, dans le livre du Lévitique, est devenu un facteur de civilisation extrêmement important. Voilà ma première pensée : c’est la fin.
Ma deuxième réflexion est purement de foi
. Devant de tels faits je me demande toujours : mais comment est-il possible que dans l’esprit de l’homme puissent s’obscurcir des évidences aussi originelles, comment est-ce possible ? Et je suis arrivé à cette réponse : tout cela est une œuvre diabolique. Littéralement. C’est le dernier défi que le diable lance au Dieu créateur, en lui disant : « Je vais te montrer comment je construis une création alternative à la tienne et tu verras que les hommes diront : on est mieux ainsi. Toi, tu leur promets la liberté, je leur propose d’être arbitres. Toi, tu leur donnes l’amour, moi je leur offre des émotions. Tu veux la justice, et moi, l’égalité parfaite qui annule toute différence. »
J’ouvre une parenthèse. Pour quoi dis-je : « création alternative » ? Parce que si nous retournons, comme Jésus nous le demande, au Principe, au dessein originel, à la manière dont Dieu a pensé la création, nous voyons que ce grand édifice qu’est la création est érigée sur deux colonnes : la relation homme-femme (le couple) et le travail humain. Nous parlons maintenant de la première colonne, mais la deuxième aussi est en train de se détruire… Nous sommes, par conséquent, face à l’intention diabolique de construire une création alternative, qui défie Dieu dans l’intention de voir l’homme finir par penser qu’on se trouve mieux dans cette création alternative.
Troisième réflexion: « Jusques à quand, Seigneur ? »
La réponse qu’il nous donne fait référence au livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse…
Dans ce livre on raconte que les pieds de l’autel céleste sont ceux qui sont assassinés par la justice, par les martyrs qui disent sans cesse : « Jusqu’à quand vas-tu rester sans venger notre sang ? » (Ap. 6, 9-10). Et cette réponse me vient spontanément : Jusqu’à quand Seigneur, ne défendras-tu pas ta création ? Et une nouvelle fois la réponse de l’Apocalypse résonne en moi : « Il leur fut dit qu’ils attendissent en repos encore un peu de temps, jusqu’à ce que fût rempli le nombre de ceux qui étant leurs frères et serviteurs comme eux, devaient aussi bien qu’eux souffrir la mort. » Quel grand mystère que la patience de Dieu ? Je pense à la blessure de son Cœur, qui est devenue visible, historique, lorsqu’un soldat a ouvert le côté du Christ. Parce que de chaque chose, de chaque créature créée, la Bible dit : « Et Dieu vit que cela était bon. » Pour finir, au sommet de la création, après la création de l’homme et de la femme, elle dit : « Et Dieu vit que tout cela était très bon. » La joie du grand artiste ! Aujourd’hui cette grande œuvre d’art est totalement défigurée. Et lui, Il est patient et miséricordieux. Et il dit, à celui qui lui demande « jusques à quand ? », qu’il attende. « Tant que le nombre des élus ne sera pas atteint. »
Et voici ma dernière réflexion.
Un jour, lorsque j’étais archevêque de Ferrera, j’étais dans un des villages les plus éloignés du diocèse, dans le delta du Pô. Un lieu qui ressemblait au bout de la terre, au milieu d’un de ces tortueux méandres que décrit le grand fleuve, qui avant d’atteindre la mer, va là où il veut. Là j’ai rejoint un groupe de pêcheurs, des gens qui passent littéralement la plus grande partie de leur vie en mer. Un de ceux-là m’a posé cette question : « Imaginez que le monde est un de ces conteneurs cylindriques où nous mettons les poissons que nous venons de pêcher : eh bien, le monde est une espèce de baril et nous sommes comme des poissons qui viennent d’être pêchés. Ma question est celle-ci : le fond de ce baril, comment s’appelle-t-il ? Quel est son nom ? »
Imaginez-vous ce pêcheur qui pose la question qui est au principe de n’importe quelle philosophie : comment s’appelle le fond des choses ? Et moi, alors, étonné par cette question, je lui ai répondu : « Le fond ne s’appelle pas le hasard ; il se nomme gratuité et tendresse de Quelqu’un qui nous embrasse tous. » Ces jours-ci j’ai recommencé à penser à cette question et à la réponse que j’ai donnée à ce vieux pêcheur je me demande : toute cette volonté de détruire et de détruire la création a-t-elle assez de force pour pouvoir vaincre à la fin ? Non. Je pense qu’il y a une force plus puissante qui est l’acte rédempteur du Christ, Redemptor Hominis Christus, le Christ rédempteur des hommes. »
Mais j’ai eu une autre réflexion, suscitée précisément par les pensées de ces derniers jours. Mais moi, en tant que pasteur, comment puis-je aider mes gens, mon peuple, à garder dans leur esprit et dans leur conscience morale la vision originelle ? Comment puis-je empêcher l’obscurcissement des cœurs ? Je pense aux jeunes, à ceux qui ont encore le courage de se marier, aux enfants. Et alors je pense à ce que l’on fait normalement dans le monde lorsqu’il faut faire face à une pandémie. Les organismes publics responsables de la santé des citoyens, que font-ils ? Ils agissent toujours selon deux lignes directrices. La première est de soigner, en principe, celui qui est malade et d’essayer de le sauver. Le deuxième, non moins importante, et même décisive, est d’essayer de comprendre le pourquoi, les causes de la pandémie pour pouvoir ainsi définir une stratégie de la victoire.
La pandémie est là, désormais. Et en tant que pasteur, j’ai la responsabilité de guérir, et d’empêcher que les gens ne tombent malades. Mais dans le même temps j’ai l’important devoir de commencer un processus, c’est-à-dire une action d’intervention qui exigera de la patience, de l’engagement, du temps. Et la lutte sera toujours plus ardue et cela est tellement certain que je dis parfois à mes prêtres : je suis sûr que je mourrai dans mon lit, mais je ne le suis pas pour mon successeur. Il mourra probablement en prison. Par conséquent, nous parlons d’un processus qui sera long, et qui nous verra aux prises avec un dur combat. En résumé : nous sommes appelés à faire les deux choses : intervention d’urgence et lutte de longue durée, stratégie d’urgence et long processus éducatif.
Mais qui seront les acteurs d’une entreprise qui va requérir du temps et une capacité de sacrifice ? A mon avis, il y en aura, fondamentalement, deux : les pasteurs de l’Église et, plus concrètement, les évêques. Et les époux chrétiens. Pour moi, ce sont ceux-ci qui recommenceront à construire les évidences originelles dans le cœur des hommes.
Les pasteurs de l’Église, parce qu’ils sont là pour ça. Ils ont reçu une consécration dont la fin est celle-ci, la puissance du Christ est en eux. « Cela fait deux mille ans que l’évêque constitue, en Europe, l’un des ganglions vitaux, non seulement de la vie éternelle, mais de la civilisation » ('G. De Luca). Et une civilisation, c’est aussi l’humble et magnifique vie quotidienne du peuple engendrée par l’Évangile que prêche l’évêque. Et ensuite les époux. Parce que le discours rationnel vient après la perception d’une beauté, d’un bien que tu vois devant tes yeux, le mariage chrétien.
Et pour ce qui est de l’intervention d’urgence ? Je dois admettre que j’ai moi-même des difficultés. Et cela parce qu’il n’est pas rare que l’allié me manque ; le cœur humain. Je pense à la situation parmi les jeunes. Ils viennent et ils me demandent : « Pourquoi devons-nous nous engager pour toujours, alors que nous ne sommes même pas sûrs de continuer à nous aimer, la nuit venue ? » Eh bien, face à cette question je n’ai qu’une seule réponse : recueille-toi en toi-même et pense à ton expérience quand tu as dit à une jeune fille, ou dans le cas d’une jeune fille, à un garçon : « Je t’aime, je t’aime réellement. Par hasard as-tu pensé en toi-même, en ton cœur : « Je me donne tout entier à l’autre, mais seulement pour un quart d’heure ou au plus tard jusqu’à la nuit » ? Cela ne fait pas partie de l’expérience de l’amour, qui est don. C’est l’expérience d’un prêt, qui est calcul. Mais si tu parviens à guider la personne vers cette écoute intérieure (Augustin), tu l’as sauvée. Parce que le cœur ne trompe pas. L’Église a toujours enseigné sa grande thèse dogmatique : le péché n’a pas radicalement corrompu l’homme. L’homme a été cause de grands désastres, mais l’image de Dieu est restée. Je vois aujourd’hui que les jeunes sont toujours moins capables de ce retour à eux-mêmes. C’est le drame même d’Augustin lorsqu’il avait leur âge.
Et au fond, à la fin, qu’est-ce qui a ému Augustin ? C’est de voir un évêque, Ambroise, et de voir une communauté qui chantait avec le cœur plus encore qu’avec les lèvres la beauté de la création, Deus creator omnium, la très belle hymne d’Ambroise. Aujourd’hui cela est très difficile avec les jeunes, mais à mon avis c’est une intervention d’urgence. Il n’y en a pas d’autre. Si nous perdons cet allié qu’est le cœur humain – le cœur humain est allié de Evangile, parce que le cœur humain a été créé dans le Christ en correspondance avec le Christ – je disais que si nous perdons cet allié je ne vois pas d’autre chemin.
Je voudrais ajouter une chose pour terminer.
Plus ma vie a avancé, plus je découvre l’importance qu’ont dans la vie de l’homme, pour que sa vie soit bonne, les lois civiles. J’ai entendu ce que disait Héraclite : « Il est nécessaire que le peuple combatte pour la loi comme pour les murs de la cité. » Plus je vieillissais et plus je me rendais compte de l’importance de la loi dans la vie d’un peuple. Aujourd’hui, il semble que l’État ait abdiqué de sa tâche législative, qu’il ait abdiqué de sa dignité, en se réduisant à n’être qu’une bande enregistreuse des désirs des individus, dont le résultat est la création d’une société d’égoïsmes opposés, ou de fragiles convergences d’intérêts contraires. Tacite dit : « Corruptissima re publica, plurimae leges. » Les lois sont extrêmement nombreuses lorsque l’État est corrompu. Quand l’État est corrompu, les lois se multiplient. C’est la situation actuelle.
C’est un cercle vicieux parce qu’une partie des lois semblent se réduire, précisément, à n’être qu’une bande enregistreuse de désirs. C’est cela qui rend le social inévitablement conflictuel, une lutte pour la suprématie du plus puissant sur le plus faible, c’est-à-dire, la corruption de l’idée même de bien commun, de la chose publique. Alors on essaie de résoudre les choses avec des lois en oubliant qu’il n’y aura jamais de lois si parfaites que l’exercice des vertus en devienne inutile. Il n’y en aura jamais. En cela, à mon avis, nous autres pasteurs portons une grande responsabilité pour avoir permis le désengagement culturel des catholiques dans la société. Nous l’avons permis, nous l’avons même parfois justifié. Quand l’Église a-t-elle fait cela ? Les grands pasteurs de l’Église ont-ils jamais fait cela ?
[Interrogé sur la marche pour la famille qui allait avoir lieu à Rome le 20 juin, le cardinal a répondu :]
Je n’ai aucune hésitation à dire que c’est une manifestation positive parce que, comme je le disais, nous ne pouvons pas nous taire. Malheur à nous si le Seigneur devait nous reprendre avec les paroles du prophète : « Chiens qui n’avez pas aboyé ». Nous le savons, dans les systèmes démocratiques la délibération politique est fondée sur le système de la majorité. Et cela me paraît bien, car les têtes, il vaut mieux les compter que de les couper. Mais devant des faits comme ceux-ci, il n’y a pas de majorité qui puisse me faire taire. Dans le cas contraire, je serais un chien qui n’aboie pas.
Ce qui me m’encourage d’abord, et que j’ai beaucoup apprécié, c’est que cette journée ait pour objectif la défense des enfants. Le pape François a dit que les enfants ne peuvent être traités comme des cobayes. On fait des expériences pseudo-pédagogiques sur les enfants. Mais avons-nous le droit de faire cela ? La chose la plus terrible, le logos le plus sévère prononcé par Jésus avait à voir avec la défense des enfants. Par conséquent, à mon avis, l’initiative romaine est une chose qu’il fallait obligatoirement faire. Le lendemain, le Parlement votera peut-être une loi qui reconnaisse les unions entre personnes de même sexe. Qu’il le fasse, mais il doit savoir que c’est quelque chose de profondément injuste. Et c’est cela qu’il nous faut dire cet après-midi à Rome. Lorsque le Seigneur dit au prophète Ézéchiel : « Toi, recommence à appeler », il semble que le prophète réponde : « Oui, mais ils ne m’écoutent pas. » Toi, recommence à appeler et celui que tu auras appelé sera de nouveau responsable, et pas toi, car toi, tu as recommencé à l’appeler. Mais si tu ne recommençais pas à l’appeler, ce serait toi le responsable.
Si nous devions nous taire face à une telle chose, nous serions coresponsables de la grave injustice envers les enfants, qui ont été transformés de sujets de droit qu’ils étaient, comme chaque personne humaine, en objets de désir des adultes. Nous sommes revenus au paganisme, où l’enfant n’avait aucun droit. Il était seulement un objet « à la disposition de ». Et donc, je le répète, à mon avis c’est une initiative qu’il faut soutenir, on ne peut pas se taire.
Source : La lucidité du cardinal Caffarra : l'idéologie du genre est l'œuvre du diable. « C'est la fin. L'Europe est en train de mourir. » via Famille Missionnaire de l’Évangile de la Vie
Article original en italien : Famiglia. Caffarra: «Bisogna che il popolo combatta per la legge come per le mura della città»
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18/11/2015
Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien - V - "En effet, le mariage a Dieu pour auteur"
ARCANUM DIVINAE
LETTRE ENCYCLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE LÉON XIII
SUR LE MARIAGE CHRÉTIEN
(...)
Lorsque Jésus-Christ eut ainsi ramené le mariage à une si grande perfection, il en remit et en confia toute la discipline à l’Église. L’Église, en effet, exerça ce pouvoir sur les mariages des chrétiens en tout temps et en tout lieu. Elle le fit de façon à montrer évidemment que ce pouvoir lui appartenait en propre, qu'il ne lui venait pas du consentement des hommes, mais qu'elle l'avait acquis par la volonté divine de son auteur. On sait avec quel soin et quelle vigilance elle s'occupa de maintenir la sainteté du mariage et de lui garder son véritable caractère ; il est inutile de le démontrer.
Ainsi une décision du concile de Jérusalem a réprouvé les amours dissolues et libres (Act. XV, 29). Saint Paul a condamné un citoyen de Corinthe, coupable d'inceste (I Cor. V, 5). L’Église a toujours, avec la même énergie, repoussé et réprimé les efforts de ceux qui s'attaquèrent au mariage chrétien, tels que les gnostiques, les manichéens, les montanistes, dans les premiers temps du christianisme, et de nos jours, les mormons, les saint-simoniens, les phalanstériens, les communistes.
Ainsi encore le droit du mariage fut établi égal entre tous et le même pour tous, par la suppression de l'ancienne distinction entre esclaves et hommes libres. Les droits du mari et de la femme devinrent semblables. Comme le disait saint Jérôme, chez nous ce qui n'est pas permis aux femmes ne l'est pas non plus aux maris et ils subissent le même joug sous une même condition (S. Jérôme, Epist. 77 PL 22, 691). Ces droits trouvèrent dans l'affection mutuelle et les devoirs réciproques un affermissement solide. La dignité de la femme fut revendiquée et garantie. Il fut défendu à l'homme de punir de mort la femme adultère et de violer la foi jurée, pour satisfaire ses passions et son impudicité. Et, ce qui est aussi de grande importance, l’Église limita, dans la mesure voulue, le pouvoir du père de famille, afin que la juste liberté des fils et des filles désireux de se marier ne fût en rien diminuée. Elle décréta la nullité des mariages entre parents et alliés à un certain degré, afin que l'amour surnaturel des époux se répandît en un champ plus vaste. Elle prit soin, tant qu'elle le put, d'écarter du mariage l'erreur, la violence et la fraude. Elle voulut que la sainte pudeur de la couche nuptiale, la sécurité des personnes, l'honneur des mariages, les droits de la religion, fussent maintenus et sauvegardés. Enfin, elle entoura cette institution divine de tant de force, de tant de lois prévoyantes, que, pour tout juge impartial, l'Église, même en ce qui concerne le mariage est la meilleure garde, la meilleure défense de la société humaine. Sa sagesse a triomphé de la course du temps, de l'injustice des hommes, des vicissitudes innombrables de la politique.
Par suite des efforts de l'ennemi du genre humain, il y a des hommes qui, répudiant avec ingratitude les autres bienfaits de la Rédemption, méprisent ou méconnaissent tout à fait la restauration opérée et la perfection introduite dans le mariage. Ce fut la honte d'un certain nombre d'anciens d'avoir combattu le mariage en quelques-unes de ses prérogatives. Mais combien plus pernicieuse est la faute de ceux qui, à notre époque, veulent modifier de fond en comble la nature du mariage qui est parfaite et complète sous tous ses rapports et dans toutes ses parties !
La raison principale de ces attaques, c'est qu'imbus des opinions d'une fausse philosophie et livrés à des habitudes corrompues, de nombreux esprits ont avant tout l'horreur de la soumission et de l'obéissance. Ils travaillent donc avec acharnement à amener, non seulement les individus, mais encore les familles et toute la société humaine, à mépriser orgueilleusement la souveraineté de Dieu.
Or, la source et l'origine de la famille et de la société humaine tout entière se trouvent dans le mariage. Ils ne peuvent donc souffrir en aucune façon qu'il soit soumis à la juridiction de l’Église. Bien plus, ils s'efforcent de le dépouiller de toute sainteté et de le faire entrer dans la petite sphère de ces choses instituées par l'autorité humaine, régies et administrées par le droit civil. En conséquence, ils attribuent aux chefs de l’État et refusent à l’Église tout droit sur les mariages ; ils affirment qu'elle n'a exercé autrefois un pouvoir de ce genre que par concession des princes, ou par usurpation. Ils ajoutent qu'il est temps désormais que les chefs d’État revendiquent énergiquement leurs droits et se mettent à régler librement tout ce qui concerne la matière du mariage. De là est venu ce qu'on appelle vulgairement le mariage civil.
De là ces lois promulguées sur les cas d'empêchement de mariage ; de là ces sentences judiciaires sur les contrats de mariage, décidant s'ils sont valides ou non. Enfin nous voyons que tout pouvoir de légiférer ou de juger en cette matière a été si soigneusement enlevé à l'Église, qu'on ne tient plus aucun compte, ni de son autorité divine, ni des lois prudentes sous l'empire desquelles ont vécu pendant si longtemps les peuples qui reçurent avec la sagesse chrétienne la lumière de la civilisation.
Cependant les rationalistes et tous ceux qui, professant avant tout le culte de l’État-Dieu, s'efforcent par ces mauvaises doctrines de jeter le trouble dans tous les peuples, ne peuvent échapper au reproche de fausser la vérité.
En effet, le mariage a Dieu pour auteur. Il a été dès le principe comme une figure de l'incarnation du Verbe de Dieu. Il y a par cela même en lui quelque chose de sacré et de religieux, qui n'est pas surajouté, mais inné, qu'il ne doit pas aux hommes, mais qu'il tient de la nature. C'est pourquoi Innocent III et Honorius III, Nos prédécesseurs ont pu, avec raison et sans témérité, affirmer que le sacrement de mariage existe chez les fidèles et chez les infidèles. Ainsi l'attestent les témoignages mêmes de l'antiquité, les mœurs et les institutions des peuples qui ont été les plus civilisés et se sont distingués par une connaissance plus parfaite du droit et de l'équité. Il est certain que chez tous ces peuples, par l'effet d'une perception innée et habituelle, l'idée du mariage éveillait spontanément dans l'esprit la notion d'une chose associée à la religion et à la sainteté. Aussi était-il d'usage chez eux de ne point célébrer de mariage sans les cérémonies du culte, l'autorité des Pontifes et le ministère des prêtres ; tant avaient de force, même dans les âmes privées de la doctrine céleste, la nature des choses, le souvenir des origines et la conscience du genre humain ! Le mariage étant donc, de lui-même, par essence et par nature, une chose sacrée, doit être réglé et régi, non par le pouvoir des princes, mais par la divine autorité de l'Église, seule maîtresse des choses sacrées.
Il faut considérer ensuite la dignité du sacrement qui, en se surajoutant au mariage chrétien, l'a rendu beaucoup plus noble. Or, par la volonté de Jésus-Christ, l’Église seule peut et doit statuer et disposer sur les sacrements. Il est donc tout à fait absurde de vouloir faire passer aux mains de l'autorité civile la moindre parcelle de ce pouvoir.
(...)
Encyclique Arcanum Divinae sur le mariage chrétien
> Numérisation de l'édition contemporaine de Léon XIII (1893): texte latin et traduction française
Cette numérisation est extraite du document suivant:
> Lettres apostoliques de Sa Sainteté Léon XIII, tome I (édition de 1893)
18:00 Publié dans Famille, Pape, Politique | Tags : encyclique, arcanum divinae, léon xiii, pape léon xiii | Lien permanent | Commentaires (0)