01/07/2015
Entretien avec Mgr Athanasius Schneider sur la liturgie - The Paulus Institute
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30/06/2015
Homélie du Père Abbé de Fontgombault pour la fête des Saints Pierre et Paul à Wisques le 29 juin 2015
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Saint Bonaventure - Itinéraire de l'âme à Dieu - Chapitre V
Saint Bonaventure
Itinéraire de l’Âme à Dieu
CHAPITRE IV. De la contemplation de Dieu en son image reformée par la grâce divine.
CHAPITRE V. De la contemplation de l'unité divine par son nom principal, qui est l’ETRE.
CHAPITRE VI. De la contemplation de la Trinité bienheureuse en son nom, qui est SOUVERAINEMENT BON.
CHAPITRE VII. Du ravissement spirituel et mystique, dans lequel le repos est donné à notre intelligence et notre affection passe tout entière en Dieu.
CHAPITRE V. De la contemplation de l'unité divine par son nom principal, qui est l’ETRE.
Nous pouvons contempler Dieu non-seulement hors de nous et en nous, mais encore au-dessus de nous; hors de nous par les traces de sa présence empreintes dans les créatures, en nous par son image, et au-dessus de nous par la lumière dont il a gravé le sceau en notre âme, par la lumière de l'éternelle vérité qui a formé elle-même cette âme. Ceux qui se sont exercés dans le premier degré, sont entrés dans le parvis placé devant le tabernacle; ceux qui ont parcouru le second, se sont avancés jusque dans le lieu saint; et ceux qui ont passé par le troisième, ont pénétré avec le Grand-Prêtre jusque dans le Saint des saints, où les glorieux Chérubins élevés au-dessus de l'arche ombragent de leurs ailes le propitiatoire. Or, par ces deux Chérubins sont représentés les deux modes ou les deux degrés par lesquels nous contemplons ce qui est invisible et éternel en Dieu. Le premier s'attache à son essence sacrée, le second à la propriété des personnes divines. Le premier mode fixe principalement et avant tout son regard sur l'Etre lui-même, car il nous dit que ce nom il est, est le premier nom de Dieu. Le second considère ce qui est bon en Dieu, et il nous apprend que la bonté est le premier de ses noms. Le premier se rapporte davantage au Testament ancien, qui annonce surtout l'unité de Dieu ; ainsi il a été dit à Moïse : Je suis celui qui est (1). Le second regarde plutôt le Nouveau , où la pluralité des personnes divines est déterminée dans le baptême au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Aussi le Seigneur notre maître , voulant élever à la perfection évangélique un jeune homme qui avait accompli la loi, donne-t-il à Dieu d'une manière principale et exclusive le nom de bon.
1 Exod., 3.
« Personne n'est bon, si ce n'est Dieu seul (1). » Ainsi saint Jean de Damas, suivant Moïse, dit : Celui qui est est le premier nom de Dieu; et saint Denis, s'attachant à Jésus-Christ, dit : Bon est le premier nom de Dieu (2).
Que celui donc qui désire contempler ce qui est invisible en Dieu, quant à son unité, fixe ses regards sur son être lui-même , et qu'il reconnaisse que cet être est une qualité si certaine en Dieu qu'on ne saurait le concevoir sans elle; car l'être absolu ne peut se montrer sans exclure entièrement le néant, comme le néant est entièrement l'opposé de l'être. De même donc que le néant parfait n'a rien de l'être ni de ses qualités, de même l'être n'a rien du non-être, ni dans ses actes , ni dans sa puissance, ni en réalité , ni dans notre appréciation. Le néant étant la privation de l'existence, ne peut même être compris que par l'être, tandis que l'être, pour être conçu, n'a pas besoin d'un secours étranger, car tout ce qui est connu par notre intelligence l'est ou comme n'étant pas, ou comme possible, ou comme réel. Si donc le non-être ne peut être conçu que par l'être , et l'être possible que par l'être réel et actuel ; si le nom d'être exprime l'acte simple de l'existence, il s'ensuit que l'être est la première idée qui tombe en notre intelligence, et que cet être est celui qui a l'existence pure et actuelle. Mais cet être n'est point un être particulier, car l'être particulier est renfermé en des limites et se trouve lié à l'être possible; ce n'est point non plus un être en général , car un tel être n'a point d'existence actuelle, attendu qu'il ne saurait en avoir en aucune façon. Il faut donc que cet être soit l'Etre divin.
1 Marc., 10. — 2 Dam., lib. de fid. orth., c. 12; — Dion., de div. nom., c. 4.
C'est un aveuglement singulier de notre intelligence de ne point considérer ce qui s'offre d'abord à ses regards, ce sans quoi il lui est impossible de rien connaître. Mais de même que l'oeil fixé sur diverses couleurs ne voit point la lumière qui les lui découvre ou ne la remarque pas s'il la voit, de même l'ail de notre âme, arrêté sur les êtres particuliers et généraux , oublie l'être par excellence, bien qu'il s'offre tout d'abord à ses regards et que le reste ne soit visible que par lui. Cet oeil de notre âme se montre donc, en présence de tout ce qu'il y a de plus éclatant dans la nature, réellement semblable à l'oeil des oiseaux nocturnes en présence de la lumière. Accoutumé aux ténèbres des êtres créés, aux fantômes des choses sensibles , notre esprit s'imagine ne rien apercevoir alors qu'il s'arrête sur les splendeurs mêmes de l'Erre souverain, ne comprenant pas que cette obscurité si profonde, qui semble alors le frapper, est la plus brillante des illuminations. Ainsi l'oeil de notre corps s'arrêtant sur la pure lumière du soleil, croit ne rien voir.
Contemplez donc l'être très-pur et par excellence , si vous le pouvez; vous comprendrez qu'il est impossible de se le représenter comme recevant l'existence d'un autre, et qu'ainsi il doit nous apparaître nécessairement comme l'être premier sans restriction , gomme rétro qui ne saurait tirer son origine du néant, ni d'un être quelconque. En effet, que serait l'être existant par lui-même, s'il n'était point le principe et la cause de son existence? Vous le verrez ensuite entièrement étranger à toute imperfection , et par conséquent n'ayant jamais commencé, ne devant jamais finir, mais demeurant éternellement. En troisième lieu , tout ce qu'il possède n'est que l'être lui-même, et ainsi il n'est point composé, mais d'une simplicité parfaite. Quatrièmement, il n'a rien en lui à l'état de possible, car tout ce qui est possible participe au néant par un côté, et ainsi il est souverainement actuel. Cinquièmement, il n'y a en lui rien de défectible , et ainsi il a la perfection suprême. Enfin , vous ne trouverez en lui aucune diversité, et par là vous comprendrez qu'il est souverainement un.
L'être qui est purement, simplement et absolument, est donc l'être premier, éternel et très-simple , l'être très-actuel, très-parfait et souverainement un. Toutes ces idées sont tellement certaines que cet être ne peut s'offrir à notre intelligence avec rien qui leur soit opposé, et que l'une entraîne nécessairement la vérité des autres. Ainsi , comme il est l'être simplement, il s'ensuit qu'il est simplement premier; étant simplement premier, il n'a pas reçu l'existence d'un autre, il ne se l'est pas donnée à soi-même : donc il est éternel. De même , comme il est premier et éternel , et qu'ainsi il n'est pas composé de plusieurs autres, il est donc un être très-simple. Ensuite étant premier, éternel et très-simple , rien à l'état de possible n'est mélangé à ce qui est actuel en lui, et ainsi il est un être très-actuel. De ce qu'il est premier, éternel, très-simple et très-actuel, il s'ensuit qu'il est très-parfait; car rien ne manque à celui qui réunit ces qualités et rien de nouveau ne saurait s'ajouter à ce qu'il possède. De tout cela, il faut conclure qu'il est souverainement un ; car lorsque nous lui attribuons une surabondance en tout genre, cette idée s'étend à toutes ses perfections; mais lorsque nous disons que cette surabondance est absolue, nous déclarons qu'elle ne saurait convenir qu'à un seul. Si donc Dieu exprime l'idée d'être premier, éternel , très-simple, très-actuel, très-parfait, il est impossible de penser qu'il n'est pas , ou qu'il n'est pas un. Ecoute donc, ô Israël, ton Dieu est un Dieu unique (1).
Si vous voyez ces choses dans la pure simplicité de votre esprit , vous êtes déjà éclairé des rayons de la lumière éternelle; mais il y a ici de quoi vous transporter d'admiration. Cet être est en même temps le premier et le dernier, éternel et très-présent, très-simple et très-grand, très-réel et très-immuable, très-parfait et immense, souverainement un et renfermant tout en lui. Si vous admirez tout cela avec une âme pure, portez vos regards plus avant et vous serez éclairé d'une lumière plus grande encore, car vous découvrirez qu'il est le dernier parce qu'il est le premier. En effet, étant le premier, il a tout fait à cause de lui-même, et ainsi il est nécessaire qu'il soit la fin dernière , le principe et la consommation , l'alpha et l'oméga. Vous découvrirez qu'il est très-présent parce qu'il est éternel; car ce qui est éternel n'est point terminé par quelque chose, ne cesse pas en soi-même , ne passe pas d'une chose à une autre , n'a en soi ni passé ni futur, et est ainsi très-présent. Dieu est très-grand parce qu'il est très-simple. En effet, étant très-simple en son essence, il doit être très-grand en vertu : car, plus la vertu est une, plus elle est infinie. Il est très-immuable parce qu'il est très-réel ; car, l'être très-réel est à l'état d'existence simple, et dès-lors il ne peut rien acquérir ni rien perdre de ce qu'il possède, et par conséquent il est immuable. Il est immense parce qu'il est très-parfait, car la perfection suprême est telle qu'on ne peut rien imaginer de meilleur, de plus excellent , de plus digne, de plus grand, et ainsi ce qui est très-parfait est nécessairement immense. Enfin , il renferme tout parce qu'il est souverainement un; car, par cette unité suprême , il est le principe universel de tous les êtres , et par là même il est leur cause efficiente , leur modèle et leur terme; ou autrement, il est la source de leur existence, la raison de leur intelligence et la règle de leur vie. Il est donc tout, non par essence, mais comme cause surexcellente, universelle et très-suffisante de tous les êtres; et comme la vertu d'une telle cause est souverainement une en son essence , il s'ensuit qu'elle est souverainement infinie et multiple en ses effets.
1 Deut., 6.
Reprenons et disons : l'Etre très-pur et absolu qui est l'être simplement , étant le premier et le dernier, est le principe et la fin suprême de toutes choses. Il est éternel et très-présent : donc il embrasse et pénètre toutes les durées comme leur centre et leur circonférence. Il est très-simple et très-grand : donc il est tout entier cri toutes choses , et tout entier hors d'elles ; et ainsi il est une sphère intelligible dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Il est très-réel et très-immuable : donc, en demeurant dans cette immutabilité, c'est lui qui donne le mouvement à tous les êtres. Il est très-parfait et immense : donc il est en toutes choses sans y être renfermé, hors de toutes choses saris en être exclu , au-dessus sans être plus élevé, au-dessous sans être plus bas. Il est souverainement un et il réunit toutes les manières d'être: donc il est tout en tous, quoique ce mot de tout embrasse une multitude de choses et que Dieu ne soit qu'un ; car, par son unité très-simple , sa vérité très-pure , sa bonté très-réelle, il y a en lui toute vertu , tout modèle et toute puissance pour se communiquer; et ainsi de lui , par lui et en lui sont toutes choses, parce qu'eu lui nous avons la toute-puissance, la science parfaite, la bonté suprême; et le voir parfaitement , c'est posséder le souverain bonheur, selon cette parole adressée à Moïse : Je te montrerai tout bien (1).
1 Exod., 33.
Source: Itinéraire de l'Âme à Dieu - Saint Bonaventure - Œuvres spirituelles
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28/06/2015
Catéchisme pour enfants: La création et la chute de l'homme (espagnol)
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Sainte Trinité
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La création des anges
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La création et la chute de l'homme
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Dieu et ses perfections
> Catéchisme pour enfants en espagnol: L'Incarnation
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Rédemption
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Saint-Esprit et la grâce
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Sainte Église catholique
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Résurrection et la vie éternelle
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les Sacrements
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Baptême et la Confirmation
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Sainte Eucharistie
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Saint Sacrifice de la Messe - 1ère partie
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Saint Sacrifice de la Messe - 2ème partie
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La Pénitence ou Confession
> Catéchisme pour enfants en espagnol: L'Extrême Onction
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les Ordres Sacrés
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Mariage
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les sacramentaux
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La communion des saints
> Catéchisme pour enfants en espagnol: La prière et l'oraison
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les commandements de Dieu
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Les commandements de l’Église
> Catéchisme pour enfants en espagnol: Le Premier Commandement, le culte de Dieu
Source: Catecismo para niños - Adelante la Fe
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22/06/2015
Le 22 juin, l'Eglise fête Saint Thomas More
LETTRE APOSTOLIQUE
EN FORME DE MOTU PROPRIO
POUR LA PROCLAMATION DE SAINT THOMAS MORE
COMME PATRON DES RESPONSABLES DE GOUVERNEMENT
ET DES HOMMES POLITIQUES
JEAN-PAUL II
EN PERPÉTUELLE MÉMOIRE
1. De la vie et du martyre de saint Thomas More se dégage un message qui traverse les siècles et qui parle aux hommes de tous temps de la dignité inaliénable de la conscience, dans laquelle, comme le rappelle le Concile Vatican II, réside «le centre le plus secret de l’homme et le sanctuaire où il est seul avec Dieu dont la voix se fait entendre dans ce lieu le plus intime» (Gaudium et spes, n. 16). Quand l’homme et la femme écoutent le rappel de la vérité, la conscience oriente avec sûreté leurs actes vers le bien. C’est précisément pour son témoignage de la primauté de la vérité sur le pouvoir, rendu jusqu’à l’effusion du sang, que saint Thomas More est vénéré comme exemple permanent de cohérence morale. Même en dehors de l’Église, particulièrement parmi ceux qui sont appelés à guider les destinées des peuples, sa figure est reconnue comme source d’inspiration pour une politique qui se donne comme fin suprême le service de la personne humaine.
Certains Chefs d’État et de gouvernement, de nombreux responsables politiques, quelques Conférences épiscopales et des évêques individuellement m’ont récemment adressé des pétitions en faveur de la proclamation de saint Thomas More comme Patron des Responsables de gouvernement et des hommes politiques. Parmi les signataires de la demande, on trouve des personnalités de diverses provenances politiques, culturelles et religieuses, ce qui témoigne d’un intérêt à la fois vif et très répandu pour la pensée et le comportement de cet insigne homme de gouvernement.
2. Thomas More a connu une carrière politique extraordinaire dans son pays. Né à Londres en 1478 dans une famille respectable, il fut placé dès sa jeunesse au service de l’Archevêque de Cantorbéry, John Morton, Chancelier du Royaume. Il étudia ensuite le droit à Oxford et à Londres, élargissant ses centres d’intérêts à de vastes secteurs de la culture, de la théologie et de la littérature classique. Il apprit à fond le grec et il établit des rapports d’échanges et d’amitié avec d’importants protagonistes de la culture de la Renaissance, notamment Didier Érasme de Rotterdam.
Sa sensibilité religieuse le conduisit à rechercher la vie vertueuse à travers une pratique ascétique assidue: il cultiva l’amitié avec les Frères mineurs de la stricte observance du couvent de Greenwich, et pendant un certain temps il logea à la Chartreuse de Londres, deux des principaux centres de ferveur religieuse dans le Royaume. Se sentant appelé au mariage, à la vie familiale et à l’engagement laïc, il épousa en 1505 Jane Colt, dont il eut quatre enfants. Jane mourut en 1511 et Thomas épousa en secondes noces Alice Middleton, qui était veuve et avait une fille. Durant toute sa vie, il fut un mari et un père affectueux et fidèle, veillant avec soin à l’éducation religieuse, morale et intellectuelle de ses enfants. Dans sa maison, il accueillait ses gendres, ses belles-filles et ses petits-enfants, et sa porte était ouverte à beaucoup de jeunes amis à la recherche de la vérité ou de leur vocation. D’autre part, la vie familiale faisait une large place à la prière commune et à la lectio divina, comme aussi à de saines formes de récréation. Thomas participait chaque jour à la messe dans l’église paroissiale, mais les pénitences austères auxquelles il se livrait n’étaient connues que de ses proches les plus intimes.
3. En 1504, sous le roi Henri VII, il accéda pour la première fois au parlement. Henri VIII renouvela son mandat en 1510 et il l’établit également représentant de la Couronne dans la capitale, lui ouvrant une carrière remarquable dans l’administration publique. Dans la décennie qui suivit, le roi l’envoya à diverses reprises, pour des missions diplomatiques et commerciales, dans les Flandres et dans le territoire de la France actuelle. Nommé membre du Conseil de la Couronne, juge président d’un tribunal important, vice-trésorier et chevalier, il devint en 1523 porte-parole, c’est-à-dire président, de la Chambre des Communes.
Universellement estimé pour son indéfectible intégrité morale, pour la finesse de son intelligence, pour son caractère ouvert et enjoué, pour son érudition extraordinaire, en 1529, à une époque de crise politique et économique dans le pays, il fut nommé par le roi Chancelier du Royaume. Premier laïc à occuper cette charge, Thomas fit face à une période extrêmement difficile, s’efforçant de servir le roi et le pays. Fidèle à ses principes, il s’employa à promouvoir la justice et à endiguer l’influence délétère de ceux qui poursuivaient leur propre intérêt au détriment des plus faibles. En 1532, ne voulant pas donner son appui au projet d’Henri VIII qui voulait prendre le contrôle de l’Église en Angleterre, il présenta sa démission. Il se retira de la vie publique, acceptant de supporter avec sa famille la pauvreté et l’abandon de beaucoup de personnes qui, dans l’épreuve, se révélèrent de faux amis.
Constatant la fermeté inébranlable avec laquelle il refusait tout compromis avec sa conscience, le roi le fit emprisonner en 1534 dans la Tour de Londres, où il fut soumis à diverses formes de pression psychologique. Thomas More ne se laissa pas impressionner et refusa de prêter le serment qu’on lui demandait parce qu’il comportait l’acceptation d’une plate-forme politique et ecclésiastique qui préparait le terrain à un despotisme sans contrôle. Au cours du procès intenté contre lui, il prononça une apologie passionnée de ses convictions sur l’indissolubilité du mariage, le respect du patrimoine juridique inspiré par les valeurs chrétiennes, la liberté de l’Église face à l’État. Condamné par le Tribunal, il fut décapité.
Au cours des siècles qui suivirent, la discrimination à l’égard de l’Église s’atténua. En 1850, la hiérarchie catholique fut rétablie en Angleterre. Il fut alors possible d’engager les causes de canonisation de nombreux martyrs. Thomas More fut béatifié par le Pape Léon XIII en 1886, en même temps que cinquante-trois autres martyrs, dont l’évêque John Fischer. Avec ce dernier, il fut canonisé par Pie XI en 1935, à l’occasion du quatrième centenaire de son martyre.
4. De nombreuses raisons militent en faveur de la proclamation de saint Thomas More comme Patron des Responsables de gouvernement et des hommes politiques. Entre autres, le besoin ressenti par le monde politique et administratif d’avoir des modèles crédibles qui indiquent le chemin de la vérité en une période historique où se multiplient de lourds défis et de graves responsabilités. Aujourd’hui, en effet, des phénomènes économiques fortement innovateurs sont en train de modifier les structures sociales; d’autre part, les conquêtes scientifiques dans le secteur des biotechnologies renforcent la nécessité de défendre la vie humaine sous toutes ses formes, tandis que les promesses d’une société nouvelle, proposées avec succès à une opinion publique déconcertée, requièrent d’urgence des choix politiques clairs en faveur de la famille, des jeunes, des personnes âgées et des marginaux.
Dans ce contexte, il est bon de revenir à l’exemple de saint Thomas More, qui se distingua par sa constante fidélité à l’autorité et aux institutions légitimes, précisément parce qu’il entendait servir en elles non le pouvoir mais l’idéal suprême de la justice. Sa vie nous enseigne que le gouvernement est avant tout un exercice de vertus. Fort de cette rigoureuse assise morale, cet homme d’État anglais mit son activité publique au service de la personne, surtout quand elle est faible ou pauvre; il géra les controverses sociales avec un grand sens de l’équité; il protégea la famille et la défendit avec une détermination inlassable; il promut l’éducation intégrale de la jeunesse. Son profond détachement des honneurs et des richesses, son humilité sereine et joviale, sa connaissance équilibrée de la nature humaine et de la vanité du succès, sa sûreté de jugement enracinée dans la foi, lui donnèrent la force intérieure pleine de confiance qui le soutint dans l’adversité et face à la mort. Sa sainteté resplendit dans le martyre, mais elle fut préparée par une vie entière de travail dans le dévouement à Dieu et au prochain.
Mentionnant des exemples semblables de parfaite harmonie entre la foi et les œuvres, j’ai écrit dans l’exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici que «l’unité de la vie des fidèles laïcs est d’une importance extrême : ils doivent en effet se sanctifier dans la vie ordinaire, professionnelle et sociale. Afin qu’ils puissent répondre à leur vocation, les fidèles laïcs doivent donc considérer les activités de la vie quotidienne comme une occasion d’union à Dieu et d’accomplissement de sa volonté, comme aussi de service envers les autres hommes» (n. 17).
Cette harmonie entre le naturel et le surnaturel est l’élément qui décrit peut-être plus que tout autre la personnalité du grand homme d’État anglais : il vécut son intense vie publique avec une humilité toute simple, marquée par son humour bien connu, même aux portes de la mort.
Tel est le but où le conduisit sa passion pour la vérité. On ne peut séparer l’homme de Dieu, ni la politique de la morale; telle est la lumière qui éclaira sa conscience. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, «l’homme est une créature de Dieu, et c’est pourquoi les droits de l’homme ont en Dieu leur origine, ils reposent dans le dessein de la création et ils entrent dans le plan de la rédemption. On pourrait presque dire, d’une façon audacieuse, que les droits de l’homme sont aussi les droits de Dieu» (Discours du 7 avril 1998 aux participants à la Rencontre universitaire internationale UNIV’98).
Et c’est précisément dans la défense des droits de la conscience que l’exemple de Thomas More brilla d’une lumière intense. On peut dire qu’il vécut d’une manière singulière la valeur d’une conscience morale qui est «témoignage de Dieu lui-même, dont la voix et le jugement pénètrent l'intime de l'homme jusqu'aux racines de son âme» (Encyclique Veritatis splendor, n. 58), même si, en ce qui concerne l’action contre les hérétiques, il fut tributaire des limites de la culture de son temps.
Le Concile œcuménique Vatican II, dans la constitution Gaudium et spes, remarque que, dans le monde contemporain, grandit «la conscience de l’éminente dignité qui revient à la personne humaine, du fait qu’elle l’emporte sur toute chose et que ses droits et devoirs sont universels et inviolables» (n. 26). L’histoire de saint Thomas More illustre clairement une vérité fondamentale de l’éthique politique. En effet, la défense de la liberté de l’Église contre des ingérences indues de l’État est en même temps défense, au nom de la primauté de la conscience, de la liberté de la personne par rapport au pouvoir politique. C’est là le principe fondamental de tout ordre civil, conforme à la nature de l’homme.
5 Je suis donc certain que l’élévation de l’éminente figure de saint Thomas More au rang de Patron des Responsables de gouvernement et des hommes politiques pourvoira au bien de la société. C’est là d’ailleurs une initiative qui est en pleine syntonie avec l’esprit du grand Jubilé, qui conduit au troisième millénaire chrétien.
En conséquence, après mûre considération, accueillant volontiers les demandes qui m’ont été adressées, j’établis et je déclare Patron céleste des Responsables de gouvernement et des hommes politiques saint Thomas More, et je décide que doivent lui être attribués tous les honneurs et les privilèges liturgiques qui reviennent, selon le droit, aux Patrons de catégories de personnes.
Béni et glorifié soit Jésus Christ, Rédempteur de l’homme, hier, aujourd’hui, à jamais.
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 31 octobre 2000, en la vingt-troisième année de mon Pontificat.
IOANNES PAULUS PP. II
Source : Site officiel du Vatican
> La passion de Saint Thomas More
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21/06/2015
Saint Bonaventure - Itinéraire de l'âme à Dieu - Chapitre IV
Saint Bonaventure
Itinéraire de l’Âme à Dieu
CHAPITRE IV. De la contemplation de Dieu en son image reformée par la grâce divine.
CHAPITRE V. De la contemplation de l'unité divine par son nom principal, qui est l’ETRE.
CHAPITRE VI. De la contemplation de la Trinité bienheureuse en son nom, qui est SOUVERAINEMENT BON.
CHAPITRE VII. Du ravissement spirituel et mystique, dans lequel le repos est donné à notre intelligence et notre affection passe tout entière en Dieu.
CHAPITRE IV. De la contemplation de Dieu en son image reformée par la grâce divine.
Ce n'est pas seulement en passant à travers notre âme, mais en elle-même, qu'il nous faut contempler notre premier principe; et comme ce degré est plus élevé que le précédent , nous lui donnerons la quatrième place dans l'échelle de nos méditations.
Il semble étonnant que, Dieu étant si proche de nos âmes , si peu d'hommes s'appliquent à le contempler en eux-mêmes. La raison en est que notre âme distraite par les sollicitudes de la vie, obscurcie par les vains fantômes de ce monde, entraînée par les concupiscences , demeure étrangère aux enseignements de sa mémoire et aux lumières de son intelligence, et qu'elle est sans désir pour les joies spirituelles et la suavité intérieure qu'elle pourrait goûter au-dedans d'elle-même. Plongée tout entière dans les choses sensibles , elle devient impuissante à trouver en elle l'image de Dieu.
Et comme il est nécessaire que l'homme demeure où il est tombé si personne ne lui vient en aide et ne le relève, ainsi notre âme tombée au milieu des choses sensibles n'a pu se relever parfaitement, pour se contempler et admirer en elle-même la vérité éternelle, qu'au jour où cette vérité, revêtant en Jésus-Christ la forme de notre humanité, est devenue une échelle nouvelle réparant les ruines de cette échelle ancienne qui avait été formée en Adam. Ainsi nul , quelque éclairé qu'il soit des lumières de la nature et de la science, ne peut rentrer en soi-même pour s'y réjouir dans le Seigneur, s'il n'est conduit par Jésus-Christ , qui a dit (1) : Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera, il sortira et il trouvera des pâturages. Or, pour approcher de cette porte du salut, il faut croire et espérer en Jésus, il faut l'aimer. Il est donc nécessaire, si nous voulons entrer dans les délices de la vérité, comme dans un lieu de félicité , d'y arriver par la foi, l'espérance et la charité de Jésus-Christ, le médiateur entre Dieu et les hommes, l'arbre de vie planté au milieu du Paradis.
Notre âme, l'image de Dieu, doit donc être revêtue des trois vertus théologiques qui la purifient , l'illuminent et la perfectionnent; elle doit donc être reformée, restaurée, rendue semblable à la céleste Jérusalem et devenir un membre de l’Église militante, qui est la fille de cette cité divine dont l'Apôtre a dit : Cette Jérusalem d'en haut est Sion. C'est elle qui est notre mère (2).
1 Joan., 10. — 2 Gal., 4.
Que l'âme croie donc et espère eu Jésus-Christ; qu'elle s'attache à lui par l'amour. Il est le Verbe incréé du Père, le Verbe incarné et inspiré; ou autrement : il est la voie, la vérité et la vie. En croyant en lui , comme au Verbe incréé et à la splendeur du Père, elle recouvre l'ouïe et la vue : l'ouïe pour entendre les enseignements du Sauveur, la vue pour contempler ses merveilles. En soupirant par l'espérance après le Verbe inspiré, le désir et l'amour font revivre en elle l'odorat spirituel. Enfin , en embrassant par la charité le Verbe incarné comme la source de toutes délices , et en passant en lui par les ravissements de l'amour, elle rentre en possession du goût et du toucher. Lors donc qu'après avoir ainsi recouvré ses sens , elle voit , elle entend , elle aspire , elle goûte et embrasse son Epoux , elle peut , comme l'épouse , prendre pour sujet de ses chants le Cantique des cantiques , qui est fait pour ce quatrième degré de contemplation, que personne ne comprend si le ciel ne l'en favorise, car l'expérience de l'amour le fait plus connaître que les considérations naturelles.
Une fois que dans ce degré l'âme a recouvré ses sens intérieurs pour contempler la beauté suprême, pour entendre ses harmonies inénarrables, pour aspirer ses parfums enivrants, goûter sa suavité infinie et embrasser le bien délicieux par excellence , elle se trouve disposée à passer aux ravissements par la dévotion , l'admiration et la joie qui répondent aux trois exclamations du Cantique des cantiques (1). D'abord par la surabondance de sa dévotion, l'âme devient comme la colonne de fumée qui s'élève formée d'aromates, de myrrhe et d'encens. Ensuite, la grandeur de son admiration la rend semblable à l'aurore , à la lune et au soleil, selon que les lumières dont elle est éclairée l'élèvent et la tiennent suspendue dans l'admiration de son Epoux bien-aimé. Enfin, par l'excès de sa joie elle se trouve plongée dans les délices les plus suaves et elle s'appuie entièrement sur son Bien-Aimé.
1 Cant., 3.
Alors notre esprit devient hiérarchique dans ses degrés d'élévation , et conforme à cette Jérusalem céleste où nul ne peut entrer , à moins que par la grâce elle ne descende d'abord elle-même en notre coeur, comme saint Jean dans son Apocalypse la vit descendre. Or, elle vient ainsi en nous lorsque par la réforme de notre image intérieure , par les vertus théologales , par la joie de nos sens spirituels, par le transport des ravissements, notre esprit est vraiment devenu hiérarchique, c'est-à-dire lorsqu'il est purifié, illuminé et rendu parfait. Ainsi il représente les neuf degrés des ordres célestes lorsqu'on trouve en lui successivement l'annonce des vérités, leur enseignement, leur direction , le bon ordre, l'affermissement, l'empire sur soi-même , le ravissement, la révélation et l'union, car tous ces degrés correspondent aux neuf ordres des anges. Les trois premiers se rapportent à la nature de l'âme ; les trois qui viennent ensuite , à ses exercices spirituels , et les trois derniers à la grâce. Quand l'âme, enrichie de ces dons, rentre en elle-même , elle pénètre dans la Jérusalem céleste, elle y contemple les choeurs des anges, et y voit Dieu qui a fixé en eux sa demeure et opère toutes leurs oeuvres. « Car, dit saint Bernard, Dieu aime dans les Séraphins comme charité; il connaît dans les Chérubins comme vérité; il est assis sur les Trônes comme équité ; il règne dans les Dominations comme majesté; il gouverne comme principe dans les Principautés; il protége comme salut dans les Puissances ; il opère comme vertu dans les vertus; il éclaire comme lumière dans les Archanges; il assiste comme piété dans les Anges (1). » Ainsi nous reconnaissons que Dieu est toutes choses en tout, lorsque nous le contemplons en nos âmes où il habite par les dons de sa charité surabondante.
Mais, pour arriver à ce degré de contemplation , nous devons nous appuyer d'une manière spéciale et particulière sur les enseignements de la sainte Ecriture divinement inspirée , comme nous nous sommes appuyés sur la philosophie pour le degré précédent ; car l'objet principal de la sainte Ecriture est de traiter des oeuvres de notre réparation. Ainsi elle nous instruit spécialement de la foi, de l'espérance et de la charité, parce que c'est par ces vertus que notre âme se reforme; mais elle traite d'une façon plus spéciale encore de la charité; car l'Apôtre a dit que la charité est la fin des commandements lorsqu'elle vient d'un coeur pur, d'une conscience bonne et d'une foi sincère. Elle est la plénitude de la foi (2).
1 Lib. 5, de Consid., c. 5. — 2 I Tim., 1 — Rom., 15.
Et Notre Seigneur lui-même nous assure que la Loi et les Prophètes sont tout entiers dans le double précepte de l'amour de Dieu et du prochain (1). Or ce double précepte trouve son accomplissement dans l'amour de Jésus-Christ, l'Epoux de l'Eglise. Il est en effet notre Dieu et notre prochain, notre frère et notre Seigneur, notre roi et notre ami , le Verbe incarné et le Verbe incréé, notre Créateur et notre Rédempteur, notre principe et notre fin. Il est le Pontife suprême qui purifie , illumine et perfectionne son épouse, l'Eglise entière et toute âme sainte. C'est de ce Pontife et de la hiérarchie établie par lui que traite toute la divine Écriture ; c'est par elle que nous apprenons à nous purifier, à nous éclairer , à marcher vers la perfection , et cela selon la loi de la nature, la loi écrite et la loi de grâce; ou plutôt selon les trois parties principales que cette même Écriture renferme : la loi de Moïse qui purifie, la révélation des Prophètes qui éclaire, et l'enseignement évangélique qui rend parfait. Ou plutôt encore elle nous apprend la même chose selon le triple sens spirituel de ses enseignements : le sens moral, qui nous purifie en nous faisant embrasser une vie exempte de péché; le sens allégorique, qui illumine notre intelligence des splendeurs de la foi ; et le sens mystique qui perfectionne notre âme en la conduisant à sortir d'elle-même et à goûter les suaves délices de la sagesse.
1 Mat,. 22.
Or, c'est en s'appuyant sur les trois vertus théologales, c'est avec ses sens spirituels ainsi reformés, c'est au moyen de ces trois ravissements dont nous avons parlé , et de ces actes hiérarchiques que notre âme rentre au-dedans d'elle-même pour y contempler Dieu dans les splendeurs des saints, pour goûter un sommeil paisible comme sur sa couche et s'y reposer dans le bras de son Epoux qui conjure les filles de Jérusalem de ne pas tirer sa bien-aimée de son repos, jusqu'à ce qu'elle s'éveille d'elle-même (1).
Ainsi ces deux degrés où nous avons appris à contempler Dieu en notre âme comme dans un miroir qui réfléchit l'image des choses créées, sont comme les deux ailes étendues qui aident le séraphin dans son vol. Par ces deux ailes nous pouvons comprendre que les puissances naturelles de notre âme nous conduisent aux choses célestes par leurs opérations, leurs habitudes et leurs lumières scientifiques. C'est ce que nous avons vu dans le troisième degré. Nous y sommes conduits également par les puissances reformées de notre âme, et cela à l'aide des vertus gratuites, de nos sens spirituels et des ravissements de l'esprit. Nous y arrivons néanmoins aussi par les opérations hiérarchiques qui s'accomplissent en nous : la purification, l'illumination et la perfection de nos âmes, opérations où nous sommes aidés par la révélation des saintes Ecritures que nous avons reçues des anges, selon cette parole de l'Apôtre : La loi nous a été donnée par les anges et par l'entremise d'un médiateur (2). Enfin nous y arrivons par les ordres hiérarchiques que nous pouvons disposer en notre âme à l'instar de celles de la Jérusalem céleste.
1 Cant., 2. — 2 Gal., 3.
Quand la divine sagesse a ainsi rempli cette aine de tant de lumières , Dieu habite en elle comme en sa demeure; car elle est devenue sa fille, son épouse, sa bien-aimée; elle est un membre de Jésus-Christ , son chef; elle est sa sœur, sa cohéritière; elle est le temple du Saint-Esprit , temple fondé par la foi , élevé par l'espérance, et consacré par la pureté du corps et de l'esprit. Tout cela s'accomplit par la charité de Jésus-Christ qui est répandue en nos cœurs par le Saint-Esprit, qui nous a été donné et sans lequel nous sommes impuissants à connaître les secrets de Dieu. Car de même que nul ne peut savoir ce qu'il y a en l'homme si ce n'est son esprit qui habite en lui, ainsi personne ne connaît ce qui est en Dieu sinon l'esprit de Dieu. Établissons-nous donc et enracinons-nous dans la charité afin de comprendre avec tous ses saints la longueur de son éternité, la largeur de sa libéralité , la sublimité de sa majesté et la profondeur de ses jugements pleins de sagesse.
Source: Itinéraire de l'Âme à Dieu - Saint Bonaventure - Œuvres spirituelles
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19/06/2015
Un Jean Bosco pour le XXIème siècle: portrait d'un prêtre donné au Christ et aux jeunes
Originellement publié le 30 juin 2012 dans L'Homme nouveau, cet article qui dresse le portrait de l'abbé Olivier Horovitz, fondateur avec son confrère l'abbé Hubert Blin de l'institut des Frères et Soeurs de la Mission, a été repris dans la Lettre de Paix liturgique du 24 juillet 2012.
Dans la paroisse du Pradet l’abbé Olivier Horovitz, juif converti et prêtre depuis 2007, a la charge d’une paroisse, d’une école, et du patronage avec l’abbé Hubert Blin. Sa devise « Au patro, on joue et on prie », sa bonté souriante et son ouverture au biformisme lui ouvrent les cœurs.
Un incroyable parcours
« Lorsque je suis arrivé dans la paroisse du Pradet dans le diocèse de Fréjus-Toulon il y a quatre ans, je tranchais radicalement avec le curé qui me précédait. Mes premières homélies portaient sur les fins dernières. Il y a des fidèles qui hurlaient de colère dans l’Église ! » L’abbé Olivier Horovitz a même reçu peu après son arrivée une lettre anonyme avec la photo d’un revolver et de trois balles ! Le prêtre à la fois doux et vigoureux, qui porte sa soutane comme une seconde peau, en a vu de toutes les couleurs mais pas assez pour se défaire de son zèle apostolique et de son amour de l’Église.
Son ordination sacerdotale le 23 juin 2007 marquait une étape importante de son incroyable parcours. Issu d’une famille juive non pratiquante, il finit par s’interroger sur le sens de sa vie et ne trouvait pas dans la philosophie les réponses espérées. Il ne restait plus que le culot. Olivier Horovitz demanda donc à Dieu de se manifester s’il existait vraiment… et le Tout-puissant s’imposa à son tour comme une évidence. Le futur abbé renoua avec la pratique de la religion juive délaissée par ses parents. C’est après la lecture de l’Évangile, trouvé par hasard, qu’il reçut l’appel à la prêtrise alors qu’il ne connaissait pas encore le catholicisme. Il frappa à la porte d’une église et, deux ans plus tard, Olivier Horovitz était baptisé et pouvait entrer au séminaire d’Érigné, tenu par les Oblats de saint Vincent-de-Paul, où, selon ses propres mots, « chose rarissime aujourd’hui, j’ai trouvé des maîtres à qui je dois tout, et envers qui j’ai une immense dette ! ». A Paris, le jeune prêtre fonda un patronage attaché à la paroisse Saint-Georges mais qu’il lui fallut quitter. Seul Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, voulut bien de ce prêtre farouchement biritualiste, ou plutôt biformiste, porteur d’un projet de patronage et de fondation de la communauté des Frères et Sœurs de la Mission, sous le patronage du Bienheureux père Antoine Chevrier.
Le patronage
Ils étaient 6 garçons au début, le patronage compte aujourd’hui en moyenne 40 enfants chaque semaine. Un succès ! Pourtant, les recrues sont rares aux côtés de l’abbé Horovitz et de l’abbé Blin, qui partage son ministère : une paroisse, une école et le patronage. « C’est un apostolat qui fait peur. Il demande un investissement de toute sa personne pour tisser des liens d’amitié, faire partie des meubles et pouvoir ainsi annoncer l’Évangile. Certains se demandent à quoi cela sert de taper dans un ballon avec des enfants. Moi je peux assurer que c’est fondamental. Aux patros, on joue et on prie. C’est notre devise ! Un enfant qui joue bien est un enfant qui prie bien. » Le patronage, porté par les deux prêtres et une paroissienne, accueille les enfants à partir de six ans. Les groupes sont non-mixtes et organisés par tranches d’âge. « Très vite, les plus grands ont un rôle d’aide, de grand frère auprès des plus jeunes et cette structure familiale est en fin de compte très pertinente dans une société où la famille est éclatée. » L’abbé Horovitz est bien loin de tout idéalisme et ce sont plutôt le pragmatisme et un humanisme au bon sens du terme qui fondent sa pédagogie. « Le plus grand ennemi du catéchisme est l’ennui ! Le catéchisme, ça doit être souvent et court. Lorsque la séance s’achève, les enfants doivent dire « déjà ? ». Il ne s’agit pas de faire un catéchisme au rabais – d’ailleurs nous suivons le plan du Compendium même pour les plus jeunes – mais de le rendre intéressant. » Un principe d’autant plus important que le patronage n’est pas réservé aux seuls catholiques. « L’aspect spirituel des choses est saupoudré en même temps que montré comme une nécessité. Je dis souvent aux enfants que se confesser, c’est comme se laver les dents. C’est l’hygiène de l’âme. Aux prêtres de mettre les sacrements à portée de tous. Je me souviens de cet élève de l’école, après un topo sur la confession, qui avait demandé en plein cours à aller se confesser. Il a pu sortir de cours, et je l’ai confessé dans l’instant ! »
Le biformisme
Les enfants du patronage, pour des raisons pratiques, assistent le plus souvent à la messe en forme ordinaire mais l’abbé Horovitz met un point d’honneur à suivre l’élan donné par le Motu Proprio Summorum Pontificum et compte bien, à terme, permettre à tous les enfants de se réapproprier la Messe de Saint Pie V. « Ce sont généralement les parents qui s’opposent. Les enfants n’y voient aucun inconvénient et certains m’ont confié que cette messe leur donnait une impression de sérieux. Le Motu Proprio le permet. On ne peut pas être plus papiste que le pape ! Nous en avons marre de cette idéologie qui nous empoisonne depuis 40 ans. Au fond, le biritualisme est l’une des grâces de notre temps. »
Source: Paix Liturgique - Lettre 345 du 24 juillet 2012
> Les Frères et Sœurs de la Mission, entièrement dévoués au service de la jeunesse
> L'éducation selon le Père Joseph-Marie Timon-David
> La nécessité du jeu dans l'éducation chrétienne
16:00 Publié dans Religion | Tags : religieux, vocation, oeuvres de jeunesse, biformalisme, biformalistes, les deux formes du rite romain | Lien permanent | Commentaires (0)
Saint Bonaventure - Itinéraire de l'âme à Dieu - Chapitre III
Saint Bonaventure
Itinéraire de l’Âme à Dieu
CHAPITRE III. De la contemplation de Dieu par son image gravée dans les facultés naturelles de notre âme.
CHAPITRE IV. De la contemplation de Dieu en son image reformée par la grâce divine.
CHAPITRE V. De la contemplation de l'unité divine par son nom principal, qui est l’ETRE.
CHAPITRE VI. De la contemplation de la Trinité bienheureuse en son nom, qui est SOUVERAINEMENT BON.
CHAPITRE VII. Du ravissement spirituel et mystique, dans lequel le repos est donné à notre intelligence et notre affection passe tout entière en Dieu.
CHAPITRE III. De la contemplation de Dieu par son image gravée dans les facultés naturelles de notre âme.
Les deux premiers degrés parcourus jusqu'à ce moment , après nous avoir conduits à Dieu par les traces de sa présence en toute créature, nous amènent à rentrer en notre âme , où l'image de la divinité brille avec tant d'éclat. Pénétrant donc en nous-mêmes, et laissant tout ce qui est en dehors, comme n'étant que le vestibule du lieu où nous devons arriver, efforçons-nous de contempler Dieu, comme en un miroir, dans son saint temple, dans la partie antérieure de son tabernacle. Là, sur la face de notre âme, comme sur un candélabre, brille la lumière de la vérité , et l'image de la Trinité bienheureuse apparaît avec splendeur.
Entrez donc au-dedans de vous, et voyez avec quelle ardeur votre âme s'aime. Or, elle ne pourrait s'aimer si elle ne se connaissait, et elle ne pourrait se connaître si elle n'avait le souvenir d'elle-même, car notre intelligence n'embrasse que les choses dont la mémoire nous est présente. D'où vous conclurez , en vous aidant du regard de la raison et non de la chair, que cette âme possède une triple puissance. Considérez donc les actes et les habitudes de ces puissances , et alors vous pourrez contempler Dieu en vous comme en son image, ce qui s'appelle le voir en un miroir et en énigme.
L'action de la mémoire consiste à retenir et à représenter non-seulement les choses présentes, corporelles et temporelles, mais encore les choses successives , simples et éternelles. Or , cette faculté retient les choses passées par le souvenir, les choses présentes en les recevant en elle-même, et les choses futures en les prévoyant. Elle retient les choses simples, comme principe des quantités continues et distinctes , tels sont le point, l'instant, l'unité, car sans cela il serait impossible de se rappeler ou de se figurer les choses auxquelles ils donnent naissance. Elle retient en tout temps et comme immuables les principes et les axiômes des sciences , car jamais elle ne peut les oublier de telle sorte , en se servant de sa raison , qu'elle ne les approuve et ne leur donne son assentiment aussitôt qu'ils lui sont proposés , et non pas comme à quelque chose de nouveau," mais comme à quelque chose d'inné et de familier. On peut s'en convaincre en proposant à quelqu'un une affirmation ou une négation sur un sujet, par exemple, sur ce principe : Le tout est plus grand que sa partie, ou sur tout autre principe que la raison admet sans pouvoir y contredire. En retenant donc ainsi l'idée des choses !emporelles passées, présentes et futures, la mémoire nous offre une image de l'éternité, dont le présent indivisible s'étend à tous les temps. En retenant les choses simples, elle montre que ces idées ne lui viennent pas seulement des images extérieures, mais qu'elle les reçoit d'un principe supérieur, et qu'elle a en elle-même des formes simples dont les sens et les objets visibles ne sont point le principe. Enfin en re-tenant les principes et les axiômes des sciences, elle nous apprend qu'elle a toujours en elle une lumière immuable qui lui conserve le souvenir des vérités inaccessibles au changement. Ainsi nous voyons, par les opérations de la mémoire , que notre âme est l'image de Dieu, que cette image est tellement présente à Dieu et Dieu présent à elle, qu'elle peut l'embrasser par ses actes , être capable de le posséder et de jouir de lui.
L'action de la puissance intellectuelle consiste à comprendre les ternies, les propositions et les conséquences. Or, on comprend le sens des termes lorsque, par la définition d'une chose, on la connaît parfaitement. Mais la définition ne peut se faire qu'au moyen de choses plus élevées, et ces choses elles-mêmes ne peuvent se définir qu'à l'aide de choses plus élevées encore; et successivement jusqu'à ce que l'on arrive à ce qu'il y a de plus élevé et de plus général, car l'ignorance de ces choses empêche de comprendre comme il convient celles qui sont d'un ordre inférieur. Si donc on ne connaît pas ce qu'est l'être par lui-même, il est impossible de donner une définition parfaite d'une substance quelconque. Mais l'être ne peut être connu par lui-même sans qu’on connaisse en même temps les conditions de son existence : l'unité, la vérité , la bonté. D'un autre côté, l'être peut s'offrir à nous comme complet ou incomplet, parfait ou imparfait, existant à l'état de puissance ou d'acte, comme être sous certains rapports ou simplement, comme partiel ou total , transitoire ou permanent, comme être par lui-même ou à l'aide d'un autre, comme joint à un autre ou seul, dépendant ou indépendant, comme conséquence ou principe, comme changeant ou immuable, comme simple ou composé; et comme ce qu'il renferme de négatif et de défectueux ne peut être connu que par ce qui est positif et réel , notre intelligence n'arrive jamais à bien définir l'être créé si elle n'est aidée par l'idée de l'être pur, actuel, complet et absolu par excellence, et cet être n'est autre que l'être simple et éternel, en qui sont contenues en toute leur pureté les raisons de toutes choses. Comment, en effet, notre esprit comprendrait-il qu'un être est défectueux et incomplet s'il n'avait aucune connaissance de l'être exempt de tout défaut? Et ainsi des autres conditions dont nous venons de parler.
Notre intelligence embrasse réellement le sens des propositions lorsqu'elle sait avec certitude qu'elles sont vraies ; et savoir cela, c'est connaître que ces propositions sont telles que nous les comprenons et que leur vérité ne peut être autre. Alors notre esprit sait donc que cette vérité est immuable ; mais comme il est lui-même soumis au changement, il ne peut la voir briller d'une manière ainsi stable que par une autre lumière dont les rayons, toujours les mêmes, ne peuvent partir d'une créature changeante. C'est donc en cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde, en cette lumière qui est la lumière, le Verbe qui était en Dieu au commencement , que nous voyons la vérité.
Notre intelligence perçoit réellement la vérité d'une conclusion quand elle voit cette conclusion suivre nécessairement des prémisses, et cela non-seulement lorsqu'elle découle de termes nécessaires, mais de termes contingents, comme : l'homme court, donc il se meut. Et cette nécessité ne se découvre pas moins dans les êtres privés de vie que dans ceux qui en jouissent : que l'homme vive ou ne vive pas, cette conclusion : Si l'homme court, donc il est en mouvement , est toujours véritable. Ainsi la nécessité d'une conclusion ne vient pas de l'existence matérielle d'une chose, laquelle existence n'est que contingente; elle ne vient pas de l'existence de la chose en notre âme, car cette existence ne serait qu'une fiction, si cette chose n'existait en réalité. Elle vient donc du modèle éternel où toutes les choses puisent le rapport et l'enchaînement qui les unit selon les règles existantes en ce divin modèle. Toute la lumière de notre raisonnement, dit saint Augustin (1), a sa source dans cette vérité suprême , et c'est à elle que nous devons nous efforcer de parvenir. Nous voyons donc clairement, par tout ce que nous venons de dire, que notre intelligence est unie à l'éternelle vérité , puisque ce n'est qu'à sa lumière que nous pouvons embrasser la vérité avec certitude. Vous pouvez donc contempler par vous-même cette vérité qui vous instruit , si la concupiscence ou les vaines imaginations n'y mettent obstacle, et si elles ne viennent se placer entre elle et vous comme un nuage qui vous empêche d'en réfléchir les rayons.
1 De ver. rel., c. 39.
L'action de notre volonté se manifeste par la délibération, le jugement et le désir. La délibération consiste à chercher ce qu'il y a de mieux entre une chose ou une autre. Mais le mieux ne peut être appelé ainsi que selon qu'il se rapproche davantage de ce qui est bon par excellence , et ce rapprochement est plus ou moins grand selon la ressemblance plus ou moins parfaite. Personne donc ne peut dire que telle chose est meilleure que telle autre, s'il ne connaît d'abord son degré de ressemblance avec le bien suprême ; et nul ne sait si telle chose ressemble à telle autre s'il ne connaît cette dernière elle-même. Ainsi , pour avancer que tel est semblable à Pierre, je dois commencer par connaître Pierre. Celui donc qui délibère a nécessairement imprimée en lui la connaissance du bien suprême.
Maintenant , pour porter un jugement certain de ces mêmes choses, il faut une loi. Or, cette loi ne peut produire la certitude qu'autant qu'on est assuré de sa rectitude et qu'elle est au-dessus de nos jugements. Mais notre âme se juge elle-même; comme donc elle ne peut juger la loi qui sert de règle à ses jugements , il s'ensuit que cette loi est supérieure à notre âme et que nous jugeons uniquement par sa présence en nous. Mais rien n'est au-dessus de notre âme si ce n'est celui qui l'a créée. Donc notre volonté arrive aux lois divines dans ses jugements si elle se prononce avec une résolution parfaite et entière.
Le désir a pour fin principale la chose qui l'excite par-dessus tout. Or, nous désirons par-dessus tout ce que nous aimons le plus ; et ce principal objet de notre amour, c'est le bonheur. Mais le bonheur réel ne se trouve que dans le bien suprême et notre fin dernière, et le désir de l'homme ne soupire qu'après un tel bien , ou après ce qui y conduit ou en est la ressemblance. L'entraînement vers ce bien est tel que la créature ne saurait rien aimer qu'en le désirant lui-même; seulement elle se trompe et elle est dans l'erreur lorsqu'elle prend une vaine image et un fantôme pour la réalité.
Voyez donc combien l'âme est proche de Dieu , et comment la mémoire nous conduit à son éternité, l'intelligence à sa vérité, et la volonté à sa bonté suprême. Admirez ensuite comment l'ordre , l'origine et l'habitude de ces trois puissances nous font arriver jusqu'à la Trinité bienheureuse. La mémoire produit l'intelligence, qui est comme sa fille, car nous comprenons quand la ressemblance de l'objet qui repose en la mémoire est venue se placer à la lumière de l'intelligence ; et cette ressemblance n'est autre chose que notre verbe. De la mémoire et de l'intelligence
émane l'amour, le noeud qui les unit. Or, ces trois choses , l'esprit qui engendre , le verbe et l'amour qui appartiennent à la mémoire, à l'intelligence et à la volonté, sont consubstantielles, coégales et coexistantes, se pénètrent et s'embrassent mutuellement. Si donc Dieu est un esprit parfait , il possède la mémoire, l'intelligence et la volonté; il a un Verbe engendré et un amour qui émane de lui et du Verbe. Et comme ces trois choses sont distinctes nécessairement, puisque l'une est produite par l'autre; que d'un autre côté cette distinction ne réside point dans l'essence divine et qu'elle n'est point accidentelle, il s'ensuit qu'elle est personnelle. Lors donc que l'âme se considère , elle s'élève par elle-même, comme par un miroir , jusqu'à la contemplation de la Trinité bienheureuse du Père, du Fils et de l'amour, qui sont trois personnes coéternelles, coégales et consubstantielles , de sorte que chacune des trois est en chacune des deux autres , que cependant l'une n'est pas l'autre , mais que toutes trois sont un seul Dieu.
Dans cette contemplation de son principe triple et un, au moyen des trois puissances qui la rendent son image, l'âme est aidée des lumières des sciences, qui l'enseignent et la perfectionnent, en même temps qu'elles lui offrent une triple similitude de la Trinité. En effet, toute philosophie est naturelle, rationnelle ou morale. La première traite du principe des êtres et nous conduit ainsi à la puissance du Père; la seconde traite de la nature de noire intelligence et nous amène à la sagesse du Verbe ; la troisième nous enseigne à bien vivre , et elle nous montre la bonté du Saint-Esprit. Ensuite la philosophie naturelle se divise en métaphysique , mathématique et physique. La première traite de l'essence des êtres ; la seconde, de leurs nombres et de leurs figures ; la troisième, de leur nature, de leurs vertus et de leurs opérations réciproques. Et ainsi la première nous conduit au Père , qui est le premier principe; au Fils, qui est son image, et au Saint-Esprit, qui est le don du Père et du Fils.
La philosophie rationnelle comprend la grammaire, qui donne la faculté d'exprimer ses idées; la logique, qui apprend à en tirer parti ; la rhétorique, qui enseigne à persuader ou à toucher. Et ces trois choses nous ramènent encore au mystère de la bienheureuse Trinité.
Enfin la philosophie morale est individuelle, économique et sociale. La première nous rappelle le premier principe ne procédant de personne; la seconde, le Fils qui habite en lui; la troisième, l'abondance des bienfaits du Saint-Esprit.
Toutes ces sciences ont des règles certaines et infaillibles qui descendent, comme autant de rayons lumineux, de la loi éternelle pour se répandre en notre âme. Ainsi illuminée et pénétrée de tant de splendeurs, si elle n'est aveugle, elle peut arriver par elle même jusqu'à contempler la lumière éternelle. La vue éclatante de cette lumière remplit les sages d'admiration, tandis qu'elle plonge dans le trouble les insensés qui refusent de croire afin d'arriver à comprendre ; et ainsi s'accomplit cette parole du Prophète : Vous avez répandu une lumière admirable du haut des montagnes éternelles, et ceux dont le coeur est insensé ont été remplis de trouble (1).
1 Ps. 75.
Source: Itinéraire de l'Âme à Dieu - Saint Bonaventure - Œuvres spirituelles
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18/06/2015
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Saint Bonaventure - Itinéraire de l'âme à Dieu - Chapitre II
Saint Bonaventure
Itinéraire de l’Âme à Dieu
CHAPITRE II.De la contemplation de Dieu dans les traces de sa présence imprimées en ce monde sensible.
CHAPITRE III. De la contemplation de Dieu par son image gravée dans les facultés naturelles de notre âme.
CHAPITRE IV. De la contemplation de Dieu en son image reformée par la grâce divine.
CHAPITRE V. De la contemplation de l'unité divine par son nom principal, qui est l’ETRE.
CHAPITRE VI. De la contemplation de la Trinité bienheureuse en son nom, qui est SOUVERAINEMENT BON.
CHAPITRE VII. Du ravissement spirituel et mystique, dans lequel le repos est donné à notre intelligence et notre affection passe tout entière en Dieu.
CHAPITRE II.De la contemplation de Dieu dans les traces de sa présence imprimées en ce monde sensible.
Mais ce n'est point assez de contempler Dieu dans le miroir des choses créées comme en autant de vestiges de son action divine, il faut encore le considérer en tant qu'il est en ces mêmes choses par son essence, sa puissance et sa présence; et cette considération est plus élevée que la précédente. Nous la plaçons donc en second lieu, comme étant le second degré qui nous conduit à la contemplation de Dieu dans toutes les créatures à qui nos sens corporels donnent accès en notre âme.
Remarquons-donc que ce monde sensible, appelé le grand monde, pénètre dans notre âme, appelée le petit monde, par les portes de nos cinq sens, selon que nous appréhendons les objets du dehors, que nous nous en réjouissons et que nous les discernons. En effet, en ce monde, il y a des choses productrices, d'autres qui sont produites, et d'autres enfin qui dirigent et gouvernent les unes et les autres. Les choses productrices sont les corps simples, ou autrement les corps célestes et les quatre éléments. La vertu de la lumière réunit les choses opposées contenues dans les éléments, les mélange, leur imprime la puissance génératrice, et leur fait produire ce qui est conforme à leur nature. Les choses produites sont les corps formés des éléments divers, comme les minéraux, les végétaux, les animaux et les corps humains. Les substances qui régissent les deux dernières espèces sont spirituelles, et quelquefois elles ne font qu'un avec les corps , comme dans les animaux; ou elles en sont distinctes malgré leur union avec eux, comme dans les hommes; ou elles en sont entièrement séparées : tels sont les esprits célestes, que les philosophes appellent intelligences et à qui nous donnons le nom d'anges. A ces esprits appartient, selon les mêmes philosophes, de mouvoir les corps célestes et par là de gouverner l'univers, après avoir reçu de la cause première , qui est Dieu , la puissance d'action nécessaire à l'accomplissement d'une telle charge. Selon les théologiens, le gouvernement du monde est également confié à ces esprits par un commandement du Dieu suprême, mais en ce qui concerne l’œuvre de notre rédemption; d'où ils sont appelés des esprits envoyés pour servir et aider ceux qui doivent être les héritiers du salut (1).
1 Hebr., 1.
L'homme , qui est nommé le petit monde , a cinq sens, qui sont comme autant de portes destinées à introduire en son âme la connaissance des choses sensibles. Par la vue, entrent les corps célestes et lumineux et les couleurs; par le toucher, les corps solides et terrestres ; par les trois autres, tout ce qui tient le milieu entre ces deux premières sortes de corps, comme les choses aqueuses par le goût, les choses de l'air par l'ouïe , et les choses vaporeuses par l'odorat, et celles-ci empruntent une de leurs parties à l'eau, une autre à l'air et une troisième au feu, comme on le voit par la fumée qui s'exhale des parfums. Par ces portes des sens entrent donc les corps simples et les corps composés. Et ce ne sont pas seulement certaines choses sensibles et particulières que nous percevons ainsi , comme la lumière, le son, l'odeur et la saveur, et les quatre qualités premières qui viennent frapper le toucher en chaque corps, mais encore des choses sensibles , communes, telles que le nombre, la grandeur, la forme, le repos, le mouvement; nous découvrons également que tout ce qui est mû l'est par un autre , que certaines choses ont en elles-mêmes leur mouvement et leur repos , comme les animaux; et de ces mouvements des corps dont nos sens nous instruisent, nous arrivons à la connaissance des moteurs spirituels , comme de l'effet on arrive à la cause.
Tout le monde sensible, quant à ces trois genres , entre donc dans notre âme par l'appréhension. Cependant tous ces objets, qui sont extérieurs, y pénètrent non en leur propre nature, mais en leurs images. Ces images se forment d'abord dans un lieu intermédiaire et distinct; de là elles passent en nos organes extérieurs, qui les transmettent au sens intérieur, et celui-ci les conduit jusqu'à la puissance intellectuelle, qui les saisit. Ainsi les images de tout ce qui nous arrive du dehors, ayant d'abord pris naissance dans ce lieu intermédiaire , et étant transportées en nos organes , la faculté compréhensive de notre âme se retourne sur elles et les embrasse sans exception.
Quand l'objet que nous avons ainsi embrassé nous convient, le plaisir en suit la perception. Le sens se réjouit en cet objet ou à cause de sa beauté lorsqu'il lui est arrivé par la vue, ou à cause de sa suavité lorsqu'il le perçoit par l'odorat et par l'ouïe, ou à cause de ses effets salutaires lorsque c'est le goût et le toucher proprement dit qui agissent.
Or, tout plaisir veut être renfermé en des proportions qui lui conviennent; mais chaque chose exigeant qu'on tienne compte de sa forme , de sa vertu et de son action, selon qu'elle se rapporte au principe d'où elle émane, au milieu vers lequel elle passe , et à la fin vers laquelle elle tend, il s'ensuit que ces proportions doivent être considérées en tout objet à raison de sa forme, et alors elles s'appellent beauté; car la beauté c'est l'équilibre parfait de plusieurs choses, ou autrement l'accord des parties entre elles joint à la suavité du coloris. En second lieu , ces proportions doivent s'étendre à la vertu ou puissance de l'objet, de façon que cette vertu dans son action ne déborde point l'âme qui la renferme, et alors il y a suavité, car le sens s'attriste dans les choses extrêmes et il se réjouit dans les moyennes. En troisième lieu , les proportions doivent exister dans l'action de l'objet et dans l'impression qui en résulte : ce qui a lieu quand cette action remplit complètement le besoin de celui qui la subit, et alors il se fait sentir quelque chose de salutaire et de fortifiant ; c'est surtout par le toucher et le goût qu'on l'éprouve. C'est ainsi que l'image des choses délectables entre du dehors en notre âme pour la réjouir selon la triple manière qui leur est propre.
Après qu'on a embrassé les objets et qu'on les a goûtés , on les discerne , et ce discernement ne consiste pas seulement à reconnaître s'ils sont blancs ou noirs , ce qui ne regarde que le sens extérieur; s'ils sont nuisibles ou bienfaisants, ce qui ne se rapporte qu'au sens intérieur; mais encore à se rendre raison de la joie qu'ils produisent. Dans cet acte on recherche donc la cause de la délectation perçue par les sens en l'objet; on examine pourquoi il est beau , suave et bienfaisant , et l'on trouve que c'est parce qu'il y a proportion d'égalité entre ces trois choses. Cette raison d'égalité est la même dans un objet grand que dans un petit; elle est indépendante des dimensions ; ce qui passe ne l'entraîne point à sa suite , et les mouvements ne sauraient l'altérer. Les lieux , le temps et le changement ne font rien sur elle, et ainsi elle est immuable, sans limites, éternelle et entièrement spirituelle.
Le discernement est donc l'acte qui fait entrer en la puissance intellectuelle, en faisant abstraction de tout le reste, l'objet extérieur perçu par les sens, C'est ainsi que tout ce monde doit entrer dans notre âme par la porte des sens en suivant les trois opérations dont nous venons de parler.
Tels sont les vestiges à l'aide desquels nous pouvons contempler notre Dieu. Chacune des choses saisies par notre esprit étant une image véritable de l'objet qui lui donne naissance, et cette image, une fois imprimée en nous, nous conduisant par cette impression à la connaissance de son principe ou de son objet lui-même, tout cela nous montre clairement que la lumière éternelle doit , comme tout objet , engendrer également une image ou une splendeur qui lui soit égale, consubstantielle et coéternelle. Or, cette image , cette ressemblance parfaite, cette splendeur de la gloire, cette expression réelle de la substance, du Dieu invisible et présent partout avec la puissance génératrice qui lui est propre, cette image, dis-je, s'étend de son objet dans tout le milieu qui le sépare de nous, et s'unit à la créature raisonnable, par un bienfait de sa grâce, comme toute image s'unit ais sens corporel , afin de nous ramener à Dieu son Père, connue au principe de notre vie , comme à notre objet suprême. Si donc tout ce qui peut tomber sous nos sens a la vertu de produire une image de soi-même, il est évident que dans toutes ces choses , comme en autant de miroirs , nous pouvons contempler l'éternelle génération du Verbe, image et Fils de Dieu , émanant de toute éternité du sein de son Père.
De même l'image qui nous réjouit comme belle, suave et salutaire, nous amène à comprendre que, dans l'image première, il y a la beauté, la suavité et le salut par excellence; qu'elle possède une proportion entière et une égalité parfaite avec le principe qui l'engendre; qu'en elle il y a une vertu qui se répand et que nous embrassons en réalité, et non comme une ombre vaine ainsi que dans les autres choses ; que son impression est, pour celui qui la reçoit, le salut, l'abondance et la fin de toute misère. Si donc le bonheur réside en l'union avec ce qui nous convient; si d'un autre côté l'image parfaite de Dieu seul est souverainement belle, suave et salutaire; si elle s'unit seule à nous réellement, intimement et avec une plénitude qui remplit toute la capacité de notre âme, il s'ensuit qu'en Dieu seul, comme en la source, est le bonheur véritable, et que toutes les joies produite par la création nous entraînent à la recherche de ce bonheur.
Mais le discernement nous conduit d'une manière plus excellente, plus immédiate et plus assurée à la contemplation de l'éternelle vérité. En effet, le discernement faisant abstraction du lieu, du temps et du changement, se rend étranger à toute idée de succession, de mesure, de mutabilité, en vertu d'une raison immuable, infinie et sans fin. Biais rien n'est parfaitement immuable, infini et sans fin que ce qui est éternel , et ce qui est éternel ne l'est qu'en Dieu , ou c’est Dieu même. Si donc tout ce qui s'offre à notre discernement est apprécié par une raison de ce genre, il est clair que Dieu est la raison de toutes choses, qu'il en est la règle infaillible et la lumière véritable en laquelle elles brillent d'une manière assurée, indélébile, indubitable, irréfragable, au-dessus de tout jugement , de tout changement , de toute contrainte, de toute limite , de toute division , et sous un point de vue intellectuel. Il s'ensuit que les lois par lesquelles nous jugeons avec certitude de toutes les choses sensibles qui s'offrent à notre considération , sont pour notre intelligence à l'abri de tout doute et de toute erreur; qu'elles sont aussi ineffaçables en notre mémoire que si elles y étaient toujours présentes; qu'elles sont irréfragables et nullement soumises au jugement de notre esprit; car, dit saint Augustin, nul ne les juge, mais tous jugent nécessairement par elles (1). Il s'ensuit encore qu'elles sont immuables et inaltérables, parce qu'elles existent nécessairement; indépendantes de notre volonté, sans limites et sans fin, parce qu'elles sont éternelles; indivisibles, parce qu'elles sont intellectuelles et incorporelles, non faites mais incréées, existant de toute éternité dans la pensée. divine d'où découle toute beauté comme de sa source, de sa cause et de son modèle. Ainsi elles ne peuvent être jugées avec certitude que par cette même pensée , qui n'est pas seulement le modèle formant toutes choses , mais encore la vie qui les conserve, les distingue et les maintient chacune en la forme qui lui est propre, et la règle qui dirige notre âme lorsqu'elle juge des objets que les sens lui présentent.
1 De ver. rel.. c. 31.
Maintenant on peut étendre cette contemplation en parcourant sept nombres différents qui sont comme autant de degrés pour nous élever jusqu'à Dieu. C'est saint Augustin qui nous indique cette méthode dans son Traité de la vraie religion, et surtout dans le sixième livre du Traité de la musique, où il trace la différence de ces nombres , les faisant partir des choses sensibles pour arriver jusqu'à l'Auteur de toutes choses, afin de le voir présent en tout.
Il y a donc, selon ce docteur, des nombres qui résident dans les corps, et surtout dans le son et la voix , et on les appelle les nombres des sons. D'autres sont distincts de ces premiers et ont leur siége dans nos sens ; ces nombres se rapportent aux objets qui s'offrent à nous. D'autres partent de notre âme pour passer en notre corps, comme il arrive lorsque nous gesticulons ou nous marchons, et ceux-ci sont dits nombres progressifs. D'autres se trouvent dans les délectations des sens et dans le retour de notre attention sur l'image reçue en eux , et on les appelle nombre des sens. D'autres ont leur place en la mémoire, et elle leur donne son nom. D'autres nous servent à juger de toutes choses , et on les nomme l'ombres du jugement ; ils sont nécessairement au-dessus de notre âme, ainsi qu'il a été dit, car ils sont infaillibles et ne sont point soumis à nos propres jugements. Par eux sont imprimés en nous des nombres artificiels dont saint Augustin ne parle pas, car ils sont liés aux nombres qui servent à juger, et ils forment les nombres progressifs ; à l'aide de ces derniers nous nous créons différents moyens en notre esprit pour descendre avec ordre des degrés les plus élevés aux degrés moyens, et de ceux-ci aux derniers ; et d'un autre côté nous montons successivement en partant des nombres des sons aux nombres du second rang, nous passons par ceux des sens et de la mémoire pour arriver à ceux du rang le plus sublime.
Comme donc tout ce qui existe est beau et sous un certain point de vue délectable, que la beauté et le plaisir ne peuvent point être sans proportion, et que la proportion consiste avant tout dans les nombres, il est nécessaire que le nombre soit en toutes choses; et ainsi il est le modèle par excellence que nous pouvons admirer en l'esprit du Créateur , et dans la créature c'est la trace principale qui nous conduit à la sagesse suprême. Ensuite, le nombre étant clair aux yeux de tous et très-rapproché de Dieu, il s'ensuit qu'il nous guide jusqu'à lui en nous faisant passer par sept degrés différents, et qu'il nous le montre dans toutes les choses corporelles et sensibles, alors que nous les découvrons nombreuses , que nous nous réjouissons de leurs proportions harmonieuses, et que nous les jugeons au moyen des lois irréfragables de ces mêmes proportions.
De ces deux premiers degrés par lesquels nous contemplons Dieu en suivant les traces imprimées partout de sa présence, degrés figurés par les deux ailes qui couvraient les pieds du Séraphin , nous pouvons conclure que toutes les créatures de ce monde sensible conduisent au Dieu éternel l'âme du sage et du contemplatif. En effet, elles sont une ombre, un écho, une image de ce premier principe très-puissant, très-sage, très-bon , de cette vie, de cette lumière, de cette plénitude éternelle, de celui qui est à la fois le Créateur, le modèle et la règle. Elles sont comme autant de vestiges, d'images, de spectacles, de signes divinement offerts à nos yeux pour nous aider à voir Dieu. Elles sont, dis-je, des copies ou des exemples mis à la portée des gens grossiers et encore attachés à la vie des sens, afin de les élever par ces choses sensibles qui frappent leurs regards aux choses de l'intelligence qui sont invisibles, comme on arrive des signes à la chose signifiée.
Or, les choses du monde sensible sont un signe des choses invisibles en Dieu , d'abord parce que Dieu est le principe, le modèle et la fin de toute créature, et que tout effet est un signe de sa cause, toute copie un signe de son modèle, et toute voie un chemin qui conduit à sa fin. Ensuite, elles sont un signe de ces mêmes choses par le spectacle qu'elles offrent d'elles-mêmes, par les figures prophétiques qu'elles renferment, par l'action des anges à laquelle elles sont soumises, et par l'institution nouvelle qui est venue se joindre à celle qu'elles avaient reçues. En effet, toute créature est par sa nature une image et une ressemblance de la sagesse éternelle ; mais celle qui , dans les saintes Écritures , a été choisie par l'esprit prophétique pour figurer les choses spirituelles, l'est d'une façon plus spéciale; d'une façon plus spéciale encore celle dont Dieu a emprunté la forme lorsqu'il s'est manifesté par l'entremise des anges, et d'une façon toute particulière celle qu'il a employée pour être un signe de sa grâce , et non-seulement un signe selon le sens ordinaire de ce mot , mais un signe qui est un sacrement.
De tout cela nous conclurons que ce qu'il y a d'invisible en Dieu est devenu visible depuis la création du monde par la connaissance que ses créatures nous en donnent (1), de sorte que ceux qui ne veulent pas considérer ces choses, reconnaître Dieu, le bénir et l'aimer en elles, sont inexcusables , car ils refusent de passer des ténèbres à la lumière admirable du Seigneur. Pour nous, rendons grâces à Dieu de ce qu'il nous a conduits par Jésus-Christ de ces ténèbres à cette lumière ineffable , en faisant briller à nos yeux ces clartés extérieures qui nous disposent à nous reporter vers le miroir de notre âme, où se réfléchissent tant de splendeurs de la divinité.
1 Rom., 1.
Source: Itinéraire de l'Âme à Dieu - Saint Bonaventure - Œuvres spirituelles
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