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14/11/2014

Vous êtes le temple de Dieu, la demeure que Dieu édifie

vitr-morn-1.jpgLe Seigneur dit : "C'est ici mon repos à tout jamais" et il "choisit Sion pour le lieu de sa demeure" (Ps 131; 14). Mais Sion et son temple sont détruits. Où se tiendra le trône éternel de Dieu ? Où sera son repos à tout jamais ? Où sera son temple pour qu'Il y habite ? L'apôtre Paul nous répond : "Le temple de Dieu, c'est vous; en vous habite l'Esprit de Dieu " (1Co 3,16). Voilà la maison et le temple de Dieu ; ils sont remplis de sa doctrine et de sa puissance. Ils sont le séjour de la sainteté du coeur de Dieu. Mais cette demeure, c'est Dieu qui l'édifie. Construite de main d'homme, elle ne durerait pas, ni même si elle était fondée sur les doctrines humaines. Nos vains labeurs et nos inquiétudes ne suffisent pas à la protéger. Le Seigneur s'y prend bien autrement ; il ne l'a pas fondée sur la terre ni sur les sables mouvants, mais elle repose sur les prophètes et les apôtres (Ep 2,20) ; elle se construit sans cesse de pierres vivantes (1P 2,5). Elle se développera jusqu'aux ultimes dimensions du corps du Christ. Sans cesse son édification se poursuit ; autour d'elle montent de nombreuses maisons qui se rassembleront dans une grande et bienheureuse cité (Ps 121,3).

Saint Hilaire (v. 315-367)
Traité sur le psaume 64 64, PL 9, 416s
(trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 361)

Parole et Prière, novembre 2014, p.155

 

Vous qui défendez la famille, n'ayez pas peur ! C'est vous qui transmettez les paroles de la vie !



Jérome Lejeune :

Vous qui êtes pour la famille, on se moquera de vous ! On dira que vous êtes démodés, on dira que vous empêchez les progrès de la science, on lèvera contre vous l'étendard de la tyrannie expérimentale, on dira que vous essayez de baillonner la science par une morale dépassée !
Eh bien, je voudrais vous dire "N'ayez pas peur !"
C'est vous qui transmettez les paroles de la vie !

Eh bien, il nous reste la sagesse. Et la sagesse éternelle. Celle que les hommes n'ont pas inventée. Et cette sagesse se résume en une phrase, qui explique tout : ce que vous devez faire ou ne pas faire. Cette phrase, elle est toute simple, c'est notre Maître à tous qui nous l'a enseignée  : " Ce que vous avez fait aux plus petits d'entre les miens, c'est à Moi que vous l'avez fait !" (Mt 25, 40)


La fondation Jérôme Lejeune

13/11/2014

"Veilleurs dans la nuit": un film sur les moines et la vie monastique

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Qu’est ce qu’un moine ? Que fait-il ? Des images superbes dans un cadre enchanteur vous aideront à mieux connaître la vie quotidienne des moines et à découvrir la splendeur de la liturgie monastique à l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux.

Narration de Michael Lonsdale.

Ce film a reçu deux prix :

- Suite à sa programmation sur la chaîne KTO tout au long de la semaine de Noël 2009, il a été retenu et primé par le jury du Club Audiovisuel de Paris qui décerne chaque année les “Lauriers de la radio et de la télévision”.
Le 15 février 2010, dans les salons du Sénat à Paris, c’est le Nonce Apostolique en France, Mgr Luigi Ventura, qui a remis aux co-réalisateurs de ce film, Eddy Vicken et Yvon Bertorello, le “Laurier Première Œuvre — Prix Marcel-Jullian”, en présence de Dom Louis-Marie, abbé du Barroux.

- Il a d’autre part reçu le Prix du meilleur documentaire au Festival International du Film Catholique “Mirabile Dictu” http://www.mirabiledictu-icff.com qui s’est tenu à Rome du 7 au 11 juin 2010 sous le patronage du Conseil Pontifical pour la Culture.

Durée : 52 mn + bonus.

Sous-titrages en anglais, allemand, italien et espagnol (ainsi que français pour les malentendants).

 

> Acheter le DVD du film "Veilleurs dans la nuit"

 

Cette publication a été retirée, puis rétablie après avoir consulté les moines et obtenu leur accord.

10/11/2014

Tous les catholiques doivent s'intéresser au travail des évêques et défendre la foi

Homélie de l'abbé Paul Nicholson, prêtre diocésain au service du diocèse de London, Ontario, Canada, pour la fête de Saint Léon le Grand.

L'abbé Paul Nicholson a été formé au séminaire diocésain Saint-Pierre de London, Ontario, Canada. En 2013, l'évêque de London l'a chargé de l'évangélisation et des missions paroissiales au service du diocèse. Il est membre de la Société sacerdotale de la Sainte Croix fondée par Saint Josemaria Escriva.

08/11/2014

8 novembre, l'Eglise fête le bienheureux Jean Duns Scott

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Jean naît en Ecosse en 1266. Il sentre au couvent franciscain de Dumfries. Devenu prêtre, il enseigne la théologie à Oxford. Sa grande intelligence le fait surnommer par ses élèves "docteur subtil". Après un passage à Cambridge comme professeur, il est envoyé à Paris en 1302 où il enseigne à l'université de Paris comme bachelier. Les universités connaissent, peu de temps après, une grave crise suite à la querelle entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. Pour entretenir ses armées en guerre contre l'Angleterre, Philippe taxe les biens de l'Église. Le pape Boniface lui répond par une excommunication. Le roi essaye alors de réunir un concile pour le déposer mais Jean, aidé de 80 frères, s'oppose à ce manifeste anti-papal. Refus qui le force à prendre le chemin de l'exil. Il rentre en France en 1305 après la mort du pape Boniface. Il passe le reste de sa vie à défendre la doctrine de l'Immaculée Conception de Marie, ce qui lui amène de nombreux ennemis. Il rejoint l'université de Cologne où il meurt à l'âge de 42 ans, laissant des écrits de grande richesse. Il sera béatifié par Jean-Paul II en 1993.

(Parole et Prière, nov 2014, p. 109.)

 

 

Extraits de l'audience générale de Benoît XVI dédiée au bienheureux :

Chers frères et sœurs, ce fait nous invite à rappeler combien de fois, dans l’histoire de l'Eglise, les croyants ont rencontré l'hostilité et même subi des persécutions à cause de leur fidélité et de leur dévotion à l'égard du Christ, de l'Eglise et du Pape. Nous tous regardons avec admiration ces chrétiens qui nous enseignent à conserver comme un bien précieux la foi dans le Christ et la communion avec le Successeur de Pierre et, ainsi, avec l'Eglise universelle.

[...]

Il a avant tout médité sur le Mystère de l'Incarnation et, à la différence de beaucoup de penseurs chrétiens de l'époque, il a soutenu que le Fils de Dieu se serait fait homme même si l'humanité n'avait pas péché. Il affirme dans la «Reportata Parisiensa»: «Penser que Dieu aurait renoncé à une telle œuvre si Adam n'avait pas péché ne serait absolument pas raisonnable! Je dis donc que la chute n'a pas été la cause de la prédestination du Christ et que — même si personne n'avait chuté, ni l'ange ni l'homme — dans cette hypothèse le Christ aurait été encore prédestiné de la même manière» (in III Sent., d. 7, 4). Cette pensée, peut-être un peu surprenante, naît parce que pour Duns Scot l'Incarnation du Fils de Dieu, projetée depuis l'éternité par Dieu le Père dans son plan d'amour, est l'accomplissement de la création, et rend possible à toute créature, dans le Christ et par son intermédiaire, d'être comblée de grâce, et de rendre grâce et gloire à Dieu dans l'éternité. Même s'il est conscient qu’en réalité, à cause du péché originel, le Christ nous a rachetés à travers sa Passion, sa Mort et sa Résurrection, Duns Scot réaffirme que l'Incarnation est l’œuvre la plus grande et la plus belle de toute l'histoire du salut, et qu'elle n'est conditionnée par aucun fait contingent, mais qu’elle est l'idée originelle de Dieu d'unir en fin de compte toute la création à lui-même dans la personne et dans la chair du Fils.

Fidèle disciple de saint François, Duns Scot aimait contempler et prêcher le Mystère de la Passion salvifique du Christ, expression de la volonté d'amour, qui communique avec une très grande générosité en dehors de lui les rayons de sa bonté et de son amour (cf. Tractatus de primo principio, c. 4). Et cet amour ne se révèle pas seulement sur le Calvaire, mais également dans la Très Sainte Eucharistie, pour laquelle Duns Scot avait une très grande dévotion et qu’il voyait comme le sacrement de la présence réelle de Jésus et comme le sacrement de l’unité et de la communion qui conduit à nous aimer les uns les autres et à aimer Dieu comme le Bien commun suprême (cf. Reportata Parisiensa, in IV Sent., d. 8, q. 1, n. 3). « Et, — ainsi que je l'écrivais dans ma Lettre à l'occasion du Congrès international de Cologne pour le VIIème centenaire de la mort du bienheureux Duns Scot, rapportant la pensée de notre auteur — comme cet amour, cette charité, fut au commencement de tout, de même aussi dans l'amour et dans la charité seulement sera notre béatitude: "le vouloir ou la volonté d'amour est simplement la vie éternelle, bienheureuse et parfaite" » (AAS 101 [2009], 5).

Chers frères et sœurs, cette vision théologique, fortement «christocentrique», nous ouvre à la contemplation, à l’émerveillement et à la gratitude: le Christ est le centre de l’histoire et de l’univers, il est Celui qui donne un sens, une dignité et une valeur à notre vie! Comme le Pape Paul VI à Manille, je voudrais moi aussi aujourd’hui crier au monde: «[Le Christ] est celui qui nous a révélés le Dieu invisible, il est le premier né de toute créature, il est le fondement de toute chose; Il est le Maître de l’humanité et le rédempteur; Il est né, il est mort, il est ressuscité pour nous; Il est le centre de l’histoire et du monde; Il est Celui qui nous connaît et qui nous aime; Il est le compagnon et l’ami de notre vie... Je n’en finirais plus de parler de Lui» (Homélie, 29 novembre 1970; cf. ORLF n. 50 du 11 décembre 1970).

Non seulement le rôle du Christ dans l’histoire du salut, mais également celui de Marie est l’objet de la réflexion du Doctor subtilis. A l’époque de Duns Scot, la majorité des théologiens opposait une objection, qui semblait insurmontable, à la doctrine selon laquelle la très Sainte Vierge Marie fut préservée du péché originel dès le premier instant de sa conception: en effet, l’universalité de la Rédemption opérée par le Christ, à première vue, pouvait apparaître compromise par une telle affirmation, comme si Marie n’avait pas eu besoin du Christ et de sa [R]édemption. C’est pourquoi les théologiens s’opposaient à cette thèse. Alors, Duns Scot, pour faire comprendre cette préservation du péché originel, développa un argument qui sera ensuite adopté également par le Pape Pie IX en 1854, lorsqu’il définit solennellement le dogme de l’Immaculée Conception de Marie. Et cet argument est celui de la «Rédemption préventive», selon laquelle l’Immaculée Conception représente le chef d’œuvre de la Rédemption opérée par le Christ, parce que précisément la puissance de son amour et de sa médiation a fait que sa Mère soit préservée du péché originel. Marie est donc totalement rachetée par le Christ, mais avant même sa conception. Les Franciscains, ses confrères, accueillirent et diffusèrent avec enthousiasme cette doctrine, et d’autres théologiens — souvent à travers un serment solennel — s’engagèrent à la défendre et à la perfectionner.

A cet égard, je voudrais mettre en évidence un fait qui me paraît très important. Des théologiens de grande valeur, comme Duns Scot en ce qui concerne la doctrine sur l’Immaculée Conception, ont enrichi de la contribution spécifique de leur pensée ce que le Peuple de Dieu croyait déjà spontanément sur la Bienheureuse Vierge, et manifestait dans les actes de piété, dans les expressions artistiques et, en général, dans le vécu chrétien. Ainsi, la foi tant dans l’Immaculée Conception que dans l’Assomption corporelle de la Vierge, était déjà présente chez le Peuple de Dieu, tandis que la théologie n’avait pas encore trouvé la clé pour l’interpréter dans la totalité de la doctrine de la foi. Le Peuple de Dieu précède donc les théologiens, et tout cela grâce au sensus fidei surnaturel, c’est-à-dire à la capacité dispensée par l’Esprit Saint, qui permet d’embrasser la réalité de la foi, avec l’humilité du cœur et de l’esprit. Dans ce sens, le Peuple de Dieu est un «magistère qui précède», et qui doit être ensuite approfondi et accueilli intellectuellement par la théologie. Puissent les théologiens se placer toujours à l’écoute de cette source de la foi et conserver l’humilité et la simplicité des petits! Je l’avais rappelé il y a quelques mois en disant: «Il y a de grands sages, de grands spécialistes, de grands théologiens, des maîtres de la foi, qui nous ont enseigné de nombreuses choses. Ils ont pénétré dans les détails de l'Ecriture Sainte, [...] mais ils n'ont pas pu voir le mystère lui-même, le véritable noyau [...] L'essentiel est resté caché! [...] En revanche, il y a aussi à notre époque des petits qui ont connu ce mystère. Nous pensons à sainte Bernadette Soubirous; à sainte Thérèse de Lisieux, avec sa nouvelle lecture de la Bible “non scientifique”, mais qui entre dans le cœur de l'Ecriture Sainte» (Homélie lors de la Messe avec les membres de la Commission théologique internationale, 1er décembre 2009; cf. ORLF n. 49 du 8 décembre 2009).

Enfin, Duns Scot a développé un point à l’égard duquel la modernité est très sensible. Il s’agit du thème de la liberté et de son rapport avec la volonté et avec l’intellect. Notre auteur souligne la liberté comme qualité fondamentale de la volonté, en commençant par un raisonnement qui valorise le plus la volonté. Malheureusement, chez des auteurs qui ont suivi le notre, cette ligne de pensée se développa dans un volontarisme en opposition avec ce qu’on appelle l’intellectualisme augustinien et thomiste. Pour saint Thomas d’Aquin, qui suit saint Augustin, la liberté ne peut pas être considérée comme une qualité innée de la volonté, mais comme le fruit de la collaboration de la volonté et de l’intellect. Une idée de la liberté innée et absolue — comme justement elle évolue après Duns Scot — située dans la volonté qui précède l’intellect, que ce soit en Dieu ou dans l’homme, risque en effet de conduire à l’idée d’un Dieu qui ne ne serait même pas lié à la vérité et au bien. Le désir de sauver la transcendance absolue et la différence de Dieu par une accentuation aussi radicale et impénétrable de sa volonté ne tient pas compte du fait que le Dieu qui s’est révélé en Christ est le Dieu «logos», qui a agi et qui agit rempli d’amour envers nous. Assurément, comme l’affirme Duns Scot dans le sillage de la théologie franciscaine, l’amour dépasse la connaissance et est toujours en mesure de percevoir davantage que la pensée, mais c’est toujours l’amour du Dieu «logos» (cf. Benoît XVI, Discours à Ratisbonne, Insegnamenti di Benedetto XVI, II [2006], p. 261; cf. ORLF n. 38 du 19 septembre 2006). Dans l’homme aussi, l’idée de liberté absolue, située dans sa volonté, en oubliant le lien avec la vérité, ignore que la liberté elle-même doit être libérée des limites qui lui viennent du péché. De toute façon, la vision scotiste ne tombe pas dans ces extrêmes: pour Duns Scot un acte libre découle du concours d'un intellect et d'une volonté et s'il parle d'un « primat » de la volonté, il l'argumente exactement parce que la volonté suit toujours l'intellect.

[...]

Chers frères et sœurs, le bienheureux Duns Scot nous enseigne que dans notre vie l’essentiel est de croire que Dieu est proche de nous et nous aime en Jésus Christ, et donc de cultiver un profond amour pour lui et son Eglise. Nous sommes les témoins de cet amour sur cette terre. Que la Très Sainte Vierge Marie nous aide à recevoir cet amour infini de Dieu dont nous jouirons pleinement pour l’éternité dans le Ciel, lorsque finalement notre âme sera unie pour toujours à Dieu, dans la communion des saints.

> Lire le texte de l'audience générale dans son intégralité sur le site officiel du Saint-Siège

30/10/2014

Des prêtres pour demain

Des séminaristes étudiant à Rome témoignent du travail de la grâce de Dieu et de ses moyens pour faire fleurir les vocations sacerdotales au milieu du désert.

 

28/10/2014

Lettre de Benoît XVI au pèlerinage Summorum Pontificum

Le message de Sa Sainteté Benoît XVI aux pèlerins du Coetus Internationalis Summorum Pontificum a été lu le 25 octobre pendant la Messe célébrée par le Cardinal Raymond Burke selon la forme extraordinaire du rite romain en la Basilique Saint-Pierre de Rome.

Summorum Pontificum, Benoît XVI, forme extraordinaire, cardinal Burke

 

« Monsieur le Délégué Général,

Finalement je trouve enfin le temps de vous remercier pour votre lettre du 21 août passé. Je suis très heureux que l’Usus antiquus vive maintenant dans la pleine paix de l’Église, aussi chez les jeunes, soutenue et célébrée par de grands cardinaux. Spirituellement je serai avec vous. Mon état de “moine cloîtré” ne me permet pas d'être présent à l’extérieur. Je ne sors de ma clôture que dans des cas particuliers, invité personnellement par le Pape.

En communion de prière et d'amitié,

Vôtre dans le Seigneur,

Benoît XVI.»

 

(WDTPRS)

Message de Benoît XVI à l'Université pontificale urbanienne : "La mission est une nécessité !"

«Un geste de gratitude pour ce que, comme peritus [expert, NdEspN] conciliaire, avec son enseignement de professeur, comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et enfin, avec son précieux magistère, il a fait pour l'Eglise».
C'est avec ce motif que l'Université Pontificale Urbanienne a voulu dédier son grand amphithéâtre à Benoît XVI.
La cérémonie a eu lieu le matin, mardi 21 octobre dans le cadre de l'inauguration de l'année académique de l'université, et a vu la participation de l'archevêque Georg Gänswein, Préfet de la Maison pontificale, qui a lu un message écrit pour l'occasion par Benoît XVI, dont le prélat est le secrétaire particulier.

LE MESSAGE DE BENOIT XVI A L'URBANIENNE: RELIGIONS ET MISSION
(Texte en italien via Angela Ambrogetti)

aulamagna_720.jpgJe voudrais tout d'abord exprimer mon plus cordial remerciement au Recteur Magnifique et aux autorités académiques de l'Université pontificale urbanienne, aux Officiaux Majeurs et aux représentants des étudiants, pour leur proposition de donner mon nom au Grand Amphithéâtre restauré. Je tiens à remercier d'une façon particulière le Grand Chancelier de l'Université, le cardinal Fernando Filoni, d'avoir accueilli cette initiative. C'est un motif de grande joie pour moi de pouvoir être ainsi toujours présent au travail de l'Université pontificale urbanienne.

Au cours des différentes visites que j'ai pu faire en tant que Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, j'ai toujours été frappé par l'atmosphère d'universalité que l'on respire dans cette université, dans laquelle les jeunes provenant de presque tous les pays du monde se préparent pour le service de l’Évangile dans le monde d'aujourd'hui. Aujourd'hui encore, je vois intérieurement en face de moi, dans cette salle, une communauté composée de nombreux jeunes, qui nous font percevoir de manière vivante la merveilleuse réalité de l’Église catholique.

«Catholique»: cette définition de l'Église, qui appartient à la profession de foi depuis les temps les plus anciens, porte en elle quelque chose de la Pentecôte. Elle nous rappelle que l’Église de Jésus-Christ n'a jamais concerné un seul peuple ou une seule culture, mais que dès le début, elle était destinée à l'humanité. Les dernières paroles que Jésus dit à ses disciples furent: «faite des disciples dans toutes les nations» (Mt 28,19). Et au moment de la Pentecôte les apôtres parlèrent dans toutes les langues, pouvant ainsi manifester, par la force de l'Esprit Saint, toute l'étendue de leur foi.

Depuis lors, l'Église a vraiment grandi sur tous les continents. Votre présence, chers étudiantes, chers étudiants, reflète le visage universel de l’Église. Le prophète Zacharie avait annoncé un royaume messianique qui irait de mer en mer, et serait un royaume de paix (Zacharie 9.9s.). Et en effet, partout où est célébrée l'Eucharistie et où les hommes, par le Seigneur, deviennent un seul corps entre eux, il y a quelque chose de cette paix que Jésus-Christ avait promis de donner à ses disciples. Vous, chers amis, soyez les coopérateurs de cette paix que, dans un monde déchiré et violent, il devient de plus en plus urgent de construire et de protéger. C'est pourquoi le travail de votre université est si important, une université dans laquelle vous voulez apprendre à vous rapprocher de Jésus-Christ pour pouvoir devenir ses témoins.

58115_1668217985651_1243356104_2956966_6976741_n.jpgLe Seigneur ressuscité a chargé ses apôtres, et à travers eux les disciples de tous les temps, de porter sa parole aux extrémités de la terre et de faire de tous les hommes ses disciples. Le Concile Vatican II, reprenant dans le décret «Ad Gentes», une tradition constante, a mis en lumière les raisons profondes de cette tâche missionnaire et l'a donnée ainsi avec une force renouvelée à l’Église d'aujourd'hui.

Mais cela est-il encore valable? - se demandent beaucoup, aujourd'hui, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église - vraiment, la mission est-elle toujours actuelle? Ne serait-il pas plus approprié de se rencontrer dans le dialogue entre les religions et de servir ensemble la cause de la paix dans le monde?
La contre-question est: le dialogue peut-il remplacer la mission?
Aujourd'hui, beaucoup, en effet, sont de l'idée que les religions devraient se respecter mutuellement et, dans le dialogue entre elles, devenir une force commune de paix conjointe. Dans ce mode de pensée, la plupart du temps on prend pour hypothèse que les différentes religions sont des variantes d'une seule et même réalité; que la «religion» est le genre commun, qui prend des formes différentes selon les différentes cultures, mais exprime toujours la même réalité. La question de la vérité, celle qui à l'origine motiva les chrétiens plus que toute autre chose, est mise ici entre parenthèses. On présuppose que la vérité sur Dieu, en dernière analyse, est inaccessible et que tout au plus on ne peut rendre présent ce qui est ineffable qu'avec une variété de symboles. Cette renonciation à la vérité semble réaliste et utile à la paix entre les religions dans le monde.

Et pourtant, elle est mortelle pour la foi. En effet, la foi perd son caractère contraignant et sa gravité, si tout se résume à des symboles au fond interchangeables, capables de renvoyer seulement de loin au mystère inaccessible du divin.

Chers amis, vous voyez que la question de la mission nous place non seulement face aux questions fondamentales de la foi, mais aussi face à celle sur ce que l'homme est. Dans une courte allocution de salut, je ne peux évidemment pas tenter d'analyser de manière exhaustive cette problématique qui aujourd'hui concerne profondément chacun d'entre nous. Je voudrais, cependant, au moins faire allusion à la direction que devrait prendre notre pensée. Je le fais en partant de deux points de départ différents.

_65819598_65819597.jpg-I-

1. L'opinion commune est que les religions sont pour ainsi dire côte à côte, comme les continents et les pays sur la carte géographique. Cependant, cela n'est pas exact. Les religions sont en mouvement au niveau historique, de même que les peuples et les cultures sont en mouvement. Il y a des religions en attente. Les religions tribales sont de ce type: elles ont leur moment de l'histoire, et pourtant elles sont en attente d'une rencontre plus grande qui les mène à la plénitude.

Nous, en tant que chrétiens, nous sommes convaincus que, dans le silence, elles attendent la rencontre avec Jésus-Christ, la lumière qui vient de lui, qui seul peut les conduire pleinement à leur vérité. Et le Christ les attend. La rencontre avec lui n'est pas l'irruption d'un étranger qui détruit leur propre culture et leur propre histoire. Elle est, au contraire, l'entrée dans quelque chose de plus grand, vers lequel elles sont en chemin. C'est pourquoi cette rencontre est toujours à la fois, purification et maturation. Par ailleurs, la rencontre est toujours mutuelle. Le Christ attend leur histoire, leur sagesse, leur vision des choses.

Aujourd'hui, nous voyons de plus en plus clairement un autre aspect: alors que dans les pays de sa grande histoire, le christianisme à bien des égards est devenu fatigué et que certaines branches du grand arbre grandi à partir de la graine de sénevé de l'Évangile sont devenues sèches et tombent sur le sol, de la rencontre avec le Christ des religions en attente vient une nouvelle vie. Là où auparavant, il n'y avait que fatigue, de nouvelles dimensions de la foi se manifestent et apportent la joie .

2. La religion en elle-même n'est pas un phénomène unitaire. En elle, il faut toujours distinguer plusieurs dimensions. D'un côté, il y a la grandeur de se projeter au-delà du monde, vers le Dieu éternel. Mais de l'autre, se trouvent en elle des éléments découlant de l'histoire des hommes et de leur pratique de la religion. Où l'on peut retrouver certainement des choses nobles et belles, mais aussi basses et destructrices, là où l'égoïsme de l'homme a pris possession de la religion, et au lieu d'une ouverture, l'a transformée en une fermeture dans son propre espace.

C'est pourquoi la religion n'est jamais simplement un phénomène seulement positif ou seulementadoration (3).jpg négatif: en elle l'un et l'autre aspect sont mélangés. À ses débuts, la mission chrétienne perçut très fortement surtout les éléments négatifs des religions païennes qu'elle a rencontrées. Pour cette raison, l'annonce chrétienne fut dans un premier temps extrêmement critique des religions. Ce n'est qu'en dépassant leurs traditions, qu'elle trouvait en grande partie démoniaques, que la foi chrétienne put développer sa force rénovatrice. Sur la base d'éléments de ce genre, le théologien protestant Karl Barth mit en opposition religion et foi, jugeant la première de façon absolument négative, comme le comportement arbitraire de l'homme qui tente, à partir de lui-même, de saisir Dieu. Dietrich Bonhoeffer a repris ce cadre, se prononçant en faveur d'un christianisme «sans religion». Il s'agit sans aucun doute d'une vision unilatérale qui ne peut être acceptée. Il est toutefois correct d'affirmer que chaque religion, pour rester dans le juste, doit dans le même temps également toujours être critique de la religion. Il est clair que cela est vrai, depuis son origine, et comme c'est dans sa nature, de la foi chrétienne, qui, d'une part, regarde avec un grand respect la profonde attente et la profonde richesse des religions, mais d'autre part, voit de manière critique aussi ce qui est négatif. Il va sans dire que la foi chrétienne doit constamment développer cette force critique aussi par rapport à sa propre histoire religieuse.

Pour nous, chrétiens, Jésus-Christ est le Logos de Dieu, la lumière qui nous aide à faire la distinction entre la nature de la religion et sa déformation.

3. A notre époque, la voix de ceux qui veulent nous convaincre que la religion en tant que telle est dépassée se fait toujours plus forte. Seule la raison critique doit orienter l''agir' de l'homme. Derrière de telles conception, il y a la conviction qu'avec la pensée positiviste, la raison dans toute sa pureté a définitivement acquis la domination. En réalité, même cette façon de penser et de vivre est historiquement conditionnée et liée à des cultures historiques déterminées. La considérer comme la seule valable rabaisserait l'homme, le privant de dimensions essentielles de son existence. L'homme devient plus petit, non pas plus grand, quand il n'y a plus de place pour un ethos qui, selon son authentique nature, renvoie au-delà du pragmatisme, quand il n'y a plus d'espace pour le regard fixé sur Dieu. Le lieu de la raison positiviste est dans les grands domaines d'action de la technique et de l'économie, et toutefois, elle n'épuise pas tout l'humain. Donc, c'est à nous qui croyons d'ouvrir encore et encore les portes qui, au-delà de la simple technique et du pur pragmatisme, conduisent à toute la grandeur de notre existence, à la rencontre avec le Dieu vivant.

pope-benedict-xvi-youth-nyc-320x211.jpeg- II -

1. Ces réflexions, peut-être un peu difficiles, devraient montrer que, même aujourd'hui, dans un monde profondément changé, la tâche de communiquer aux autres l’Évangile de Jésus-Christ reste raisonnable .

Et toutefois, il y a aussi une autre façon, plus simple, de justifier aujourd'hui cette tâche. La joie exige d'être communiquée. L'amour exige d'être communiqué. La vérité exige d'être communiquée. Qui a reçu une grande joie, ne peut pas simplement la garder pour soi, il doit la transmettre. La même chose s'applique pour le don de l'amour, pour le don de la reconnaissance de la vérité qui se manifeste.

Quand André rencontra le Christ, il ne put s'empêcher de dire à son frère: «Nous avons trouvé le Messie» (Jn 01:41). Et Philippe, auquel avait été donnée la même rencontre, ne put s'empêcher de dire à Nathanaël qu'il avait trouvé celui dont Moïse et les prophètes avaient écrit (Jean 1:45). Nous proclamons Jésus-Christ non pas pour apporter à notre communauté le plus possible de membres; et encore moins pour le pouvoir. Nous parlons de lui parce que nous sentons que nous devons transmettre la joie qui nous a été donnée.

Nous serons des annonciateurs crédibles de Jésus-Christ quand nous l'aurons vraiment rencontré dans les profondeurs de notre existence, quand, à travers la rencontre avec Lui, nous sera donnée la grande expérience de la vérité, de l'amour et de la joie.

2. La tension profonde entre l'offrande mystique à Dieu, en qui on se remet totalement, et la responsabilité pour le prochain et pour le monde par lui créé, fait partie de la nature de la religion. Marthe et Marie sont toujours inséparables, même si, de temps en temps, l'accent peut tomber sur l'une ou l'autre. Le point de rencontre entre les deux pôles est l'amour dans lequel nous touchons à la fois Dieu et ses créatures. «Nous avons connu et cru l'amour» (1 Jn 4,16): cette phrase exprime l'authentique nature du christianisme.
L'amour qui se réalise et se reflète de manière multiforme dans les saints de tous les temps, est la preuve authentique de la vérité du christianisme.

Benoît XVI

(Benoît-et-moi)

27/10/2014

Méditer l'Évangile du jour avec Saint Grégoire le Grand

Évangile selon Saint Luc, chapitre 13 :
En ce même temps survinrent des gens qui lui rapportèrent ce qui était arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs victimes. Prenant la parole, il leur dit : " Pensez-vous que, pour avoir subi pareil sort, ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens? Non, je vous le dis, mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement. Ou ces dix-huit personnes que la tour de Siloé a tuées dans sa chute, pensez-vous que leur dette fût plus grande que celle de tous les hommes qui habitent Jérusalem ? Non, je vous le dis ; mais si vous ne voulez pas vous repentir, vous périrez tous de même."

Il disait encore la parabole que voici : " Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des fruits et n'en trouva pas. Il dit alors au vigneron : "Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n'en trouve pas. Coupe-le ; pourquoi donc use-t-il la terre pour rien ?" L'autre lui répondit: "Maître, laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il des fruits à l'avenir... Sinon tu le couperas". "

Or il enseignait dans une synagogue le jour du sabbat. Et voici qu'il y avait là une femme ayant depuis dix-huit ans un esprit qui la rendait infirme ; elle était toute courbée et ne pouvait absolument pas se redresser. La voyant, Jésus l'interpella et lui dit : " Femme, te voilà délivrée de ton infirmité " ; puis il lui imposa les mains. Et, à l'instant même, elle se redressa, et elle glorifiait Dieu. Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus eût fait une guérison le sabbat, prit la parole et dit à la foule : " Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc ces jours-là vous faire guérir, et non le jour du sabbat ! " Mais le Seigneur lui répondit : " Hypocrites ! chacun de vous, le sabbat, ne délie-t-il pas de la crèche son bœuf ou son âne pour le mener boire ? Et cette fille d'Abraham, que Satan a liée voici dix-huit ans, il n'eût pas fallu la délier de ce lien le jour du sabbat ! "

Comme il disait cela, tous ses adversaires étaient remplis de confusion, tandis que toute la foule était dans la joie de toutes les choses magnifiques qui arrivaient par lui. Il disait donc : " A quoi le Royaume de Dieu est-il semblable et à quoi vais-je le comparer? Il est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et jeté dans son jardin ; il croît et devient un arbre, et les oiseaux du ciel s'abritent dans ses branches. "

Saint Grégoire le Grand, homélie n° 31, Lc 13, 6-13saint_50.jpg

1. En ce temps là, Jésus dit à la foule cette parabole : «Un homme avait un figuier planté dans sa vigne; il vint en chercher les fruits, et n’en trouva pas. Il dit alors à celui qui cultivait sa vigne : ‹Voilà trois ans que je viens chercher les fruits de ce figuier, et je n’en trouve pas; coupe-le donc : pourquoi occupe-t-il le terrain?› Mais le vigneron lui répondit: ‹Seigneur, laisse-le encore cette année, jusqu’à ce que j’aie creusé tout autour et que je lui aie mis une hotte de fumier. Peut-être portera-t-il du fruit; sinon, tu le couperas alors.›»
Jésus enseignait dans une synagogue un jour de sabbat. Il y avait là une femme possédée depuis dix-huit ans d’un esprit qui la rendait infirme : elle était courbée, et ne pouvait absolument pas regarder vers le haut. Lorsque Jésus la vit, il l’appela et lui dit : «Femme, tu es délivrée de ton infirmité.» Et il lui imposa les mains; aussitôt, elle se redressa, et elle glorifiait Dieu.
Dans son Evangile, le Seigneur, notre Rédempteur, s’adresse à nous quelquefois par des paroles, et quelquefois par des actions; et c’est tantôt des choses différentes qu’il nous dit par ses paroles et par ses actions, tantôt la même chose.
Vous avez, mes frères, entendu rapporter deux faits dans cet évangile : le figuier stérile et la femme courbée. Or ces deux faits mettaient en jeu la bonté miséricordieuse de Dieu. Le premier l’exprimait par une comparaison, le second la rendait sensible par une action. Mais le figuier stérile signifie la même chose que la femme courbée, le figuier épargné la même chose que la femme redressée. Le maître de la vigne vint trois fois voir le figuier et n’y trouva aucun fruit; la femme redressée, elle, était courbée depuis dix-huit ans. Ces dix-huit ans représentent la même chose que les trois fois où l’on nous dit que le maître de la vigne est venu voir le figuier stérile. Après avoir ainsi donné rapidement l’idée générale de ce texte, expliquons-en maintenant chaque point dans l’ordre de la lecture.

2. «Un homme avait un figuier planté dans sa vigne; il vint en chercher les fruits, et n’en trouva pas.» Que signifie le figuier, sinon la nature humaine? Et que symbolise la femme courbée, sinon cette même nature? Celle-ci fut bien plantée comme le figuier, bien créée comme la femme, mais tombée dans le péché par sa propre volonté, elle n’a su conserver ni le fruit du travail [de son Maître], ni l’état de rectitude [de sa nature], puisqu’en se jetant de son propre mouvement dans le péché, elle a perdu l’état de rectitude, pour n’avoir pas voulu porter le fruit de l’obéissance. Créée à la ressemblance de Dieu, mais ne persistant pas dans sa dignité, elle n’a rien fait pour se conserver telle qu’elle avait été plantée ou créée. C’est trois fois que le maître de la vigne vint au figuier, car il a sollicité le genre humain avant la Loi, sous la Loi et sous la grâce : en l’attendant, en l’avertissant et en le visitant.

3. «Il dit alors à celui qui cultivait sa vigne : ‹Voilà trois ans que je viens chercher les fruits de ce figuier, et je n’en trouve pas.›» Dieu est venu avant la Loi, parce qu’il a fait savoir à chacun, par la lumière de sa raison naturelle, qu’il doit traiter autrui comme un autre soi- même. Il est venu sous la Loi, du fait qu’il nous a enseignés par ses commandements. Il est venu après la Loi par sa grâce, puisqu’il nous a montré sa bonté en se rendant lui-même présent. Cependant, il se plaint de n’avoir pas trouvé de fruits en ces trois années, car il y a des hommes dépravés dont l’âme ne peut être corrigée par la loi insufflée en notre nature, ni instruite par les commandements, ni convertie par les miracles de son Incarnation.
Que figure le vigneron, sinon l’ordre des prélats, qui sont préposés à la conduite de l’Eglise pour prendre soin de cette vigne du Seigneur, dont l’apôtre Pierre a été le premier ouvrier? Nous sommes nous-mêmes ses bien indignes successeurs dans la mesure où nous travaillons à vous instruire en vous enseignant, en vous suppliant et en vous reprenant.

vignette1_le_mois_de_septembre_ou_la_parabole_du_figuier_sterile.jpg4. Il nous faut à présent écouter avec une grande crainte ce que le maître dit au vigneron à propos de cet arbre stérile : «Coupe-le donc : pourquoi occupe-t-il le terrain?» Chacun à sa manière, du fait de la place qu’il tient dans la vie présente, occupe le terrain comme un arbre stérile s’il ne porte pas le fruit des bonnes œuvres, puisqu’il empêche les autres de travailler dans la place que lui-même occupe. Mais un homme puissant en ce monde, s’il ne porte pas le fruit des bonnes œuvres, est également un obstacle pour les autres, car tous ceux qui lui sont soumis sont assombris par l’exemple de sa mauvaise conduite comme par une ombre de corruption. Tandis qu’au-dessus se dresse l’arbre sans fruit, la terre au-dessous gît stérile. Au-dessus, l’ombre de l’arbre sans fruit est épaisse, et elle ne permet pas aux rayons du soleil d’atteindre la terre; ainsi, en voyant les exemples pervers de leur supérieur pervers, les inférieurs demeurent eux aussi sans fruit, privés qu’ils sont de la lumière de vérité. Etouffés par l’ombre, ils ne reçoivent pas la chaleur du soleil : placés en ce monde sous la protection d’un mauvais maître, ils restent glacés loin de Dieu.
Mais Dieu ne s’enquiert déjà presque plus de cet homme pervers et puissant. Car une fois que celui-ci s’est perdu, il n’y a plus qu’à se demander pour quelle raison il étouffe les autres. Aussi le maître de la vigne dit -il bien à propos : «Pourquoi occupe-t-il le terrain?» Occuper le terrain, c’est peser sur les âmes des autres; occuper le terrain, c’est ne pas faire valoir par de bonnes œuvres la charge qu’on détient.

5. Pourtant, il est de notre devoir de prier pour de tels supérieurs. Ecoutons en effet ce que demande le vigneron : «Seigneur, laisse-le encore cette année, jusqu’à ce que j’aie creusé tout autour.» Qu’est-ce que creuser autour du figuier, sinon faire des reproches aux âmes qui ne portent pas de fruit? Dans un trou qu’on creuse, le sol est abaissé. Et il est évident qu’une réprimande humilie, puisqu’elle révèle à l’âme ce qu’elle est. Chaque fois que nous reprenons quelqu’un de sa faute, c’est donc comme si nous creusions autour d’un arbre sans fruit pour le cultiver selon les règles.
Ecoutons ce qu’ajoute le vigneron après avoir creusé : «Et que je lui aie mis une hotte de fumier.» Qu’est-ce que la hotte de fumier, sinon le souvenir des péchés? Car on désigne par le fumier les péchés de la chair. D’où la parole du prophète : «Les bêtes de somme ont pourri dans leur fumier.» (Jl 1, 17). Que les bêtes de somme pourrissent dans leur fumier, cela signifie que les hommes charnels achèvent leur vie dans la puanteur de la luxure. Aussi, chaque fois que nous reprochons ses péchés à une âme charnelle, chaque fois que nous lui rappelons ses vices passés, c’est comme si nous versions une hotte de fumier à un arbre sans fruit, pour qu’elle se souvienne des mauvaises actions qu’elle a commises, et qu’elle retrouve, pour parvenir à la grâce de la componction, une fertilité extraite, pour ainsi dire, de la puanteur.On met donc bien une hotte de fumierà la racine de l'arbre l’arbre quand on met en contact la mémoire et la méditation [du pécheur] avec le souvenir de sa dépravation. Et lorsque par la pénitence, l’esprit s’excite aux larmes et se réforme pour bien agir, c’est en quelque sorte le contact des racines du cœur avec le fumier qui le rend fécond pour opérer de bonnes œuvres et lui fait déplorer ce qu’il se rappelle avoir commis : il s’afflige au souvenir de ce qu’il a été, il dirige contre lui ses efforts et s’enflamme du désir de devenir meilleur. L’arbre reprend donc vie en passant de la puanteur aux fruits, puisque c’est par la considération de ses péchés que l’âme se ranime pour les bonnes œuvres. Il s’en trouve pourtant beaucoup qui entendent les reproches, mais négligent de revenir à la pénitence : ils restent verdoyants en ce monde, mais ils sont sans fruit pour Dieu.
Ecoutons ce qu’ajoute l’homme qui cultivait le figuier : «Peut-être portera-t-il du fruit; sinon, tu le couperas alors.» Car si l’on ne veut pas tirer parti des reproches en ce monde pour se remettre à porter du fruit, on se condamne à tomber dans l’autre monde en un lieu d’où l’on ne pourra plus se relever par la pénitence; et dans l’avenir, on sera coupé, même si, sans porter de fruit, on paraît rester verdoyant ici-bas.

HealWomanSabbath.jpg6. «Jésus enseignait dans une synagogue un jour de sabbat. Il y avait là une femme possédée depuis dix-huit ans d’un esprit qui la rendait infirme .» Nous avons dit tout à l’heure que la triple venue du maître avait la même signification pour son figuier sans fruit que le nombre des dix-huit ans pour la femme courbée. C’est en effet le sixième jour que l’homme a été créé (cf. Gn 1, 27 -31), et en ce sixième jour, toute l’œuvre du Seigneur a été achevée. Or le nombre six multiplié par trois donne dix-huit. Ainsi, puisque l’homme, créé le sixième jour, n’a pas voulu rendre ses œuvres parfaites, mais qu’il est demeuré infirme avant la Loi, sous la Loi et au début du règne de la grâce, c’est pendant dix-huit ans que la femme fut courbée.
«Elle était courbée, et ne pouvait absolument pas regarder vers le haut.» Le pécheur, préoccupé des choses de la terre et ne recherchant pas celles du Ciel, est incapable de regarder vers le haut : comme il suit des désirs qui le portent vers le bas, son âme, perdant sa rectitude, s’incurve, et il ne voit plus que ce à quoi il pense sans cesse.
Faites retour sur vos cœurs, frères très chers, et examinez continuellement les pensées que vous ne cessez de rouler en votre esprit. L’un pense aux honneurs, un autre à l’argent, un autre encore à augmenter ses propriétés. Toutes ces choses sont basses, et quand l’esprit s’y investit, il s’infléchit, perdant sa rectitude. Et parce qu’il ne se relève pas pour désirer les biens célestes, il est comme la femme courbée, qui ne peut absolument pas regarder vers le haut.

7. Le texte poursuit : «Lorsque Jésus la vit, il l’appela et lui dit : ‹Femme, tu es délivrée de ton infirmité.› Et il lui imposa les mains; aussitôt, elle se redressa.» S’il l’a appelée et redressée, c’est qu’il l’a éclairée et aidée. Il appelle sans pour autant redresser, lorsque sa grâce nous illumine sans toutefois pouvoir nous aider, du fait de nos fautes. Souvent, en effet, nous voyons ce que nous devrions faire, mais nous ne l’accomplissons pas. Nous faisons des efforts, puis nous faiblissons. Le jugement de l’esprit voit bien la voie droite, mais la force manque pour le faire suivre d’œuvres. Cela fait partie de la peine due au péché : le don [de la grâce] nous rend capables de voir le bien, mais en rétribution de nos actes, nous nous trouvons détournés de ce que nous avons vu. Une faute répétée lie si bien l’âme qu’elle ne peut reprendre sa position droite. Elle fait des efforts, puis elle rechute : la faute où elle a persisté longtemps par sa volonté, elle y retombe par contrainte même quand elle ne le veut plus.
Le psalmiste a fort bien décrit notre courbure quand il a dit de lui -même comme figurant tout le genre humain : «J’ai été courbé et humilié à l’excès.»(Ps 38, 7). Il considérait que l’homme, bien que créé pour contempler la lumière d’en haut, a été jeté hors [du paradis] à cause de ses péchés, et que par suite, les ténèbres règnent en son âme, lui faisant perdre l’appétit des choses d’en haut et porter toute son attention vers celles d’en bas, en sorte qu’il ne désire nullement les biens du Ciel, et ne s’entretient en son esprit que de ceux de la terre. Et le psalmiste, souffrant de voir le genre humain, auquel il appartient, réduit à un tel état, s’est écrié en parlant de lui-même : «J’ai été courbé et humilié à l’excès.» Si l’homme, perdant de vue les choses du Ciel, ne pensait qu’aux nécessités de la chair, il serait sans doute courbé et humilié, mais non pourtant à l’excès.
Or, comme non seulement la nécessité fait déchoir ses pensées de la considération des choses d’en haut, mais qu’en outre le plaisir défendu le terrasse, il n’est pas seulement courbé, mais courbé à l’excès.
A ce sujet, un autre prophète affirme à propos des esprits impurs : «Ils ont dit à ton âme : Courbe-toi, que nous passions.» (Is 51, 23). Quand l’âme désire les biens d’en haut, elle se maintient droite, sans se courber aucunement vers le bas. Et les esprits malins, la voyant demeurer en sa droiture, ne peuvent passer par elle. En effet, passer consiste pour eux à semer en elle des désirs impurs. Ils lui disent donc : «Courbe-toi, que nous passions», car si elle ne s’abaisse pas elle - même à désirer les choses d’en bas, leur perver sité n’a aucune force contre elle, et ils ne peuvent passer par elle : l’inflexibilité qu’elle montre à leur égard, en s’appliquant aux choses d’en haut, la leur rend redoutable.

8. C’est nous, frères très chers, c’est nous qui livrons passage en nous aux esprits malins lorsque nous convoitons les choses de la terre, et que nous nous courbons pour rechercher les biens qui passent. Rougissons donc de convoiter ainsi les choses de la terre. Rougissons d’offrir le dos de notre esprit aux adversaires qui veulent y monter.
Celui qui est courbé regarde toujours la terre; et celui qui recherche les choses d’en bas oublie en vue de quelle récompense il a été racheté. D’où la prescription de Moïse interdisant absolument aux bossus d’être promus au sacerdoce (cf. Lv 21, 17-21). Or, nous tous qui avons été rachetés par le sang du Christ, nous sommes devenus les membres de ce Grand-Prêtre. C’est pourquoi Pierre nous déclare : «Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal.» (1 P 2, 9). Mais celui qui est bossu ne regarde que vers les choses d’en bas; il se voit donc écarté du sacerdoce, puisque celui qui n’a souci que des choses de la terre témoigne lui-même qu’il n’est pas membre du Grand-Prêtre.gregoire-le-grand.jpg
A ce sujet encore, le peuple fidèle se voit interdire de manger les poissons qui n’ont pas de nageoires [de petites ailes]. Car les poissons munis de nageoires et d’écailles ont coutume de sauter hors de l’eau. Que représentent donc ces poissons ailés, sinon les âmes des élus? Il n’y a assurément que les âmes soutenues à présent par les nageoires de leurs vertus qui passent dans le corps de l’Eglise du Ciel : elles connaissent l’art de sauter [hors de l’eau] par le désir du Ciel, en se portant avidement vers les choses d’en haut par la contemplation, même si elles retombent ensuite de nouveau sur elles-mêmes par le poids de leur nature mortelle.

Ainsi, frères très chers, si nous avons maintenant reconnu les biens de la patrie céleste, prenons en horreur notre courbure. Gardons devant les yeux la femme courbée et l’arbre sans fruit. Rappelons-nous le mal que nous avons commis, et mettons une hotte de fumier à la racine de notre cœur, afin que cela même qui nous répugnait ici-bas dans la pénitence nous fasse porter un jour, par son action fertilisante, le fruit de la récompense. Et si nous ne pouvons pratiquer la perfection des vertus, Dieu lui -même se réjouit de nous voir le déplorer. Nous lui serons agréables par le commencement même de notre justice, nous qui nous punissons des actions injustes que nous avons commises. Et nos pleurs seront de courte durée, puisque des joies éternelles auront bientôt fait d’essuyer nos larmes passagères, par Notre -Seigneur Jésus- Christ, qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père dans l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

26/10/2014

Aime Dieu de tout ton être et à Sa suite, aime mieux ton prochain ainsi que toi-même

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 22,34-40.
Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent,
et l'un d'entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l'épreuve :
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Tout ce qu'il y a dans l'Écriture - dans la Loi et les Prophètes - dépend de ces deux commandements. »

 

Trentième dimanche du temps ordinaire

Commentaire du jour
Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon inédit sur la lettre de saint Jacques

Trois amours, deux commandements

      Dieu ne te demande pas beaucoup de choses, car à elle seule la charité accomplit toute la Loi (Rm 13,10). Mais cet amour est double : amour envers Dieu et envers le prochain... Quand Dieu te dit d'aimer ton prochain, il ne te dit pas : aime-le de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit ; mais il te dit : aime ton prochain comme toi-même. Aime donc Dieu de tout toi-même, parce qu'il est plus grand que toi ; aime ton prochain comme toi-même, parce qu'il est ce que tu es...

      Il y a donc trois objets de notre amour ; pourquoi n'y a-t-il que deux commandements ? Je vais te le dire : Dieu n'a pas jugé nécessaire de t'engager à t'aimer toi-même puisqu'il n'y a personne qui ne s'aime pas soi-même. Mais beaucoup de gens se perdent parce qu'ils s'aiment mal. En te disant d'aimer Dieu de tout toi-même, Dieu t'a donné la règle selon laquelle tu dois t'aimer. Sans doute, tu veux t'aimer ? Alors, aime Dieu de tout toi-même. C'est en lui, en effet, que tu te trouveras, en évitant de te perdre en toi... Ainsi donc, la règle selon laquelle tu as à t'aimer t'est donnée : aime celui qui est plus grand que toi, et tu t'aimeras toi-même.