28/02/2015
Les douze fruits de l'Esprit Saint
Nous pouvons classer les douze fruits de l’Esprit en trois groupes :
Les fruits qui concernent l’âme dans ses relations avec Dieu :
la charité,
la joie,
la paix,
la patience,
Les fruits qui concernent l’âme dans ses relations avec le prochain :
la bénignité,
la bonté,
la longanimité,
la mansuétude,
la foi,
Les fruits qui concernent l’âme dans ses relations avec son propre corps :
la modestie,
la continence,
la chasteté.
Les douze fruits du Saint-Esprit sont inséparables : il s’agit d’être mû par l’Esprit Saint, et l’Esprit Saint est une personne vivante !
Source : Serviteurs de Marie
Aux sept dons du Saint-Esprit, on joint ses douze fruits, dont parle saint Jean dans son Apocalypse (IV, 6), où il nous montre le Saint-Esprit sous la figure d'une eau claire et transparente comme le cristal, qui prend sa source au trône de Dieu et de l'agneau, arrose la Jérusalem céleste, c'est-à-dire l'âme fidèle, féconde l'arbre de vie qui est la grâce sanctifiante, et lui fait porter tous les mois de nouveaux fruits (Apoc. XXII, 2).
Ces fruits, effets particuliers de la charité divine, sont autant de perfections habituelles et permanentes, qui règlent les mouvements de l'âme, et les maintiennent dans l'ordre ; qui élèvent, perfectionnent, facilitent et couronnent les vertus dont ils portent le nom et qu'ils présupposent. Ainsi, en même temps qu'il nous accorde ses dons pour enrichir notre pauvreté, le Saint-Esprit, qui est une source inépuisable de trésors, nous présente aussi des fruits exquis et délicieux pour nourrir nos âmes. Saint Paul en fait l'énumération dans une de ses épîtres (Galates V, 22-23), et les réduit à douze qui sont :
1°) La charité : elle est la racine, l'origine, la sanctification de tous les autres fruits ; elle les renferme tous, et est renfermée dans chacun d'eux. Elle est le principe de toutes les vertus, car elle leur donne la vie et le mouvement pour la vie éternelle ; elle en est la fin, car les actions de toutes les vertus ne tendent qu'à nous unir à Dieu par la charité. Elle est la perfection de notre âme, car elle nous unit à Dieu qui est notre fin dernière ; elle nous rend membres vivants de Jésus-Christ, et nous attache aux autres membres de l'Église, c'est-à-dire à notre prochain. C'est le Saint-Esprit, qui répand la charité dans nos cœurs (Romains V, 5) ; demandons-lui avec instance ce fruit précieux ; nourrissons-en notre âme, et nous ressentirons sa douceur et ses délices.
2°) La joie [en Dieu] : elle est une disposition de l'âme, par laquelle nous nous réjouissons de toutes les perfections de Dieu et de tous les biens que nous savons avoir été donnés à notre prochain et à nous pour la gloire de Dieu. La joie des mondains, qui vient des prospérités passagères de cette vie, n'est qu'une fausse joie, parce qu'elle est mêlée de remords et de tribulations. Dieu seul, dit saint Augustin, doit faire toute notre joie. Voilà pourquoi Saint Paul nous exhorte à nous réjouir toujours dans le Seigneur (Phil. IV, 4). Cette joie spirituelle provient d'une conscience pure, et elle est pour l'âme une espèce de paradis anticipé.
3°) La paix [du Seigneur] : elle est la tranquillité de l'âme, le lien de l'amour, l'union de la charité. Elle nous rend paisibles nous-mêmes, par l'empire qu'elle nous donne sur les passions qui troublent notre âme ; elle nous unit d'affection avec Dieu, en nous rendant soumis à tous les décrets de sa providence ; elle nous unit de sentiment avec le prochain, en nous faisant éviter tout ce qui pourrait taire de la peine à nos frères. La paix du Seigneur est un bien, qui surpasse tout sentiment. Que celui qui l'a reçue la conserve; que celui qui l'a perdue, la recherche. Celui-là ne pourra parvenir à l'héritage de Dieu, qui ne se sera pas appliqué à posséder le bien de la paix.
4°) La patience : c'est une vertu qui nous fait supporter avec résignation et courage tous les maux de cette vie, quelque grands et longs qu'ils soient. Elle a deux grands motifs qui l'animent : le premier est une espérance ferme et inébranlable d'en être récompensé dans le ciel ; le second, qui est le plus parfait, est celui de l'amour de Dieu. Car cette vertu, ainsi que les autres que nous expliquons ici, est inséparable de la charité, dont Saint Paul nous dit qu'elle supporte tout (I Cor. XIII, 7). Ce fruit de l'Esprit-Saint semble ordinairement amer ; mais l'âme, qui sait s'en nourrir, y trouve une véritable douceur. Les apôtres, qui le reçurent si abondamment au jour de la Pentecôte, souffrirent ensuite, non seulement sans se plaindre, mais encore avec une sainte joie, les prisons, les chaînes et les plus cruelles tortures de leurs tyrans.
5°) La bienveillance : c'est une bonne disposition de l'âme, qui nous porte à faire du bien à nos semblables, nous rend sensibles à leurs peines et à leurs embarras, et nous engage à chercher les moyens de les en tirer. Elle est une suite de la charité, dont Saint Paul a dit qu'elle est bienveillante (I Cor. XIII, 4). Cette vertu, appelée encore humanité, obligeance, a paru avec éclat dans notre adorable Sauveur, dont il est écrit qu'il a passé en faisant le bien (Actes X, 38). Travaillons à l'acquérir ou à la perfectionner au dedans de nous, et pratiquons-en les œuvres, qui sont de rendre service à nos frères, de compatir à leurs afflictions, comme si c'étaient nos propres disgrâces, de les secourir avec promptitude, autant qu'il est en notre pouvoir et sans écouter nos répugnances et notre délicatesse.
6°) La bonté : c'est une qualité de l'âme, qui nous porte à faire toujours ce qui est bien. Elle nous rend attentifs et exacts à tous nos devoirs, fervents et dévots envers Dieu, tendres, affables, sincères, charitables à l'égard du prochain. Elle est opposée à la malice, et elle a pour compagnes inséparables la complaisance, l'indulgence, l'aménité. Mais celui-là seul mérite le titre de bon, qui sait s'armer à propos de sévérité contre le vice ; autrement, la bonté n'est qu'une faiblesse de l'âme ou une paresse de la volonté. Celui qui possède cette bonté ne la conserve qu'autant qu'il travaille à devenir meilleur.
7°) La longanimité : c'est une vertu qui nous fait supporter longtemps et sans nous plaindre les peines du corps et les sécheresses de l'âme, et attendre avec une foi vive et une confiance parfaite le secours du Ciel. Cette vertu est une partie de la patience ; mais elle en diffère en ce que, si la patience supporte les maux, la longanimité fait quelque chose de bien plus difficile, car elle supporte les maux pendant un long temps, et attend toujours la consolation, même quand elle est différée pendant des jours, des mois et des années. Le Seigneur nous exhorte à cette vertu, quand il dit par le roi-prophète : « Attendez le Seigneur, et, en attendant, agissez avec courage et que votre cœur prenne de nouvelles forces » (Ps. XXVI, 20). Saint-Laurent Justinien fait le plus bel éloge de cette vertu ; il l'appelle la source de la grâce, la demeure de la dévotion, le miroir de la foi, la preuve de la sainteté, l'ornement de la vérité catholique, le fléau des vices, la lance spirituelle, qui brise les armes de nos ennemis.
8°) La mansuétude : c'est une vertu par laquelle nous réprimons la colère, que nous éprouvons contre ceux qui nous outragent. Elle fait qu'au lieu de répondre injure pour injure à ceux qui nous attaquent, nous ne perdons pas même la sérénité de notre visage, ni la tranquillité de notre cœur, ni la paix de notre âme. Mon fils, dit l'Esprit-Saint, faites vos actions dans la mansuétude, et vous vous attirerez l'estime et l'affection des hommes (Eccles. III, 19).
9°) La bonne foi : elle consiste en une fidélité candide, sans défiance, sans subterfuge, sans artifice, à tout engagement contracté. Cette vertu est la base des relations sociales.
10°) La modestie : elle est une vertu aimable et rare, qui semble craindre d'être remarquée, et qui fait le plus digne ornement du mérite réel. Elle compose l'extérieur de l'homme, et règle ses mouvements avec bienséance et honnêteté, eu égard aux personnes, aux affaires, aux temps, aux lieux et autres circonstances. Elle contribue singulièrement à la pureté de l'âme et aux progrès dans la vertu ; et elle est d'un grand poids pour procurer l'édification du prochain. Car, ainsi que l'a dit le Sage, « on connaît l'homme sensé à l'air de son visage : ses vêtements, son ris, son allure, rendent témoignage de ce qu'il est » (Eccles. XIX, 26-27). La présence de Dieu est l'âme et le motif de cette vertu, selon cette parole de l'Apôtre : « Que votre modestie soit connue de tous les hommes, car le Seigneur est proche » (Philip. IV, 5).
11°) La continence : c'est une vertu austère, qui nous fait résister à l'attrait des passions et à tous les désirs charnels. On l'appelle ainsi, parce que l'homme étant porté par la corruption de sa nature à l'appétit des plaisirs sensuels, il faut qu'il se contienne pour vaincre les tentations.
12°) La chasteté : cette vertu provient de la précédente, et en est la perfection. Elle préserve le corps et l'âme de toute souillure, et s'effraie de la moindre pensée contraire à la pureté. Par elle le corps s'approche de la nature angélique et devient un vrai temple du Saint-Esprit, qui est l'auteur et le principe de cette vertu, comme il en est le rémunérateur. Dieu, qui est la pureté même, se plaît parmi les âmes chastes, tandis que les âmes impures sont en abomination devant ses yeux. Prions le divin Jésus, le fruit béni de la virginité, d'éloigner de notre cœur tout désir, toute pensée et toute imagination déshonnête, de revêtir notre âme de la belle robe de la chasteté, d'ennoblir nos corps de cette florissante vertu, afin que nous demeurions toujours unis avec lui, comme des membres à leur chef.
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27/02/2015
"L'esprit du Concile Vatican II" contre le Concile Vatican II
"L'herméneutique de la discontinuité risque de finir par une rupture entre Église préconciliaire et Église post-conciliaire. Celle-ci affirme que les textes du Concile comme tels ne seraient pas encore la véritable expression de l'esprit du Concile. Ils seraient le résultat de compromis dans lesquels, pour atteindre l'unanimité, on a dû encore emporter avec soi et reconfirmer beaucoup de vieilles choses désormais inutiles. Ce n'est cependant pas dans ces compromis que se révélerait le véritable esprit du Concile, mais en revanche dans les élans vers la nouveauté qui apparaissent derrière les textes: seuls ceux-ci représenteraient le véritable esprit du Concile, et c'est à partir d'eux et conformément à eux qu'il faudrait aller de l'avant. Précisément parce que les textes ne refléteraient que de manière imparfaite le véritable esprit du Concile et sa nouveauté, il serait nécessaire d'aller courageusement au-delà des textes, en laissant place à la nouveauté dans laquelle s'exprimerait l'intention la plus profonde, bien qu'encore indistincte, du Concile. En un mot: il faudrait non pas suivre les textes du Concile, mais son esprit. De cette manière, évidemment, il est laissé une grande marge à la façon dont on peut alors définir cet esprit et on ouvre ainsi la porte à toutes les fantaisies."
(Pape Benoît XVI, Discours à la Curie romaine à l'occasion de la présentation des voeux de Noël, jeudi 22 décembre 2005)
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26/02/2015
Le retour des thèses du P. Jacques Dupuis condamnées par Saint Jean-Paul II
Une liquidation organisée de Dominus Jesus
29 Janvier 2015, Saint François de Sales
Ce n’est pas un hasard si depuis quelque temps, dans l’actuel cadre doctrinal et ecclésial complexe, soit en marche - avec une vraie et propre “liquidation” organisée de Dominus Jesus - une œuvre de mise en valeur des théories du jésuite Jacques Dupuis, dont la condamnation, sous le Pontificat de Jean Paul II, fut un événement d’une portée non secondaire. Au nom du fameux “esprit du Concile” (désormais Vatican III ou IV) ont été aussi avancées des accusations ouvertes contre le Cardinal Ratzinger à l’époque - Benoît XVI -, en affirmant que le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi n’aurait pas été en harmonie avec Jean Paul II (1). Dans cette opération ce dernier est présenté - par une manœuvre politique sans trop de scrupules - comme proche même des théories (hérétiques) du Père Dupuis. On méconnait que le Pape Jean Paul II dédia l’Angelus du 1er octobre 2000 à la Déclaration Dominus Jesus, et qu’il répondait déjà : “c’est moi qui l’ai voulue, elle est parfaitement conforme à ma pensée” (2), comme relaté dans les témoignages rendus par le Cardinal Tarcisio Bertone, à l’époque Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Au même endroit (le livre “L’ultima veggente di Fatima”), le Cardinal témoigne aussi de l'intéressante genèse dudit document : à ce même Pontife étaient parvenus de nombreux témoignages de missionnaires du monde entier, selon lesquels la vague œcuméniste était en train d’apporter un dommage à la vigueur missionnaire (3).
Les fauteurs de Vatican Trois en effet ont une spéciale antipathie pour la Déclaration Dominus Jesus, vue comme un texte qui voulut poser, quoique avec les limites des textes de compromis, un frein au projet d'extrême dissolution des contenus de la foi. La dissension ne se limite pas à des parties accidentelles ou à ce qui pourrait, dans une certaine mesure, être encore une question ouverte, mais elle se déchaine spécialement sur le fond du sujet, c’est-à-dire sur l’unicité du salut en Jésus-Christ et seulement par Lui, en diffusant dans les faits ouvertement l’hérésie. Une telle contestation, qui couve discrètement sous les cendres depuis des années (en février 2011 notre revue avait écrit L’Osservatore Romano attaque "Dominus Jesus" et la Commission Ecclesia Dei), entraine aussi l’autre texte connexe à la problématique et malheureusement connu presque seulement par les spécialistes, la Notification sur le livre du Père Dupuis (4). C’est sur cette dernière que nous nous arrêterons; en effet, elle - plus concise et plus ponctuelle que Dominus Jesus à laquelle elle renvoie - utilise des expressions qui ont la “faute” d’un certain courage doctrinal et d’une certaine netteté expressive. Affirmations qui, ce n’est pas un hasard, ont attiré les violentes attaques de “l’Ecole de Bologne” et aussi de ceux qui - sur la famille et le mariage - voudraient justifier théologiquement le divorce entre l’Evangile du Christ et un nouveau “souffle de l’Esprit”. Un dessein théologique (ou plutôt idéologique) assez vaste.
Le Père Dupuis et la condamnation des doctrines hérétiques
Le Père Jacques Dupuis, jésuite, nait en Belgique en 1923. Le religieux passe une grande partie de son activité en Inde où il s’interroge sur la question du salut pour ceux qui se trouvent en dehors de l’Eglise catholique; nait ainsi un intérêt pour ladite “théologie (même là où il n’y a pas de théologie) des religions non chrétiennes”. En 1984, il est appelé à enseigner à la Grégorienne, en recevant aussi la nomination de consulteur du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux. Grâce au prestige de l’enseignement dans une telle Athénée, sa pensée “théologique” acquiert de la notoriété et des consensus, pas seulement dans l’Urbe, jusqu’en 1997 lorsqu’il publie son livre : “Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux”. C’est le moment où le Père Dupuis fait “le grand saut”, selon les dire de nombreux collègues qui ne sont pas hostiles à la figure du jésuite; c’est en effet le moment où se fait clair le passage vers les positions du “pluralisme inclusif” ou “inclusivisme pluraliste”, comme on veut. Que ces termes n’impressionnent pas, leur contenu - quoique en continuelle évolution interprétative - sera expliqué par la suite; pour l’instant nous remarquons seulement que si d’un côté ils sont utiles aux théologiens pour cataloguer les lignées de pensée (même hétérodoxes), d’un autre côté ils servent aussi à faire passer en douce comme “théorie soutenable parmi tant d’autres” ce qui n’est par contre qu’hérésie pure et simple (5).
Nous posons comme prémisse que pour la doctrine de l’Église le salut en dehors des confins visibles de l’Eglise catholique n’est pas impossible, et - sans attendre la découverte des Amériques, ni les théoriciens de “l’inclusisivisme pluraliste” d’aujourd’hui - Saint Thomas en parle déjà (6), mais une telle union au Christ Sauveur arrive “malgré” l’appartenance aux fausses religions. C’est-à-dire que l’appartenance à celles-ci n’est absolument pas cause de salut, parce qu’elles ne sont pas instrument de la grâce du Christ, au contraire en elles-mêmes elles sont un obstacle au salut. Il est vrai cependant qu’accidentellement peuvent être présent en elles certaines vérités en tant que dérivées de la Révélation primitive, de la loi naturelle ou aussi d’une intervention surnaturelle (quoad modum) qui n’est pas impossible dans des cas singuliers, qui ne renvoient pas à la fausse religion en tant que telle. C’est le cas par exemple, traditionnellement admis, des Sibylles païennes, lesquelles purent prophétiser le vrai sur le Christ. Jamais cependant l’intervention divine accrédite de telles fausses religions, mais elle permet seulement qu’en elles demeurent des lueurs de vérité, pour que soit facilité l’abandon de l’erreur et qu’on rentre - ou du moins qu’on ait le désir même seulement implicite d’entrer (cf Mystici Corporis) - dans l’unique Arche de salut : l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, c’est-à-dire l’unique société surnaturelle visible qui soit médiatrice de salut.
Qu’est ce donc que le dit “pluralisme inclusif” ou “l’inclusivisme pluraliste” de Dupuis, dont Enzo Bianchi avait fait l’éloge sur Avvenire du 22 septembre 1997 : “contribution très précieuse, presqu’un guide, une boussole, qui peut orienter le chemin de la théologie chrétienne face au troisième millénaire entrant” ? En quoi consiste une telle doctrine que l’École de Bologne aussi apprécie et propage avec tant d’enthousiasme ?
Comme le sait bien celui qui connait la tactique des modernistes, ils affirment rarement de façon claire ce qui est condamné ouvertement par l’Église, ils insinuent plutôt des contenus dangereux pour le dogme - même en se rétractant si nécessaire dans d’autres contextes - pour ensuite revenir à la charge avec une dose de venin plus grande encore. Très souvent ensuite ils font usage de la donnée subjectivo-immanente, en concentrant l’analyse sur les intentions internes (et insondables) des auteurs, d’ailleurs interprétées de façon élastique et “utile”, plutôt que sur la signification des mots ou des textes.
Une fois cette prémisse posée et pour en venir au Père Dupuis, du fait que son cœur n’est connu que par Dieu et du fait que les récentes déclarations-interprétations d’Alberto Melloni (7) à ce sujet ne sont pas pleinement vérifiables, à cause aussi de la mort de l’auteur, il faut s’en tenir - comme toujours dans ce cas - à la seule donnée objective. Telle a toujours été l’attitude du Saint Office, qui condamne ou approuve le sens objectif des phrases écrites ou dites. Si par ailleurs l’auteur avait une intention différente ou s’il s’est mal exprimé, tant mieux, cela voudrait dire que sa faute est moindre ou même nulle, mais cela n’enlève pas qu’un texte puisse être hérétique et donc dommageable pour la foi, et qu’en conséquence il soit à sanctionner publiquement. Si ensuite l’auteur est honnête, il peut se rétracter, accepter la doctrine catholique dans sa claire formulation traditionnelle et, s’il n’a jamais voulu la corrompre, il serait aussi une bonne chose qu’il s’excuse humblement envers l’Église - Fénelon le fit de la chaire - pour le dommage involontaire apporté aux âmes. Nous ajoutons aussi l’affirmation, pour ceux qui veulent vraiment rester sur le terrain subjectif, que fit Jacques Dupuis lui-même, lequel suite à l’acceptation de la Notification de 2001 confirmait “ sa volonté de rester fidèle à la doctrine de l’Église et à l’enseignement du Magistère”(8).
En faisant maintenant abstraction des dispositions internes du jésuite cité, dont l'intérêt - en dépit de l’instrumentalisation qu’en fait la faction progressiste - est en soi assez relatif, nous remarquons que le “pluralisme inclusif” du livre en question non seulement cherche à expliquer les voies mystérieuses de Dieu, qui ne dédaigne pas d’offrir une certaine possibilité de salut aussi aux non catholiques, mais il ouvre même la route à des voies de salut qui ne passeraient pas par Jésus-Christ. De telles voies - parmi lesquelles celle de l’hindouisme, bien connu par Dupuis - seraient possible en vertu d’une étrange œuvre universelle du Verbe ainsi que de celle de l’Esprit. Les fausses religions ne seraient même plus des instruments à inclure - thèse déjà en soi digne de censure - dans le projet salvifique du Christ, qui se servirait d’elles en tant que telles pour infuser la grâce, mais on s’aventure même dans une idée de “complémentarité” des autres religions par rapport au Christianisme. Cela serait comme si le salut, à travers le Verbe et l’Esprit, devenait possible même dans les fausses religions non seulement “malgré elles” comme l’affirme la droite doctrine; non seulement “en se servant d’elles, quoique non principalement”, ainsi que le dit un certain “relativisme modéré” appelé (euphémistiquement) “christocentrisme inclusif”; mais même “par elles” en tant que “voies complémentaires” - de fait alternatives - au salut par Jésus-Christ. Nous sommes face à la recherche d’un fondement spéculatif pour une structure qui apparait plutôt comme une sorte de relativisme “inclusivo-panthéiste”. Le Père Dupuis - avec une certaine cohérence interne - arrive à s’interroger sur comment et quand se réalisera la souhaitée “convergence universelle” de toutes les religions, mais il utilise aussi des expressions sur la “complémentarité réciproque” et sur l’effectif “enrichissement et transformation réciproques” que de telles religions peuvent apporter au Christianisme et cela non seulement dans l’ordre socio-culturel mais même dans l’ordre surnaturel du salut (9).
La condamnation des hérésies connexes à l’œuvre de Dupuis
Le 24 janvier 2001, après une longue analyse et avec des mots qui ne manquent pas de trouver des excuses subjectives pour l’auteur, par ordre du pape Jean Paul II, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à l’époque le Cardinal Ratzinger, “dans le but de sauvegarder la doctrine de la foi catholique d’erreurs, d’ambiguïtés ou d’interprétations dangereuses” - lit-on dans le Préambule - signe la Notification sur le livre du P. Jacques Dupuis, s.j.,«Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux». La Notification avec un ton assez clair (les mots en gras sont de la Rédaction) affirme d’abord qu’ “il faut croire fermement que Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, crucifié et ressuscité, est le médiateur unique et universel du salut de toute l’humanité” (n°1). Ensuite - les erreurs du Père Dupuis altérant plus ou moins indirectement aussi la doctrine de l’union hypostatique et de la divinité du Christ - la Notification affirme : “Il faut aussi croire fermement que le Jésus de Nazareth, Fils de Marie et seul Sauveur du monde est le Fils et le Verbe du Père. En raison de l’unité du plan divin de salut, qui a son centre en Jésus-Christ, il faut tenir en outre que l’œuvre salvifique du Verbe est accomplie dans et par Jésus-Christ, Fils incarné du Père, en tant que médiateur du salut de toute l’humanité. Il est donc contraire à la foi catholique non seulement d’affirmer une séparation entre le Verbe et Jésus ou une séparation entre l’action salvifique du Verbe et celle de Jésus, mais aussi de soutenir la thèse d’une action salvifique du Verbe comme tel, dans sa divinité, indépendamment de l’humanité du Verbe incarné” (n°2).
Elle déclare aussi qu’il n’y a aucune complémentarité des autres religions dans la voie du salut parce que : “la révélation historique de Jésus-Christ offre tout ce qui est nécessaire pour le salut de l’homme et n’a pas besoin d’être complétée par d’autres religions” et qu’ “il est donc contraire à la foi de l’Église de soutenir que la révélation par/en Jésus-Christ soit limitée incomplète ou imparfaite” (n°3).
Ainsi il est aussi “contraire à la foi catholique de considérer les diverses religions du monde comme des voies complémentaires à l’Église pour ce qui est du salut” (n°6). Et “considérer comme voies de salut ces religions, prises comme telles, n’a aucun fondement dans la théologie catholique; en effet, elles présentent des lacunes, des insuffisances et des erreurs sur les vérités fondamentales regardant Dieu, l’homme et le monde” (n°8).
On ne peut pas parler non plus d’un “souffle de l’Esprit Saint” qui dépasse l’Évangile et qui va au-delà de Jésus-Christ et de Ses paroles de vie éternelle : “La foi de l’Église enseigne que l’Esprit Saint, à l’œuvre après la résurrection de Jésus-Christ, est encore l’Esprit du Christ envoyé par le Père qui opère de manière salvifique aussi bien dans les chrétiens que dans les non-chrétiens. Il est donc contraire à la foi catholique de considérer que l’action salvifique de l’Esprit Saint puisse s’étendre au-delà de l’unique économie salvifique universelle du Verbe incarné” (n°5).
Un texte encombrant
Il est notoire que les ennemis de la Notification sur le livre de Dupuis n’aiment pas non plus Dominus Jesus, mais la Notification en raison de certaines condamnations laconiques de ce qui est “contraire à la foi catholique” et en raison de certaines affirmations circonscrites de ce “qu’il faut croire fermement”, demeure pour eux le texte le plus odieux de ces dernières années. Et cela bien au-delà des seules discussions théologiques sur la pensée du jésuite belge. L’enjeu est bien plus élevé et en même temps plus concret. Il suffit de la relire rapidement - elle est même assez courte - pour s’en rendre compte (ici le texte intégral).
En effet, la haine récemment déversée sur ce texte a aussi pour raison une actualité plus brulante. Les thèses connues et insoutenables qu’on voulait imposer au récent Synode sur la famille, on le sait, ont été précédées par une œuvre “théologique” qui permettait “d’outrepasser” l’obstacle posé par les trop claires paroles du Christ. Il était nécessaire de poser l’hypothèse d’un “souffle de l’Esprit” qui sauve les hommes “au-delà” de ce qu’ils appellent “l'événement Christ”, en permettant ainsi d’aller “au-delà” des paroles de l’Évangile. Ce n’est pas un hasard si “l’aspect théologique” qu’on voulait donner à certaines thèses synodales sur l'accès sans distinction à l’Eucharistie - courageusement refusées, du moins en 2014 - était celui de faire un parallélisme avec “la largeur” des voies de salut des non chrétiens. “Voies” qui pourraient aller d’une certaine façon même “au-delà du Christ” (quoiqu’en sauvant la façade par quelques éventuelles référence à Lui) et “au-delà de Sa loi”... De tels discours ont été tenus ouvertement surtout pendant la préparation du Synode (qu’on voit à ce sujet la présentation en juin 2014 du Documentum laboris) et ils ont aussi leurs lointaines racines doctrinales dans cette notion de salut et de grâce que la Notification condamne. En effet, le document affirme qu’un vague “souffle de l’Esprit” - pas “Saint” parce que séparé du Christ et de son Évangile qui ne peuvent jamais être “outrepassés” - n’est pas et ne sera jamais cause de salut universel. Il s’en suit donc au moins un redimensionnement indirect des autres théories dérivées du “spiritualisme panthéiste”, si cher à une certaine littérature allemande (Cf. L’influence de Luther derrière la “thèse Kasper”?).
Au sujet de l’apparent et postérieur retour du Père Dupuis aux erreurs qu’il avait déjà réprouvés, nous remarquons que cette donnée, tout en n’étant pas à exclure, est cependant à nuancer par rapport à l’instrumentalisation des publications actuelles; la plupart des affirmations se fondent en effet sur des textes que l’auteur ne publia pas de son vivant. Nous rappelons aussi que la Notification “approuvée par le Saint Père [Jean Paul II ] durant l’audience du 24 novembre 2000, a été présentée au Père Jacques Dupuis et acceptée par lui. En signant ce texte, l’Auteur s’est engagé à reconnaître les thèses énoncées et à s’en tenir à l’avenir, dans ses activités théologiques et ses publications aux contenus doctrinaux indiqués dans la Notification” (10).
En conclusion, il faut souligner que le problème implique toute l’Église, bien au-delà des événements personnels du complexe jésuite. A ceux qui utilisent le défunt pour des manœuvres politico-idéologiques, nous répondons : Iam parce sepulto. Et nous ajoutons que si la pertinace obstination dans l’erreur et dans l’hérésie que dans les faits on lui attribue peut bénéficier peut-être de circonstances atténuantes, par contre de ce privilège bienveillant ne peuvent pas en bénéficier ceux qui s’obstinent sans retenue et continuent aujourd’hui à défendre des thèses condamnées même sévèrement, jusqu’au point de s’opposer dans les pages des grands quotidiens et même dans un cadre théologique autorisé - avec une persévérance luciférienne - à l’évidence de la doctrine catholique.
La Rédaction de Disputationes Theologicae
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1) Cf. A. Melloni, “La salvezza è di tutti, non sono eretico”, attacco a Dupuis per colpire Woytila, in Corriere della Sera, 4 gennaio 2015, p. 12.
2) T. Bertone, L’ultima veggente di Fatima, Milano 2007, p. 113.
3) Ibidem, p. 112.
4) Congregation pour la Doctrine de la Foi, Notification sur le livre du P. Jacques Dupuis, s. j., “Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux” Paris, Cerf 1997, 24 janvier 2001 [Notification].
5) Cf. par exemple l’encadrement générale de la question chez P.F. Knitter, Introduzione alle Teologie delle Religioni, Brescia 2005; cf. aussi F. Patsch, Metafisica e religioni: strutturazioni proficue, una teologia delle religioni sulla base dell’ermeneutica di Karl Rahner, Roma 2011, pp. 389 e ss.
6) Sur les effets du “Baptême de désir” cf. S. Th., IIIa, q. 68, a. 2 corpus; IIIa, q. 69, a. 4, ad secundum; Ia IIae, q. 106, a. 1, ad tertium.
7) Cf. note 1.
8) Notification, cit., Préambule.
9) Jacques Dupuis, Verso una teologia cristiana del pluralismo religioso, Brescia, 1997, pp. 19, 439, 337-341, passim.
10) Notification, cit., Préambule.
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Notification sur le livre du P. Jacques Dupuis, S.J. - Congrégation pour la Doctrine de la Foi
CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI
NOTIFICATION
sur le livre du
P. JACQUES DUPUIS, S.J.,
«Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux»
Paris, Cerf 1997
Préambule
Après un examen de l’œuvre du P. Jacques Dupuis, S.J., Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux (Paris, 1997), la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a décidé d’en approfondir l’étude selon sa procédure ordinaire, telle qu’elle a été fixée par le chapitre III du Règlement pour l’examen des doctrines.
Il faut souligner tout d’abord que l’Auteur propose dans ce livre une réflexion introductive à une théologie chrétienne du pluralisme religieux. Il ne s’agit pas simplement d’une théologie des religions, mais d’une théologie du pluralisme religieux, qui veut rechercher, à la lumière de la foi chrétienne, la signification que revêt la pluralité des traditions religieuses à l’intérieur du dessein de Dieu sur l’humanité. Conscient du caractère problématique de sa perspective, l’Auteur lui-même ne se cache pas que les questions soulevées par son hypothèse pourraient être aussi nombreuses que les solutions qu’il propose.
A la suite de l’examen effectué et des résultats obtenus dans le dialogue avec l’Auteur, tenant compte également des analyses et des avis exprimés par les Consulteurs sur les Réponses données par celui-ci lors de la Session Ordinaire du 30 juin 1999, les Eminents Pères ont reconnu sa tentative de rester dans les limites de l’orthodoxie, tout en s’efforçant de traiter des problématiques inexplorées jusqu’ici. En même temps, tout en considérant la bonne disposition à fournir les éclaircissement jugés nécessaires manifestée dans ses réponses ainsi que sa volonté de rester fidèle à la doctrine de l’Eglise et à l’enseignement du Magistère, ils ont constaté que dans le livre sont contenues de graves ambiguïtés et des difficultés sur des points doctrinaux importants qui peuvent conduire le lecteur à des opinions erronées ou dangereuses. Ces points concernent l’interprétation de la médiation salvifique unique et universelle de Jésus Christ, l’unicité et la plénitude de la Révélation dans le Christ, l’action salvifique de l’Esprit Saint, l’ordination de tous les hommes à l’Eglise, la valeur et la signification de la fonction salvifique des religions.
La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, après avoir accompli la procédure ordinaire de l’examen dans toutes ses phases, a décidé de rédiger une Notification[1] dans le but de sauvegarder la doctrine de la foi catholique d’erreurs, d’ambiguïtés ou d’interprétations dangereuses. Cette Notification, approuvée par le Saint Père durant l’audience du 24 novembre 2000, a été présentée au Père Jacques Dupuis et acceptée par lui. En signant ce texte, l’Auteur s’est engagé à reconnaître les thèses énoncées et à s’en tenir à l’avenir, dans ses activités théologiques et ses publications aux contenus doctrinaux indiqués dans la Notification, dont le texte devra apparaître aussi dans les éventuelles réimpressions ou rééditions du livre en question ainsi que dans ses traductions.
La présente Notification n’entend pas exprimer un jugement sur la pensée subjective de l’Auteur; elle se propose plutôt d’énoncer la doctrine de l’Eglise à propos de certains aspects des vérités doctrinales énoncées ci-dessus. Elle voudrait, en même temps, réfuter les opinions erronées et dangereuses auxquelles le lecteur pourrait être conduit, indépendamment des intentions de l’Auteur, en raison des formulations ambiguës et des explications insuffisantes de différents passages du livre. Elle voudrait offrir ainsi aux lecteurs catholiques un critère d’évaluation sûr et conforme à la doctrine de l’Eglise, pour éviter que la lecture de l’ouvrage n’induise de graves équivoques et malentendus.
I. A propos de la médiation salvifique unique et universelle de Jésus-Christ
1. Il faut croire fermement que Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, crucifié et ressuscité, est le médiateur unique et universel du salut de toute l’humanité.[2]
2. Il faut aussi croire fermement que le Jésus de Nazareth, Fils de Marie et seul Sauveur du monde est le Fils et le Verbe du Père.[3] En raison de l’unité du plan divin de salut, qui a son centre en Jésus-Christ, il faut tenir en outre que l’œuvre salvifique du Verbe est accomplie dans et par Jésus-Christ, Fils incarné du Père, en tant que médiateur du salut de toute l’humanité.[4] Il est donc contraire à la foi catholique non seulement d’affirmer une séparation entre le Verbe et Jésus ou une séparation entre l’action salvifique du Verbe et celle de Jésus, mais aussi de soutenir la thèse d’une action salvifique du Verbe comme tel, dans sa divinité, indépendamment de l’humanité du Verbe incarné.[5]
II. A propos de l’unicité et de la plénitude de la révélation de Jésus-Christ
3. Il faut croire fermement que Jésus-Christ est le médiateur, l’accomplissement et la plénitude de la révélation.[6] Il est donc contraire à la foi de l’Eglise de soutenir que la révélation par/en Jésus-Christ soit limitée incomplète ou imparfaite. En outre, même si on ne possédera la pleine connaissance de la vérité divine qu’au jour de la venue glorieuse du Seigneur, la révélation historique de Jésus-Christ offre tout ce qui est nécessaire pour le salut de l’homme et n’a pas besoin d’être complétée par d’autres religions.[7]
4. Il est conforme à la doctrine catholique d’affirmer que les grains de vérité et de bonté qui se trouvent dans les autres religions participent d’une certaine manière aux vérités contenues par/en Jésus-Christ.[8]Par contre, considérer que ces éléments de vérité et de bonté, ou certains d’entre eux, ne dérivent pas ultimement de la médiation-source de Jésus-Christ, est une opinion erronée.[9]
III. A propos de l’action salvifique universelle de l’Esprit Saint
5. La foi de l’Eglise enseigne que l’Esprit Saint, à l’œuvre après la résurrection de Jésus-Christ, est encore l’Esprit du Christ envoyé par le Père qui opère de manière salvifique aussi bien dans les chrétiens que dans les non-chrétiens.[10] Il est donc contraire à la foi catholique de considérer que l’action salvifique de l’Esprit Saint puisse s’étendre au-delà de l’unique économie salvifique universelle du Verbe incarné.[11]
IV. A propos de l’ordination de tous les hommes à l’Eglise
6. Il faut croire fermement que l’Eglise est signe et instrument de salut pour tous les hommes.[12] Il est contraire à la foi catholique de considérer les diverses religions du monde comme des voies complémentaires à l’Eglise pour ce qui est du salut.[13]
7. Selon la doctrine catholique, les adeptes des autres religions sont eux aussi ordonnés à l’Église et sont tous appelés à en faire partie.[14]
V. A propos de la valeur et de la fonction salvifique des traditions religieuses
8. Selon la doctrine catholique, il faut tenir que: «ce que l’Esprit fait dans le cœur des hommes et dans l’histoire des peuples, dans les cultures et les religions, remplit une fonction de préparation évangélique (cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 16)».[15] Il est donc légitime de soutenir que l’Esprit Saint pour sauver les non-chrétiens, utilise aussi les éléments de vérité et de bonté qui se trouvent dans les diverses religions, mais considérer comme voies de salut ces religions, prises comme telles, n’a aucun fondement dans la théologie catholique; en effet, elles présentent des lacunes, des insuffisances et des erreurs[16] sur les vérités fondamentales regardant Dieu, l’homme et le monde.
En outre, le fait que les éléments de vérité et de bonté des différentes religions puissent préparer les peuples et les cultures à accueillir l’événement salvifique de Jésus-Christ, ne suppose pas que les textes sacrés des autres religions puissent être considérés comme complémentaires à l’Ancien Testament, qui est la préparation immédiate à l’événement du Christ.[17]
Au cours de l’audience du 19 janvier 2001, le Souverain Pontife Jean-Paul II, à la lumière des derniers développements, a confirmé son approbation de la présente Notification, décidée lors de la Session Ordinaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et en a ordonné la publication.
A Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 24 janvier 2001, jour de la mémoire de Saint François de Sales.
+ Joseph Card. Ratzinger
Préfet
+ Tarcisio Bertone, SDB
Archevêque émérite de Verceil
Secrétaire
[1] En raison des tendances manifestées dans divers milieux et toujours plus présentes dans la pensée des fidèles eux-mêmes, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié la Déclaration “Dominus Jesus” sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise [AAS, 92 (2000) 742-765] pour protéger le donné essentiel de la foi catholique. La Notification s’inspire des principes indiqués dans cette Déclaration pour évaluer l’oeuvre de J. Dupuis.
[2] Cf. CONC. DE TRENTE, Décr. De peccato originali: Denz. n. 1513; Décr. De iustificatione: Denz. nn. 1522; 1523; 1529; 1530. Cf. aussi CONC. VATICAN II, Const. past. Gaudium et spes, n.10; Const. dogm. Lumen gentium, nn. 8; 14; 28; 49; 60. Jean-Paul II, Lettre enc. Redemptoris missio, n. 5: AAS 83 (1991) 249-340; Exhort. apostol. Ecclesia in Asia, n. 14: AAS 92 (2000) 449-528; CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, nn. 13-15.
[3] Cf. CONC. DE NICEE I: Denz. n. 125; CONC. DE CHALCEDOINE: Denz. n. 301.
[4] Cf. CONC. DE TRENTE, Décr. De iustificatione: Denz. nn. 1529; 1530. Cf. aussi CONC. VATICAN II, Const. lit. Sacrosantum Concilium, n. 5; Const. past. Gaudium et spes, n. 22.
[5] Cf. JEAN-PAUL II, Lettre enc. Redemptoris missio, n. 6; CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, n. 10.
[6] Cf. CONC. VATICAN II, Const. dogm. Dei Verbum, nn. 2; 4; JEAN-PAUL II, Lettre enc. Fides et ratio, nn. 14-15; 92, AAS 91 (1999) 5-88;CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, n. 5.
[7] Cf.CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, n. 6; Catéchisme de l’Eglise catholique, nn. 65-66.
[8] Cf. CONC. VATICAN II, Const. dogm. Lumen gentium, n.17; Décr. Ad gentes, n. 11; Décl. Nostra aetate, n. 2.
[9] Cf. CONC. VATICAN II, Const. dogm. Lumen gentium, n.16; JEAN-PAUL II, Lettre enc. Redemptoris missio, n. 10.
[10] Cf. CONC. VATICAN II, Const. past. Gaudium et spes, n. 22; JEAN-PAUL II, Lettre enc. Redemptoris missio, nn. 28-29.
[11] Cf. JEAN-PAUL II, Lettre enc. Redemptoris missio, n. 5; Exhort. apostol. Ecclesia in Asia, nn. 15-16; CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, n. 12.
[12] Cf. CONC. VATICAN II, Const. dogm. Lumen gentium, nn. 9; 14; 17; 48; JEAN-PAUL II, Redemptoris missio, n. 11; CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, n. 16.
[13] Cf. JEAN-PAUL II, Lettre enc. Redemptoris missio, n. 36; CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, nn. 21-22.
[14] Cf. CONC. VATICAN II, Const. dogm. Lumen gentium, nn. 13 et 16; Décr. Ad gentes, n. 7; Décl. Dignitatis humanae, n. 1; JEAN-PAUL II, Lettre enc. Redemptoris missio, n. 10; CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, nn. 20-22; Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 845.
[15] Cf. JEAN-PAUL II, Lettre enc. Redemptoris missio, n. 29.
[16] Cf. CONC. VATICAN II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 16; Décl. Nostra aetate, n. 2; Décr. Ad gentes, n. 9; Cf. aussi PAUL VI, Exhort. apostol. Evangelii nuntiandi, n. 53: AAS 68 (1976) 5-76; JEAN-PAUL II, Lettre enc. Redemptoris missio, n. 55; CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, n. 8.
[17] Cf. CONC. DE TRENTE, Décr. De libris sacris et de traditionibus recipiendis: Denz. n. 1501; CONC. VATICAN I, Const. dogm. Dei Filius, chap. 2: Denz. n. 3006;CONGR. POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Jesus, n. 8.
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25/02/2015
Pape François: la Belgique et les Pays-Bas sont en crise parce que personne n'y prêche la foi
Le pape a reçu les membres de l’association caritative « Pro Petri Sede », le 16 février 2015 dans la matinée, au Vatican. L’alliance « Pro Petri Sede », née au 19 siècle et présidée par Jean-Marie Scheerlinck, œuvre en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Elle pour principal objectif de « soutenir le Pape ».
Les membres, qui sont traditionnellement reçus par le pape tous les deux ans, remettent les dons qu'ils ont recueilli au Conseil pontifical « Cor Unum », afin de soutenir les églises locales des pays les plus pauvres.
Discours du pape François à la délégation de l'association "Pro Petri Sede"
Chers amis,
C’est avec joie que je vous souhaite la bienvenue, membres de l’Association Pro Petri Sede, à l’occasion de votre pèlerinage auprès du tombeau des Apôtres, par lequel vous nourrissez votre foi et manifestez votre fidélité au Successeur de Pierre.
Je vous exprime ma gratitude pour votre engagement au service des pauvres. Le nombre croissant de personnes marginalisées et qui vivent en grande précarité nous interpelle et demande un élan de solidarité pour leur apporter le soutien matériel et spirituel dont elles ont besoin. Et en même temps nous avons beaucoup à recevoir des pauvres que nous côtoyons et que nous aidons. Aux prises avec leurs difficultés, ils sont souvent témoins de l’essentiel, des valeurs familiales ; ils sont capables de partager avec qui est plus pauvre qu’eux et en éprouvent de la joie, comme j’ai pu le constater aussi lors de mon récent voyage apostolique en Asie. L’indifférence et l’égoïsme nous guettent toujours. L’attention aux pauvres nous enrichit en nous mettant sur un chemin d’humilité et de vérité. Saint Paul écrivait aux Corinthiens : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Co 4,7). Leur présence est un rappel de notre humanité commune, de la fragilité de la vie, de la dépendance envers Dieu et envers les frères. Je vous invite donc, particulièrement à l’occasion du Carême qui va commencer, à demander au Seigneur de vous donner un cœur miséricordieux et pauvre, qui connaisse ses propres pauvretés et qui se dépense pour les autres (cf. Message pour le Carême 2015).
Par le don généreux que vous faites aujourd’hui au Successeur de Pierre, vous venez en aide à des populations durement éprouvées en diverses régions du monde. Par cette solidarité, vous leur apportez aussi le réconfort spirituel de ne pas se sentir oubliées dans leurs épreuves, et de garder l’espérance. Je vous en remercie vivement en leur nom. Je vous invite aussi à prier avec insistance pour la paix, afin que les responsables politiques trouvent des chemins de dialogue et de réconciliation.
Chers amis, je souhaite que votre pèlerinage fasse grandir en chacun le sentiment de son appartenance à l’Église qui est une grande famille, et la joie d’annoncer à tous l’Évangile ! Que la fraternité puisse s’affermir entre vous afin de poursuivre votre mission au service des pauvres et des petits pour lesquels Jésus a un amour de prédilection ! Vous confiant à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, à saint Pierre et aux saints de vos pays, je vous accorde de grand cœur la Bénédiction apostolique, ainsi qu’à vos familles et aux membres de votre association. Et, s’il vous plaît, priez pour moi.
Mais avant de finir, je voudrais ajouter un mot. Je pense à la Belgique et aux Pays-Bas: ces deux pays ont rempli le monde de missionnaires. Et aujourd'hui ils sont en crise vocationnelle. Je voudrais vous demander de frapper à la porte du Cœur de Jésus pour qu'Il n'oublie pas la générosité qu'ont eue ces deux pays dans d'autres temps. Et qu'Il envoie des vocations à la Belgique et aux Pays-Bas afin que la foi puisse grandir davantage. Vous travaillez avec les pauvres et vous aimez les pauvres, mais pensez aussi aux pauvres de foi, qui n'ont pas la foi parce qu'il n'y a personne qui la prêche. Que le Seigneur envoie des prêtres pour annoncer la foi. Et s'il vous plaît, priez pour les vocations dans votre pays.
(Le Saint Siège - Traduction: Zenit/EspéranceNouvelle - dernier paragraphe non repris dans la version française et traduit de l'italien par Espérance Nouvelle)
Cardinal Léon-Joseph Suenens, archevêque de Malines-Bruxelles de 1961 à 1980, Cardinal Godfried Danneels, évêque d'Anvers de 1977 à 1980 et archevêque de Malines-Bruxelles de 1980 à 2010, et Mgr Johan Bonny, évêque d'Anvers depuis 2009. Aucun prêtre n'a été ordonné pour le diocèse d'Anvers en 2012, 2013 et 2014.
12:15 Publié dans Pape, Religion | Tags : pro petri sede, pape françois, crise de l'église, belgique, cardinal suenens, cardinal danneels, johan bonny, roger vangheluwe, guy harpigny, jean kockerols, léon lemmens, jean-luc hudsyn, jozef de kesel, rémy vancottem, progressisme, progressisme radical | Lien permanent | Commentaires (0)
19/02/2015
Cardinal Danneels: "Les conceptions de l'Église sur les relations entre partenaires évolueront, comme dans le monde"
Le cardinal belge considère le prochain synode sur la famille qui aura lieu en octobre 2015 comme un moment important qui ne mettra pas fin aux débats mais permettra au contraire à l’Église de franchir graduellement les étapes d'une évolution de ses conceptions sur les relations entre partenaires.
(Le Vif/Belga - 19 février 2015)
A l'issue du consistoire qui a réuni, du 12 au 15 février, les 165 "princes de l'Eglise" en vue de la nomination de 20 nouveaux cardinaux et de la réforme de la Curie, le cardinal belge Godfried Danneels s'est dit "préoccupé", mais "pas inquiet", rapporte mercredi le site web Kerknet.be.
La réforme de la Curie, pour laquelle le pape François avait été en partie élu en 2013, s'est basée sur les conclusions du "C9", conseil composé de neuf cardinaux chargés d'aider le pape à conduire cette réforme.
"La prolifération des services au sein du Vatican a été rationalisée", explique le cardinal Danneels. Deux super-ministères vont être créés. Le premier, "Laïcs, famille et vie", regroupera les services existants chargés des laïcs, de la famille et de la défense de la vie, incluant l'Académie de la vie créée sous Jean Paul II. Le deuxième, intitulé "Charité, justice et paix", regroupera les dicastères "Cor Unum" (les oeuvres caritatives du Vatican), "Justice et paix", ainsi que ceux chargés de la santé et des migrants, et encore l'Académie pontificale des Sciences sociales.
L'objectif étant de favoriser une plus grande harmonie dans le travail des divers dicastères (ministères), en vue d'une collaboration plus efficace.
Les débats se sont déroulés dans une atmosphère ouverte et positive, assure le cardinal belge, selon qui les cardinaux ont été encouragés à exprimer leurs opinions en présence du pape.
Godfried Danneels regrette cependant qu'une minorité ne soit pas favorable à la réforme. "Je suis préoccupé, mais pas inquiet", concède-t-il.
"L'Eglise franchit les étapes de manière graduelle. Il en sera de même pour le synode de la famille", qui doit se tenir en octobre prochain. "Ce synode est un moment extrêmement important, mais je ne m'attends pas à ce qu'il mette fin aux débats. Les conceptions autour des relations entre partenaires évoluent constamment dans le monde. La position de l'Eglise évoluera également", conclut-il.
Ce que dit l’Église catholique:
> Exhortation Apostolique Familiaris Consortio (1981)
> Encyclique Veritatis Splendor (1993)
> Exhortation Apostolique Sacramentum Caritatis - V. Eucharistie et Mariage (2007)
17:15 Publié dans Famille, Personnalités, Religion, Sécularisation et rechristianisation | Tags : cardinal danneels, réforme de la curie, dicastères, progressisme, progressisme radical | Lien permanent | Commentaires (0)
18/02/2015
Offrir son carême pour la famille et pour le synode
La seconde assemblée du synode des évêques sur le thème de la famille, après celle qui s'est déroulée en octobre 2014, aura lieu au Vatican du 4 au 25 octobre 2015.
Afin de préparer et de soutenir par le jeûne, la prière et l'aumône le travail des évêques réunis en Synode extraordinaire, offrez votre Carême à l'intention de la sauvegarde et de la promotion universelles de l'enseignement du Christ et de l'Église sur l'institution divine de la famille et sur les sacrements.
Si vous souhaitez participer à ce mouvement collectif de prière, voici quelques indications permettant de vous y joindre. Pour les adultes, chaque vendredi de Carême, suivre un jeûne complet, vous passant de tout aliment et de toute boisson à l'exception de l'eau et des éventuels médicaments. Si des obligations sociales ou professionnelles vous obligent à prendre un repas, vous limiter à un repas sur la journée. Faire une fois par semaine au moins une aumône plus conséquente que d'ordinaire, monétaire ou pas, envers une personne dans le besoin, à l'intention de la sauvegarde et de la promotion de la famille divinement instituée. Puisqu'aucune pénitence ni aucun sacrifice n'est aussi agréable au Père céleste que le Sacrifice de son Fils unique Jésus-Christ, offrir une fois par semaine votre présence au Sacrifice de la Messe à cette intention, de préférence un jour de semaine. Enfin offrir chaque lundi de Carême, la prière méditée des mystères joyeux du chapelet pour le bon déroulement du Synode et en soutien à l'héroïcité du Pape et des évêques dans la défense et la promotion de la famille divinement instituée et de l'enseignement du Christ et de l’Église sur les sacrements. Pratiquer le jeûne avec discrétion, tout en considérant qu'il est bon de s'y encourager collectivement.
13:00 Publié dans Famille, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
17/02/2015
Carême: conseils du Cardinal Mercier au sujet de la mortification chrétienne
10:21 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
16/02/2015
Mgr Brouwet : "La primauté de la grâce"
Prier, c’est d’abord confesser que nous croyons à la puissance de la grâce, à sa primauté sur l’action humaine. C’est confesser que nous gardons fermement l’espérance et que nous ne baissons pas les bras même si l’avenir peut nous paraître sombre ou incertain.
Prier ainsi, c’est nous situer dans la longue foule des fidèles qui s’en sont remis à Dieu alors qu’à vue humaine rien n’était plus possible. Je pense à Judith portée par la prière de tout Israël qui implore le Seigneur :
« Ce n’est pas dans le nombre que réside ta force, ni ton pouvoir en des hommes vigoureux. Mais tu es le Dieu des humbles, secours des opprimés, protecteur des faibles, refuge des délaissés, sauveur des désespérés. Oui, toi, Dieu de mon père, Dieu de l’héritage d’Israël, maître du ciel et de la terre, créateur des eaux, roi de tout ce que tu as créé, oui, exauce ma supplication ! » (Judith 9, 11-12).
Tant d’hommes et de femmes de foi nous ont montré comment avancer en laissant le Seigneur nous prendre la main sans jamais nous décourager !
« Nous aussi, entourés de cette immense nuée de témoins, (…), écrit l’auteur de l’épître aux Hébreux, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. »
Laisser de la place à Dieu
Prier, c’est également professer que, si nous nous engageons de toutes nos forces dans l’action, nous savons pourtant que tout ne dépend pas de nos projets, de nos idées, de nos initiatives ou de notre générosité. Prier, c’est laisser de la place à Dieu pour qu’il agisse dans les cœurs comme il l’entend, même si cela ne correspond pas à ce que nous avions imaginé, prévu, envisagé.
Lorsqu’on prie, on s’offre à la grâce sans retenue. On accepte alors de ne plus tout contrôler mais d’être un instrument de la bienveillance de Dieu pour son peuple. On entre humblement dans son projet de salut pour tous les hommes en renonçant à tout savoir, à tout conduire, à tout maîtriser.
Prier pour la France
Lorsque nous prions pour la France, nous reconnaissons que, citoyens d’une république, enfants d’une même nation, nous partageons avec tous les Français une communauté de destin. Nous vivons sous les mêmes lois, nous partageons une même terre, nous parlons la même langue, nous héritons d’une même culture ; nous travaillons les uns avec les autres et les uns pour les autres. Nos vies sont imbriquées. En priant pour la France, nous remettons entre les mains du Seigneur cette vie partagée, cette communauté que nous façonnons ensemble par nos engagements, nos idéaux, nos manières de vivre, de penser, de parler ou d’envisager l’avenir, souvent si différentes, parfois si opposées.
En priant pour la France, nous plaçons cette dépendance mutuelle sous le regard du Christ. Parce que, même si parfois elle nous déroute et nous déstabilise, elle est le lieu de notre mission, de notre témoignage, de notre sanctification. Dans cette prière, en effet, nous demandons aussi à Dieu de servir et d’aimer notre pays dans les circonstances présentes, nous rendant disponibles à ce qu’il veut réaliser à travers nous.
A quelques jours de la fête de Notre-Dame de Lourdes (le 11 février) et de Sainte Bernadette (le 18 février), je confie notre nation au Seigneur par l’intercession de Marie immaculée afin que, par sa prière, elle veille sur notre pays et prépare les cœurs à accueillir la joie de l’Evangile.
13:41 Publié dans Religion, Respect de la vie humaine | Lien permanent | Commentaires (0)
13/02/2015
Lettre ouverte d'un Archevêque sur la crise de l'Église
L'auteur de cette lettre ouverte publiée en anglais sur Rorate Caeli est Mgr Jan Pawel Lenga, né en Ukraine, évêque émérite de Karaganda au Kazakhstan, qui a reçu le titre personnel d'Archevêque le 17 mai 2003.
Réflexions sur quelques problèmes actuels de la crise de l’Église catholique
J'ai eu l'expérience de vivre avec des prêtres qui étaient dans les prisons et les camps staliniens et qui sont néanmoins restés fidèles à l’Église. Pendant le temps de la persécution ils ont rempli avec amour leur devoir sacerdotal prêchant la doctrine catholique, menant une vie digne dans l'imitation du Christ, leur Maître du Ciel.
J'ai achevé mes études de prêtre dans un Séminaire clandestin en Union Soviétique. J'ai été ordonné prêtre dans le secret, pendant la nuit, par un pieux évêque qui avait lui-même souffert pour amour de la foi. Dans la première année de mon sacerdoce j'ai eu l'expérience d'être expulsé du Tadjikistan par le KGB.
Par la suite, pendant mes trente années de séjour au Kazakhstan, j'ai servi dix ans comme prêtre, ayant la charge des fidèles dans 81 localités. J'ai ensuite servi 20 ans comme évêque, dans un premier temps comme évêque de cinq États d'Asie Centrale, couvrant une aire totale d'environ quatre millions de kilomètres carrés (ndt : sur les 22 millions de l’URSS d’alors).
Pendant mon ministère d'évêque j'ai été en contact avec le Pape Saint Jean-Paul II, ainsi qu'avec de nombreux évêques, prêtres et fidèles en différents pays et en différentes circonstances. J'ai fait partie de quelques assemblées du Synode de Évêques au Vatican qui traitaient de sujets comme "Asie" et "Eucharistie".
Cette expérience, ainsi que d'autres, me donnent la compétence pour pouvoir exprimer mon opinion sur l'actuelle crise de l’Église Catholique. Ce sont mes convictions et elles sont dictées par mon amour de l’Église et par le désir d'un authentique renouveau dans le Christ. Je suis obligé de recourir à ce moyen public d'expression car je crains que toute autre méthode serait accueillie par un mur de silence et d'indifférence.
Je suis conscient des possibles réactions à cette lettre ouverte. Mais, en même temps, la voix de ma conscience ne me permet pas de rester en silence, alors que l'œuvre de Dieu est vilipendée. Jésus Christ a fondé l’Église Catholique et nous a montré en paroles et en action comment on doit accomplir la volonté de Dieu. Les apôtres à qui Il a conféré autorité dans l’Église, ont rempli avec zèle le devoir qu’Il leur a confié, souffrant pour l'amour de la vérité qu'il fallait prêcher, car ils "obéissaient à Dieu plutôt qu'aux hommes".
De nos jours, il est malheureusement de plus en plus en plus évident que le Vatican, à travers la Secrétairerie d’État, a pris le chemin du politiquement correct. Quelques Nonces sont devenus les propagateurs du libéralisme et du modernisme. Ils sont devenus experts dans le principe du "sub secreto Pontificio", par lequel on manipule et réduit au silence les voix des évêques. Ce que le Nonce affirme leur apparaît comme relevant presque certainement du désir du Pape. Avec de telles méthodes on sépare les évêques l'un de l'autre avec le résultat que les évêques d'un pays ne peuvent plus parler unanimement dans l'esprit du Christ et de Son Église, dans la défense de la foi et de la morale. Cela signifie qu’afin de ne pas tomber en disgrâce aux yeux du Nonce, certains évêques acceptent ses recommandations, qui sont parfois basées sur rien d'autre que ses propres paroles.
Au lieu de propager avec ardeur la foi, de prêcher avec courage la doctrine du Christ, et de se tenir fermes dans la défense de la vérité et de la morale, les rencontres des Conférences des Évêques traitent souvent de sujets étrangers à la nature des devoirs des successeurs des apôtres.
On peut observer à tous les niveaux de l’Église une baisse évidente du sens du "sacrum". L' "esprit du monde" nourrit les pasteurs. Les pécheurs donnent à l’Église les instructions sur la façon dont elle doit les servir. Dans l'embarras, les Pasteurs restent silencieux sur les problèmes courants et abandonnent les brebis tandis qu'ils se nourrissent eux-mêmes. Le monde est tenté par le diable et s'oppose à la doctrine du Christ. Et néanmoins les Pasteurs sont obligés d'enseigner toute la vérité sur Dieu et les hommes "à temps et à contretemps". [2me lettre à Timothée, 4:2]
Pendant le règne des derniers Papes, on a pu toutefois observer au sein de l’Église le plus grand désordre au sujet de la pureté de la doctrine et du caractère sacré de la liturgie, dans laquelle n'est pas accordé à Jésus Christ l'honneur visible qui lui est dû.
Dans plus d'une Conférence épiscopale, les meilleurs évêques sont considérés "persona non grata". Où sont les apologistes de nos jours, qui annonceraient aux hommes de manière claire et compréhensible la menace du risque de la perte de la foi et du salut?
De nos jours la voix de la majorité des évêques ressemble plutôt aux silence des agneaux face à des loups furieux, le fidèle est abandonné comme un troupeau sans défense. Le Christ a été reconnu par les hommes comme quelqu'un qui parlait et agissait, comme quelqu'un qui avait pouvoir et ce pouvoir il l'a donné à Ses apôtres. Dans le monde d'aujourd'hui les évêques doivent se libérer de tous liens mondains et, après avoir fait pénitence, se convertir au Christ afin que, renforcés par le Saint Esprit ils puissent annoncer le Christ comme le seul et unique Sauveur. On doit finalement rendre compte à Dieu de tout ce qui a été fait et de tout ce qui n'a pas été fait.
J'estime que la faible voix de nombreux évêques est une conséquence du fait que dans le processus de nomination des nouveaux évêques les candidats sont insuffisamment examinés au sujet de leur fermeté et courage dans la défense de la foi, au sujet de leur fidélité aux traditions séculaires de l'Eglise et de leur dévotion personnelle. En matière de nomination des nouveaux évêques et même des cardinaux il devient de plus en plus évident que la préférence est parfois donnée à ceux qui partagent une certaine idéologie ou à certains groupes étrangers à l'Eglise qui ont commissionné la désignation d'un candidat particulier. Par ailleurs il semble qu'on donne parfois considération aussi à la faveur des médias qui en général raillent les candidats saints en en donnant une image négative, tandis que les candidats qui possèdent en moindre degré l'esprit du Christ sont loués comme ouverts et modernes. Par ailleurs les candidats qui excellent en zèle apostolique, ont le courage de proclamer la doctrine du Christ et montrent amour pour tout ce qui est saint et sacré, sont délibérément éliminés.
Un Nonce m'a dit une fois: "Il est dommage que le Pape [Jean-Paul II] ne prenne pas part personnellement à la désignation des évêques. Le Pape a essayé de changer quelque chose dans la Curie Romaine, sans toutefois y réussir. Il devient âgé et les choses reviennent à l'habituelle méthode précédente".
Au début du pontificat du Pape Benoît XVI, je lui avais écrit une lettre l'implorant de nommer des évêques saints. Je lui avais rapporté l'histoire d'un laïc allemand qui face à la dégradation de l’Église dans son pays après le Concile Vatican II, était resté fidèle au Christ et rassemblait des jeunes pour l'adoration et la prière. Cet homme était proche de la mort et quand il apprit de l'élection du nouveau Pape il dit: "Quand le Pape Benoît aura utilisés son pontificat nommant des évêques dignes, bons et fidèles, il aura rempli sa mission".
Il est malheureusement évident que le Pape Benoît n'a souvent pas réussi dans cette matière.
Il est difficile de croire que le Pape Benoît ait renoncé librement à son ministère de successeur de Pierre. Le Pape Benoît était le chef de l’Église, son entourage toutefois a été loin de traduire en acte ses enseignements, les a souvent contournés dans le silence ou a même fait obstruction à ses initiatives pour une authentique réforme de l’Église, de la liturgie, de la manière d'administrer la Sainte Communion. Compte tenu du grand secret au Vatican, il était concrètement impossible pour de nombreux évêques d'aider le Pape dans son service de chef et gouverneur de toute l’Église.
Il n'est pas superflu de rappeler à mes frères dans l'épiscopat une affirmation de la part d'une loge maçonnique italienne en l'an 1820: "Notre œuvre est une œuvre de 100 ans. Laissons de côté des vieux et adressons nous aux jeunes. Les séminaristes deviendront des prêtres avec nos idées libérales. Ne nous berçons pas dans de faux espoirs, nous n'allons pas faire du Pape un maçon. Des évêques libéraux, toutefois, qui travailleront dans l'entourage du Pape, le conseilleront dans la tâche de gouverner l’Église et l'introduiront à des pensées et idées avantageuses pour nous, que le Pape mettra en acte."
Cette intention des Maçons est mise en acte de plus en plus ouvertement, pas seulement grâce aux ennemis déclarés de l’Église, mais avec la connivence de faux témoins qui occupent quelques offices dans la haute hiérarchie de l’Église. Ce n'est pas sans raison que le Bienheureux Pape Peul VI avait déclaré: "L'esprit de Satan est entré par une fissure dans l’Église". Je pense que cette fissure est devenue de nos jours tout à fait large et que le diable utilise toutes ses forces pour subvertir l’Église du Christ. Pour éviter cela, il est nécessaire de revenir à la proclamation précise et claire de l’Évangile à tous les niveaux du ministère ecclésiastique, car l’Église a tout le pouvoir et la grâce que le Christ lui a donné: "Tout le pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez et de toutes les nations faites des disciples. Apprenez leur à observer tout ce que je vous ai commandé: et moi je serai avec vous toujours jusqu'à la fin du monde." (Mt 28, 18-20), "La vérité vous rendra libres" (Jean 8, 32) et "que votre parole soit oui si c'est oui; non, si c'est non: ce qui est en plus vient du Mauvais" (Mt 5, 37).
L’Église ne peut pas s'adapter à l'esprit du monde, mais doit transformer le monde dans l'esprit du Christ.
Il est évident qu'au Vatican il y a une tendance à céder de plus en plus au bruit des médias. Il n'est pas rare qu'au nom d'une tranquillité incompréhensible, les meilleurs des fils et servants soient sacrifiés pour apaiser les médias. Et pourtant les ennemis de l’Église ne laissent pas tomber leurs fidèles serviteurs même lorsque leurs actions sont évidemment mauvaises.
Si nous souhaitons rester fidèles au Christ en parole et en acte, Il trouvera Lui-même le moyen de transformer les cœurs et les âmes des hommes et le monde lui aussi sera changé au moment approprié.
En des temps de crise de l’Église Dieu a souvent utilisé pour son vrai renouveau les sacrifices, les larmes et les prières de ces fils et serviteurs de l’Église qui aux yeux du monde et de la hiérarchie ecclésiastique étaient considérés insignifiants ou étaient persécutés et marginalisés à cause de leur fidélité au Christ.
Je crois qu'en notre temps difficile, cette loi du Christ se réalise et que l’Église se renouvelle grâce au fidèle renouveau intérieur de chacun de nous.
1er Janvier 2015, Solennité de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu
+ Jan Pawel Langa
(Rorate Caeli/Traduction:benoit-et-moi)
07:30 Publié dans Personnalités, Religion, Sécularisation et rechristianisation | Tags : évêques, crise, libéralisme, synode sur la famille, vatican | Lien permanent | Commentaires (0)