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21/10/2014

Paul VI: À propos du langage pastoral dans l'Église catholique

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Extrait de l'Encyclique Mysterium Fidei, à propos du langage de l’Église

Il est donc logique pour nous de suivre comme une étoile le magistère de l’Église: le Divin Rédempteur a confié à sa garde et à son interprétation la parole de Dieu écrite ou transmise par tradition orale; nous sommes assurés que "même sans les recherches dont la raison est capable, même sans les explications que le langage peut fournir, ce que depuis l'antiquité l’Église entière proclame et croit selon la véritable foi catholique, cela reste toujours vrai".

Mais cela ne suffit pas. L'intégrité de la foi étant sauve, il faut de plus observer l'exactitude dans la façon de s'exprimer, de peur que l'emploi peu circonspect de certains termes ne suggère, ce qu'à Dieu ne plaise, des opinions fausses affectant la foi par laquelle nous connaissons les mystères les plus élevés. C'est le lieu de rappeler l'avertissement formulé par saint Augustin, à propos de la différence qui sépare, pour la manière de dire, les chrétiens des philosophes: "Les philosophes, dit-il, parlent en toute liberté, sans redouter de blesser l'auditeur religieux en des choses très difficiles à saisir. Mais nous sommes tenus de régler nos paroles sur une norme déterminée, pour éviter que la liberté d'expression ne donne lieu à telle opinion impie au plan même du sens des paroles".

Au prix d'un travail poursuivi au long des siècles, et non sans l'assistance de l'Esprit Saint, l’Église a fixé une règle de langage et l'a confirmée avec l'autorité des Conciles. Cette règle a souvent donné à l'orthodoxie de la foi son mot de passe et ses enseignes. Elle doit être religieusement respectée. Que personne ne s'arroge le droit de la changer à son gré ou sous couleur de nouveauté scientifique. Qui pourrait jamais tolérer un jugement d'après lequel les formules dogmatiques appliquées par les Conciles Œcuméniques aux mystères de la Sainte Trinité et de l'Incarnation ne seraient plus adaptées aux esprits de notre temps, et devraient témérairement être remplacées par d'autres ? De même on ne saurait tolérer qu'un particulier touche de sa propre autorité aux formules dont le Concile de Trente s'est servi pour proposer à la foi le mystère eucharistique. C'est que ces formules, comme les autres que l’Église adopte pour l'énoncé des dogmes de foi [notamment le sacrement du mariage, les commandements divins, le péché, et les fins dernières: la mort, le jugement, l'enfer et le paradis, NdEspN], expriment des concepts qui ne sont pas liés à une certaine forme de culture, ni à une phase déterminée du progrès scientifique, ni à telle ou telle école théologique; elles reprennent ce que l'esprit humain emprunte à la réalité par l'expérience universelle et nécessaire; et en même temps ces formules sont intelligibles pour les hommes de tous les temps et de tous les lieux. On peut assurément, comme cela se fait avec d'heureux résultats, donner de ces formules une explication plus claire et plus ouverte, mais ce sera toujours dans le même sens selon lequel elles ont été adoptées par l’Église: ainsi la vérité immuable de la foi restera intacte tandis que progressera l'intelligence de la foi. Car comme l'enseigne le premier Concile du Vatican, dans les dogmes sacrés "on doit toujours garder le sens que notre Mère la Sainte Église a déclaré une fois pour toutes et que jamais il n'est permis de s'en écarter sous le prétexte spécieux d'intelligence plus profonde".

Pape Paul VI, Encyclique Mysterium Fidei du 3 septembre 1965

 

20/10/2014

De Léon XIII à Jean-Paul II, de Paul de Tarse à Paul VI: mariage, amour et contraception

Documentaire "Contraception Deception" du 25 juillet 2011, sur l'enseignement des Papes à propos de la contraception.

Et comment Paul VI nomma une commission de théologiens favorables à des changements par rapport à l'enseignement antérieur de l’Église, et finalement écrivit une encyclique qui réaffirma pleinement ce que l’Église avait toujours enseigné sur ces questions: Humanae Vitae.

 

 

19/10/2014

"Rendre à Dieu ce qui est à Dieu" homélie du Pape François lors de la cérémonie de béatification de Paul VI

 CÉRÉMONIE DE BÉATIFICATION DU PAPE PAUL VI

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre
Dimanche 19 octobre 2014
 

Nous venons d’entendre une des phrases les plus célèbres de tout l’Évangile : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21).

À la provocation des pharisiens qui, pour ainsi dire, voulaient lui faire passer l’examen de religion et le prendre en défaut, Jésus répond avec cette phrase ironique et géniale. C’est une réponse à effet que le Seigneur livre à tous ceux qui se posent des problèmes de conscience, surtout quand entrent en jeu leurs intérêts, leurs richesses, leur prestige, leur pouvoir et leur réputation. Et cela arrive de tout temps, depuis toujours.

L’accent de Jésus retombe sûrement sur la seconde partie de la phrase : "Et (rendez) à Dieu ce qui est à Dieu”. Cela signifie reconnaître et professer – face à n’importe quel type de pouvoir – que seul Dieu est le Seigneur de l’homme, et qu’il n’y en a pas d’autre. C’est la nouveauté éternelle à découvrir chaque jour, en vainquant la peur que nous éprouvons souvent devant les surprises de Dieu.

Lui n’a pas peur de la nouveauté ! C’est pourquoi, il nous surprend continuellement, nous ouvrant et nous conduisant par des chemins imprévus. Il nous renouvelle, c’est-à-dire qu’il nous fait “nouveaux”, continuellement. Un chrétien qui vit l’Évangile est “la nouveauté de Dieu” dans l’Église et dans le monde. Et Dieu aime beaucoup cette “nouveauté” !

« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu », signifie s’ouvrir à sa volonté, lui consacrer notre vie et coopérer à son Royaume de miséricorde, d’amour et de paix.

Là se trouve notre force véritable, le ferment qui la fait lever et le sel qui donne saveur à chaque effort humain contre le pessimisme dominant que nous propose le monde. Là se trouve notre espérance parce que l’espérance en Dieu n’est donc pas une fuite de la réalité, elle n’est pas un alibi : c’est rendre à Dieu d’une manière active ce qui lui appartient. C’est pour cela que le chrétien regarde la réalité future, celle de Dieu, pour vivre pleinement la vie – les pieds bien plantés sur la terre – et répondre, avec courage, aux innombrables nouveaux défis.

Nous l’avons vu ces jours-ci durant le Synode extraordinaire des Évêques – “Synode” signifie « marcher ensemble ». Et en effet, pasteurs et laïcs de chaque partie du monde ont apporté ici à Rome la voix de leurs Églises particulières pour aider les familles d’aujourd’hui à marcher sur la route de l’Évangile, le regard fixé sur Jésus. Ce fut une grande expérience dans laquelle nous avons vécu la synodalité et la collégialité, et nous avons senti la force de l’Esprit Saint qui guide et renouvelle toujours l’Église appelée, sans délai, à prendre soin des blessures qui saignent et à rallumer l’espérance pour beaucoup de gens sans espérance.

Pour le don de ce Synode et pour l’esprit constructif offert par tous, avec l’apôtre Paul : « À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières » (1 Th 1, 2). Et que l’Esprit Saint qui, en ces jours laborieux nous a donné de travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité, accompagne encore la marche qui, dans les Églises de toute la terre, nous prépare au prochain Synode Ordinaire des Évêques d’octobre 2015. Nous avons semé et nous continuerons à semer avec patience et persévérance, dans la certitude que c’est le Seigneur qui fait croître tout ce que nous avons semé (cf. 1 Co 3, 6).

En ce jour de la béatification du Pape Paul VI, me reviennent à l’esprit ses paroles, par lesquelles il a institué le Synode des Évêques : « En observant attentivement les signes des temps, nous nous efforçons d’adapter les orientations et les méthodes … aux besoins croissants de notre époque et à l’évolution de la société » (Lett. ap. Motu proprio Apostolica sollicitudo).

À l’égard de ce grand Pape, de ce courageux chrétien, de cet apôtre infatigable, nous ne pouvons dire aujourd’hui devant Dieu qu’une parole aussi simple que sincère et importante : merci ! Merci à notre cher et bien-aimé Pape Paul VI ! Merci pour ton témoignage humble et prophétique d’amour du Christ et de son Église !

Dans son journal personnel, le grand timonier du Concile, au lendemain de la clôture des Assises conciliaires, a noté : « Peut-être n’est-ce pas tant en raison d’une aptitude quelconque ou afin que je gouverne et que je sauve l’Église de ses difficultés actuelles, que le Seigneur m’a appelé et me garde à ce service, mais pour que je souffre pour l’Église, et qu’il soit clair que c’est Lui, et non un autre, qui la guide et qui la sauve » (P. Macchi, Paul VI à travers son enseignement, de Guibert 2005, p. 105). Dans cette humilité resplendit la grandeur du Bienheureux Paul VI qui, alors que se profilait une société sécularisée et hostile, a su conduire avec une sagesse clairvoyante – et parfois dans la solitude – le gouvernail de la barque de Pierre sans jamais perdre la joie ni la confiance dans le Seigneur.

Paul VI a vraiment su “rendre à Dieu ce qui est à Dieu” en consacrant sa vie tout entière à « l’engagement sacré, solennel et très grave : celui de continuer dans le temps et d’étendre sur la terre la mission du Christ » (Homélie pour le rite du couronnement, Documentation catholique n. 1404 [1963], col. 932), en aimant l’Église et en la guidant pour qu’elle soit « en même temps mère aimante de tous les hommes et dispensatrice du [S]alut » (Lett. ap. Ecclesiam Suam, Prologue).

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20:43 Publié dans Pape, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)

13/10/2014

Le Pape François décide de nommer six rédacteurs supplémentaires pour le rapport du synode

Le Pape, pour la rédaction de la Relatio Synodi, le rapport du synode, a décidé d'adjoindre au Rapporteur Général, au Secrétaire Spécial et au Secrétaire Général, les Pères synodaux suivants:

- Card. Gianfranco RAVASI

- Card. Donald William WUERL

- Mgr Victor Manuel FERNÁNDEZ

. Mgr Carlos AGUIAR RETES

- Mgr Peter KANG U-IL

- Père Adolfo NICOLÁS PACHÓN, S.J.

(Sala Stampa)

Il s'agit d'une décision qui n'avait pas été initialement prévue par le plan de déroulement du synode. Cette liste est constituée d'un Italien, d'un Nord-Américain, d'un Sud Coréen, de deux Sud-Américains dont un Argentin nommé archevêque titulaire par le Pape François dans les premières semaines de son pontificat, Mgr Fernandez, et du supérieur général des Jésuites, l'Espagnol Adolfo Nicolas S.J.

Aucun Africain ne figure sur cette liste. En revanche, sur les dix Pères synodaux élus par leurs pairs comme modérateurs des différents groupes linguistiques, deux sont africains.

Pour rappel, le rapport du premier synode ne sera qu'un document intermédiaire. Le document final ne sera publié qu'après le second synode sur la famille en 2014, sous la forme d'une exhortation post-synodale, comme l'exhortation post-synodale Sacramentum Caritatis publiée par le Pape Benoît XVI en 2007.

07/10/2014

Synode sur la famille: y a-t-il des limites au pouvoir du Pape ?

La question des limites du pouvoir du Pape avait été traitée par le Cardinal Joseph Ratzinger dans son livre "Voici quel est notre Dieu". Le journaliste Antonio Socci cite les passages concernés dans son article du 5 octobre 2014.

Il y a beaucoup de confusion dans l’Église pour le Synode qui s'ouvre aujourd'hui et discutera de la communion pour les divorcés remariés.

Le Pape peut-il vraiment prendre un chemin qui renverse ce que l’Église, selon les paroles de Jésus et les textes pauliniens, a toujours enseigné pendant deux mille ans? Est-il possible de mettre en discussion les commandements de l’Évangile et les sacrements? Certains croient que les papes peuvent le faire et les médias alimentent cette attente. En réalité, il n'en est rien, parce que - comme l'a toujours dit Benoît XVI - l’Église est au Christ et pas aux papes, qui en sont les administrateurs temporaires et non les maîtres. 

Ils sont soumis à la loi de Dieu, et à la Parole de Dieu et doivent servir le Seigneur et de garder le «depositum fidei» qui leur est confié. Ils ne peuvent pas s'en emparer ou le modifier en fonction de leurs propres idées. Ce que beaucoup - même parmi les croyants - ignorent, ce sont les limites très strictes que l'Église a toujours imposées aux papes, tout en reconnaissant l'«infaillibilité» pétrinienne dans les déclarations «ex cathedra» sur les questions de foi et de morale. Justement dans la Constitution dogmatique «Pastor Aeternus» par laquelle le Concile Vatican I définit l'infaillibilité pontificale, on lit: 

«L' Esprit Saint n'a pas été promis aux successeurs de Pierre pour révéler, avec leur inspiration, une nouvelle doctrine, mais pour garder avec scrupule et pour faire connaître avec fidélité, avec son assistance, la révélation transmise par les Apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi».

Le grand Joseph Ratzinger a expliqué en ces termes ce principe ignoré par la majorité des croyants [ndt: dans le livre-entretien avec Peter Seewald, en 2000, traduit en français sous le titre "Voici quel est notre Dieu"]: 
«Le Pape n'est pas le seigneur suprême - depuis l'époque de Grégoire le Grand, il a pris le titre de "serviteur des serviteurs de Dieu" - mais il devrait être le garant de l'obéissance, de la conformité de l'Église à la volonté de Dieu, excluant tout arbitraire de sa part. Le Pape ne peut pas dire: "L'Église, c'est moi", ou: "La tradition c'est moi", mais au contraire, il a des contraintes précises, il incarne l'obligation de l'Église de se conformer à la parole de Dieu. S'il s'élève dans l'Église des tentations de faire différemment, de choisir le chemin le plus facile, il doit se demander si c'est licite. Le Pape n'est donc pas un organe qui pourrait donner vie à une autre Église, mais il est un rempart contre l'arbitraire».

Après ces explications claires, Ratzinger ajoutait: «Permettez-moi de donner un exemple: du Nouveau Testament, nous savons que le mariage sacramentel est indissoluble. Il y a des courants d'opinion qui soutiennent que le Pape pourrait abroger cette exigence. Mais ce n'est pas le cas. Et en Janvier 2000, s'adressant aux juges romains (du Tribunal de la Rote), le Pape (Jean Paul II) a dit que, relativement à la tendance à vouloir voir révoqué le lien de l'indissolubilité du mariage, il ne peut pas faire tout ce qu'il veut, qu'il doit même accentuer l’obéissance, il doit poursuivre aussi en ce sens le geste du lavement des pieds».

Le cardinal Caffara lui aussi, une autorité sur les questions morales depuis le pontificat de Jean-Paul II, s'opposant à la proposition de Kasper, a souligné que pas même les papes ne peuvent rompre le lien du premier mariage, donc l'Église ne peut pas reconnaître un second mariage, ni en droit ni de fait, comme Kasper le prévoit avec l'admission à l'Eucharistie des divorcés et remariés.  Caffara a également rappelé les paroles dpe Jean-Paul II dans un discours à la Rote romaine:  «Il apparaît clairement que la non-extension du pouvoir du Pontife Romain aux mariages conclus et consommés, est enseignée par le Magistère de l'Église comme une doctrine à laquelle on doit se tenir définitivement, même si elle n'a pas été déclarée en forme solennelle dans un acte définitoire ».

(Antonio Socci/Benoit-et-moi/Belgicatho)

03/10/2014

La nouvelle évangélisation, une initiative de Saint Jean-Paul II trop souvent mal comprise

02/10/2014

Synode sur la famille : Le pape François, le Synode et Humanae vitae

Il ne passe pas un jour sans qu'une déclaration soit faite en haut lieu sur le synode du mois prochain. Pourtant, les conclusions du synode sont, sur le plan doctrinal, fort prévisibles. Nous reproduisons ici un article de Thibaud Collin paru dans le blog du quotidien La Croix sur le synode sur la famille. (C'est nous qui soulignons)

 

Pape François

En ces jours précédant le synode, l’Eglise est dans une agitation qui n’est pas sans rappeler celle qu’elle connut lors des âpres débats concernant la contraception. Rappelons que saint Jean XXIII avait décidé d’extraire des discussions conciliaires la question de la régulation des naissances et avait installé une commission chargée de le conseiller sur cette affaire. Composée d’évêques, de théologiens, de médecins et de couples la commission avait été confirmée et élargie par Paul VI. Au terme d’intenses discussions, elle avait rendu son rapport qui, à une forte majorité, préconisait de reconnaître la légitimité de la contraception artificielle au sein du mariage chrétien. Ce rapport secret s’était rapidement retrouvé exposé dans la presse internationale. Il fallut attendre encore plus d’un an pour que Paul VI en juillet 1968 publie l’encyclique Humanae vitae rappelant la position traditionnelle telle que Pie XI et Pie XII l’avaient confirmée. On se souvient du scandale mondial que le texte papal engendra et l’esprit de contestation qui souffla dans de nombreuses conférences épiscopales. On peut dire que la crise d’Humanae vitae ne s’est jamais refermée. La question est passée au second plan puisque l’interprétation que beaucoup d’évêques et théologiens en donnèrent finit par disqualifier pratiquement l’encyclique aux yeux de nombreux fidèles pour lesquels la question morale ne se pose même plus. Au nom d’une vision de la conscience vue comme autorégulatrice les couples chrétiens peuvent considérer l’enseignement du Magistère comme un élément parmi d’autres de leur délibération. Le travail de fond fourni par saint Jean-Paul II notamment dans ses catéchèses sur le corps (1979-1984) mais aussi dans sa grande encyclique sur la morale Veritatis splendor (1993), ne suffit pas à inverser la tendance générale sur le sujet en particulier et sur la morale conjugale en général.

Un des enjeux des prochains synodes sur la famille (octobre 2014 et octobre 2015) porte sur l’accès des fidèles divorcés et remariés civilement aux sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie. Là encore, beaucoup souhaitent que l’Eglise modifie sa doctrine et sa discipline pour leur permettre à certaines conditions de retrouver le chemin des sacrements.

Certains sont persuadés que le pape François est favorable à une telle évolution. N’a-t-il pas demandé au cardinal Kasper d’ouvrir les travaux du consistoire de février 2014 consacré à ces sujets ? Or le cardinal Kasper est depuis des décennies favorable à une évolution. De plus, devant tous les cardinaux le pape François a loué de manière appuyée le discours du cardinal Kasper. Depuis, pas un jour sans que tel ou tel évêque, théologien ou journaliste n’affirme que le Pape souhaite ardemment un telle réforme.

A mon sens, il convient d’être infiniment plus prudent en la matière. Tout d’abord, le cardinal Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié quelques semaines après les déclarations du Pape lors de son retour de Rio (où il laissait entrevoir une évolution possible) une note rappelant les fondements doctrinaux de la discipline sacramentelle. Or une telle note n’a pu être publiée sans l’accord du Pape. De plus, il convient de lire avec attention ce que le pape François a affirmé dans son interview au Corriere della Sera le 5 mars 2014 à propos de l’encyclique Humanae vitae : « Tout dépend de la manière dont l’encyclique ‘Humanae vitae‘ est interprétée. Paul VI lui-même, à la fin de sa vie, recommandait aux confesseurs d’être très miséricordieux et attentifs aux situations concrètes. Mais sa génialité a été prophétique, il a eu le courage de se dresser contre la majorité, de défendre la discipline morale, de faire jouer un frein culturel, de s’opposer au néo-malthusianisme présent et futur. La question n’est pas celle d’un changement de doctrine, mais d’un travail en profondeur, qui fasse en sorte que la pastorale tienne compte des situations et de ce que les gens sont en mesure de faire ».

Cet éloge appuyé de Paul VI n’est certainement pas à mettre de côté pour comprendre la manière dont le pape envisage toute cette question. N’oublions pas qu’il a déclaré au père Spadaro qu’il était « rusé » (furbo).

Et si finalement le pape François avait voulu mettre sur la table ce qui jusqu’alors restait sous le boisseau dans une sorte de non-dit et de malaise ? Pourquoi cette mise en pleine lumière ? Pour changer la doctrine et la pratique de l’Eglise ? J’en doute de la part de celui qui a dit « je suis fils de l’Eglise ». Celui qui ne cesse de rappeler la radicalité du message évangélique et refuser de le mesurer à l’esprit du monde risque fort de décevoir tous ceux le considérant comme celui qui va enfin faire évoluer la doctrine et la discipline catholiques pour les rendre plus « crédibles » aux yeux de nos contemporains.

29/09/2014

Dans la Croix se trouvent la force et l'espérance de la famille

Dans la soirée du Vendredi Saint, 6 avril 2012, le Pape Benoît XVI a guidé le Chemin de Croix au Colisée. A l’issue des quatorze stations il a prononcé les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs,

Nous avons rappelé, dans la méditation, dans la prière et dans le chant, le parcours de Jésus sur le chemin de la Croix: un chemin qui semblait sans issue et qui au contraire a changé la vie et l’histoire de l’homme, a ouvert le passage vers les «cieux nouveaux et la terre nouvelle» (cf. Ap 21, 1). Spécialement en ce jour du Vendredi Saint, l’Eglise célèbre, avec une intime adhésion spirituelle, la mémoire de la mort en croix du Fils de Dieu, et dans sa Croix elle voit l’arbre de la vie, fécond d’une nouvelle espérance.

L’expérience de la souffrance marque l’humanité, marque aussi la famille ; combien de fois le chemin se fait éprouvant et difficile! Incompréhensions, divisions, préoccupation pour l’avenir des enfants, maladies, difficultés de toutes sortes. En notre temps, ensuite, la situation de nombreuses familles est aggravée par la précarité du travail et par les autres conséquences négatives provoquées par la crise économique. Le chemin de la Via Crucis, que nous avons spirituellement parcouru à nouveau ce soir, est une invitation pour nous tous, et spécialement pour les familles, à contempler le Christ crucifié pour avoir la force d’aller au-delà des difficultés. La Croix de Jésus est le signe suprême de l’amour de Dieu pour chaque homme, c’est la réponse surabondante au besoin qu’a chaque personne d’être aimée. Quand nous sommes dans l’épreuve, quand nos familles doivent affronter la souffrance, la détresse, regardons vers la Croix du Christ: là nous trouvons le courage pour continuer à marcher ; là nous pouvons répéter, avec une ferme espérance, les paroles de saint Paul: «Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ? la détresse? l’angoisse? la persécution? la faim? le dénuement? le danger? le supplice?... Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés» (Rm 8, 35.37).

Dans les malheurs et dans les difficultés nous ne sommes pas seuls ; la famille n’est pas seule: Jésus est présent avec son amour, il la soutient de sa grâce et lui donne l’énergie pour aller de l’avant, pour affronter les sacrifices et pour surmonter les obstacles. Et c’est à cet amour du Christ que nous devons nous adresser quand les déviations humaines et les difficultés risquent de blesser l’unité de notre vie et de la famille. Le mystère de la passion, mort et résurrection du Christ encourage à aller de l’avant avec espérance: le temps de la souffrance et de l’épreuve, s’il est vécu avec le Christ, avec foi en lui, renferme déjà la lumière de la résurrection, la vie nouvelle du monde ressuscité, la pâque de chaque homme qui croit à sa Parole.

Dans cet Homme crucifié, qui est le Fils de Dieu, la mort elle-même aussi acquiert un nouveau sens et une nouvelle orientation, elle est rachetée et vaincue, elle est un passage vers la nouvelle vie: «Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit» (Jn 12, 24). Confions-nous à la Mère du Christ. Elle qui a accompagné son Fils sur le chemin douloureux, elle qui était au pied de la Croix à l’heure de sa mort, elle qui a encouragé l’Église à sa naissance pour qu’elle vive en présence du Seigneur, qu’elle conduise nos cœurs, les cœurs de toutes les familles à travers le vaste mysterium passionis vers le mysterium paschale , vers cette lumière qui déborde de la Résurrection du Christ et montre la victoire définitive de l’amour, de la joie, de la vie, sur le mal, sur la souffrance, sur la mort. Amen.

Source: Osservatore Romano

Espérance Nouvelle a déjà publié deux articles dans le même registre:

> Pape François: ”L’amour du Christ peut rendre aux époux la joie de cheminer ensemble”

> Synode sur la famille: le mariage et la Croix

22/09/2014

Accès des divorcés-remariés à la communion: la contribution d'un cardinal hors du commun

Il est le plus respecté de tous parmi les cardinaux, et il s'habille en blanc. Il n'y a pas si longtemps, il était Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avant de devoir quitter ce poste en 2005. Sa position est très claire et fait autorité dans l’Église à l'heure actuelle, puisqu'au moment où il l'a publiée, il l'a fait en tant que Vicaire du Christ et Souverain Pontife que l’Église catholique, dépositaire de la plénitude de l'autorité apostolique dans l'enseignement de la foi catholique, et parce que ces enseignements-là ne périment pas d'un Pape à l'autre. Et contrairement à ce que certains semblent avoir la témérité d'affirmer, il n'est pas du tout contre le Pape actuel: ils se portent même une très grande estime mutuelle. Explication, citations à l'appui.

Pourquoi les divorcés-remariés n'ont pas accès à la communion

benoît xvi, indissolubilité, mariage, synode22/09/2013 - Cette question est douloureuse, mais l’enseignement de Jésus sur le divorce est clair : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne sépare pas » (Matthieu 19,9). Contracter une nouvelle union conjugale (second mariage civil ou concubinage) quand on a divorcé, c’est nier par le fait même l’indissolubilité sacrée du mariage. L’Église du Christ ne juge pas la personne, mais un état de fait.

Confrontés à l’enseignement du Christ sur le divorce, les disciples, déjà, l’avaient trouvé rude ! Sur cette question comme sur d’autres, il ne faut donc pas opposer la dureté de l’Église et la miséricorde de Jésus. Beaucoup en effet soutiennent qu’il ne s’agit que d’une loi de l’Église. On laisse ainsi entendre que celle-ci n’aurait pas grand-chose à voir avec la loi d’amour et de miséricorde du Christ, voire même qu’elle serait en totale contradiction avec l’Évangile. Mais en réalité, il s’agit de la logique de l’Évangile. Saint Paul est un des tout premiers témoins de l’Évangile. Il souligne lui-même qu’il ne donne pas une opinion personnelle, mais la pensée du Christ quand il écrit : « Quant aux personnes mariées, voici ce que je prescris, non pas moi mais le Seigneur : que la femme ne se sépare pas de son mari. Au cas où elle s’en séparerait, qu’elle ne se remarie pas » (1° lettre aux Corinthiens 7,10-11).

C’est dans la lumière du Christ qui a aimé l’Église et s’est livré pour elle, de son amour irrévocable et de son don total, qu’il faut situer l’enseignement l’Église sur le caractère sacré et indissoluble du lien conjugal : « Si l'Eucharistie exprime le caractère irréversible de l'amour de Dieu pour son Église dans le Christ, on comprend pourquoi elle implique, en relation au sacrement de mariage, l'indissolubilité à laquelle tout véritable amour ne peut qu'aspirer »  explique Benoît XVI (Sacramentum Caritatis 29). Reconnaissant que le divorce suivit d’une nouvelle union pose « un problème pastoral épineux et complexe (…) qui touche de manière croissante les milieux catholiques eux-mêmes», le Pape demande aux pasteurs de « bien discerner les diverses situations, pour aider spirituellement de la façon la plus appropriée les fidèles concernés ». Mais, ajoute-t-il, « Le Synode des Évêques a confirmé la pratique de l'Église, fondée sur la Sainte Écriture (cf. Mc 10, 2-12), de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l'union d'amour entre le Christ et l'Église, qui est signifiée et mise en œuvre dans l'Eucharistie ».

4086527511.jpgD’où le grave devoir pour les tribunaux ecclésiastiques de vérifier le bien-fondé des doutes qu’il peut y avoir sur la validité d’un mariage, explique encore Benoît XVI. Et là encore, il ne faut pas mettre une opposition entre le droit et la préoccupation pastorale, souligne le Pape : « On doit plutôt partir du présupposé que le point fondamental de rencontre entre le droit et la pastorale est l'amour de la vérité: cette dernière en effet n'est jamais abstraite, mais "elle s'intègre dans l'itinéraire humain et chrétien de tout fidèle" ». (Sacramentum Caritatis 29)

Assurément, personne n’est sans péché, et tout chrétien, quelles que soient ses fautes, peut communier, une fois réconcilié avec Dieu [en avouant ses péchés, en y renonçant et en recevant ainsi l'absolution sacramentelle, NdEspN].  Mais le « remariage » d’une personne divorcée crée une situation qui contredit en permanence son premier engagement (s’il était réel - on ne parle pas ici des cas de nullité). C’est cette situation qui empêche que les personnes divorcées et remariées aient accès aux sacrements de réconciliation et de communion eucharistique tant qu’elles mènent une vie de couple.

L’Église ne peut dire autre chose que son Maître : « Tout homme qui répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et celui qui épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère. » (Luc 16, 18 voir aussi Matthieu 5, 32 et Marc 10, 11-12). Saint Marc précise, à l’intention du monde romain où, contrairement au monde sémitique, la femme pouvait elle aussi divorcer : « et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère » (Marc 10, 12). Avant Jésus, Jean-Baptiste a osé dire à Hérode qu’il n’avait pas le droit de vivre avec la femme de son frère (cf. Lv 20, 10), et il l’a payé de sa vie (Marc 6, 18 et Matthieu 14, 4-12). Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que, aujourd’hui encore, la position de l’Église sur le mariage soit fortement critiquée.

pape benoît xvi, pape françois, continuité, sourire, reading francis trough benedictOn entend dire que l’Église « rejette les personnes remariées ». Certainement pas, l’Église ne rejette aucun baptisé, quelle que soit sa situation. Sinon l’Église, Corps du Christ, se rejetterait elle-même en rejetant l’un de ses membres… Ce que l’Église n’accepte pas, ce ne sont pas les remariés, c’est le remariage. Ce n’est pas la même chose !

L’Église n’a jamais promulgué une loi pour « interdire » la communion aux fidèles remariés. Elle affirme simplement qu’il n’est pas possible de vivre la communion eucharistique, sacrement des noces de l’Agneau, tant que l’on vit avec quelqu'un d’autre que le conjoint auquel on est lié sacramentellement par le Christ. La réconciliation sacramentelle ne redevient possible qu’après le décès du premier conjoint (ce qui met fin au mariage religieux) ou du second (ce qui met fin à la vie commune). Ou encore si le nouveau couple reçoit la grâce de cheminer jusqu’à la décision de se séparer, ou du moins, si la séparation n’est pas souhaitable (par exemple pour le bien des enfants) de vivre une amitié spirituelle, en renonçant à l’intimité propre aux époux. [Raison pour laquelle les attaques contre l'enseignement de l’Église sur ce point sont à juste titre désignées comme un grand scepticisme contre la vertu de chasteté, une vertu que chaque chrétien est de toute façon appelé à vivre d'une façon ou d'une autre, NdEspN]

benoît xvi, cardinal bergoglio, Jorge Bergoglio, pape françois, continuitéCependant, attention ! Ne pas communier ne signifie pas être excommunié ! La non-communion eucharistique n’efface pas la communion baptismale qui unit les fidèles dans un même Corps. Le membre blessé ou malade fait toujours partie de l’Eglise, Corps du Christ, et participe à sa vie.

Dans le texte cité précédemment, Benoît XVI précise : « …les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent d'appartenir à l'Église, qui les suit avec une attention spéciale, désirant qu'ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la participation à la Messe, mais sans recevoir la Communion, par l'écoute de la Parole de Dieu, par l'adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les œuvres de pénitence, par l'engagement dans l'éducation de leurs enfants. » (Sacramentum Caritatis 29).

On se trompe souvent en croyant que ne pas communier signifie être excommunié, c'est-à-dire exclu de la communauté. Il n’en est rien. La non-communion eucharistique n’efface pas la communion baptismale qui unit les fidèles dans un même Corps. Le membre blessé ou malade fait toujours partie du Corps. Il n’est pas mort, il a encore de la vie à recevoir et à donner. C’est évident lorsqu’il y a des enfants de la première ou de la seconde union: les parents séparés ne sont pas dispensés de leur mission éducative. C’est vrai plus largement de ce que chacun peut apporter à la communauté, de tout son cœur de pauvre. (Team Aleteia)

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benoît xvi, à pied, canne, humble, humilité, simplicité

 

Il faut donc cesser une fois pour toutes de parler à ce sujet d'une "sanction" à l'encontre des divorcés-remariés, comme s'il s'agissait d'une mesure disciplinaire, alors qu'il s'agit justement d'une sollicitude de l’Église qui veut éviter à ses enfants d'ajouter au problème de la seconde union le péché grave de communion sacrilège, qui bien loin d'apporter à ces personnes un secours spirituel, les éloigne de leur salut et de toute conversion, précisément à cause de l'état dans lequel ils se trouvent. Comme le dit bien ce texte, l’Église n'a jamais inventé une loi pour "interdire" la communion aux divorcés remariés, et par ses normes elle ne fait qu'enseigner la vérité sur les sacrements et leurs effets spirituels. Sinon, quelle sens aurait eu cette position constamment tenue pendant deux mille ans par cette Église dispensatrice de la miséricorde et de la vérité du Christ ?

 

21/09/2014

Le Pape François et ses admonitions bien loin de la mollesse 'pastoralement correcte'

Suite de notre série en défense du Pape François, avec une vidéo un peu plus ancienne.

Numéros précédents de la série:

> François, un Pape mal cité, mal interprété et mal compris

> François, Vicaire du Christ, Serviteur des serviteurs de Dieu

Sur le même thème:

> Le pipotron ecclésiastique

> Les Admonitions de Saint François d'Assise